ROYAUME-UNI
La Commission parlementaire de contrôle des comptes publics , initialement chargée de l'examen de la régularité des comptes, s'est, au cours des dernières années, essentiellement occupée d'évaluer les politiques publiques. Elle travaille en étroite symbiose avec le National Audit Office , organe indépendant doté d'un personnel nombreux et qualifié, créé en 1983 par la loi sur la vérification des comptes publics. |
I - L'EVALUATION PROSPECTIVE
La
bibliothèque de la Chambre des communes comprend une section dite de
" la politique économique et des statistiques " qui
réalise des études économiques à la demande des
élus. Elle peut également leur fournir le résultat de
simulations économiques
.
Bien que, depuis plusieurs années, elle enregistre peu de demandes dans
ce domaine, elle escompte une relance de cette activité car elle est
désormais en mesure de donner des résultats sectoriels ou
géographiques. Auparavant, elle ne pouvait donner que des
résultats globaux. Toutes les simulations sont réalisées
à l'aide de modèles développés par des
organismes de recherche extérieurs
avec lesquels la Chambre des
communes a conclu des conventions.
II - L'EVALUATION RETROSPECTIVE
La commission parlementaire de contrôle des comptes publics travaille en étroite collaboration avec l'organe équivalent de notre Cour des comptes , le National Audit Office .
1) Les commissions parlementaires chargées du contrôle de l'action gouvernementale
Contrairement aux
standing committees
, commissions
chargées de l'examen des textes législatifs avant leur passage en
séance publique, les 41
select committees
sont compétents
pour contrôler l'action du gouvernement. Ils ont tous la
possibilité de recruter des
experts
pour les conseiller.
Parmi les select committees, si la plupart ont des attributions qui
correspondent exactement à celles des différents
départements ministériels, les autres ont des attributions plus
ou moins transversales et contrôlent précisément certains
aspects de l'action gouvernementale. C'est le cas de la commission de
contrôle des comptes publics.
2) La commission de contrôle des comptes publics
Créée en 1861, la commission de contrôle des
comptes publics (
Public Accounts Committee : PAC
) se compose de 15
membres nommés pour la durée d'une législature. Sa
composition politique reflète celle de la Chambre des communes, mais
elle est traditionnellement présidée par un député
expérimenté de l'opposition, souvent par un ancien ministre du
Trésor.
Après la commission des immunités, la commission de
contrôle des comptes publics est la plus ancienne commission de la
Chambre des communes.
La commission, qui ne peut se réunir que les semaines où le
Parlement siège, tient ses réunions deux fois par semaine,
c'est-à-dire à peu près 45 fois par an. Chacune d'elles
dure environ deux heures et demie.
Le règlement de la Chambre des communes a chargé la commission de
contrôle des comptes publics de "
l'examen des comptes en mettant
en évidence l'affectation des crédits votés par le
Parlement aux dépenses publiques (...)
" et l'a dotée
d'un pouvoir de contrôle sur pièces et sur place.
Au cours des dernières années, la commission de contrôle
des comptes publics a essentiellement procédé à des
études d'évaluation, vérifiant l'efficacité et la
rentabilité de l'administration ainsi que les contrôles que cette
dernière exerce sur ses propres dépenses.
Elle publie chaque année une cinquantaine de rapports (63 en 1992-1993,
50 en 1993-1994) sur les sujets les plus variés (fraude à la
T.V.A., administration des prêts aux étudiants, accidents du
travail...)
Comme tous les
select committees
, la commission de contrôle des
comptes publics peut procéder aux auditions qu'elle estime
nécessaire. L'interdiction qu'ont les fonctionnaires de témoigner
sur les processus décisionnels internes de l'administration ne
s'applique pas devant la commission de contrôle des comptes publics.
La commission dispose d'un personnel réduit : seuls trois fonctionnaires
de la Chambre des communes (dont une secrétaire) sont mis à sa
disposition. En revanche, elle bénéficie des travaux du
National Audit Office
(N.A.O.), l'instance supérieure de
contrôle du bon emploi des fonds publics, créé par la loi
de 1983 sur la vérification des comptes publics. Cette loi se donne
d'ailleurs pour objet
" le renforcement du contrôle parlementaire
et de la surveillance de la dépense publique
. "
3) Les relations entre le National Audit Office et la commission de contrôle des comptes publics
Le
N.A.O.
emploie presque 1 000 personnes, surtout des experts-comptables.
Son budget est arrêté par le Parlement. Le N.A.O. est
installé à proximité immédiate de la Chambre des
communes. Il ne reçoit pas d'instructions de la Chambre des communes.
C'est son responsable, le " contrôleur et auditeur
général " (
Comptroller and Auditor General
:
C&AG), nommé par la Reine sur proposition de la Chambre des communes
et considéré, aux termes de la loi de 1983, comme appartenant au
personnel de la Chambre des communes, qui choisit lui-même les sujets de
recherche et décide seul du contenu des rapports. Cependant, dans les
faits, il se met d'accord avec la commission de contrôle des comptes
publics.
Le N.A.O.
et la commission travaillent en étroite symbiose, le
premier apportant sa capacité d'expertise et la seconde son
autorité morale. Le N.A.O.
apprécie que ses critiques
soient reprises dans les rapports de la commission de contrôle des
comptes publics.
Comme l'indiquait un ancien président de la commission :
"
l'efficacité du C&AG dépend largement du fait que
ses rapports sont examinés et suivis par la commission ;
l'efficacité de la commission dépend du fait qu'elle dispose de
ces rapports comme points de départ
. "
En effet, le N.A.O. établit entre 30 et 40 rapports par an sur le
coût et le rendement des services publics. Chacun de ces rapports est
présenté à la commission qui l'utilise pour auditionner
les responsables du ministère ou de l'organisme contrôlé.
Les commissaires disposent du rapport publié. De plus, le N.A.O.
prépare, pour le président, un résumé du rapport et
une liste de questions à poser. Le C&AG, ou son adjoint, assiste
à chaque réunion en tant que conseiller technique.
L'équipe du N.A.O. qui a rédigé le rapport est
également présente pour assister le C&AG.
Le lendemain de la réunion, le C&AG dresse le bilan de la
réunion avec l'équipe responsable de l'étude. Ceci permet
de définir le contenu du rapport de la commission de contrôle des
comptes publics, que le N.A.O. rédige. Ce rapport, qui reprend les
principaux points du rapport du N.A.O. en les complétant par les
informations données en séance par les représentants de
l'administration et contient des recommandations de réforme, est
publié 3 à 4 mois après la réunion.
Le gouvernement répond à ces recommandations dans les
" notes du Trésor " (
treasury minutes
) en soulignant
les améliorations acceptées ou mises en oeuvre. Lorsque la note
conteste les recommandations de la commission de contrôle des comptes
publics, celle-ci peut poursuivre ses investigations et réaliser un
nouveau rapport. En pratique, ceci arrive rarement. Au contraire, le
gouvernement accepte la plupart des recommandations parlementaires. Ainsi, en
1989-1990, le gouvernement a accepté 192 des 200 recommandations,
elles-mêmes fondées sur les suggestions faites par le N.A.O. dans
une trentaine de rapports.