SEANCE DU 17 DECEMBRE 2001
SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. DANIEL HOEFFEL
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Demande d'autorisation de missions d'information
(p.
1
).
3.
Candidatures à un organisme extraparlementaire
(p.
2
).
4.
Loi de finances rectificative pour 2001.
- Discussion d'un projet de loi (p.
3
).
Discussion générale : Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget ; MM.
Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Roger
Karoutchi, Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud.
Mme le secrétaire d'Etat.
Clôture de la discussion générale.
5.
Nomination de membres d'un organisme extraparlementaire
(p.
4
).
Suspension et reprise de la séance (p. 5 )
PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS
6.
Décès d'un ancien sénateur
(p.
6
).
7.
Loi de finances rectificative pour 2001.
- Suite de la discussion d'un projet de loi (p.
7
).
Première partie
(p.
8
)
Article 1er (p.
9
)
Amendement n° 5 de la commission. - M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 2 (p. 10 )
Amendement n° 30 de M. Auguste Cazalet. - MM. Eric Doligé, le rapporteur
général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° 31 de M. Auguste Cazalet. - M. Eric Doligé. - Retrait.
Adoption de l'article.
Articles additionnels après l'article 2 (p. 11 )
Amendement n° 40 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le
rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° 47 de M. Paul Loridant. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur
général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un
article additionnel.
Article 2 bis (p. 12 )
Amendement n° 6 rectifié
bis
de la commission. - M. le rapporteur
général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 2 bis (p. 13 )
Amendement n° 80 rectifié
bis
de M. Philippe Adnot, repris par la
commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de
l'amendement insérant un article additionnel.
Amendements n°s 67 de M. Gérard Miquel et 81 rectifié de M. Philippe Adnot. -
M. le rapporteur général. - Devenus sans objet.
Article 2 ter (p. 14 )
Amendement n° 7 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
PRÉSIDENCE DE M. DANIEL HOEFFEL
Amendement n° 91 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le
secrétaire d'Etat, M. Bernard Angels. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 3 (p. 15 )
Amendement n° 8 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire
d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS
Article 4. - Adoption (p.
16
)
Article 5 (p.
17
)
Amendement n° 9 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Eric Doligé. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 6 (p. 18 )
Amendements identiques n°s 10 de la commission et 53 de M. Francis Grignon. - MM. le rapporteur général, Yves Fréville, Mme le secrétaire d'Etat, M. Eric Doligé. - Adoption des deux amendements supprimant l'article.
Article 7 (p. 19 )
Amendement n° 11 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 8 (p. 20 )
Amendement n° 12 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Article 9 (p. 21 )
Amendement n° 13 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Article 9 bis. - Adoption (p. 22 )
Mme le secrétaire d'Etat.
Suspension et reprise de la séance
(p.
23
)
Article 10 (et état A annexé) (p.
24
)
Amendement n° 100 du Gouvernement. - Mme le secrétaire d'Etat, M. le rapporteur
général. - Adoption.
Adoption de l'article et de l'état annexé modifiés.
Adoption, par scrutin public, de l'ensemble de la première partie du projet de
loi de finances rectificative.
Deuxième partie
(p.
25
)
Article 11 (et état B annexé). - Adoption (p.
26
)
Amendements n°s 101 et 102 du Gouvernement. - Mme le secrétaire d'Etat, M. le
rapporteur général. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article et de l'état annexé modifiés.
Article additionnel après l'article 11 (p. 27 )
Amendement n° 70 rectifié de M. Michel Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Thierry Foucaud. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Articles 12 (et état C annexé)
et 13 à 17. - Adoption (p.
28
)
Article additionnel après l'article 17 (p.
29
)
Amendement n° 89 du Gouvernement et sous-amendement n° 103 de la commission. - Mme le secrétaire d'Etat, M. le rapporteur général. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 18. - Adoption (p.
30
)
Article additionnel après l'article 18 (p.
31
)
Amendement n° 75 de M. Michel Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Jacques Oudin. - Rejet.
Article 18 bis (p. 32 )
Amendement n° 14 rectifié de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 18 ter (p. 33 )
Amendement n° 15 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.
Article 19. - Adoption (p.
34
)
Article 20 (p.
35
)
Amendement n° 16 rectifié de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 94 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 20 (p. 36 )
Amendement n° 39 de M. Jacques Oudin. - MM. Jacques Oudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 20
bis.
- Adoption (p.
37
)
Article additionnel après l'article 20
bis
(p.
38
)
Amendement n° 38 de M. Jacques Oudin. - M. Jacques Oudin. - Retrait.
Articles 20 ter et 21 à 23. - Adoption (p. 39 )
PRÉSIDENCE DE M. DANIEL HOEFFEL
Article additionnel après l'article 23 (p.
40
)
Amendement n° 48 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Article 24. - Adoption (p.
41
)
Article additionnel après l'article 24 (p.
42
)
Amendement n° 51 de M. Yves Detraigne. - MM. Yves Detraigne, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 25 (p. 43 )
Amendement n° 83 du Gouvernement. - Mme le secrétaire d'Etat, M. le rapporteur
général. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 26 (p. 44 )
M. Yves Fréville.
Amendement n° 17 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le
secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 36 rectifié de M. Jacques Valade. - MM. Eric Doligé, le
rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 85 du Gouvernement. - Mme le secrétaire d'Etat, M. le rapporteur
général. - Adoption.
MM. Yves Fréville, Alain Lambert, président de la commission des finances.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 26 (p. 45 )
Amendements n°s 63 de M. Jean-Paul Alduy, 64 et 65 de M. Yves Fréville. - MM.
Yves Fréville, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait des
amendements n°s 63 et 64 ; adoption de l'amendement n° 65 insérant un article
additionnel.
Amendements n°s 55 rectifié et 54 rectifié de M. Jean-Paul Alduy. - M. Yves
Fréville. - Retrait des deux amendements.
Amendement n° 78 de M. Yves Fréville. - MM. Yves Fréville, le rapporteur
général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un
article additionnel.
Amendement n° 79 de M. Yves Fréville. - Adoption de l'amendement insérant un
article additionnel.
Amendement n° 32 de M. Jacques Valade. - MM. Jacques Oudin, le rapporteur
général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un
article additionnel.
Article 26
bis.
- Adoption (p.
46
)
Article additionnel après l'article 26
bis
(p.
47
)
Amendement n° 71 rectifié de M. Michel Charasse. - MM. Michel Charasse, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 26 ter (p. 48 )
Amendement n° 66 de M. Yves Fréville. - MM. Yves Fréville, le rapporteur
général, Mme le secrétaire d'Etat, M. Thierry Foucaud. - Rejet.
Adoption de l'article.
Articles 26
quater
et 26
quinquies.
- Adoption (p.
49
)
Article additionnel après l'article 26
quinquies
(p.
50
)
Amendement n° 28 de M. Thierry Foucaud. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Article 26
sexies.
- Adoption (p.
51
)
Article additionnel après l'article 26
sexies
(p.
52
)
Amendement n° 77 de M. Jean-Yves Mano. - MM. Jean-Yves Mano, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 26 septies (p. 53 )
Amendements identiques n°s 95 de la commission, 34 rectifié de M. Jean-François Le Grand et 49 de M. Roland du Luart. - MM. le rapporteur général, Jacques Oudin, François Trucy, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait des amendements n°s 34 rectifié et 49 ; adoption de l'amendement n° 95 supprimant l'article.
Articles additionnels après l'article 26 septies (p. 54 )
Amendement n° 96 de la commission. - M. le rapporteur général, Mme le
secrétaire d'Etat, M. le président de la commission. - Adoption de l'amendement
insérant un article additionnel.
Mme le secrétaire d'Etat.
Amendement n° 69 rectifié
bis
de M. Michel Charasse. - MM. Michel
Charasse, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de
l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 2 rectifié de M. Michel Mercier. - MM. Michel Mercier, le
rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement
insérant un article additionnel.
Suspension et reprise de la séance
(p.
55
)
Article 36
(priorité)
(p.
56
)
MM. Jean Faure, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères ;
François Trucy, Alain Richard, ministre de la défense.
Amendements identiques n°s 1 de M. Hubert Falco et 43 rectifié de M. Gérard Le
Cam ; amendement n° 25 de M. Jean Faure, rapporteur pour avis. - M. Hubert
Falco, Mme Hélène Luc, MM. le rapporteur pour avis, le rapporteur général, le
ministre, Jean-Pierre Masseret, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Michel
Caldaguès, Paul Loridant, Michel Charasse. - Rejet des amendements n°s 1 et 43
rectifié ; adoption, par scrutin public, de l'amendement n° 25.
M. le ministre.
Adoption, par scrutin public, de l'article modifié.
Article 38 (priorité) (p. 57 )
MM. Yves Coquelle, Jean-Pierre Demerliat.
Amendements n°s 45 rectifié, 29 rectifié de M. Yves Coquelle, 50 rectifié de M.
Jean Pépin et 27 de M. Thierry Foucaud. - MM. Yves Coquelle, François Trucy, le
rapporteur général, Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. -
Retrait de l'amendement n° 50 rectifié ; rejet, par scrutin public, de
l'amendement n° 45 rectifié ; rejet des amendements n°s 27 et 29 rectifié.
Adoption de l'article.
MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat.
Articles additionnels après l'article 26 septies (suite) (p. 58 )
Amendement n° 33 de M. Jean-Paul Delevoye. - MM. Jacques Oudin, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 27 (p. 59 )
Amendement n° 84 du Gouvernement. - Mme le secrétaire d'Etat, M. le rapporteur
général. - Adoption.
Amendement n° 62 rectifié de M. Philippe Arnaud. - MM. Yves Detraigne, le
rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° 87 du Gouvernement. - Mme le secrétaire d'Etat, M. le rapporteur
général. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Articles 28 et 28
bis.
- Adoption (p.
60
)
Article 29 (p.
61
)
Amendement n° 68 de M. Michel Moreigne. - MM. Michel Moreigne, le rapporteur
général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article.
Article 29 bis (p. 62 )
Amendements n°s 18 de la commission, 60 de M. Philippe Arnaud ; amendements identiques n°s 58 rectifié de M. Gérard Cornu et 61 de M. Philippe Arnaud. - MM. le rapporteur général, Yves Detraigne, Jacques Oudin, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait des amendements n°s 18 et 60 ; adoption des amendements n°s 58 rectifié et 61 rédigeant l'article.
Articles 30, 31 et 31 bis. - Adoption (p. 63 )
Renvoi de la suite de la discussion.
8.
Transmission d'un projet de loi
(p.
64
).
9.
Dépôt d'une proposition de loi
(p.
65
).
10.
Textes soumis au Sénat en application de l'article 88-4 de la Constitution
(p.
66
).
11.
Ordre du jour
(p.
67
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. DANIEL HOEFFEL
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à dix heures trente-cinq.)
1
PROCÈS VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
DEMANDE D'AUTORISATION DE MISSIONS D'INFORMATION
M. le président.
M. le président du Sénat a été saisi par M. Xavier de Villepin, président de
la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées,
d'une demande tendant à obtenir du Sénat l'autorisation de désigner trois
missions d'information :
- En Inde et au Pakistan, pour apprécier le rôle stratégique de chacun de ces
deux pays et mesurer l'évolution de leur influence respective après les
événements d'Afghanistan.
- En Israël et dans les territoires palestiniens, pour contribuer au dialogue
mutuel.
- Aux Etats-Unis, afin d'étudier l'évolution de la politique de défense après
le 11 septembre 2001.
M. le président du Sénat a été saisi par M. Jacques Valade, président de la
commission des affaires culturelles, d'une demande tendant à obtenir du Sénat
l'autorisation de désigner les missions d'information en province et dans les
Etats de l'Union européenne, suivantes :
- Evolution du secteur de l'exploitation cinématographique ;
- Gestion des collections des musées ;
- Diffusion de la culture scientifique ;
- Patrimoine immobilier universitaire.
M. le président du Sénat a été saisi par M. René Garrec, président de la
commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel,
du règlement et d'administration générale, d'une demande tendant à obtenir du
Sénat l'autorisation de désigner une mission d'information sur l'évolution des
métiers de la justice.
Le Sénat sera appelé à statuer sur ces demandes dans les formesd fixées par
l'article 21 du règlement.
3
CANDIDATURES À UN ORGANISME
EXTRAPARLEMENTAIRE
M. le président.
Je rappelle au Sénat que M. le Premier ministre a demandé au Sénat de bien
vouloir procéder à la désignation de deux sénateurs appelés à siéger au sein du
Conseil supérieur des prestations sociales agricoles.
La commission des finances a fait connaître qu'elle propose la candidature de
M. Joël Bourdin pour siéger en qualité de membre titulaire au sein de cet
organisme extraparlementaire.
La commission des affaires sociales propose également la candidature de M.
Claude Domeizel pour siéger en qualité de membre suppléant au sein de cet
organisme extraparlementaire.
Ces candidatures ont été affichées et seront ratifiées, conformément à
l'article 9 du règlement, s'il n'y a pas d'opposition à l'expiration du délai
d'une heure.
4
LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE
POUR 2001
Discussion d'un projet de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi de finances
rectificative pour 2001 (n° 123, 2001-2002), adopté par l'Assemblée nationale.
[Rapport n° 143 (2001-2002) et avis n° 144 (2001-2002).]
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat au budget.
Monsieur le président, monsieur le
rapporteur général, mesdames, messieurs les sénateurs, du point de vue
strictement formel, on peut concevoir le projet de loi de finances
rectificative comme un exercice annuel et rituel, une comptabilité ligne à
ligne des ouvertures et des annulations de crédits décidées ou réajustées en
cours d'année. Pourtant il est loin de n'être que cela.
Je l'ai dit à plusieurs reprises, un projet de loi de finances, c'est la
rencontre d'une situation économique et sociale, d'une volonté politique et des
moyens pour la mettre en oeuvre.
Mais la réalité économique n'est pas immuable : elle varie en fonction des
évolutions de la conjoncture observées au fil des mois.
Le projet de loi de finances rectificative vient donc traduire dans les faits
la prise en compte de ces évolutions et la nécessité d'ajuster le projet
initial. Il constitue, par conséquent, une étape significative dans la gestion
de nos finances publiques : il en complète et en parachève la cohérence et la
sincérité.
Cette année particulièrement, ce projet de loi de finances rectificative est
un texte important du point de vue de la politique économique du Gouvernement,
à la fois parce que c'est le dernier collectif de la législature et parce que
la conjoncture est assurément moins heureuse.
Je suis donc convaincue que vous ne me tiendrez pas rigueur de rappeler,
au-delà de l'inventaire technique et de l'examen chiffré, nos orientations et
nos choix budgétaires au service de la croissance et de la solidarité
durables.
Lorsque nous avons présenté le projet de loi de finances pour 2002, à la
mi-septembre, nous avons retenu une hypothèse de croissance pour l'année 2001
de 2,3 %, avec un seuil bas de 2,1 %. Cette fourchette était inférieure de plus
de un point à l'hypothèse de croissance retenue dans le projet de loi de
finances pour 2001, car elle intégrait l'information dont nous disposions alors
sur le ralentissement économique constaté au premier semestre. Au mois de
juillet dernier, Laurent Fabius et moi-même avions fait de même pour les
recettes fiscales ; cette révision est traduite dans le collectif qui vous est
soumis.
Depuis près d'un, la conjoncture économique a été singulièrement bouleverse.
La flambée des prix du pétrole, l'an passé, et le dégonflement de la bulle
spéculative dans les secteurs de la nouvelle économie ont fait ralentir la
croissance aux Etats-Unis ainsi que dans la zone euro dès le second semestre
2000. Le coup de frein a été particulièrement marqué dans l'industrie. La
production industrielle a baissé aux Etats-Unis, au Japon et en Allemagne. Les
échanges commerciaux se sont repliés, après deux ans d'exubérance.
Les attentats du 11 septembre ont, en quelque sorte, résonné comme un coup de
tonnerre dans un ciel qui était déjà assombri. Ils ont temporairement perturbé
la production aux Etats-Unis, ralenti encore les échanges et cristallisé les
inquiétudes.
La France s'est plutôt mieux sortie que ses partenaires européens des premiers
effets du retournement, probablement grâce à nos baisses d'impôt. Notre
croissance a résisté jusqu'au début de cette année. Mais, depuis l'hiver
dernier, la croissance a été, il est vrai, nettement moins forte dans notre
pays ; l'emploi et l'investissement ont ralenti au printemps, la baisse du
chômage s'est interrompue cet été. L'inflexion de l'activité mondiale ne nous a
pas épargnés ; elle ne pouvait pas nous épargner.
Nos entreprises industrielles sont plus qu'auparavant engagées sur des marchés
à la dimension de l'Europe ou du monde. Elles ont réduit la voilure dès
qu'elles ont perçu le ralentissement de l'activité mondiale, taillant dans
leurs stocks, suspendant certains projets d'investissement, ralentissant
l'embauche.
A cet ajustement de la demande des entreprises, rapide et parfois douloureux,
se sont ajoutés, au printemps, les effets immédiats sur la consommation des
ménages de la bouffée d'inflation qui a frappé l'Europe avec la crise
alimentaire et les tensions renouvelées sur le prix du pétrole. L'activité a
alors fortement ralenti.
Toutefois, ce ralentissement ne s'est pas manifesté partout de la même
façon.
L'expérience des crises de ces dernières années a, en effet, montré que les
grandes économies européennes ne réagissaient ni en même temps ni de la même
manière, et ce malgré des taux d'intérêt et de change qui sont désormais
communs.
En matière de structures économiques, de marchés du travail ou de politiques
budgétaires, des différences existent entre nos pays. Elles expliquent des
chiffres de croissance contrastés d'un Etat à l'autre de la zone euro, même si
aucun pays ne peut évidemment être indemne.
Certaines caractéristiques de l'économie française et notre politique
économique devaient maintenir une consommation des ménages robuste, au-delà des
à-coups mensuels, et éviter un fléchissement trop brutal de l'activité
économique d'ensemble : modération des prix, maintien d'un flux de créations
nettes d'emploi dans notre pays, légère accélération des salaires individuels
et calendrier judicieux des baisses d'impôts.
Les derniers résultats vont dans le sens de cette analyse. Les prix ont baissé
de 0,2 % sur les six derniers mois, près de 200 000 emplois ont été créés
depuis le début de l'année et 30 000 l'ont été encore au troisième trimestre.
De plus, le salaire individuel de base a progressé, fin septembre, de 2,5 % sur
douze mois. Par ailleurs, la consommation des ménages en produits manufacturés
a augmenté de 1,7 % au troisième trimestre par rapport au précédent. Enfin, la
croissance du troisième trimestre a été robuste, soit 0,5 %.
Sur les quatre derniers trimestres, la France a connu, comme le Royaume-Uni,
une croissance de 2 %, l'Italie se situant à 1,8 %, les Etats-Unis à 0,6 % et
l'Allemagne à 0,5 %. Quant au Japon, il a enregistré une baisse de 0,4 %.
Mais l'alerte est très sérieuse et sans doute plus grave qu'au moment de ce
que l'on appelle le « trou d'air », parce que toutes les zones ont ralenti et
parce que le ralentissement a été suffisamment prolongé pour commencer à mordre
sur les marchés du travail.
Au moment des attentats, nous avions identifié trois risques : le risque
pétrolier, le risque financier et le risque psychologique. Sur ces trois
points, les évolutions récentes sont encourageantes et créent les conditions de
la reprise.
Tout d'abord, le prix du pétrole a fortement baissé et les prix à la pompe ont
suivi. Le prix du litre de carburant ou de fioul domestique a baissé d'un franc
par rapport à l'automne 2000. C'est une bonne nouvelle quant à l'inflation,
dont le taux est tombé à 1,2 % en novembre, et pour le pouvoir d'achat des
prochains mois. La baisse de notre facture énergétique, c'est en effet un
élément favorable à la croissance.
Ensuite, l'argent est moins cher. Les baisses de taux d'intérêt ont été amples
et rapides après les attentats, et c'est là ausi un élément favorable à
l'activité économique pour 2002. A cela s'ajoute le fait que, si les marchés
boursiers ont enregistré des pertes sévères, ces dernières sont aujourd'hui
rattrapées.
Le risque psychologique, enfin, est certainement le risque qui demeure le plus
sérieux. La confiance des entrepreneurs et des ménages a accusé le coup cet
automne, et leur pessimisme s'est alimenté des statistiques qui portent encore
la trace du choc des attentats. Mais, avec les derniers développements
militaires et l'espoir d'un dénouement heureux, le vent peut commencer de
tourner. La confiance des ménages français et américains a retrouvé un peu de
tonus en novembre, la confiance des entrepreneurs américains aussi.
Dans ce contexte, le projet de loi de finances rectificative traduit d'abord
la volonté du Gouvernement d'accompagner l'évolution de l'économie et de
laisser jouer les stabilisateurs du budget en recettes.
Dans le collectif que nous vous présentons, le déficit du budget de l'Etat est
fixé à 212,48 milliards de francs - soit 32,4 milliards d'euros -, soit une
hausse de 25,9 milliards de francs par rapport à la loi de finances initiale
pour 2001, montant qui correspond précisément au montant des baisses de
prélèvement fiscaux par rapport à la loi de finances initiale indiquées il y a
deux mois lors du dépôt du projet de loi de finances pour 2002.
Le déficit est donc pratiquement identique à celui du collectif de la fin de
l'année 2000 qui s'établissait à 209,5 milliards de francs.
Le palier en matière de réduction du déficit de l'Etat qui est en quelque
sorte réalisé est rendu nécessaire par le ralentissement de l'économie. Mais je
rappelle qu'une nouvelle réduction de ce déficit figure dans la loi de finances
pour 2002, qui ramène le déficit de l'Etat à 30,4 milliards d'euros.
Pour le Gouvernement, laisser jouer les « stabilisateurs automatiques » en
recettes signifie qu'il ne compensera pas les moins-values de recettes par des
coupes claires dans les dépenses : c'est un choix que nous faisons pour la
croissance.
En retour, cette stratégie nous impose d'être pleinement respectueux de la
norme en dépense que nous nous sommes fixée. Les dépenses auront progressé en
moyenne et en francs constants d'un quart de point par an.
Les ouvertures nettes du budget général s'établissent à 5,1 milliards de
francs et, compte tenu de la révision de la prévision d'inflation qui est
passée de 1,2 % dans la loi de finances initiale à 16,5 % au moment où je vous
parle pour l'année 2001, cette progression en valeur courante traduit en
réalité une stabilité en francs constants par rapport à la loi de finances
initiale : dit autrement, le projet de loi de finances rectificative respecte
clairement l'objectif de progression en volume de 0,3 % des dépenses du budget
général pour 2001.
Les ouvertures que nous consentons portent pour l'essentiel sur l'intérieur et
la défense ; nous avons d'ailleurs eu l'occasion d'en évoquer certaines lors de
la discussion du projet de loi de finances pour 2002. Elles portent également
sur le secteur social où nous nous attachons à respecter nos engagements à
l'égard de l'hôpital.
Les mesures fiscales de ce projet de loi portent principalement la marque du
plan de consolidation de la croissance annoncé par Laurent Fabius le 16 octobre
dernier. Ni l'Etat ni les impôts ne peuvent évidemment à eux seuls déterminer
la vigueur de la croissance mais, s'ils sont bien orientés, ils doivent, ils
peuvent la protéger et la conforter.
Les 8,5 millions de foyers qui ont bénéficié, il y a trois mois, de la prime
pour l'emploi la verront doubler pour 2001. La prime pour l'emploi, c'est un
instrument fiscal destiné à diminuer les charges fiscales sur le travail. Elle
a constitué - et je crois, mesdames, messieurs les sénateurs, que vous partagez
ce point de vue - une innovation et un succès populaire grâce au vote de la
majorité en mai 2001 et grâce à une mobilisation sans précédent de nos
services.
Il est juste et utile de penser aux plus modestes des travailleurs qui, par
leurs efforts, ont puissamment contribué à l'activité et, par leur
consommation, ont consolidé la croissance face au choc du ralentissement.
En même temps que la demande, le gouvernement de Lionel Jospin est attaché à
soutenir l'offre et l'investissement des entreprises. En période d'incertitude
et parfois d'inquiétude, celles-ci ont besoin d'oxygène et de visibilité. Elles
ont besoin d'être soutenues dans leurs initiatives et dans leur développement.
Les pouvoirs publics sont résolus à être des partenaires fiables et solides
pour tous ceux qui entreprennent et prennent des risques.
Ainsi, les entreprises peuvent pratiquer jusqu'au 30 mars 2002 un
amortissement exceptionnel de 30 % sur l'investissement dans les biens
d'équipement. Nous avions annoncé que cette mesure démarrerait dès le 17
octobre, et ce présent projet de collectif traduit cet engagement.
Par ailleurs, 15 000 entreprises auxquelles l'Etat devait encore de l'argent
au titre de la suppression du décalage d'un mois de la TVA seront remboursées
dès 2002, avec cinq ans d'avance sur l'échéance. Elles disposeront ainsi de
1,22 milliard d'euros d'argent frais sans impact sur le solde budgétaire de
l'Etat.
Enfin, les entreprises d'assurance, qui doivent faire face à l'amplification
brutale d'un certain nombre de risques depuis le 11 septembre, verront
certaines dispositions fiscales améliorées, avec mesure mais en rapport avec
les nécessités du moment.
Le présent projet de loi de finances rectificative est le dernier que
l'Assemblée nationale et le Sénat auront à examiner avant le passage à l'euro.
Deux semaines nous séparent maintenant de la monnaie unique. Pour 300 millions
d'Européens, le 1er janvier 2002 marquera véritablement l'entrée dans le
nouveau siècle.
Pour l'heure, l'euro joue son rôle de bouclier pour les économies des douze
nations qui l'ont adopté, notamment pour la nôtre, pour nos emplois et pour nos
entreprises. Depuis le début de l'année, l'euro a amorti les effets du
ralentissement. L'euro nous a donc protégés, et il nous protégera encore.
Le devoir des pouvoirs publics est de tout mettre en oeuvre pour que le
passage à l'euro en pièces et en billets soit un succès.
Le passage à la monnaie unique n'est pas sans effets sur le collectif qui vous
est présenté. Un article vous propose les dernières conversions de montants ou
de seuils intervenus depuis l'ordonnance de septembre 2000 qui avait permis
d'assurer le gros du travail. Nous n'avons pas hésité à corriger certaines
conversions, qui, à tort ou à raison, pouvaient sembler trop approximatives ou
trop peu généreuses.
En matière de conversion de seuils fiscaux comme dans les autres domaines, la
neutralité du passage à l'euro doit prévaloir. Les conversions opérées sont
d'une précision bien plus scrupuleuse que la fourchette autorisée par le
règlement communautaire qui permet une approximation de plus ou moins 7 %. Pour
plus de huit sur dix d'entre elles, nos conversions sont comprises entre plus
ou moins 1 %. Néanmoins, certaines conversions de montants bien connus ont paru
exagérément sévères. C'est la raison pour laquelle il vous est proposé de les
revoir de manière plus ajustée.
Ce projet de loi de finances rectificative comporte aussi des dispositions
utiles pour mieux intégrer notre fiscalité, donc notre économie, dans
l'Europe.
Par exemple, la transposition de la directive sur le redevable de la TVA va
permettre une simplification importante pour les opérateurs qui souhaitent
commercer dans l'Union. Sans que soient diminuées pour autant les possibilités
de contrôle fiscal, ils n'auront plus à désigner de représentant fiscal.
Je citerai aussi une autre avancée. Deux régimes fiscaux qui étaient jusqu'à
présent considérés comme dommageables sont remis en conformité, afin que notre
pays soit exemplaire et puisse garantir à nos entreprises des choix fiscaux
sûrs et à l'abri de contentieux communautaires. Bâtir l'Europe, c'est aussi
simplifier la vie des agents économiques au sein de l'Union.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le projet de loi de finances rectificative
que Laurent Fabius et moi-même vous présenteront au nom du Gouvernement et que
je vous demande d'adopter est le dernier acte budgétaire de la législature.
Grâce aux choix qui ont été opérés sous l'autorité du Premier ministre, la
France est aujourd'hui plus forte que quand nous avons accédé aux
responsabilités.
M. Jean-Pierre Demerliat.
Et oui !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Elle est plus forte pour convertir la croissance en
emplois et en investissements lorsque la conjoncture est favorable, plus forte
pour préserver l'activité et le pouvoir d'achat lorsque l'économie mondiale est
affaiblie.
De nombreuses réformes économiques, industrielles et financières ont été
engagées, d'autres restent à engager. Elles ne seront possibles que si elles
sont conçues avec sérieux. Elles ne seront acceptées que si elles sont menées
dans un esprit de concertation. Elles ne seront viables que si elles prennent
en compte les exigences du long terme. Enfin, elles ne mobiliseront nos
concitoyens que si elles sont porteuses de nouvelles espérances. C'est le sens
de notre action.
La France ne manque ni d'atouts ni d'ambitions. Que cela renforce encore notre
volonté de conduire notre pays sur le chemin de la démocratie et de la
prospérité !
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Madame le secrétaire d'Etat, cet
exercice annuel et rituel, disiez-vous, ne semble pas, du point de vue du
Gouvernement, nécessiter autre chose que la redite de ce que nous avons
longuement entendu à l'occasion de la récente discussion du projet de loi de
finances pour 2002.
Les choses sont en réalité un peu différentes !
M. Jean Chérioux.
Eh oui !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
On comprend que le Gouvernement tente, faisant profil
bas - par votre bouche autorisée, mais c'est celle d'un secrétaire d'Etat,
paraît-il, privé de circonscription -,...
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Quel rapport avec le débat ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
... de faire passer ce texte pour une série de petits
ajustements comptables et de signaux modérés et limités.
A la vérité - on est dans le domaine du symbole -, outre qu'il s'agit du
dernier budget en francs, celui-ci est vraiment le dernier des derniers : le
dernier budget selon l'ancienne méthode, c'est-à-dire avant l'entrée en vigueur
de la nouvelle loi organique, et le dernier - une sorte de testament ! - texte
budgétaire de la législature dont prend la responsabilité l'actuel
gouvernement.
Le moment est donc propice pour refaire rapidement le point sur la politique
et sur le bilan. Dans un second temps, je tâcherai de vous montrer que, si
beaucoup d'erreurs ont été faites sur le plan de la gestion des finances
publiques depuis 1997, ce collectif en est, en quelque sorte, le condensé. Il
s'agit d'un exercice particulièrement pédagogique et utile de ce point de
vue.
Rappelons que le bilan se caractérise par trois choses : l'accroissement
déraisonnable des prélèvements, la non-maîtrise de la dépense publique et le
laxisme en matière de déficit.
S'agissant de l'accroissement des prélèvements, ces derniers ont apporté à
l'Etat, entre 1997 et 2001, 600 milliards de francs de plus. En termes de taux
de prélèvements obligatoires, cela représente, en 2001, selon les chiffres de
l'OCDE, 48,9 % du PIB en France contre 45,2 % pour la moyenne des pays de la
zone euro.
Nous en connaissons les raisons : c'est, d'abord, la hausse des prélèvements
sociaux - plus que la hausse des impôts -, lesquels sont passés de 20,5 % à
21,4 % de PIB depuis 1997. C'est, ensuite, l'alourdissement de l'impôt sur les
sociétés, car - le Gouvernement s'en est aperçu -, les entreprises ne votant
pas, ce sont des matières imposables beaucoup plus dociles ! C'est, en outre,
le rendement de l'impôt sur le revenu, qui a augmenté de près de 20 % sur la
période 1997-2001. C'est, enfin, s'agissant de l'année 2002, la mise en oeuvre
des dispositions promises dans le plan Fabius et, pour arriver vaille que
vaille à gérer les choses ou du moins à les présenter, le recours à des
recettes de poche, des recettes exceptionnelles, des recettes non fiscales pour
un niveau jamais atteint jusqu'ici.
Finalement, un voile pudique est jeté au bon moment, madame le secrétaire
d'Etat, sur la croissance des prélèvements obligatoires qui a été très lourde
depuis 1997 et qui risque de perdurer alors que l'on raconte un certain nombre
de choses agréables à l'opinion publique.
En ce qui concerne ce bilan, que je résume ainsi à grands traits, outre
l'accroissement des prélèvements, il faut souligner la non-maîtrise des
dépenses publiques : faire toujours plus pour éviter de faire mieux.
