M. le président. La parole est à M. le ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales.
M. Sébastien Lecornu, ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales. Monsieur le sénateur Roux, voilà un sujet sur lequel l’ensemble de nos territoires doivent pouvoir se retrouver.
Nos objectifs sont d’assurer l’accès de tous à un bon débit d’ici à 2020, au très haut débit d’ici à 2022 et de généraliser la couverture mobile de qualité.
En ce qui concerne la téléphonie mobile, l’accord que Julien Denormandie a conclu en janvier dernier avec les opérateurs au nom du Gouvernement est effectivement contraignant. Depuis lors, les choses avancent bien : 2 500 pylônes 4G ont été installés en juillet dernier, 480 sites supplémentaires ont été arrêtés, entre 700 et 900 autres seront identifiés pour l’année prochaine.
En ce qui concerne l’internet fixe, là aussi les engagements des opérateurs, en l’occurrence Orange et SFR sur les zones d’initiative privée, seront contraignants et leur non-respect sera sanctionnable. Par ailleurs, les 3,3 milliards d’euros du plan France très haut débit alloués aux réseaux d’initiative publique sont sécurisés.
En ce qui concerne le réseau téléphonique commuté – la téléphonie fixe par le cuivre, pour le dire plus simplement –, la commercialisation de nouveaux accès cesse en effet ce mois-ci, mais les accès existants sont bien sûr maintenus. Le service sera arrêté par plaques à partir de 2022, les zones concernées étant annoncées cinq ans à l’avance. Une transition douce et adaptée sera ménagée pour chaque territoire. Enfin, il n’est aucunement question de démanteler le réseau cuivre, tant que l’ensemble du réseau à très haut débit n’est pas installé et stabilisé.
En conclusion, il s’agit là d’un bel exemple de partenariat entre les collectivités territoriales et l’État. Une collectivité ou l’État ne pourrait déployer seul le très haut débit. Quand tout le monde s’entend bien, les choses avancent beaucoup plus vite ! (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)
nouvelle offensive dans la bande de gaza
M. le président. La parole est à Mme Christine Prunaud, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Mme Christine Prunaud. Depuis nos dernières interventions sur la situation dans la bande de Gaza, le conflit s’est aggravé. Nous assistons à un engrenage de violences, à la suite de l’infiltration, ce dimanche, des forces spéciales israéliennes dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a mobilisé des avions de combat, des hélicoptères d’attaque, et déployé des batteries antimissiles supplémentaires. Des chars seraient en route pour la bande de Gaza. À ce niveau, chers collègues, il s’agit non plus de représailles, mais de guerre, et, comme dans toutes les guerres, les civils sont les premières victimes…
La situation serait tout autre si l’État palestinien était reconnu. Cette reconnaissance a été portée avec succès par mon groupe, puisque le Sénat a adopté en 2014 sur son initiative une proposition de résolution en ce sens.
Dans le cas présent, il ne s’agirait plus alors d’une simple intrusion dans un territoire, mais d’un conflit entre deux États, et la réponse diplomatique de notre pays serait complètement différente.
Madame la ministre, nous sommes face à un conflit intolérable. Israël poursuit son unique objectif : une terre sans Palestiniens. C’est bien de cela qu’il s’agit !
Que compte faire le Gouvernement pour imposer une trêve,…
M. Roger Karoutchi. C’est fait !
Mme Christine Prunaud. … placer les Palestiniens sous protection de l’ONU, abroger le blocus de Gaza et reconnaître enfin l’État palestinien ? (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste. – Mme Martine Filleul applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes.
Mme Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes. Madame la sénatrice, vous avez raison, la situation qui prévaut entre Israël et le Hamas est très préoccupante : la violence a atteint son niveau le plus élevé depuis le conflit de l’été 2014.
La France a fermement condamné hier les tirs de roquette revendiqués par le Hamas : plus de 400 – encore 70 ce matin – ont visé, depuis la bande de Gaza, des cibles civiles en territoire israélien. Les habitants du sud d’Israël vivent dans la peur ; cette peur doit cesser.
Mais ce qui doit également cesser, c’est la violence disproportionnée à l’encontre des Palestiniens. N’oublions pas que, depuis le mois de mars, la réaction des forces israéliennes aux manifestations de Gaza a fait plus de 170 morts et des milliers de blessés. Ce niveau de violence est injustifiable, quel que soit notre attachement à la sécurité d’Israël.
Au-delà de la violence, ce dont souffre Gaza, c’est d’une accumulation de crises.
