LA COUVERTURE MALADIE UNIVERSELLE
Service des Affaires Européennes
Table des matières
- NOTE DE SYNTHESE
- ALLEMAGNE
- DANEMARK
- ESPAGNE
- PAYS-BAS
- ROYAUME-UNI
- SUÈDE
- SUISSE
NOTE DE SYNTHESE
Le
projet de loi portant création d'une couverture maladie universelle
comporte trois mesures essentielles :
- l'affiliation obligatoire de tous les résidents réguliers
sur le territoire à un régime de base de sécurité
sociale ;
- le bénéfice d'une protection complémentaire
étendue - puisqu'elle inclut notamment la prise en charge du ticket
modérateur, du forfait hospitalier journalier et des dépassements
tarifaires en matière de prothèses dentaires et de frais
d'optique - pour les personnes les plus démunies ;
- la dispense de l'avance des frais pour ces mêmes personnes.
La présente étude cherche à comparer ces dispositions
à celles qui existent dans quelques pays européens :
l'
Allemagne
, le
Danemark
, l'
Espagne
, les
Pays-Bas
,
le
Royaume-Uni
, la
Suède
et la
Suisse
.
On a donc choisi, pour chacun de ces sept pays, de vérifier l'existence
d'une couverture maladie généralisée à l'ensemble
de la population. Lorsqu'une telle couverture existe, on a analysé le
contenu des prestations minimales qui sont garanties à tous.
Cet examen permet de mettre en évidence que :
-
seule l'Allemagne ignore la couverture maladie universelle
;
-
en général, les prestations minimales garanties
à l'ensemble de la population sont limitées aux soins
ambulatoires et aux frais d'hospitalisation, tandis que les médicaments,
les prothèses dentaires et les frais d'optique restent au moins
partiellement à la charge des patients
.
1) L'Allemagne est le seul pays à ne pas avoir institué une couverture maladie universelle
a) L'absence de couverture maladie universelle en Allemagne
Cette
situation résulte des conceptions bismarckiennes qui ont
présidé à la création du système de
protection sociale et selon lesquelles cette dernière était
accordée en contrepartie d'une activité professionnelle.
En conséquence,
bien que le champ de l'assurance maladie obligatoire
ait, au cours du temps, été élargi à d'autres
catégories que les salariés dont le revenu ne dépasse pas
le plafond d'affiliation, plusieurs groupes de personnes sont obligés de
souscrire une assurance privée
. C'est en particulier le cas des
travailleurs indépendants, des membres des congrégations
religieuses et des chômeurs qui ne bénéficient pas d'une
allocation de chômage.
b) L'existence d'une couverture maladie universelle dans les autres pays
Dans
tous les autres pays étudiés, il existe une couverture maladie
universelle
. Elle résulte soit des théories beveridgiennes
d'accès universel aux soins qui ont inspiré l'institution du
système de santé après la seconde guerre mondiale
(Danemark, Royaume-Uni, Suède), soit de l'élargissement d'un
régime d'assurance initialement limité à certaines
catégories (Espagne, Pays-Bas et Suisse).
Pour les Pays-Bas, il faut souligner que
la couverture maladie
généralisée est limitée aux soins exceptionnels et
difficilement assurables
, comme l'hospitalisation de longue durée.
En effet, la loi sur les caisses de maladie, qui
prévoit l'assurance
obligatoire des soins courants, ne concerne pas l'ensemble de la
population
. Initialement limité aux salariés jusqu'à
un certain seuil de revenus, son champ d'application a cependant
été étendu aux bénéficiaires d'une mesure
publique d'assistance financière, c'est-à-dire aux personnes les
plus modestes.
