BELGIQUE
La
loi du 25 février 2003 tendant à lutter contre la
discrimination et modifiant la loi du 15 février 1993 créant
un Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le
racisme
énumère une série de motifs de discrimination
- notamment l'orientation sexuelle - qui peuvent dorénavant
être sanctionnées pénalement et faire l'objet d'actions en
réparation devant les juridictions civiles ou en annulation devant le
Conseil d'État.
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1) La législation sur les discriminations
Les
articles 10 et 11 de la Constitution consacrent le principe
d'égalité des citoyens devant la loi et de non-discrimination,
mais sans mentionner explicitement les discriminations fondées sur
l'orientation sexuelle.
La loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes
inspirés par le racisme ou la xénophobie ne visait que les
discriminations fondées sur ces deux critères.
La loi du
25 février 2003
a élargi le champ des discriminations
condamnables, et
l'orientation sexuelle fait partie des nouveaux motifs
de
discrimination illégitime
. De plus, cette loi
considère le harcèlement comme une forme de discrimination.
L'article 4 de la loi énumère tous les domaines
(accès aux biens et aux services, travail, participation à des
activités économiques, sociales, culturelles, politiques) dans
lesquelles les discriminations sont interdites.
De plus, la loi du 25 février 2003 fait de la discrimination
fondée sur l'orientation sexuelle une
circonstance aggravante
.
Elle prévoit en effet que, lorsqu'un crime ou un délit est commis
avec pour motif «
la haine, le mépris ou l'hostilité
à l'égard d'une personne en raison
[...]
de son
orientation sexuelle »,
les sanctions sont
aggravées : le minimum des peines peut être doublé
s'il s'agit de peines correctionnelles et augmenté de deux ans s'il
s'agit de réclusion criminelle.
2) La pénalisation des propos homophobes
L'article 6 de la loi du 25 février 2003
prévoit une peine de prison d'un mois à un an et/ou une amende de
50 à 1 000 € pour quiconque «
incite
à la discrimination, à la haine ou à la violence à
l'égard d'une personne, d'un groupe, d'une communauté ou des
membres de celle-ci, en raison
[...]
de l'orientation
sexuelle »
. La même peine est prévue pour toute
personne qui rend publique son intention d'adopter de tels comportements.
La diffusion, la publication ou l'exposition de textes ou de tout support
comportant une discrimination sont interdites.
3) L'organisme de contrôle
Le
Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le
racisme
est une autorité administrative indépendante
créée par la loi du 15 février 1993. Ses
compétences ont été étendues par la loi du
25 février 2003 à d'autres formes de discrimination,
notamment celles fondées sur l'orientation sexuelle.
Le Centre a notamment pour mission d'adresser des avis et des recommandations
aux pouvoirs publics «
en vue de l'amélioration de la
réglementation
», d'aider les personnes sollicitant une
consultation sur leurs droits ou obligations, de recevoir des plaintes, de les
traiter et d'accomplir toute mission de médiation. De plus, il est
habilité à ester en justice dans les litiges relatifs à
l'application de la loi du 25 février 2003.
Il est géré par un conseil d'administration composé de
vingt et un membres (dix d'expression française, dix d'expression
néerlandaise, un d'expression allemande) nommés par le Roi sur
proposition du Premier ministre (quatorze membres) et des gouvernements de
communauté et des gouvernements régionaux (sept membres). Chaque
titulaire a un suppléant.
Un collège composé d'un directeur, d'un directeur adjoint et de
quatre coordinateurs détermine les tâches et les
responsabilités des coordinateurs, exécute les décisions
du conseil d'administration et établit un rapport annuel relatif
à la mise en oeuvre de la politique générale du Centre.