MM. Philippe Adnot et Jean-François Rapin, rapporteurs spéciaux
II. LES CRÉDITS DES PROGRAMMES « RECHERCHE » QUI RELÈVENT DES AUTRES MINISTÈRES NE VERRONT LEURS CRÉDITS QUE TRÈS LÉGÈREMENT AUGMENTER EN 2018
Le budget alloué aux programmes « recherche » qui relèvent des autres ministères s'élèvera en 2018 à 3 140,1 millions d'euros en AE et 3 153,7 millions d'euros en CP, soit une très légère hausse de 29 millions d'euros en AE (+0,9 %) et 11 millions d'euros en CP (+0,3 %).
1. Le programme 190 « Recherche dans les domaines de l'énergie, du développement et de la mobilité durables » sera marqué, en 2018, par la rebudgétisation des subventions de la recherche aéronautique
Le programme 190 contribue à la recherche sur la transition écologique et énergétique en finançant des actions dans le domaine de l'énergie , mais aussi de la lutte contre le changement climatique , de la sûreté nucléaire et des transports .
Le programme soutient également des recherches à long terme dans le domaine de l'aéronautique civile .
Trois opérateurs sont rattachés au programme 190 à titre principal : l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (Ifpen), l'Institut de recherche et de sûreté nucléaires (IRSN) et l'Institut français des sciences des technologies, des transports et de l'aménagement des réseaux (Ifsttar).
Le programme contribue également au financement d'autres opérateurs, en particulier le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) .
Pour 2018, les 1 763,9 millions d'euros d'AE et 1 763,6 millions d'euros de CP se répartissent de la façon suivante par action.
Évolution des crédits du programme 190 entre 2017 et 2018
(en euros)
Exécution 2016 |
LFI 2017 |
PLF 2018 |
Évolution 2018/2017 (en %) |
Évolution 2018/2017 (en valeur) |
||
10 - Recherche dans le domaine de l'énergie |
AE |
587 887 272 |
619 311 764 |
608 418 048 |
-1,8 % |
-10 893 716 |
CP |
587 887 272 |
619 311 764 |
608 418 048 |
-1,8 % |
-10 893 716 |
|
11 - Recherche dans le domaine des risques |
AE |
169 998 855 |
177 338 109 |
177 338 109 |
- |
- |
CP |
169 998 855 |
177 338 109 |
177 338 109 |
- |
- |
|
12 - Recherche dans le domaine des transports, de la construction et de l'aménagement |
AE |
96 693 671 |
100 490 644 |
101 613 032 |
1,1 % |
1 122 388 |
CP |
96 693 671 |
100 490 644 |
101 613 032 |
1,1 % |
1 122 388 |
|
13 - Recherche partenariale dans le développement et l'aménagement durable |
AE |
1 125 634 |
1 551 198 |
1 551 198 |
- |
0 |
CP |
7 989 810 |
7 551 198 |
6 551 198 |
-13,2 % |
-1 000 000 |
|
14 - Recherche et développement dans le domaine de l'aéronautique civile |
AE |
93 732 913 |
68 289 152 |
135 000 000 |
97,7 % |
66 710 848 |
CP |
62 748 798 |
68 289 152 |
102 702 068 |
50,4 % |
34 412 916 |
|
15 - Charges nucléaires de long terme des installations du CEA |
AE |
740 000 000 |
740 000 000 |
740 000 000 |
- |
- |
CP |
740 000 000 |
740 000 000 |
740 000 000 |
- |
- |
|
TOTAL |
AE |
1 689 438 345 |
1 706 980 867 |
1 763 920 387 |
3,3 % |
56 939 520 |
CP |
1 665 318 406 |
1 712 980 867 |
1 736 622 455 |
1,4 % |
23 641 588 |
Source : projet annuel de performances pour 2018
Ce programme connaît un fort contraste de l'évolution des crédits par action , l'action 14 « Recherche et développement dans le domaine de l'aéronautique civile » expliquant à elle seule l'augmentation de l'enveloppe du programme par rapport à 2017.