2) La couverture maladie de base se limite en général aux soins ambulatoires et aux frais d'hospitalisation
a) Le caractère restreint de la couverture maladie de base aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, la couverture maladie de base concerne seulement les frais médicaux particulièrement lourds (hospitalisations d'une durée supérieure à un an, traitements psychiatriques, soins à domicile...), car les soins ambulatoires, les frais d'hospitalisation de courte durée, les médicaments et les frais dentaires relèvent de la loi sur les caisses de maladie. Or celle-ci ne prévoit pas de faire bénéficier l'ensemble de la population de l'assurance obligatoire des soins courants.
b) Dans les cinq autres pays, les prestations minimales garanties à tous sont le plus souvent limitées aux soins ambulatoires de médecine générale et aux frais d'hospitalisation
Ils sont
gratuits au Danemark, en Espagne et au Royaume-Uni, tandis qu'en Suède
et en Suisse, une participation financière est demandée aux
patients. Dans ces deux pays, elle prend la forme d'une franchise annuelle
plafonnée pour les soins ambulatoires et d'une contribution
journalière pour les frais d'hospitalisation.
La gratuité des soins ambulatoires de médecine
générale ne s'étend pas nécessairement aux soins
dentaires : au Danemark et au Royaume-Uni, la gratuité des soins
dentaires est réservée aux enfants jusqu'à 16 ans.
Pour les patients plus âgés, les taux de remboursement se montent
respectivement à 40 % et 20 %.
De plus, dans les cinq pays qui connaissent une couverture maladie
généralisée assez étendue, les médicaments,
les prothèses dentaires et les frais d'optique ne sont que partiellement
remboursés, voire entièrement à la charge des patients.
Ainsi, en Espagne, les médicaments sont remboursés à
hauteur de 60 % ; au Royaume-Uni, une participation d'environ 60
francs par médicament prescrit est demandée au patient, à
moins que ce dernier ne préfère opter pour le paiement d'un
forfait quadrimestriel ou annuel ; au Danemark, les frais d'optique ne
sont remboursés qu'aux personnes souffrant d'une affection durable
à laquelle il ne peut être remédié que par le port
de lunettes.
Cependant, dans plusieurs pays (Espagne et Royaume-Uni essentiellement),
plusieurs catégories de personnes, parmi lesquelles les
détenteurs des revenus les plus modestes et les retraités, sont
dispensées du paiement du ticket modérateur.
*
* *
L'examen des dispositions en vigueur dans les pays étrangers retenus montre que le projet de loi portant création d'une couverture maladie universelle tend à placer la France parmi les pays offrant la meilleure protection contre la maladie à leurs habitants.
ALLEMAGNE
Dans
le système des assurances sociales qui vit le jour en Allemagne à
la fin du XIX
ème
siècle, la protection sociale
était accordée en contrepartie d'une activité
professionnelle.
|
DANEMARK
Après avoir institué à la fin du
XIX
ème
siècle un système d'assurances sociales
pour les seuls salariés ayant des revenus inférieurs à un
certain plafond,
le Danemark s'est doté, à partir des
années soixante, d'un système de protection sociale
généralisée, sur le modèle anglais
.
|
1) Le caractère universel de la couverture maladie
Toutes les personnes qui résident de façon régulière au Danemark bénéficient de soins gratuits sans avoir à justifier d'une activité professionnelle.
2) Les prestations minimales garanties
a) Les prestations gratuites
Les
soins ambulatoires dispensés par les médecins,
généralistes ou spécialistes, par les services de
santé municipaux
(soins infirmiers par exemple)
et par les
services hospitaliers sont gratuits pour tous les résidents qui le
souhaitent.
Depuis 1973, les résidents sont divisés en deux groupes.
Les personnes du
groupe 1
ont droit à des soins médicaux
gratuits. Ils peuvent choisir leur généraliste, mais doivent
rester inscrits chez le même praticien pendant au moins six mois. La
consultation du spécialiste n'est gratuite que s'il y a prescription du
généraliste. Cette règle ne s'applique pas pour les
oto-rhino-laryngologistes et les ophtalmologues, qui peuvent être
consultés librement.
Les personnes du
groupe 2
ont droit au remboursement partiel des
dépenses médicales. Ils bénéficient du libre choix
du médecin et peuvent consulter un spécialiste sans passer
d'abord par leur généraliste.
Jusqu'en 1976, la répartition entre les deux groupes s'effectuait sur un
critère financier : le premier groupe se composait de tous les
titulaires de revenus inférieurs à un certain plafond et
réunissait environ 80 % de la population. Depuis le
1
er
avril 1976, les Danois choisissent entre les deux groupes.
Environ 95 % ont choisi le groupe 1.
