SEANCE DU 10 OCTOBRE 2002


CONVENTION RELATIVE AU RACCORDEMENT DE LA SUISSE
AU RÉSEAU FERRÉ FRANÇAIS

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 322, 2001-2002) autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Conseil fédéral suisse relative au raccordement de la Suisse au réseau ferré français, notamment aux liaisons à grande vitesse (ensemble une annexe). [Rapport n° 399 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, la France et la Suisse ont signé, le 5 novembre 1999, à Genève, un accord concrétisant leur volonté d'améliorer les conditions de circulation des personnes et des biens entre les deux pays, en réduisant sensiblement les temps de parcours par voie ferrée.
Les autorités et les citoyens de la Confédération helvétique ont, depuis longtemps, pris la mesure des enjeux du transport ferroviaire pour le franchissement des Alpes et du Jura, enjeux d'autant plus forts que la Suisse est, à l'image de la France, l'un des grands pays pour le transit européen des voyageurs et des marchandises. Ainsi, la mise en valeur des liaisons de Berne et Lausanne vers Dijon et Paris, l'amélioration de la liaison de Genève vers Paris par Bellegarde et Bourg-en-Bresse ainsi que celle de Bâle vers Paris font partie du projet global de raccordement de la Suisse au réseau ferroviaire européen à grande vitesse.
L'accord du 5 novembre 1999 se place dans le cadre des décisions du Conseil fédéral suisse d'affecter une partie des investissements prévus par le programme suisse de construction de lignes ferroviaires à travers les Alpes à l'amélioration du raccordement de la Suisse au réseau européen à grande vitesse. Ce principe, approuvé par les chambres fédérales en avril 1998, a été adopté par référendum du peuple suisse en novembre 1998.
Il précise les conditions d'une amélioration à court et moyen terme du raccordement de la Suisse au réseau ferroviaire français dans le cadre des réflexions déjà conduites. Il s'agit de la recherche d'une meilleure performance des liaisons ferroviaires par des mesures d'exploitation et des investissements sur le réseau ferré national français. L'accord s'appuie sur une démarche de coopération fructueuse, engagée de longue date, entre les administrations compétentes en Suisse et en France. Il privilégie trois axes majeurs de transport : Paris-Genève, Paris-Neuchâtel-Berne et Paris-Bâle.
Il est prévu que les Etats français et suisse apportent les contributions financières nécessaires à la réalisation des travaux d'infrastructures. Une répartition de ces contributions a été recherchée en tenant compte des intérêts respectifs des deux Etats. Sur ce point, les autorités suisses ont donné leur accord sur un financement de 50 % du montant des projets de réouverture de la ligne entre Bourg-en-Bresse et Bellegarde, d'une part, et du projet de modernisation de la ligne entre Dijon et Neuchâtel-Berne sur le territoire français, d'autre part. Pour partie, ce projet figure également dans les contrats de plan Etat-région.
Il convient de souligner l'intérêt de cet accord puisque ce financement suisse porte sur des projets qui sont intégralement sur le territoire français, et que le Conseil fédéral suisse envisage également une participation financière au projet de ligne à grande vitesse Rhin-Rhône.
Tous ces éléments m'amènent à souligner l'importance de cet accord. En effet, le Conseil fédéral suisse apprécie la qualité de nos infrastructures ferroviaires et le maillage TGV de notre territoire national grâce à son insertion européenne. Soucieux du coût de réalisation important de ces infrastructures, il a souhaité s'associer au financement de ces améliorations afin de pouvoir assurer la desserte de grandes villes suisses par notre réseau national.
Afin de veiller à la concrétisation rapide des objectifs de cet accord, un comité de pilotage bilatéral se réunit à intervalles réguliers depuis la date de signature du protocole. Les entreprises gestionnaires des infrastructures et les exploitants ferroviaires des deux pays participent, en tant que de besoin, aux travaux de ce comité de pilotage.
En définitive, cet accord fournit un cadre adapté pour le financement des différents projets ferroviaires communs entre les deux pays. Parmi ces projets, les liaisons Paris-Genève et Paris-Lausanne, Neuchâtel et Berne pourront être améliorées à court terme par la moderni-sation des infrastructures existantes. A terme, le projet de ligne à grande vitesse Rhin-Rhône améliorera quant à lui la desserte de la Suisse par Bâle.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales dispositions de l'accord qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui proposé à votre approbation. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Robert Del Picchia, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la convention du 5 novembre 1999 relative au raccordement de la Suisse au réseau ferré français constitue un exemple très positif de coopération transfrontalière dans le domaine des infrastructures de transport, en l'occurrence, en matière de liaisons ferroviaires.
