C. UNE LARGE AUTONOMIE SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

Le gouvernement de Hong-Kong a poursuivi en 1999 le travail d'affirmation de l'identité de Hong-Kong sur la scène internationale amorcé dès la rétrocession.

Le jeu combiné des dispositions agréées entre Pékin et Londres dès 1984 et la confiance gagnée par les autorités du territoire auprès des autorités centrales a permis à Hong-Kong de bénéficier pleinement de l'autonomie prévue par la loi fondamentale dans le domaine des relations extérieures.

A l'issue de plus de deux années d'application effective du principe « un pays, deux systèmes », Hong-Kong apparaît bien comme un sujet de droit international, certes non souverain, mais doté d'une réelle autonomie dans une gamme très vaste de sujets touchant à la vie internationale.

1. Des compétences importantes en matière de « relations extérieures »

La loi fondamentale accorde à Hong-Kong un champ particulièrement vaste pour l'exercice des compétences relevant des « relations extérieures », par opposition aux « affaires étrangères » (défense et diplomatie), du ressort des autorités centrales.

La notion d'autonomie du territoire est appliquée de manière particulièrement extensive, puisque, outre le droit pour le territoire de maintenir et d'ouvrir à l'étranger des bureaux de représentation économique et commerciale, Hong-Kong est autorisée à demeurer membre à part entière des organisations et forums internationaux auxquels elle appartenait avant la rétrocession (OMC, APEC, Organisation mondiale des douanes, Banque asiatique de développement, Bureau international des textiles et de l'habillement, Réseau des centres d'aquacultures de l'Asie et du Pacifique, Organisation météorologique mondiale). De même, le territoire est-il resté, entre autres institutions, membre associé de la commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique, de l'organisation maritime internationale et du comité intergouvernemental des typhons.

Ce qui est vrai dans le cadre des organisations et forums existants l'est également au stade de la négociation des textes appelés à devenir des instruments de droit international. Là encore, qu'il s'agisse de négociations diplomatiques réservées aux entités ayant la qualité d'Etat - auquel cas les délégués de Hong-Kong participent aux négociations au sein de la délégation de Pékin - ou de négociations ouvertes à des territoires n'ayant pas nécessairement cette qualité - hypothèse dans laquelle, conformément à l'article 151 de la loi fondamentale, Hong-Kong est habilité à négocier en propre, sous l'appellation « Hong-Kong, Chine » -, la notion d'autonomie a été poussée aussi loin qu'il était possible.

S'agissant des traités et conventions existants, Hong-Kong est demeuré partie, en tant que tel, à plus de 200 instruments de droit international, dont plus de 80 auxquels la Chine populaire n'est, quant à elle, pas partie.

2. Une autonomie mise en oeuvre à de nombreuses reprises...

Cette large autonomie a été mise en oeuvre en de nombreuses occasions depuis la rétrocession :

- sur le plan multilatéral, M. Tung Chee-hwa s'est rendu à trois reprises (automnes 1997, 1998 et 1999) au sommet de l'APEC, l'identité internationale de Hong-Kong étant renforcée en ces trois occasions par la présence, côte à côte, du président chinois et du chef de l'exécutif de Hong-Kong ;

- sur le plan bilatéral, M. Tung Chee-hwa s'est rendu dans de nombreux pays, dans lesquels il a été accueilli avec un statut de chef du gouvernement à part entière. Parmi les principales destinations du chef de l'exécutif, ont figuré les Etats-Unis (à plusieurs reprises), le Canada, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la France, le Japon, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, la Corée, Singapour, Bruxelles (Union européenne) et Israël.

Ces visites du chef de l'exécutif ont été complétées par de nombreux voyages de travail de Mme Anson Chan, Chief Secretary, n° 2 de l'exécutif, et de Sir Donald Tsang, secrétaire aux finances.

Réciproquement, Hong-Kong a reçu depuis la rétrocession de nombreuses visites, de chefs d'Etat (Etats-Unis), de chefs de gouvernement (France et Grande-Bretagne en particulier) et de ministres des affaires étrangères (France - janvier 1998, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie, Irlande notamment).

Tant pour les visites de membres de l'exécutif de Hong-Kong à l'étranger que de personnalités étrangères à Hong-Kong, les autorités de Pékin n'ont été nullement impliquées dans leur préparation ou leur déroulement.

3. ...malgré l'impact de certaines décisions prises par Pékin

Hong-Kong a néanmoins été affecté par des décisions prises par Pékin dans des domaines échappant à son champ de compétence. Il en a notamment été ainsi :

- lors de la mise en place par les autorités centrales, suite au bombardement de l'Ambassade de Chine à Belgrade, d'une politique d'autorisation sélective pour les escales de navires et d'aéronefs américains ;

- à l'occasion de l'annonce de l'opposition de Pékin au projet de visite du Pape dans le territoire.

De même, la décision de ne pas renouveler le visa de séjour du représentant officieux de Taïwan à Hong-Kong, liée à l'appui qu'il avait publiquement apporté aux propos du président Lee Teng-hui sur les relations d'Etat à Etat, quoique officiellement prise à Hong-Kong, n'a pu l'être sans discussions avec Pékin.

Si la rétrocession a même entraîné le renforcement d'une identité internationale que la plupart des observateurs estiment plus affirmée que du temps de l'administration britannique, il n'en reste pas moins, comme l'ont montré les immixtions de Pékin dans divers dossiers relevant de la politique étrangère traditionnelle, que cette identité reste essentiellement circonscrite au champ commercial, économique et financier. Aussi largement soit-il défini, ce vaste domaine n'emporte en effet aucune attribution de caractère politique.

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