L'UTILISATION DU TELEPHONE ET LA CONDUITE AUTOMOBILE
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Table des matières
NOTE DE SYNTHÈSE
En
France, téléphoner en conduisant ne constitue pas une
infraction
spécifique. Toutefois, l'utilisation d'un
téléphone contrevient au deuxième alinéa de
l'article R 412-6 du code de la route
, selon lequel :
«
Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en
position d'exécuter sans délai toutes les manoeuvres qui lui
incombent.
»
C'est pourquoi un conducteur qui téléphone peut être
condamné à payer une amende forfaitisée de deuxième
classe, qui s'élève à 35 €. Lorsque les
contrevenants sont déférés devant le tribunal de police,
leur amende peut être portée à 150 €.
La présente étude analyse les dispositions relatives à
l'utilisation du téléphone par les conducteurs dans huit pays
européens :
l'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, la
Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-Bas et la Suisse.
Cet examen montre que,
à
l'exception de la Grande-Bretagne et
de la Suisse, tous les pays européens ont récemment
créé une infraction spécifique relative à
l'utilisation du téléphone par les conducteurs.
1) En Grande-Bretagne et en Suisse, l'utilisation d'un téléphone
pendant la conduite relève du défaut de maîtrise du
véhicule
À ce titre, téléphoner en conduisant peut, comme en
France, être sanctionné par une amende.
Cependant,
en Grande-Bretagne, la création d'une nouvelle infraction
est
envisagée
. Cette infraction serait constituée
dès lors qu'un conducteur utiliserait un téléphone
dépourvu de dispositif mains libres tout en conduisant. Le projet du
gouvernement prévoit même que les
employeurs
qui
encouragent leurs salariés à téléphoner pendant
qu'ils conduisent puissent être poursuivis.
La Grande-Bretagne rejoindrait ainsi le groupe des pays européens qui
ont fait de la conduite au volant une infraction spécifique.
2) L'Allemagne, la Belgique, le Danemark, l'Espagne, l'Italie et les
Pays-Bas ont récemment créé une infraction
spécifique
L'Italie l'a fait en 1993, le Danemark en 1998, la Belgique en 2000,
l'Allemagne en 2001, l'Espagne et les Pays-Bas en 2002.
Dans ces six pays, le code de la route interdit explicitement aux
conducteurs de
téléphoner à l'aide d'un appareil
dépourvu d'un système qui laisse les mains libres
. Cette
infraction est partout sanctionnée par une
amende dont le montant est
généralement
compris entre 30 et 50 €.
L'Espagne est le seul pays qui interdise également aux conducteurs de
téléphoner à l'aide d'appareils dotés de casques ou
d'oreillettes.
ALLEMAGNE
Depuis le 1 er février 2001 , l'utilisation d'un téléphone dépourvu d'un système mains libres par un conducteur constitue une infraction spécifique . |
1) L'infraction
Le
code de la route énonce à l'alinéa 1a de
l'article 23
: «
Il est interdit au conducteur d'un
véhicule d'utiliser un téléphone portable ou un
téléphone de voiture s'il est amené soit à prendre
soit à tenir le téléphone portable ou l'écouteur.
Cette interdiction ne s'applique pas lorsque le véhicule est à
l'arrêt et que le moteur est coupé.
»
L'interdiction s'applique à tous les conducteurs, que leur
véhicule soit ou non motorisé. Elle doit être
respectée lors des arrêts de courte durée, dus par exemple
à un feu de signalisation ou à une circulation en
accordéon. En revanche, elle ne concerne ni les systèmes mains
libres ni les appareils de radiocommunication.
Adoptée à la fin de l'année 2000, cette disposition est
entrée en vigueur le 1
er
février 2001, mais les
sanctions n'ont été infligées qu'à partir du
1
er
avril 2001.
2) Les sanctions
Les
contrevenants sont passibles d'une
amende
, dont le montant varie selon
que le véhicule est ou non motorisé :
- 30 € dans le premier cas ;
- 15 € dans le second.
BELGIQUE
Depuis le 1 er juillet 2000 , l'utilisation d'un téléphone dépourvu d'un système mains libres par un conducteur constitue une infraction spécifique. |
1) L'infraction
L'arrêté royal du 24 juin 2000 a
modifié
l'arrêté royal du 1
er
décembre 1975 portant
règlement général sur la police de la circulation
routière
pour y
insérer
l'article 88-4,
selon lequel : «
Sauf si son véhicule est à
l'arrêt ou en stationnement, le conducteur ne peut faire usage d'un
téléphone portable en le tenant à la main.