Les soins dentaires fournis aux mineurs et les frais d'optique des enfants
jusqu'à seize ans sont également gratuits.
b) Les prestations partiellement prises en charge
Les
autres dépenses de santé ne sont prises en charge par la
collectivité que partiellement. Certaines restent même totalement
à la charge des patients
. C'est notamment le cas des frais
d'optique, qui ne sont remboursés qu'aux personnes souffrant d'une
affection durable à laquelle il ne peut être remédié
que par le port de lunettes.
Font l'objet d'un remboursement partiel :
- les frais dentaires ;
- les médicaments ;
- les frais de transport sanitaire ;
- les consultations de chiropractie, physiothérapie et podologie ;
- les consultations de psychothérapie dans certains cas (personnes
atteintes d'une maladie invalidante ou ayant fait une tentative de suicide,
victimes d'un accident de la route, de viol...) ;
- les frais d'inhumation.
Pour chacune de ces dépenses, un règlement du ministre de la
Santé détermine les modalités de remboursement. Pour les
soins dentaires
par exemple, le taux de remboursement
s'élève à 40 %.
Depuis 1973, les
médicaments
sont divisés en deux groupes,
en fonction de leur valeur thérapeutique. Ceux du premier groupe sont
remboursés à hauteur de 74,7 % et ceux du second dans la
limite de 49,8 %. Cependant, une loi du 23 décembre 1998, qui
entrera en vigueur au plus tôt le 1
er
octobre 1999, modifiera
le mode de remboursement des médicaments. Cette loi prévoit de
lier le remboursement à la consommation annuelle, évaluée
selon les prix de référence des différents
médicaments. Ainsi, pour les personnes de plus de 18 ans le
barème de remboursement sera le suivant :
Consommation |
Taux de remboursement par tranche |
Inférieure à 500 couronnes (2( * )) |
0 |
Comprise entre 500 et 1.200 couronnes |
50 % |
Comprise entre 1.200 et 2.800 couronnes |
75 % |
Supérieure à 2.800 couronnes |
85 % |
*
* *
L'importance de la part des frais qui restent à la charge des patients explique qu'environ un quart des Danois ait choisi de souscrire un contrat d'assurance privée.
ESPAGNE
Bien
que la loi générale de sécurité sociale du 30 mai
1974 ait étendu le bénéfice de la couverture maladie
à tous les résidents,
les règles antérieures
qui définissaient concrètement les différentes
catégories de bénéficiaires ont continué à
s'appliquer. C'est pourquoi
plusieurs textes législatifs et
réglementaires ont dû être pris pour intégrer au
régime général,
initialement réservé aux
travailleurs salariés de l'industrie et du commerce,
d'autres groupes
sociaux
: handicapés, anciens combattants, personnes sans
ressources...
|
1) Le caractère universel de la couverture maladie
Les
soins médicaux sont dispensés gratuitement à toutes les
personnes résidant en Espagne et relevant du régime
général ou de l'un des régimes spéciaux.
S'agissant du régime général, pour
bénéficier de la gratuité des soins, les personnes en
activité doivent justifier de leur affiliation à la
sécurité sociale par la présentation d'une carte en cours
de validité. Cette carte est également valable pour les membres
de la famille de l'assuré vivant avec lui. Les personnes qui n'ont pas
d'activité professionnelle ou qui n'ont jamais payé de
cotisations de sécurité sociale doivent demander une carte de
prestations médicales.
On estime que 99,5 % de la population bénéficie d'une
couverture maladie.
2) Les prestations minimales garanties
a) Les prestations gratuites
•
Les soins dispensés dans le cadre du service national de santé
par les médecins de famille conventionnés, les centres
médicaux et les hôpitaux conventionnés sont gratuits.
Dans chaque zone médicale, le patient choisit son
généraliste, son pédiatre, son obstétricien, son
dentiste, son ophtalmologue. Ce choix peut être modifié
ultérieurement. Le recours à un autre spécialiste, ainsi
que l'hospitalisation, doivent être précédés d'une
prescription du médecin généraliste.
•
Les soins dentaires sont gratuits
, mais les prothèses
dentaires sont payées intégralement par les patients.