Or le quasi doublement des AE et la hausse de 50,4 % des CP de cette action s'expliquent par la budgétisation de crédits auparavant issus des programmes d'investissement d'avenir . Il ne s'agit donc pas d'une véritable augmentation de moyens mais plutôt de la pérennisation de crédits auparavant censés être ponctuels .
Un tel procédé peut, certes, s'expliquer par la nécessité de conforter des actions ayant émergé grâce aux PIA ; mais il peut aussi illustrer la confusion qui existe parfois entre crédits budgétaires et crédits « extraordinaires » . Votre rapporteur spécial reviendra sur cet aspect dans le cadre de ses principales observations.
Ceci étant dit, il convient de se féliciter que la puissance publique maintienne son appui aux industriels du secteur avec constance : les cycles longs de l'aéronautique ne sauraient être interrompus sans conséquences potentiellement très dommageables à terme , d'autant que Boeing mène une politique de recherche et développement très active.
Alors que les crédits relatifs à la recherche aéronautique sont en hausse, il convient de souligner les situations contrastées des différents opérateurs financés par le programme . Ainsi, le CEA et l'IPFEN voient leurs crédits baisser (respectivement de - 6,9 et - 4 millions d'euros) alors que l'IFSSTTAR connait une légère augmentation de ses crédits (+ 1,1 million d'euros).
2. Les crédits du programme 192 « Recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle », destinés notamment aux pôles de compétitivité, vont diminuer de 30 millions d'euros en autorisations d'engagement en 2018
Placé sous la responsabilité du directeur général des entreprises, ce programme finance, d'une part, la recherche industrielle (soutien aux pôles de compétitivité et au développement des PME innovantes, etc.) et, d'autre part, les établissements d'enseignement supérieur sous tutelle du ministère de l'économie et des finances .
Il regroupe 739,6 millions d'AE et 779,7 millions d'euros de CP, répartis par action de la façon suivante.
Évolution des crédits du programme 192 entre 2017 et 2018
(en euros)
Exécution 2016 |
LFI 2017 |
PLF 2018 |
Évolution 2018/2017 (en %) |
Évolution 2018/2017 (en valeur) |
||
01 - Organismes de formation supérieure et de recherche |
AE |
313 754 398 |
311 809 859 |
317 863 262 |
1,9 % |
6 053 403 |
CP |
302 884 598 |
323 624 859 |
317 863 262 |
-1,8 % |
- 5 761 597 |
|
02 - Soutien et diffusion de l'innovation technologique |
AE |
329 259 838 |
346 734 986 |
347 378 979 |
0,2 % |
643 993 |
CP |
328 954 814 |
346 734 986 |
347 378 979 |
0,2 % |
643 993 |
|
03 - Soutien de la recherche industrielle stratégique |
AE |
205 778 974 |
110 749 456 |
74 379 456 |
-32,8 % |
- 36 370 000 |
CP |
277 568 335 |
124 249 456 |
114 500 000 |
-7,9 % |
- 9 749 456 |
|
TOTAL |
AE |
898 713 040 |
769 294 301 |
739 621 697 |
-3,9 % |
- 29 672 604 |
CP |
923 333 907 |
794 609 301 |
779 742 241 |
-1,9 % |
- 14 867 060 |
Source : projet annuel de performances pour 2018
Si le financement des actions 01 et 02 reste relativement stable par rapport à 2017, tel n'est pas le cas de l'action 03 « Soutien de la recherche industrielle stratégique », dont l es crédits sont en repli de 32,8 % en AE et de 7,9 % en CP et poursuivent une érosion engagée depuis déjà plusieurs années. Dans ce cadre, le financement des pôles de compétitivité est particulièrement concerné puisqu'il passe de 75 millions d'euros en 2017 à 67 millions d'euros en 2018 .
Néanmoins, là encore, le financement partiel des pôles de compétitivité au travers des PIA ne rend pas parfaitement lisible l'évolution réelle des moyens publics dont disposeront les pôles de compétitivité. Il sera nécessaire que le Gouvernement précise, lors de la séance publique, cette évolution de moyens ainsi que sa vision de l'avenir et la part du financement étatique s'agissant des pôles de compétitivité .