Elle présente tout d'abord le mérite de formaliser les principales priorités retenues par la France et la Suisse pour leurs relations ferroviaires et met en place des mécanismes de concertation et de coordination.
L'objectif général recherché par les deux parties, à savoir le raccordement optimal du réseau ferroviaire suisse au réseau ferré français, est assorti d'une énumération précise de projets d'améliorations à court et à moyen terme.
Ainsi, la liaison Paris-Genève la plus rapide, qui prend actuellement trois heures trente-cinq, prendra deux heures trente après les travaux et la liaison Paris-Lausanne - trois heures quarante-cinq aujourd'hui - prendra trois heures cinq.
Parmi les projets, la réactivation de la ligne du Haut-Bugey, qui passe par Nantua, nous semble en mesure d'apporter, à une échéance raisonnable, des gains de temps très appréciables non seulement en direction de Genève, mais aussi entre Paris et la Haute-Savoie. De même, les aménagements prévus sur la ligne du Jura faciliteront les liaisons avec Lausanne et Berne. A plus long terme, d'autres progrès sont envisageables grâce à l'extension du réseau à grande vitesse, en particulier avec le TGV Rhin-Rhône. Bâle sera alors encore plus près de Paris : de quatre heures cinquante, la durée de la liaison passera à deux heures trente.
La convention laisse toutefois chaque pays maître de la conduite de ses projets, dans le cadre des procédures nationales. Elle n'assigne pas d'échéancier précis et ne mentionne aucun engagement financier de l'un ou l'autre Etat.
Elle comporte cependant une clause très importante permettant un certain partage des investissements nécessaires aux projets envisagés. Dans ce cadre, la Suisse a déjà annoncé une participation financière très significative - 135 millions d'euros - pour la réouverture de la ligne du Haut-Bugey et l'amélioration de la traversée du Jura. Cette contribution suisse représente 45 % du coût de ces travaux, qui sont, précisons-le, entièrement effectués sur le territoire français.
Dans la même logique, des négociations sont en cours pour une contribution helvétique au profit de la branche est du TGV Rhin-Rhône, qui coûtera environ 50 millions d'euros. Les Suisses seraient prêts à payer 25 millions d'euros.
Si certaines mesures prévues dans la convention peuvent se concrétiser à échéance des actuels contrats de plan Etat-régions, c'est-à-dire à l'horizon 2006, d'autres s'inscrivent dans une perspective à moyen terme. Nous savons qu'en ce qui concerne la France le calendrier de certains projets pourra être revu à la lumière de l'audit commandé par le Gouvernement sur l'ensemble des projets d'infrastructure.
Il n'en reste pas moins que cette convention constitue un cadre très utile de concertation et de planification. Sans doute serait-il souhaitable de disposer d'instruments analogues avec d'autres pays voisins, notamment ceux, comme l'Espagne, avec lesquels les flux de transport sont les plus intenses.
Compte tenu de l'intérêt que représente l'amélioration des liaisons ferroviaires franco-suisses, tant pour les liaisons voyageurs que pour le fret, la commission des affaires étrangères vous demande, mes chers collègues, d'adopter le présent projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Conseil fédéral suisse relative au raccordement de la Suisse au réseau ferré français, notamment aux liaisons à grande vitesse (ensemble une annexe), signée à Genève le 5 novembre 1999, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Avant de mettre aux voix l'article unique du projet de loi, je donne la parole à M. Paul Blanc pour explication de vote.
M. Paul Blanc. Monsieur le secrétaire d'Etat, la signature de cette convention est, bien sûr, une excellente chose et si par ailleurs, comme M. le rapporteur y a fait allusion, un financement identique pouvait être trouvé dans les meilleurs délais pour la liaison Figueras-Perpignan, nous en serions très heureux !
Le projet est maintenant prêt, mais les financements sont difficiles à mettre en place. Je serais donc très favorable à ce que Mme la ministre déléguée aux affaires européennes engage une discussion avec l'Espagne afin que puisse être trouvé avec ce pays un accord de financement aussi avantageux que celui qui a été passé avec la Suisse. (M. le président de la commission des affaires étrangères applaudit.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
M. le président. Je constate que ce texte a été adopté à l'unanimité.

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