Une crise humanitaire tout d’abord : subie par 2 millions de Gazaouis, elle ne cesse de s’aggraver. Pour y mettre fin, il faut effectivement lever le blocus et faire en sorte qu’Israël obtienne des garanties de sécurité crédibles. Cette crise est aggravée par le retrait américain de l’UNRWA, l’agence des Nations unies qui vient en aide à une grande partie de la population de Gaza. La France a d’ailleurs annoncé une aide d’urgence de 2 millions d’euros et doublera l’année prochaine son soutien, pour le porter à 20 millions d’euros.
La crise dont souffre Gaza est aussi politique. Elle prend sa source dans la désespérance que suscite le blocage du processus de paix. C’est particulièrement vrai à Gaza, territoire peuplé de 70 % de réfugiés et de descendants de réfugiés.
La situation est connue, son règlement passe par des négociations sérieuses pour mettre en œuvre la solution à deux États vivant dans la paix et la sécurité au sein de frontières reconnues, avec Jérusalem pour capitale. C’est l’objectif que nous poursuivons, en amis d’Israël et des Palestiniens. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche. – MM. Loïc Hervé et Alain Joyandet applaudissent également.)
M. le président. La parole est à Mme Christine Prunaud, pour la réplique.
Mme Christine Prunaud. Nous sommes en partie d’accord avec vos propos, madame la ministre, mais M. Macron avait dit qu’il fallait attendre un moment propice pour reconnaître l’État palestinien : je pense que ce moment est arrivé ! (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
M. le président. La parole est à M. François Grosdidier, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. François Grosdidier. Monsieur le Premier ministre, aujourd’hui, j’ai le cœur gros, comme tous les policiers qui pleurent Maggy Biskupski, présidente de la mobilisation des policiers en colère. Maggy s’est suicidée hier, quelques jours après un gendarme – chez vous, à Matignon – et un policier de la police aux frontières.
Cela ne s’arrête pas, malgré toutes les mesures de prévention des risques psychosociaux. Cela ne s’arrête pas parce que les raisons de cette situation sont beaucoup plus profondes et que le Gouvernement n’a pas voulu les voir.
Ces raisons, anciennes ou récentes, notre commission d’enquête les a décrites et analysées. Nous avons fait trente-deux propositions concrètes et réalistes ; vous avez refusé de les prendre en considération, et même de nous en donner acte dans cet hémicycle, lors de la séance du 5 juillet dernier.
N’esquivez plus ! Ne répondez plus à la marge, quand le problème est au fond : policiers et gendarmes consacrent les deux tiers de leur temps aux tâches procédurales, ils prennent toujours plus de risques et ce, au bout du compte, pour rien, en l’absence de réponse pénale adaptée. Ils se posent la question du sens de leur mission et de leur vie.
Maggy était venue au Sénat, le 7 février dernier, avec son collègue Guillaume Lebeau, nous expliquer cette réalité. Sincère, franche, courageuse, généreuse, lucide, mais tellement déçue, elle gardait pourtant la foi en sa mission et un sens du devoir intact. Nous l’avions écoutée avec gravité, au contraire de vous : vous l’avez fait entendre par l’Inspection générale de la police nationale, l’IGPN, pour atteinte à l’image de la police…
Monsieur le Premier ministre, allez-vous écouter et comprendre les policiers ? Allez-vous entendre, à titre posthume, le cri de détresse de Maggy ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’intérieur. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. Christophe Castaner, ministre de l’intérieur. Monsieur le sénateur Grosdidier, vous m’interpellez sur un événement tragique, la mort d’une femme gardienne de la paix, engagée pour défendre la cause des policiers. Attendons les résultats de l’enquête qui a été diligentée pour connaître les raisons de son geste avant de commenter celles-ci.
Au-delà, vous m’interrogez sur le mal-être dans la police. Ce mal-être est réel, nous le savons, et je ne vous opposerai pas le fait que le nombre de suicides dans la police est en forte baisse cette année par rapport à l’année précédente.
Il y a quelques jours, j’étais avec Laurent Nunez à Viry-Châtillon, d’où est parti ce cri de colère que Maggy Biskupski a su incarner, voulant défendre les forces de police. Une quinzaine de jeunes y avaient attaqué deux véhicules de police, tentant d’empêcher leurs occupants d’en sortir et lançant des cocktails Molotov pour les faire mourir brûlés vifs. Ce fut un véritable acte de guerre.
J’ai rencontré Vincent, l’une des victimes, qui se reconstruit lentement, difficilement. Il m’a parlé de la nécessaire reconquête du territoire. Avec Laurent Nunez, nous avons aussi rencontré l’ensemble des forces de l’ordre qui étaient présentes sur site. Elles sont intervenues très vite pour porter secours et ont ensuite mené une enquête remarquable : aujourd’hui, treize des jeunes responsables présumés de l’attaque sont en prison. (Murmures sur des travées du groupe Les Républicains.)
