b) Les collectivités locales
La grande centralisation qui régnait jusqu'en 1989 a été brutalement brisée. Le territoire est constitué de 2.800 communes relativement autonomes, pour lesquelles apparaît, aux yeux des autorités centrales du pays, la nécessité d'établir un contrôle étatique minimum, notamment en matière financière.
La fiscalité communale est assise pour l'essentiel sur des taxes additionnelles aux impôts d'État. La fiscalité propre (taxe locale immobilière) demeure encore faible. Cette fiscalité semble devoir être modernisée bien qu'aucun projet précis ne soit pour l'instant tracé. Il n'y a pas, comme en France, plusieurs étages de collectivités. La possibilité de création de régions est cependant parfois envisagée.
c) Les minorités
La question des minorités (Hongrois : 11 %, Tsiganes : 8,50 %), issue largement des séquelles de l'histoire (cf la domination hongroise) est encore vécue de manière difficile.
Les conflits fréquents se cristallisent sur des problèmes d'identité, de culture et de langue d'enseignement.
Toutefois, la politique d'assimilation pure et simple semble maintenant avoir vécu.
L'adhésion de la Slovaquie au Conseil de l'Europe a incité au rapprochement de la législation relative aux minorités des règles types édictées à Strasbourg.
Surtout, une volonté manifeste d'apaisement des autorités slovaque et hongroise a abouti à la signature d'un traité de bon voisinage entre les deux pays, le 19 mars 1995, qui ne peut qu'encourager un meilleur règlement du sujet. Ce traité, conclu à Paris dans le cadre de la Conférence sur la stabilité en Europe destinée à encourager certains pays de l'ancien bloc communiste à surmonter leurs contentieux sur les droits des minorités et le tracé des frontières en vue de leur intégration au sein de l'Union européenne de l'OTAN, demeure en instance de ratification par le Conseil national slovaque.
d) La situation économique et sociale
La situation économique de la Slovaquie n'a rien à voir avec l'image de ce pays en France. Le retournement de tendance de 1994 trouve confirmation en 1995 et les prévisions pour 1996 apparaissent optimistes.
De ce point de vue, la partition de 1993 n'a pas eu de conséquences périlleuses pour la Slovaquie.
La croissance, après avoir chuté de 6,2 % en 1992 et de 4,1 % en 1993, a progressé de 4,8 % en 1994. Le taux de croissance a été porté à 6,1 % au premier semestre 1995.
La production industrielle a progressé de 6,4 % en 1994 alors qu'elle avait baissé de 13,5 % l'année précédente.
Le taux de chômage, en revanche, est passé de 12,7 % en 1993 et 14,6 % en 1994 (13,7 % au premier semestre de 1995).
Après avoir baissé de 30 % en trois ans, la consommation des ménages a augmenté de 8,5 % en un an.
L'inflation poursuit son ralentissement, passant de 23,2 % en 1993 à 13,4 % en 1994.
Les investissements étrangers en Slovaquie, 558 millions de dollars seulement, ont néanmoins progressé de 14,2 % au premier semestre 1995.
L'endettement global de la Slovaquie se maintient à 4 millions de dollars.
Les réserves en devises de la Banque nationale ont considérablement baissé dans la première année de l'indépendance et représentent aujourd'hui 2,4 milliards de dollars (trois mois d'importations).
Le système bancaire apparaît encore insuffisamment développé et les banques locales n'ont pas une expérience suffisante pour le financement des entreprises.
Enfin, le déficit budgétaire est limité à 5 milliards de francs.
Les principaux résultats économiques de la Slovaquie sont récapitulés en annexe. Les chiffres encourageants que l'on peut y lire ne sauraient toutefois masquer l'insuffisance des investissements.
L'économie slovaque, agricole par tradition, permet à la Slovaquie de bénéficier d'une autosuffisance alimentaire, sans pour autant souffrir d'excédents.
L'industrie lourde est apparue en Slovaquie au lendemain de la première guerre mondiale. Il s'agissait principalement des industries d'armement que la nouvelle Tchécoslovaquie entendait retirer de Bohême pour l'éloigner de l'Allemagne voisine.
Au sein du bloc soviétique, la Slovaquie se voyait confier la charge de développer presqu'exclusivement cette industrie d'armement, ce qui n'a pas manqué de poser un difficile problème de reconversion lors de la chute du régime communiste.
Les principaux secteurs industriels en expansion sont la métallurgie et la machine-outil. Par ailleurs, le transport d'énergie (gaz en provenance de Russie) constitue encore une richesse essentielle de la Slovaquie.
Les investissements en capital proviennent essentiellement d'Allemagne, d'Autriche, de la République tchèque et des États-Unis. La France, nettement en retrait (cinquième rang mondial), aurait la possibilité, comme les entretiens de la délégation sénatoriale l'ont démontré, d'améliorer sensiblement son implantation.
La République tchèque (42 %) et l'Allemagne (15 %) constituent les principales destinations des exportations slovaques.
La Slovaquie importe principalement aux Tchèques (36 %), aux Russes (19 %) et aux Allemands (11 %).
La balance des échanges avec la France apparaît quasiment équilibrée, mais à un niveau très modeste (la France représente 1,70 % des exportations slovaques et 2,25 % des importations).