B. LE JAPONAIS
1. Le poids de l'histoire
C'est l'introduction du bouddhisme au Japon par des
nobles coréens en 552 qui permit le premier contact avec ce pays. Par la
suite, les relations s'amplifièrent et, au IXe siècle, le tiers
des nobles, à la cour japonaise, était d'origine coréenne,
comme le montre une compilation des registres familiaux japonais faite en 815.
Mais, dès le XIVe siècle, la Corée commença
à subir de nombreuses attaques de pirates japonais sur ses côtes.
Puis, le premier unificateur du Japon, HIDEYOSHI, voulant conquérir un
immense empire, envahit la péninsule en 1592. Le roi coréen avait
interdit le passage des troupes japonaises sur son territoire, mais HIDEYOSHI
passa outre : la guerre dura sept ans entre ses soldats aguerris et
équipés d'armes à feu et les défenseurs
coréens, très peu armés, sans expérience du combat.
Cependant, sur mer, les Coréens remportèrent une grande victoire
: grâce au talent de stratège de l'Amiral Sun-Sin
LEE
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, la marine coréenne réussit à
anéantir la presque totalité de la flotte ravitaillant
l'armée japonaise. Coupés de leurs bases, les envahisseurs
repartirent après avoir laissé derrière eux un pays
entièrement ravagé. Pendant les deux siècles suivants, les
pirates japonais continuèrent leurs incursions sur les côtes
coréennes. L'invasion de HIDEYOSHI porta à la Corée un
coup mortel marquant le début du déclin du royaume de Chosun, la
dernière dynastie
(A. FABRE, 1988, p. 260).
Le conflit recommença à la fin du XIXe siècle, peu de
temps avant l'ouverture de la Corée à l'Occident. Le pays
était, à ce moment-là, très affaibli en raison
notamment du néo-confucianisme qui exerçait une influence sans
partage sur la
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C'est au cours de cette bataille navale que sont apparus les
ancêtres des cuirassés, les bateaux-tortues,
protégés par une carapace métallique contre l'envoi de
flèches enflammées.
société. Cette philosophie poussait les classes dirigeantes
à l'égoïsme, à l'autosatisfaction et au refus de tout
progrès. Les partis politiques se déchiraient et le pays
était dans un état désastreux, tandis que le Japon avait
évolué et préservé son indépendance tout en
se modernisant.
Déjà trop puissant face à la Corée sombrant dans
le chaos, il l'envahit avec l'ambition de dominer toute l'Asie et la
volonté de s'opposer aux influences extérieures, notamment
chinoise et russe, dans la région. Le Japon obligea la Corée
à devenir un protectorat en 1905. L'assassinat de la reine
coréenne pro-russe mit fin à la dynastie en 1910 et, le 29
août de la même année, la Corée fut annexée
par le Japon. Cette occupation allait durer trente-cinq ans jusqu'à la
fin de la seconde guerre mondiale.
En définitive, ces relations mouvementées et leur histoire faite
de guerres, d'invasions et de colonisation, ont nourri le ressentiment et la
méfiance des Coréens vis-à-vis des Japonais. Pourtant, les
Coréens ne peuvent cacher une certaine admiration à
l'égard de la puisssance économique du Japon qui a su garder ses
traditions. La diffusion de la langue-culture japonaise a largement franchi les
obstacles institutionnels et psychologiques qui subsistaient en Corée.