J’ai également rencontré deux maires de couleurs politiques très différentes, qui prônent avec force la reconquête républicaine de ce quartier. En deux ans, des moyens ont été mis en œuvre sur place. À l’époque des faits, M. Cazeneuve avait dépêché immédiatement une centaine de policiers pour ne laisser aucun espace à ceux qui voudraient faire reculer la République.
Monsieur le sénateur, il est aujourd’hui nécessaire de renforcer les moyens. C’est ainsi que le budget augmente de plus d’un milliard d’euros en deux ans, que 300 millions d’euros sont investis dans l’immobilier et que l’équipement en véhicules atteint un niveau jamais vu auparavant. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre !
M. Christophe Castaner, ministre. En outre, Mme la garde des sceaux vous a présenté la semaine dernière un projet de réforme de la procédure pénale visant à éviter que les policiers y consacrent trop de temps et à permettre qu’ils puissent ainsi être davantage sur le terrain, comme ils le souhaitent. J’ai vu aussi, monsieur le sénateur, quels choix politiques ont été faits dans cette assemblée… (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. Michel Amiel, pour le groupe La République En Marche.
M. Michel Amiel. Ma question s’adresse à M. le ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales.
Je voudrais tout d’abord m’associer au deuil des familles frappées par l’effondrement d’immeubles rue d’Aubagne, dans le centre-ville de Marseille. Je partage leur peine, je comprends leur colère.
Pour autant, il n’est pas question pour moi de polémiquer ni d’accabler quiconque. Je voudrais simplement soulever les problèmes auxquels les maires – j’en fus longtemps un – se trouvent confrontés.
Les délais pour agir contre la détérioration des constructions sont trop longs. Certes, nous devons nous féliciter qu’un amendement du Gouvernement crée une aide fiscale pour l’amélioration de l’habitat ancien dans les centres-villes dégradés, mais ce dispositif, pour nécessaire qu’il soit, ne suffit pas.
Par ailleurs, le relogement en urgence des locataires est souvent difficile, et les maires peuvent être amenés à devoir se substituer aux propriétaires, qui sont souvent des marchands de sommeil, pour le paiement des travaux.
Quels dispositifs pourrait-on envisager de mettre en place pour répondre à ces problèmes auxquels les maires se trouvent confrontés souvent dans des situations d’urgence, sans pour autant les exonérer de mener une politique volontariste de lutte contre l’habitat insalubre ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Mme Sophie Joissains applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales.
M. Sébastien Lecornu, ministre auprès de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, chargé des collectivités territoriales. Monsieur le sénateur, vous avez raison, la lutte contre l’habitat insalubre ou dégradé est naturellement l’affaire des propriétaires et des occupants, mais c’est aussi celle de la puissance publique, en particulier des élus locaux et des maires, qui sont en première ligne.
Votre question précise appelle des réponses précises. Des voies et moyens existent déjà pour que les collectivités territoriales puissent recouvrer l’ensemble des frais engagés, y compris en matière de maîtrise d’ouvrage, à l’occasion des procédures de relogement ou de travaux, lorsque la commune doit se substituer à des propriétaires défaillants.
Pour aider les collectivités locales, l’État apporte un soutien financier important à ces opérations, notamment via l’Agence nationale de l’habitat, l’ANAH, qui subventionne les travaux d’office de remédiation réalisés par les communes au titre de diverses procédures, par exemple à la suite du non-respect d’un arrêté de péril ordinaire concernant un immeuble d’habitation. Cette subvention reste acquise à la commune, même après recouvrement complet des sommes engagées auprès du propriétaire ; c’était une demande ancienne des élus locaux.
Quand le problème concerne un immeuble en copropriété – situation toujours plus délicate –, l’ANAH est en mesure de subventionner les travaux d’office décidés par le maire en substitution des seuls copropriétaires défaillants qui ne paieraient pas leur quote-part de travaux.
Lorsque les communes se trouvent confrontées à des situations plus difficiles, par exemple quand des bâtiments placés durablement sous arrêté de péril ne font l’objet d’aucune action de la part des propriétaires, elles peuvent organiser, avec l’aide d’un opérateur spécialisé tel qu’un établissement public foncier, une opération de recyclage immobilier et foncier. Le déficit pourra être en partie financé par l’ANAH, qui a d’ailleurs prévu un budget de 15 millions d’euros au titre de 2019 pour ce type d’opérations.