»
Les expressions «
à l'arrêt
» et
«
en stationnement
» sont définies aux
articles 2-22 et 2-23 de l'arrêté royal de 1975 :
- la première désigne «
un véhicule
immobilisé pendant le temps requis pour l'embarquement ou le
débarquement de personnes ou de choses
» ;
- la seconde désigne «
un véhicule
immobilisé au-delà du temps requis pour l'embarquement ou le
débarquement de personnes ou de choses
».
Par conséquent, l'interdiction s'applique également aux
véhicules arrêtés dans un embouteillage ou devant un feu de
signalisation.
2) Les sanctions
Les
contrevenants sont passibles d'une
amende
dont le montant varie selon la
procédure suivie :
- 25 € lorsque l'amende est perçue immédiatement par un
agent ;
- 52 € lorsque le montant de l'amende est déterminé
à la suite d'un procès-verbal et d'un accord amiable avec le
parquet ;
- entre 50 € et 2 500 € en cas de comparution devant le tribunal
de police.
Dans les cas les plus graves (trois condamnations dans l'année), le juge
peut même prononcer une peine de prison comprise entre un jour et un mois
ou une déchéance du droit de conduire.
Le ministre chargé des transports a annoncé au début de
l'année 2002 une modification de la classification des infractions.
Celle-ci devrait être adoptée avant les prochaines
élections, prévues pour juin 2003. L'utilisation du
téléphone en conduisant serait alors, en tant qu'infraction grave
de seconde catégorie, punie d'une amende comprise entre 275 et
1 375 €.
DANEMARK
Depuis le 1 er juillet 1998 , l'utilisation d'un téléphone dépourvu d'un système mains libres par un conducteur constitue une infraction spécifique . |
1) L'infraction
L'article 55a du code de la route
, relatif à
l'interdiction de l'utilisation des téléphones portables
dépourvus de dispositif mains libres, énonce :
«
Pendant le trajet, les conducteurs de véhicules n'ont pas
le droit d'avoir un téléphone mobile en
mains.
»
Adopté en 1997, il est entré en vigueur le
1
er
juillet 1998 après avoir été
précisé par une directive de l'administration compétente.
Cette directive souligne que l'interdiction concerne les
téléphones qui fonctionnent sur les réseaux GSM et NMT,
qu'il s'agisse de téléphones portables ou d'installations
fixées dans la voiture. En revanche, elle ne s'applique pas aux
appareils de radiocommunication qu'utilisent notamment la police, les services
de secours et les taxis. Elle ne s'applique pas non plus aux talkies-walkies.
L'interdiction concerne tous les véhicules, motorisés ou non.
2) Les sanctions
Les contrevenants sont passibles d'une amende d'au plus 300 couronnes , soit environ 40 €.
ESPAGNE
Depuis le 21 janvier 2002 , l'utilisation d'un téléphone par un conducteur constitue une infraction spécifique lorsque l'appareil est dépourvu de système mains libres, ou que le conducteur utilise un casque ou un dispositif similaire. |
1) L'infraction
La
loi
19/2001
portant diverses mesures
relatives à la sécurité routière, adoptée le
29 novembre 2001,
a notamment modifié le troisième
alinéa de l'article 11 du code de la route pour y insérer la
disposition selon laquelle : «
Pendant la conduite,
l'utilisation de dispositifs de téléphonie mobile ou de tout
autre système de communication est interdite, à moins que la
communication n'ait lieu sans que le conducteur se serve de ses mains, ou qu'il
n'utilise ni casque,
ni oreillette ni autre dispositif
similaire
. »
L'interdiction n'est donc pas limitée aux téléphones. Elle
concerne également les systèmes de radiocommunication par
exemple. En revanche, il est possible d'utiliser un dispositif avec microphone
et haut-parleur incorporés au véhicule. Par ailleurs, les forces
de l'ordre sont exclues du champ d'application de l'interdiction de communiquer
en conduisant.
L'extension de l'interdiction aux téléphones dotés de
casques ou d'oreillettes n'était pas prévue dans le projet du
gouvernement. Elle résulte d'un amendement proposé par les
parlementaires.
