LES SOINS PALLIATIFS
SERVICE DES AFFAIRES EUROPEENNES (octobre 1998)
Table des matières
- NOTE DE SYNTHESE
- ALLEMAGNE
- BELGIQUE
- DANEMARK
- ESPAGNE
- ITALIE
- ROYAUME-UNI
- SUISSE
NOTE DE SYNTHESE
Pionnier dans le
domaine de l'accompagnement des malades en fin de vie, avec la création des
premiers
établissements spécialisés à la fin des années 60, le Royaume-Uni reste le pays
de
référence en matière de soins palliatifs.
L'absence d'homogénéité des chiffres rend les comparaisons difficiles.
Cependant, parmi
les 7 pays européens étudiés, l'
Allemagne
, la
Belgique
, le
Danemark
,
l'
Espagne
, l'
Italie
, le
Royaume-Uni
et la
Suisse,
l'analyse
des données factuelles et juridiques fait apparaître que:
- les soins palliatifs sont beaucoup plus développés au Royaume-Uni que dans
les
autres pays ;
- si l'on excepte la Belgique et l'Espagne, les soins palliatifs demeurent pour
l'instant
à l'écart de tout cadre juridique.
1) Le Royaume-Uni reste très en avance sur les autres pays
a) L'importance des soins palliatifs au Royaume-Uni
Depuis la
création de l'hospice Saint-Christophe en 1967 dans la banlieue de Londres,
l'offre de
soins palliatifs s'est diversifiée et a considérablement augmenté.
Les établissements spécialisés et les unités spécialisées des hôpitaux généraux
disposent de plus de 3.000 lits de soins palliatifs. Destinés à une
hospitalisation de
plusieurs jours, ils permettent l'admission de 43.000 nouveaux patients par an.
L'hospitalisation de jour et les soins à domicile permettent, quant à eux, de
traiter
respectivement environ 15.000 et 120.000 patients par an. En tout, on peut donc
estimer à
presque 200.000 le nombre de personnes qui recourent chaque année aux soins
palliatifs.
b) L'effort de développement des soins palliatifs en Belgique
Les soins palliatifs ont connu un important développement au cours des années 90 dans ce pays. En effet, à partir d'initiatives privées qui se sont multipliées à la fin des années 80, les pouvoirs publics ont décidé d'entreprendre un réel effort en faveur des soins palliatifs. Actuellement, il existe environ 400 lits spécialisés dans des unités hospitalières, auxquels il convient d'ajouter les soins prodigués à domicile par les nombreuses associations, particulièrement actives dans ce pays.
c) Le retard des autres pays
Il est
particulièrement frappant pour l'Allemagne, le plus important des sept pays
étudiés,
qui ne comptait en 1997 que 99 unités de soins palliatifs, avec 624 lits.
De même, le Danemark (avec moins de 10 établissements spécialisés regroupant une
centaine de lits), l'Espagne et l'Italie (chacune avec environ 150 unités de
soins
palliatifs), ainsi que la Suisse, en sont toujours au stade expérimental.
De plus, en Allemagne, en Espagne et en Italie, la répartition géographique des
soins
palliatifs est très inégale : le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie
concentre
presque 40 % des ressources disponibles dans le pays, la Catalogne environ 30 %
et le Nord
de l'Italie les deux tiers.
Le retard du Danemark dans le domaine des soins palliatifs s'explique par le
fait que,
jusqu'au début des années 90, l'accent était mis sur le traitement
médicamenteux de la
douleur. Cependant, les bons résultats des quelques expériences menées depuis
le début
des années 90 ainsi que les exemples étrangers ont amené un changement
d'attitude face
à la notion de soins palliatifs. Ces derniers devraient donc se développer au
cours des
prochaines années. Les autorités sanitaires nationales se sont d'ailleurs
prononcées au
début de l'année 1997 pour le développement des soins palliatifs et leur
organisation
rationnelle en plusieurs niveaux de spécialisation.
2) Sauf en Belgique et en Espagne, les soins palliatifs se développent pour l'instant en dehors de tout cadre juridique.
a) La reconnaissance juridique des soins palliatifs en Belgique et en Espagne
· En
Belgique
,
elle est apparue progressivement à partir de 1991, date à laquelle un arrêté
royal
fixa les conditions que devaient respecter les hôpitaux et les associations de
soins
palliatifs pour bénéficier du financement public. En 1994, une loi institua le
droit à
un congé pour l'accompagnement des mourants. Cette loi permet à tout
travailleur du
secteur public ou privé de prendre un congé de 2 mois pour se consacrer aux
soins
palliatifs d'une personne atteinte d'une maladie incurable. Pendant ce congé,
l'intéressé perçoit une indemnité financière. En juin et juillet 1997, une série
d'arrêtés royaux ont permis de définir les différentes catégories d'entités qui
dispensent des soins palliatifs et de les intégrer au système public de santé.