•
Les contrôles de la vue et les soins ophtalmiques sont
gratuits,
mais les lunettes ne sont pas remboursées.
• Les séances de rééducation sont gratuites à
condition d'avoir été prescrites par un médecin.
• Les prothèses chirurgicales et orthopédiques, ainsi que
les véhicules pour invalides, sont intégralement pris en charge.
• Le transport en ambulance est gratuit lorsque l'état de
santé du malade ne lui permet pas d'utiliser un autre moyen de
transport.
b) Les prestations partiellement prises en charge
Les
médicaments
délivrés sur prescription
médicale et vendus dans les pharmacies, qui ont le monopole de leur
distribution, sont remboursés à hauteur de 60 %.
Toutefois, certains patients sont dispensés totalement ou partiellement
du paiement au ticket modérateur : les retraités, les
personnes victimes d'accidents du travail ou de maladies professionnelles, ou
celles atteintes de maladies longues et coûteuses.
De plus, il existe une liste de médicaments pour lesquels la
participation des patients est limitée à environ 20 F
(médicaments du système digestif, du système
nerveux ...).
Les consultations en psychothérapie ne sont que partiellement prises en
charge.
* *
*
La
demande accrue de la population conduit à des délais d'attente
entre la prescription du généraliste et les consultations chez
les spécialistes ou les interventions chirurgicales. Fin 1998,
132.000 personnes environ étaient inscrites sur des listes
d'attente.
C'est pourquoi le budget de 1999 comporte des mesures fiscales visant à
encourager la souscription d'assurances maladie privées, donnant
accès au secteur privé de soins.
PAYS-BAS
Le
système de protection sociale distingue deux catégories
d'assurances :
|
1) Le caractère universel de la couverture maladie
a) Les soins courants
La
ZFW rend obligatoire l'assurance des frais médicaux courants pour :
- les salariés dont le salaire est inférieur à un certain
plafond,
fixé pour 1999 à 64.300 florins
(c'est-à-dire environ 190.000 francs) ;
-
les bénéficiaires d'une allocation d'aide sociale,
d'incapacité au travail ou de chômage, ainsi que les titulaires de
la pension de retraite de base
(3(
*
))
;
Les ayants droit,
c'est-à-dire les conjoints et les concubins
(4(
*
))
, dans la mesure où ils n'ont pas
d'emploi salarié, bénéficient également de la
couverture ZFW.
En revanche, les salariés dont le salaire est supérieur au
plafond susmentionné, ainsi que les travailleurs indépendants, ne
peuvent pas s'affilier à la ZFW. Ils doivent
souscrire une
assurance volontaire
. Cette obligation concerne environ un tiers de la
population.
Le choix de la caisse d'assurance est libre, aussi bien pour les
affiliés de plein droit que pour les assurés volontaires.
La part salariale de la cotisation se monte à 1,55 % du salaire et
la part patronale à 5,85 %. Pour les non-salariés qui ne
sont pas retraités, la cotisation est de 1,55 %. Pour les
titulaires de la pension de retraite de base, elle est de 5,4 %.
En plus de cette cotisation, l'assuré doit verser chaque mois une
cotisation fixe forfaitaire pour lui-même et pour ses ayants droit
âgés de plus de dix-huit ans. Elle s'établit en moyenne
à 400 florins (soit environ 1.200 francs) par an et par
adulte.
b) Les frais spéciaux
L'AWBZ
prévoit la
prise en charge de tous les résidents
et celle
des non-résidents qui paient l'impôt sur le revenu aux Pays-Bas,
quels que soient les revenus et la profession.
L'AWBZ est financée pour partie par l'impôt et pour partie par les
contributions des assurés. Celles-ci varient en fonction du revenu, de
l'âge et de l'état civil. Lorsque l'assuré perçoit
un salaire, sa contribution est prélevée directement par son
employeur.