Le poids des dépenses consacrées à la fonction publique est, vous le savez, la
clé de l'analyse, puisque la part relative de la fonction publique dans le
budget de l'Etat est passée de 40,7 % à 43,3 % de 1997 à 2002. Chers collègues
de la majorité, beaucoup de choses nous ont été dites lors de la discussion
récente de la loi de finances, mais aucune réponse n'a été apportée à cette
simple remarque : vous rigidifiez sans cesse davantage le budget de l'Etat en y
faisant apparaître une part de plus en plus importante de dépenses consacrées à
la fonction publique. C'est une réalité. Dans l'argumentaire qui nous est
opposé, cet aspect est traité - quand il l'est - de façon furtive. Il est,
certes, difficile de dire le contraire de la réalité.
A la vérité, la priorité qui est donnée aux dépenses de fonctionnement de la
fonction publique ne fait pas plaisir aux fonctionnaires. Il s'agit là d'un
paradoxe, qui incite à quelques méditations, mes chers collègues. En effet, au
moment où l'on promet le recrutement en 2002 de 84 000 nouveaux fonctionnaires,
on voit s'exprimer au sein de la fonction publique, d'une manière amplifiée et
parfois selon des méthodes sans précédent, un mécontentement et un mal-être. Ce
paradoxe est singulier car, depuis 1997, c'est la vraie priorité du budget de
l'Etat.
Quand on examine les documents relatifs aux finances publiques, depuis 1997,
on s'aperçoit que le plus gros consommateur de dépenses de main-d'oeuvre est le
ministère de l'éducation nationale. En effet, 60 milliards de francs
supplémentaires ont été consacrés à l'éducation, contre 13 milliards de francs
supplémentaires seulement pour la justice et la sécurité. Et ce n'est qu'une
comparaison parmi d'autres !
Il est donc permis de s'interroger - c'est ce que nous avons fait tout au long
de la discussion budgétaire - sur l'efficacité de cette dépense publique. La
réponse à la demande d'éducation est-elle plus adéquate pour autant ? Ces
crédits supplémentaires satisfont-ils mieux les besoins qui s'expriment dans
les différents cycles de l'enseignement ? Sur ce point, mes chers collègues, je
me permets de vous renvoyer aux interrogations que nous avons formulées dans
nos rapports budgétaires et à l'occasion des débats.
Ce que nous savons, c'est que cette non-maîtrise de la dépense publique de
fonctionnement s'est exercée surtout au détriment d'une variable d'ajustement,
qui apparaît en tant que telle dans tous les budgets annuels depuis 1997, le
titre V de la défense. L'investissement militaire a en effet souffert, depuis
1997, d'annulations de crédits représentant 32 milliards de francs, soit deux
porte-avions ou un porte-avions et une bonne partie d'une flotte
d'accompagnement, ou encore un certain nombre de commandes d'avions de combat,
toutes choses qui font défaut, et ce d'autant plus qu'en matière de défense la
logique budgétaire ne saurait conduire à remettre en cause les objectifs
solennellement affirmés par notre pays.
Après la hausse des prélèvements et la non-maîtrise de la dépense publique,
j'en viens au laxisme en matière de déficit, troisième élément qu'il convient
de rappeler.
Le collectif budgétaire en est une illustration, puisque l'écart négatif se
creuse par rapport à la loi de finances.
Mais, si nous raisonnons sur une série un peu plus longue de chiffres, nous
constatons, s'agissant du budget de l'Etat - je parle bien de l'Etat, et non
pas du secteur public à ce stade - que le besoin de financement, c'est-à-dire
le déficit, est resté au même niveau de 1999 à 2002, de budget à budget : 2,5
points de PIB en 1999, 2,4 points de PIB en 2002. Certes, il s'agit d'une
donnée brute, mais il importe de se rappeler que, dans l'intervalle, l'économie
a connu une croissance en volume de 3,4 points en 1998, de 2,9 points en 1999
et de 3,1 points en 2000 !
Madame le secrétaire d'Etat, cette croissance que vous vous targuez d'avoir
impulsée ou que vous n'auriez point cassée ou que vous auriez amplifiée - que
sais-je ? -, elle a tout juste permis de stabiliser le besoin de financement de
l'Etat. Comment fera-t-on lorsque la croissance se sera ralentie ?
Naturellement, on devra accepter, vaille que vaille, avec toutes les charges de
fonctionnement, l'accroissement du déficit, et donc une place peu enviable dans
le cortège européen !
Permettez-moi de revenir une fois de plus sur la dette. Si l'on classe les
Etats de l'Union européenne dans l'ordre croissant de leur endettement par
habitant, on s'aperçoit que la France, qui était au troisième rang en 1997,
sera au neuvième rang en 2002. De 1997 à 2002, la dette négociable de l'Etat a
augmenté de 1 120 milliards de francs.
Qu'a-t-on fait des fruits de la croissance, alors que celle-là a connu,
pendant tout une période, un taux historiquement élevé ? Mes chers collègues,
nos concitoyens auront très prochainement à formuler un jugement sur une
question de fond : qu'a fait le gouvernement Jospin de notre croissance ?
A partir de là, quelle perspective nous est tracée en termes de convergence
européenne et de crédibilité de l'euro ? Quel crédit attacher au programme
triennal, que vous nous avez très brièvement commenté, voilà peu de temps,
madame le secrétaire d'Etat ?
Je rappelle que ce programme triennal maintient le principe de l'équilibre
pour 2004 tout en faisant figurer tout l'effort, ou presque, en 2003. De
surcroît, il apparaît calculé à partir du résultat, ce qui, naturellement, ne
peut susciter ni en France ni à l'étranger, hélas ! un sentiment de
crédibilité.
Mes chers collègues, voilà brossés à très grands traits les éléments dont il
faudra se souvenir pour évaluer la gestion de nos finances publiques depuis
1997.
A présent, je voudrais vous montrer en quelques phrases que le collectif
budgétaire qui nous occupe est la bonne illustration de tout ce qui précède :
c'est un condensé de toutes ces erreurs, en premier lieu en matière budgétaire,
en second lieu sur le plan fiscal.
En matière budgétaire, tout d'abord, le déficit dérape de près de 26 milliards
de francs, car, la croissance n'ayant pas été au rendez-vous comme escompté,
les recettes fiscales sont plus faibles de 25 milliards de francs.
Donc, des recettes fiscales plus faibles et un déficit qui augmente. Et les
dépenses, que font-elles ? Les maîtriset-on ? Non, les dépenses augmentent
davantage. C'est que l'on distribue - nous sommes en période préélectorale et
en plein « arrosage » de Noël - 8 milliards de francs de prime pour l'emploi.
C'est une urgente nécessité, n'est-ce pas ? Et la mesure est financée par le
déficit ! Et l'on augmente l'ensemble des crédits de 5 milliards de francs !
Voilà ce que nous dit le tableau « Emploi et ressources » du collectif
budgétaire.
Madame le secrétaire d'Etat, les engagements préélectoraux et la baisse des
recettes ficales représentent plus de 41 milliards de francs à financer.
Comment ? Je regrette, à cet instant, mes chers collègues, de ne pas disposer
d'un tableau qui vous montrerait d'un seul coup d'oeil que ces 41 milliards de
francs sont financés, pour deux tiers, par du déficit supplémentaire et, pour
le tiers restant, par des « recettes de poche ».
On va ainsi pomper l'Institut national de la propriété industrielle, l'INPI ;
on va pomper, de même, le Bureau de recherches géologiques et minières, le
BRGM, bref, on va pomper, ici et là, une série de caisses sur lesquelles on
peut mettre la main. Je ne dis pas qu'il ne faut pas le faire, madame le
secrétaire d'Etat ; il faut le faire ; mais ce sont des fusils à un coup que
l'on se garde opportunément pour le moment où l'on s'en servira. C'est de la
gestion politicienne et préélectorale.
Et puis, il faut relever ce zeste de chance dont vous bénéficiez dans votre
collectif budgétaire, madame le secrétaire d'Etat : pour des raisons
mécaniques, la diminution du prélèvement au profit des Communautés européennes
vous permet de limiter aux deux tiers du financement l'augmentation du
déficit.
J'en viens au plan fiscal. Mes chers collègues, je voudrais vous rendre
extrêmement attentifs au cours de la discussion des articles. Ce collectif
budgétaire comporte, en effet, soixante-dix-huit articles, contre quarante-sept
à l'origine.
Trente et un articles nouveaux ont donc été insérés par l'Assemblée nationale,
dont certains par amendement du Gouvernement. Ce procédé - on ne saurait trop
le dire - est scandaleux. En effet, de nombreuses mesures étaient préparées de
longue date que l'on veut nous soumettre aujourd'hui à la va-vite,
subrepticement, dans les derniers jours de l'année. On se dit sans doute que
ces vieux sénateurs seront fatigués, qu'ils n'auront pas le temps d'examiner
les articles.
(Sourires.).
Sur ce point, vous vous trompez, madame le secrétaire d'Etat ; d'ailleurs,
vous le savez bien ! Même si nous n'avons disposé que de quelques jours, au
sein de la commission, nous avons fouillé chacun des articles ! Mais, lorsque
nous estimerons n'avoir pas pu aller au bout du travail nécessaire, nous
proposerons, bien sûr, la suppression de la déposition intéressée, non sans
avoir, au préalable, formulé nos questions et nos interrogations. Car, madame
le secrétaire d'Etat, il y a, dans ce texte, des dispositions fondamentales.
Prenez la réforme de la Direction des constructions navales, la DCN, qui nous
arrive en collectif budgétaire : elle mérite débat, cela ne se fait pas comme
ça, « passez muscade » ; il faut savoir ce que l'on fait, pourquoi on le fait,
et avec quels objectifs.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Ce n'était pas un amendement !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
L'article 38, qui concerne les concessions de
transport de gaz, est tout aussi important, tout aussi intéressant.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Ce n'était pas non plus un amendement !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Le dispositif doit conditionner l'ouverture du marché
gazier à plus de concurrence. Cela mérite aussi un vrai débat, madame le
secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Dites-le au Conseil d'Etat, monsieur le rapporteur
général !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Autant de bons sujets, de sujets intéressants, mais
qui nous arrivent dans un cortège de soixante-dix-huit articles, au milieu des
choux, des navets et des carottes, dans un véritable inventaire à la Prévert.
Cela ne nous empêchera pas de faire en sorte que les questions soient bien
explicitées, que les débats se tiennent.
Prenez encore la réforme de la garantie COFACE, la compagnie française
d'assurance pour le commerce extérieur, relative au financement du programme
d'avions gros porteurs Airbus, à l'article 40 : encore une fois, c'est
important, c'est un sujet de fond, c'est un sujet qui mériterait en soi une
large discussion au Parlement et de nombreuses informations. Et la garantie de
l'Etat pour l'exposition universelle de la Seine-Saint-Denis ? C'est un vrai
sujet, qui exigerait, là aussi, que le Parlement ait toute capacité pour
l'approfondir encore et l'élucider.
Je n'irai pas plus loin dans les allusions, mais de nombreux autres articles
pourraient susciter les mêmes remarques.
En outre, madame le secrétaire d'Etat, je crois pouvoir dire que, pour ce qui
est des articles fiscaux, il y a, dans ce texte, beaucoup de légèreté
constitutionnelle. C'est une tradition en fin d'année de compter sur la moindre
vigilance de la rue Montpensier. C'est une erreur ; en tout cas, nous, nous
serons fidèles à nos habitudes : nous avons beaucoup de raisons de vouloir
déférer ce collectif budgétaire au Conseil constitutionnel.
Madame le secrétaire d'Etat, quand on examine ce texte, on peut vraiment
s'interroger : y a-t-il encore un pilote à Bercy ? Je me pose très sérieusement
la question.
J'écoute avec intérêt, parfois avec plaisir, M. le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie, et je trouve qu'il tient des propos de bon sens.
Mais, quand je mets en parallèle ses propos et le bilan collectif du
gouvernement Jospin, je constate un hiatus extrêmement choquant : d'un côté, le
projet personnel d'un ministre qui s'exprime et, de l'autre, le bilan collectif
du gouvernement auquel il appartient.
Or, quelle est la réalité ? La réalité est inscrite dans les faits que vous
avez assumés collectivement depuis un grand nombre d'années. Le ministre
voudrait réduire le déficit, et donc les impôts de demain. Il se produit le
contraire ! Le ministre demande à M. Charzat un rapport sur l'attractivité de
notre territoire et sur les mesures destinées à accroître la compétitivité
fiscale de nos entreprises en Europe ; il fait même la promotion de ce rapport
en public. Mais il n'en tient à peu près aucun compte dans les textes
budgétaires ! Le ministre dit vouloir limiter la pression fiscale sur les
entreprises mais, l'an dernier, il assume, en loi de finances, la baisse de
l'amortissement dégressif, pour, cette année, par une « mesurette », faire un
peu le contraire pendant une période de trois mois ! Madame le secrétaire
d'Etat, au-delà de la publicité personnelle et de relations publiques bien
gérées, y a-t-il un pilote à Bercy ? Là encore, le débat, dans les mois qui
viennent, nous permettra de placer ces sujets au coeur des vrais choix des
Français.
Le ministre met, semble-t-il, au centre de sa politique le respect - du moins,
si on le croit - d'une norme stricte de progression de la dépense. Mais nous
avons appris par les médias, presque chaque jour, pendant toute une période,
l'ouverture de telle ou telle dépense supplémentaire. Nous avons eu le
sentiment que les vannes étaient ouvertes, que le pompier Fabius devenait
véritablement pyromane ! En tout cas, il semble bien qu'il doive, que vous
deviez, madame le secrétaire d'Etat, supporter budgétairement le fait d'avoir
si longtemps négligé les fonctions régaliennes de l'Etat.
Essayons de nous faire une idée de toutes ces « rallonges ».
Il s'agit, d'abord, de 772 millions de francs supplémentaires pour la police,
dont 697 millions de francs sont financés par des économies de fonctionnement.
Immédiatement, on découvre, sur les budgets de différents ministères, des
lignes où l'on peut « couper ». C'était impossible jusque-là mais, en l'espace
d'une nuit, c'est devenu possible. On pratique des réductions forfaitaires,
comme nous, il y a quelques années, nous les pratiquions, en faisant nos
pauvres petits budgets alternatifs et de confiance : et l'on nous disait alors
que nous étions de véritables sauvages,...
M. Jean-François Le Grand.
Des sauvageons !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
... que tout cela était sans fondement, que chaque
franc des budgets était indispensable.
Madame le secrétaire d'Etat, vous le savez, quand il faut, dans l'élaboration
d'un budget, accepter certaines priorités, il n'y a pas trente-six manières de
le faire : on doit réaliser des coupes budgétaires.
Il s'agit, ensuite, d'une première tranche de 800 millions de francs pour les
gendarmes, financée par la baisse du titre V des crédits de la défense, mesure
évidemment inacceptable. Pour ce qui est de la seconde tranche, c'est-à-dire
les mesures prises par Alain Richard lors des négociations de l'avant-dernier
week-end, il s'agit de 375 millions de francs pour 2002, financés encore par
redéploiement de crédits de fonctionnement. Mais on ne connaît pas encore les
lignes sur lesquelles cela viendra s'imputer. C'était de l'argent indispensable
jusqu'ici, mais, tout d'un coup, il n'est plus indispensable !
Tout cela, madame le secrétaire d'Etat, il faudra l'expliquer clairement tant
au Parlement qu'aux Français, et ne pas le faire à la sauvette, dans des
secondes délibérations d'avant Noël. Il faudra bien dire de façon claire :
voilà la dépense supplémentaire, voilà comment elle est financée. Et il nous
faudra dénoncer ces méthodes.
Enfin, madame le secrétaire d'Etat, terminons avec l'événement qui devrait
tous nous réunir dans le culte de l'avenir, c'est-à-dire le changement
monétaire et avec cet appétit extraordinaire qu'il suscite chez nos concitoyens
avides de toucher les nouvelles espèces.
Madame le secrétaire d'Etat, puisque ce changement est décidé et irréversible,
nous voudrions que les Françaises et les Français soient fiers de leur euro.
Cela suppose que cet euro se porte bien sur les marchés internationaux,
c'est-à-dire, en termes moins techniques, qu'il soit crédible, qu'il soit
apprécié, qu'on le choisisse comme monnaie de réserve et pour libeller un
maximum de transactions dans le monde. Pour cela, une condition : la
crédibilité des gouvernements réunis dans la zone euro. Or cette crédibilité ne
peut naître que de la convergence de leurs politiques et de l'acceptation d'une
discipline commune. Ce n'est pas au moment où l'on voudrait nous faire prendre
des vessies pour des lanternes que l'on se rend crédible vis-à-vis de nos
partenaires européens, de l'opinion et des marchés.
Madame le secrétaire d'Etat, je maintiens - et je terminerai sur ce point -
que le récent programme triennal est un sophisme au sens propre du terme, car
il est composé de trois éléments : un raisonnement faux qui a l'apparence du
vrai et qui est administré avec mauvaise foi.
M. Michel Caldaguès.
Tout y est !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Tout d'abord, le programme triennal repose sur un
raisonnement faux, puisqu'on part de la fin pour reconstruire les chiffres.
Ensuite, il a l'apparence du vrai, puisque le ministre est sympathique et qu'on
lui donnerait parfois le bon Dieu sans confession.
(Sourires.)
Enfin, il
est administré avec mauvaise foi, puisqu'on prétend maintenir la dépense, et
qu'on dépense sans cesse davantage pour faire plaisir aux uns et aux autres,
illustrant ainsi une sorte de désarroi préélectoral.
Madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, pardonnez-moi d'avoir
sollicité votre attention un peu longuement ce matin, mais le dernier texte
budgétaire examiné en 2001, le dernier texte budgétaire de la législature
mérite, outre notre vigilance, une connaissance précise des perspectives
politiques dans lesquelles il s'inscrit.
(Très bien ! et applaudissements
sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Karoutchi.
M. Roger Karoutchi.
Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, après
l'exposé de M. le rapporteur général, je serais tenté de penser que toutes les
interventions seront quelque peu superfétatoires. Je tâcherai cependant de
revenir sur certains éléments, avec moins de brio que lui, assurément, mais en
essayant d'insister sur quelques points clés.
Le Premier ministre, à l'occasion de son discours de politique générale, avait
pris en 1997 un certain nombre d'engagements financiers et fiscaux. M. le
rapporteur vient de le démontrer, ces engagements n'ont pas été tenus.
Pour la première fois depuis le début de la législature, le déficit constaté
en exécution sera supérieur à celui qui était prévu par la loi de finances
initiale. L'aggravation, on l'a dit, représente 26 milliards de francs, si bien
que le déficit inscrit dans le collectif s'élève à 212 milliards de francs, au
lieu des 186 milliards de francs annoncés.
Cette situation conduit à nourrir quelques inquiétudes sur l'exécution du
budget pour 2002, pour lequel l'impasse risque d'être beaucoup plus
importante.
Depuis 1997, le Gouvernement aura baissé le déficit de seulement 1,6 point de
produit intérieur brut, dans un contexte économique pourtant très favorable, on
l'a rappelé. Lors de la législature précédente, la baisse avait été deux fois
supérieure, alors que la croissance était deux fois moindre. Ce simple
rapprochement montre que, si le gouvernement actuel avait fourni autant
d'efforts que ses prédécesseurs pour réduire les déficits, la France serait
aujourd'hui, comme la plupart de ses voisins, au moins à l'équilibre, voire en
excédent budgétaire. Or, en 2001, elle se situe, en matière de déficit public,
au douzième rang sur quinze en Europe ; ce n'est pas exactement ce que l'on
appelle la tête de classe !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est sûr !
M. Roger Karoutchi.
Le déficit inscrit dans le collectif, soit 212 milliards de francs, reste
d'ailleurs incertain. A la fin du mois d'octobre, il s'élevait déjà à 197,5
milliards de francs : il ne faudrait donc pas qu'il dérape de plus de 7,5
milliards de francs par mois pour les deux derniers mois de l'année. Nous ne
sommes pas sûrs, compte tenu de ce qui se passe, que cet objectif sera
atteint.
Or, à la fin du mois d'octobre, madame le secrétaire d'Etat, les recettes
fiscales conservaient un rythme de progression identique à celui de la fin du
mois de septembre, en baisse marquée, tout le monde le sait, par rapport au
niveau constaté l'été dernier, et les recettes de la TVA continuaient de
ralentir dans des proportions presque cinq fois supérieures à ce que l'on
pouvait observer à la fin du mois de septembre.
Le Gouvernement explique le creusement du déficit par les 25 milliards de
francs de moins-values fiscales annoncés dès cet été par le secrétaire d'Etat
au budget. Hélas ! les conséquences du ralentissement de l'économie se feront
sentir dans des proportions beaucoup plus importantes !
Il faut rappeler que le PIB, en 2001, aura progressé d'un point de moins que
ce qu'avaient établi les prévisions sur lesquelles a été voté le budget à la
fin de l'année dernière ; ce point d'écart représente 35 milliards de francs de
pertes de recettes, soit beaucoup plus que la somme des annonces
gouvernementales.
Le ralentissement des recettes fiscales ne doit pas cacher l'alourdissement
sans précédent que connaît, depuis 1997, la pression fiscale subie par les
Français. On l'a dit tout à l'heure, et le rapporteur général lui-même l'a
rappelé : à la fin de 2001, le taux de prélèvement sera égal en France, selon
l'OCDE, à 48 % du PIB alors que la moyenne européenne est de 45 %, et que les
performances de nos voisins, meilleures que les nôtres, sont les conséquences
directes des véritables réformes entreprises dans ces pays.
Pendant que les autres pays procédaient à des réformes, le gouvernement
français a fait preuve, depuis 1997, d'inventivité fiscale : il a créé vingt
impôts et taxes et procédé à trente augmentations ou majorations de la
fiscalité existante. Quant aux prétendues suppressions dont se targue le
Gouvernement, elles consistent le plus souvent - et les collectivités locales
sont bien placées pour le savoir - en la suppression de taxes locales devant
être compensées par l'Etat par prélèvements sur recettes. Le jeu, en réalité,
est à somme nulle pour le contribuable, mais il est dangereux pour la
décentralisation et pour l'autonomie de nos collectivités.
L'évolution des dépenses à la fin du mois d'octobre montre un net
ralentissement des dépenses d'intervention et des dépenses en capital. Cette
évolution, madame le secrétaire d'Etat, se retrouve dans le collectif, où le
Gouvernement affiche 17 milliards de francs d'ouvertures de crédits, compensés
par 12 milliards de francs d'annulations, soit un solde net d'ouvertures de 5
milliards de francs.
Il est en fait plus pertinent d'analyser la balance entre ouvertures et
annulations. Dans la section « fonctionnement », on trouve un peu plus de 13
milliards de francs d'ouvertures et 9 milliards de francs d'annulations. Dans
la section « investissement », le Gouvernement ouvre 4 milliards de francs et
en annule un peu plus, ce qui aboutit à un solde négatif. Encore une preuve -
et le rapporteur général l'a rappelé - que le Gouvernement a sacrifié
l'investissement au bénéfice du fonctionnement !
Chacun a déjà constaté que nos crédits d'investissements civils, - sans parler
des crédits militaires ! - sont inférieurs aux crédits alloués à la réduction
uniforme et obligatoire du temps de travail.
Les conséquences de ces options se manifestent déjà, et continueront de le
faire, dans l'insuffisance de travaux d'entretien du réseau routier, dans
l'absence de rénovation des bâtiments universitaires, qui resteront vétustes,
sauf à être pris en charge par les régions qui le voudront bien, dans le manque
de rénovation des palais de justice, des établissements pénitentiaires et des
commissariats de police... Dans tous ces domaines, comme le constatent les
collectivités locales, il est fait appel de plus en plus souvent à
l'intervention d'autres collectivités que l'Etat pour donner à nos concitoyens
le sentiment d'être protégés, d'être jugés, d'être défendus.
Tout cela n'est guère brillant, madame le secrétaire d'Etat ! Il est clair que
vous avez fait le choix de financer les 35 heures avant de financer tout le
reste.
La progression des dépenses doit être examinée, en pratique, à l'aune de deux
phénomènes.
Le premier de ces phénomènes réside dans la budgétisation des dépenses liées à
la réduction du temps de travail. Ainsi, les besoins du fonds de financement de
la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale, le FOREC, auront
augmenté de 39 % entre 2000 et 2001 - mais sans effet sur le budget de l'Etat.
Chacun se souvient que le FOREC est longtemps resté un fonds sans existence
juridique, le Gouvernement voulant éviter que le budget de l'Etat ne soit
sollicité pour combler les déficits. Aujourd'hui, moins de 1 % des dépenses
relatives à la réduction du temps de travail figurent au budget de l'Etat, ce
qui, à l'évidence, ne renforce pas sa lisibilité.
Je rappellerai, madame le secrétaire d'Etat, le contenu du rapport rédigé par
MM. Pisani et Ferry au nom du Conseil d'analyse économique, cher au Premier
ministre,...
M. Paul Loridant.
Vous avez de bonnes références !
M. Roger Karoutchi.
... qui indique que, sur 1 million d'emplois créés depuis 1997, seuls 67 000
seraient dus aux effets des 35 heures. Ce n'est pas nous, l'opposition, qui
l'affirmons, c'est le Conseil d'analyse économique ! Tout de même, 67 000 sur 1
million, c'est bien peu pour un coût aussi exorbitant !
Le second phénomène qu'il convient d'examiner, on l'a également rappelé, est
la multiplication, depuis le début de la session parlementaire, des annonces
qui auront une incidence financière. Dans le présent collectif budgétaire se
trouvent, d'abord, le doublement de la prime pour l'emploi, qui sera versée au
début de 2002, pour un coût de 8 milliards de francs, ensuite, le plan de
relance en faveur des entreprises, pour un coût de 13 milliards de francs sur
deux ans, et, enfin, la prime de Noël, pour 1 milliard de francs.
Les mesures inscrites pour 2002 illustrent bien que le Gouvernement a décidé
d'ouvrir très largement les vannes à tous les mécontentements, à toutes les
revendications, en dépit des mises en garde répétées, assourdies peut-être,
mais certainement pas entendues, de Laurent Fabius. La liste continue de
s'allonger, comme une longue litanie : mesures pour la gendarmerie concernant
les première, deuxième et troisième tranches, pour 2 milliards de francs ;
mesures pour les cliniques privées, concernant les première et deuxième
tranches, pour 3,1 milliards de francs ; mesures pour les infirmières
concernant les première et deuxième tranches, pour 4 milliards de francs ; 30
000 CES, ou contrats emploi-solidarité, et 20 000 stages d'insertion, pour 1,2
milliard de francs ; plan pour la ville, pour 10 milliards de francs en cinq
ans ; mesures pour la police en deux ou trois tranches, pour 1,1 milliard de
francs ; augmentation des salaires de la fonction publique au-delà de ce qui
avait été négocié, pour 3,5 milliards de francs.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Quel est le but ?
M. Roger Karoutchi.
Nous pouvons d'ores et déjà annoncer au Gouvernement que, chaque fois qu'il
ira un peu plus loin pour l'une des catégories, même celles qui auront déjà
signé un accord reviendront au guichet !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Eh oui ! C'est ce que l'on appelle l'« échelle de
perroquet » !
M. Roger Karoutchi.
Nous pouvons donc prédire sans grand risque de nous tromper, que les
enseignants, les douaniers, les militaires et bien d'autres catégories
emprunteront naturellement le même chemin pour obtenir quelques subsides.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Sans parler des internes, qui sont actuellement en
grève !
M. Roger Karoutchi.
Le Gouvernement ayant pris la bonne voie, il n'y a aucune raison qu'il refuse
à certains ce qu'il a accordé à d'autres.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il va continuer !
M. Roger Karoutchi.
Il faut revenir à plus de raison : les dépenses supplémentaires ouvertes par
le Gouvernement représentent 1 milliard de francs par jour depuis le début de
la session parlementaire.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Vivement qu'on se mette en vacances !
M. Roger Karoutchi.
C'est pour bientôt, monsieur le rapporteur général !
Le mystère du financement de toutes ces mesures reste encore entier. Le
Premier ministre a annoncé qu'il n'y aurait ni impôts nouveaux ni déficit
supplémentaire, mais qu'il procéderait par redéploiements. Nous en prenons
bonne note, mais nous ne savons rien des crédits qui seront annulés à cette
occasion ! Seront-ce des crédits de fonctionnement ou des crédits d'équipement
? L'investissement jouera-t-il de nouveau le rôle de variable d'ajustement,
comme cela a souvent été le cas depuis 1997 ?
Les gilets pare-balles que l'on a promis aux gendarmes et aux policiers
seront-ils financés par une réduction à due concurrence des crédits alloués au
logement de ces mêmes personnels ? C'est probable, puisque nous constatons
qu'un certain nombre de collectivités sont aujourd'hui sollicitées pour les
financer !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Que proposez-vous ?
M. Roger Karoutchi.
A l'occasion de l'examen des amendements présentés par le Gouvernement au
Sénat lors de la seconde délibération du projet de loi de finances pour 2002,
nous avons vu, par exemple, que le financement du plan de lutte contre la
violence résultait d'annulations de crédits d'un montant forfaitaire touchant
tous les ministères.
Je ne voudrais pas, puisque M. le rapporteur général l'a fait, revenir sur les
recettes de poche, sur l'INPI, sur le fait qu'on n'intervient pas dans le
contentieux qui oppose la SNCF au ministère de la défense, ou sur un certain
nombre d'autres recettes.
Madame le secrétaire d'Etat, les différents éléments de ce collectif sont,
pour chacun d'entre nous, tout à fait inquiétants. Le rapporteur général, voilà
quelques semaines, utilisant, à propos du budget pour 2002 une référence
cinématographique, avait parlé de
La Grande Illusion.
Aujourd'hui, en
nous présentant le collectif budgétaire, le Gouvernement est probablement en
train de faire un
remake
qui pourrait s'intituler :
Il faut sauver le
soldat Fabius
! Mais nous n'avons ni producteur ni réalisateur. En
revanche, la mise en scène est assurée tous les jours par le service de
communication du Gouvernement !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Oui, pour cela, ils sont bons !
M. Roger Karoutchi.
Madame le secrétaire d'Etat, vous le savez bien, cela ne saurait nous
suffire.
Dans ces conditions, il est clair que, suivant le rapporteur général, le
groupe du RPR s'opposera au collectif budgétaire.
(Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. Le Grand.
M. Jean-François Le Grand.
Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, ce
matin, dans ma voiture, j'entendais sur une radio nationale que le biorythme
des Français serait altéré le lundi matin et qu'il conviendrait peut-être que
les enseignants n'interrogeassent point les élèves avant le lundi midi. Je suis
donc heureux de constater que le biorythme du rapporteur général est excellent
dès le lundi matin, et je le félicite du brio et du talent qu'il a manifestés à
la tribune.
(Applaudissements sur les travées du RPR.).
Son exposé m'évitera de revenir sur le texte lui-même et sur ce qui nous est
proposé, pour concentrer mon intervention sur l'article 26
septies
.
Cet article est issu d'un amendement que l'Assemblée nationale a voté
nuitamment, au détour d'une phrase, et qu'avait présenté le député-maire de
Cherbourg. La commission des finances de l'Assemblée nationale n'avait même pas
pu l'examiner.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'était un petit
hold-up
!
M. Jean-François Le Grand.
Vous avez d'ailleurs vous-même relevé, madame le secrétaire d'Etat, qu'il eût
été préférable que ce texte fût étudié au préalable et qu'il pût faire l'objet
d'amendements sensés et constructifs, au lieu d'être ainsi voté trop
rapidement.
Toujours est-il qu'il n'est pas correct que le Parlement puisse proposer des
amendements ou des articles que je qualifierai de
ad hominem.
C'est
contraire à l'éthique républicaine, c'est contraire à l'éthique d'un
gouvernement, c'est contraire à l'éthique du travail parlementaire.
C'est la raison pour laquelle je réserverai tout à l'heure à l'article 26
septies
un sort qui dépendra pour l'essentiel de votre réponse, madame
le secrétaire d'Etat.
Il n'en reste pas moins que cet article est, en principe, destiné à être
inscrit dans le code général des impôts. Or, le seul endroit en France où il
trouvera à s'appliquer, c'est le Cotentin. Faire une loi pour le seul Cotentin,
c'est faire beaucoup d'honneur à ce territoire - et nous y sommes sensibles -,
mais ce n'est pas convenable, car ce n'est pas faire une loi de la
République.
Cette remarque étant faite, j'en viens à l'« environnement » de cet article 26
septies.
