Question de M. PERREIN Louis (Val-d'Oise - SOC) publiée le 14/02/1991

M. Louis Perrein s'inquiète de constater l'absence de la France dans les discussions pour une évolution des rapports politiques et économiques dans la presqu'île coréenne ; alors que de nombreux pays, notamment le Japon, s'efforcent de normaliser leurs rapports avec la République populaire et démocratique de Corée, la France ne paraît manifester aucun intérêt pour cette partie du monde. Il demande à M. le ministre d'Etat, ministre des affaires étrangères, de l'informer sur la politique de la France dans la presqu'île coréenne.

- page 282


Réponse du ministère : Affaires étrangères publiée le 25/04/1991

Réponse. - Loin de se désintéresser de la situation dans la péninsule coréenne, la France a toujours souhaité l'élimination de cette dernière confrontation Est-Ouest qui constitue un facteur de tension en Extrême-Orient, et défendu l'aspiration du peuple coréen à vivre en paix dans un pays réunifié. Notre pays entretient depuis 1949 des relations officielles avec la République de Corée et ne reconnaît pas la République populaire démocratique de Corée ; il a cependant accepté d'accueillir à Paris une mission commerciale nord-coréenne, élevée en 1984 au statut particulier de délégation générale. Nous avons salué les succès économiques et l'évolution démocratique récente de la République de Corée qui est devenue un de nos partenaires importants en Asie. De même, nous nous sommes félicités des résultats de sa diplomatie en Europe de l'Est, couronnés en 1990, par l'établissement de relations diplomatiques avec l'U.R.S.S. Ce progrès spectaculaire nous semble fournir une contribution positive à l'apaisement des tensions dans la péninsule coréenne et contraste avec l'immobilisme et la rigidité des positions défendues par la Corée du Nord. Celle-ci a certes tenté de se rapprocher du Japon pour négocier une normalisation et l'apurement du passé colonial mais cette amorce de dialogue n'apparaît pas actuellement placée sous les meilleurs auspices. Les autorités françaises estiment en tout état de cause que la solution du problème intercoréen est d'abord l'affaire des Coréens eux-mêmes et dépend donc de l'établissement d'un véritable dialogue entre les deux Corée que nous avons toujours appelé de nos voeux. L'instauration l'an dernier de rencontres entre les deux Premiers ministres coréens avait paru représenter un signe encourageant et une démarche inédite. Nous espérons que l'interruption de ces contacts décidée par la République populaire démocratique de Corée en février sera aussi brève que possible et que des consultations intercoréennes à haut niveau pourront aboutir rapidement à des résultats concrets, portant sur l'établissement de mesures de confiance et d'un rapprochement sincère, progressif et réaliste. La France, avec ses partenaires européens, a entrepris dans la période récente des démarches diplomatiques auprès de l'U.R.S.S. et de la Chine pour que ces pays encouragent les autorités nord-coréennes à une plus grande ouverture, aussi bien sur le dialogue intercoréen que sur l'adhésion aux Nations Unies. Nous basant sur le principe d'universalité de l'organisation, nous estimons en effet que l'adhésion simultanée... des deux Corée aux Nations Unies devrait intervenir dès que possible, qu'elle ne serait pas, contrairement aux craintes nord-coréennes, un encouragement à la perpétuation de la division mais qu'elle pourrait constituer une ouverture vers la solution au problème coréen. Mais force est de constater, au-delà des apparences, que les données du conflit coréen n'ont pas fondamentale ment évolué ni profité de la transformation des rapports est-ouest ; aucun signe tangible n'est encore apparu pour inciter le gouvernement français à modifier son attitude à l'égard de la République populaire démocratique de Corée dans le sens implicitement suggéré par la question de l'honorable parlementaire.

- page 858

Page mise à jour le