- Appartenance politique :
- Membre du Groupe des Républicains et Indépendants
- État civil :
- Né le 21 juin 1921
Décédé le 8 avril 2010 - Profession :
- Agriculteur, exploitant forestier, industriel
- Département :
- Aisne
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Ancien sénateur de la Ve République
Travaux parlementaires
Ve République
DEVEZE (Gilbert)
Né le 21 juin 1921 à Lyon (Rhône)
Décédé le 08 avril 2010 à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais)
Sénateur de l'Aisne de 1971 à 1980
Né le 21 juin 1921 à Lyon, Gilbert Devèze s'engage dès juillet 1940 dans la Résistance en rejoignant un réseau de résistance polonais. Le gouvernement polonais de Sikorski, réfugié à Londres, monte en effet des réseaux en France occupée avec des soldats et civils polonais installés sur le territoire depuis l'invasion allemande de la Pologne en septembre 1939 et qui refusent la défaite française de juin 1940. Il s'agit au début de collecter des renseignements sur les préparatifs d'invasion allemande de l'Angleterre. Ces réseaux s'élargissent vite à des Français patriotes rejetant la capitulation et la collaboration. Gilbert Devèze appartient à cette structure clandestine peu connue, avec d'autres Français comme Pierre Fraysse, Georges Benoit et Marthe Viennot.
L'après-guerre le voit s'installer comme agriculteur exploitant forestier dans l'Aisne. Il devient maire de Bièvres, un petit village à 10 km au sud-est de Laon qui compte moins de 100 habitants dans les années 1950. Gilbert Devèze appartient au courant de la droite modérée encadrée localement par quelques élus du CNIP. La vie politique du département traditionnellement dominé par la droite s'organise au début de la Ve République autour de la rivalité entre la droite gaulliste emmenée par des élus bourgeois des grandes villes (dans les années 1960 le dentiste et maire UNR de Soisson Louis Roy, dans les années 1970 et 1980 le sénateur et maire UDR puis RPR de Saint-Quentin Jacques Braconnier) et la droite indépendante, plus rurale et conservatrice, dirigée par des élus agriculteurs (dans les années 1960 René Blondel président départemental de la FNSEA et agriculteur à Pouilly-sur-Serre, dans les années 1970 Gilbert Devèze).
En novembre 1958, Gilbert Devèze est élu député de la 1ère circonscription de l'Aisne sous l'étiquette d'Indépendant d'union. Avec son suppléant Pierre Germain, garagiste et conseiller général, il réussit l'exploit de battre au second tour le député sortant et maire de Laon, le socialiste Marcel Levindrey, directeur adjoint de la sécurité sociale et conseiller général. Il a bénéficié du bon report de voix du candidat gaulliste, le chef d'escadron en retraite Georges Durand, adjoint au maire de Laon. Inscrit au groupe des Indépendants et Paysans d'action sociale, le nouveau député y défend comme attendu les intérêts du monde rural. Son engagement en faveur des agriculteurs ne lui permet pas d'être réélu en 1962 où il est battu par le gaulliste Guy Sabatier. Devenu conseiller général du canton de Craonne en 1967, il améliore son implantation locale et tente de nouveau sa chance aux législatives de juin 1968 sous l'étiquette centriste PDM. Mais la circonscription reste aux mains de Guy Sabatier. Bénéficiant toujours du soutien des petits élus indépendants du monde rural proches de la FNSEA, Gilbert Devèze se présente aux élections sénatoriales du 26 septembre 1971 sous l'étiquette Républicain indépendant. Il est élu en quatrième position (avec 660 voix au second tour sur les 1582 suffrages exprimés) et siège dans le groupe des RI. Il rejoint la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Le nouveau sénateur intervient en 1973 dans la discussion du projet de loi modifiant le code du travail à propos de la résiliation du contrat de travail à durée indéterminée. Il déplore la même année la limitation à ses yeux excessive de la vitesse dans le cadre de la nouvelle réglementation routière destinée à faire baisser le nombre d'accidents mortels. En 1977, il rapporte un projet de loi sur la coopération militaire entre la France et le Tchad.
Gilbert Devèze vote la loi du 5 juillet 1972 portant création et organisation des Régions, la loi du 27 décembre 1973 d'orientation du commerce et de l'artisanat, la loi du 5 juillet 1974 fixant à 18 ans l'âge de la majorité, et la loi du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce. Il s'oppose en revanche à la loi du 17 janvier 1975 relative à l'interruption volontaire de grossesse.
Membre du groupe d'études sénatorial pour l'aménagement rural, Gilbert Devèze siège au conseil général de l'Aisne. Il est réélu au premier tour dans le canton de Craonne lors des cantonales du 23 septembre 1973 et prend la vice-présidence de l'assemblée départementale. En tant que sénateur, il siège également au conseil régional de Picardie. En 1973-1974, président du syndicat mixte du plan d'eau des vallées de l'Ailette et de la Bièvre, il tente de transformer le plan d'eau de l'Ailette en un espace touristique à même de favoriser l'essor économique de l'Aisne en complémentarité avec d'autres équipements (voies navigables Seine-Est et Seine-Nord, autoroutes A4, A26 et A31, aérodromes).
