NOTE DE SYNTHESE
La
présente étude analyse trois éléments du statut de
l'élu local, la rémunération, la retraite et le retour
à la vie professionnelle, dans plusieurs pays européens
représentatifs de traditions juridiques différentes.
On a en effet choisi l'
Angleterre
, la plus ancienne des
démocraties européennes, l'
Allemagne
, Etat
fédéral, l'
Espagne
et le
Portugal
, qui n'ont
accédé que récemment à la démocratie, ainsi
que le
Danemark
et les
Pays-Bas
, deux Etats d'Europe du Nord
réputés pour leur souci de transparence.
L'examen du statut de l'élu local dans ces six pays fait
apparaître que :
-
alors que l'exercice d'un mandat local est considéré comme
une fonction bénévole en Allemagne et en Angleterre, le Danemark,
l'Espagne, les Pays-Bas et le Portugal garantissent un statut assez complet aux
élus locaux qui exercent leur mandat à temps plein ;
-
les Pays-Bas et le Portugal ont partiellement étendu le
bénéfice de ce statut à certains élus locaux qui
n'exercent pas leur mandat à temps plein ;
-
au Danemark, tous les élus locaux perçoivent une
rémunération fixe d'un montant significatif.
I. ALORS QUE L'EXERCICE D'UN MANDAT LOCAL EST CONSIDERE COMME UNE FONCTION BENEVOLE EN ALLEMAGNE ET EN ANGLETERRE, LE DANEMARK, L'ESPAGNE, LES PAYS-BAS ET LE PORTUGAL GARANTISSENT UN STATUT ASSEZ COMPLET AUX ELUS LOCAUX QUI EXERCENT LEUR MANDAT A TEMPS PLEIN
1) En Allemagne et en Angleterre, l'exercice d'un mandat local est considéré comme une fonction bénévole
Ce
principe n'empêche pas les élus de percevoir des
indemnités. En Angleterre, la loi autorise cette pratique depuis 1972.
Depuis 1989, elle oblige même chaque conseil du district et du
comté à établir un plan relatif aux indemnités de
ses membres. L'indemnité " de base ", identique pour tous les
membres d'un conseil donné, s'accompagne éventuellement d'une
indemnité spécifique de responsabilité, ainsi que
d'indemnités de fonction correspondant respectivement à
l'accomplissement de certaines fonctions, comme la présidence d'une
commission, et à la participation à certains travaux du conseil.
Depuis 1995, le montant total des indemnités versées à un
conseiller n'est plus plafonné, chaque conseil est donc
entièrement libre de déterminer les indemnités de ses
membres.
Le caractère bénévole des fonctions locales justifie
cependant qu'aucune disposition n'ait été prise en matière
de pension de retraite et de retour à la vie professionnelle.
Il en va de même en Allemagne, où le statut des élus locaux
est régi par les codes des communes et des arrondissements des
différents Länder, et où les élus locaux ne peuvent
prétendre qu'au remboursement des frais et du manque à gagner
provoqués par l'exercice de leur mandat. Il faut cependant
préciser que, dans de nombreux Länder, les fonctions locales les
plus importantes ne sont pas exercées par des élus, mais par des
fonctionnaires.
2) Le Danemark, l'Espagne, les Pays-Bas et le Portugal garantissent un statut assez complet aux élus locaux réputés exercer leur mandat à temps plein
a) Les élus concernés
La
détermination des élus réputés exercer leur mandat
à temps plein résulte de la loi ou du règlement, ou bien
d'une décision de la collectivité concernée. Deux pays, le
Danemark et les Pays-Bas, ont opté pour la première solution,
tandis que l'Espagne a choisi la seconde. Quant au Portugal, il applique l'une
ou l'autre des deux règles selon qu'il considère les élus
des communes, ou ceux des paroisses.
Les élus réputés exercer leur mandat à temps plein
en vertu d'une loi ou d'un règlement
Au Danemark, il s'agit des maires, des présidents des conseils de
comté, des membres de l'exécutif collégial des cinq
communes les plus importantes, ainsi que des présidents des commissions
permanentes de ces cinq villes.
Aux Pays-Bas, les échevins, c'est-à-dire les adjoints aux maires
(1(
*
))
, sont réputés
exercer une fonction à temps plein seulement dans les communes de plus
de 18.000 habitants. Tous les conseillers membres de la
" députation permanente "
(2(
*
))
, c'est-à-dire de l'exécutif
provincial, sont également réputés exercer leur mandat
à temps plein.
Au Portugal, il en va ainsi pour tous les maires et adjoints.
Les élus réputés exercer leur mandat à temps plein
en vertu d'une décision de la collectivité
En Espagne, toutes les assemblées délibérantes des
collectivités peuvent déterminer librement la liste des mandats
qui supposent que l'on s'y consacre de façon exclusive.
En revanche, au Portugal, seuls les présidents des exécutifs de
paroisse peuvent être déclarés par l'assemblée comme
exerçant leur mandat à temps plein ; de plus, une telle
décision ne peut être prise que si la paroisse compte un minimum
d'électeurs.
b) Le statut des élus qui exercent leur mandat à temps plein
Au
Danemark, en Espagne, aux Pays-Bas et au Portugal, l'exercice du mandat
à temps plein s'accompagne du versement d'une rémunération
mensuelle et de la prise en compte de la durée du mandat pour le calcul
de la pension de retraite. Il s'accompagne également, sauf en Espagne,
du versement, à l'issue du mandat, d'une indemnité transitoire
conçue pour faciliter le retour à la vie professionnelle.
La rémunération
De même que la détermination des élus réputés
exercer leur mandat à temps plein résulte d'une règle
nationale au Danemark, aux Pays-Bas et au Portugal, leur
rémunération est fixée au niveau national dans ces trois
pays.