2) Les prestations minimales garanties
a) Les soins courants
La ZFW
couvre principalement :
- les frais de consultation médicale (généralistes et
spécialistes) ;
- les médicaments ;
- les frais paramédicaux (infirmières,
kinésithérapeutes, sages-femmes...) ;
- les frais de transport sanitaire ;
- les frais d'hospitalisation de courte durée ;
- une partie des frais dentaires (la totalité pour les moins de
18 ans dans la mesure où ils ont demandé une " carte de
dentiste " avant l'âge de 13 ans, les seuls soins préventifs
ensuite).
b) Les frais spéciaux
Initialement conçue pour couvrir les seuls soins
spéciaux et difficilement assurables (hospitalisations de longue
durée, c'est-à-dire supérieure à un an, traitements
psychiatriques, soins à domicile...), l'ABWZ a eu tendance à
devenir l'assurance universelle de base dans les années 80 et au
début des années 90, puisqu'elle incluait alors les
médicaments et les prothèses.
A partir de 1994
, avec la nomination de Wim Kok à la tête
du gouvernement
, cette idée a été abandonnée et
l'ABWZ est redevenue l'assurance des soins exceptionnels
. Elle couvre en
particulier :
- les frais d'hospitalisation au-delà de la première
année ;
- les traitements psychiatriques ;
- la prise en charge des handicaps physiques et mentaux ;
- les soins à domicile prodigués aux invalides, aux grands
malades, vieillards dépendants... ;
- les vaccinations pour les enfants.
ROYAUME-UNI
Le
service national de santé (NHS), créé par le
National Health Service Act
du 6 novembre 1946
, a
institué, à partir du 5 juillet 1948,
un système
de protection généralisée, à l'origine
entièrement gratuit et financé par l'impôt
.
|
1) Le caractère universel de la couverture maladie
Toute personne résidant habituellement au Royaume-Uni bénéficie de soins gratuits.
2) Les prestations minimales garanties
a) Les prestations gratuites
Les
soins de médecine générale, les soins hospitaliers et tous
les soins dispensés par le NHS sont gratuits.
Toute personne âgée de plus de seize ans choisit son
médecin et s'inscrit sur sa liste de patients. Il n'est possible de
changer de médecin qu'avec l'accord de ce dernier, ou bien en cas de
déménagement.
La consultation d'un spécialiste ainsi que l'hospitalisation doivent
obligatoirement être prescrites par le médecin
généraliste.
Les tests de vue sont gratuits pour :
- les enfants de moins de seize ans ;
- les étudiants de moins de dix-neuf ans ;
- les personnes ayant besoin de verres de contact spéciaux ;
- les malvoyants ;
- les personnes atteintes de diabète ou d'un glaucome ;
- les chômeurs ;
- les personnes disposant de faibles revenus.
Le transport en ambulance est gratuit pour les urgences et pour les malades
dont l'état de santé ne leur permet pas d'utiliser d'autres
moyens de transport.
b) Les prestations partiellement prises en charge
Pour les
médicaments
prescrits par le médecin
généraliste et vendus dans les pharmacies agréées
(5(
*
))
, une participation de 5,65 livres
(6(
*
))
par médicament est demandée au
patient à moins que ce dernier ne préfère payer un forfait
pour quatre mois (29,30 livres) ou pour douze mois (80,50 livres).
Les
soins dentaires
ne sont pris en charge qu'à hauteur de
20 %. Les prothèses dentaires ne sont remboursées
qu'à concurrence de 20 %, sur un montant plafonné.
Toutefois, des
exemptions
sont prévues pour les personnes
suivantes :
- les enfants de moins de seize ans ;
- les étudiants de moins de dix-neuf ans ;
- les personnes âgées de plus de soixante ans ;
- les personnes disposant de faibles revenus ;
- les chômeurs ;
- les pensionnés de guerre ;
- les femmes enceintes ;
- les femmes ayant un enfant de moins d'un an ;
- les personnes atteintes de maladies chroniques (diabète,
épilepsie...)
Les lunettes et les verres de contact ne sont pas remboursés. Seuls les
enfants et les détenteurs des revenus les plus faibles ne supportent pas
la totalité de leur coût.
* *
*
La
contrepartie de la quasi-gratuité des soins est un délai
d'attente très long entre la prise de rendez-vous et la consultation
chez le spécialiste ou l'intervention chirurgicale à
l'hôpital.