La campagne présidentielle de 1974 le voit s'engager en faveur du candidat Valéry Giscard d'Estaing dont il préside le comité départemental de soutien. Il publie plusieurs appels à voter pour le président des RI dans la presse régionale (L'Aisne nouvelle, L'Union de Reims). Le sénateur CNIP se veut toujours le représentant du monde rural et à la fin août de la même année, il est reçu avec les deux autres sénateurs du département (MM. Braconnier et Pelletier) et des représentants des organisations agricoles locales (FDSEA, CDJA et Chambre d'agriculture) par le ministre de l'Agriculture Christian Bonnet. Il lui expose les difficultés des agriculteurs de l'Aisne et les solutions à apporter (revalorisation des prix agricoles, soutien à l'élevage, encadrement du crédit, aide à l'installation des jeunes exploitants).
A partir de la fin des années 1970, Gilbert Devèze se radicalise politiquement en adoptant des positions qui le placent très à droite de sa famille politique, notamment sur les questions d'immigration. En 1979, il intervient ainsi au Sénat lors de la discussion du projet de loi portant modification de l'ordonnance du 2 novembre 1945 relative aux conditions d'entrée et de séjour en France des étrangers. Le maire de Bièvre déplore avec énergie l'inopportunité d'une politique d'incitation à l'installation de familles immigrées (le regroupement familial) dans un contexte de croissance du chômage. La même année, il se fait remarquer en étant le seul parlementaire à assister aux meetings de Jean-Marie Le Pen alors encore peu connu. Mais cette radicalisation lui fait perdre de son influence, notamment dans le syndicalisme paysan soucieux de soutenir des élus moins marqués politiquement et plus à même de défendre les intérêts du monde rural par leur proximité avec le pouvoir. En 1979, il se retire dès le premier tour des cantonales qui voient la victoire de la socialiste Pierrette Curtil, maire de Corbény. Il est battu très nettement l'année suivante lors des sénatoriales du 28 septembre 1980. Alors que les trois figures de droite du département sont réélues (le secrétaire d'Etat à l'Education Jacques Pelletier qui avait abandonné son siège en 1978 pour entrer au gouvernement, le CDS Paul Girod et le RPR Jacques Braconnier), Gilbert Devèze qui s'était présenté sous l'étiquette CNIP n'obtient que 162 voix sur les 1671 suffrages exprimés.
Si Gilbert Devèze a perdu tous ses mandats, il n'abandonne pas la vie politique pour autant. Dans le prolongement de sa radicalisation de la fin des années 1970, il adhère au Front national en 1982 alors que ce parti n'a pas encore émergé politiquement (ce sera le cas après les municipales partielles de Dreux en 1983 et les européennes de 1984). Son expérience politique et sa notoriété lui permettent d'être secrétaire départemental du FN dans l'Aisne. Il entre même au Parlement européen en 1986 sous l'étiquette FN en remplacement de Jean-Pierre Stirbois qui vient d'intégrer l'Assemblée nationale. Mais son mandat de député européen n'est pas renouvelé en 1989. Il est vrai que ses relations avec le parti de Jean-Marie Le Pen se détériorent vite. En novembre 1991, l'ancien sénateur soutient, lors d'une cantonale partielle à Wassigny dans l'Aisne, la candidature de l'UDF Antoine Pagni, estimant que ce dernier est mieux à même de battre le prétendant socialiste que le candidat FN, Jacques Parbeau. De fait, ce dernier n'obtient que 3,3 % des voix tandis qu'Antoine Pagni est élu. Mais le secrétaire général du FN, Carl Lang, n'accepte pas ce qu'il perçoit comme « un acte caractérisé d'indiscipline ». Sommé de s'expliquer le 6 janvier 1992 au siège du mouvement, Gilbert Devèze est exclu du Front national. Officiellement, la sanction est justifiée par le fait que l'intéressé envisageait de présenter une liste autonome dans l'Aisne à l'occasion des régionales de mars 1992. On évoque aussi l'existence d'un contentieux financier entre l'ancien sénateur et le parti de Jean-Marie Le Pen. En réalité, il s'agit surtout de faire un exemple à l'approche d'échéances électorales importantes. Gilbert Devèze met alors un terme définitif à sa carrière politique.
Il meurt le 08 avril 2010. Il était médaillé de la Résistance.
Elu le 26 septembre 1971
Fin de mandat le 1er octobre 1980 (non réélu)
Membre du Groupe des Républicains et Indépendants
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaires
de Gilbert DEVEZE
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