2. Conséquences culturelles et linguistiques de l'antagonisme Corée-Japon
La Corée a joué, vis-à-vis du
Japon, un rôle assez proche de celui d'Athènes à
l'égard de Rome. Conquise militairement, elle a apporté sa
culture au Japon, mais la réciproque n'a pas eu lieu.
Après la première invasion, les soldats japonais
emportèrent une grande quantité d'ouvrages chinois et
coréens, et emmenèrent des potiers coréens qui furent
à l'origine de la céramique nippone. Les japonais
s'initièrent également à la technique de l'imprimerie. Un
de leurs prisonniers, le lettré KANG, introduisit le
néo-confucianisme au Japon.
En sens inverse, la colonisation très dure pendant la première
moitié du XXe siècle a eu des conséquences linguistiques
et culturelles importantes. Les Japonais avaient été
jusqu'à interdire aux Coréens de parler leur propre langue et de
garder leur nom de famille : on interdit de parler coréen dans la rue et
le gouvernement général décerna des diplômes
d'honneur aux
" familles qui n'utilisaient que le japonais à la
maison ".
Toutes les publications en langue coréenne furent
interdites : les premiers rédacteurs du grand dictionnaire de
coréen furent arrêtés en 1942 ; l'année suivante, la
Société pour l'Etude de la Langue Coréenne, fondée
en 1921, fut dissoute.
Cette période d'occupation a entraîné un rejet officiel de
la culture japonaise par les Coréens. Ainsi, actuellement, il est
toujours interdit de diffuser des variétés japonaises à la
radio coréenne et de passer des films japonais dans les salles ou sur
les écrans de télévision. Il en est de même pour les
spectacles sur scène : tour de chant, théâtre, danse...
C'est seulement en septembre 1993 qu'un chanteur japonais s'est produit pour la
première fois sur le sol coréen et encore était-ce dans le
pavillon de son pays, à l'Exposition Technologique de Daejon.
La normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays n'a eu lieu
qu'en 1960, et contre l'opposition très large de la population
coréenne. La langue japonaise n'a recommencé à être
enseignée dans les lycées qu'à partir de 1973.