Question de M. de VILLEPIN Xavier (Français établis hors de France - UC) publiée le 04/12/1997

M. Xavier de Villepin attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la crise actuelle dans de nombreux pays asiatiques. Ces événements frappent par leur importance dans des pays comme le Japon et la Corée du Sud. Ils ont tendance à s'étendre dans le monde entier, notamment au Brésil et en Russie. Il souhaiterait connaître leurs conséquences sur la croissance mondiale, et particulièrement sur celle de l'Europe et de la France. Pour évaluer son influence sur l'activité, il paraît important de prévoir le surcroît de concurrence qui se manifestera entre les pays et les continents. Les prolongements financiers devront être pris en compte, particulièrement si les banques et les compagnies d'assurance japonaises étaient obligées de compenser leurs pertes domestiques en vendant des bons du trésor américains. Enfin, quels effets peut-on envisager à la suite de cette crise sur les taux d'intérêt et notamment les taux d'intérêt à long terme américains susceptibles d'être mécaniquement tirés à la hausse avec un entraînement probable en Europe ?

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Réponse du ministère : Économie publiée le 19/02/1998

Réponse. - La crise qui touche actuellement les pays de l'Association des nations du Sud-Est asiatique et la Corée du Sud trouve son origine dans l'insolvabilité de nombreux agents économiques privés de ces pays, banques et entreprises, confrontés à un ralentissement de la croissance de leur activité et de leurs profits et parallèlement très endettés en devises vis-à-vis de l'extérieur. La défiance des investisseurs étrangers, qui s'est traduite par d'importantes sorties de capitaux au cours des dernières semaines et une réduction des financements nouveaux, a affecté nombre d'autres pays émergents. Ces événements rappellent que si ceux-ci peuvent connaître une forte croissance, ce sont aussi des zones à risque. Le rétablissement de la confiance impose désormais une restructuration profonde des économies asiatiques et un assainissement de leur secteur financier. Dans ce contexte, l'assistance du Fonds monétaire international (FMI) et de la communauté internationale dans son ensemble est d'une importance cruciale. C'est pourquoi le FMI, fiancièrement soutenu par les principaux pays industrialisés, dont la France, a mis en place des plans d'aide aux pays en difficultés qui devraient permettre de circonscrire les effets de la crise asiatique. L'ajustement en Asie aura certainement une incidence sur les échanges internationaux. Néanmoins, la France et l'Europe devraient rester relativement épargnées. Si des problèmes sectoriels sont à craindre, l'impact global de la crise asiatique sur l'activité devrait rester modéré compte tenu du poids des pays d'Asie touchés par la crise dans les échanges. De plus, les derniers résultats économiques montrent qu'après avoir reposé en grande partie sur le dynamisme des exportations de biens et de services, la croissance européenne est désormais soutenue par la reprise de la demande intérieure. L'amélioration générale des perspectives de production, de consommation et d'investissement en Europe, observée dans les enquêtes de conjoncture, crée les conditions d'une croissance auto-entretenue et durable. La prévision d'une croissance de 3 % en France en 1998 demeure donc réaliste et crédible. Elle est d'ailleurs conforme aux prévisions publiées ces jours derniers par l'Organisation de coopération et de développement économiques. Enfin, les risques d'une extension de la crise asiatique à l'ensemble des marchés financiers mondiaux, qui serait provoquée par des ventes de titres étrangers détenus par les institutions financières japonaises, semblent actuellement sans fondement. Il est vrai que ces institutions possèdent un important portefeuille de valeurs étrangères et qu'elles devraient être les plus affectées par la crise dans les pays voisins, mais la qualité des actifs européens et américains, assortis de surcroît de rendements incomparablement plus élevés que ceux des actifs japonais, devraient les inciter à ne s'en séparer qu'en dernier ressort. De fait, la crise asiatique et sa généralisation à l'ensemble des pays émergents ont accru l'attrait des obligations européennes et américaines qui apparaissent désormais comme des valeurs refuges, et ont bénéficié ces dernières semaines d'une demande en hausse, se traduisant par un recul des taux d'intérêt à long terme. La baisse des taux d'intérêt à dix ans sur les titres publics a ainsi atteint 0,3 point depuis la fin août en France et dans la plupart des autres pays européens, ce qui devrait avoir un impact favorable tant sur l'investissement que sur le coût de financement du déficit public et, in fine, sur l'activité économique. ; économique.

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