Le Cotentin, qui fait partie du département de la Manche, dont j'ai l'honneur
de présider le conseil général, est un territoire où prédomine une mentalité de
sous-traitant : il dépend de l'Etat pour la construction navale, et directement
ou indirectement, pour l'ensemble des activités nucléaires, qu'il s'agisse de
la production énergétique, à Flamanville et au district des Pieux, ou des
activités de retraitement, à l'usine Cogema de La Hague.
Cette mentalité de sous-traitant doit, à l'évidence, évoluer pour devenir
entrepreneuriale, ce qui implique que l'on se tourne vers des activités de
nature à soutenir le développement et du Cotentin et du département de la
Manche. Cela passe, bien évidemment, par des transferts de la technologie
accumulée, dans le domaine nucléaire notamment, et par la nouvelle orientation
donnée au port de Cherbourg, qui sera un peu moins militaire parce que un peu
plus économique, sans pour autant, je l'espère, que l'activité militaire
diminue.
La mutation vers une culture entrepreneuriale ne peut cependant se faire que
si l'on y met les moyens. C'est la raison pour laquelle, madame le secrétaire
d'Etat, j'ai utilisé deux dispositifs - et je dis « je », car je suis à
l'origine du recours à l'un au moins de ces dispositifs - prévus par des lois
dont l'initiative revient au gouvernement auquel vous appartenez, à savoir la
loi pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin
1999 et la loi relative au renforcement et à la simplification de la
coopération intercommunale, dite loi Chevènement, du 12 juillet 1999.
Le premier de ces dispositifs, ce sont les pays, et je continue à militer en
faveur de l'identification à l'échelle du département de territoires pertinents
pour la mutualisation des projets.
Quant au second dispositif, ce sont les syndicats mixtes ; par ce biais, j'ai
organisé dans le département de la Manche, en particulier pour la zone du
Cotentin, la mutualisation des recettes et de l'investissement.
Les activités exceptionnelles qu'abritent deux districts du Cotentin font de
ceux-ci des « poches » de richesse. Répartissons cette richesse,
redistribuons-la dans l'ensemble du Cotentin et, surtout, faisons en sorte
qu'elle soit consacrée à des projets porteurs. C'est l'objet du syndicat
mixte.
Nous disposons donc des moyens. Dès lors, où le bât peut-il blesser ?
Peut-être certains responsables politiques craignent-ils, après avoir été «
grands » sur un petit territoire, de devenir « petits » sur un territoire plus
grand ? Peut-être certains veulent-ils continuer à faire d'une réflexion qui
devrait être une réflexion d'ensemble la réflexion de quelques-uns, tout en
tendant la main pour que ce soit l'ensemble qui paie ?
Ces mentalités comme ces modes de fonctionnement doivent disparaître. C'est la
raison pour laquelle le syndicat mixte et le pays ont été mis en place. Ils
permettent en effet la mutualisation, mais, dès lors, quel est l'intérêt de
l'article 26
septies ?
Ma troisième et dernière observation porte sur l'article lui-même. A M.
Cazeneuve, auteur de l'amendement ayant introduit celui-ci, vous avez proposé
après avoir dit que, vous aussi vous auriez « aimé pouvoir faire ce travail en
dehors de l'hémicycle » - une version édulcorée d'un amendement qui ne l'était
point, et je me permets de vous citer, madame le secrétaire d'Etat, car c'est
un morceau d'anthologie : « Je vous propose d'accepter un sous-amendement du
Gouvernement qui tend, dans le deuxième alinéa du II, à substituer aux mots :
"visés au 2° du I de l'article 1609
nonies
C" les mots : "visés aux cinq
derniers alinéas du III de l'article 11 de la loi n° 80-10 du 10 janvier 1980"
», le tout à trois heures du matin, devant des députés qui ne savaient pas
forcément quels étaient ces différents articles ! L'auteur de l'amendement a
bien voulu vous faire confiance, mais, venant des bancs de la gauche, on a
attendu des exclamations comme : « C'est indéchiffrable ! »
Il n'y a donc pas que nous pour considérer que ce texte est parfaitement
indéchiffrable. J'ai demandé aux services du conseil général de me dire très
exactement quelle était la portée des modifications que vous avez proposées,
madame le secrétaire d'Etat : il leur a fallu une matinée pour retrouver
l'essentiel des dispositions concernées !
Cet article indéchiffrable est en outre inapplicable puisque son II prévoit le
prélèvement chaque année d'une somme égale au montant de l'écrêtement intervenu
l'année précédente en faveur du fonds départemental des taxes professionnelles,
cette somme pouvant varier sous certaines conditions, mais, le district de La
Hague étant antérieur à 1992, il ne fait pas l'objet d'un écrêtement. Le II ne
sert donc strictement à rien !
Quant au I, il prévoit que la dotation de solidarité intercommunale, qui
existait dans la loi Chevènement, de facultative deviendra obligatoire, mais
sur une base contractuelle. Qui fixera les critères de la contractualité ? Qui
interviendra s'il y a un désaccord - contractuel - entre le district de La
Hague et la communauté urbaine de Cherbourg ? Est-ce que ce sera le préfet ?
L'intervention se fera-t-elle par la voie réglementaire ? Si c'est le cas,
dites-le maintenant ! On a en effet besoin de savoir quelles seront les règles
de cette péréquation qui, de volontaire, devient obligatoire.
Plus exactement, vous avez rendu obligatoire la désignation d'un volontaire.
Ce n'est pas acceptable, et c'est la raison pour laquelle, madame le secrétaire
d'Etat, parce que c'est un sujet sérieux, parce que, dans le département de la
Manche, nous avons mis en oeuvre les moyens nécessaires pour que la
mutualisation, la péréquation et la solidarité puissent exister, j'attends de
vous une réponse, car de votre réponse dépendra mon vote.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Très bien !
M. le président.
La parole est à M. Demerliat.
M. Jean-Pierre Demerliat.
Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cette
année, l'examen du projet de loi de finances rectificative ne se limite pas à
un simple exercice de réajustement des prévisions. Le ralentissement économique
et la nécessité d'y faire face lui donnent en effet un intérêt particulier. De
plus, c'est la dernière loi de finances rectificative de cette législature et
la dernière loi de finances en francs.
La croissance en 2001 aura été moins forte que prévue. Alors qu'elle aurait
dû, selon la loi de finances initiale, s'établir à un peu plus de 3 %, elle ne
sera en réalité que d'un peu plus de 2 %. Cette évolution était totalement
imprévisible, et l'opposition ne l'avait pas plus envisagée que le
Gouvernement. La dégradation de la conjoncture internationale a surpris tout le
monde et a été extrêmement brutale. Un seul exemple : la croissance américaine
est passée de 5 % en 2000 à environ 1 % en 2001.
Le projet de loi de finances rectificative se fonde sur une croissance de 2,3
% en 2001, ce qui est à notre portée aujourd'hui - la bonne performance
réalisée au troisième trimestre, avec une croissance de 0,5 %, nous en donne
presque la certitude.
Le Gouvernement a choisi de dire la vérité aux Français : il a réévalué ses
prévisions, aussi bien en matière de croissance économique que de recettes
fiscales, chaque fois qu'il était raisonnable de le faire, et ce de manière
correcte. L'absence de mauvaise surprise aujourd'hui est la conséquence de
cette politique de sincérité ; le maintien de la confiance des Français en
l'avenir en découle.
Dans un environnement international très difficile - effondrement de la
croissance aux Etats-Unis, marasme en Allemagne, crise profonde du Japon -,
l'économie française a mieux résisté que les autres. En effet, cette année
encore, la progression de notre produit intérieur brut sera supérieure à celle
de la moyenne des pays de la zone euro.
Tel ne fut malheureusement pas le cas de 1993 à 1997, période que semblent
regretter nos collègues de la majorité sénatoriale. On se demande d'ailleurs
bien pourquoi !
(M. Roger Karoutchi sourit.)
Ces résultats, nous les devons à la politique de croissance mise en place
depuis 1997. Sans cette volonté, notre pays n'aurait pas fait mieux que les
autres, car la conjoncture internationale n'est pas adaptable à chaque pays
!
Le dynamisme de la consommation des ménages, en hausse de 1,2 % au troisième
trimestre, est un des principaux éléments de la bonne santé de notre économie.
Il provient surtout des créations d'emplois, au nombre de 1,7 million depuis le
début de la législature, augmentation que les emplois-jeunes et les 35 heures
ont largement favorisée.
Les allégements d'impôts ont aussi soutenu la consommation et contribué à la
forte progression du pouvoir d'achat induite par la croissance elle-même.
On voit bien que, depuis 1997, la politique économique de notre pays a été
menée avec succès : au cercle vicieux de la récession a été substitué le cercle
vertueux de la croissance.
En sera-t-il de même en 2002 ? En grande partie, la réponse est entre les
mains des Français, et ils l'exprimeront d'ailleurs avec un bulletin de vote
!
Ce collectif budgétaire pour 2001 est un antidote puissant au ralentissement
économique. L'essentiel est de construire une société non seulement plus
prospère mais aussi plus juste et plus solidaire.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Des lendemains qui chantent !
M. Jean-Pierre Demerliat.
On verra, monsieur le rapporteur général ! Tout dépendra, bien sûr, de ceux
qui seront aux affaires demain : certains se « débrouillent » mieux que
d'autres, le passé récent l'a montré.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est l'avenir qui compte ; ce n'est pas le passé.
M. Jean-Pierre Demerliat.
Un passé plus ancien avait montré que certains étaient moins habiles !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Le passé est mort !
M. Jean-Pierre Demerliat.
Le plan de consolidation de la croissance présenté par le ministre de
l'économie, des finances et de l'industrie trouve sa traduction budgétaire dans
ce projet de loi de finances rectificative.
Lors de sa présentation, les mesures qu'il contient ont été saluées comme
étant particulièrement pertinentes par la plupart des observateurs.
Au premier rang de ces mesures figure le doublement de la prime pour l'emploi
versée en septembre. Ainsi, plus de 8 millions de foyers fiscaux la percevront
à nouveau au début de 2002. Son montant moyen est proche de 1 000 francs. Le
pouvoir d'achat des travailleurs les moins bien rémunérés sera ainsi renforcé,
ce qui sera bien évidemment bénéfique pour la croissance. La prime pour
l'emploi, instrument de justice sociale, est donc également un moteur
d'efficacité économique.
Ces mesures s'adressent ensuite aux entreprises afin de leur permettre de
franchir dans de meilleures conditions le cap difficile du ralentissement
actuel. Elles seront autorisées à majorer de 30 % leurs amortissements sur les
investissements réalisés entre le 17 octobre 2001 et le 31 mars 2002.
Les secteurs particulièrement affectés par le ralentissement, comme les
télécommunications, ou directement frappés par les événements du 11 septembre
et le drame de Toulouse, comme les compagnies aériennes, les assurances et les
entreprises de tourisme, bénéficient de dispositions spécifiques.
En outre, le décalage dans le remboursement de la TVA est supprimé. La
trésorerie des entreprises sera ainsi améliorée de 8 milliards de francs en
2002. Enfin, la banque de développement des PME sera dotée de 800 millions de
francs.
En matière de crédits, il est procédé à des redéploiements vers les secteurs
prioritaires : l'hôpital, pour accompagner le passage aux 35 heures et la
restructuration de l'offre de soins, l'emploi, avec 30 000 contrats
emploi-solidarité et 20 000 stages d'insertion et de formation pour affronter
la fin de la baisse du chômage, et la sécurité, avec des crédits
supplémentaires pour la police et la gendarmerie.
Les évolutions du statut de la Direction des constructions navales et du
réseau de distribution de Gaz de France traduisent des choix avisés de
politique industrielle dans une France ouverte à la concurrence
internationale.
Toutefois, pour apaiser certaines inquiétudes, le Gouvernement doit écouter
les Français et les convaincre que jamais ces secteurs sensibles de notre
activité nationale ne seront livrés à une dérégulation débridée. Il faudra
notamment mettre en place des cahiers des charges précis à chaque étape de la
transformation.
Une fois de plus, je constate que nous avons su financer nos priorités tout en
conservant une dépense publique modérée. Compte tenu de la réévaluation de
l'inflation, l'objectif de progression de 0,3 % en volume est strictement
respecté. En conséquence, nos engagements européens, qui figurent en partie
dans le programme pluriannuel de finances publiques, à savoir la progression de
1 % des dépenses de l'Etat sur trois ans, seront respectés.
Il faut se souvenir, mes chers collègues, que, de 1993 à 1996, les dépenses
ont progressé de 1,8 % en moyenne par an, contre 1,8 % pour l'ensemble de la
législature actuelle. Le poids de la dépense publique a donc baissé de 0,2
point entre 1993 et 1997 et de 2,5 points depuis 1997.
Il est donc un peu étrange que ceux qui, hier, n'ont pas su maîtriser la
progression des dépenses prétendent aujourd'hui nous donner des leçons ! Là
encore, les Français jugeront dans un avenir proche.
Le Gouvernement, confronté au fléchissement de la croissance, a gardé son
sang-froid. Ainsi, il a laissé jouer les stabilisateurs automatiques en matière
de recettes et n'a pas compensé par un relèvement des taux la réduction
mécanique du produit des impôts liée à tout ralentissement économique. L'erreur
commise en 1995 par M. Juppé, lequel, par un matraquage fiscal, avait étouffé
dans l'oeuf la reprise, a bien évidemment et tout naturellement été évitée en
2001 !
Le ralentissement de l'activité économique et la volonté du Gouvernement
d'atténuer celui-ci a pour conséquence une légère détérioration du solde du
budget. S'établissant à 212,48 milliards de francs, le déficit sera en effet
supérieur de 25,9 milliards de francs à l'objectif visé dans la loi de finances
initiale. Ce résultat, chacun en conviendra, est tout de même sans commune
mesure avec le dérapage incontrôlé de 47,8 milliards de francs constaté en 1995
! En outre, c'est la seule fois, depuis 1997, que le solde exécuté sera
supérieur à ce qui était prévu. Enfin, la réduction du déficit depuis 1996
représente tout de même 100 milliards de francs !
Très tôt, cette évolution défavorable du solde a été prévue et annoncée.
Ainsi, dès le mois de juillet, les recettes fiscales étaient réévaluées à la
baisse à hauteur de 25 milliards de francs : les principales moins-values
concernent l'impôt sur les sociétés, la TVA et la taxe intérieure sur les
produits pétroliers, la TIPP.
Cette pause dans la réduction du déficit budgétaire pour les années 2001 et
2002 ne remet nullement en cause l'objectif d'atteindre l'équilibre à moyen
terme. Avancer à marche forcée vers l'équilibre serait néfaste aujourd'hui à
l'activité économique et demain à la résorption du déficit.
L'on entend parfois dire, à droite, que nous aurions gaspillé les fruits de la
croissance. Cette affirmation me semble un peu décalée par rapport à la
réalité. En tout cas, je ne pense pas que le million de chômeurs qui ont trouvé
ou retrouvé un emploi soient de cet avis, ni les plus démunis qui, grâce à la
couverture maladie universelle, ont enfin accès à des soins convenables, ni les
jeunes qui, grâce aux emplois-jeunes, ont eu accès à un premier emploi et à une
première expérience professionnelle, ni tous ceux qui, grâce à la prime pour
l'emploi, ont vu leur pouvoir d'achat augmenter, ni les personnes âgées qui,
grâce à l'allocation personnalisée d'autonomie, auront une fin de vie plus
digne, plus convenable. Je m'en tiendrai là, mais cette liste n'est pas
exhaustive.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Avec tout ça, vous devriez obtenir plus de 80 % des
voix aux élections !
M. Jean-Pierre Demerliat.
Nous ne légiférons pas, monsieur le rapporteur général, uniquement pour ceux
qui votent habituellement en notre faveur. Nous travaillons pour l'ensemble des
Français, plus particulièrement pour les plus défavorisés d'entre eux.
Lorsque nous nous retournons sur le chemin parcouru depuis cinq ans, nous
sommes légitimement fiers de l'action conduite par le gouvernement de Lionel
Jospin et par la majorité plurielle. Nous sommes fiers de notre bilan.
Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, ce
projet de loi de finances rectificative s'inscrit pleinement dans la politique
menée depuis 1997 ; il permettra de continuer l'oeuvre entreprise dans le sens
d'une plus grande justice sociale et de réaliser une meilleure performance, en
termes de croissance, que nos partenaires.
Vous pourrez donc compter, madame la secrétaire d'Etat, sur le soutien total
du groupe socialiste du Sénat.
(Applaudissements sur les travées
socialistes.)
M. le président.
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, ce
projet de loi de finances rectificative pour 2001 est marqué, bien évidemment,
par les contraintes nées du ralentissement de l'activité économique, en ce sens
que ce ralentissement entraîne naturellement une moins-value fiscale non
négligeable. Celle-ci porte singulièrement sur les droits indirects, TVA et
TIPP, et explique, pour une bonne part, l'accroissement du déficit
budgétaire.
Cela étant, nous devons nous interroger sur les raisons de cette situation.
Nous avons eu l'occasion de souligner, encore récemment lors de la discussion
du projet de loi de finances initiale pour 2002, que la politique budgétaire
conduite avait, d'une certaine manière, montré ses limites.
Nous ne nierons pas le fait que le Gouvernement ait tenté, par certains choix
opérés ces dernières années, de donner une impulsion à l'activité
économique.
Cela a été notamment le cas s'agissant des baisses ciblées du taux de la taxe
sur la valeur ajoutée ou encore de la minoration du taux normal dans l'optique
du collectif du printemps 2000. Mais, dans le même temps, que de limites mises
à l'affirmation de choix budgétaires originaux dans la perspective étroite du
pacte de stabilité, celui-ci étant devenu la condition
sine qua non
de
l'instauration de la monnaie unique ! Que de choix bridés, que de réformes
abandonnées à mi-chemin, que de besoins collectifs encore insatisfaits !
L'actualité récente le démontre à l'envi.
Ainsi, les mouvements des agents hospitaliers, des fonctionnaires de police ou
celui, inédit, de la gendarmerie sont autant d'illustrations de ces attentes,
de ces insatisfactions. Il faut entendre ces revendications et donner moins
d'importance à la rigueur budgétaire, pour répondre aux préoccupations
sociales. Nous sommes convaincus que satisfaire les aspirations qui sont
exprimées aujourd'hui au travers des mouvements sociaux constitue encore la
meilleure garantie de poursuite de l'action entreprise depuis cinq ans.
A cet égard, ce projet de loi de finances rectificative permet-il de relever
les défis auxquels est confronté le gouvernement de la gauche plurielle ? Un
examen attentif permet de constater que nous sommes en présence d'un collectif
de fin d'année assez classique, soldant les comptes de l'exercice dans des
conditions peu satisfaisantes, eu égard au recours à quelques-uns des outils de
première urgence utilisés dans de tels cas.
C'est ainsi qu'il est procédé à des prélèvements exceptionnels et que
plusieurs milliards de francs de recettes sont directement liés soit à ces
prélèvements, soit à des opérations capitalistiques pour le moins déroutantes,
comme nous le verrons lors de l'examen de l'article 38 relatif au transport de
gaz. Cette méthode de règlement de certaines difficultés comptables ne nous
paraît pas parfaite, loin de là, et nous aurons l'occasion de le rappeler au
cours de la discussion des articles.
Une autre mesure retient évidemment l'attention : je veux parler du doublement
du montant de la prime pour l'emploi.
Nous comprenons fort bien, madame la secrétaire d'Etat, que cette mesure, d'un
coût non négligeable - environ 8 milliards de francs - vise à tenter d'inverser
la tendance et à donner aux Français les plus modestes les moyens de consommer
et de participer, d'une certaine manière, à la prévention de l'accroissement du
déficit. Il est hors de question d'y revenir ici, mais, pour l'avenir, il
faudra déterminer si elle constitue le meilleur outil dont dispose le
Gouvernement pour peser durablement sur la croissance et favoriser le
développement économique.
En effet, nous persistons à penser que d'autres outils existent, notamment le
relèvement du salaire minimum interprofessionnel de croissance ou des minima
sociaux, voire l'allégement des cotisations sociales acquittées par les
salariés, qui permettrait de dégager de nouvelles marges de pouvoir d'achat et
donc de partager plus équitablement la richesse nationale.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Et la taxe Tobin ?
M. Thierry Foucaud.
Ces mesures n'imposent pas
a priori
de prévoir des dispositions très
complexes et peuvent fort bien être prises rapidement, surtout dans le contexte
de la mise en place de la monnaie unique, qui laisse subsister quelques
craintes en matière de relance de l'inflation.
C'est notamment dans cette optique qu'un effort particulier, en période de
Noël, doit être accompli en faveur des chômeurs. Nous soutenons d'ailleurs
pleinement la revendication des associations de sans-emploi visant à
l'attribution d'une prime spéciale.
La position de la majorité sénatoriale, qui propose la suppression pure et
simple de l'article 1er, illustre, à notre sens, une simple opposition de
caractère politicien,...
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Bien sûr !
(Sourires.)
M. Thierry Foucaud.
... puisque l'on sait que la droite a un certain goût pour l'impôt négatif.
D'ailleurs, mesdames, messieurs les membres de la majorité sénatoriale,
expliquez-nous ce qui vous a conduits, l'an dernier, à saisir le Conseil
constitutionnel à propos de la baisse de la contribution sociale généralisée,
ou CSG, et à vous féliciter de la mise en place de la prime pour l'emploi, dont
vous refusez aujourd'hui sans équivoque possible une application plus large ?
Mais peut-être ne faut-il y voir que le résultat de positions circonstancielles
liées à de prochaines échéances électorales ?
De fait, à l'occasion de l'examen de la première partie du projet de loi de
finances rectificative, peu d'éléments semblent devoir être analysés sans un
certain esprit critique, mais cela est normal dans le cadre du débat et de la
confrontation des idées.
S'agissant de la seconde partie du texte, permettez-moi, mes chers collègues,
de souligner rapidement que la question de l'intercommunalité est, de nouveau,
au coeur de quelques dispositions, ce qui démontre de façon éloquente que
l'application de la loi relative au renforcement et à la simplification de la
coopération intercommunale continue encore aujourd'hui de poser problème. Cela
nous amène naturellement à demander une nouvelle fois la mise en chantier d'une
véritable réforme des finances locales. L'examen d'un collectif budgétaire est
évidemment une circonstance inappropriée, mais nous estimons pour notre part
qu'il est grand temps d'engager un véritable débat sur cette question. Notre
groupe prendra donc, dans les semaines à venir, une initiative en ce sens, en
déposant une proposition de loi réunissant nos idées et nos suggestions.
S'agissant ensuite des articles relatifs au secteur public, qui composent pour
partie le présent collectif budgétaire, le moins que l'on puisse dire est que,
d'une certaine manière, ils font presque de ce texte un projet de loi portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier et modifiant assez
nettement la nature des relations à l'Etat unissant de grands établissements
publics.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Absolument !
M. Thierry Foucaud.
On pourra toujours nous rétorquer qu'il s'agit de tirer les conséquences
budgétaires des mesures prises, mais nous pensons que la méthode, quelque peu
cavalière, s'apparente à la transposition accélérée de dispositions contenues
dans un projet de loi portant DDOEF dont l'inscription à l'ordre du jour du
Parlement n'a pas été encore effectuée. Et pour cause, serait-on tenté de dire
!
Peu nombreux sont, en particulier, les salariés de la Direction des
constructions navales, ou de Gaz de France qui comprennent le bien-fondé des
articles en question. Nous sommes d'ailleurs quelques-uns, dans cette
assemblée, à avoir eu connaissance de la grande inquiétude et de l'opposition
des organisations syndicales représentatives des personnels de ces deux grandes
entreprises publiques.
La même remarque vaut, au demeurant, pour les établissements publics à
caractère industriel et commercial, pour lesquels l'obligation future de
versement d'un dividende aboutira rapidement, à notre sens, à la confiscation
des marges d'autofinancement.
Les choix ainsi opérés sont donc discutables et nous semblent, de surcroît,
tout à fait dangereux pour l'avenir. En effet, ce ne sont pas des choix
autorisant le développement économique et le renforcement des entreprises et
des établissements concernés, ce sont des choix à courte vue, pouvant conduire,
à l'avenir, au démantèlement des activités et de la portée de ce que nous
appelons le service public à la française.
Pour autant, quelle attitude adopter aujourd'hui ? Eu égard aux propositions
de la majorité sénatoriale, nous serons évidemment amenés à voter contre le
texte qui résultera de nos travaux, l'inclination libérale de M. le rapporteur
général devant encore trouver matière à s'appliquer... Cela ne clôt évidemment
pas le débat et ne met pas un terme à la nécessaire confrontation des idées.
Nous demeurons en effet particulièrement attachés à la prise de toute mesure
susceptible de relancer la croissance économique, et ce collectif budgétaire
peut encore nous permettre d'atteindre cet objectif.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention tous les
intervenants, en particulier M. le rapporteur général. Je dois vous avouer,
monsieur Marini, que je me suis demandé à quoi vous pensiez quand vous vous
êtes levé pour prendre la parole : sur quoi alliez-vous bien pouvoir trouver à
redire ?
(Sourires).
Vous comptiez sans doute mettre les rieurs de votre
côté en prêtant au Gouvernement un mépris du Sénat qu'aucune minute d'aucune
heure de nos débats n'indique ni ne prouve et en donnant en exemple de méfaits
des textes que votre commission approuve, trouvant même à l'euro des défauts
qui la troublent.
Messieurs Marini et Karoutchi, vous avez, une fois de plus, tenté de montrer
que la politique budgétaire du Gouvernement était incohérente. J'avoue que la
répétition inlassable de vos arguments ainsi que votre pessimisme ont un
je-ne-sais-quoi de décourageant.
Au fond, vos critiques se résument de manière assez simple : mais qu'ont-ils
fait des fruits de la croissance ?
(M. le rapporteur général acquiesce).
Sur ce point, je voudrais tout d'abord redire - ce n'est ni la première ni la
dernière fois - que ces fruits de la croissance, nous avons un peu contribué à
les semer, monsieur le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Vous avez peut-être arrosé !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Cette question qui vous taraude tant, un certain
nombre de Français - je ne dis pas que c'est la majorité - ne se la posent
pas.
Ceux qui s'intéressent au budget savent que nous avons réduit le déficit
budgétaire de 80 milliards de francs sur la période.
Ceux - et ils sont nombreux - qui s'intéressent aux impôts savent que nous les
avons réduits et que nous en avons même supprimé certains, un nombre important
d'entre eux concernant tous les Français. Dans cette assemblée, on s'intéresse
beaucoup à des impôts qui touchent, parfois lourdement, un petit nombre de
personnes. Mais nous, lorsque nous supprimons des impôts, nous les supprimons
pour tout le monde. Je pense, par exemple, aux frais d'inscription pour un
certain nombre de diplômes et aux frais de timbre sur les cartes nationales
d'identité. Ce sont des impôts que chaque Français connaît.
Ceux qui ont bénéficié de la prime pour l'emploi, les 8 500 000 personnes qui
ont touché cette prime au mois de septembre, ne se posent pas non plus la
question de l'utilisation des fruits de la croissance.
Il en est de même des personnes qui ont retrouvé un emploi entre 1997 et 2001,
grâce aux 1 600 000 emplois créés par l'économie française, et de leurs
familles qui étaient plongées dans l'angoisse de l'avenir.
On pourrait en dire autant des 5 000 000 de personnes qui bénéficient
désormais de la couverture maladie universelle et qui, jusqu'à présent,
hésitaient encore à engager des frais importants pour se soigner.
Il en ira de même, je le crois, des 800 000 personnes qui, dans deux semaines,
bénéficieront de l'allocation personnalisée d'autonomie. Ces personnes et leur
famille sont rassérénées quant à la façon dont la question difficile et
angoissante de la dépendance sera prise en charge.
M. Jean-François Le Grand.
Par les départements !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Tout cela, nous l'avons fait en réduisant le déficit
et en diminuant les impôts. Comment, me direz-vous, monsieur le rapporteur
général ? Eh bien, en maîtrisant la dépense de l'Etat. Vous le savez, je l'ai
dit souvent, nous avons tenu nos objectifs d'évolution des dépenses depuis
1997. Si certains veulent faire des comparaisons, je n'hésiterais pas à répéter
celle que j'ai souvent citée devant vous : la dépense de l'Etat en volume aura
progressé de 1,8 % sur la période 1997-2002, contre 1,8 % par an entre 1993 et
1997. C'est une certaine différence !
Monsieur le rapporteur général, vous détournez la critique en tonnant contre
les mesures du Gouvernement en matière de sécurité, M. Karoutchi ayant pris
votre relais.
Sur ce sujet, dites les choses ! Etes-vous pour ou êtes-vous contre ? On ne
sait pas bien. Et cessez de ratiociner contre des mesures de financement par
redéploiement, car, au fond, c'est cela votre angle de critique unique !
Que n'aurions-nous entendu si ces mesures n'avaient pas été gagées ! Nous
aurions entendu : « laxisme ! Dérapage insupportable ! » Eh bien non ! c'est
une critique que vous ne pouvez pas nous adresser car nous redéployons.
Que n'aurions-nous entendu si les mesures décidées en faveur des gendarmes à
l'issue de la concertation menée par le ministère de la défense voilà dix
jours, au cours d'un week-end mémorable, avaient été gagées sur le titre V du
budget du ministère de la défense ! Elles ne le sont pas. De ce point de vue,
votre critique est donc un peu faible.
Il est vrai que le redéploiement n'est pas le fort du Sénat. Monsieur le
rapporteur général, vous nous aviez appâté sur votre capacité à faire des
économies dans le projet de loi de finances pour 2002. En cette matière, ce
n'est pas la grande illusion, c'est la grande déception ! En effet, vous avez
différé en 2003 l'essentiel du coût des mesures fiscales que vous avez votées
ici même et vous vous êtes tout simplement contenté de ne pas adopter les
mesures nouvelles de l'ensemble des budgets, à une exception, près qui, je dois
le dire, pose question : le budget de la jeunesse et des sports.
Vous vous demandiez, monsieur le rapporteur général, s'il y a un pilote à
Bercy. Pour ma part, je me demande s'il y a un pilote à la commission des
finances du Sénat et, d'une certaine manière, dans l'opposition, dont vous êtes
l'un des hérauts, monsieur Marini.
Il est vrai que, ce matin, vous avez décidé de porter le débat sur un autre
terrain que sur le terrain proprement budgétaire. En vous interrogeant, comme
c'était votre rôle, sur l'élaboration et la fiabilité de ce collectif, vous
m'avez semblé prendre le Sénat à témoin de la légitimité politique de celle qui
le défend devant vous. Permettez-moi de vous dire que c'est une erreur de tir,
monsieur Marini, car, comme vous le savez, c'est l'ensemble du Gouvernement
qui, par ma voix, vous présente ce collectif et en débat devant vous.
L'intervention de M. Demerliat nous a ramenés à des réalités un peu plus
objectives, et je l'en remercie chaleureusement.
(M. Estier applaudit.)
Elle vous a peut-être moins plu, monsieur le rapporteur général, mais il est
parfois décevant d'entendre la petite musique de la vérité.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Personne n'en est propriétaire !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur Le Grand, vous avez consacré votre
intervention à l'article 26
septies
du projet de loi, en évoquant, comme
l'avait fait votre collègue député M. Cazeneuve, les richesses, les atouts mais
aussi les difficultés du département de la Manche. Peut-être vos points de vue
pourront-ils se compléter ? Je vous propose, si vous le voulez bien, d'en
débattre lors de la discussion de cet article.
M. Foucaud a bien voulu rappeler que, dans la panoplie des mesures qui sont
proposées par ce collectif, il en est une qui pourra peut-être obtenir sa
faveur : le doublement de la prime pour l'emploi dès l'année 2001. Cette mesure
doit beaucoup aux parlementaires communistes. C'est une mesure de justice ;
c'est une mesure pour l'emploi.
J'ai bien entendu votre propos, monsieur Foucaud. La prime pour l'emploi n'est
pas tout. Elle s'inscrit dans un ensemble de dispositifs incitatifs à la
reprise d'activité. Parmi ces dispositifs incitatifs figurent la réforme de
l'allocation logement et d'autres mesures telles que l'intéressement pour les
RMIstes qui reprennent une activité.
