B. LES VISITES ET ENTRETIENS SUR PLACE
1. Déplacement à Laâyoune - jeudi 16 septembre 2010
Au cours de son déplacement à Laâyoune, la délégation a visité des sites économiques et rencontré les autorités et les élus locaux.
- Les visites de terrain
La délégation a visité l'usine de dessalement, la halle aux poissons et les installations portuaires.
- l'usine de dessalement traite 13.000 m 3 /jour et comporte deux tranches ; une troisième tranche sera inaugurée en 2010. Le procédé employé est l'osmose inverse. Le but est d'atteindre un traitement de 26.000 m 3 /jour.
L'usine de dessalement
- la halle aux poissons . Elle a été inaugurée en 2008 et est la plus grande installation d'Afrique. Les installations sont aux normes européennes ; elle est qualifiée ISO 9001 version 2000.
La Halle aux poissons
Elle occupe 5000 m 2 et a un système d'identification électronique des poissons.
- le port de Laâyoune est le 8 ème port du Maroc. Il traite essentiellement des farines de poisson et des hydrocarbures. Pour les phosphates, le trafic est absorbé par une autre installation offshore.
Le port
- Les entretiens avec M. Mohamed GUELMOUS, Wali et les élus locaux
M. Mohamed GUELMOUS , Wali , a présenté le dossier du Sahara marocain dont il a souligné que, pour les marocains et leurs dirigeants, il s'agissait d'une question nationale.
L'exposé de M. le Wali a abordé les points suivants :
- le Maroc a tout fait pour régler pacifiquement cette question. Par exemple, en 1956, le Maroc n'a pas tracé sa frontière avec l'Algérie parce que ce pays n'était pas encore indépendant ;
- à partir de l'indépendance algérienne, les militaires algériens ont agressé le Maroc malgré la volonté d'apaisement d'Hassan II ; les dirigeants algériens ont constamment mené une politique agressive vis-à-vis du Maroc (1965 : appui aux opposants du régime marocain - 1971-1972 : approbation et appui des attentats contre le Roi - 1973 : financement des mouvements armés dans des régions marocaines)
- avec la guerre froide, l'Algérie et le Maroc ont choisi deux voies opposées. « Un mur de Berlin » s'est construit entre ces deux pays et il existe toujours. L'Algérie a coupé tous les ponts économiques avec le Maroc dont 45.000 travailleurs ont été expulsés en 1965. Ce pays a tout misé sur sa rente pétrolière.
- l'histoire du Polisario, c'est la saga d'une erreur de casting. Le Polisario, à l'origine, ne souhaitait pas l'indépendance mais surtout l'aide du Maroc pour libérer ce territoire de la tutelle espagnole.
De 1956 à 1958, les mouvements de libération marocains ont harcelé les espagnols mais ont échoué dans leurs opérations militaires. Le Maroc a alors choisi la voie diplomatique.
Le Polisario est donc le résultat de la guerre froide, des affrontements armés entre l'Algérie et le Maroc voulus par l'Algérie.
En conclusion, M. le Wali a indiqué que, sur cette question, le Maroc n'a pas eu de chance eu égard aux circonstances : situation intérieure, politique des dirigeants algériens.
Il a précisé qu'en 2010, ce sont des saharaouis qui habitent les provinces du Sud. Ce peuple travaille, vote et s'exprime. Les droits de l'Homme sont un problème dans les camps en Algérie mais pas au Sahara marocain. Il a cité en exemple le cas de M. Mustapha OUL SIDI MOULOUD, inspecteur général de la police du Polisario, interdit d'accès à Tindouf et à sa famille depuis ses déclarations favorables à la solution d'autonomie.
Enfin, le Wali a dénoncé les détournements de l'aide alimentaire qui ont lieu dans les camps dont d'ailleurs personne n'arrive pas à savoir combien ils accueillent de sahraouis (90.000 selon le HCR, 160.000 selon le Polisario).
M. Christian CAMBON , président , a remercié M. le Wali de cette analyse et a constaté que cette question pèse lourdement sur l'économie marocaine.
Il a également rendu hommage à tous les élus et chefs de tribus présents à cette réunion et portent témoignage des souffrances de ces populations.
Mme Bariza KHIARI s'exprimant en arabe devant les chefs de tribus a précisé que l'objectif de la visite était de s'informer, de dialoguer avec la population et les responsables locaux afin de recueillir témoignages et souhaits d'avenir.
A la suite de ces interventions, des élus et chefs de tribus sont intervenus pour :
- souligner l'impossibilité d'organiser un référendum parce que le processus d'identification s'est heurté à la dispersion de la population saharaouie dans tous les pays du Sahel ;
- indiquer que tous les cadres du Polisario vivaient hors du Sahara et n'avaient pas conscience de la réalité ;
- remercier la délégation du Sénat de venir sur place pour se faire une idée juste de la situation.
La réunion avec le Wali
M M. GUELMOUS, Wali. et CAMBON
La délégation du Sénat a ensuite rencontré les élus de la province et de la municipalité de Laâyoune, notamment M. Mouloud ALIQUAT, président du conseil provincial, et M. Hamdi OULD ERRACHID, président du conseil municipal.
Aux questions posées par les membres de la délégation, les élus ont indiqué que :
- les collectivités marocaines ont une clause de compétence générale ;
- les recettes sont à 95 % issues des dotations de l'État et pour le reliquat des recettes fiscales perçues localement ;
- les collectivités marocaines sont attentives à développer les jumelages avec des villes européennes.