Question de Mme GHALI Samia (Bouches-du-Rhône - SOCR) publiée le 02/11/2017
Mme Samia Ghali attire l'attention de Mme la ministre de la culture sur le projet de construction menaçant le site antique de la Corderie à Marseille.
Pour la première fois, des archéologues ont découvert un lieu qui a permis la construction d'une ville. Alors que tous les spécialistes s'accordent sur le caractère « remarquable » de cette zone au sens scientifique du terme, c'est-à-dire une zone où l'on comprend comment les blocs de pierre étaient débités et où ont été découverts un puits antique et des sarcophages, la ville de Marseille a décidé de ne pas revenir sur l'autorisation de permis de construire délivrée contre l'avis d'historien, d'archéologue et des Marseillais.
L'objectif n'est pas de juger l'intérêt d'un énième projet immobilier dans un quartier déjà si dense et urbanisé, mais de se demander ce que valent quelques centaines de milliers d'euros face à 2 600 ans d'histoire. Demain, tous seront responsables, ceux qui ont laissé faire et ceux qui n'ont pas réussi à sauver la Corderie.
Alors que, dans le cadre de la mission voulue par le président de la République pour recenser les chefs-d'œuvre patrimoniaux en péril, il a été demande à Vinci de réécrire son projet de manière à préserver cette carrière, il est important de faire avancer cette situation dans la concertation et dans le respect du patrimoine des Marseillais.
Elle lui demande en conséquence de revoir sa position sur le projet de construction prévu sur le site antique de la Corderie.
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Réponse du Ministère de la culture publiée le 19/04/2018
Les textes encadrant l'archéologie préventive, depuis la loi n° 2001-44 du 17 janvier 2001, précisent qu'il revient à l'État de veiller à la conciliation des exigences respectives de la recherche scientifique, de la conservation du patrimoine et du développement économique et social. Ainsi, boulevard de la Corderie à Marseille, dans le cadre d'une opération d'aménagement réalisée par le groupe Vinci, les équipes de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) ont fouillé et étudié, conformément à la prescription scientifique émise par le préfet de région, le site d'une ancienne carrière grecque, qui témoigne de l'histoire urbaine de Marseille. La commission régionale du patrimoine et de l'architecture (CRPA) de Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui a examiné le dossier de protection le 29 novembre 2017, a donné un avis favorable à l'inscription d'une superficie de 635 m2 du site au titre des monuments historiques et a émis le vu que cette parcelle soit classée. La commission nationale pour le patrimoine et l'architecture sera saisie pour avis sur ce classement. En parallèle de cette mesure de protection au titre des monuments historiques, le groupe Vinci s'est engagé à garantir la visibilité des vestiges conservés et à en favoriser l'accessibilité. Un belvédère muni d'un ascenseur sera construit dans le jardin public mitoyen permettant à chacun de contempler les vestiges et le chemin bordant le rempart permettra un accès, sous certaines conditions, au public, notamment aux scolaires. Le groupe Vinci travaille également à la mise en place de panneaux et d'outils numériques permettant la transmission de la connaissance sur ces vestiges à un large public. Les services de l'État s'assurent que ces engagements sont bien respectés et accompagnent l'aménageur dans leur réalisation. Par l'étude des données dont il dispose, l'INRAP apporte son concours à ce travail, auquel les collectivités territoriales et les associations peuvent naturellement participer pour donner au site de la Corderie le traitement scientifique et patrimonial qu'il mérite.
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