La prime pour l'emploi s'inscrit dans une politique économique qui est tout
entière tournée vers l'emploi. Je prendrai deux exemples des résultats de cette
politique. D'abord, je voudrais citer un chiffre record : le pouvoir d'achat
des ménages devrait, en 2001, augmenter de plus de 3,5 %, chiffre le plus élevé
que nous ayons connu en France depuis vingt ans. Le second exemple concerne le
partage de la valeur ajoutée. Depuis 1999, celui-ci est favorable aux salariés,
puisque la masse salariale progresse plus vite que la valeur ajoutée. Ces deux
points méritent d'être soulignés, et, au-delà des dispositions de ce collectif,
ils illustrent l'efficacité de la politique économique menée depuis quatre
ans.
En conclusion, je retiendrai de la diatribe du rapporteur général un seul
point qui, je dois le dire, me surprend tout autant qu'il me déçoit : je
comprends de ses propos qu'il considère que les dispositions du projet de loi
de finances pour 2002 comme du projet de loi de finances rectificative pour
2001 n'ont pas été examinées avec suffisamment d'attention. C'est, me
semble-t-il, faire injure non seulement au travail que nous accomplissons
ensemble, mais également à vos propres travaux, monsieur le rapporteur général,
et cela m'étonne.
(Applaudissements sur les travées socialistes. - M.
Foucaud applaudit également.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
5
NOMINATION DE MEMBRES
D'UN ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE
M. le président.
Je rappelle que les commissions des affaires sociales et des finances ont
proposé des candidatures pour un organisme extraparlementaire.
La présidence n'a reçu aucune opposition dans le délai d'une heure prévu par
l'article 9 du règlement.
En conséquence, ces candidatures sont ratifiées et je proclame M. Joël Bourdin
membre titulaire et M. Claude Domeizel membre suppléant du Conseil supérieur
des prestations sociales agricoles.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les
reprendrons à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures trente, est reprise à quinze heures
quinze, sous la présidence de M. Bernard Angels.)
PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS
vice-président
M. le président. La séance est reprise.
6
DÉCÈS D'UN ANCIEN SÉNATEUR
M. le président. J'ai le regret de vous faire part du décès de notre ancien collègue Charles Bosson, qui fut sénateur de la Haute-Savoie de 1968 à 1986.
7
LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE POUR 2001
Suite de la discussion d'un projet de loi
M. le président.
Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances rectificative pour
2001, adopté par l'Assemblée nationale.
La discussion générale a été close.
Nous passons à la discussion des articles.
PREMIÈRE PARTIE
CONDITIONS GÉNÉRALES
DE L'ÉQUILIBRE FINANCIER
Article 1er
M. le président.
« Art. 1er. - Il est attribué en 2001 aux foyers qui ont droit à la prime pour
l'emploi prévue par l'article 200
sexies
du code général des impôts à
raison de leurs revenus de l'année 2000 un complément égal au montant de cette
prime. »
L'amendement n° 5, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 1er. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, madame le
secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cet article 1er prévoit de doubler la
prime pour l'emploi versée aux contribuables, au titre de l'année 2001.
Beaucoup a déjà été dit sur cette mesure. Je tiens cependant à formuler de
nouveau quelques remarques à son égard.
Tout d'abord, ce doublement n'était pas prévu dans le cadre défini lors de la
conception de la prime pour l'emploi.
Je rappelle que cette prime constitue un élément d'un dispositif d'ensemble
destiné à inciter les bénéficiaires de minima sociaux à la reprise d'une
activité. Elle s'adresse à ceux qui ont un emploi pour contribuer à
l'amélioration de leur situation salariale.
Dans l'esprit du Sénat, devait s'y ajouter, en direction des bénéficiaires de
minima sociaux, une autre mesure complémentaire mais indissociable : le revenu
minimum d'activité, dont notre assemblée avait voté le principe le 8 février
2001. Or ce texte n'a toujours pas été examiné, et l'Assemblée nationale
n'envisage pas de l'inscrire à son ordre du jour d'ici à la fin de la
législature.
Par ailleurs, le complément de prime pour l'emploi vise à soutenir la
consommation des ménages. Or, lorsque l'on considère les statistiques sur la
consommation et les indicateurs relatifs à l'activité économique au cours de
cette période, il ne semble pas que la consommation doive être soutenue en
priorité. La mesure s'explique, en réalité, par le contexte électoral.
Enfin, ce complément de prime prend la forme d'un chèque du Trésor public
adressé à tous les bénéficiaires. Ces derniers ayant tous, par définition,
acquitté leur impôt sur le revenu au titre de l'année 2000, il n'est plus
possible d'imputer le complément sur la cotisation d'impôt sur le revenu. Cela
colore assez particulièrement le dispositif. Mon homologue de l'Assemblée
nationale, Didier Migaud, a indiqué, dans son rapport, qu' « on constate une
déconnexion entre le complément de prime pour l'emploi et l'impôt sur le revenu
». L'impact conjoncturel de cette mesure est donc contestable : elle intervient
trop tardivement pour constituer une incitation à l'activité.
Mes chers collègues, quelle est donc la justification d'une telle disposition,
qui, en outre, coûtera 8 milliards de francs ? Vous connaissez le calendrier
aussi bien que moi, et je ne vais pas avoir le mauvais goût de trop insister
sur les prochaines échéances électorales !
Madame le secrétaire d'Etat, si la commission préconise la suppression de cet
article 1er, c'est pour être cohérente avec ses positions. En effet, dans
l'esprit de la majorité du Sénat, deux dispositions devaient être mises en
oeuvre de manière symétrique : d'un côté, pour revaloriser les bas salaires, le
mécanisme du crédit d'impôt ; de l'autre, pour inciter au retour à l'activité,
le revenu minimum d'activité accompagné d'une vision plus ambitieuse, plus
active des minima sociaux, c'est-à-dire des prestations d'assistance versées
tant par l'Etat que par l'UNEDIC.
Pour nous, ces éléments sont indissociables : il s'agit, à la fois, de
favoriser l'intégration dans le milieu du travail de tous ceux qui restent sur
le bord de la route et de ne pas s'en remettre à des dispositifs
déresponsabilisants d'assistanat, dont nous connaissons tous l'impact social et
psychologique dans nos différentes collectivités.
Telles étaient les intentions auxquelles répondait la proposition de loi sur
le revenu minimum d'activité.
Outre les aspects préélectoraux trop évidents que reflète le doublement de la
prime pour l'emploi, je souhaitais insister sur la nécessaire cohérence qui
voudrait que l'on s'occupe au moins autant de celles et ceux qui sont tenus à
l'écart du marché du travail que de celles et ceux qui ont le bonheur d'y avoir
déjà trouvé une activité.
Tel est l'ensemble des raisons qui justifie cet amendement, et je vous
supplie, madame le secrétaire d'Etat, en donnant votre avis, de ne point
caricaturer la position de la commission.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat au budget.
Avant de donner cet avis, monsieur le
président, je souhaite demander la priorité pour les articles 36 et 38 du
projet de loi, de façon qu'ils soient examinés, ce soir, en début de séance,
les ministres principalement concernés se tenant à la disposition du Sénat pour
venir alors défendre eux-mêmes ces deux articles.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur cette demande de priorité ?
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Dans la mesure où cela concourt au bon
déroulement du débat, je n'y vois pas d'objection.
M. le président.
Il n'y a pas d'opposition ?...
La priorité est ordonnée.
Veuillez poursuivre, madame le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Rassurez-vous monsieur le rapporteur général, je ne
vais pas caricaturer votre position. Je rappellerai simplement que la prime
pour l'emploi est destinée à favoriser le maintien ou le retour à l'emploi de
personnes modestes en compensant une partie des prélèvements sociaux et des
charges sociales qui pèsent sur les revenus d'activité et en améliorant ainsi
la rémunération que procure le travail.
En proposant de verser un complément de prime dès la fin de l'année 2001, le
Gouvernement souhaite renforcer l'effet attractif de la mesure par rapport à
l'activité. Vous avez dit, monsieur le rapporteur général, qu'il s'agissait
d'une mesure de circonstance, compte tenu des prochaines échéances électorales.
Mais pensez aux 8,5 millions, voire 9 millions, de nos concitoyens qui
attendent le versement de cette prime ! Comme je l'ai dit, ce sont des gens de
condition modeste qui font souvent des métiers durs et faiblement rémunérés.
Cette prime apportera donc à toutes ces personnes qui vivent dans des
conditions difficiles un soutien qu'elles sont en droit d'attendre.
Pour cette raison, le Gouvernement est hostile à cet amendement de
suppression.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 5, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 1er est supprimé.
Article 2
M. le président.
« Art. 2. - I. - A l'article 80
quater
et au 2° du II de l'article 156
du code général des impôts :
« 1° Après les mots : "le jugement de divorce", sont insérés les mots : ", que
celui-ci résulte ou non d'une demande conjointe," ;
« 2° Les mots : "rentes mentionnées à l'article 276" sont remplacés par les
mots : "rentes versées en application des articles 276 ou 278".
« II. - L'article 199
octodecies
du même code est ainsi modifié :
« 1° Les dispositions actuelles deviennent le I ;
« 2° Aux premier et troisième alinéas du I, après les mots : "le jugement de
divorce", sont insérés les mots : ", que celui-ci résulte ou non d'une demande
conjointe," ;
« 3° Il est complété par un II ainsi rédigé :
«
II
. - Les dispositions du I ne s'appliquent pas lorsque la prestation
compensatoire est versée pour partie sous forme de rente. »
« III. - Les dispositions des I et II s'appliquent aux jugements prononcés en
application de la loi n° 2000-596 du 30 juin 2000 relative à la prestation
compensatoire en matière de divorce. »
L'amendement n° 30, présenté par MM. Cazalet, Gournac, Guené, Guerry, Lanier,
Oudin, Doligé, Joyandet, Karoutchi, Le Grand et Del Picchia, est ainsi libellé
:
« I. - Après le 1° du II de l'article 2, insérer deux alinéas ainsi rédigés
:
« ... ° Au début du premier alinéa du I, les mots : "les versements de sommes
d'argent mentionnés au 1 de l'article 275" sont remplacés par les mots : "les
attributions ou affectations de biens en capital mentionnées aux 1 et 2 de
l'article 275".
« ... ° Dans le troisième alinéa du I, les mots : "les versements sont
répartis" sont remplacés par les mots : "les attributions ou affectations sont
réparties".
« II. - Compléter
in fine
l'article 2 par un paragraphe additionnel
ainsi rédigé :
« ... La perte de recettes résultant de l'extension du bénéfice de la
réduction d'impôt au titre du versement de la prestation compensatoire aux
attributions de biens non monétaires prévue au II ci-dessus est compensée, à
due concurrence, par la création, au profit de l'Etat, d'une taxe additionnelle
aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
»
La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé.
Cet amendement vise à étendre le bénéfice de la réduction d'impôt au titre du
versement de la prestation compensatoire sous forme d'un capital, actuellement
réservée aux seuls versements de numéraire, aux attributions de biens non
monétaires.
Le dispositif actuel n'est pas logique, puisqu'il incite le débiteur de la
prestation compensatoire à réaliser ses biens, voire à expulser du domicile
conjugal son conjoint et ses enfants.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission a décidé de s'en remettre à la sagesse
du Sénat. Elle considère que le problème posé est réel. A partir du moment où
l'on sera en mesure de définir une procédure incontestable d'évaluation des
biens ainsi apportés en nature, la proposition de nos collègues pourra en effet
être soumise à réflexion.
Au demeurant, le Sénat compte bien, quant à lui, approfondir sa réflexion sur
de tels sujets puisque le texte relatif au divorce doit prochainement être
inscrit à son ordre du jour.
En quelque sorte, madame le secrétaire d'Etat, les deux amendements présentés
à l'article 2 avaient pour objet de vous faire réagir sur quelques suggestions,
afin que nous puissions mieux préparer ce prochain débat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
En matière de divorce, le juge a toujours la
possibilité de s'opposer aux conventions qui seraient contraires aux intérêts
familiaux, en refusant de les homologuer.
En vérité, le risque qui est évoqué par les auteurs de cet amendement,
c'est-à-dire l'expulsion du conjoint et des enfants du domicile conjugal
uniquement pour des raisons d'ordre fiscal, n'est pas réel.
Cela dit, la loi adoptée en 2000 a effectivement limité l'attribution de la
réduction d'impôt aux versements sous forme de capital en numéraire, et ce pour
une raison assez simple : seul ce mode de paiement est compatible avec les
principes de l'impôt sur le revenu, dont l'assiette doit reposer sur un montant
incontestable.
Une exception pourrait être faite pour les dons aux associations effectués en
nature. Mais la réduction d'impôt accordée à ce titre est particulièrement
encadrée puisqu'elle est subordonnée à la délivrance d'une attestation fiscale
par l'association bénéficiaire et que toute attestation délivrée abusivement
donne lieu à une amende extrêmement dissuasive. Ce dispositif ne semble donc
pas pouvoir être transposé.
Certes, les droits d'enregistrement sont liquidés sur les montants évalués,
mais les principes qui les régissent s'inscrivent dans un corps de règles et de
procédures qui ne s'appliquent pas en matière d'impôt sur le revenu.
L'administration peut ainsi remettre en cause la valeur retenue au moment de
l'estimation des biens, les contribuables ayant la faculté, en cas de
désaccord, de saisir la commission de conciliation, qui émet un avis sur le
bien-fondé du redressement opéré.
A l'évidence, ces dispositions particulières ne sont pas transposables en
matière d'impôt sur le revenu, sauf à le compliquer de manière excessive, pour
une application sans doute restreinte.
Je crains donc qu'une confusion des genres ne s'instaure, ce qui ne manquerait
pas de créer toutes sortes de difficultés et de contentieux.
Pour toutes ces raisons, je ne suis pas favorable à cet amendement.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Compte tenu de la réponse de Mme le secrétaire
d'Etat, et dans l'attente du prochain débat sur le texte relatif au divorce, il
convient de prolonger la réflexion qui a conduit au dépôt de cet amendement,
dont la rédaction peut sans aucun doute être encore améliorée.
Mme le secrétaire d'Etat l'a rappelé, le droit fiscal considère avec méfiance,
du moins en matière d'impôt sur le revenu, les opérations en nature, qui posent
des problèmes d'évaluation. La procédure proposée pourrait assurément être
mieux encadrée de telle sorte que ce défaut du dispositif se trouve au moins
atténué.
C'est dans cet esprit que je suggérerai à M. Doligé de bien vouloir retirer
cet amendement.
M. le président.
Monsieur Doligé, l'amendement est-il maintenu ?
M. Eric Doligé.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention Mme le secrétaire d'Etat et M. le
rapporteur général. Je pense que cet amendement a eu au moins le mérite
d'amorcer le débat. Celui-ci pourra effectivement être repris lorsque sera
examiné le texte relatif au divorce. Le fait de connaître d'ores et déjà
l'orientation du Gouvernement sur cette question nous permettra de rédiger nos
futurs amendements de manière qu'ils puissent être plus sûrement pris en
compte.
Par conséquent, je retire l'amendement n° 30.
M. le président.
L'amendement n° 30 est retiré.
L'amendement n° 31, présenté par MM. Cazalet, Gournac, Guené, Guerry, Lanier,
Oudin, Doligé, Joyandet, Karoutchi, Le Grand et Del Picchia, est ainsi libellé
:
« I. - Supprimer le 3° du II de l'article 3.
« II. - Compléter
in fine
cet article par un paragraphe additionnel
ainsi rédigé :
« ... La perte de recettes résultant de la possibilité de cumul entre la
réduction d'impôt au titre de capital versé à la déduction du revenu imposable
de la rente versée au titre de la prestation compensatoire est compensée, à due
concurrence, par la création, au profit de l'Etat, d'une taxe additionnelle aux
droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé.
Je retire également cet amendement, qui s'inscrit dans la même logique que le
précédent.
M. le président.
L'amendement n° 31 est retiré.
Je mets aux voix l'article 2.
(L'article 2 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 2
M. le président.
L'amendement n° 40, présenté par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 220
octies
du code général des impôts, il est
inséré un article ainsi rédigé :
«
Art...
-
I
. - Un crédit d'impôt est accordé aux établissements
de crédit ayant consenti des prêts aux mineurs au rapatriement énumérés par le
2° de l'article 2 du décret n° 99-469 du 4 juin 1999 relatif au désendettement
des rapatriés réinstallés dans une profession non salariée.
« Ce crédit d'impôt est égal au montant des sommes restant dues au titre des
prêts accordés avant le 31 décembre 1990 par ces établissements de crédit aux
personnes citées à l'alinéa précédent, en vue de leur installation ou de la
reprise de l'entreprise d'un grand-parent et qui rencontrent de graves
difficultés les rendant incapables de faire face à leur passif.
«
II
. - Ce crédit d'impôt est imputé sur le montant de l'impôt sur les
sociétés dû à compter de l'année d'imposition 2002. Lorsque son montant excède
celui de la cotisation dont est redevable l'établissement de crédit,
l'imputation de l'excédent est reportée sur l'impôt de l'année suivante.
«
III
. - Un décret fixe les conditions d'application du présent
article. »
« II. - La perte de recettes est compensée pour l'Etat par la majoration à due
concurrence des droits mentionnés à l'article 919 A du code général des impôts.
»
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
L'article 44 de la loi du 30 décembre 1986 a prévu la remise en capital,
intérêts et frais de certains prêts accordés aux rapatriés réinstallés dans une
profession non salariée ou à leurs enfants, repreneurs de l'exploitation ou
héritiers.
Toutefois, certaines personnes, qui étaient mineures au moment du
rapatriement, en ont été exclues, essentiellement par méconnaissance de ces
situations particulières. Il s'agit notamment de pupilles de la nation du fait
de la guerre d'Algérie ou des autres combats en Afrique du Nord, ou encore
d'orphelins se trouvant dans des situations voisines. Aucun d'eux n'était pris
en compte par les textes existants.
Pour remédier à cette situation, ces catégories figurent parmi les
bénéficiaires du dispositif créé par le décret du 4 juin 1999 relatif à l'aide
au désendettement des rapatriés réinstallés dans une profession non salariée,
qui prévoit une aide de l'Etat dans la limite de 500 000 francs et de 50 % du
passif.
Il serait souhaitable, ne serait-ce que sur un plan symbolique, qu'une mesure
analogue à celle que prévoit l'article 44 de la loi du 30 décembre 1986 soit
prise au bénéfice de ces catégories, alignant leur situation sur celle qui est
faite aux majeurs lors du rapatriement et à leurs enfants, héritiers ou
repreneurs.
En raison du décalage générationnel, la date limite de souscription des prêts
effaçables serait portée au 30 décembre 1990.
Les personnes susceptibles de bénéficier d'une telle disposition sont peu
nombreuses, et le coût de la mesure serait d'environ 40 millions de francs. Au
demeurant, les dépenses entraînées par le décret du 4 juin 1999 pour le
désendettement des personnes concernées seraient réduites en raison de
l'application de la présente mesure de remise, qui prendrait la forme d'un
crédit d'impôt accordé aux établissements prêteurs, à une partie de leur
passif.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nos collègues mettent l'accent sur un fait qui
constitue sans doute une injustice et qui relève, en tout cas, d'un oubli ou
d'une erreur de la loi.
Il serait bon, avant d'aller plus loin - le dispositif est en effet assez
complexe - de connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement ne peut qu'être sensible à l'objectif
visé par les auteurs de cet amendement, qui tend à créer un crédit d'impôt au
bénéfice des établissements de crédit qui ont consenti des prêts aux mineurs au
moment du rapatriement, crédit d'impôt qui serait égal au montant des sommes
restant dues au titre des prêts accordés avant le 31 décembre 1990.
Cependant, le dispositif ainsi proposé ne me paraît pas tout à fait
satisfaisant. En effet, je ne pense pas que la création d'un nouveau dispositif
fiscal, par nature compliqué, soit la meilleure façon de résoudre le problème
soulevé.
Par ailleurs, l'amendement ne prévoit pas explicitement la remise des dettes
par les établissements de crédit, et je crains que, du fait de sa rédaction, il
ne soit plus profitable aux banques, pour lesquelles les charges qui
résulteraient de l'insolvabilité de leur débiteur sont bien entendu déductibles
du résultat imposable, qu'aux rapatriés eux-mêmes.
En outre, j'observe que la rédaction proposée autoriserait un établissement
financier à bénéficier tous les ans d'un crédit d'impôt sur les mêmes dettes,
ce qui, je pense, ne correspond pas au souhait de M. Foucaud et de ses
collègues.
Comme le note l'exposé des motifs de l'amendement, le décret du 4 juin 1999,
qui a instauré le dispositif d'aide au désendettement des rapatriés, a permis
d'inclure certaines catégories de bénéficiaires qui n'entraient pas dans le
champ des dispositifs antérieurs, notamment celui de l'article 44 de la loi de
1986. Ce dispositif visait un champ précis de prêts très spécifiques qui
étaient accordés au moment du rapatriement, différent du champ du crédit
d'impôt présenté dans l'amendement, lequel entraînerait d'autres demandes
reconventionnelles.
La CONAIR, la commission nationale de désendettement des rapatriés, est
actuellement en charge des dossiers visés par l'amendement.
Par ailleurs, les difficultés rencontrées lors du démarrage du nouveau
dispositif sont en passe d'être résolues.
Sur la base du rapport de l'Inspection générale des finances qui a été très
récemment remis au Gouvernement, Mme Guigou annoncera prochainement plusieurs
mesures de modification du décret de juin 1999 destinées à accélérer le
traitement des dossiers et à améliorer le fonctionnement de ce dispositif.
Pour cette raison, je souhaite, monsieur Foucaud, que vous retiriez cet
amendement.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Derrière toutes ces considérations administratives,
il y a des situations humaines.
Nos collègues évoquent le cas de personnes qui étaient mineures lors de leur
rapatriement - des orphelins, qui plus est - et qui n'étaient donc pas en état
de reprendre une activité économique.
M. Foucaud a précisé qu'il s'agissait d'une quarantaine de personnes, dont la
situation n'était toujours pas réglée, précisément sans doute parce que leur
nombre limité ne leur permettait pas de figurer parmi les priorités des
gouvernements successifs et des services de l'Etat concernés.
Peut-être, sur un plan strictement technique, le dispositif qui nous est
proposé n'est-il pas pleinement satisfaisant. Cependant, madame le secrétaire
d'Etat, pourriez-vous vous engager à ce que ces situations soient examinées en
tant que telles ?
L'esprit de la loi de 1986 permet de penser que ces situations auraient dû
être englobées dans les différentes procédures de désendettement. Si elles ne
l'ont pas été, c'est probablement pour des raisons de forme plus que pour des
raisons de fond. Pouvez-vous donc, madame le secrétaire d'Etat, prendre
l'engagement de faire traiter de manière positive les dossiers dont il s'agit,
ce qui serait tout simplement conforme à l'équité ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je rappelle que la CONAIR est actuellement en charge
des dossiers qui sont visés par l'amendement de M. Foucaud, et je ne doute pas
qu'elle aura à coeur de les traiter promptement, étant entendu que, comme je
l'ai indiqué, Mme Guigou prépare actuellement un texte visant à faciliter et à
accélérer le traitement des dossiers par la CONAIR.
M. le président.
Monsieur Foucaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud.
Ayant entendu l'engagement de Mme la secrétaire d'Etat de faire en sorte que
soit rapidement réglée la situation de cette quarantaine de personnes, je le
retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 40 est retiré.
L'amendement n° 47, présenté par M. Loridant, Mme Beaudeau, M. Foucaud et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 19 de l'ordonnance n° 67-830 du 27 septembre 1967 relative à
l'aménagement des conditions du travail en ce qui concerne le régime des
conventions collectives, le travail des jeunes et les titres-restaurant est
complété par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Les collectivités publiques et leurs établissements peuvent attribuer le
titre-restaurant :
« - dans le cas où ils n'ont pas mis en place de dispositif propre de
restauration collective, aux agents qu'ils ne peuvent pas faire bénéficier, par
contrat passé avec un ou plusieurs gestionnaires de restaurants publics ou
privés, d'un dispositif de restauration compatible avec la localisation de leur
poste de travail ;
« - dans le cas où ils ont mis en place un dispositif propre de restauration
collective, aux agents qu'ils ne peuvent faire bénéficier, compte tenu de la
localisation de leur poste de travail, ni de ce dispositif ni d'un dispositif
de restauration mis en place par contrat passé avec un ou plusieurs
gestionnaires de restaurants publics ou privés.
« Les conditions d'application de cette disposition sont précisées par décret.
»
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
Notre collègue Paul Loridant a déjà eu l'occasion de défendre ici un tel
amendement.
Il s'agit de clarifier le régime des titres-restaurants en élargissant le
champ des bénéficiaires aux agents de la fonction publique.
L'ordonnance du 27 septembre 1967 réglementant les titres-restaurants et son
décret d'application du 22 décembre 1967 visent les salariés sans préciser si
les fonctionnaires peuvent prétendre au bénéfice de cette mesure.
Aucun texte postérieur n'a abordé ce point. Néanmoins, depuis l'entrée en
vigueur de l'ordonnance de 1967, les personnels de la fonction publique d'Etat
ou de la fonction publique locale ont progressivement bénéficié du
titre-restaurant.
En outre, le Conseil d'Etat, à la suite d'une démarche contentieuse, a
officialisé l'existence des titres-restaurants dans la fonction publique.
Néanmoins, depuis lors, une interprétation se développe tendant à considérer
qu'il convient de limiter la valeur de la participation de l'Etat ou des
collectivités dans les titres de restaurant.
Il s'ensuit une très grande hétérogénéité des situations entre les différentes
collectivités locales, qui est notamment source de nombreux contentieux.
Il est urgent de mettre fin à cette situation en confirmant dans la loi le
principe d'un accès des fonctionnaires aux titres-restaurants, pour clarifier
les modalités qui en résulteront.
Cet amendement a pour objet d'ouvrir aux collectivités publiques et à leurs
établissements, sous certaines conditions, la possibilité de mettre en place au
bénéfice de leurs agents le titre-restaurant.
Il vise à compléter le dispositif de restauration des agents publics, centré
sur la restauration collective, en ouvrant aux collectivités la possibilité de
proposer une formule alternative de restauration aux agents ne pouvant accéder
à ce dispositif pour des raisons d'éloignement géographique.
Tel est donc l'objectif de cet amendement que je vous demande d'adopter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je voudrais saluer la constance de notre collègue
Paul Loridant, qui a déposé en 1999 et en 2000 des amendements analogues sur
lesquels le Gouvernement a émis deux ans de suite un avis défavorable. En 1999,
la commission s'en est remise à la sagesse du Sénat et l'amendement a été
adopté. En 2000, à la demande de la commission des finances, qui a invoqué des
raisons techniques, M. Loridant a accepté de retirer son amendement.
Rappelons que nous sommes confrontés à un double problème : problème
d'insécurité juridique, d'abord, puisque l'ordonnance de 1967, qui institue le
titre-restaurant, réserve le bénéfice de ce dernier aux seuls salariés du
secteur privé ; problème d'inégalité entre fonctionnaires, ensuite, puisque
certaines collectivités donnent
de facto
accès aux titres-restaurants à
leur personnel, et d'autres pas.
L'amendement qui nous est soumis se heurte, me semble-t-il, à une difficulté
quant à sa constitutionnalité, ce qui conduirait logiquement à l'écarter mais
il convient de rappeler, madame le secrétaire d'Etat, que votre prédécesseur
s'était engagé, en 1999, à faire étudier le sujet par ses services pour
parvenir, dans ce domaine à l'égalité entre les agents de la fonction
publique.
En 2000, vous nous avez vous-même indiqué que vous disposiez sur ce sujet
d'une note datée du mois d'octobre 2000 et intitulée : « Enquête sur la
restauration administrative ». Cette note précisait l'existence de problèmes
quant aux modalités de gestion de cette affaire.
Vous nous aviez également indiqué l'an dernier que vous envisagiez, dans le
cadre d'un schéma interministériel en cours de discussion avec le ministre de
la fonction publique, de permettre l'utilisation du ticket-restaurant dans des
conditions très précises et à titre strictement dérogatoire pour tenir compte
de la situation particulière des agents qui n'ont pas accès à un restaurant
administratif.
Madame le secrétaire d'Etat, la commission souhaiterait entendre votre avis
avant de se prononcer sur l'amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, j'avais en effet
indiqué l'an dernier que nous disposions d'une étude. C'est la raison pour
laquelle je vais aujourd'hui donner mon accord à l'amendement n° 47. Ce dernier
vise à apporter une réponse aux situations particulières des agents qui, du
fait de l'éloignement géographique, ne peuvent avoir accès à des établissements
de restauration collective. Il s'agit donc de remédier à certaines
insuffisances constatées dans des cas exceptionnels sans remettre en cause le
principe de la restauration collective auquel, vous le savez, monsieur Foucaud,
le Gouvernement est attaché et pour la défense duquel il a engagé des frais
importants.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 47, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 2.
Article 2 bis
M. le président.
« Art. 2
bis. -
I. - Dans le premier alinéa de l'article 75-0 D du code
général des impôts, les mots : "l'indemnité attribuée en compensation de
l'abattage d'un troupeau réalisé dans le cadre de la lutte contre
l'encéphalopathie spongiforme bovine" sont remplacés par les mots : "les
indemnités prévues par l'article L. 221-2 du code rural".
« II. - Les dispositions du I s'appliquent pour la détermination des résultats
des exercices clos à compter du 1er janvier 2001. »
L'amendement n° 6 rectifié, présenté par M. Marini, au nom de la commission
des finances, est ainsi libellé :
« A. - Après le I de l'article 2
bis,
insérer un paragraphe additionnel
ainsi rédigé :
« I
bis. -
L'article L. 731-15 du code rural est complété par un alinéa
ainsi rédigé :
« Lorsqu'ils ont opté pour les dispositions de l'article 75-0 D du code
général des impôts, les chefs d'exploitation ou d'entreprise agricole peuvent,
sur leur demande, bénéficier de la mesure d'étalement prévue au premier alinéa
de cet article au titre des revenus professionnels servant à calculer les
cotisations sociales des personnes non salariées agricoles. »
« B. - En conséquence, dans le II de l'article 2
bis,
remplacer les
mots : "du I" par les mots : "du I et du I
bis
ci-dessus".
« C. - Pour compenser les pertes de recettes résultant pour l'Etat des
dispositions du A et B ci-dessus, compléter cet article par deux paragraphes
ainsi rédigés :
« III. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'étalement des
indemnités versées aux éleveurs au titre de l'article L. 221-2 du code rural
pour le calcul de l'assiette des cotisations sociales sont compensées à due
concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts.
« IV. - Les pertes de recettes pour le budget annexe des prestations sociales
agricoles sont compensées par un relèvement des droits prévus à l'article 1609
unvicies
du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous traitons ici des indemnités versées en cas
d'abattage d'animaux, en application de la réglementation sanitaire et, plus
spécifiquement, des indemnités consécutives à l'encéphalopathie spongiforme
bovine, l'ESB, et à l'épidémie de fièvre aphteuse.
Il s'agit d'étendre le bénéfice de la mesure d'étalement fiscal applicable à
ces indemnités à la prise en compte de celles-ci dans le calcul de l'assiette
des cotisations sociales.
Madame le secrétaire d'Etat, sur le plan social, aux termes de l'article 10
quater
D du projet de loi de modernisation sociale, il est prévu de
prendre en compte, pour le calcul de l'assiette des cotisations sociales des
exploitants, l'étalement applicable en matière fiscale aux seules indemnités
ESB. Or le présent projet de loi de finances rectificative prévoit d'étendre ce
dispositif fiscal à l'ensemble des indemnités perçues par les éleveurs en cas
d'abattage de leur troupeau pour raisons sanitaires, et non pas seulement en
raison de l'ESB.
Il convient donc de coordonner les dispositions du présent article avec celles
qui sont prévues dans le projet de loi de modernisation sociale, s'agissant du
traitement social de l'ensemble de ces indemnités. Ce dispositif s'appliquerait
aux indemnités attribuées au cours des exercices clos à compter du 1er janvier
2001.
Cette mesure devrait permettre de venir en aide aux exploitants agricoles dont
les animaux ont été abattus sans que les indemnités reçues ne viennent majorer
de façon ponctuelle mais très importante l'assiette des cotisations
sociales.
