2. Vision d'ensemble de la logique grammaticale

Les étudiants coréens s'accordent tous sur l'importance de la grammaire, à condition que celle-ci permette de comprendre le fonctionnement de la langue dans les situations de communication réelle.

Ils estiment que l'introduction de cette matière est obligatoire pour les débutants. Ils proposent la création d'une classe de grammaire de durée limitée, de préférence en langue maternelle, pour simplifier l'apprentissage. A partir du niveau intermédiaire, ils souhaitent que quelques points de grammaire soient traités à chaque séance et que la synthèse en soit faite à la fin, au lieu d'imposer un " paquet de grammaire " dès le début. Cette pratique complique l'apprentissage et même parfois décourage les apprenants.

Ces propositions semblent tout à fait légitimes et l'enseignement de la grammaire devrait être amélioré, notamment sur les points considérés comme les plus difficiles, entre autres l'article et le subjonctif. Ces deux notions sont absentes dans la langue coréenne et entraînent souvent une grande confusion dans leur emploi en situation naturelle. Il ne s'agit pas de changer l'enseignement de la grammaire, mais de modifier la présentation de certaines notions clé.

Dans les méthodes de FLE utilisées en Corée, la description grammaticale de l'article occupe généralement les premières leçons avec une approche normative, comme dans les méthodes traditionnelles: règle, exemple, application et exception. Ce type de présentation impose des règles qui ne permettent pas à l'étudiant de faire une hypothèse sur la nature et le fonctionnement de l'article utilisé.

L'enseignant devrait être capable de montrer, dès l'introduction de l'article, ses différentes facettes. Au-delà de la définition générale des articles défini et indéfini -le premier détermine le nom et le précise, le deuxième distingue le nom, mais ne le précise pas- l'enseignant devrait indiquer que ces deux types d'articles peuvent exprimer à la fois un sens général et un sens précis. A l'inverse, l'article indéfini peut désigner une chose précise et l'article défini, quelque chose de général.

Pour faciliter la démonstration des différents usages de l'article, une autre approche peut être adoptée : l'article sert à définir, il est défini par rapport aux références, c'est-à-dire le rapport existant entre les éléments et le groupe. Cela permet d'exposer certains usages courants qui ne correspondent pas toujours à la règle générale :

- l'article partitif pour des choses qui ne peuvent être dissociées. Dans une phrase comme " donne-moi du vin " , on ne peut dissocier l'élément du groupe ;

- les parties du corps, l'article remplace le possessif, car on n'a plus besoin d'établir cette relation de possession ;

- la suppression de l'article indéfini dans les phrases négatives en absence de référence, mais l'article revient dès qu'il y a un groupe de référence : " Est-ce que tu as un parapluie ? Non, je n'ai pas de parapluie, mais j'ai un imperméable ".

Outre la modification de la présentation, cette approche envisage l'article dans ses différents aspects, alors que les méthodes utilisées séparent les articles par catégorie (indéfini, défini, partitif), sans pouvoir montrer l'emploi de ces articles les uns à côté des autres. Pour illustrer cet aspect-là, l'enseignant pourra utiliser des matérieux sociaux : recettes de cuisine, publicité, etc.

Quant au subjonctif , le coréen ne distingue pas les modes d'un verbe. Il a sa propre forme de modalisation qui se réfère au temps et aux idées. Tout se passe dans les verbes. Toute forme verbale distingue le radical de la terminaison, et la conjugaison est le changement de cette dernière qui marque la fin de la phrase. L'infixe verbal s'ajoute, si nécessaire, entre le radical et la terminaison, permettant ainsi d'obtenir d'innombrables variétés de formes verbales. Naturellement, les nuances modalisées par le subjonctif s'y retrouvent.

L'idée est de partir des nuances connues des étudiants coréens, en donnant les formes correspondantes du français. En voici une exploitation didactique possible :


· L'enseignant fait prendre conscience de l'existence de ces nuances exprimées en langue maternelle et des formes qui s'y rapportent.


· Il incite à relever les similitudes, les nuances de base en français avec celles de la langue maternelle. L'enseignant peut profiter du repérage pour introduire toute une variété de constructions possibles, en choisissant des documents appropriés (slogan publicitaire, tracts politiques, textes de chanson, prières...). Il s'agit de découvrir d'autres formes de subjonctif, d'élargir l'éventail de son usage et de sa forme.


· L'enseignant distribue ensuite un texte plus complexe, comportant des usages et des constructions plus variés. La distribution du document se fait à l'avance, avec des consignes précises de repérages. Le travail en commun consistera à compléter les connaissances des étudiants.


· Un exercice de réemploi se fera à partir d'un texte dont l'enseignant aura masqué les formes du subjonctif, que les étudiants devront retrouver.


· L'étape finale consistera à récapituler les règles de base et les acquis du repérage.

Cette approche familiarise ainsi l'étudiant avec le mode du subjonctif et lui permet son réemploi.

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