Il est, par ailleurs, intéressant de noter que l'action 01 de ce programme 192 finance le fonctionnement du GIP Grande école du numérique , crée en octobre 2016, qui vise à l'insertion sociale et professionnelle de jeunes sans emploi et sans formation. Toutefois, comme pour les pôles de compétitivité, une partie des crédits de ce GIP sont financés par les PIA (5 millions d'euros de crédits d'intervention).
3. Les crédits du programme 191 « Recherche duale (civile et militaire) » resteront stables en 2018
Placé sous la responsabilité du délégué général pour l'armement, le programme 191 concerne des domaines de recherche dont les applications sont à la fois civiles et militaires , avec le but de créer des synergies entre ces deux champs .
Évolution des crédits du programme 191 entre 2017 et 2018
(en euros)
Exécution 2016 |
LFI 2017 |
PLF 2018 |
Évolution 2018/2017 (en %) |
Évolution 2018/2017 (en valeur) |
||
01 - Recherche duale en science du vivant |
AE |
7 630 000 |
7 775 100 |
7 940 000 |
2,1% |
164 900 |
CP |
7 363 909 |
7 775 100 |
7 940 000 |
2,1% |
164 900 |
|
02 - Recherche duale en sciences et techniques de l'information et de la communication |
AE |
6 299 000 |
6 349 900 |
6 698 031 |
5,5% |
348 131 |
CP |
5 810 339 |
6 349 900 |
6 698 031 |
5,5% |
348 131 |
|
03 - Recherche duale dans le domaine aérospatial |
AE |
144 956 714 |
152 756 714 |
152 756 714 |
- |
- |
CP |
140 536 177 |
152 756 714 |
152 756 714 |
- |
- |
|
04 - Autres recherches et développement technologiques duaux |
AE |
13 389 031 |
13 193 031 |
12 680 000 |
-3,9% |
-513 031 |
CP |
12 955 448 |
13 193 031 |
12 680 000 |
-3,9% |
-513 031 |
|
TOTAL |
AE |
172 274 745 |
180 074 745 |
180 074 745 |
- |
- |
CP |
166 665 873 |
180 074 745 |
180 074 745 |
- |
- |
Source : projet annuel de performances pour 2018
Bénéficiant de 180,1 millions d'euros de crédits en 2018, soit strictement le même montant qu'en 2017 , ce programme est rattaché au ministère de la défense et finance deux opérateurs : le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) via les actions 01 « Recherche duale en sciences du vivant », 02 « Recherche duale en sciences et techniques de l'information et de la communication » et 04 « Autres recherches et développement technologiques duaux « et le Centre national d'études spatiales (CNES) à travers l'action 03 « Recherche duale dans le domaine aérospatial ».
S'agissant du domaine de la sécurité et la défense du CNES, les principaux projets financés, en 2018, seront les démonstrateurs technologiques TELEMAK (télécommunications) et OTOS (observations militaires de la Terre).
Une partie des crédits attribués au CEA est identifiée au titre de la contribution au programme de recherche interministériel de lutte contre le terrorisme pour les menaces nucléaire, radiologique, biologique, chimique et par explosifs (NRBC-E). Les crédits sont versés sous forme de subvention pour charges de service public (CEA) et de dotation en fonds propres (CNES).
4. Le programme 186 « Recherche culturelle et culture scientifique » verra ses crédits diminuer de près de 4 % en 2018
Le programme 186, placé sous le ministère de la culture et de la communication , vise à promouvoir la culture scientifique et technique et à soutenir des actions de recherche spécifiques à la culture . Il finance plusieurs opérateurs parmi lesquels l'organisme Universcience (Palais de la découverte et cité des sciences), créé le 1 er janvier 2010, qui bénéficie de 90 % des crédits du programme.
Ce programme regroupe 112,2 millions d'AE et 112,1 millions d'euros de CP répartis en deux actions de la façon suivante.