Je voudrais rappeler à cette occasion, madame le secrétaire d'Etat, que c'est
sur l'initiative du Sénat - celle de l'un de nos collègues M. Daniel Goulet -,
que la question avait été posée ici même de l'assujettissement à l'impôt des
indemnités liées à l'ESB. Si nous adoptons cet amendement, qui va certes moins
loin que nous ne le souhaitions à l'origine, nous aurons malgré tout progressé
significativement dans le sens de l'équité à l'égard des éleveurs. Ces derniers
rencontrent, du fait de problèmes vétérinaires et sanitaires, de très grandes
difficultés et vivent parfois des drames qui risquent de déstabiliser
humainement et économiquement leurs exploitations.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, c'est en effet un
sujet sur lequel nous progressons. J'ai bien en mémoire l'intervention de M.
Daniel Goulet, à laquelle vous avez fait allusion. C'est la raison pour
laquelle j'ai déposé cette année à l'Assemblée nationale un amendement, au nom
du Gouvernement. Aujourd'hui, j'émets un avis favorable sur cet amendement n° 6
rectifié, et je lève le gage.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Merci, madame le secrétaire d'Etat.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 6 rectifié
bis.
Je mets aux voix l'amendement n° 6 rectifié
bis,
accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
Je mets aux voix l'article 2
bis,
modifié.
(L'article 2
bis
est adopté.)
Articles additionnels après l'article 2 bis
M. le président.
L'amendement n° 80 rectifié, présenté par MM. Adnot, Cazalet, César,
Durand-Chastel et Sido, est ainsi libellé :
« Après l'article 2
bis,
insérer un article additionnel ainsi rédigé
:
« I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - Dans la première phrase de l'article 70, après les mots : "dans les
bénéfices", est inséré le mot : "comptables".
« B. - A la fin du 2° de l'article 71, les mots : "en tenant compte de sa
quote-part dans les recettes totales du groupement" sont remplacés par les mots
: "membres d'un groupement".
« II. - Les dispositions du I s'appliquent pour la détermination des résultats
des exercices clos à compter du 1er janvier 2001. »
Cet amendement n'est pas soutenu.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je le reprends, au nom de la commission des
finances.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 80 rectifié
bis.
La parole est à M. le rapporteur général, pour le défendre.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement vise à clarifier un point de droit en
précisant que le montant des recettes réalisé par certaines sociétés et
groupements agricoles, pris en compte pour la détermination du régime
d'imposition de l'exploitant agricole membre de ces sociétés et groupements,
s'apprécie en proportion des droits de l'exploitant dans les bénéfices
comptables de ces sociétés et groupements.
Il semble que les dispositions de l'article 70 du code général des impôts ont
donné lieu à des interprétations divergentes, ce qui nécessiterait une
clarification de la part du législateur. Or, cet amendement est de nature à
simplifier et à clarifier la situation d'un grand nombre d'exploitants
agricoles qui exercent leur activité dans le cadre d'un groupement ou d'une
société agricole.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
La mesure proposée est destinée à clarifier et à
simplifier la situation des exploitants agricoles qui exercent leur activité
dans le cadre d'un groupement ou d'une société agricole du point de vue du
régime d'imposition dont ils relèvent et du régime de plus-value de cession
d'éléments d'actif ou de droits sociaux qu'ils réalisent.
En effet, certaines hésitations sont apparues quant à la manière de calculer
la quote-part de recettes, soit en fonction des bénéfices comptables, soit en
fonction du bénéfice fiscal.
La mesure proposée consiste à retenir le calcul en fonction du bénéfice
comptable, ce qu'approuve le Gouvernement. Il est donc favorable à cet
amendement.
M. Jean Chérioux.
Très bien !
M. Michel Charasse.
C'est Noël !
M. le président.
Non, c'est le prolongement d'un travail fait par le Sénat depuis de nombreuses
années et que le Gouvernement reprend enfin.
Je mets aux voix l'amendement n° 80 rectifié
bis,
accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 2
bis.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 67, présenté par M. Miquel et les membres du groupe socialiste
et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 2
bis,
insérer un article additionnel ainsi rédigé
:
« A. - L'article L. 731-15 du code rural est complété par un alinéa ainsi
rédigé :
« Lorsqu'ils ont opté pour les dispositions de l'article 75-0 D du code
général des impôts, les exploitants agricoles peuvent, sur leur demande,
bénéficier de la mesure d'étalement prévue au premier alinéa de cet article au
titre des revenus professionnels servant à calculer les cotisations sociales
des personnes non salariées agricoles.
« B. - Les dispositions du A s'appliquent pour la détermination des résultats
des exercices clos à compter du 1er janvier 2001.
« C. - Les pertes de recettes pour les caisses de mutualité sociale agricole
et les autres organismes concernés, résultant des paragraphes A et B, sont
compensées à due concurrence par une hausse des droits prévues aux articles 575
et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 81 rectifié, présenté par MM. Adnot, Cazalet, César,
Durand-Chastel et Sido, est ainsi libellé :
« Après l'article 2
bis,
insérer un article additionnel ainsi rédigé
:
« I. - L'article L. 731-15 du code rural est complété par un alinéa ainsi
rédigé :
« Lorsqu'ils ont opté pour les dispositions de l'article 75-0 D du code
général des impôts, les chefs d'exploitation ou d'entreprise agricole peuvent,
sur leur demande, bénéficier de la mesure d'étalement prévue au premier alinéa
de cet article au titre des revenus professionnels servant à calculer les
cotisations sociales des personnes non-salariés agricoles.
« II. - Les dispositions du I s'appliquent pour la détermination des résultats
des exercices clos à compter du 1er janvier 2001. »
Ces amendements me semblent satisfaits par le vote de l'amendement n° 80
rectifié
bis.
M. Michel Charasse.
Effectivement !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Effectivement, monsieur le président, le vote de
l'amendement n° 6 rectifié
bis
de la commission donne satisfaction aux
auteurs des amendements n°s 67 et 81 rectifié.
(Assentiment.)
M. le président.
En conséquence, les amendements n°s 67 et 81 rectifié n'ont plus d'objet.
Article 2 ter
M. le président.
« Art. 2
ter.
- I. - Dans le premier alinéa du 1
bis
de
l'article 206 du code général des impôts, après les mots : "et du Haut-Rhin,"
sont insérés les mots : "les syndicats régis par les articles L. 411-1 et
suivants du code du travail,".
« II. - Le 1° du 1 de l'article 207 du même code est ainsi rédigé :
« 1° Les syndicats professionnels, quelle que soit leur forme juridique, et
leurs unions pour leurs activités portant sur l'étude et la défense des droits
et des intérêts collectifs matériels ou moraux de leurs membres ou des
personnes qu'ils représentent et à condition qu'ils fonctionnent conformément
aux dispositions qui les régissent ; ».
« III. - Le 2°
bis
du 1 du même article est abrogé.
« IV. - L'article 1461 du même code est complété par un 7° ainsi rédigé :
« 7° Les syndicats professionnels, quelle que soit leur forme juridique, et
leurs unions pour leurs activités portant sur l'étude et la défense des droits
et des intérêts collectifs matériels ou moraux de leurs membres ou des
personnes qu'ils représentent et à condition qu'ils fonctionnent conformément
aux dispositions qui les régissent. »
« V. - Les dispositions des II et III s'appliquent aux exercices clos à
compter du 1er janvier 2001. »
L'amendement n° 7, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« A. Après le IV de l'article 2
ter,
insérer un paragraphe ainsi rédigé
:
« IV
bis.
- Dans la première phrase de l'article 1679 A du code général
des impôts, les mots : "les syndicats professionnels et leurs unions visés au
chapitre Ier du titre Ier du livre IV du code du travail" sont remplacés par
les mots : "les syndicats professionnels, quelle que soit leur forme juridique,
et leurs unions pour leurs activités portant sur l'étude et la défense des
droits et des intérêts collectifs matériels ou moraux de leurs membres ou des
personnes qu'ils représentent et à condition qu'ils fonctionnent conformément
aux dispositions qui les régissent. »
« B. Pour compenser les pertes de recettes résultant pour l'Etat du A
ci-dessus, compléter
in fine
cet article par un paragraphe ainsi rédigé
:
« VI. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de la modification du
champ d'application de l'abattement de taxe sur les salaires pour les syndicats
professionnels sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe
additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement, déposé par souci de cohérence et de
coordination avec les dispositions du présent article vise à appliquer
l'abattement de la taxe sur les salaires prévu par l'article 1679 A du code
général des impôts à l'ensemble des syndicats professionnels qui
bénéficieraient de l'exonération de la taxe professionnelle et de l'impôt sur
les sociétés prévue par le présent article.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
A ce jour, l'abattement de taxe sur les salaires est
réservé aux syndicats et à leurs unions au sens du code du travail.
L'amendement n° 7 vise, semble-t-il, à étendre cet abattement à d'autres
organismes, tels que les ordres des professions libérales, médecins ou
experts-comptables, par exemple.
Cette extension ne me paraît pas opportune, car ces ordres n'exercent pas la
même activité et ne sont pas dans la même situation que les syndicats. Alors
qu'un syndicat défend les intérêts matériels et moraux de la population
concernée, un ordre gère, pour une bonne part, la profession, notamment sous
l'angle déontologique et disciplinaire, ce qui lui donne une sorte de pouvoir
régalien envers les professionnels. Au regard du mode de financement,
l'adhésion à l'ordre n'est pas facultative ; elle est obligatoire, de même que
la cotisation.
Ces différences entre syndicats et ordres professionnels nous conduisent à ne
pas souhaiter l'alignement de leur régime pour la taxe sur les salaires.
Il y aurait en outre un risque d'extension à d'autres organismes
professionnels. Pour cette raison, je suggère le retrait de l'amendement n°
7.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 7, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
(M. Daniel Hoeffel remplace M. Bernard Angels au fauteuil de la
présidence.)
PRÉSIDENCE DE M. DANIEL HOEFFEL
vice-président
M. le président.
L'amendement n° 91, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Compléter l'article 2
ter
par un paragraphe ainsi rédigé :
« VII. - Au premier alinéa de l'article L. 115-27 du code de la consommation,
il est ajouté après les mots : "effectuée à des fins commerciales" les mots :
"ou non commerciales." »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement vise à permettre aux associations, aux
syndicats professionnels, aux organismes publics et aux collectivités qui le
souhaitent de s'engager dans un processus de certification de leurs services
alors que la rédaction actuelle de l'article L. 115-27 du code de la
consommation limite l'accès à la certification des services aux seules
activités ayant une fin commerciale.
Cet amendement recueille un large consensus au sein de la commission des
finances. Il a été défendu par notre collègue Bernard Angels qui a eu
l'initiative de cette idée. Il compléterait utilement le dispositif proposé par
l'article 2
ter.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 91. Il
s'agit là, en effet, d'une très heureuse initiative.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 91.
M. Bernard Angels.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels.
Je voudrais brièvement remercier M. le rapporteur général et la commission
d'avoir accepté et repris cet amendement, pourtant déposé tardivement.
Il s'agit de compléter la loi du 4 janvier 1994, qui avait pour objet
d'élargir la certification, de produits aux services.Cet élargissement présente
néanmoins l'inconvénient d'être trop limité, car il exclut tout un ensemble
d'activités à but non lucratif de la procédure de certification, alors même que
l'intérêt d'une telle procédure est d'offrir un champ le plus vaste possible.
Cette orientation est d'ailleurs conforme aux propositions validées par les
professionnels et par les représentants des consommateurs contenues dans le
rapport du Conseil national de la consommation du 31 décembre 1998 sur la
certification des services.
Cet amendement tend donc à prendre acte de cette évolution, souhaitée par
l'ensemble des acteurs - pouvoirs publics, consommateurs, professionnels et
milieux associatifs - et à ouvrir largement le dispositif en supprimant une
restriction inappropriée.
En votant ce texte, le Sénat montrera une fois de plus son utilité.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 91, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
Je mets aux voix l'article 2
ter,
modifié.
(L'article 2
ter
est adopté.)
Article 3
M. le président.
« Art. 3. - I. - Le II de l'article 29 de la loi de finances pour 2001 (n°
2000-1352 du 30 décembre 2000) est ainsi rédigé :
«
II
. - Le produit de la taxe prévue à l'article 991 du code général
des impôts perçu en 2001 est réparti dans les conditions suivantes :
« 1° Une fraction de 75,3 % est affectée au budget de l'Etat ;
« 2° Une fraction de 24,7 % est affectée au fonds visé à l'article L. 131-8 du
code de la sécurité sociale. »
« II. - Le I du même article est abrogé. »
L'amendement n° 8, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 3. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
On ne peut pas toujours être dans le consensus,
n'est-ce pas, monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat !... Je crains
en effet que, sauf illumination particulière, cet amendement de suppression ne
puisse connaître le même sort que quelques-uns des textes examinés
précédemment.
Il s'agit, dans l'esprit de la commission, de refuser d'accroître la part du
produit de la taxe sur les conventions d'assurance qui est affectée au fonds de
financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité sociale,
autrement dit le FOREC, en 2001.
La commission ne saurait ni cautionner les contorsions législatives auxquelles
le Gouvernement se livre ni
a fortiori
s'y associer. Je veux parler des
procédés toujours plus complexes et plus difficiles à lire permettant de «
boucler » plus ou moins le financement des 35 heures.
C'est d'autant plus vrai que la loi de finances initiale pour 2001 avait déjà
prévu l'affectation d'une quote-part de 14 % de la taxe sur les conventions
d'assurance au FOREC et que cette affectation apparaît finalement comme étant
insuffisante.
Au-delà de cet amendement de suppression de l'article 3, nous considérons
qu'il faudra remettre totalement à plat le dispositif pour réexaminer tant les
dépenses que les ressources et, surtout, pour réintégrer les charges et les
produits du FOREC dans une discussion parlementaire organisée. Il conviendrait
en effet de mettre fin au jeu des dispositifs « miroirs » figurant tantôt dans
la loi de finances, tantôt dans la loi de financement de la sécurité sociale,
ce qui donne une vision tronquée des choses.
Mes chers collègues, nous savons bien que ces méthodes de travail sont très
peu satisfaisantes pour le Parlement comme pour l'opinion publique. C'est, pour
l'essentiel, en vue de réitérer ce message que la commission des finances
préconise la suppression de l'article 3.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 8, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 3 est supprimé.
(M. Bernard Angels remplace M. Daniel Hoeffel au fauteuil de la
présidence.)
PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS
vice-président
Article 4
M. le président.
« Art. 4. - Le 1° du VII de l'article 45 de la loi de finances pour 1987 (n°
86-1317 du 30 décembre 1986) est complété par les mots : "toutefois, pour les
réseaux exclusivement utilisés pour des activités de radiomessagerie, le
montant annuel de la taxe est égal à 15 000 euros à compter du 1er janvier 2001
;". » -
(Adopté.)
Article 5
M. le président.
« Art. 5. - Il est institué pour 2001, au profit du budget de l'Etat, un
prélèvement exceptionnel de 460 millions de francs sur les réserves du bureau
de recherches géologiques et minières. »
L'amendement n° 9, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 5. »
La parole est à M. le raporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Le Bureau de recherches géologiques et minières, ou
BRGM, est un établissement public qui mérite toute la considération du
Parlement.
Il accomplit une tâche difficile, notamment en cas de risque de catastrophe
naturelle lorsque nos concitoyens sont menacés par des inondations, par
exemple. Ses techniciens, ses experts, jouent alors un rôle précieux.
Le BRGM a aussi pour fonction de maintenir, dans certains domaines
stratégiques, l'autonomie d'approvisionnement de notre pays en matière
minérale.
Nous savons par ailleurs que, au cours des années passées, il a opéré, dans
des conditions sans doute délicates, un retour à l'équilibre de son compte
d'exploitation. Or c'est le moment qui est choisi pour prélever une somme
significative sur sa trésorerie.
Madame le secrétaire d'Etat, j'insiste sur le fait que la commission ne nie
pas le pouvoir légitime de l'Etat de « rapatrier », si je puis dire, dans son
propre compte des montants issus d'un établissement comme le BRGM. L'Etat,
quasi-actionnaire de cet établissement public, est juge de l'allocation des
actifs entre sa quasi-filiale et lui-même.
Cela dit, il faut étudier l'origine économique des flux. En l'occurrence, les
recettes exceptionnelles que l'Etat souhaite rapatrier apparaissent liées à la
cession d'actifs miniers. Deux opérations décrites dans le rapport se sont
traduites par des recettes exceptionnelles de 570 millions de francs. Cette
somme correspond au produit de cessions de participations à des partenaires
industriels.
Dans le passé, le BRGM a déjà eu l'occasion de céder des participations. Il
s'agit en effet d'un établissement public qui exerce directement certaines
tâches et d'une sorte de
holding
détenant des participations de droits
miniers dans toute une série de sociétés, un peu partout dans le monde.
En revanche, c'est, à ma connaissance, la première fois qu'un prélèvement
serait opéré par l'Etat à partir de produits de cessions d'actifs du BRGM. Le
statut juridique incertain de ce prélèvement, les considérations relatives aux
besoins propres du BRGM et d'autres entreprises publiques conduisent la
commission à souhaiter la suppression de l'article 5.
Madame le secrétaire d'Etat, nous n'aurions pas élevé de contestations si vous
aviez proposé d'affecter les ressources issues de ces cessions d'actifs du BRGM
au compte spécial du Trésor n° 902-24 permettant d'allouer des dotations de
capital à d'autres entreprises publiques. Il est défendable de mobiliser des
ressources en capital pour apporter des dotations à des établissements qui en
auraient besoin comme Réseau ferré de France, Charbonnages de France, les mines
de potasse d'Alsace et GIAT Industries.
A l'inverse, qualifier de dividende une ressource issue de la cession de
certains actifs nous semble contraire à la nature économique des transactions
réalisées. Nous ne saurions donc accepter, même pour une somme de 460 millions
de francs, d'intégrer dans la définition de l'équilibre budgétaire de l'Etat,
au sens européen, des recettes qui ne devraient pas y figurer. En effet, il
s'agit bien, je le répète, de recettes issues de cession d'actifs, de recettes
en capital qui doivent être affectées à un compte en capital et qui n'ont pas
lieu d'être prises en compte pour la détermination, au sens européen, du solde
de loi de finances.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
J'ai bien noté, monsieur le rapporteur général, que
vous n'étiez pas réellement hostile au rattachement au budget de l'Etat de ces
sommes qui résultent, comme vous l'avez rappelé vous-même, d'opérations
exceptionnelles. Notre différend, si je puis dire, porte plutôt sur
l'orientation de ces sommes vers le compte d'affectation spéciale, selon votre
proposition, ou vers le budget général, selon l'article 5 du projet de loi de
finances rectificative.
Nous avons préféré rattacher cette recette au budget général. En effet, il ne
s'agit pas directement d'une cession de titres. Comme vous l'avez souligné, les
principales remontées de trésorerie vers l'établissement sont le résultat de
transactions.
Par ailleurs, pour verser ces sommes au compte d'affectation spéciale, il eût
fallu une disposition législative spécifique permettant de modifier l'intitulé
de ce compte pour y affecter les produits de cessions du BRGM.
M. Michel Charasse.
C'est d'initiative gouvernementale !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Cette solution ne paraissait pas appropriée dans la
mesure où les différentes participations qui ont été cédées étaient des
participations secondaires par rapport à l'activité principale du BRGM. Or nous
n'avons jusqu'à présent proposé au Parlement de telles mesures que pour les
entreprises publiques dont le seul objet était de détenir des participations
financières, qui constituaient donc de purs
holdings
.
Voilà la raison pour laquelle ces sommes sont reversées au budget général dans
l'article 5. Aussi vous demanderai-je, monsieur le rapporteur général, de bien
vouloir retirer cet amendement.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur général ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 9.
M. Eric Doligé.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé.
Depuis des années, je suis avec beaucoup d'intérêt le devenir du BRGM, qui est
situé à Orléans et qui a été présidé par un certain nombre de personnalités,
dont M. Hubert Curien.
M. Michel Charasse.
Et par M. Claude Allègre !
M. Eric Doligé.
Je me souviens des difficultés que nous avons eues, à l'époque, pour obtenir
des financements susceptibles d'équilibrer le fonctionnement de cet
établissement et des nombreux licenciements qui ont eu lieu en son sein.
Le BRGM doit rester compétitif pour affronter la concurrence internationale,
qui est forte. L'opération qui consiste à prélever sur les réserves de cet
établissement 460 millions de francs pour les reverser au budget général de
l'Etat est donc, selon moi, une opération assez dangereuse, dans la mesure où
la situation financière actuelle peut ne pas perdurer. Je souhaite donc que
l'on n'affaiblisse pas le BRGM, qui connaît actuellement un fonctionnement
équilibré.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 5 est supprimé.
Article 6
M. le président.
« Art. 6. - Il est institué pour 2001, au profit du budget de l'Etat, un
prélèvement exceptionnel de 400 millions de francs sur les réserves de
l'Institut national de la propriété industrielle. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 10 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances.
L'amendement n° 53 est présenté par M. Grignon et les membres du groupe de
l'Union centriste.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Supprimer l'article 6. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n°
10.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous en sommes encore aux recettes de poche ou
recettes non fiscales nécessaires pour équilibrer les emplois et les ressources
de ce collectif budgétaire.
Madame le secrétaire d'Etat, le Gouvernement a décidément beaucoup
d'imagination en la matière ! En effet, il lui a fallu répartir entre la loi de
finances initiale pour 2002 et ce collectif budgétaire pour 2001 le recours aux
quelques ressources non pérennes qui sont bien pratiques dans le contexte
actuel.
La commission n'est pas convaincue du bien-fondé du prélèvement de 400
millions de francs que le Gouvernement propose d'opérer sur les réserves de
l'Institut national de la propriété industrielle, l'INPI.
Comme nous l'avons rappelé dans le rapport écrit, l'INPI est entièrement
autofinancé par les redevances tirées des dépôts de brevets, de marques, de
dessins et de modèles ainsi que par les produits de l'immatriculation au
registre du commerce et des sociétés.
En outre, il réalise, par délégation de l'Etat, une mission véritablement
régalienne, celle de la protection de la propriété industrielle.
Le prélèvement dont il s'agit intervient à un moment où l'innovation et la
compétitivité devraient être au coeur de toutes nos préoccupations. Si l'on
veut inciter les entreprises, notamment les PME, à mieux protéger leurs
connaissances, il faut non pas ponctionner l'INPI, mais diminuer le coût des
brevets.
L'INPI dispose de ressources car ses dépenses, qui sont gérées d'une manière
raisonnable et modérées par cet établissement public, ne suivent pas le même
rythme que celui des recettes. On constate régulièrement des excédents,
lesquels sont aussi régulièrement ponctionnés. Pour anticiper, madame le
secrétaire d'Etat, sur une remarque que vous pourriez me faire, je tiens à vous
préciser que ces ponctions ont été décidées par tous les gouvernements - je
n'ai cité dans mon rapport écrit que les années les plus récentes : 1991, 1995,
1997 et 2001.
Nous considérons donc qu'il serait préférable de diminuer le coût des brevets.
Une telle mesure répondrait au souci, souvent exprimée dans les discours -
moins dans la pratique - d'inciter à déposer des brevets, surtout dans les
secteurs de haute technologie. C'est d'autant plus important que la part de la
France diminue de manière préoccupante dans certains segments de la protection
des connaissances. Ainsi, dans le rapport Charzat - qu'on me pardonne de le
citer une nouvelle fois, mais c'est un bon document - il est souligné que le
nombre des brevets déposés en France reste très inférieur à la moyenne des
autres pays de l'OCDE.
Il faut savoir également que l'INPI devra faire face à des dépenses nouvelles
dans les années à venir. Il devra, entre autres, participer au financement du
brevet européen, prévu par l'accord de Londres, et aux mesures d'accompagnement
considérables qui résulteront de la traduction des brevets en langue française.
Il lui appartiendra surtout de promouvoir auprès des entreprises la nécessité
de la propriété industrielle, qui est une véritable arme stratégique. Tout cela
exige des moyens.
Contrairement à la position qu'elle a adoptée sur le BRGM, la commission
conteste l'opportunité même du prélèvement et pas seulement le mode de
comptabilisation de la recette.
M. le président.
La parole est à M. Fréville, pour défendre l'amendement n° 53.
M. Yves Fréville.
Je ne reprendrai pas les excellents arguments de M. le rapporteur général que
M. Grignon et moi-même partageons totalement. En revanche, j'insisterai sur la
vocation de l'INPI à mettre en oeuvre l'accord de Londres et sur l'effort que
va devoir fournir cet établissement pour traduire les brevets déposés en
anglais et en allemand afin de les mettre à la disposition des PME
françaises.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
La position de la commission n'est pas seulement
formelle ; c'est aussi pour des raisons de fond qu'elle s'oppose au prélèvement
exceptionnel de 400 millions de francs sur les réserves de cet
établissement.
Outre le fait que de tels prélèvements ont eu lieu dans le passé pour des
montants parfois plus importants, celui qui est proposé aujourd'hui par le
Gouvernement me paraît justifié au regard de la forte croissance qu'ont connu
les réserves de l'INPI depuis la date du dernier prélèvement opéré en 1997. Ces
réserves s'élevaient en effet à 731 millions de francs à la fin 2000. Par
conséquent, ce nouveau prélèvement apparaît très raisonnable.
Monsieur le rapporteur général, je suis sensible à la préoccupation que vous
avez exprimée de réduire le coût des brevets. Le Gouvernement a travaillé dans
ce sens, puisque plusieurs composantes de ce coût, dont la redevance de rapport
de recherche, ont fait l'objet d'importantes diminutions de tarifs. En France,
le coût total d'un brevet assurant une protection pendant vingt ans est
inférieur au coût observé au Japon, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en
Italie.
Pour toutes ces raisons, je ne peux qu'être défavorable à ces amendements.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements n°s 10 et 53.
M. Eric Doligé.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé.
Il s'agit, là encore, de supprimer un article qui vise à opérer un prélèvement
sur des ressources disponibles, comme si tout allait toujours très bien dans le
meilleur des mondes. C'est en tout cas l'impression que donne le Gouvernement.
Mais, madame le secrétaire d'Etat, les situations peuvent évoluer, et même si,
comme vous l'avez dit, le coût total d'un brevet est, en France, inférieur au
coût observé dans certains autres pays concurrents, il reste encore extrêmement
élevé !
Je me rallie donc à l'avis de M. le rapporteur général, que je prie de bien
vouloir m'excuser de reprendre certains de ses termes dans le rappel que je
voudrais faire.
Le retard de la France en matière de dépôt de brevets est très inquiétant et
remet inévitablement en cause la place de notre pays sur le plan de la
recherche et de l'innovation technologique.
Selon le tableau de bord de l'innovation 2001 de la Commission européenne, la
France est particulièrement mal placée en termes de dépôts de brevets et de
recherche et développement par rapport à l'ensemble de ses partenaires
européens. Nous sommes même en queue de peloton en compagnie du Portugal, de
l'Italie et de l'Autriche.
La France dépose 14 000 brevets annuels sur son territoire, soit près de deux
fois moins que la Grande-Bretagne, quatre fois moins que l'Allemagne et quinze
à vingt fois moins que les Etats-Unis !
De plus, les Etats-Unis ont pratiquement quadruplé leurs dépôts de brevets
dans la dernière décennie, alors que les dépôts de brevets des entreprises
françaises dans leur ensemble ne progressent que de 1 % à 2 % par an.
En France, trois entreprises sur quatre ne déposent jamais de brevets
d'invention.
Fort de ce constat alarmant, la commission des affaires économiques et son
rapporteur, notre collègue Francis Grignon, ont proposé un plan « brevet » pour
accompagner les mutations du droit européen, entamer un « rattrapage » sur le
plan de la propriété industrielle par rapport à des pays comme l'Allemagne ou
les Etats-Unis, et diffuser plus largement la « culture brevet » aux
entreprises françaises.
Du fait de l'importance de l'enjeu, ce plan « brevet » vise à agir
simultanément sur sept maillons de la chaîne : mettre en place des actions de
sensibilisation et d'accompagnement des PME françaises, mobiliser les
chercheurs publics, revoir la fiscalité des inventeurs indépendants et le
régime d'incitation des inventeurs salariés, renforcer la profession de
conseils en propriété industrielle, dont le statut est en retard par rapport
aux pays voisins, réformer le fonctionnement des tribunaux compétents en
brevet, renforcer la formation de spécialistes scientifique, technique, enfin,
sensibiliser l'ensemble des étudiants, notamment de la filière scientifiques et
techniques, au brevet d'invention.
Ce plan, qui est crucial pour notre pays, appelle un effort particulier des
pouvoirs publics, notamment sur le plan financier.
Or la première mesure gouvernementale qui est annoncée, à la suite de la
publication du rapport du Sénat, consiste non pas à amorcer des mesures
fondamentales pour notre pays dans le sens indiqué mais, au contraire, à
supprimer par avance les ressources financières nécessaires.
Pour ces raisons, madame le secrétaire d'Etat, nous souhaitons que vous
reveniez sur le prélèvement inscrit à l'article 6 et que vous acceptiez la mise
en place du Plan « brevet », recommandé par la commission des affaires
économiques et du plan. Dans le cas contraire, nous voterons l'amendement de
suppression de la commission des finances.
M. le président.
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 10 et 53, repoussés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'article 6 est supprimé.
Article 7
M. le président.
« Art. 7. - I. - L'article 46 de la loi n° 52-799 du 10 juillet 1952 assurant
la mise en oeuvre du régime de l'allocation vieillesse des personnes non
salariées et la substitution de ce régime à celui de l'allocation temporaire
est abrogé.
« II. - La Caisse des dépôts et consignations verse au profit du budget de
l'Etat, lors de l'entrée en vigueur de la présente loi, la somme de 23,8
millions de francs au titre du fonds spécial d'allocation vieillesse dont elle
assure la gestion jusqu'à cette date.
« III. - Les droits et obligations résiduels du fonds spécial d'allocation
vieillesse, créé par l'article 46 de la loi n° 52-799 du 10 juillet 1952
précitée, sont transférés au service de l'allocation spéciale vieillesse créé
par l'article L. 814-5 du code de la sécurité sociale. »
« L'amendement n° 11, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Dans le II de cet article, remplacer la somme : "23,8 millions de francs"
par la somme : "2,14 millions de francs". »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet article 7 organise la liquidation du fonds
spécial d'allocation vieillesse, le FSAV, un fonds ancien puisqu'il remonte à
1952. Ce compte a assuré, jusqu'en 1993, le versement d'une allocation
vieillesse pour les personnes âgées dépourvues de couverture sociale. En
juillet 1993, le fonds de solidarité vieillesse, ou FSV, a été créé par le
gouvernement Balladur pour regrouper en un fonds unique l'ensemble de ces
prestations non contributives.
Le FSAV a dès lors cessé ses activités, qui ont été transférées à un service
financé par le FSV et gérées par la Caisse des dépôts et consignations. A
l'actif du FSAV figurent encore quelques disponibilités - 23,8 millions de
francs - ainsi que ces créances à recouvrer.
Madame le secrétaire d'Etat, vous proposez d'affecter lesdites disponibilités
et lesdites créances au service de l'allocation spéciale vieillesse, le SASV.
Nous contestons ce choix !
Vous indiquez, dans l'exposé des motifs, que l'Etat finançait le fonds spécial
de l'allocation vieillesse avant 1993. C'est exact, mais sa participation
n'excédait pas 9 %, le solde provenant des régimes de retraite de base. C'est
bien le fonds de solidarité vieillesse qui a succédé à ces derniers. Il me
paraîtrait donc normal que ce soit lui qui bénéficie de l'ensemble de l'actif
du fonds liquidé - actif disponible ou créances à recouvrer - moins la
quote-part de l'Etat, soit les 91 % concernant les anciens régimes de retraite
de base.
Notre amendement affecte donc à l'Etat 9 % de l'actif disponible du fonds,
conformément à la répartition antérieure à l'année 1993. Le solde, c'est-à-dire
21,66 millions de francs, ainsi que les créances à recouvrer viendraient
minorer les frais de gestion du SASV, dont le coût revient au fonds de
solidarité vieillesse.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Comme vous l'avez dit, monsieur le rapporteur général,
jusqu'en 1993, le fonds spécial d'allocation vieillesse servait aux personnes
âgées qui ne ressortissaient à aucun régime de retraite de base deux
allocations qui constituaient le minimum vieillesse : l'allocation spéciale et
l'allocation supplémentaire. Le financement de ces allocations incombait, pour
l'allocation spéciale au régime de base, à l'Etat qui y participait, à hauteur
de 9 %, par le biais d'un mécanisme de compensation et, pour l'allocation
supplémentaire, à l'Etat, qui y contribuait par le biais du Fonds national de
solidarité, lequel était exclusivement alimenté par le budget général de
l'Etat.