Ils ont
également créé des structures locales de coordination de tous les intervenants
d'une
région donnée.
· En
Espagne
, plusieurs communautés autonomes ont, sur le modèle de la
Catalogne, approuvé par décret des programmes pluriannuels de développement et
de
planification des soins palliatifs.
b) L'absence de cadre juridique dans les autres pays
C'est notamment le cas au Royaume-Uni, où, bien que reconnus comme une spécialité médicale à part entière, les soins palliatifs demeurent à l'écart de toute réglementation. La situation a toutefois évolué par rapport aux premières années où les soins palliatifs étaient dispensés par des établissements privés agissant en toute indépendance. Aujourd'hui, le Service national de santé participe à la gestion et au financement des soins palliatifs et une structure nationale de coordination a été instituée.
ALLEMAGNE
Le premier
annuaire des services de
soins palliatifs et des établissements spécialisés dans ce domaine est paru
en 1993. Il
a été mis à jour en 1997. Les indications qu'il comporte permettent de
tirer les
enseignements suivants :
|
BELGIQUE
L'arrêté royal
du 19 août 1991,
plusieurs fois modifié depuis lors, relatif au financement public des
expériences de
soins palliatifs (document n° 1) définit ces derniers comme
"
l'aide
et l'assistance pluridisciplinaire qui sont dispensées à domicile, dans un
hébergement
collectif non hospitalier ou dans un hôpital afin de rencontrer globalement
les besoins
physiques, psychiques et spirituels des patients durant la phase terminale
de leur
maladie, et qui contribuent à une préservation d'une qualité de
vie
".
|
1) La reconnaissance juridique des soins palliatifs
Après les
premières initiatives apparues au début des années 80, les expériences de soins
palliatifs se sont multipliées à la fin de la décennie. La première
reconnaissance
officielle s'est traduite, en 1991, par un début de financement. Au fil des
ans, un cadre
juridique complet s'est créé.
· L'arrêté royal du 19 août 1991 déterminait les conditions que devaient
respecter les hôpitaux et les associations de soins palliatifs pour bénéficier
du
financement public national, fixé alors à 80 millions de francs belges,
soit
environ 13 millions de francs français :
-
présence d'une équipe pluridisciplinaire
, répondant à des normes de
qualification et de qualité définies par l'arrêté ;
- gratuité de l'aide
, sauf pour les soins donnant lieu à une
intervention de
l'assurance-maladie ;
- respect des convictions
religieuses et philosophiques du patient.
Par ailleurs, les associations devaient notamment faire "
la
preuve d'une
pratique notoirement connue des soins palliatifs au 1
er
juillet
1990
".
Le tableau ci-après donne la répartition des subventions allouées à
l'époque :
Equipes de soins palliatifs subventionnées par l'arrêté royal du 19 août 1991 |
||||
Type |
Subside annuel par équipe |
Communauté néerlandophone |
Communauté francophone |
Total |
Equipes non hospitalières |
367.000 FF |
9 |
12 |
21 |
Hôpitaux (250-500 lits) |
75.000 FF |
15 |
14 (1) |
32 |
Hôpitaux (+ 500 lits) |
150.000 FF |
11 |
6 |
17 |
TOTAL |
|
35 |
35 |
70 |
(I) Dont une en communauté germanophone. Source : Institut national d'assurance maladie maternité (INAMI) |
L'arrêté du 19
août 1991 a été modifié à plusieurs reprises. Pour l'année 1997, il a été décidé
que l'assurance soins de santé et indemnités mettrait :
- 252 millions de francs belges (soit environ 40 millions de francs français) à
la
disposition des associations de soins palliatifs liées à l'INAMI par des
conventions ;
- 160 millions de francs belges (soit environ 25 millions de francs français) à
la
disposition des hôpitaux liés à l'INAMI par des conventions.
· Un protocole d'accord conclu entre le gouvernement fédéral et les Communautés
en
1993 a ensuite permis de créer des "
lits spécialité-soins
palliatifs
",
destinés à prendre en charge "
des pathologies chroniques et
polypathologies nécessitant des soins médicalisés et/ou des soins
palliatifs
".