Le Danemark a choisi pour référence le traitement des
fonctionnaires et a établi plusieurs groupes d'élus, en fonction
de l'importance du mandat exercé. Ainsi, les maires perçoivent
annuellement entre 360.000 et 500.000 francs, selon l'importance de leur
commune.
Le Portugal exprime la rémunération mensuelle de ses élus
en pourcentage des émoluments attribués au Président de la
République. La loi a également déterminé plusieurs
groupes, en fonction de la taille de la collectivité. Un maire portugais
perçoit, en fonction de la taille de sa commune, 40 %, 45 %,
50 % ou 55 % de ce qui est alloué au Président de la
République, ce qui correspond à une somme comprise entre
16.000 francs et 22.000 francs par mois.
Aux Pays-Bas, les membres de la " députation permanente "
perçoivent tous la même rémunération, qui est
fixée par référence au traitement des fonctionnaires,
tandis que les échevins sont classés en plusieurs
catégories, en fonction de l'importance de la commune. Un
règlement du ministère de l'Intérieur indique le montant
de leur rémunération (entre 21.000 et 42.000 francs en 1997,
selon l'importance de la commune).
A l'opposé, la rémunération des élus espagnols
résulte d'une décision de l'assemblée
délibérative, prise de façon discrétionnaire.
La pension de retraite
Au Danemark, seuls les élus qui ont exercé leur mandat pendant au
moins huit ans peuvent percevoir une pension de retraite, dont le montant
varie avec la durée du mandat. Ainsi, un maire qui a exercé son
mandat pendant huit ans bénéficie de la même pension
de retraite qu'un fonctionnaire de la catégorie à laquelle
l'intéressé est assimilé qui aurait eu une carrière
de vingt-huit ans.
En revanche, aux Pays-Bas et au Portugal, aucune durée minimale n'est
exigée. Par ailleurs, les élus portugais peuvent
bénéficier d'une retraite anticipée à condition de
justifier d'au moins vingt années de service (mandat et activité
professionnelle confondus).
L'Espagne a choisi un système différent : le fait d'exercer
un mandat local à temps plein ne donne pas droit à une pension de
retraite spécifique. Cependant, toute collectivité locale
étant tenue d'inscrire les intéressés au régime
général de sécurité sociale, les élus
continuent d'acquérir des droits à pension de retraite.
Le retour à la vie professionnelle
Les élus qui ont exercé leur mandat à temps plein
perçoivent, à l'issue de leur mandat, une allocation
spéciale de fin de mandat au Danemark, aux Pays-Bas et au Portugal.
La durée de versement de cette allocation, ou son montant si elle est
versée en une seule fois, varie avec la longueur du mandat. La somme
totale versée est plafonnée à onze fois le montant de la
rémunération mensuelle au Portugal et à douze fois ce
montant au Danemark. Elle peut en revanche être versée pendant six
ans aux Pays-Bas dans la mesure où l'intéressé a
exercé son mandat pendant au moins six ans.
L'Espagne, qui n'a pas prévu le versement d'une telle allocation,
garantit aux anciens élus locaux la réintégration dans le
poste de travail qu'ils occupaient précédemment puisque
l'exercice d'une fonction publique représentative suspend le contrat de
travail.
II. LES PAYS-BAS ET LE PORTUGAL ONT PARTIELLEMENT ETENDU LE BENEFICE DE CE STATUT A CERTAINS ELUS LOCAUX QUI N'EXERCENT PAS LEUR MANDAT A TEMPS PLEIN
Cette
extension porte sur certains éléments du statut, ou sur la
totalité.
En effet, aux Pays-Bas, tous les échevins, y compris ceux des communes
de moins de 18.000 habitants, bénéficient du statut
présenté plus haut. Cependant, comme les échevins des
communes de moins de 18.000 habitants sont réputés n'exercer
leur mandat qu'à temps partiel, leur rémunération est
moins élevée que celle des échevins réputés
l'exercer à temps plein.
De même, le Portugal a introduit la notion de " mandat permanent
à mi-temps ". Les élus concernés (les adjoints si
l'exécutif communal préfère remplacer un adjoint
exerçant son mandat à temps plein par deux adjoints à
mi-temps et les présidents des exécutifs des paroisses
d'importance moyenne) perçoivent une rémunération
réduite de moitié. Ils ont droit à une pension de
retraite. En revanche, ils ne bénéficient pas de l'allocation de
fin de mandat.
III. TOUS LES ELUS LOCAUX DANOIS PERÇOIVENT UNE REMUNERATION FIXE D'UN MONTANT SIGNIFICATIF, MEME S'ILS NE REMPLISSENT PAS DE FONCTION PARTICULIERE
Si l'on
excepte le cas particulier des cinq villes les plus importantes, tous les
conseillers municipaux qui ne remplissent pas une fonction particulière
perçoivent la même rémunération :
50.000 couronnes (soit environ 45.000 francs) au
1
er
octobre 1997. Pour Copenhague, ce montant s'établit
à 70.000 couronnes, et pour les quatre autres très grandes
villes à 60.000 couronnes.
De même, tous les membres des conseils de comté reçoivent
la même somme : 60.000 couronnes par an. Seuls les conseillers
du plus petit comté ont droit à une rémunération
inférieure (50.000 couronnes).
Pour les conseillers municipaux, comme pour les conseillers de comté,
cette rémunération fixe est, le cas échéant,
complétée par des primes de fonction.
* *
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Les résultats de cette comparaison méritent d'être tempérés par le nombre moyen d'habitants représentés par un élu local. En effet, d'après le Conseil de l'Europe, le nombre moyen d'habitants représentés par un élu local se montait à plus de 1.000 au Danemark et au Portugal en 1994, tandis qu'il s'élevait à 116 en France.