Par conséquent, la participation de l'Etat au financement du fonds spécial
d'allocation vieillesse est non pas de 9 %, comme vous l'avez dit tout à
l'heure, mais de 60 %, car il convient de prendre en compte les deux
allocations servies et comptabilisées dans l'actif de ce fonds et qui
constituaient les deux éléments du minimum vieillesse.
Selon cette clé de répartition, qui est la bonne, il est normal d'affecter,
comme cela est prévu, 19 millions de francs au service de l'allocation spéciale
vieillesse qui a succédé au FSAV. Je souhaiterais donc que vous retiriez cet
amendement, monsieur le rapporteur général.
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, l'amendement est-il maintenu ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Nous n'allons pas polémiquer. Nous n'avons pas la
même lecture des chiffres, ni la même interprétation des pratiques qui ont été
observées jusqu'à présent. Les informations que nous avons reçues ne vont pas
exactement dans le sens qui a été défendu par Mme le secrétaire d'Etat. C'est
pourquoi cet amendement ne peut qu'être maintenu.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 11, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article n° 7, modifié.
(L'article 7 est adopté.)
Article 8
M. le président.
« Art. 8. - Au III de l'article 38 de la loi de finances pour 2001 précitée,
le montant "un milliard huit cent trente millions de francs" est remplacé par
le montant "trois milliards trois cent soixante-douze millions de francs". »
L'amendement n° 12, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 8. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Par cet amendement, la commission des finances veut
réaffirmer une position de principe. Il s'agit de supprimer le financement du
déséquilibre du budget annexe des prestations sociales agricoles, le BAPSA, par
la contribution sociale de solidarité des sociétés, la C3S. Ce prélèvement
constitue un mode de financement inadéquat, instable, discrétionnaire et
injustifié. C'est une ponction d'une partie du produit de la C3S au profit du
BAPSA, qui bénéficie déjà d'impositions affectées et d'une subvention
d'équilibre du budget de l'Etat. Cette pratique revient à détourner des régimes
de sécurité sociale des commerçants et artisans une partie des sommes qui leur
sont normalement et légalement dues au titre de la C3S. De notre point de vue,
c'est à l'Etat qu'il revient, par le biais de la subvention d'équilibre,
d'assurer
in fine
l'équilibre du BAPSA.
Là encore, madame le secrétaire d'Etat, nous demandons la suppression de
l'article. Nous estimons que l'affectation préconisée est vraiment une mesure
de facilité qui modifie la perception que l'on peut avoir des choses et qui
rend confuse l'appréciation tant du budget de l'Etat que du BAPSA et de
l'évolution des régimes spécifiques des commerçants et artisans.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 8 est supprimé.
Article 9
M. le président.
« Art. 9. - Le II de l'article 36 de la loi de finances pour 2001 précitée est
ainsi modifiée :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "et de désendettement de l'Etat" sont
supprimés ;
« 2° Le troisième alinéa est ainsi rédigé :
« - en dépenses : les versements au Fonds de réserve pour les retraites
mentionné à l'article L. 135-6 du code de la sécurité sociale. »
L'amendement n° 13, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi l'article 9 :
« Le II de l'article 36 de la loi de finances pour 2001 précitée est ainsi
modifié :
« Dans le premier alinéa, les mots : "de provisionnement des charges de
retraite et" sont supprimés.
« 2° Le troisième alinéa est ainsi rédigé :
« - en dépenses : les versements à la Caisse d'amortissement de la dette
publique. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il s'agit de nouveau des licences UMTS.
La procédure d'attribution de ces licences a été pour le moins assez
infructueuse. On le sait, mes chers collègues, le choix de la soumission
comparative, que d'aucuns appellent par une traduction du franglais le «
concours de beauté », de même que le retard pris dans l'attribution des
licences ont conduit à des résultats budgétaires plus que décevants et ont
suscité des conséquences industrielles que les spécialistes de ces questions
ont beaucoup critiquées.
Ainsi, le récent rapport de MM. Elie Cohen et Michel Mougeot intitulé
Enchères et gestion publique
publié par le Conseil d'analyse économique
du Premier ministre souligne que la France n'a pas fait preuve de clairvoyance
dans sa procédure d'attribution des licences UMTS.
Au total, on le sait, seules deux licences sur quatre ont été attribuées.
Moins de six mois après que les règles du jeu eurent été édictées, les prix ont
été revus à la baisse, ce qui conduit l'Etat à ne percevoir en 2001 que 8
milliards de francs versés par SFR et Orange, soit quatre fois moins que la
somme espérée. Malgré tout, 8 milliards de francs, c'est le prix - on l'a vu
tout à l'heure - du doublement de la prime pour l'emploi.
Le Gouvernement voudrait consacrer ces 8 milliards de francs uniquement au
fonds de réserve pour les retraites. Or - nous avons eu souvent l'occasion de
le dire - ce fonds est demeuré largement virtuel, il ne sera pas opérationnel
avant 2002. On ne sait pas quelle devra être sa politique de gestion : qui le
gérera, à l'aide de quels actifs, etc.
Il paraît donc préférable à la commission des finances que les produits des
licences UMTS contribuent au désendettement de l'Etat. Nous voulons, par cet
amendement, rappeler solennellement cet objectif de désendettement de l'Etat.
Nous voulons également rappeler qu'affecter des sommes à un fonds de réserve
pour les retraites non défini, dans le flou, n'est pas une bonne politique.
Nous ajoutons à cela, avec obstination, madame le secrétaire d'Etat, qu'une
provision constituée dans les écritures d'un Etat déficitaire n'a pas
véritablement de sens. Plus exactement, cela conduit à financer par des titres
de la dette publique la détention, dans le portefeuille du fonds de réserve,
d'autres titres de la dette publique, auxquels, bien entendu, vont s'ajouter
des actifs financiers plus diversifiés le jour où la politique de gestion et
les responsabilités auront été arrêtées.
Madame le secrétaire d'Etat, ne nous en veuillez pas d'être têtus et de
préférer le désendettement de l'Etat à une voie qui passe par l'intermédiaire
du fonds de réserve pour les retraites et qui, à notre avis, est à la fois trop
indirecte et trop confuse.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 13, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 9 est ainsi rédigé.
Article 9 bis
M. le président.
« Art. 9
bis.
- Dans le deuxième alinéa de l'article L. 2334-1 du code
général des collectivités territoriales, les mots : "au cours de laquelle la
régularisation est versée" sont remplacés par les mots : "à laquelle cette
régularisation correspond". » -
(Adopté.)
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, je demande une suspension de
séance de quelques instants.
M. le président.
Le Sénat va, bien sûr, accéder à votre demande, madame le secrétaire
d'Etat.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures quarante, est reprise à dix-sept heures
cinq.)
M. le président.
La séance est reprise.
Article 10 et état A
M. le président.
« Art. 10. - L'ajustement des recettes tel qu'il résulte des évaluations
révisées figurant à l'état A annexé à la présente loi et le supplément de
charges du budget de l'Etat pour 2001 sont fixés ainsi qu'il suit :
RESSOURCES |
DÉPENSES
civiles |
DÉPENSES
en capital |
DÉPENSES militaires |
DÉPENSES
des charges |
SOLDES |
|
---|---|---|---|---|---|---|
A. - Opérations à caractère définitif |
||||||
Budget général |
||||||
Montants bruts | 12 333 | 40 123 | ||||
A déduire : Remboursements et dégrèvements d'impôts | 35 555 |
35 555
|
||||
Montants nets du budget général | - 23 222 | 4 568 | 1 116 | - 1 804 | 3 880 | |
Comptes d'affectation spéciale | - 24 372 | . | - 24 372 | . | - 24 372 | |
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale | - 47 594 | 4 568 | - 23 256 | - 1 804 |
- 20 492 |
|
Budgets annexes |
||||||
Aviation civile | 200 | 200 | . | . | 200 | |
Journaux officiels | . | . | . | . | . | |
Légion d'honneur | . | . | . | . | . | |
Ordre de la Libération | . | . | . | . | . | |
Monnaies et médailles | - 19 | - 19 | . | . | - 19 | |
Prestations sociales agricoles | 1 200 | 1 200 | . | . |
1 200
|
|
Totaux des budgets annexes | 1 381 | 1 381 | . | . | 1 381 | |
Solde des opérations définitives (A) | . | . | . | . | . | - 27 102 |
B. - Opérations à caractère temporaire |
||||||
Comptes spéciaux du Trésor |
||||||
Comptes d'affectation spéciale | . | . | . | . | . | |
Comptes de prêts | . | . | . | . | . | |
Comptes d'avances | - 2 520 | . | . | . | - 3 700 | |
Comptes de commerce (solde) | . | . | . | . | . | |
Comptes d'opérations monétaires (solde) | . | . | . | . | . | |
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | . | . | . | . | . | |
Solde des opérations temporaires (B) | . | . | . | . | . | 1 180 |
Solde général (A + B) | . | . | . | . | . | - 25 922 |
Je donne lecture de l'état A.
É T A T A
Tableau des voies et moyens applicables au budget de 2001
I. - BUDGET GÉNÉRAL
(En milliers de francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 2001 |
|
---|---|---|---|
A. - Recettes fiscales 1. Impôts sur le revenu |
|||
0001 | Impôt sur le revenu | + | 6 185 000 |
2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | |||
0002 | Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | + | 3 700 000 |
3. Impôt sur les sociétés | |||
0003 | Impôt sur les sociétés | - | 840 000 |
4. Autres impôts directs et taxes assimilées | |||
0004 | Retenues à la source sur certains bénéfices non commerciaux et de l'impôt sur le revenu | - | 400 000 |
0005 | Retenues à la source et prélèvements sur les revenus de capitaux mobiliers et le prélèvement sur les bons anonymes | + | 3 100 000 |
0008 | Impôt de solidarité sur la fortune | - | 690 000 |
0009 | Taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et de stockage | - | 320 000 |
0011 | Taxe sur les salaires | + | 1 181 000 |
0013 | Taxe d'apprentissage | + | 20 000 |
0015 | Taxe forfaitaire sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art, de collection et d'antiquité | - | 70 000 |
0018 | Prélèvement sur les entreprises de production pétrolière | - | 1 125 000 |
0019 | Recettes diverses | - | 230 000 |
. | Totaux pour le 4 | + | 1 466 000 |
5. Taxe intérieure sur les produits pétroliers | |||
0021 | Taxe intérieure sur les produits pétroliers | - | 13 989 000 |
6. Taxe sur la valeur ajoutée | |||
0022 | Taxe sur la valeur ajoutée | - | 1 775 000 |
7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes | |||
0023 | Mutations à titre onéreux de créances, rentes, prix d'offices | - | 250 000 |
0024 | Mutations à titre onéreux de fonds de commerce | + | 50 000 |
0025 | Mutations à titre onéreux de meubles corporels | - | 12 000 |
0026 | Mutations à titre onéreux d'immeubles et droits immobiliers | + | 33 000 |
0027 | Mutations à titre gratuit entre vifs (donations) | - | 1 400 000 |
0028 | Mutations à titre gratuit par décès | + | 760 000 |
0031 | Autres conventions et actes civils | - | 360 000 |
0033 | Taxe de publicité foncière | + | 5 000 |
0034 | Taxe spéciale sur les conventions d'assurance | + | 6 040 000 |
0039 | Recettes diverses et pénalités | + | 11 000 |
0041 | Timbre unique | - | 55 000 |
0045 | Actes et écrits assujettis au timbre de dimension | - | 50 000 |
0051 | Impôt sur les opérations traitées dans les bourses de valeurs | - | 900 000 |
0059 | Recettes diverses et pénalités | + | 5 000 |
0061 | Droits d'importation | + | 500 000 |
0064 | Autres taxes intérieures | - | 100 000 |
0082 | Taxe sur les titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés | + | 190 000 |
0083 | Taxe sur les concessionnaires d'autoroutes | + | 90 000 |
0084 | Taxe sur achats de viande | - | 600 000 |
0089 | Taxe sur les installations nucléaires de base | + | 31 000 |
0091 | Garantie des matières d'or et d'argent | + | 5 000 |
0092 | Amendes, confiscations et droits sur acquis non rentrés | + | 4 000 |
0093 | Autres droits et recettes à différents titres | + | 4 000 |
0094 | Taxe spéciale sur la publicité télévisée | + | 3 000 |
0096 | Taxe spéciale sur certains véhicules routiers | + | 150 000 |
0098 | Taxe sur les stations et liaisons radio-électriques privées | + | 134 000 |
0099 | Autres taxes | + | 149 000 |
. | Totaux pour le 7 | + | 4 437 000 |
B. - Recettes non fiscales 1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier |
|||
0110 | Produits des participations de l'Etat dans des entreprises financières | + | 1 139 400 |
0111 | Contribution de la Caisse des dépôts et consignations représentative de l'impôt sur les sociétés | - | 355 000 |
0114 | Produits des jeux exploités par la Française des jeux | + | 250 000 |
0116 | Produits des participations de l'Etat dans des entreprises non financières et bénéfices des établissements publics non financiers | + | 2 616 000 |
0129 | Versements des budgets annexes | + | 49 000 |
. | Totaux pour le 1 | + | 3 699 400 |
2. Produits et revenus du domaine de l'Etat | |||
0202 | Recettes des transports aériens par moyens militaires | + | 3 000 |
0203 | Recettes des établissements pénitentiaires | - | 10 000 |
0207 | Produits et revenus du domaine encaissés par les comptables des impôts | + | 560 000 |
0208 | Produit de la cession de biens appartenant à l'Etat réalisée dans le cadre des opérations de délocalisation | + | 1 000 |
0299 | Produits et revenus divers | - | 5 000 |
. | Totaux pour le 2 | + | 549 000 |
3. Taxes, redevances et recettes assimilées | |||
0301 | Redevances, taxes ou recettes assimilées de protection sanitaire et d'organisation des marchés de viandes | - | 15 000 |
0309 | Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes | - | 197 000 |
0310 | Recouvrement des frais de justice, des frais de poursuite et d'instance | + | 88 000 |
0311 | Produits ordinaires des recettes des finances | - | 6 000 |
0315 | Prélèvements sur le pari mutuel | - | 100 000 |
0318 | Produit des taxes, redevances et contributions pour frais de contrôle perçues par l'Etat | + | 119 000 |
0323 | Droits d'inscription pour les examens organisés par les différents ministères, droits de diplômes et de scolarité perçus dans différentes écoles du Gouvernement | - | 1 000 |
0326 | Reversement au budget général de diverses ressources affectées | + | 94 000 |
0328 | Recettes diverses du cadastre | - | 17 000 |
0329 | Recettes diverses des comptables des impôts | - | 40 000 |
0330 | Recettes diverses des receveurs des douanes | + | 225 000 |
0331 | Rémunération des prestations rendues par divers services ministériels | + | 500 000 |
0333 | Frais de gestion du service chargé de la perception de la redevance audiovisuelle | + | 400 |
0339 | Redevance d'usage des fréquences radioélectriques | - | 100 000 |
0399 | Taxes et redevances diverses | - | 20 000 |
. | Totaux pour le 3 | + | 530 400 |
4. Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital | |||
0401 | Récupération et mobilisation des créances de l'Etat | + | 40 000 |
0402 | Annuités diverses | + | 1 000 |
0404 | Intérêts des prêts du Fonds de développement économique et social | + | 25 000 |
0407 | Intérêts des dotations en capital et des avances d'actionnaires accordées par l'Etat | - | 1 818 000 |
0408 | Intérêts sur obligations cautionnées | - | 1 000 |
0409 | Intérêts des prêts du Trésor | - | 500 000 |
0410 | Intérêts des avances du Trésor | - | 1 000 |
0411 | Intérêts versés par divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics au titre des avances | + | 183 000 |
0499 | Intérêts divers | + | 20 000 |
. | Totaux pour le 4 | - | 2 051 000 |
5. Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat | |||
0501 | Retenues pour pensions civiles et militaires (part agent) | + | 150 000 |
0502 | Contributions aux charges de pensions de France Télécom | - | 114 000 |
0503 | Retenues de logement effectuées sur les émoluments de fonctionnaires et officiers logés dans des immeubles appartenant à l'Etat ou loués par l'Etat | + | 1 000 |
0505 | Prélèvements effectués sur les salaires des conservateurs des hypothèques | + | 75 000 |
0508 | Contributions aux charges de pensions de La Poste | + | 198 000 |
0509 | Contributions aux charges de pensions de divers organismes publics ou semi-publics | + | 84 000 |
. | Totaux pour le 5 | + | 394 000 |
6. Recettes provenant de l'extérieur | |||
0601 | Produits des chancelleries diplomatiques et consulaires | + | 40 000 |
0604 | Remboursement par les Communautés européennes des frais d'assiette et de perception des impôts et taxes perçus au profit de son budget | + | 97 000 |
0607 | Autres versements des Communautés européennes | - | 40 000 |
0699 | Recettes diverses provenant de l'extérieur | + | 2 000 |
. | Totaux pour le 6 | + | 99 000 |
7. Opérations entre administrations et services publics | |||
0702 | Redevances et remboursements divers dus par les compagnies de chemins de fer d'intérêt local et entreprises similaires | - | 1 000 |
0712 | Remboursement de divers frais de gestion et de contrôle | - | 4 000 |
. | Totaux pour le 7 | - | 5 000 |
8. Divers | |||
0801 | Recettes en contrepartie des dépenses de reconstruction | - | 1 000 |
0802 | Recouvrements poursuivis à l'initiative de l'agence judiciaire du Trésor. - Recettes sur débets non compris dans l'actif de l'administration des finances | - | 25 000 |
0803 | Remboursements de frais de scolarité, de pension et de trousseau par les anciens élèves des écoles du Gouvernement qui quittent prématurément le service de l'Etat | - | 3 000 |
0804 | Pensions et trousseaux des élèves des écoles du Gouvernement | - | 3 000 |
0805 | Recettes accidentelles à différents titres | + | 97 000 |
0806 | Recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie | - | 1 397 000 |
0809 | Recettes accessoires sur les dépenses obligatoires d'aide sociale et de santé | - | 1 000 |
0813 | Rémunération de la garantie accordée par l'Etat aux caisses d'épargne | + | 4 122 000 |
0814 | Prélèvements sur les fonds d'épargne gérés par la Caisse de dépôts et consignations | - | 900 000 |
0815 | Rémunération de la garantie accordée par l'Etat à la Caisse nationale d'épargne | - | 3 222 000 |
0899 | Recettes diverses | + | 8 105 200 |
. | Totaux pour le 8 | + | 6 772 200 |
C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales |
|||
0001 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation globale de fonctionnement | + | 1 858 560 |
0002 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation | + | 115 951 |
0003 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs | - | 56 341 |
0004 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle | + | 399 457 |
0005 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation de compensation de la taxe professionnelle | - | 812 733 |
0007 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale | - | 1 019 435 |
0009 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse | - | 6 817 |
0010 | Compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle | - | 539 752 |
. | Totaux pour le 1 | - | 61 110 |
2. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes |
|||
0001 | Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes | - | 3 100 000 |
RÉCAPITULATION GÉNÉRALE A. - Recettes fiscales |
|||
1 | Impôt sur le revenu | + | 6 185 000 |
2 | Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | + | 3 700 000 |
3 | Impôt sur les sociétés | - | 840 000 |
4 | Autres impôts directs et taxes assimilées | + | 1 466 000 |
5 | Taxe intérieure sur les produits pétroliers | - | 13 989 000 |
6 | Taxe sur la valeur ajoutée | - | 1 775 000 |
7 | Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes | + | 4 437 000 |
. | Totaux pour la partie A | - | 816 000 |
B. - Recettes non fiscales | |||
1 | Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier | + | 3 699 400 |
2 | Produits et revenus du domaine de l'Etat | + | 549 000 |
3 | Taxes, redevances et recettes assimilées | + | 530 400 |
4 | Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital | - | 2 051 000 |
5 | Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat | + | 394 000 |
6 | Recettes provenant de l'extérieur | + | 99 000 |
7 | Opérations entre administrations et services publics | - | 5 000 |
8 | Divers | + | 6 772 200 |
. | Totaux pour la partie B | + | 9 988 000 |
C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat | |||
1 | Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales | + | 61 110 |
2 | Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes | + | 3 100 000 |
. | Totaux pour la partie C | + | 3 161 110 |
. | Total général | + | 12 333 110 |
II. - BUDGETS ANNEXES
(En francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 2001 Aviation civile 1re SECTION. - EXPLOITATION |
|
---|---|---|---|
7400 | Subvention du budget général | . |
200 000 000 |
. | Total des recettes nettes | . |
200 000 000 Monnaies et médailles 1re SECTION. - EXPLOITATION |
7400 | Subvention | - |
19 000 000 |
. | Total des recettes nettes | - |
19 000 000 Prestations sociales agricoles 1re SECTION. - EXPLOITATION |
7031 | Cotisations prestations familiales (art. L. 731-25 à 29 du code rural) | - | 59 000 000 |
7032 | Cotisations AVA (art. L. 731-42 [1°] du code rural) | - | 48 000 000 |
7033 | Cotisations AVA (art. L. 731-42 [2° et 3°] du code rural) | - | 118 000 000 |
7034 | Cotisations AMEXA (art. 731-30 à L. 731-41 du code rural) | - | 117 000 000 |
7056 | Prélèvement sur le produit de la contribution sociale de solidarité des sociétés | . |
1 542 000 000 |
. | Total des recettes nettes | . | 1 200 000 000 |
III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
(En francs)
RÉVISION DES ÉVALUATIONS POUR 2000
|
||||
---|---|---|---|---|
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES COMPTES |
Opérations à caractère définitif |
Opérations à caractère temporaire |
Total Compte d'affectation des produits de cessions de titres, parts et droits de sociétés |
01 | Produit des ventes par l'Etat de titres, de parts ou de droits de sociétés, ainsi que le reversement sous toutes ses formes, par la société Thomson SA, du produit résultant de la cession ou du transfert de titres des sociétés Thomson CSF et Thomson Multimédia, et le reversement sous toutes ses formes, par la société Compagnie financière Hervet, du produit résultant de la cession ou du transfert de titres de la société Banque Hervet | » | » | » |
02 | Reversement d'avances d'actionnaires ou de dotations en capital et produits de réduction du capital ou de liquidation | » | » | » |
03 | Versements du budget général ou d'un budget annexe | » | » | » |
04 | Reversements résultant des investissements réalisés directement ou indirectement par l'Etat dans des fonds de capital-investissement | » | » |
» |
. | Totaux | » | » |
» |
. | Totaux pour les comptes d'affectation spéciale | » | » | » |
III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
(En francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 2001 Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée au financement des organismes du secteur public de la radiodiffusion sonore et de la télévision |
|
---|---|---|---|
01 | Produit de la redevance | . | 120 000 000 |
03 | Versement du budget général | - | 120 000 000 |
Fonds de provisionnement des charges de retraite et de désendettement de l'Etat |
|||
01 | Redevances d'utilisation des fréquences allouées en vertu des autorisations d'établissement et d'exploitation des réseaux mobiles de troisième génération | - |
24 372 000 000 |
. | Total pour les comptes d'affectation spéciale | - | 24 372 000 000 |
IV. - COMPTES D'AVANCES DU TRÉSOR
(En francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 2001 |
---|---|---|
. |
Avances aux départements sur le produit de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur - |
920 000 000 |
. |
Avances sur le montant des impositions revenant aux départements, communes, établissements et divers organismes - |
1 600 000 000 |
L'amendement n° 100, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« I. Dans l'état A, modifier les évaluations de recettes comme suit :
« I. - BUDGET GÉNÉRAL
« A. - Recettes fiscales
« 7. Enregistrement, timbre, autres
contributions et taxes indirectes
« Ligne 0034, taxe spéciale sur les conventions d'assurance : minorer de 5 588 000 000 F.
« B. - Recettes non fiscales
« 8. Divers
« Ligne 0899, recettes diverses : minorer de 881 660 000 F.
«
II. - BUDGETS ANNEXES
« Prestations sociales agricoles
« Première section - Exploitation
« Ligne 7055, subvention du budget général : solde : majorer de 1 542 000 000
F.
« Ligne 7056, prélèvement sur le produit de la contribution sociale de
solidarité des sociétés : minorer de 1 542 000 000 F.