· La loi du 21 décembre 1994 institue le
droit pour tout travailleur du
secteur
privé ou public d'interrompre sa carrière pour se consacrer aux soins
palliatifs d'une
personne qui souffre d'une maladie incurable.
Ce congé peut être pris à temps partiel ou à temps plein, pour une durée de
deux
mois maximum
. L'autorisation de l'employeur n'est pas nécessaire.
Toutefois, il faut
fournir une attestation délivrée par le médecin traitant du patient, qui doit
prouver
que la personne qui demande le congé est disposée à assurer les soins
palliatifs.
Pendant le congé, la personne bénéficiaire touche une indemnité mensuelle et
conserve
ses droits en matière de sécurité sociale.
· Un arrêté royal pris en 1996 prévoit le financement de 360 lits de soins
palliatifs.
·
En 1997, une série d'arrêtés royaux a donné un cadre juridique aux
activités
des différentes structures de soins palliatifs.
Ces arrêtés permettent
d'intégrer
les soins palliatifs dans le système de santé et créent une structure de
coordination
de tous les intervenants sur une zone géographique.
2) L'offre de soins palliatifs
On distingue deux types de structures de soins palliatifs : les équipes hospitalières et les autres. En 1997, il y en avait en tout plus de 80, réparties sur l'ensemble du territoire.
a) Les équipes hospitalières
Il s'agit soit d'
unités
de soins palliatifs
, soit d'
équipes de conseil mobiles
. Il y en a
actuellement
une vingtaine : 11 en Flandre, 5 à Bruxelles et 5 en Wallonie.
· Les unités de soins palliatifs
L'arrêté
n° 1544 du 15 juillet 1997 a fixé des normes en matière d'organisation
matérielle du service (chambre du patient spacieuse et adaptée, nécessité
d'espaces
communs, prise en charge matérielle de la famille...).
Le service peut accueillir des patients souffrant d'une "
maladie
incurable
en phase terminale et qui nécessite des soins palliatifs
".
Le service doit disposer des moyens techniques nécessaires pour combattre la
douleur et
doit faire l'objet "
d'une évaluation régulière par le biais de
l'enregistrement des actes médicaux, médico-techniques et infirmiers
effectués
".
Cet enregistrement doit montrer la pertinence des actes effectués.
· Les équipes mobiles de soins palliatifs
L'arrêté
n° 1545 du 15 juillet 1997 précise qu'elles doivent :
- avoir un lien fonctionnel avec un service spécialisé de traitement et de
réadaptation
qui prend en charge les patients qui nécessitent des soins palliatifs ;
- enregistrer les activités de soins, qui doivent être régulièrement évaluées.
b) Les équipes non hospitalières :
Elles
comprennent :
- les
équipes de " première ligne "
qui fournissent
directement les soins aux patients, avec ou sans la collaboration d'autres
personnels
soignants ;
- les
équipes de " seconde ligne ",
qui conseillent
et forment
les intervenants en soins palliatifs ;
les
équipes " intra-muros ",
qui accueillent les
patients en
hébergements collectifs (maisons de repos et de soins ou unités résidentielles).
L'arrêté n° 1543 du 15 juillet 1997 prévoit qu'une maison de repos et
de
soins doit "
avoir un lien fonctionnel avec un service de soins
palliatifs
".
* *
*
Toutes ces
structures doivent collaborer avec "
l'association en matière de
soins
palliatifs
" couvrant leur zone géographique. Ces associations
ont été
reconnues par l'arrêté royal du 19 juin 1997 qui fixent les conditions de
leur
agrément.
Ce sont des plates-formes de coordination destinées :
- à favoriser l'information et la sensibilisation de la population aux soins
palliatifs ;
- à mettre à jour les connaissances des personnels médicaux ;
- à former les bénévoles.
L'association couvre une
zone géographique comprise entre 300.000 et
1 million
d'habitants.
Les participants à ces associations peuvent être :
- des organisations d'aide aux familles et aux patients bénéficiant de soins
palliatifs ;
- des organisations de soins à domicile ;
- des organisations locales ou régionales de médecins généralistes et d'autres
prestataires de soins ;
- des maisons de repos et de soins ;
- des maisons de repos agréées ;
- des hôpitaux.
En Flandre, ces associations existent depuis 1995 grâce à une subvention
régionale. On
en compte actuellement une quinzaine. En région wallonne et à Bruxelles, elles
se
mettent difficilement en place pour des raisons financières.
