La laïcité : des débats, une histoire, un avenir (1789 - 2005)
Sénat - 4 février 2005
CLÔTURE DE LA JOURNÉE
René Rémond
Soyez très vivement remerciés pour cette synthèse, cette vision globale qui met en place toutes sortes d'éléments et qu'on souhaiterait pouvoir relire maintenant qu'on l'a assimilée.
Je pense que cette journée n'appelle pas de conclusion. Elle a été très riche. Nous avons entendu des interventions assez remarquables. Ce qui se dégage à l'évidence, c'est que la laïcité s'inscrit dans le temps et dans l'espace, qu'elle a une histoire, une dimension historique, une évolution continue : et la notion et la pratique et l'idée et les régimes juridiques n'ont pas cessé d'évoluer. Les processus d'adaptation progressive à des problèmes nouveaux ou à l'évolution des esprits et des mentalités ne pouvaient pas être prévus par le législateur et que je crois qu'un regard jeté sur ses 200 années mettait en évidence la sagesse des politiques souvent, l'ingéniosité des administrations, le souci de la concorde, le bon sens qui ont fait prévaloir des solutions empiriques à ces problèmes généraux.
La plupart des solutions pratiques qui ont été adoptées, d'abord pour mettre en oeuvre la loi de séparation et la suite n'ont généralement pas été dictées par des préoccupations idéologiques. C'est le principe de réalité et la recherche d'une solution qui permette de vivre ensemble et d'apaiser les conflits. Dans le temps et dans l'espace, il n'est effectivement plus possible aujourd'hui de raisonner sur la laïcité, abstraction faite des expériences voisines. Je crois que ce que vient de dire Philippe Portier rejoint mon intuition - et vous-même le suggériez -, il y a une convergence. Au départ les régimes sont très différents et progressivement, il y a des influences réciproques, des échanges, des empreintes, des imitations et puis l'adaptation à des réalités. Plus on va et plus il est clair que les Européens sont amenés à vivre une expérience, une relation relativement apaisée entre les pouvoirs publics et le fait religieux. Merci à tous ceux qui sont intervenus au cours de la journée.