CHAPITRE IV
QUEL AVENIR POUR LE SOUDAN ?
Il est
très difficile de pronostiquer l'avenir du Soudan. Les combats ont
repris avec une rare intensité depuis la mi-septembre 1998 dans la
région de l'Equatoria oriental (Sud) même si un cessez-le-feu est
observé depuis le 15 juillet 1998 dans la région du Bahr
el-Ghazal.
En outre, la question pétrolière constitue désormais un
facteur de complication supplémentaire dans la recherche de la paix, les
réserves se situant principalement dans le Sud du pays.
Les membres du gouvernement et les parlementaires mettent l'accent sur les
concessions faites aux revendications des rebelles dans le cadre des
négociations de paix et sur les avancées de la démocratie
au Soudan.
Les membres de l'opposition, bien que réunis au sein d'une Alliance
démocratique nationale, apparaissent désunis et ne proposent pas
d'alternative crédible au régime actuel. Ils comptent
probablement sur les victoires militaires de l'APLS au Sud et à l'Est
pour être en position de force dans les négociations de paix qui
se poursuivent sous l'égide de l'IGAD.
Il ne faut vraisemblablement pas escompter enfin un soulèvement
populaire dans la capitale, malgré l'impopularité du
régime et le dénuement de la population, non seulement à
cause du contrôle exercé d'une main de fer par un régime
qui n'a pas encore renoncé à se maintenir, mais également
à cause des désillusions déjà
expérimentées par la population avec le retour des partis
traditionnels au pouvoir. Les Soudanais s'efforcent désormais de
survivre.
Le déblocage de la situation passe, notamment, par
l'établissement d'un régime laïc et authentiquement
fédéral entre le Sud et le Nord. Cela suppose que la fraction
moderniste des dirigeants en place prenne le dessus, ce qui semble peu
probable, surtout depuis l'intervention américaine.
A défaut, l'hypothèse d'une partition du pays, bien que peu
satisfaisante, semble être le seul terrain d'entente possible entre un
gouvernement soucieux de préserver les acquis de la révolution
islamique, et une rébellion combattant pour un Soudan laïque. Rien
ne dit pourtant que l'indépendance du Sud mettra fin à la guerre
tant les divisions sont nombreuses au sein même des Sudistes.