B. UN RÔLE ÉCONOMIQUE CONFORTÉ
1. La préservation d'une économie de marché ouverte sur le monde
L'autonomie dont bénéficie la Région
administrative spéciale de Hong-Kong inclut de très nombreux
aspects de politique extérieure, et notamment ceux ayant trait au
commerce international.
C'est ainsi que Hong-Kong est demeuré, après le 1
er
juillet 1997, un territoire douanier indépendant de la Chine
continentale, préservant, dans ce domaine comme d'ailleurs pour la
totalité des autres questions liées à l'économie,
au commerce et à la finance (maintien du dollar de Hong-Kong,
non-fongibilité des réserves du territoire avec celles de la
Chine populaire, etc.), sa propre réglementation. En particulier, les
conditions de franchissement de la frontière sont restées
identiques, pour les biens comme pour les personnes.
2. Le rebond économique de 1999 : la sortie de crise
Economie
totalement ouverte sur le monde, Hong-Kong a bénéficié de
la conjoncture mondiale exceptionnelle du deuxième semestre 1999 pour
connaître un net rebond, avec une croissance de 4,5 % au
troisième trimestre 1999. Sur l'année, son PIB devrait
enregistrer une croissance de 1,8 % contre des prévisions encore
négatives à l'été 1999.
Ce rebond traduit une sortie de crise beaucoup plus rapide que prévu.
Les facteurs externes ont joué un rôle déterminant, alors
que les variables domestiques réagissent avec retard compte tenu d'un
ajustement encore difficile.
Sur le plan externe, deux éléments ont en effet joué :
- l'effet moteur en Asie de la demande américaine s'est traduit par
une vigoureuse reprise des échanges intra-asiatiques dont Hong-Kong est
une plaque tournante ;
- la bourse de Hong-Kong a enregistré un gain de 69 % en
1999 ; une grande partie de cette hausse peut être attribuée
au retour des capitaux en Asie et au mouvement mondial en faveur des nouvelles
technologies.
Sur le plan intérieur, en revanche, la prudence est restée de
mise. Plus fourmis que cigales, les agents économiques de Hong-Kong
profitent de ce rebond extérieur mais avec circonspection :
- la reprise de la consommation observée
régulièrement en cours d'année a été en
retard sur le rebond du PIB et la prudence des consommateurs ressort bien des
données en valeur qui montrent des prix très tirés vers le
bas. En valeur, les ventes de détail en novembre dernier étaient
encore en baisse sur un an de 2,7 %. La corrélation avec le
chômage est assez étroite. Ce dernier reste autour de 6,1 % fin
1999 alors qu'il n'était que de 2,4 % en 1997 ;
- l'investissement aura encore connu une chute supérieure à
10 % en 1999, après une première baisse de 14,3 % en
1998. La baisse très marquée des premier et deuxième
trimestres (- 30 %) s'est néanmoins ralentie dès le
troisième trimestre (- 5,3 %) pour finir l'année
probablement autour de + 6 % ;
Le choc externe de la crise asiatique et la correction des excès du boom
de 1997 ont été dans l'ensemble bien contrôlés par
la politique économique menée par le Gouvernement. Le
mécanisme du
peg,
parité fixe avec le dollar des
Etats-Unis, a bien fonctionné et a permis une forte déflation qui
devrait se maintenir tant que les taux d'intérêt réels
resteront proches de 8-10 % et que la compétitivité du
territoire n'aura pas été restaurée. Dans l'absolu,
Hong-Kong reste la troisième ville la plus chère du monde
après Tokyo et Osaka selon le dernier relevé du coût de la
vie dans le monde établi par
The Economist Intelligence Unit.
Une comparaison des principales prévisions pour Hong-Kong en 2000 donne
l'image d'un
scénario de rebond assez marqué
(+ 4,2 %) qui s'inscrit en outre dans une tendance de croissance
potentielle estimée autour de 4,4 % à partir des
données fondamentales que sont la structure de la population et les taux
d'épargne et d'investissement.
3. La nécessité d'adaptations structurelles
Comme
pour la plupart des pays asiatiques, la crise aura été autant
l'expression d'un excès de croissance que
d'une
nécessité de changements structurels.
Il s'agit en fait que la troisième mutation de Hong-Kong depuis 1949
avec cette fois de nouveaux ajustements dans cinq domaines au moins :
formation, réduction du poids de l'immobilier,
dérégulation, environnement et culture urbaine digne d'une ville
de rang international et enfin réforme fiscale assez profonde.
Les mesures prises depuis 18 mois vont dans le bon sens : fusion et
modernisation des marchés financiers, maintien des prix immobiliers au
niveau de l'après crise (- 40 %), étude de la
création d'une taxe de 3 % sur la consommation,
dérégulation renforcée du marché des
télécommunications, privatisation des services publics tels que
le métro...
L'avenir de Hong-Kong dépendra de sa capacité à relever le
défi que constitue la concurrence d'un environnement régional
- Shanghai, Taiwan - en pleine expansion.
A cet égard, Hong-Kong devra mettre un accent particulier sur la
formation d'une main d'oeuvre locale hautement qualifiée, qui lui fait
encore cruellement défaut.