Évolution des crédits du programme 186 entre 2017 et 2018
(en euros)
Exécution 2016 |
LFI 2017 |
PLF 2018 |
Évolution 2018/2017 (en %) |
Évolution 2018/2017 (en valeur) |
||
01 - Recherche culturelle |
AE |
9 426 218 |
9 947 728 |
10 459 854 |
5,2 % |
512 126 |
CP |
9 642 571 |
9 878 966 |
10 378 966 |
5,1 % |
500 000 |
|
03 - Culture scientifique et technique |
AE |
108 276 943 |
105 464 710 |
101 691 732 |
-3,6 % |
- 3 772 978 |
CP |
108 327 543 |
106 691 732 |
101 691 732 |
-4,7 % |
- 5 000 000 |
|
TOTAL |
AE |
117 703 161 |
115 412 438 |
112 151 586 |
-2,8 % |
- 3 260 852 |
CP |
117 970 114 |
116 570 698 |
112 070 698 |
-3,9 % |
- 4 500 000 |
Source : projet annuel de performances pour 2018
Si les crédits de l'action «Recherche culturelle» bénéficient d'une augmentation de l'ordre de 5 % en 2018, les crédits de l'action « Culture scientifique et technique » diminuent de façon significative (- 3,6 % en AE et - 4,7 % en CP). Cette évolution reflète celle de la subvention à l'opérateur Universcience (Palais de la découverte et Cité de la science et de l'industrie), invité à puiser dans son fonds de roulement afin de boucler son budget .
Il serait utile qu'un éclairage soit apporté, en séance publique, sur le niveau de ce fonds de roulement ainsi que sur la soutenabilité d'une telle politique à moyen terme.
5. Les crédits du programme 142 « Enseignement supérieur et recherche agricoles » vont augmenter de 2 % en 2018 répondant aux besoins des filières en cadres de haut niveau
Le programme 142 est rattaché au ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt . De même que le programme 192, il finance pour partie des établissements d'enseignement supérieur (écoles d'enseignement supérieur agricoles et vétérinaires) et pas uniquement des thématiques de recherche.
Son budget atteindra 345,5 millions d'euros en AE et 346,4 millions d'euros en CP, soit une hausse 2 % en CP par rapport à 2017, avec 6,7 millions d'euros supplémentaires .
Cette hausse traduit la volonté de l'État de développer la recherche en répondant aux besoins des filières en cadres de haut niveau et en innovations.
Évolution des crédits du programme 142 entre 2017 et 2018
(en euros)
Exécution 2016 |
LFI 2017 |
PLF 2018 |
Évolution 2018/2017 (en %) |
Évolution 2018/2017 (en valeur) |
||
01 - Enseignement supérieur |
AE |
291 281 115 |
303 821 229 |
309 750 669 |
1,95 % |
5 929 440 |
CP |
290 501 162 |
302 983 950 |
310 613 390 |
2,52 % |
7 629 440 |
|
02 - Recherche, développement et transfert de technologie |
AE |
33 461 579 |
36 686 171 |
35 788 099 |
-2,45 % |
-898 072 |
CP |
33 461 579 |
36 686 171 |
35 788 099 |
-2,45 % |
-898 072 |
|
TOTAL |
AE |
324 742 694 |
340 507 400 |
345 538 768 |
1,48 % |
5 031 368 |
CP |
323 962 741 |
339 670 121 |
346 401 489 |
1,98 % |
6 731 368 |
Source : projet annuel de performances pour 2018
Les dépenses hors personnel augmenteront de 3,1 % . Cette hausse significative, qui a commencé en 2013 , s'explique en partie en raison d'importantes opérations de réhabilitation de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort dont certains bâtiments étaient insalubres. Cette augmentation est également liée à la hausse des crédits de fonctionnement des écoles agricoles et vétérinaires qui devront accueillir davantage d'étudiants en 2018.
Enfin, les dépenses de personnel s'élèveront à 216,4 millions d'euros , soit une augmentation de 1,4 % par rapport à 2017. Ce montant tient compte notamment du glissement vieillesse technicité, des mesures catégorielles et de l'augmentation du point d'indice.