3) Le personnel
Les équipes
intervenant dans le domaine des soins palliatifs sont
pluridisciplinaires
. Elles
sont composées de médecins, d'infirmières, d'aides soignantes, de bénévoles, de
kinésithérapeutes, de psychologues et d'assistantes sociales.
L'arrêté du 19 juin 1997 prévoit que les associations de soins palliatifs
doivent
disposer d'une " équipe de deuxième ligne "
comprenant :
- "
- deux infirmières équivalent temps plein avec une expérience
de
formation en matière de soins palliatifs,
- un médecin généraliste, à raison de quatre heures par semaine, avec une
expérience
ou formation en matière de soins palliatifs,
- un employé administratif équivalent mi-temps
".
L'association de soins palliatifs doit disposer en outre, par tranche de
300.000 habitants couverts, d'une personne employée à temps plein (ou de
son
équivalent), qui doit avoir un niveau de formation correspondant au moins à
l'enseignement supérieur de type court et une expérience scientifique en
matière de
soins palliatifs.
Selon les arrêtés royaux de juillet 1997, le personnel des équipes de soins
palliatifs
doit disposer d'une formation spécifique. En outre, la direction du service de
soins
palliatifs doit être assurée par un médecin spécialiste ayant une expérience
dans ce
domaine.
Pour l'instant, aucune disposition nationale n'a fixé de normes ou de critères
de
formation. Il existe simplement quelques initiatives locales comme, par exemple
:
- la formation par des associations ;
- la mise en place d'un cours pour médecins et infirmières en 1995 à Anvers.
Il doit y avoir 1,25 infirmière par lit, "
assisté[e] de
personnel
soignant en nombre suffisant
".
Enfin, le service doit pouvoir faire appel à d'autres catégories de personnels
spécialisés (psychiatres, psychologues...).
Le travail des
associations
, qui font elles aussi intervenir des
spécialistes, est
très important en Belgique. Spécialisées le plus souvent dans les soins à
domicile,
elles offrent aux patients une prise en charge et un soutien médical mais aussi
social et
psychologique. C'est notamment le cas de
Continuing Care
ou
d'
Arémis
, qui
ont contribué à développer la connaissance des soins palliatifs.
4) Le financement
Les associations
de soins palliatifs
touchent un subside de la part du gouvernement
fédéral
(1,25 million de francs belges, correspondant à un emploi à temps plein
par tranche
de 300.000 habitants couverts).
Les unités de soins palliatifs sont financées par un prix de journée
spécifique.
Le financement des équipes mobiles hospitalières n'a pas été encore défini, pas
plus
que celui des maisons de repos et de soins qui accueillent les personnes les
plus
handicapées, mentalement ou physiquement.
DANEMARK
Jusqu'au
début des années 1990, les
soins palliatifs étaient fort peu développés, l'accent étant
essentiellement mis sur
le traitement médicamenteux de la douleur, y compris pour les mourants.
|
ESPAGNE
Pratiquement
inexistantes à la fin des
années 1980, les unités de soins palliatifs ont connu un
fort
développement pendant
les années 1990
.
|
1) La reconnaissance juridique des soins palliatifs
Dès 1990, la
communauté autonome de Catalogne a élaboré, avec l'aide de l'OMS, un projet
régional
de soins palliatifs.
De même, dans son décret du 29 janvier 1998 (document n° 2) approuvant le plan
d'assistance socio-sanitaire, la communauté autonome de Castille et Léon a
établi des
objectifs et un programme précis de développement des soins palliatifs.
Parmi les objectifs généraux de son plan, elle prévoit notamment
" la
délimitation et la définition d'un modèle spécifique de soins (...) aux patients
atteints de maladies chroniques qui se trouvent en phase
terminale "
.
En conséquence, elle a établi un programme quantifié dont la réalisation
s'étendra
sur trois ans, et dont les principaux points sont les suivants :
- création en 1998 d'un centre régional modèle dans l'un des hôpitaux de
Salamanque ;
- constitution, avant la fin de l'année 1999, de plusieurs unités hospitalières
de
soins palliatifs, de façon à atteindre l'objectif de cinq lits pour 100.000
habitants,
ainsi que d'équipes de soins actives à domicile couvrant le territoire de toute
la
communauté et agissant en étroite coordination avec les unités hospitalières ;
- mise en place en 1999 d'un diplôme spécifique ;
- formation, avant la fin de l'an 2000, d'au moins la moitié des équipes de
soins.