Pour ce qui est de l’hébergement d’urgence, la commune peut demander l’aide du fonds d’aide au relogement d’urgence, le FARU, qui dépend du ministère de l’intérieur, de façon à assurer les dépenses urgentes.
La loi ÉLAN, qui vient d’être adoptée, offre de nouvelles solutions pour faciliter l’action des collectivités, ainsi que des moyens financiers supplémentaires pour mieux dépister ces situations par le transfert du bénéfice des astreintes imposées pour que les travaux soient réalisés.
Enfin, comme je le disais, il faut aussi travailler sur les délais, en prenant des mesures de simplification pour permettre à un maire qui veut aller vite de le faire. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
M. le président. La parole est à M. Michel Amiel, pour la réplique.
M. Michel Amiel. Je vous remercie, monsieur le ministre, de cette réponse assez précise. J’ajouterai que, pour reconquérir des quartiers où, bien souvent, l’espoir n’existe plus, il faut aussi faire reculer la pauvreté. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche. – Mmes Sophie Joissains et Françoise Laborde applaudissent également.)
M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Laurent Duplomb. Monsieur le Premier ministre, rappelez-vous la fameuse discussion entre Colbert et Mazarin :
Colbert. – Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que M. le surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou…
Mazarin. – Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’État…
Colbert. – Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?
Mazarin. – On en crée d’autres.
Colbert. – Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.
Mazarin. – Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux-là ! Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… C’est un réservoir inépuisable. (Rires sur les travées du groupe Les Républicains.)
Monsieur le Premier ministre, ne pensez-vous pas qu’aujourd’hui le réservoir est épuisé ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire. (Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. François de Rugy, ministre d’État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le sénateur Duplomb, nous ne sommes plus tout à fait à l’époque de Colbert et de Mazarin… (On le conteste sur des travées du groupe Les Républicains.) Peut-être y êtes-vous restés, je n’en sais rien…
M. Jacques Grosperrin. En tout cas, il y a un roi-soleil… (Sourires sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. François de Rugy, ministre d’État. Pour notre part, nous avons mis les choses sur la table et dit aux Français la vérité sur ce que nous ferions une fois élus. Moins taxer le travail, l’emploi, les entreprises, davantage taxer la pollution et les émissions de carbone : c’est ce que nous avions annoncé, c’est ce que nous avons fait.
Nous avons pris des mesures d’accompagnement des Français dans ce changement. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.) Il est vrai que, à l’époque de Mazarin et de Colbert, on ne devait guère se préoccuper du dérèglement climatique…
Nous avons ainsi permis à 250 000 Français de changer de voiture (Protestations sur des travées du groupe Les Républicains.), grâce à une prime à l’achat de 1 000 ou de 2 000 euros. Pour ma part, je m’en félicite !
Un million de Français ont pu réaliser cette année des travaux en vue d’économiser l’énergie, grâce au crédit d’impôt ; je pense que c’est aussi une excellente chose.
Enfin, 3,6 millions de Français ont bénéficié du chèque énergie. Un tel dispositif est nécessaire pour passer ce cap difficile. (Nouvelles protestations sur des travées du groupe Les Républicains.)
Mme Cécile Cukierman. Pendant ce temps-là, les entreprises font des milliards de profits !
M. François de Rugy, ministre d’État. Monsieur le sénateur, puisque vous aimez les citations, je vais à mon tour vous en livrer une. Hier, j’étais au lycée Clemenceau de Nantes et j’ai donné aux élèves la définition du courage selon Georges Clemenceau (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) :
« Le courage, c’est d’aller tout droit devant soi. On doit en souffrir, on sera haï, détesté, méprisé. On recevra de la boue, on n’aura pas d’applaudissements, mais il faut savoir choisir entre les applaudissements d’aujourd’hui, qui sont d’un certain prix, et ceux qu’on se donne à soi-même, quand, avant d’entrer dans le néant, on peut se dire : j’ai donné à mon pays ce que je pouvais. » (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Huées sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. Laurent Duplomb, pour la réplique.
M. Laurent Duplomb. Monsieur le Premier ministre, n’entendez-vous pas le ras-le-bol des Français ? Ils payent plus pour le carburant, plus pour le gaz, plus pour la CSG, alors que, dans le même temps, votre gouvernement est incapable de contenir le déficit public, annoncé à près 100 milliards d’euros en 2019, et de maîtriser la dette, qui atteindra bientôt 100 % du PIB.