«
III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
Fonds de désendettement de l'Etat
(intitulé du compte modifié)
« II. - L'article 10 est ainsi modifié :
« L'ajustement des recettes tel qu'il résulte des évaluations révisées
figurant à l'état A annexé à la présente loi et le supplément de charges du
budget de l'Etat pour 2001 sont fixés ainsi qu'il suit :
RESSOURCES |
DÉPENSES
civiles |
DÉPENSES
en capital |
DÉPENSES militaires |
DÉPENSES
des charges |
SOLDES |
|
---|---|---|---|---|---|---|
A. - Opérations à caractère définitif |
||||||
Budget général |
||||||
Montants bruts | 5 863 | 33 665 | ||||
A déduire : Remboursements et dégrèvements d'impôts | 27 555 |
27 555
|
||||
Montants nets du budget général | - 21 692 | 6 110 | 1 116 | - 1 804 | 5 422 | |
Comptes d'affectation spéciale | - 24 372 | . | - 24 372 | . | - 24 372 | |
Totaux pour le budget général et les comptes d'affectation spéciale | - 46 064 | 6 110 | - 23 256 | - 1 804 |
- 18 950 |
|
Budgets annexes |
||||||
Aviation civile | 200 | 200 | . | . | 200 | |
Journaux officiels | . | . | . | . | . | |
Légion d'honneur | . | . | . | . | . | |
Ordre de la Libération | . | . | . | . | . | |
Monnaies et médailles | - 19 | - 19 | . | . | - 19 | |
Prestations sociales agricoles | 1 200 | 1 200 | . | . |
1 200
|
|
Totaux pour les budgets annexes | 1 381 | 1 381 | . | . | 1 381 | |
Solde des opérations définitives (A) | . | . | . | . | . | - 27 114 |
B. - Opérations à caractère temporaire |
||||||
Comptes spéciaux du Trésor |
||||||
Comptes d'affectation spéciale | . | . | . | . | . | |
Comptes de prêts | . | . | . | . | . | |
Comptes d'avances | - 2 520 | . | . | . | - 3 700 | |
Comptes de commerce (solde) | . | . | . | . | . | |
Comptes d'opérations monétaires (solde) | . | . | . | . | . | |
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | . | . | . | . | . | |
Solde des opérations temporaires (B) | . | . | . | . | . | 1 180 |
Solde général (A + B) | . | . | . | . | . | - 25 934 |
Je donne lecture de l'état A :
É T A T A
Tableau des voies et moyens applicables au budget de 2001
I. - BUDGET GÉNÉRAL
(En milliers de francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 2001 |
|
---|---|---|---|
A. - Recettes fiscales 1. Impôt sur le revenu |
|||
0001 | Impôt sur le revenu | + | 6 185 000 |
2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | |||
0002 | Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | + | 3 700 000 |
3. Impôt sur les sociétés | |||
0003 | Impôt sur les sociétés | - | 840 000 |
4. Autres impôts directs et taxes assimilées | |||
0004 | Retenues à la source sur certains bénéfices non commerciaux et de l'impôt sur le revenu | - | 400 000 |
0005 | Retenues à la source et prélèvements sur les revenus de capitaux mobiliers et le prélèvement sur les bons anonymes | + | 3 100 000 |
0008 | Impôt de solidarité sur la fortune | - | 690 000 |
0009 | Taxe sur les locaux à usage de bureaux, les locaux commerciaux et de stockage | - | 320 000 |
0011 | Taxe sur les salaires | + | 1 181 000 |
0013 | Taxe d'apprentissage | + | 20 000 |
0015 | Taxe forfaitaire sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art, de collection et d'antiquité | - | 70 000 |
0018 | Prélèvement sur les entreprises de production pétrolière | - | 1 125 000 |
0019 | Recettes diverses | - | 230 000 |
. | Totaux pour le 4 | + | 1 466 000 |
5. Taxe intérieure sur les produits pétroliers | |||
0021 | Taxe intérieure sur les produits pétroliers | - | 13 989 000 |
6. Taxe sur la valeur ajoutée | |||
0022 | Taxe sur la valeur ajoutée | - | 1 775 000 |
7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes | |||
0023 | Mutations à titre onéreux de créances, rentes, prix d'offices | - | 250 000 |
0024 | Mutations à titre onéreux de fonds de commerce | + | 50 000 |
0025 | Mutations à titre onéreux de meubles corporels | - | 12 000 |
0026 | Mutations à titre onéreux d'immeubles et droits immobiliers | + | 33 000 |
0027 | Mutations à titre gratuit entre vifs (donations) | - | 1 400 000 |
0028 | Mutations à titre gratuit par décès | + | 760 000 |
0031 | Autres conventions et actes civils | - | 360 000 |
0033 | Taxe de publicité foncière | + | 5 000 |
0034 | Taxe spéciale sur les conventions d'assurance | + | 452 000 |
0039 | Recettes diverses et pénalités | + | 11 000 |
0041 | Timbre unique | - | 55 000 |
0045 | Actes et écrits assujettis au timbre de dimension | - | 50 000 |
0051 | Impôt sur les opérations traitées dans les bourses de valeurs | - | 900 000 |
0059 | Recettes diverses et pénalités | + | 5 000 |
0061 | Droits d'importation | + | 500 000 |
0064 | Autres taxes intérieures | - | 100 000 |
0082 | Taxe sur les titulaires d'ouvrages hydroélectriques concédés | + | 190 000 |
0083 | Taxe sur les concessionnaires d'autoroutes | + | 90 000 |
0084 | Taxe sur achats de viande | - | 600 000 |
0089 | Taxe sur les installations nucléaires de base | + | 31 000 |
0091 | Garantie des matières d'or et d'argent | + | 5 000 |
0092 | Amendes, confiscations et droits sur acquis non rentrés | + | 4 000 |
0093 | Autres droits et recettes à différents titres | + | 4 000 |
0094 | Taxe spéciale sur la publicité télévisée | + | 3 000 |
0096 | Taxe spéciale sur certains véhicules routiers | + | 150 000 |
0098 | Taxe sur les stations et liaisons radio-électriques privées | + | 134 000 |
0099 | Autres taxes | + | 149 000 |
. | Totaux pour le 7 | + | - 1 151 000 |
B. - Recettes non fiscales 1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier |
|||
0110 | Produits des participations de l'Etat dans des entreprises financières | + | 1 139 400 |
0111 | Contribution de la Caisse des dépôts et consignations représentative de l'impôt sur les sociétés | - | 355 000 |
0114 | Produits des jeux exploités par La Française des jeux | + | 250 000 |
0116 | Produits des participations de l'Etat dans des entreprises non financières et bénéfices des établissements publics non financiers | + | 2 616 000 |
0129 | Versements des budgets annexes | + | 49 000 |
. | Totaux pour le 1 | + | 3 699 400 |
2. Produits et revenus du domaine de l'Etat | |||
0202 | Recettes des transports aériens par moyens militaires | + | 3 000 |
0203 | Recettes des établissements pénitentiaires | - | 10 000 |
0207 | Produits et revenus du domaine encaissés par les comptables des impôts | + | 560 000 |
0208 | Produit de la cession de biens appartenant à l'Etat réalisée dans le cadre des opérations de délocalisation | + | 1 000 |
0299 | Produits et revenus divers | - | 5 000 |
. | Totaux pour le 2 | + | 549 000 |
3. Taxes, redevances et recettes assimilées | |||
0301 | Redevances, taxes ou recettes assimilées de protection sanitaire et d'organisation des marchés de viandes | - | 15 000 |
0309 | Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes | - | 197 000 |
0310 | Recouvrement des frais de justice, des frais de poursuite et d'instance | + | 88 000 |
0311 | Produits ordinaires des recettes des finances | - | 6 000 |
0315 | Prélèvements sur le pari mutuel | - | 100 000 |
0318 | Produit des taxes, redevances et contributions pour frais de contrôle perçues par l'Etat | + | 119 000 |
0323 | Droits d'inscription pour les examens organisés par les différents ministères, droits de diplômes et de scolarité perçus dans différentes écoles du Gouvernement | - | 1 000 |
0326 | Reversement au budget général de diverses ressources affectées | + | 94 000 |
0328 | Recettes diverses du cadastre | - | 17 000 |
0329 | Recettes diverses des comptables des impôts | - | 40 000 |
0330 | Recettes diverses des receveurs des douanes | + | 225 000 |
0331 | Rémunération des prestations rendues par divers services ministériels | + | 500 000 |
0333 | Frais de gestion du service chargé de la perception de la redevance audiovisuelle | + | 400 |
0339 | Redevance d'usage des fréquences radioélectriques | - | 100 000 |
0399 | Taxes et redevances diverses | - | 20 000 |
. | Totaux pour le 3 | + | 530 400 |
4. Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital | |||
0401 | Récupération et mobilisation des créances de l'Etat | + | 40 000 |
0402 | Annuités diverses | + | 1 000 |
0404 | Intérêts des prêts du Fonds de développement économique et social | + | 25 000 |
0407 | Intérêts des dotations en capital et des avances d'actionnaires accordées par l'Etat | - | 1 818 000 |
0408 | Intérêts sur obligations cautionnées | - | 1 000 |
0409 | Intérêts des prêts du Trésor | - | 500 000 |
0410 | Intérêts des avances du Trésor | - | 1 000 |
0411 | Intérêts versés par divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics au titre des avances | + | 183 000 |
0499 | Intérêts divers | + | 20 000 |
. | Totaux pour le 4 | - | 2 051 000 |
5. Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat | |||
0501 | Retenues pour pensions civiles et militaires (part agent) | + | 150 000 |
0502 | Contributions aux charges de pensions de France Télécom | - | 114 000 |
0503 | Retenues de logement effectuées sur les émoluments de fonctionnaires et officiers logés dans des immeubles appartenant à l'Etat ou loués par l'Etat | + | 1 000 |
0505 | Prélèvements effectués sur les salaires des conservateurs des hypothèques | + | 75 000 |
0508 | Contributions aux charges de pensions de La Poste | + | 198 000 |
0509 | Contributions aux charges de pensions de divers organismes publics ou semi-publics | + | 84 000 |
. | Totaux pour le 5 | + | 394 000 |
6. Recettes provenant de l'extérieur | |||
0601 | Produits des chancelleries diplomatiques et consulaires | + | 40 000 |
0604 | Remboursement par les Communautés européennes des frais d'assiette et de perception des impôts et taxes perçus au profit de son budget | + | 97 000 |
0607 | Autres versements des Communautés européennes | - | 40 000 |
0699 | Recettes diverses provenant de l'extérieur | + | 2 000 |
. | Totaux pour le 6 | + | 99 000 |
7. Opérations entre administrations et services publics | |||
0702 | Redevances et remboursements divers dus par les compagnies de chemins de fer d'intérêt local et entreprises similaires | - | 1 000 |
0712 | Remboursement de divers frais de gestion et de contrôle | - | 4 000 |
. | Totaux pour le 7 | - | 5 000 |
8. Divers | |||
0801 | Recettes en contrepartie des dépenses de reconstruction | - | 1 000 |
0802 | Recouvrements poursuivis à l'initiative de l'agence judiciaire du Trésor. - Recettes sur débets non compris dans l'actif de l'administration des finances | - | 25 000 |
0803 | Remboursements de frais de scolarité, de pension et de trousseau par les anciens élèves des écoles du Gouvernement qui quittent prématurément le service de l'Etat | - | 3 000 |
0804 | Pensions et trousseaux des élèves des écoles du Gouvernement | - | 3 000 |
0805 | Recettes accidentelles à différents titres | + | 97 000 |
0806 | Recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie | - | 1 397 000 |
0809 | Recettes accessoires sur les dépenses obligatoires d'aide sociale et de santé | - | 1 000 |
0813 | Rémunération de la garantie accordée par l'Etat aux caisses d'épargne | + | 4 122 000 |
0814 | Prélèvements sur les autres fonds d'épargne gérés par la Caisse de dépôts et consignations | - | 900 000 |
0815 | Rémunération de la garantie accordée par l'Etat à la Caisse nationale d'épargne | - | 3 222 000 |
0899 | Recettes diverses | + | 7 223 540 |
. | Totaux pour le 8 | + | 5 890 540 |
C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales |
|||
0001 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation globale de fonctionnement | + | 1 858 560 |
0002 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation | + | 115 951 |
0003 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs | - | 56 341 |
0004 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle | + | 399 457 |
0005 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la dotation de compensation de la taxe professionnelle | - | 812 733 |
0007 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale | - | 1 019 435 |
0009 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse | - | 6 817 |
0010 | Compensation de la suppression de la part salaire de la taxe professionnelle | - | 539 752 |
. | Totaux pour le 1 | - | 61 110 |
2. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes |
|||
0001 | Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit du budget des Communautés européennes | - | 3 100 000 |
RÉCAPITULATION GÉNÉRALE A. - Recettes fiscales |
|||
1 | Impôt sur le revenu | + | 6 185 000 |
2 | Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | + | 3 700 000 |
3 | Impôt sur les sociétés | - | 840 000 |
4 | Autres impôts directs et taxes assimilées | + | 1 466 000 |
5 | Taxe intérieure sur les produits pétroliers | - | 13 989 000 |
6 | Taxe sur la valeur ajoutée | - | 1 775 000 |
7 | Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes | - | 1 151 000 |
. | Totaux pour la partie A | - | 6 404 000 |
B. - Recettes non fiscales | |||
1 | Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier | + | 3 699 400 |
2 | Produits et revenus du domaine de l'Etat | + | 549 000 |
3 | Taxes, redevances et recettes assimilées | + | 530 400 |
4 | Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital | - | 2 051 000 |
5 | Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat | + | 394 000 |
6 | Recettes provenant de l'extérieur | + | 99 000 |
7 | Opérations entre administrations et services publics | - | 5 000 |
8 | Divers | + | 5 890 540 |
. | Totaux pour la partie B | + | 9 106 340 |
C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat | |||
1 | Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales | + | 61 110 |
2 | Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes | + | 3 100 000 |
. | Totaux pour la partie C | + | 3 161 110 |
. | Total général | + | 5 863 450 |
II. - BUDGETS ANNEXES
(En francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 2001 Aviation civile 1re SECTION. - EXPLOITATION |
|
---|---|---|---|
7400 | Subvention du budget général | + |
200 000 000 |
. | Total des recettes nettes | + |
200 000 000 Monnaies et médailles 1re SECTION. - EXPLOITATION |
7400 | Subvention | - |
19 000 000 |
. | Total des recettes nettes | - |
19 000 000 Prestations sociales agricoles 1re SECTION. - EXPLOITATION |
7031 | Cotisations prestations familiales (art. L. 731-25 à 29 du code rural) | - | 59 000 000 |
7032 | Cotisations AVA (art. L. 731-42 [1°] du code rural) | - | 48 000 000 |
7033 | Cotisations AVA (art. L. 731-42 [2° et 3°] du code rural) | - | 118 000 000 |
7034 | Cotisations AMEXA (art. 731-30 à L. 731-41 du code rural) | - | 117 000 000 |
7055 | Subvention du budget général : solde | . | 1 542 000 000 |
7056 | Prélèvement sur le produit de la contribution sociale de solidarité des sociétés | . |
» |
. | Total des recettes nettes | . | 1 200 000 000 |
III. - COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
(En francs)
RÉVISION DES ÉVALUATIONS POUR 2001
|
||||
---|---|---|---|---|
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES COMPTES |
Opérations à caractère définitif |
Opérations à caractère temporaire |
Total
Compte d'emploi de la taxe parafiscale affectée
|
01 | Produit de la redevance | 120 000 000 | » | 120 000 000 |
03 | Versement du budget général | - 120 000 000 | » |
- 120 000 000 |
. | Totaux | » | » |
» |
Fonds de désendettement de l'Etat | ||||
01 | Redevances d'utilisation des fréquences allouées en vertu des autorisations d'établissement et d'exploitation des réseaux mobiles de troisième génération | - 24 372 000 000 | » |
- 24 372 000 000 |
. | Totaux | - 24 372 000 000 | » |
- 24 372 000 000 |
. | Totaux pour les comptes d'affectation spéciale | - 24 372 000 000 | » | - 24 372 000 000 |
IV. - COMPTES D'AVANCES DU TRÉSOR
(En francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES COMPTES |
RÉVISION
pour 2001 |
---|---|---|
Avances aux départements sur le produit de la taxe différentielle sur les véhicules à moteur |
||
01 | Recettes | - 920 000 000 |
Avances sur le montant des impositions revenant aux départements, communes, établissements et divers organismes |
||
01 | Recettes |
- 1 600 000 000 |
. | Totaux pour les comptes d'avances du Trésor | - 2 520 000 000 |
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Mesdames, messieurs les sénateurs, cet amendement ne
fait que traduire les conséquences, sur l'article d'équilibre, des amendements
que vous venez d'adopter. Il faut citer ainsi la suppression du complément de
prime pour l'emploi, la suppression des prélèvements sur le BRGM et l'INPI, la
suppression du partage révisé de la taxe sur les conventions d'assurance entre
l'Etat et le FOREC, la réduction du boni de liquidation prélevé sur le fonds
spécial d'allocation vieillesse et la suppression de la majoration de la part
de contribution sociale de solidarité sur les sociétés affectée au BAPSA.
Au total, le déficit du collectif d'automne 2001 atteindrait 212,5 milliards
de francs.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je constate qu'il s'agit de l'amendement
traditionnel de prise en compte de nos votes et, bien entendu, en tant que tel,
il suscite un avis favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 100, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix, modifié, l'ensemble de l'article 10 et de l'état A
annexé.
(L'ensemble de l'article 10 et de l'état A est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances
rectificative pour 2001.
En application de l'article 59 du règlement, le scrutin public est de
droit.
Je rappelle que, en application de l'article 47
bis
du règlement,
lorsque le Sénat n'adopte pas la première partie d'un projet de loi de
finances, l'ensemble du projet de loi est considéré comme rejeté.
Il va être procédé au scrutin public dans les conditions fixées par l'article
56 du règlement.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
Nombre de votants | 314 |
Nombre de suffrages exprimés | 314 |
Majorité absolue des suffrages | 158 |
Pour l'adoption | 201 |
Contre | 113 |
DEUXIÈME PARTIE
MOYENS DES SERVICES
ET DISPOSITIONS SPÉCIALES
TITRE Ier
DISPOSITIONS APPLICABLES À L'ANNÉE 2001
I. -
OPÉRATIONS À CARACTÈRE DÉFINITIF
A. -
Budget général
Article 11 et état B
M. le président.
« Art. 11. - Il est ouvert aux ministres, au titre des dépenses ordinaires des
services civils pour 2001, des crédits supplémentaires s'élevant à la somme
totale de 47 997 277 251 F, conformément à la répartition par titre et par
ministère qui est donnée à l'état B annexé à la présente loi.
Je donne lecture de l'état B :
É T A T B
Répartition, par titre et par ministère, des crédits ouverts
au titre des dépenses ordinaires des services civils
(En francs)
MINISTE`RES OU SERVICES |
TITRE I |
TITRE II |
TITRE III |
TITRE IV |
TOTAUX |
---|---|---|---|---|---|
Affaires étrangères | . | . | » | 940 440 400 | 940 440 400 |
Agriculture et pêche | . | . | 68 020 000 | 934 465 000 | 1 002 485 000 |
Aménagement du territoire et environnement : I. - Aménagement du territoire |
. | . | 2 000 000 | » | 2 000 000 |
II. - Environnement | . | . | » | 17 000 000 | 17 000 000 |
Anciens combattants | . | . | » | » | » |
Charges communes | 36 239 000 000 | 3 000 000 | 1 686 000 000 | 750 000 000 | 38 678 000 000 |
Culture et communication | . | . | » | 31 937 500 | 31 937 500 |
Economie, finances et industrie | . | . | 526 364 376 | 91 400 000 | 617 764 376 |
Education nationale : I. - Enseignement scolaire |
. | . | 186 330 000 | 600 000 | 186 930 000 |
II. - Enseignement supérieur | . | . | 58 944 814 | » | 58 944 814 |
Emploi et solidarité : I. - Emploi |
. | . | 168 000 000 | 1 050 000 000 | 1 218 000 000 |
II. - Santé et solidarité | . | . | 110 710 000 | 2 545 000 000 | 2 655 710 000 |
III. - Ville | . | . | » | » | » |
Equipement, transports et logement : I. - Services communs |
. | . | 69 867 329 | » | 69 867 329 |
II. - Urbanisme et logement | . | . | » | 1 500 000 | 1 500 000 |
III. - Transports et sécurité routière : 1. Transports terrestres |
. | . | 202 667 173 | 206 950 000 | 409 617 173 |
2. Sécurité routière | . | . | » | » | » |
3. Routes (ancien) | . | . | » | » | » |
4. Transport aérien et météorologie | . | . | » | » | » |
Sous-total | . | . | 202 667 173 | 206 950 000 | 409 617 173 |
IV. - Mer | . | . | » | 10 378 000 | 10 378 000 |
V. - Tourisme | . | . | 3 000 000 | 15 975 000 | 18 975 000 |
Total | . | . | 275 534 502 | 234 803 000 | 510 337 502 |
Intérieur et décentralisation | . | . | 665 013 200 | 158 361 000 | 823 374 200 |
Jeunesse et sports | . | . | » | » | » |
Justice | . | . | 24 400 000 | » | 24 400 000 |
Outre-mer | . | . | 42 788 000 | 156 500 959 | 199 288 959 |
Recherche | . | . | » | » | » |
Services du Premier ministre : I. - Services généraux |
. | . | 46 340 500 | 982 724 000 | 1 029 064 500 |
II. - Secrétariat général de la défense nationale | . | . | » | » | » |
III. - Conseil économique et social | . | . | » | » | » |
IV. - Plan | . | . | 1 600 000 | » |
1 600 000 |
Total général | 36 239 000 000 | 3 000 000 | 3 862 045 392 | 7 893 231 859 | 47 997 277 251 |
Je suis saisi de deux amendements présentés par le Gouvernement.
L'amendement n° 101 est ainsi libellé :
« Dans le titre I de l'état B annexé à l'article 11, à la ligne : « Charges
communes », réduire ces crédits de 8 000 000 000 francs, pour les porter de 36
239 000 000 francs à 28 239 000 000 francs. »
L'amendement n° 102 est ainsi libellé :
« Dans le titre IV de l'état B annexé à l'article 11, à la ligne : « Charges
communes », majorer ces crédits de 1 542 000 000 francs, pour les porter de 750
000 000 francs à 2 292 000 000 francs. »
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat, pour présenter ces deux
amendements.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit de deux amendements de coordination avec les
amendements votés par le Sénat en première partie.
Le premier tire les conséquences, sur le montant des remboursements et
dégrèvements, de votre rejet de la majoration de la prime pour l'emploi.
Le second tire les conséquences, sur la subvention inscrite au budget général,
de votre refus de majorer la part de la contribution sociale de solidarité sur
les sociétés affectée, en 2001, au BAPSA.
L'effet de ces deux modifications sur le plafond des dépenses a déjà été pris
en compte dans le cadre de l'article d'équilibre.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 101, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 102, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix, modifié, l'ensemble de l'article 11 et de l'état B
annexé.
(L'ensemble de l'article 11 et de l'état B est adopté.)
Article additionnel après l'article 11
M. le président.
L'amendement n° 70 rectifié, présenté par M. Charasse et les membres du groupe
socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 11, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« 1° A compter du 1er janvier 2002 les crédits prévus au chapitre 46-02 du
budget des services généraux du Premier ministre et figurant à l'état B annexé
au présent projet de loi de finances sont également utilisés pour indemniser,
dans les mêmes conditions que celles prévues par le décret n° 2000-657 du 13
juillet 2000 instituant une mesure de réparation pour les orphelins dont les
parents ont été victimes, pendant la guerre de 1939-1945, de persécutions
antisémites, les orphelins dont les parents ont été victimes, pendant la guerre
de 1939-1945, de persécutions en raison de leur race et qui ont trouvé la mort
dans les camps de déportation.
« 2° L'intitulé du chapitre 46-02 du budget des services généraux du Premier
ministre est modifié en conséquence.
« 3° Les modalités d'application du présent article seront fixées par décret
en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Il s'agit de mettre fin à une injustice que ressentent très cruellement un
certain nombre de nos compatriotes.
Le décret du 13 juillet 2000 a institué une indemnité spéciale en faveur des
orphelins des victimes des persécutions antisémites pendant la dernière guerre,
c'est-à-dire, pour simplifier, des orphelins dont les parents sont morts en
déportation, et il a créé une discrimination - involontaire, j'espère - à
l'égard des enfants de toutes celles et ceux qui ont été déportés pour des
raisons raciales.
Notre amendement vise à préciser que les crédits prévus en 2002 pour mettre en
oeuvre le décret du 13 juillet 2000 s'appliquent également à l'ensemble des
orphelins dont les parents ont été victimes pendant la dernière guerre d'actes
raciaux, qu'ils soient africains, antillais, réunionnais, asiatiques, tziganes,
etc.
Notre pays compte, à bien y regarder, deux catégories de déportés : les
déportés politiques et résistants, au nombre desquels je place les
syndicalistes, les communistes, les francs-maçons, notamment, et les déportés
pour raisons raciales.
Que l'on n'applique pas pour le moment une mesure générale à l'ensemble des
déportés, je peux le comprendre ; mais que l'on maintienne une discrimination,
parmi les déportés pour raisons raciales, entre les victimes de l'antisémitisme
et les autres, c'est très mal vécu, j'en ai conscience. Plus vite un terme sera
mis à cette affaire, mieux cela vaudra.
M. Michel Pelchat.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
L'avis du Gouvernement nous serait précieux.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, aux termes du décret du 13
juillet 2000, que vous proposez d'étendre, a été mise en place une mesure de
réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes des
persécutions antisémites ; elle répond donc à une situation très spécifique
dont le caractère exceptionnel appelait une réparation de la part de la
France.
Les lois antisémites ont frappé les orphelins juifs de persécution et de
déportation au même titre que les adultes. Ils ont donc connu la difficulté
d'être juifs, ils ont dû se cacher, dissimuler leur identité pour échapper à la
déportation, et, à la Libération, ils ont découvert le plus souvent qu'une
grande partie de leur famille avait été exterminée.
Comme vous le savez, les autorités françaises, par la voix, d'abord, du chef
de l'Etat, ont reconnu la responsabilité de la France dans cette situation ; la
spécificité en a été mise en évidence par le rapport Mattéoli et confirmée par
le Conseil d'Etat, qui a rejeté les recours formés contre le décret du 13
juillet 2000 en rappelant qu'avait été mise en oeuvre une politique
d'extermination systématique qui s'étendait même aux enfants. Aux termes de son
arrêt, le Gouvernement n'a pas « méconnu le principe d'égalité ni la
prohibition des discriminations fondées sur la race, parce que ces mineurs ont
été placés dans une situation différente de celles des orphelins des victimes
des autres déportations criminelles pratiquées pendant la même période ».
Je ne conteste pas cependant que, par cet amendement, vous vous interrogiez
légitimement sur la réalité de l'indemnisation de déportés raciaux autres que
ceux qui ont été victimes des persécutions antisémites. Je suis donc tout à
fait prête à demander à mon collègue chargé des anciens combattants de faire
expertiser la situation d'éventuels autres déportés pour motifs raciaux, et
d'examiner s'ils ont été indemnisés après la guerre, notamment parce qu'ils
étaient français, ou si certains d'entre eux ont été oubliés.
Les orphelins dont les parents ont été victimes d'une déportation pour des
motifs raciaux ont droit à la même réparation que les orphelins victimes des
persécutions antisémites. Cependant, il me paraîtrait préférable d'attendre que
l'expertise que j'évoquais soit disponible.
Dans cette perspective, je m'en remettrai à la sagesse du Sénat.
M. Michel Mercier.
Très bien !
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ce sujet est trop douloureux, trop difficile pour
qu'il puisse faire l'objet de surenchères de notre part.
L'initiative de M. Michel Charasse...
M. Michel Charasse.
Et du groupe socialiste !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
... et des membres du groupe socialiste et
apparentés, si je ne m'abuse, vise à traiter de manière identique les orphelins
de parents persécutés « en raison de leur race et qui ont trouvé la mort dans
les camps de déportation », l'unicité de critère appelant l'unicité de
traitement.
La commission est naturellement attachée à ce que l'ensemble du monde de la
déportation soit traité de la même façon.
En ma qualité de maire d'une ville par laquelle ont transité 53 000 personnes
appelées à être déportées, hélas ! j'ai noué au fil des années de très nombreux
contacts avec les associations de déportés de toutes origines. Le monde de la
déportation, en quelque sorte, nous révèle à nous-mêmes et, par l'indicible
qu'il a vécu, nous renvoie à nos véritables responsabilités. Il est important
de se souvenir et d'avoir l'obsession de l'équité sur un tel sujet.
Ayant eu le sentiment que cet amendement tendait à une plus grande équité, la
commission a émis un avis favorable.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 70 rectifié.
M. Thierry Foucaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
Nous avons déposé au cours de la session 2000-2001 une proposition de loi n°
441 dont l'objet, sous de nombreux aspects, est la simple et légitime
réparation due par la collectivité nationale à celles et à ceux qui ont
souffert de l'oppression nazie.
Nous ne pouvons donc que voter cet amendement, car la proposition qu'il
formule va tout à fait dans le sens de ce que nous défendons, de ce que vous
défendez, et des propos que vient de tenir M. le rapporteur général.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 70 rectifié, accepté par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 11.
Article 12 et état C
M. le président.
« Art. 12. - Il est ouvert aux ministres, au titre des dépenses en capital des
services civils pour 2001, des autorisations de programme et des crédits de
paiement supplémentaires s'élevant respectivement aux sommes de 16 122 186 967
francs et de 3 954 270 142 francs, conformément à la répartition par titre et
par ministère qui est donnée à l'état C annexé à la présente loi. »
Je donne lecture de l'état C :
É T A T C
RÉPARTITION, PAR TITRE ET PAR MINISTÈRE, DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME ET DES
CRÉDITS DE PAIEMENT
OUVERTS AU TITRE DES DÉPENSES EN CAPITAL DES SERVICES CIVILS
(En francs)
TITRE V |
TITRE VI |
TITRE VII |
TOTAUX
|
|||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
MINISTÈRES OU SERVICES |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Affaires étrangères | 171 427 867 | 124 027 867 | » | 196 787 100 | . | . | 171 427 867 | 320 814 967 |
Agriculture et pêche | » | » | 122 310 000 | 13 940 000 | . | . | 122 310 000 | 13 940 000 |
Aménagement du territoire et environnement : I. _ Aménagement du territoire |
» | » | » | » | . | . | » | » |
II. _ Environnement | 10 870 000 | 10 870 000 | 13 000 000 | 13 000 000 | . | . | 23 870 000 | 23 870 000 |
Anciens combattants | » | » | » | » | . | . | » | » |
Charges communes | » | » | 10 739 000 000 | 1 068 000 000 | . | . | 10 739 000 000 | 1 068 000 000 |
Culture et communication | » | » | 4 779 116 | 4 779 116 | . | . | 4 779 116 | 4 779 116 |
Economie, finances et industrie | » | 10 600 000 | 454 400 000 | 497 000 000 | . | . | 454 400 000 | 507 600 000 |
Education nationale : I. - Enseignement scolaire |
35 000 000 | » | » | » | . | . | 35 000 000 | » |
II. - Enseignement supérieur | 84 564 787 | » | 2 173 591 870 | 591 870 | . | . | 2 258 156 657 | 591 870 |
Emploi et solidarité : I. - Emploi |
10 691 973 | » | » | » | . | . | 10 691 973 | » |
II. - Santé et solidarité | 35 744 110 | 35 744 110 | » | 30 000 000 | . | . | 35 744 110 | 65 744 110 |
III. - Ville | » | » | » | » | . | . | » | » |
Equipement, transports et logement : I. _ Services communs |
61 227 531 | 61 227 531 | 1 300 000 | 1 300 000 | » | » | 62 527 531 | 62 527 531 |
II. _ Urbanisme et logement | 8 641 247 | 8 641 247 | 22 050 000 | » | . | . | 30 691 247 | 8 641 247 |
III. _ Transports et sécurité routière : 1. Transports |
233 733 582 | 27 300 117 | 577 400 000 | 557 400 000 | . | . | 811 133 582 | 584 700 117 |
2. Sécurité routière | » | » | » | » | . | . | » | » |
3. Routes (ancien) | » | » | » | » | . | . | » | » |
4. Transport aérien et météorologie (ancien) | » | » | » | » | . | . | » |
»
|
Sous-total | 233 733 582 | 27 300 117 | 577 400 000 | 557 400 000 | . | . | 811 133 582 | 584 700 117 |
IV. _ Mer | 600 628 | 1 116 928 | 83 808 000 | 71 808 000 | . | . | 84 408 628 | 72 924 928 |
V. - Tourisme | » | » | 91 025 000 | 40 000 000 | . | . | 91 025 000 |
40 000 000 |
Total | 304 202 988 | 98 285 823 | 775 583 000 | 670 508 000 | . | . | 1 079 785 988 | 768 793 823 |
Intérieur et décentralisation | 248 956 660 | 240 956 660 | 79 800 000 | 15 200 000 | . | . | 328 756 660 | 256 156 660 |
Jeunesse et sports | 3 015 000 | » | 715 000 | » | . | . | 3 730 000 | » |
Justice | 760 415 000 | 1 300 000 | » | » | . | . | 760 415 000 | 1 300 000 |
Outre-mer | 25 790 000 | 11 290 000 | » | 68 360 000 | . | . | 25 790 000 | 79 650 000 |
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Services du Premier ministre : I. _ Services généraux |
53 329 596 | 53 329 596 | » | 774 700 000 | . | . | 53 329 596 | 828 029 596 |
II. _ Secrétariat général de la défense nationale | 15 000 000 | 15 000 000 | » | » | . | . | 15 000 000 | 15 000 000 |
III. _ Conseil économique et social | » | » | » | » | . | . | » | » |
IV. _ Plan | » | » | » | » | . | . | » |
» |
Total général | 1 759 007 981 | 601 404 056 | 14 363 178 986 | 3 352 866 086 | » | » | 16 122 186 967 | 3 954 270 142 |
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 12 et de l'état C annexé.
(L'ensemble de l'article 12 et de l'état C est adopté.)
Articles 13 et 14
M. le président.
« Art. 13. - Il est ouvert au ministre de la défense, au titre des dépenses
ordinaires des services militaires pour 2001, des crédits supplémentaires
s'élevant à la somme de 900 000 000 F. »
- (Adopté.)
« Art. 14. - Il est ouvert au ministre de la défense, au titre des dépenses en
capital des services militaires pour 2001, une autorisation de programme de 23
712 000 000 F et un crédit de paiement de 10 000 000 F. »
- (Adopté.)
B. - Budgets annexes
Article 15
M. le président. « Art. 15. - Il est ouvert aux ministres, au titre des dépenses des budgets annexes pour 2001, des crédits de paiement supplémentaires s'élevant à la somme de 1 401 675 000 F ainsi répartie :
Crédits de paiement
(en francs) |
|
---|---|
Aviation civile |
200 000 000 |
Monnaies et médailles 1 675 000 |
|
Prestations sociales agricoles |
1 200 000 000 |
Total : |
1 401 675 000 |
Je mets aux voix l'article 15.
(L'article 15 est adopté.)
II. - AUTRES DISPOSITIONS
Article 16
M. le président.
« Art. 16. - Sont ratifiés les crédits ouverts par les décrets n° 2001-433 du
21 mai 2001 et n° 2001-918 du 8 octobre 2001 portant ouverture de crédits à
titre d'avance. » -
(Adopté.)
Article 17
M. le président.
« Art. 17. - L'article 66 de la loi de finances pour 2001 précitée est ainsi
rédigé :
«
Art. 66.
- Est approuvée, pour l'exercice 2001, la répartition
suivante entre les organismes du secteur public de la communication
audiovisuelle des recettes, hors taxe sur la valeur ajoutée, du compte d'emploi
de la redevance pour droit d'usage des appareils récepteurs de télévision :
(En millions
de francs)
« France Télévision 9 392,0
« Radio France 2 854,0
« Radio France internationale 321,0
« Réseau France outre-mer 1 280,0
« ARTE-France 1 168,5
« Institut national de l'audiovisuel 417,2
« Total 15 432,7 »
Je mets aux voix l'article 17.
(L'article 17 est adopté.)
Article additionnel après l'article 17
M. le président.
L'amendement n° 89, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Après l'article 17, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le quatrième alinéa de l'article 71 de la loi de finances pour
1993 (n° 92-1376 du 30 décembre 1992), après les mots : "entreprises
publiques", sont insérés les mots : "aux entreprises dont l'Etat est
actionnaire".
« II. - Nonobstant toute disposition contraire les dispositions du I
s'appliquent jusqu'au 31 décembre 2002. »
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Comme vous le savez, monsieur le rapporteur général,
depuis sa privatisation, réalisée en 1995, l'Etat est actionnaire de
l'entreprise Bull à hauteur de 16 %. Or celle-ci connaît des difficultés, et,
pour sa situation et sa compétence technologique, l'Etat a choisi d'accomplir
son devoir d'actionnaire.
Le Gouvernement a donc annoncé qu'il était prêt à accorder, dans le respect
des règles communautaires, une avance d'actionnaire d'environ 100 millions à
150 millions d'euros, ce qui n'est pas possible en l'état actuel de la
nomenclature du compte d'affectation spéciale n° 902-24.
Celui-ci permet en effet à l'Etat d'accorder des avances d'actionnaire à des
entreprises publiques dans lesquelles l'Etat détient, directement ou
indirectement, la majorité du capital, ou bien à des établissements publics.
Mais l'Etat ne peut pas, avec la nomenclature actuelle du compte d'affectation
spéciale, faire son devoir d'actionnaire dans des sociétés dont il est
actionnaire minoritaire.
C'est pourquoi il vous est proposé de compléter en ce sens la rédaction de
l'objet du compte d'affectation spéciale n° 902-24, et je vous demande, en
souhaitant que vous excuserez le caractère tardif de son dépôt, de bien vouloir
adopter cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Madame le secrétaire d'Etat, votre amendement nous
montre qu'il eût été possible, en rectifiant légèrement l'intitulé et les
modalités de fonctionnement du compte n° 902-24, de répondre à ma sollicitation
à propos du BRGM ! Il aurait en effet suffi - mais seul le Gouvernement pouvait
en prendre l'initiative, si je ne m'abuse - d'un amendement de même nature pour
que le produit indirect de cession d'actifs soit affecté à d'éventuels apports
en capital à d'autres entreprises publiques.
Cependant, revenons-en au sujet que vise cet amendement, c'est-à-dire au sort,
une nouvelle fois mis en cause, de la société Bull.
La commission n'a évidemment pas d'opinion sur le plan de redressement qui
devrait être mis en oeuvre et qui, inévitablement, solliciterait tous les
actionnaires. Elle ne voudrait nullement participer à des initiatives qui
compromettraient encore davantage l'avenir - déjà, hélas ! bien difficile - de
cette malheureuse compagnie, qui n'en finit plus d'aller de restructuration en
restructuration et d'amputation en remise en cause. L'avis qu'elle émettra sur
cet amendement ne peut donc qu'être favorable.
Toutefois, je souhaiterais, madame le secrétaire d'Etat, que vous complétiez
notre information.
Vous est-il possible de nous donner quelques éléments supplémentaires sur la
stratégie qui vous semble devoir être celle de l'actionnaire Etat dans la
situation présente du groupe Bull ? Pouvez-vous nous donner, en particulier,
quelques indications sur l'attitude des autres actionnaires ? Je m'inquiète
notamment du risque éventuel que certains actionnaires ne suivent pas les
mesures de recapitalisation et que l'Etat, en fin de compte, voie sa position
dans l'actionnariat de Bull renforcée. Cela comporterait des risques à
l'échelon communautaire, sans doute, mais aussi, tout simplement des risques
économiques pour l'Etat.
Par ailleurs, la disposition juridique que vous préconisez, madame le
secrétaire d'Etat, qui est intéressante et utile, prendra fin le 31 décembre
2002. N'est-ce pas une erreur ? Indiquer une date limite semble sous-entendre
que l'on modifie la règle du jeu pour rendre possible une mesure
ad hoc
liée à une situation particulière et pour une entreprise donnée ; mais, madame
le secrétaire d'Etat, l'Etat dispose de bien d'autres participations
minoritaires !