2) L'offre de soins palliatifs
Prenant exemple
sur le service d'information de l'hospice anglais St-Christophe, la
Société
espagnole
de soins palliatifs
diffuse depuis quelque temps un annuaire des services
de soins
palliatifs. Le dernier a été publié en avril 1998. Des indications qu'il
comporte, on
peut tirer les enseignements suivants :
- il existe 143 unités de soins palliatifs, la moitié d'entre elles se situent
en milieu
hospitalier et l'autre moitié agit au domicile des malades ;
- plus de 25.000 personnes recourent chaque année aux soins palliatifs, alors
que
l'annuaire précédent, publié un an auparavant, estimait à un peu plus de 15.000
le
nombre de personnes ainsi traitées ;
- environ un quart des malades du cancer en phase terminale bénéficient des
soins
palliatifs ;
- la Catalogne concentre presque 30 % des ressources disponibles et Madrid
10 %.
3) Le personnel
Les équipes
sont essentiellement composées de médecins et d'infirmiers. Certaines comportent
également des travailleurs sociaux, des psychologues ou des physiothérapeutes.
Bien que les soins palliatifs ne soient pas reconnus comme spécialité médicale,
le
personnel qui assure les soins palliatifs est spécialisé.
4) Le financement
Il est assuré de façon variable selon le statut de l'organisme abritant l'unité de soins palliatifs.
ITALIE
Il n'existe
pas en Italie de
définition législative des soins palliatifs.
Seules quelques régions
planifient
leurs activités dans ce domaine.
|
1) La reconnaissance juridique des soins palliatifs
Un quart des
centres publics sont dépourvus de toute reconnaissance officielle ou
d'autonomie.
D'autres ont été reconnus :
- par une délibération lorsqu'il s'agit d'une structure de soins palliatifs
intégrée
dans un hôpital ;
- par l'association à un service d'anesthésie-réanimation, lorsqu'il s'agit
d'un module
de soins palliatifs.
Quant aux associations, certaines ont été reconnues par une entité publique (la
région
par exemple). Elles sont le plus souvent de caractère local et sont formées de
volontaires. La moitié d'entre elles sont actives dans d'autres domaines que
les soins
palliatifs.
Leurs activités en matière de soins palliatifs sont les suivantes :
- soins et assistance aux malades ;
- formation des volontaires ;
- soutien financier des structures publiques ;
- soutien financier aux patients et à leurs familles ;
- achats d'équipements et de matériel médicaux ;
- organisation de manifestations (colloques, cours...) ;
- éducation sanitaire dans le domaine des soins palliatifs ;
- distribution de crédits pour la recherche et pour des projets concrets.
2) L'offre de soins palliatifs
En 1994, il
existait 169 centres dispensant des soins palliatifs. Les deux tiers sont
situés
dans le
Nord du pays
.
100 des 169 centres sont
publics
et en général intégrés à des
structures
d'hospitalisation
. La plupart ont aussi une activité d'assistance à
domicile.
Certains sont en outre en mesure d'accueillir des patients en phase
terminale : Il
s'agit des hospices créés sur le modèle anglo-saxon ou des lits réservés dans
des
structures qui ne sont pas uniquement consacrées aux soins palliatifs.
Les autres sont
privés
: ce sont des
associations
qui assurent
soins et
assistance aux patients.
3) Le personnel
Dans la plupart des cas, l'équipe est constituée au moins de médecins et d'infirmières. La moitié des centres disposent d'un psychologue et un tiers ont une assistance sociale. Il y a, de plus, des volontaires, qui sont souvent formés par des associations privées.
4) Le financement
Il est
assuré :
- par l'organisme dans lequel la structure de soins palliatifs est
insérée ;
- et/ou par des associations qui distribuent des bourses de travail et
fournissent du
matériel sanitaire ou des subsides aux patients ;
- et/ou par des financements publics émanant des régions ou des facultés.
ROYAUME-UNI
Avec la
création en 1967 de
l'hospice Saint Christophe,
dans la banlieue de Londres, le Royaume-Uni
fait figure de
pionnier
dans le domaine des soins palliatifs.
|
1) La reconnaissance juridique des soins palliatifs
Malgré leur
développement et leur reconnaissance comme une
spécialité médicale à part
entière, qui doit être enseignée, les soins palliatifs demeurent à l'écart de la
législation et de la réglementation
.
Les seuls textes qui y font allusion sont ceux qui concernent les prestations
sociales
destinées aux personnes âgées : ils définissent les hospices comme des
établissements destinés à dispenser des soins palliatifs aux personnes qui se
trouvent
dans la phase terminale d'une maladie évolutive.
