2. Déplacement à Dakhla - Vendredi 17 septembre 2010
Au cours de son déplacement à Dakhla, la délégation a rencontré le Wali et les élus locaux de la région, effectué des visites de terrain et eu une réunion de travail avec le Wali.
Vue aérienne de Dakhla
- Les entretiens avec MM. Hamid CHABAR, Wali, Slouh El JOUMANI, président du conseil municipal et El Mami BOUSSIF, président du conseil provincial et des élus locaux .
Au cours de ce premier entretien, M. Hamid CHABAR , Wali , a présenté les élus et chefs de tribus présents avant de laisser la parole aux intervenants.
M. Abderrahim ATMOUM , président du groupe d'amitié Maroc-France , a indiqué que ce déplacement s'inscrivait dans les échanges entre groupes d'amitié et participait ainsi à la diplomatie parlementaire. Il a ensuite précisé que la délégation avait rencontré les principaux responsables nationaux marocains et avait pu ainsi juger de la réalité actuelle du Maroc, notamment dans les provinces du Sud.
M. Christian CAMBON , président , a tout d'abord souligné l'exceptionnel accueil réservé à la délégation depuis son arrivée au Maroc et la chance qu'avait la délégation de visiter les provinces du Sud.
A propos de ce dossier, il a souhaité, tout d'abord, aborder le problème de la situation humanitaire des populations restées en Algérie. Par ailleurs, l'enlèvement au Niger de cinq français, il y a trois jours, lui a permis de souligner l'aspect « sécuritaire » de cette question.
Il a également indiqué que la France considérait la proposition marocaine d'autonomie comme une base sérieuse de négociation. Pour lui, la France, qui a des liens avec tous les pays de la zone, peut jouer, à cet égard, un rôle utile.
M. le Wali a indiqué à cet instant que la France et le Maroc étaient deux pays proches et que la France comprenait les attentes du Maroc.
M. El Mami BOUSSIF , président du conseil provincial , est intervenu pour indiquer que l'Espagne n'avait fait aucun investissement au Sahara marocain en un siècle et demi de présence.
Depuis 1999, le Maroc a entamé le développement économique de cette région notamment en la désenclavant avec la construction d'un port et d'un aéroport.
M. Slouh EL JOUMANI , président du conseil municipal , a pris la parole pour souligner que la France connaissant bien cette question du Sahara marocain. Il a souhaité que l'Algérie accepte enfin de s'asseoir à la table des négociations.
M. le président du conseil provincial a ajouté que suite à l'échec de la solution du référendum, il ne restait plus que la proposition d'autonomie à laquelle la population locale est favorable.
M. le président a souligné que depuis 1975, Dakhla avait changé. La région, même s'il y a encore des problèmes, est devenue plus prospère et plus sûre.
Il a conclu son intervention en précisant que la création dans cette région d'un État sans ressources réelles serait faire le jeu de l'insécurité et du terrorisme. L'Algérie a intérêt à avoir à sa porte un Maroc fort, garant d'un Maghreb stable et prospère.
M. Alain GOURNAC , est intervenu pour souligner l'unanimité de tous les interlocuteurs entendus par la délégation sur le dossier du Sahara marocain. Il a conclu en disant que c'était là une force pour le Maroc.
M . Jean-Pierre PLANCADE , a apporté son appui à la solution de l'autonomie proposée par le Maroc.
M. Jean-Pierre CHAUVEAU , s'est interrogé sur le montant des investissements français dans cette région.
M. le Wali a répondu que les français n'étaient pas assez nombreux et souhaitait saisir cette occasion pour faire un appel aux investisseurs français.
- Les visites de terrain
La délégation a visité la station d'épuration d'eau qui est connecté à la nappe phréatique de la région de Dakhla.
Elle s'est ensuite rendue dans les locaux du nouvel aéroport qui sera inauguré dans les prochains mois.