Votre gouvernement se permet néanmoins de donner des leçons à tout le monde : aux élus pour leur gestion, aux automobilistes pour leur conduite, à ceux qui fument des clopes et roulent au diesel, à ceux qui ne seraient pas assez écologistes ou progressistes !
Gardez-vous, monsieur le Premier ministre, de faire la même erreur que Marie-Antoinette, qui pendant la disette de 1789 avait conseillé à ceux qui n’avaient pas de pain de manger de la brioche ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
grève des enseignants
M. le président. La parole est à M. Jacques-Bernard Magner, pour le groupe socialiste et républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. Jacques-Bernard Magner. Ma question s’adressait à M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, mais je prends acte que c’est M. le secrétaire d’État chargé de la jeunesse qui me répondra.
Hier, pour la première fois depuis bien longtemps, tous les syndicats d’enseignants ont appelé à une grève unitaire, ce qui traduit le malaise des enseignants devant vos projets de suppression de postes pour 2019.
Alors que les effectifs vont continuer à augmenter au collège et au lycée, de 30 000 élèves pour cette rentrée et de 40 000 pour chacune des deux suivantes, vous supprimez 2 650 postes d’enseignant dans l’enseignement secondaire public, 550 dans l’enseignement secondaire privé, 400 emplois administratifs et techniques et 50 emplois dans l’enseignement technique agricole.
Cette diminution des postes budgétaires va entraîner une augmentation du nombre moyen d’élèves par classe, dans un contexte de réforme du baccalauréat et des programmes de lycée et de mise en œuvre de la loi relative à l’orientation et à la réussite des étudiants. S’ajoute à tout cela la réduction des moyens destinés à la formation des enseignants.
La seule mesure positive de votre budget, c’est l’octroi d’une prime de 2 000 euros aux enseignants des réseaux d’éducation prioritaire renforcés, les REP+, mais ce n’est que l’application mécanique de l’accord « parcours professionnel, carrières et rémunérations » conclu par le précédent gouvernement.
En ce qui concerne le primaire, les enseignants ne sont pas dupes : les postes créés en 2019 ne permettront même pas d’assurer la moitié des dédoublements de classes de CP et de CE1 non encore mis en place dans les REP+. Pour honorer cet objectif, il aurait fallu au moins 4 000 postes supplémentaires, quand vous en créez seulement 1 800.
Vos orientations budgétaires sont contradictoires avec les réformes que vous avez déjà engagées ; elles en entament la crédibilité. Quand annoncerez-vous enfin des mesures qui donnent de l’espoir à nos enseignants ? Quand donnerez-vous à l’école de la République les moyens dont elle a besoin ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Mme Esther Benbassa applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse.
M. Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Magner, je vous prie d’excuser l’absence de Jean-Michel Blanquer, qui défend en ce moment même à l’Assemblée nationale son projet de budget. Celui-ci donne à notre système éducatif les moyens de fonctionner, avec 850 millions d’euros supplémentaires prévus pour 2019.
L’objectif qui nous mobilise depuis deux ans, c’est de renforcer le premier degré, de sorte que les élèves puissent bénéficier d’un encadrement de qualité pour l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, du calcul et du respect d’autrui. Cet effort s’est traduit par des créations de postes. J’entends ce que vous dites, monsieur le sénateur, mais les faits sont là : avec 60 000 élèves de moins depuis deux ans, nous aurions dû supprimer 3 000 classes si nous avions appliqué arithmétiquement les règles en vigueur ; or nous avons créé 8 200 postes depuis deux ans, ce qui montre bien que l’investissement est réel et que la baisse démographique n’entame pas le taux d’encadrement des élèves partout en France, y compris dans les secteurs ruraux. Nous poursuivrons l’effort budgétaire en 2019.
Vous avez évoqué le mouvement social qui a eu lieu hier.
M. Martial Bourquin. Énorme !
M. Martial Bourquin. Non, au moins 50 % !
M. Gabriel Attal, secrétaire d’État. Il faut les écouter, mais il faut aussi considérer les 90 % qui n’ont pas fait grève. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) Ce mouvement de grève que vous qualifiez d’« énorme » est d’une bien moindre ampleur que celui qui avait été suscité par la réforme du collège d’il y a quelques années, que vous souteniez ! (Nouvelles protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain. – M. Roger Karoutchi applaudit.)
Pourquoi 90 % des professeurs n’ont-ils pas fait grève ? Parce que quand on renforce le premier degré et que les élèves savent lire, écrire, compter et respecter autrui à leur entrée en sixième, cela fait du bien au second degré. Les professeurs du second degré nous disent que l’important pour eux est que les élèves présentent ces acquis à leur arrivée en sixième.