2. La proposition israélienne se heurte à la nécessité d'une négociation de paix globale
Trois jours avant l'arrivée de la délégation à Beyrouth, le Gouvernement israélien a annoncé officiellement qu'Israël reconnaissait la résolution 425 du Conseil de sécurité de l'ONU. Cette reconnaissance est toutefois assortie de conditions.
Les Israéliens souhaitent négocier avec le Gouvernement libanais des arrangements de sécurité garantissant la sécurité de leur frontière Nord et réclament des garanties pour les membres de l'Armée du Liban-Sud.
Les autorités libanaises ont jugé cette reconnaissance conditionnelle de la résolution 425 comme un pas positif, tout en remarquant que les conditions posées à sa mise en application vidaient cependant cette résolution de son contenu.
L'ensemble des personnalités rencontrées par la délégation ont défendu ce point de vue.
Il est vrai que cela fait vingt ans qu'Israël refuse la reconnaissance de cette résolution adoptée en 1978. Á l'heure actuelle, l'opinion publique israélienne est lasse de compter les pertes en vies humaines et exerce par conséquent une certaine pression sur son Gouvernement pour se dégager de l'ornière libanaise.
L'initiative d'Israël méritait donc d'être saluée. Mais la résolution 425 demande un retrait unilatéral et sans conditions de ses troupes du Sud-Liban.
Aucune condition préalable ne peut donc être posée à son application. Telle est également la position défendue par la France, rappelée par la délégation en avril dernier et par le Président de la République, M. Jacques Chirac, à l'occasion de sa visite à Beyrouth à la fin du mois de mai 1998.
La sécurité dans la région ne pourra résulter que d' une négociation globale. En effet, un accord de paix entre Israël et le Liban ne peut intervenir que dans le cadre d'un règlement global qui inclurait le volet syrien, sur la base des résolutions des Nations-Unies et des principes agréés à Madrid, acceptés par toutes les parties. C'est d'ailleurs ce qu'a affirmé le Président de la République 1 ( * ) :
« Toute paix à laquelle les Libanais n'auraient pas pleinement adhéré serait naturellement une mauvaise paix, une paix fragile. S'agissant du Liban et de la Syrie, ma conviction est que la paix ne peut être fondée que sur un accord global. Israël doit se retirer du Liban conformément à la résolution 425 et sans aucune condition. Quant à la Syrie, elle est en droit de se voir restituer le plateau du Golan. En retour, Israël, comme tous les États de la région a droit à sa sécurité pleine et entière. Israël doit savoir qu'il n'y aura pas pour son peuple de sécurité s'il n'y a pas la paix. »
La paix et la sécurité sont à ce prix, surtout si l'on tient compte de la déclaration 2 ( * ) de M. Sharon qui affirme que Beyrouth « serait tenu pour responsable de toute attaque qui pourrait être lancée contre Israël » après un retrait... C'est aussi dans ce cadre que le Liban pourrait enfin être en situation d'exercer sa souveraineté sur l'ensemble de son territoire.
* 1 Cité dans un article de Gilles Bressan dans « Libération » du 1er juin 1998.
* 2 Cité dans une dépêche AFP du 20 mars 1998.