La délégation devant les bâtiments de l'aéroport
- La réunion de travail avec M. Hamid CHABAR, Wali
M. Hamid CHABAR, Wali a d'abord rappelé qu'il avait été ambassadeur du Maroc auprès de l'ONU.
M. le Wali a résumé l'évolution du dossier de la façon suivante :
- le plan de l'ONU qui visait à l'organisation d'un référendum sur l'autodétermination a été déclaré, par l'ONU, inapplicable. Il s'agit d'une décision de l'ONU et non pas du Maroc.
- à partir de 2000, l'ONU a donc demandé une solution négociée entre les parties. C'est le sens de la proposition marocaine d'autonomie.
M. le Wali a souligné qu'en 2001, le négociateur de l'ONU, M. James BAKER, avait proposé un projet d'autonomie. L'autonomie est donc à l'origine une idée de l'ONU. Le Maroc a tout de suite considéré favorablement cette proposition contrairement à l'Algérie et au Polisario.
M. le Wali a indiqué que le Maroc s'est saisi de cette proposition, pour, en s'inspirant du modèle allemand, élaborer un projet de statut d'autonomie qui a été considéré comme « crédible et sérieux ».
M. le Wali a ajouté que les pays soucieux de préserver l'équilibre fragile de cette région avaient pour devoir d'aider le Maroc et l'Algérie à négocier sur cette base.
M. le Wali a conclu que le Maroc et l'Algérie ne pouvaient être adversaires afin que le Maghreb puisse devenir, pour lui-même, l'Europe et le monde, une zone de paix, de stabilité et de prospérité.
MM. EL JOUMANI, président du conseil municipal, CHABAR, Wali et BOUSSIF, président du conseil provincial
Les participants à la réunion
M. Christian CAMBON , président , a remercié le Wali de son exposé et rappelé que la France soutenait la position du Maroc sur ce dossier.
Il a souligné que si chacun prend en compte les problèmes de sécurité et humanitaires, alors on ne peut que souhaiter un Maroc fort et stable.
M. le président a précisé que la France avait, pour trouver une solution à cette question, une position intéressante car elle est l'amie de tous les pays de cette zone.
Il a ajouté, qu'après avoir visité la région et pris en compte les positions de l'Algérie, la solution de l'autonomie était une solution raisonnable. De plus, elle s'appuie juridiquement sur les résolutions de l'ONU.
Mme Bariza KHIARI , a été sensible à la présentation pondérée et sobre du Wali, notamment par rapport à l'Algérie. Elle a ajouté que les peuples marocains et algériens ont une mémoire forgée au travers des épreuves communes. Ce sentiment d'un destin partagé s'est notamment exprimé lorsque le peuple marocain a soutenu l'équipe nationale algérienne à l'occasion de la dernière Coupe du Monde de football en Afrique du Sud.
Pour elle, trois éléments nouveaux sont intervenus sur ce dossier :
- l'échec de la solution du référendum,
- le surgissement du danger sécuritaire et terroriste qui pourrait préfigurer d'un « scénario à l'Afghan »,
- le développement remarquable de la région.
Elle a conclu que, sur la base de ces éléments, elle proposerait au parti socialiste de faire évoluer sa position sur ce dossier. Pour elle, non seulement ses origines l'obligent mais le principe de réalité politique le lui dicte.
M . Jean-Pierre PLANCADE , a indiqué que si la France peut dire à l'Algérie ce qu'elle pense de la proposition marocaine, elle ne peut faire pression sur ce pays car cela s'avèrerait improductif.
Il a ajouté que l'autonomie était une bonne solution qui faisait honneur au proverbe espagnol « Como se hace el camino de San Fernando ? Se hace caminando ». (Comment fait-on le chemin de San Fernando ? On le fait en marchand)
M. le Wali a conclu la réunion de travail en ajoutant que le Maroc avait avec ce dossier un défi économique et politique à relever.
Le Maroc investit beaucoup dans cette région en lui consacrant 2 % de son PIB. Selon le Wali, il y a donc nécessité à trouver avec le voisin algérien une solution politique.