3. Reconnaissance plus large avec la haute technologie
Depuis un temps relativement récent, l'image de
la France, pays d'art et de luxe, s'est élargie à la haute
technologie, électronucléaire (installation de centrales
nucléaires par Alsthom et Framatome) et aéronautique (Concorde,
Airbus, fusée Ariane, satellites).
Cette nouvelle image s'est renforcée avec l'adoption du projet du
T.G.V. français, en compétition avec ses concurrents japonais et
allemand. Cette victoire technologique ne sera pas sans conséquences sur
les relations bilatérales, comme le pense l'ambassadeur de France
à Séoul :
" l'image de la France en Corée va se
trouver modifiée et sa puissance technologique affirmée alors
que, jusqu'à présent, la France restait loin de la Corée ;
c'était surtout le Japon et les Etats-Unis qui en étaient les
partenaires traditionnels "
(Interview sur France Info du 20
août 1993).
Le nombre des entreprises françaises en Corée, passé de
soixante-dix en 1986 à cent dix-huit aujourd'hui, montre l'accroissement
des relations économiques franco-coréennes
30
. La
quasi-totalité des grands groupes français y sont
présents, soit sous la forme de sociétés mixtes, soit,
à tout le moins, sous la forme de sociétés commerciales.
La Chambre de Commerce et d'Industrie de France à Séoul souhaite,
d'une part, l'augmentation des échanges et des investissements (la
France n'arrive qu'en troisième position en Europe, après
l'Allemagne et l'Angleterre) et, d'autre part, l'assouplissement de certains
obstacles administratifs, comme par exemple l'accès à la
propriété immobilière, interdit aux étrangers
encore récemment.
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30
A la fin du XIXe siècle, quelques
sociétés françaises s'intéressaient au tissu et au
papier coréens tandis que les produits français (vin, coton,
conserves alimentaires) ne représentaient que 1 % du total des
importations coréennes (Chul-Koo WOO, 1986).
A l'inverse, l'augmentation des investissements coréens en France
témoigne du renforcement des relations économiques
bilatérales. Le groupe Daewoo, l'un des plus grands conglomérats
coréens, a choisi la Lorraine pour y créer trois usines et un
centre de recherche. Il est intéressant de noter que, dans le processus
de privatisation du groupe Thomson de 1997, deux groupes coréens
étaient candidats à la reprise de Thomson Multimédias,
fleuron de la technologie française : Daewoo associé au groupe
MATRA, Samsung avec ALCATEL-ALSTHOM. Cela aurait été impensable
il y a quelques années.
Un autre exemple de la nouvelle image donnée par la France a
été le succès sans précédent de la
série télévisée
" Pilote ",
diffusée en 1991-1992, tournée en grande partie en France,
notamment au siège d'Airbus, avec des acteurs coréens s'exprimant
en français.
Jusqu'à présent, presque exclusivement tournée vers les
Etats-Unis dans ses échanges avec l'Occident, la Corée
découvre l'Europe comme un autre axe important de relations politiques
et commerciales. Au sein de l'Europe, la France peut jouer un rôle
privilégié. La richesse de la France en matière de haute
technologie est désormais reconnue et les Coréens souhaitent une
bonne coopération bilatérale pour renforcer leur système
économique, en s'inspirant des infrastructures françaises qu'ils
admirent.
Cette reconnaissance se traduit également par un afflux
d'étudiants coréens en France, environ 10 000 en 1995. Ils y
viennent après quatre ans d'études, afin de prolonger leur
recherche et d'enrichir leur connaissance du pays. Mais, en même temps,
on constate que de plus en plus de jeunes arrivent en France avant d'entamer
leurs études universitaires, et s'inscrivent donc aux cours de
français. Les domaines d'études deviennent plus étendus :
la France, qui était une destination renommée pour les
études de littérature et de beaux-arts, présente
aujourd'hui des champs plus larges, aussi bien en sciences, en
publicité, qu'en informatique.
La coopération scientifique reste encore limitée à
certains domaines précis, notamment l'énergie nucléaire et
l'océanologie. Des programmes d'échanges scientifiques ont
été mis en place, avec leurs homologues coréens, par des
organismes tels que l'IFREMER, le CNRS, l'ANVAR, le CNES, le BRGM, etc.