3. Une capacité réduite à capter les fonds
A ce stade, les conseils de développement régional sont des structures mixtes comprenant des élus départementaux et des représentants de l'Etat central. Chaque région possède une agence du développement régional qui relève du conseil de développement régional. Ces agences ont le statut juridique de société à responsabilité limitée. Leur structure de gestion et de contrôle des projets et procédures n'est pas encore opérationnelle : elles ont une capacité réduite à capter les fonds pour les affecter à une masse importante de projets.
A l'heure actuelle, s'agissant des fonds structurels, sur 820 millions d'euros de projets approuvés par la Commission à fin 2004, le montant des contrats signés et des versements effectués s'élève à 20 millions d'euros seulement , sachant cependant que les paiements peuvent être effectués jusqu'à deux ans après la période de transition 2004-2006.
Cette difficulté à capter les fonds communautaires est constatée d'ailleurs chez la plupart des nouveaux Etats membres. Dans son troisième rapport d'étape sur la cohésion, publié en 2004, la Commission européenne a estimé que, en l'état actuel des capacités administratives, les nouveaux Etats membres auraient des difficultés à dépenser plus de 30 % des montants alloués sur la période 2004-2006 et de ceux qui sont envisagés pour la période suivante.
4. Le débat dans le pays
* Comment utiliser les potentialités de l'Union européenne ?
Telle est la question fondamentale pour l'avenir du pays, comme l'a souligné M. ROCKENBAUER, afin de parvenir à une meilleure utilisation des fonds communautaires.
A cet égard, des arbitrages difficiles entre projets régionaux et projets d'intérêt général suscitent des débats animés.
* La Hongrie reçoit-elle plus de l'Union européenne qu'elle ne donne ?
Au terme de la première année de l'intégration, l'excédent en faveur de la Hongrie se monte à 306 millions d'euros , correspondant à la différence entre les versements qu'elle a reçus de l'Union européenne, de 730 millions d'euros, et la contribution du pays au budget de l'Union européenne, de 424 millions d'euros.
En pourcentage du PIB, les fonds que reçoivent les nouveaux Etats membres - 1,6 % au titre de la période 2004-2006 - sont inférieurs à ceux qu'avaient reçus les anciens « pays de la cohésion » - Espagne, Portugal, Grèce, Irlande - pour la période 1994-1999, soit 2 %. Or, le niveau relatif de PIB par habitant des dix nouveaux Etats membres lors de leur adhésion à l'Union européenne se situe à 50 % de la moyenne des Quinze, alors que pour les anciens entrants, il s'élevait à 70 % de la moyenne des Etats membres. Si l'on prenait en compte ce différentiel de PIB avec les anciens entrants, l'effort financier consenti par l'Union européenne en faveur des dix nouveaux Etats membres devrait être supérieur de 40 %.
Par ailleurs, nos interlocuteurs hongrois ont regretté que les propositions de la Commission européenne pour la période 2007-2013, qui réservent plus de la moitié des aides de cohésion aux anciens Etats membres, prévoient un montant des aides par habitant moins élevé pour la Hongrie que pour les Quinze, alors même que tout le territoire de la Hongrie est éligible à l'objectif 1. Ils ont émis le souhait que le taux de 4 % au titre de la politique de cohésion s'applique à l'ensemble des pays de l'Union européenne.
* Des procédures lourdes
Les retards de versement des fonds communautaires dus à la complexité croissante des procédures administratives, tant bruxelloises que hongroises, ralentissent considérablement le processus de soutien.
* Le mécontentement des agriculteurs
Dans le domaine agricole, des retards de près d'un an dans le paiement des aides directes, les difficultés de gestion de l'intervention céréalière, les retards dans l'instruction des projets de développement rural, qui ont mis au bord du gouffre nombre de petites exploitations, ont donné lieu à de nombreuses manifestations au cours du premier trimestre 2005. Les organisations professionnelles ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation du secteur agricole, la chute du prix du lait et la diminution de 6 millions de têtes du cheptel, à la suite de l'adhésion à l'Union européenne et de l'abandon de certains mécanismes de soutien. Ce mécontentement a conduit au remplacement du ministre de l'agriculture et du développement rural, M. Imre NEMETH, par M. Jozsef GRAF, et à la signature d'un accord avec les agriculteurs.