En septembre 1997, 1.207.500 personnes étaient inscrites sur des
listes d'attente et 57.700 avaient attendu plus d'un an
L'accroissement du ticket modérateur et l'existence des listes d'attente
dans les hôpitaux du service national de santé ont incité
les patients à recourir de plus en plus à l'assurance maladie
privée : ils sont passés de 2 % en 1950 à
12,7 % en 1998.
SUÈDE
Les
principes essentiels définissant les services de santé figurent
dans la
loi de 1982 sur la santé publique
et les services
médicaux
.
|
1) Le caractère universel de la couverture maladie
Toutes les personnes domiciliées en Suède bénéficient d'une protection sociale sans avoir à justifier d'une activité professionnelle.
2) Les prestations minimales garanties
a) Les prestations gratuites
Les
soins primaires
dispensés aux patients par le personnel
médical regroupé dans des centres de soins (médecins,
infirmières, sages-femmes, kinésithérapeutes) sont
dispensés gratuitement :
- aux
enfants de moins de 16 ans
;
- aux
femmes enceintes
.
Les
soins dentaires
sont dispensés
gratuitement
aux
enfants et aux jeunes
jusqu'à l'âge de 19 ans
, ainsi
qu'aux personnes atteintes de certaines maladies.
b) Les prestations partiellement prises en charge
Pour les
consultations
et
traitements
, les patients sont tenus de payer
une redevance, variable selon les circonscriptions, de :
- 100 à 140 SEK
(7(
*
))
chez un
médecin de famille ;
- 120 à 250 SEK chez un spécialiste ;
- 50 à 100 SEK chez les kinésithérapeutes, les
ergothérapeutes et les infirmières.
Pour limiter les frais des patients, le montant des redevances qu'ils versent
pour les consultations de médecine ambulatoire est plafonné
à 900 SEK pour douze mois.
Le recours à un spécialiste doit être
précédé d'une prescription du médecin
généraliste.
En cas d'
hospitalisation
, le patient doit verser une redevance
forfaitaire d'un montant maximal de
80 SEK par jour
.
L'assurance maladie ne
rembourse que la
part des
médicaments délivrés sur ordonnance excédant
400 SEK
sur une période de douze mois. Au-delà de
cette somme, les dépenses sont prises en charge par l'assurance maladie,
par période de douze mois, à concurrence de :
- 50 % entre 400 et 1 300 SEK ;
- 75 % entre 1 300 et 2 800 SEK ;
- 90 % entre 2 800 et 3 800 SEK ;
- et 100 % au-delà
(8(
*
))
.
Pour les familles ayant des enfants de moins de 18 ans, les sommes
payées sont additionnées et, lorsque le total atteint
1 300 SEK, il est délivré une carte permettant
d'obtenir gratuitement des médicaments pendant douze mois à
compter du premier achat.
Les
soins dentaires
sont également pris en charge. Le
remboursement des soins et des prothèses est effectué selon des
tarifs fixes. Les honoraires peuvent varier selon les dentistes. 70 à 90
% de ces dépenses restent à la charge du patient.
SUISSE
En 1911,
une loi avait instauré un système d'assurances sociales
facultatif, auquel la majorité des Suisses avaient décidé
d'adhérer.
|
1) Le caractère universel de la couverture maladie
En vertu de l'article 2 de la LAMal, " Toute personne domiciliée en Suisse doit s'assurer pour les soins en cas de maladie, ou être assurée par son représentant légal, dans les trois mois qui suivent sa prise de domicile ou sa naissance en Suisse. "
2) Les prestations minimales garanties
L'assurance maladie prend en charge :
- les soins ambulatoires dispensés par les médecins,
chiropraticiens, sages-femmes et spécialistes "
admis à
pratiquer à la charge de l'assurance obligatoire des
soins
" ;
- les analyses, médicaments et prothèses, prescrits par un
médecin ;
- la rééducation effectuée ou prescrite par un
médecin ;
- l'hospitalisation ou le séjour dans une institution prodiguant des
soins semi-hospitaliers ;
- les soins nécessités par une infirmité
congénitale ;
- les prestations spécifiques de maternité (examens de
contrôle pendant et après la grossesse, accouchement...) ;
- les prestations consécutives à un accident ;
- les soins dentaires occasionnés par une maladie grave ou ses
séquelles, ou par un accident ;
- une participation aux frais de cures balnéaires prescrites par un
médecin ;
- une contribution aux
"
frais de transport médicalement
nécessaires ainsi qu'aux frais de sauvetage "
.