2) L'offre de soins palliatifs
Les soins
palliatifs peuvent être dispensés :
- dans des établissements spécialisés, les hospices ;
- dans des unités spécialisées d'hôpitaux généraux ;
- dans des services d'hospitalisation de jour ;
- à domicile, par une équipe pluridisciplinaire.
Le centre d'information de l'hospice Saint Christophe,
qui publie chaque
année un
répertoire
des services de soins palliatifs et des établissements spécialisés dans ce
domaine,
donne les chiffres suivants, valables au 1
er
janvier 1998.
· L'hospitalisation prolongée : |
|||
Nombre d'hospices et d'unités de soins palliatifs |
218 (38 en 1977) |
||
Nombre de lits |
3.185 (1.002 en 1977) |
||
Nombre de lits par million d'habitants |
54 |
||
Nombre moyen de lits (nombre variant entre 2 et 63) |
15 |
||
Durée moyenne de séjour |
11 jours |
||
Nombre annuel d'admissions |
60.000 |
||
Statut de ces 218 établissements d'accueil : |
Nombre d'unités |
Nombre de lits |
|
Etablissements privés, fonctionnant essentiellement grâce à des dons |
141 |
2.147 |
|
Etablissements NHS (1) |
59 |
605 |
|
Fondation Marie Curie |
11 |
289 |
|
Fondation Sue Ryder |
7 |
144 |
|
(1) Il s'agit essentiellement d'unités de deux lits qui existent dans la plupart des hôpitaux du Pays de Galles. |
|||
· L'hospitalisation de jour : |
|||
Nombre d'unités |
241 |
||
Nombre moyen de places par unité |
12 |
||
Nombre de lits par millions d'habitants |
54 |
||
Nombre de patients traités chaque année |
15.000 |
||
· Les soins à domicile : |
|||
Nombre de services |
381 (plus d'un tiers sont rattachés à des hospices) |
||
Nombre de patients traités chaque année |
120.000 |
3) Le personnel
Les équipes de soins sont composées de professionnels : médecins (qui le plus souvent se sont spécialisés dans ce domaine, infirmières spécialisées, physiothérapeutes, travailleurs sociaux, psychologues...) et de bénévoles, qui jouent un rôle très important.
4) Le financement
Le NHS participe désormais au financement des établissements privés, à hauteur d'environ un tiers.
SUISSE
En
l'absence de législation
fédérale dans le domaine des soins palliatifs, c'est aux cantons qu'il
appartient de
légiférer sur le sujet.
|
1) L'affirmation d'un droit a la fourniture de soins palliatifs
Les cantons qui
sont intervenus dans le domaine ont souhaité faire reconnaître par la loi le
droit des
patients en fin de vie à recevoir des soins destinés à soulager la douleur.
C'est ainsi que la loi de santé du 6 février 1995 du canton de Neuchâtel
indique
que "
les personnes en fin de vie ont droit aux soins, au
soulagement et au
réconfort dont elles ont besoin. Dans la mesure du possible, elles pourront
bénéficier,
même en institution, d'un accompagnement et se faire entourer de leurs
proches.
"
De même, la loi sanitaire du 14 décembre 1990 du canton du Jura reconnaît
que
"
la personne en fin de vie a droit à des soins spécifiques, de
manière
à vivre dans le maximum de bien-être physique et psychique.
"
2) Les directives de l'Académie suisse des sciences médicales
Elles ont pour
but de rappeler au médecin qu'il a un rôle important à jouer dans
l'adoucissement de la
mort.
Les directives médico-éthiques sur l'accompagnement médical des patients en fin
de vie
ou souffrant de troubles cérébraux extrêmes ont été adoptées par l'Académie
suisse
des sciences médicales le 24 février 1995. Elles prévoient que :
"
Le
médecin est toujours tenu de garantir des soins appropriés aux personnes en fin
de vie
ou souffrant de troubles cérébraux extrêmes. Il doit utiliser toutes les
techniques de
la médecine palliative pour combattre la douleur, la dyspnée, l'anxiété et la
confusion, spécialement après l'interruption des mesures de survie. Il peut
utiliser ces
techniques même si elles impliquent un risque éventuel d'abréger la survie du
patient.
"
Ainsi, sauf volonté du patient de ressentir, par conviction personnelle, une
certaine
douleur, l'équipe médicale doit utiliser les techniques de soins palliatifs
pour le
soulager.
(1) Presque tous les hôpitaux publics sont administrés par les comtés.