2) Les sanctions
L'infraction n'étant pas considérée comme grave, les contrevenants sont passibles d'une amende d'au plus 91 €.
GRANDE-BRETAGNE
Il
n'existe aucune infraction spécifique relative à l'utilisation du
téléphone par les conducteurs, mais ceux-ci peuvent être
sanctionnés pour défaut de contrôle de leur
véhicule.
|
1) L'infraction
L'interdiction de téléphoner en conduisant
concernerait tous les véhicules à moteur. Elle s'appliquerait
aussi longtemps que le véhicule n'est pas en stationnement et que le
moteur n'est pas éteint. Téléphoner dans un embouteillage
ou devant un feu rouge constituerait donc une infraction.
L'utilisation d'oreillettes serait également interdite dès lors
que le fonctionnement de l'appareil requiert du conducteur qu'il se serve de
ses mains.
L'interdiction viserait non seulement les téléphones, mais, de
façon générale, tous les dispositifs (appareils de
radiocommunication, talkies-walkies...) permettant à deux personnes de
communiquer à distance.
Le ministère envisage que les
employeurs
qui encouragent leurs
salariés à utiliser le téléphone en conduisant
puissent être poursuivis.
2) Les sanctions
Les
contrevenants seraient passibles d'une
amende forfaitisée de
30 £
(soit environ 50 €). En cas de poursuites,
l'amende maximale s'élèverait à 1 000 £.
Ces montants correspondent aux amendes actuellement infligées aux
conducteurs pour défaut de contrôle du véhicule.
ITALIE
Depuis le 1 er janvier 1993 , l'utilisation d'un téléphone dépourvu d'un système mains libres par un conducteur constitue une infraction spécifique . |
1) L'infraction
L'article 173 du code de la route
énonce à
l'alinéa 2 : «
Pendant que le véhicule est en
mouvement, il est interdit au conducteur d'utiliser des appareils
radiotéléphoniques
[...]
. Est autorisée
l'utilisation d'appareils mains libres ou d'appareils dotés
d'oreillettes, pourvu que le conducteur conserve une capacité auditive
adéquate et que le fonctionnement des appareils ne requière pas
l'utilisation des mains.
»
L'interdiction vise donc non seulement le téléphone, mais aussi
les appareils de radiocommunication. Cependant, elle ne s'applique pas à
la police, aux services de la voirie et aux professionnels du transport.
L'article 173 du code la route a été modifié par le
décret-loi du 20 juin 2002 portant mesures urgentes en matière de
sécurité routière. Ce texte a autorisé les
systèmes à oreillettes au même titre que les appareils
mains libres.
2) Les sanctions
Les
contrevenants sont passibles d'une
amende
dont le montant est compris
entre 32 et 131 €.
La refonte du code de la route est actuellement à l'étude. Il est
envisagé de sanctionner l'utilisation d'un téléphone sans
système mains libres par le retrait de quatre des vingt points du futur
permis à points.
PAYS-BAS
Depuis le 30 mars 2002 , l'utilisation d'un téléphone dépourvu d'un système mains libres par un conducteur constitue une infraction spécifique. |
1) L'infraction
L'article 61a du code de la route
, entré en
vigueur le
30 mars 2002, énonce que : «
Il est interdit aux
personnes qui conduisent un véhicule à moteur, une motocyclette
[...]
de tenir un téléphone portable tout en
conduisant
. »
L'interdiction ne vise donc pas les appareils qui laissent les mains libres.
Elle s'applique non seulement aux téléphones, mais aussi à
tous les dispositifs utilisés dans le cadre des services de
télécommunications ouverts au public. En revanche, elle ne
concerne pas les réseaux fermés, comme ceux qu'utilisent les
agents de police ou les chauffeurs de taxi.
L'interdiction doit être respectée lorsque le véhicule est
immobilisé dans un embouteillage.
2) Les sanctions
Les contrevenants sont passibles d'une amende de 136 €. Dans les cas les plus graves, le montant de l'amende peut être porté à 2 000 €.
SUISSE
Il
n'existe aucune infraction spécifique relative à l'utilisation du
téléphone
par les conducteurs
, mais ceux-ci peuvent
être sanctionnés pour défaut de maîtrise de leur
véhicule.
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