Quelle que soit la nature des soins ou des prestations, une participation
est demandée aux assurés
. Elle comprend, depuis le
1
er
janvier 1998 :
- une
franchise de 230 francs
suisses
(soit environ
920 FF) par année civile, sauf pour les enfants ;
- une
quote-part
d'un montant maximal annuel de
600 francs
suisses
(soit
environ 2.400 FF)
pour les adultes et
300 francs suisses pour les enfants
;
-
une contribution journalière de 10 francs suisses aux frais de
séjour hospitalier
. Les femmes en sont exemptées pour les
prestations de maternité. Cette contribution est principalement due par
les célibataires vivant seuls car le a) de l'article 104 de
l'ordonnance sur l'assurance-maladie précise qu'en sont également
exemptés
" les assurés qui vivent en ménage commun
avec une ou plusieurs personnes avec lesquelles ils ont une relation relevant
du droit de la famille "
.
C'est le Conseil fédéral, c'est-à-dire le gouvernement
fédéral, qui décide du montant de la franchise et de la
quote-part.
Après déduction de cette participation, les frais sont
remboursés à hauteur de 90 %,
"
en fonction du
tarif applicable au lieu de résidence ou de travail de
l'assuré
".
En ce qui concerne les frais d'optique, les caisses remboursent un minimum de
200 francs suisses par an pour les lunettes des enfants jusqu'à
dix-huit ans et de 200 francs tous les trois ans pour celles des
adultes. Les verres de contact ne sont pas remboursés.
* *
*
La
réforme de 1994 a eu pour principale conséquence d'augmenter le
montant des cotisations individuelles de 25 à 57 % selon les
cantons et le type de cotisant
(10(
*
))
.
Pour réduire le montant des primes, les assurés ont la
possibilité d'opter pour une franchise d'un montant plus
élevé ou de conclure une assurance avec " bonus ". Dans
ce cas, ils s'engagent pour cinq ans et paient, la première
année, une prime majorée de 10 % qui baisse les
années suivantes s'ils n'utilisent pas leur assurance.
Dans le but de diminuer les dépenses de santé et de
réduire en conséquence le montant des primes, plusieurs caisses
maladie ont créé des HMO (
Health Maintenance Organisation
)
inspirées du modèle américain. Elles sont
organisées sous la forme de cabinets de santé de groupe. Les
assurés ne peuvent s'adresser qu'à un réseau limité
de médecins et de cliniques ou hôpitaux.
Le choix de ce système permet d'abaisser les coûts de façon
substantielle et de réduire le montant des primes d'environ
20 %.
(1)
En 1999, 6.375 DEM par mois, c'est-à-dire environ 21.000 francs, dans
les anciens Länder, et 5.400 DEM, c'est-à-dire environ 18.000
francs, dans les nouveaux.
(2) Une couronne danoise équivaut à environ 0,90 franc
français.
(3) Une pension de retraite minimale est garantie à tous les
résidents à partir de l'âge de 65 ans.
(4) En matière d'assurances sociales, la notion de concubinage est
large. Elle comprend des personnes de sexe opposé, de même sexe,
voire un frère et une soeur, ou un grand-père et un petit-fils
vivant ensemble.
(5) Les pharmacies n'ayant pas le monopole de la distribution de tous les
médicaments, les patients peuvent éventuellement les acheter
ailleurs à un prix moindre.
(6) Actuellement, une livre vaut environ dix francs.
(7)Une couronne suédoise (SEK) équivaut environ à
0,80 franc français.
(8) Le gouvernement a déposé un projet de loi qui prévoit
une augmentation des plafonds fixés pour le remboursement des
médicaments. Ce texte doit être voté au mois de mai 1999.
(9) En 1997, le montant moyen mensuel de la prime était de
201,82 francs suisses, soit environ 800 francs français.
(10) En 1997, la prime la plus basse s'élevait, pour un adulte, à
60 francs suisses dans le Valais, alors que la plus forte, perçue
à Genève, était de 238 francs suisses.