Groupes interparlementaires d'amitié

France-Pays de la Corne de l'Afrique (1 ( * ))

LE FÉDÉRALISME ETHNO-LINGUISTIQUE EN ÉTHIOPIE

Compte rendu du déplacement effectué par une délégation du groupe

à Djibouti et en Éthiopie

du 10 au 16 octobre 2015

La délégation était composée de :

• M. Louis DUVERNOIS (LR), Sénateur des Français établis hors de France, Président du groupe interparlementaire d'amitié France-Pays de la Corne de l'Afrique ;

• M. Jean-Marie BOCKEL (UDI-UC), Sénateur du Haut-Rhin, Président délégué du groupe interparlementaire d'amitié pour Djibouti ;

• M. Pierre-Yves COLLOMBAT (RDSE), Sénateur du Var, Président délégué du groupe interparlementaire d'amitié pour l'Éthiopie.

INTRODUCTION

Une délégation du groupe interparlementaire d'amitié France-Pays de la Corne de l'Afrique s'est rendue à Djibouti et en Éthiopie du 10 au 16 octobre 2015 2 ( * ) .

Ces deux pays sont d'une grande importance géostratégique dans la mesure où ils constituent des pôles de stabilité dans une région où l'instabilité sous toutes ses formes menace la paix et l'équilibre régional mais aussi mondial. L'évolution de la République de Djibouti comme celle de l'Éthiopie ont pour point commun, la nécessaire recherche d'une dynamique, entre stabilité, développement et progrès dans la voie d'une démocratie adaptée au contexte spécifique de chaque pays.

Les entretiens qui se sont déroulés à Djibouti, au plus haut niveau, ont permis d'aborder la question de la relation bilatérale particulière qui lie la France et Djibouti. Ils s'inscrivaient dans un contexte de forte poussée de la menace terroriste, notamment au Yémen. Comme l'ont tragiquement rappelé les attentats qui ont endeuillé notre pays en 2015, « il n'y a plus de frontières aux menaces ». L'engagement de la France à Djibouti est une pièce essentielle de notre dispositif de sécurité et de lutte contre le terrorisme.

Cette visite s'inscrivait également dans le contexte pré-électoral du prochain scrutin présidentiel qui doit se tenir en avril 2016. Les réunions avec le Parlement djiboutien ont été particulièrement riches et devraient se traduire par l'approfondissement des relations entre nos deux assemblées. En particulier, le nouveau Président de l'Assemblée nationale, M. Mohamed Ali Houmed, a été invité en France par son homologue, le Président du Sénat, M. Gérard Larcher.

La Marianne éthiopienne de l'Ambassade de France à Addis-Abeba (Patrick Singh)

En Éthiopie, la délégation sénatoriale avait choisi de s'intéresser plus particulièrement au fonctionnement du fédéralisme « ethnolinguistique ».

Avec une population estimée à 93 millions d'habitants, l'Éthiopie, deuxième plus grand pays d'Afrique, couvre une superficie totale de 1,1 million de kilomètres carrés. Pays plurilingue et pluriethnique, l'Éthiopie abrite une variété complexe de nations, de nationalités et de peuples, caractérisée par une diversité de groupes linguistiques, de coutumes et de cultures.

La solution fédérale retenue trouve son inspiration, non pas dans l'exemple des fédérations ou confédérations occidentales de type suisse ou états-unien, mais dans le corpus idéologique de la Russie communiste des premières années de la révolution de 1917 et des débats sur la représentation des nationalités. Elle crée aussi un modèle nouveau qui se développe sur la constatation de l'échec des modèles étatiques centralisateurs mis en place par la colonisation sur les ruines des États pré-coloniaux considérés comme étant naturellement multinationaux. Elle entend ainsi poursuivre deux objectifs : être à la fois le cadre d'expression des citoyens et celui de la diversité sociologique et ethnique des « nations ».

La mission du groupe tendait à comprendre comment, dans les faits, s'appliquait cette construction théorique, tiraillée entre une centralisation et une concentration des pouvoirs et la mise en oeuvre des droits des États fédérés qui prévoient leur autonomie et permettent leur sécession.

Les gouvernements successifs de l'Éthiopie depuis le début du XX e siècle s'efforcent de trouver la formule institutionnelle permettant à la fois la construction, la reconnaissance et la pérennité d'un État et d'une identité nationale, ainsi que la cohabitation aussi harmonieuse que possible de cette mosaïque de peuples.

Les évènements tragiques qui se déroulent en Oromia 3 ( * ) depuis le mois de novembre 2015, du fait de la contestation récurrente par la population oromo du plan d'expansion de la ville d'Addis-Abeba, viennent dramatiquement rappeler la persistance des tensions économiques et culturelles qui couvent au sein de la fédération éthiopienne.

Entre volonté centrifuge et forces centripètes, le fédéralisme ethnolinguistique apporte-t-il une réponse satisfaisante et pérenne ?


* ( 1 ) Membres du groupe interparlementaire d'amitié France-Pays de la Corne de l'Afrique : M. Louis DUVERNOIS, Président ; Mme Leila AÏCHI, M. Jean-Marie BOCKEL, M. Olivier CADIC, M. Jean-Pierre CANTEGRIT, M. Pierre-Yves COLLOMBAT, Mme Jacky DEROMEDI, M. Éric DOLIGÉ, Mme Josette DURRIEU, M. Christophe-André FRASSA, M. Loïc HERVÉ, M. Alain HOUPERT, M. Robert HUE, Mme Sophie JOISSAINS, Mme Christiane KAMMERMANN, M. Jacques LEGENDRE, Mme Claudine LEPAGE, M. Jeanny LORGEOUX, M. Simon SUTOUR et M. Richard YUNG.

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N° GA 132 - Mars 2016

* 2 Le compte rendu des entretiens de la délégation se trouve en deuxième partie du présent rapport.

* 3 L'Oromia est une des régions fédérées de l'Éthiopie. Sa population représente plus de 27 millions d'habitants, soit près d'un tiers de la population.

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