3. Des réalisations remarquables
La coopération décentralisée avec la ville de Chinon et le soutien très important de l'Agence française de développement, ont permis de protéger la ville de Luang Prabang dans le cadre d'un périmètre de protection défini en 1994 et particulièrement large.
Périmètre de protection de la ville de Luang Prabang (1994)
Au-delà de la protection du site, l'enjeu a consisté également en sa rénovation. On peut citer la restauration d'édifices historiques monastiques comme le Vat Pafang, et le déplacement d'un kouti ancien à triple pignon et son remontage. L'ancienne maison des douanes et régies, représentative de l'époque coloniale, a été entièrement restaurée pour accueillir la maison du patrimoine. Les venelles dans la ville ancienne ont été restaurées avec des pavements en briques et des bornes lumineuses. Un mobilier urbain a été créé, notamment pour les marchés. Enfin, des travaux d'assainissement ont été réalisés ainsi qu'un écomusée.
La protection du patrimoine joue un rôle très positif sur les métiers puisqu'elle impose la formation d'ouvriers qualifiés et d'artisans pour respecter les constructions traditionnelles (utilisation du bois, briques, tuiles). Ainsi, alors qu'il n'y avait qu'une poignée d'entreprises produisant des tuiles traditionnelles, il en existe aujourd'hui 45. Il ne faut donc pas opposer protection du site et développement. Bien au contraire, depuis le classement de la ville au patrimoine mondial de l'UNESCO, la préservation du site et l'investissement ont permis d'attirer les visiteurs et de développer considérablement l'économie de la ville et de la région.
Pour aider à la restauration et à l'amélioration de l'habitat, il faut noter qu'il a été décidé de mettre en place dans le périmètre du secteur ancien de la ville une « banque » de matériaux traditionnels de construction (tuiles, briques et tommettes en terre cuite, bois, mortier..) sur la base d'un montant plafonné par édifice. Ce fonds d'aide à la population permet aux habitants de restaurer leurs maison en les incitant à la protection du site. Ce fond a permis de renforcer les échanges avec la population.
4. La protection des zones humides
La protection des zones humides 4 ( * ) constitue également une réalisation importante soutenue par l'AFD. En effet, la qualité urbaine de la ville de Luang Prabang réside dans la fusion des éléments architecturaux traditionnels et coloniaux mentionnés avec la végétation, l'eau et le paysage environnant de montagnes boisées. Cette ambiance urbaine particulière est pour l'essentiel liée à la présence en centre ville d'un réseau dense de cours d'eau et de mares creusées par la population au cours du XIXème siècle et qui constituent les zones humides de la ville.
Outre la valeur sociale et économique de ces milieux naturellement très riches, les zones humides jouent un rôle de rétention des eaux en période de crue et d'épuration des eaux usées urbaines non traitées. Elles sont toutefois menacées par la pression foncière et un niveau de pollution en constante augmentation au cours des cinq dernières années.
La ville de Luang Prabang comptait en 2002 plus de 180 mares. Pour les protéger existe un programme d'action soutenu par la Commission européenne pour une durée de 3 ans, avec 4 volets principaux :
- protection par l'intégration de ces zones dans un document d'urbanisme (en l'occurrence, le PSMV) ;
- amélioration de la qualité de l'eau par la mise en place de dispositifs d'assainissement individuels ou semi-collectifs, capables, au sein même des zones humides, de fournir de bons rendements d'épuration (80% de la charge organique) ;
- valorisation économique en favorisant différentes activités traditionnelles (maraîchage, pisciculture) mais aussi en intégrant ces milieux dans le plan de développement touristique de la ville (écomusée, sentier de découverte) ;
- formation des techniciens (laborantins, informaticiens...) laotiens et sensibilisation de la population.
Loin de constituer un handicap, les milieux aquatiques participent aujourd'hui pleinement à l'essor de la ville de Luang Prabang. Encore faut-il communiquer ce message avec les populations locales. Ainsi, les équipes en charge de la protection des zones humides communiquent avec les chefs de villages et les habitants en privilégiant des supports pédagogiques. L'absence d'informations et les contraintes économiques poussent encore de nombreux habitants à combler les mares.
* 4 Les informations contenues dans ce chapitre proviennent pour l'essentiel du document publié par la Maison du Patrimoine de Luang Prabang et intitulé « Les zones humides de Luang Prabang » - 2002.