NOTE DE SYNTHESE
En
France, le secours en montagne est essentiellement assuré par des
services publics, puisque les opérations de sauvetage sont avant tout
menées par les gendarmes de haute montagne, par des membres des
Compagnies républicaines de sécurité spécialement
recrutés, ainsi que par des sapeurs-pompiers.
Cependant, les communes, qui sont responsables de l'organisation des secours
sur leur territoire, peuvent être conduites à faire appel à
des moyens privés. Elles doivent alors en assumer la charge.
Bien que la loi n° 85-30 du 9 janvier 1985 relative au
développement et à la protection de la montagne prévoie la
possibilité pour les communes d'exiger des intéressés (ou
de leurs ayants droit) le remboursement des frais de secours engagés
à l'occasion d'accidents consécutifs à la pratique
d'activités sportives, le décret du 3 mars 1987, pris pour
l'application de cette disposition, en a largement limité la
portée. En effet, ce texte n'autorise les communes à obtenir le
remboursement des frais de secours que dans les cas où les accidents
sont consécutifs à la pratique de deux activités
sportives : le ski alpin et le ski de fond. La circulaire du
22 septembre 1987, relative au remboursement des frais de secours et qui
commente les dispositions du décret du 3 mars 1987, explique que
"
l'exception au principe de la gratuité des secours (...) est
limitée aux accidents liés à la pratique du ski alpin et
du ski de fond ; sont ainsi visées toutes les activités
pratiquées à
ski, y compris le ski de randonnée et
le raid nordique
". Par conséquent, les secours privés
mobilisés à la suite d'un accident dont a été
victime un alpiniste restent à la charge des communes.
Cette situation a justifié le dépôt au Sénat en mars
1999 de la proposition de loi n° 267, qui vise à permettre aux
communes d'exiger le remboursement des frais de secours qu'elles ont
engagés à l'occasion d'accidents consécutifs à la
pratique d'une activité sportive ou de loisir. Cette proposition de loi,
qui touche toutes les activités de plein air, vise notamment celles qui
sont pratiquées en montagne.
Pour apprécier la portée de ce texte dans le domaine particulier
du secours en montagne, on a donc analysé comment ce dernier
était organisé et financé dans les principaux pays
européens concernés : l'
Allemagne
, l'
Autriche
,
l'
Espagne
, l'
Italie
et la
Suisse
. Pour l'Allemagne,
l'étude est limitée au Land de Bavière, le plus montagneux
de tous les Länder.
1) L'Espagne a confié l'exécution des opérations de
secours en montagne à un service public, tandis que, dans les autres
pays, cette mission est assurée par des organismes de droit privé
subventionnés par les pouvoirs publics
Depuis 1961, un service spécialisé de la garde civile
espagnole
assume en effet toutes les opérations de secours et
d'intervention en montagne.
En revanche,
dans les autres pays étudiés, les
opérations de secours sont menées par :
-
la
Croix-Rouge en Bavière ;
-
une
association sans but lucratif, le
Service autrichien de
secours
en montagne
, dans les différents Länder
autrichiens concernés ;
- des associations régionales représentant le
Corps national
de secours alpin et
spéléologique
, qui constitue une
section du
Club alpin en Italie
;
-
une
association d'intérêt public,
l'Organisation cantonale valaisanne des secours, dans le canton suisse du
Valais et le Club alpin suisse dans les autres cantons de la
Confédération helvétique
.
2) Le secours en montagne est gratuit en Espagne et dans la plupart des cas en Italie, alors qu'il est payant dans les autres pays
La garde
civile espagnole ne réclame aucune contribution aux
bénéficiaires des opérations de secours. Cependant, en
Espagne, dans certaines communautés autonomes qui ont créé
des services de secours complémentaires, le débat sur la
gratuité du secours en montagne s'est engagé récemment.
En Italie, les opérations de secours sont en général
également gratuites, car les frais de transport et de secours sont
à la charge du système sanitaire national si la victime
reçoit effectivement des soins. C'est seulement si la personne secourue
est indemne qu'elle doit payer les frais d'hélicoptère et de
personnel que son appel a suscités.
En principe, la Croix-Rouge bavaroise, le Service autrichien de secours en
montagne, le Club alpin suisse et l'Organisation cantonale valaisanne
des secours facturent une partie des frais aux bénéficiaires
des secours, voire à leurs ayants droit.