C'est pourquoi je présente un sous-amendement tendant à supprimer le II de
l'amendement du Gouvernement et à rendre définitive la disposition que
préconise Mme le secrétaire d'Etat. L'Etat pourrait ainsi traiter bien d'autres
modalités de recapitalisation d'entreprises dont il se trouverait être
actionnaire minoritaire.
M. le président.
Je suis donc saisi, par M. Marini, au nom de la commission des finances, d'un
sous-amendement n° 103 ainsi libellé :
« Supprimer le paragraphe II de l'amendement n° 89. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur ce sous-amendement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, si le Sénat adoptait
ce sous-amendement, le dispositif proposé ne vaudrait que pour 2001.
C'est pour permettre la coordination entre le présent texte et le projet de
loi de finances pour 2002, et uniquement pour cette raison, que la date du 31
décembre 2002 a été mentionnée dans l'amendement n° 89. Il s'agit non pas d'un
bornage dans le temps mais d'une nécessité, compte tenu du stade où nous en
sommes dans la discussion de l'un et l'autre de ces deux textes.
Je souhaite donc le retrait du sous-amendement.
Par ailleurs, comme je ne suis pas moi-même omnisciente, je vous invite à
reposer les questions de fond que vous avez évoquées à M. Christian Pierret,
qui sera présent ce soir pour la discussion de l'article 38, et qui vous
répondra de manière beaucoup plus détaillée que je ne pourrais le faire.
M. le président.
Le sous-amendement n° 103 est-il maintenu, monsieur le rapporteur général ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Avant de retirer ce sous-amendement, je souhaiterais
que Mme le secrétaire d'Etat confirme qu'il est bien dans l'intention du
Gouvernement de modifier de façon pérenne l'intitulé du compte.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Tout à fait !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Dans ces conditions, je retire le sous-amendement n°
103.
M. le président.
Le sous-amendement n° 103 est retiré.
Je mets aux voix l'amendement n° 89, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 17.
TITRE II
DISPOSITIONS PERMANENTES
I. -
MESURES CONCERNANT LA FISCALITÉ
Article 18
M. le président.
«
Art. 18.
- Il est inséré, après l'article 39 AA
bis
du code
général des impôts, un article 39 AA
ter
ainsi rédigé :
«
Art. 39 AA
ter. - L'amortissement pratiqué au titre des douze
premiers mois suivant l'acquisition ou la fabrication des biens mentionnés aux
1 et 2 de l'article 39 A acquis ou fabriqués entre le 17 octobre 2001 et le 31
mars 2002 peut être majoré de 30 %.
« Ces dispositions sont également applicables aux biens de même nature ayant
fait l'objet, entre ces deux dates, d'une commande ferme assortie du versement
d'acomptes d'un montant au moins égal à 10 % du montant total de la commande et
dont l'acquision ou la fabrication intervient avant le 31 décembre 2003.
« Les dispositions du présent article sont exclusives de l'application de
celles autorisant un amortissement exceptionnel sur douze mois. »
-
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 18
M. le président.
L'amendement n° 75, présenté par M. Charasse, est ainsi libellé :
« Après l'article 18, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le dernier alinéa de l'article 777 du code général des impôts, il est
inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque la succession comprend des biens mobiliers et immobiliers situés à
la fois en Corse et sur le continent le tarif applicable, dont il est fait
mention aux tableaux I, II, et III du présent article, est augmenté pour la
part des biens situés sur le continent de 10 % en ce qui concerne les taux
égaux ou inférieurs à 20 % et de 30 % en ce qui concerne les autres taux. »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Cet amendement personnel, qui, contrairement à l'amendement n° 70 rectifié que
j'ai eu l'honneur de présenter il y a un instant, ne fera certainement pas
l'unanimité, concerne le régime des droits de succession des Corses.
Puisque les Corses seront exonérés de tous droits pendant dix ans et qu'ils ne
paieront qu'à « demi-tarif » pendant les cinq années suivantes, il en résultera
une inégalité entre contribuables s'agissant d'un impôt d'Etat ; nous l'avons
encore vu mercredi dernier lors de l'examen en nouvelle lecture du projet de
loi relatif à la Corse.
Mais, à cette première inégalité, s'en ajoute une autre.
En effet, dans la mesure où le tarif des droits de succession est progressif
et fonction de l'actif total, soustraire à cet actif total les actifs non
imposables parce que situés en Corse revient, à situation et à valeur égales, à
taxer moins les biens situés sur le continent lorsque les successions sont
liquidées en Corse que lorsqu'elles sont liquidées sur le continent.
Je voulais appeler l'attention sur cette inégalité de traitement et je
propose, pour y remédier en partie, qu'une majoration particulière s'applique,
dans le cas des successions réglées en Corse, sur la valeur des biens situés
sur le continent.
Je ne me fais pas trop d'illusions quant à l'avenir de cet amendement, mais je
tenais à le présenter parce que le Conseil constitutionnel lit avec attention
nos débats...
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Selon un vieil adage juridique et la sagesse la plus
traditionnelle, « donner et retenir ne vaut ».
Mes chers collègues, faut-il, après avoir, pour différentes raisons, voté une
loi qui conforte la spécificité fiscale de la Corse, immédiatement vider
celle-ci d'une partie de sa substance ? Pour ma part, j'en doute, et la
commission a donc émis un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement a fait, sur ce sujet difficile, une
proposition, et le Parlement, après un débat exceptionnellement nourri, a
trouvé un équilibre que je ne suggère pas de remettre en cause.
Je m'inscris par ailleurs en faux contre les propos de M. le rapporteur
général : le projet de loi relatif à la Corse ne « conforte » pas les
spécificités fiscales de la Corse. Au contraire, il vise à accompagner le
retour de la Corse vers le droit commun fiscal.
M. Michel Charasse.
A la Saint-Glinglin !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine
!
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je donne cependant acte à M. Charasse de sa constance
!
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 75.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Je ne voudrais pas qu'il y ait une confusion dans l'esprit de M. le rapporteur
général, qui est suffisamment subtil pour comprendre que je ne vide absolument
pas la loi d'une quelconque partie de sa substance ! Selon celle-ci, d'une
part, les biens du Corse en Corse sont exonérés, d'autre part, les biens du
Corse sur le continent ne le sont pas. Je ne reviens sur aucun de ces deux
points. Je dis seulement que le tarif applicable aux biens d'un Corse situés
sur le continent sera, par la simple voie de la mathématique, inférieur au
tarif applicable aux biens analogues, situés sur ce même continent, d'un
continental.
On peut ne pas en être choqué, mais, pour ma part, je trouve que beaucoup,
c'est beaucoup, et que trop, c'est trop !
Pour le reste, madame la secrétaire d'Etat, le Gouvernement a une position ;
vous la maintenez contre vents et marées, c'est votre devoir de solidarité.
Vous me permettrez de ne pas la partager et de considérer qu'il n'y a aucun
inconvénient à appliquer normalement les droits de succession en Corse :
l'exonération ne profite en rien à l'économie locale et bénéficie à des
fortunes qui ont été constituées dans des conditions sur lesquelles il y aurait
souvent beaucoup à dire...
M. Jacques Oudin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin.
A titre strictement personnel, je voterai l'amendement n° 75.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 75, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 18 bis
M. le président.
« Art. 18
bis. -
I. - Il est inséré, dans le code général des impôts,
un article 39 AI ainsi rédigé :
« Art. 39 AI.
- Les installations de sécurité destinées à assurer la
sécurité de l'entreprise ou la protection du personnel réalisées ou commandées
avant le 31 mars 2002 dans des entreprises dont le chiffre d'affaires est
inférieur à 7,5 millions d'euros peuvent faire l'objet d'un amortissement
exceptionnel sur douze mois à compter de la date de leur mise en service. »
« II. - La perte de recettes pour l'Etat est compensée à due concurrence par
la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et
575
A
du même code. »
L'amendement n° 14, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« I. - Dans le texte proposé par le I de l'article 18
bis
pour
l'article 39 AI à insérer dans le code général des impôts, remplacer la somme :
"7,5 millions d'euros" par la somme : "7,63 millions d'euros".
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du I
ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« III. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'augmentation du seuil
de chiffres d'affaires des entreprises éligibles au dispositif d'amortissement
exceptionnel sur douze mois des installations de sécurité est compensée à due
concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Cet amendement essentiellement rédactionnel permettra
de trouver, pendant la navette, le juste équilibre pour l'article 18
bis
.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, je vous remercie
d'avoir veillé à la cohérence du dispositif proposé en le faisant correspondre
à une limite et à une catégorie connues. C'est un apport utile qui corrige
l'une des imperfections de l'article 18
bis
que j'avais soulignées lors
de son examen à l'Assemblée nationale.
Je suis par conséquent favorable à l'amendement n° 14, et je lève le gage.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 14 rectifié.
Je mets aux voix l'amendement n° 14 rectifié, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 18
bis,
modifié.
(L'article 18
bis
est adopté.)
Article 18 ter
M. le président.
« Art. 18
ter
. - Après le IV-0
bis
de l'article 244
quater
C du code général des impôts, il est inséré un IV-0
bis
A
ainsi rédigé :
«
IV-0
bis
A.
- Les dispositions du présent article s'appliquent
également aux dépenses de formation exposées au cours des années 2002 à 2004
par les entreprises lorsque les conditions suivantes sont réunies :
« - l'entreprise remplit les conditions prévues par les 1° et 2° du
f
du I de l'article 219 ;
« - elle a fait application du crédit d'impôt pour dépenses de formation au
titre de l'année 2001 ou elle n'en a jamais bénéficié ;
« - elle exerce une option irrévocable en faveur du crédit d'impôt pour
dépenses de formation jusqu'au terme de la période 2002-2004. L'option doit
être exercée au titre de 2002 ou au titre de la première année au cours de
laquelle l'entreprise réalise ses premières dépenses de formation éligibles au
crédit d'impôt formation ».
L'amendement n° 15, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 18
ter
:
« I. - Au IV-0
bis
de l'article 244
quater
C du code général des
impôts, les années "1998", "1999" et "2001", sont respectivement remplacées par
les années "2001", "2002" et "2004".
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensée à due
concurrrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux
articles 575 et 575
A
du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il s'agit de maintenir la position adoptée par le
Sénat lors de l'examen de la deuxième partie du projet de loi de finances pour
2002, le 7 décembre dernier, sur les crédits de l'emploi et de la formation
professionnelle.
Sur l'initiative de notre collègue Annick Bocandé, rapporteur pour avis de la
commission des affaires sociales, nous avions reconduit le crédit d'impôt
formation pour dépenses de formation pour la période 2002-2004. Or, dans sa
rédaction actuelle, l'article 18
ter
du présent projet de loi de
finances rectificative, en limitant la portée du dispositif aux PME ayant un
chiffre d'affaires inférieur à 50 millions de francs, nous paraît être «
euro-incompatible », d'où la modification proposée, qui, je le répète, résulte
d'un choix de cohérence par rapport aux positions antérieures du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 15,
par cohérence avec la position qu'il a défendue lors de l'examen du projet de
loi de finances.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 18
ter
est ainsi rédigé.
Article 19
M. le président.
« Art. 19. - I. - L'article 39
quinquies
G du code général des impôts
est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "et les risques de responsabilité civile
dus à la pollution" sont remplacés par les mots : ", les risques de
responsabilité civile dus à la pollution et les risques spatiaux" ;
« 2° La deuxième phrase du premier alinéa est ainsi rédigée :
« Pour les exercices clos à compter du 31 décembre 2001, il en est de même
pour les risques liés aux attentats, au terrorisme et au transport aérien. »
;
« 3° Le troisième alinéa est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Les dotations annuelles à la provision couvrant les risques attentats et
terrorisme qui, dans un délai de douze ans, n'ont pu être utilisées
conformément à cet objet sont rapportées au bénéfice imposable de la treizième
année suivant celle de leur comptabilisation. Les dotations annuelles à la
provision couvrant les risques transport aérien qui, dans un délai de quinze
ans, n'ont pu être utilisées conformément à cet objet sont rapportées au
bénéfice imposable de la seizième année suivant celle de leur comptabilisation.
»
« II. - Le deuxième alinéa de l'article 235
ter
X du même code est
complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Pour le calcul de la taxe due au titre de l'exercice clos le 31 décembre
2001, le taux de la franchise est fixé à 6 %. Si la différence entre la taxe
qui aurait été due au titre de 2001 en la liquidant avec un taux de franchise
fixé à 3 % et la taxe effectivement due au titre de cette même année excède la
moitié du montant moyen de la taxe acquittée par l'entreprise considérée en
2000 et 1999, la taxe due est majorée de cet excédent. » -
(Adopté.
)
Article 20
M. le président.
«
Art. 20
. - I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Le 4 de l'article 38 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables aux prêts
libellés en monnaie étrangère consentis, à compter du 1er janvier 2001, par des
entreprises autres que les établissements de crédit et les entreprises
d'investissement mentionnés à l'article 38
bis
A, pour une durée
initiale et effective d'au moins trois ans, à une société dont le siège social
est situé dans un Etat ne participant pas à la monnaie unique et dont elles
détiennent directement ou indirectement plus de la moitié du capital de manière
continue pendant toute la période du prêt. Corrélativement, la valeur fiscale
de ces prêts ne tient pas compte des écarts de conversion constatés sur le plan
comptable. Les dispositions du présent alinéa ne sont pas applicables aux prêts
faisant l'objet d'une couverture du risque de change. » ;
« 2° Le 5° du 1 de l'article 39 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les provisions constituées en vue de faire face au risque de change afférent
aux prêts mentionnés au quatrième alinéa du 4 de l'article 38 ne sont pas
déductibles du résultat imposable. » ;
« 3° Après l'article 235 ter X, il est inséré un article 235 ter
XA
ainsi rédigé :
«
Art. 235
ter
XA.
- Lorsque l'une des conditions mentionnées au
quatrième alinéa du 4 de l'article 38 n'est pas respectée sur un prêt encore en
cours pendant le délai de reprise mentionné à l'article L. 169 du livre des
procédures fiscales et sans préjudice de l'intérêt de retard applicable, en
vertu de l'article 1727, aux droits résultant des redressements effectués sur
la période non prescrite, l'entreprise est redevable d'un prélèvement
correspondant à l'avantage de trésorerie obtenu.
« Ce prélèvement est calculé sur la base des droits correspondant aux écarts
de conversion non imposés pendant la durée du prêt écoulée en période
prescrite, au taux de 0,75 % par mois compris entre le premier jour du mois
suivant celui au cours duquel ces droits auraient dû être acquittés et le
dernier jour du mois du paiement du prélèvement ou, le cas échéant, de la
notification de redressement. Pour le calcul de ce prélèvement, il est
également tenu compte, le cas échéant, des droits acquittés correspondant aux
écarts de conversion non déduits pendant la durée du prêt écoulée en période
prescrite.
« Ce prélèvement est acquitté dans les quatre mois suivant la clôture de
l'exercice au cours duquel l'entreprise en est devenue redevable. Il est
liquidé, déclaré et recouvré comme en matière de taxe sur le chiffre d'affaires
et sous les mêmes garanties et sanctions. Il n'est pas déductible du résultat
imposable. »
« II. - Les dispositions du I sont applicables pour la détermination des
résultats des exercices clos à compter du 31 décembre 2001. »
L'amendement n° 16, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« I. - A. Dans la première phrase du texte proposé par le 1° du I de l'article
20 pour compléter le 4 de l'article 38 du code général des impôts, après les
mots : "ne sont pas applicables", insérer les mots : ", sur option
irrévocable,"
« B. Compléter le texte proposé par le 1° du I de l'article 20 pour compléter
le 4 de l'article 38 du code général des impôts par un alinéa ainsi rédigé :
« L'option mentionnée à l'alinéa précédent est exercée pour chaque prêt. Elle
résulte de la non-application des dispositions du premier alinéa au titre de
l'exercice au cours duquel le prêt est consenti. Par exception, pour les
entreprises ayant consenti des prêts en 2001 et clos un exercice avant le 31
décembre 2001, l'option résulte de la non-application des dispositions du
premier alinéa au titre du premier exercice clos à compter de la même date.
« C. Dans le texte proposé par le 2° du I de l'article 20 pour compléter le 5°
du 1 de l'article 39 du code général des impôts, remplacer le mot :
"mentionnés" par les mots : "soumis, sur option, aux dispositions prévues".
« D. Compléter le premier alinéa du texte proposé par le 3° du I de l'article
20 pour l'article 235
ter
XA du code général des impôts par une phrase
ainsi rédigée : "Toutefois, l'entreprise n'est pas redevable de ce prélèvement
lorsque le prêt est incorporé au capital de la société emprunteuse."
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des
dispositions du I ci-dessus, compléter
in fine
l'article 20 par un
paragraphe ainsi rédigé :
« III. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'instauration d'une
option pour la neutralisation des écarts de conversion sur certains prêts sont
compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux
droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je rappelle que l'article 20 prévoit un mécanisme de
neutralisation des écarts de conversion, sur certains prêts en monnaies
étrangères à des filiales, pour le calcul du résultat imposable.
Madame le secrétaire d'Etat, au nom de la commission, je propose de rendre ce
dispositif optionnel en permettant aux entreprises de choisir entre le système
actuel et le système proposé. Je crois en effet avoir rencontré des cas de
figure dans lesquels le mécanisme de l'article 20, qui va par ailleurs
globalement dans le bon sens, se retournerait contre les intérêts de
l'entreprise et aurait donc un impact fiscal négatif.
C'est pourquoi il semble préférable de laisser une option aux entreprises
concernées.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit d'une mesure techniquement acceptable, et je
lève par conséquent le gage de l'amendement.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 16 rectifié.
Je mets aux voix l'amendement n° 16 rectifié, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 94, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« I. - A la fin de la première phrase du texte proposé par le 1° du I de
l'article 20 pour compléter le 4 de l'article 38 du code général des impôts,
remplacer les mots : "dont elles détiennent directement ou indirectement plus
de la moitié du capital de manière continue pendant toute la période du prêt"
par les mots : "qu'elles contrôlent au sens de l'article L. 233-3 du code de
commerce de manière continue pendant toute la période du prêt."
« II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des
dispositions du I ci-dessus, compléter
in fine
l'article 20 par un
paragraphe ainsi rédigé :
« «... . - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'éligibilité au
mécanisme de neutralisation des écarts de conversion des prêts libellés en
monnaie étrangère accordés par une société à une société cotée qu'elle contrôle
effectivement sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe
additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ce second amendement sur l'article 20 vise à définir
pour les prêts consentis à une filiale étrangère le lien entre « mère » et «
fille ».
Nous avons estimé que la meilleure façon de procéder était de faire référence
à une notion bien connue et clairement définie du droit des sociétés, à savoir
la notion de contrôle.
Le contrôle, cela peut être la détention de la majorité des droits de vote,
mais aussi, notamment si la filiale est cotée, la capacité à déterminer les
décisions en assemblée générale.
Par ailleurs, il y a présomption de contrôle si la société mère dispose
directement ou indirectement d'une fraction des droits de vote supérieure à 40
% et qu'aucun autre associé ou actionnaire ne détient directement ou
indirectement une fraction supérieure de ces mêmes droits de vote.
Madame le secrétaire d'Etat, il s'agit donc essentiellement d'un amendement de
précision, la commission ayant considéré qu'il était préférable de se référer
dans tous les textes fiscaux, y compris lorsqu'il s'agit de dispositions
spécifiques, à une seule et même notion du contrôle afin de contribuer à la
clarification de notre droit.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
La mesure qui est proposée à travers l'amendement n°
94 me paraît tout à fait inacceptable.
Parce qu'elle est complexe, elle sera source d'insécurité pour les
entreprises, et elle sera donc contre-productive, car elle rendra le dispositif
de neutralisation inapplicable.
En effet, il est essentiel que les entreprises maîtrisent l'ensemble des
conditions d'application de ce dispositif. A défaut, elles seraient redevables
d'un prélèvement.
Or les entreprises éprouveraient des difficultés pour respecter la condition
de contrôle que vous proposez pendant toute la durée du prêt dans la mesure où
elles ne disposeraient pas des moyens réels de conserver ce contrôle,
contrairement à toutes les entreprises qui détiendraient plus de 50 % du
capital.
Dans ces conditions, je souhaite que vous retiriez cet amendement, monsieur le
rapporteur général.
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, l'amendement n° 94 est-il maintenu ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ce n'est pas une question de principe, mais il me
semble que, dès lors qu'il y a une option, on peut faire confiance à
l'entreprise à qui elle est offerte pour comprendre où est son intérêt.
Vous avez accepté, madame le secrétaire d'Etat, cette petite différence avec
le texte initial ; l'amendement n° 94 nous paraît en être la conséquence.
Cela étant dit, notre désaccord n'a pas une portée considérable et, pour des
raisons de principe, dès lors que l'on fait référence au contrôle dans les
textes, autant essayer de raisonner à partir d'une seule et même notion.
Il est vrai que, si le texte avait été d'application automatique, le fait de
voir fluctuer une participation ou d'anticiper une fluctuation aurait pu
conduire à des effets pervers ; si la filiale étrangère n'est au départ
contrôlée que par une minorité du capital, et non par une majorité de celui-ci,
on peut supposer que la société mère sera capable d'analyser la situation et de
prendre ses risques.
Tel est en tout cas l'esprit dans lequel la commission a présenté cet
amendement. Sans doute en fera-t-on justice au cours de la navette, mais, pour
l'heure, je le maintiens.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 94, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 20, modifié.
(L'article 20 est adopté.)
Article additionnel après l'article 20
M. le président.
L'amendement n° 39, présenté par MM. Oudin, de Rohan, de Richemont, Legendre,
Gérard et Trillard, est ainsi libellé :
« Après l'article 20, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le 10 de l'article 38 du code général des impôts, il est inséré un
alinéa ainsi rédigé :
« 11. Ne sont pas prises en compte pour le calcul du bénéfice net visé aux 1
et 2 ci-dessus, les indemnisations versées au titre de l'aide à la reconversion
aux propriétaires de navires touchés par l'interdiction définitive des filets
maillants dérivants. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin.
L'examen de cet amendement intervient à un moment particulièrement judicieux,
puisque se tient actuellement à Bruxelles le conseil des ministres « pêche »,
qui doit prendre un certain nombre de décisions pouvant se révéler relativement
défavorables pour nos marins pêcheurs.
Le Conseil de l'Union européenne a adopté, le 8 juin 1998, un règlement
interdisant l'utilisation des filets maillants dérivants destinés à la capture
de plusieurs espèces de thons et d'espadons. Cette interdiction prendra effet à
compter du 1er janvier 2002, donc dans quelques jours, et concerne
essentiellement les marins pêcheurs de l'île d'Yeu.
Compte tenu des conséquences économiques et sociales défavorables de cette
mesure pour les flotilles de pêche françaises, le Conseil de l'Union européenne
a adopté, le 17 décembre 1998, une décision instituant une mesure spécifique
d'aide à la reconversion en faveur des pêcheurs et des propriétaires de navires
touchés par l'interdiction.
Le ministre de l'agriculture et de la pêche a, par la suite, diffusé une
circulaire, en date du 10 novembre 2000, visant à détailler les principes
régissant l'application de la mesure de reconversion et à préciser la procédure
retenue pour permettre le versement de l'aide à chacun des bénéficiaires.
Cela appelle quelques observations.
Premièrement, la mesure d'accompagnement adoptée au bénéfice des propriétaires
de navires présente un caractère indemnitaire indéniable.
En effet, la prime forfaitaire individuelle prévue a pour objet de compenser
le préjudice subi par les propriétaires de navires du fait de l'arrêt de la
pêche aux filets maillants dérivants. Elle doit donc être considérée comme une
indemnité versée par l'Etat à titre de dommages et intérêts. Or l'objectif ne
semble pas réellement atteint, dans la mesure où le traitement fiscal de
l'indemnité contribue à amoindrir le montant de celle-ci.
Deuxièmement, l'imposition de l'indemnisation accordée aux propriétaires de
navires n'est pas conforme à l'objectif de reconversion fixé par l'Union
européenne.
Les propriétaires des navires armateurs exercent, dans la grande majorité des
cas, en nom propre, et, pour quelques-uns d'entre eux, en sociétés. Leur régime
fiscal est donc respectivement celui de l'imposition sur le revenu au titre des
bénéfices industriels et commerciaux ou celui de l'imposition sur les
sociétés.
Les propriétaires de navires exerçant en sociétés soumises à l'impôt sur les
sociétés verront donc leur indemnité imposée dans les conditions de droit
commun, le taux de prélèvement s'élevant à 35,33 % des revenus.
En ce qui concerne les propriétaires non assujettis à l'impôt sur les
sociétés, les indemnités seront, en principe, à prendre en compte dans les
résultats de l'exercice 2001, lesquels sont déclarés dans la catégorie des
bénéfices industriels et commerciaux et ajoutés aux autres revenus du foyer
fiscal de chacun des propriétaires de navires.
Une telle imposition, particulièrement dramatique pour les intéressés, est
contraire à l'esprit dans lequel l'indemnisation a été décidée par le Conseil
de l'Union européenne.
En effet, ce dernier a pris sa décision non seulement pour promouvoir la
reconversion de certaines activités de pêche, mais également pour pallier les
conséquences économiques et sociales défavorables qu'entraînera l'interdiction
des filets maillants dérivants.
Par ailleurs, on se retrouve dans une situation absurde, où l'Etat verse une
indemnité qu'il finance pour moitié seulement et se voit retourner, au titre de
l'imposition, près de la moitié du montant de l'indemnité en question.
Troisièmement, les opérateurs de pêche français subissent une discrimination
de traitement par rapport à leurs homologues italiens également touchés par
l'interdiction du filet maillant dérivant.
En effet, l'Etat italien n'a pas hésité, en vertu d'un décret-loi du 31 mai
1999, à exonérer d'impôt la prime versée aux marins comme aux propriétaires de
navires ni même à octroyer une prime supplémentaire visant à couvrir les
charges sociales engendrées.
Le présent amendement a donc pour objet de prévoir, dans un souci de cohérence
et d'équité, une exonération totale de l'indemnité versée par l'Etat aux
propriétaires de navires, comme l'a fait le gouvernement italien dans l'optique
du plan de reconversion « Spadare ». Il s'agit de donner aux opérateurs de la
pêche les moyens économiques nécessaires à la réussite d'une reconversion
imposée par l'Union européenne et qui, au demeurant, reste encore très
hypothétique.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Avant de se prononcer, la commission souhaiterait
entendre l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je comprends parfaitement les préoccupations exprimées
par M. Oudin, mais je ne peux accepter sa proposition en l'état.
En effet, sur le principe, l'imposition des indemnisations versées, au titre
de l'aide à la reconversion, aux propriétaires de navires touchés par
l'interdiction définitive des filets maillants dérivants n'est que la
contrepartie, en application de l'article 38 du code général des impôts, de la
déduction des charges engagées du fait de cette réglementation.
Par ailleurs, adopter la mesure présentée serait de nature à entraîner des
demandes reconventionnelles - elles sont déjà nombreuses - visant à
l'exonération de toutes les subventions publiques. Le coût serait par
conséquent très élevé.
Cela étant, le Gouvernement est tout à fait conscient, monsieur le sénateur,
qu'il s'agit là d'un sujet sensible. C'est pourquoi la question du régime
fiscal à appliquer à ces aides est actuellement à l'étude, afin notamment
d'examiner dans quelle mesure celles-ci pourraient être imposées selon le
régime des plus-values professionnelles.
Cette analyse conduirait, en application de l'article 151
septies
du
code général des impôts, à une exonération du profit réalisé, le cas échéant,
par les entreprises relevant de l'impôt sur le revenu et dont les recettes,
appréciées toutes taxes comprises, n'excèdent pas un million de francs si
l'activité a été exercée pendant au moins cinq ans. Dans les autres situations,
les entreprises assujetties à l'impôt sur le revenu seraient taxables au taux
réduit de 16 %, majoré de 10 % au titre des prélèvements sociaux.
Par conséquent, monsieur le sénateur, au bénéfice de ces explications et dans
l'attente du résultat de l'examen que j'évoquais, je souhaiterais que vous
retiriez l'amendement n° 39.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je remarquerai tout d'abord que la question soulevée
semble être attentivement étudiée par l'administration.
Par ailleurs, si le dispositif préconisé par M. Oudin était instauré, cela
entraînerait un effet de contagion fiscale à d'autres secteurs professionnels,
industriels ou agricoles, pouvant être appelés à bénéficier d'aides
indemnitaires. Or, jusqu'à présent, le principe appliqué pour tous les secteurs
a été d'assujettir les indemnisations aux différents impôts, qu'il s'agisse de
l'impôt sur le revenu des personnes physiques ou de l'impôt sur les sociétés :
nous en avons vu une illustration à propos de la crise due à l'épizootie
d'encéphalopathie spongiforme bovine.
Cela étant, la commission partage bien entendu les préoccupations des auteurs
de l'amendement. Elle considère que ce sujet doit être traité dans de brefs
délais, mais s'interroge sur la méthode proposée : cela la conduit à demander
le retrait de l'amendement.
M. le président.
Maintenez-vous l'amendement n° 39, monsieur Oudin ?
M. Jacques Oudin.
Nos malheureux marins pêcheurs se trouvent dans une situation tout à fait
étonnante, extrêmement difficile.
En effet, au-delà de toutes les considérations scientifiques, on leur interdit
d'utiliser les filets maillants dérivants, alors que les pêcheurs de la mer
Baltique ou certains de leurs collègues irlandais ont été autorisés à les
employer.
La décision d'interdiction a été prise pour des raisons politiques,
semble-t-il, et il s'agit maintenant d'indemniser les professionnels concernés,
d'autant que les quotas de pêche et les taux admissibles de capture alloués à
ceux-ci vont être réduits.
J'espère que les dispositions qui seront prises cette nuit à Bruxelles par le
conseil des ministres « pêche » ne seront pas trop négatives. Quoi qu'il en
soit, nous sommes le 17 décembre, et la mesure d'interdiction des filets
maillants dérivants s'appliquera à compter du 1er janvier 2002 ; or nous ne
savons pas encore exactement quel mode de versement et de fiscalisation sera
mis en oeuvre. Je trouve cela tout à fait déplorable et inquiétant.
De plus, je répète que l'Etat italien n'a pas hésité, en vertu d'un décret-loi
du 31 mai 1999, à exonérer d'impôts la prime versée aux marins comme aux
propriétaires de navire, ni même à octroyer une prime supplémentaire visant à
couvrir les charges sociales.
Cela étant, je veux bien entendre les explications de Mme le secrétaire
d'Etat, qui nous affirme que le problème est à l'étude - il ne reste plus que
quelques jours avant les fêtes de fin d'année -, et retirer l'amendement.
Cependant, je le fais à contrecoeur, car des décisions infondées sont prises
dans certains secteurs sans même que la question des indemnités compensatrices
soit réglée.
M. le président.
L'amendement n° 39 est retiré.
Article 20 bis
M. le président.
« Art. 20
bis
. - I. - Dans le 12° de l'article 81 du code général des
impôts, la référence : "L. 321-9" est remplacée par la référence : "L.
222-2".
« II. - Il est procédé à la même substitution dans le 5° du II de l'article
156 du même code.
« III. - Les dispositions du I et du II s'appliquent à compter de l'entrée en
vigueur des dispositions de l'ordonnance n° 2001-350 du 19 avril 2001 relative
au code de la mutualité et transposant les directives 92/49/CEE et 92/96/CEE du
Conseil des 18 juin et 10 novembre 1992. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 20 bis
M. le président.
L'amendement n° 38, présenté par MM. Oudin, de Rohan, de Richemont, Legendre,
Gérard et Trillard, est ainsi libellé :
« Après l'article 20
bis
, insérer un article additionnel ainsi rédigé
:
« Après le 3° de l'article 83 du code général des impôts, il est inséré un
alinéa ainsi rédigé :
« 4° Les indemnisations versées au titre de l'aide à la reconversion aux
marins-pêcheurs touchés par l'interdiction définitive du filet maillant
dérivant. »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin.
Cet amendement a le même objet que le précédent, mais vise les marins-pêcheurs
et non plus les propriétaires de navires.
J'ai cru comprendre que le Gouvernement examinait les moyens de répondre au
problème soulevé. Je lui fais confiance, ainsi qu'à la commission des finances
du Sénat, qui saura être vigilante. Je retire par conséquent cet amendement.
M. le président.
L'amendement n° 38 est retiré.
Articles 20 ter et 21 à 23
M. le président.
« Art. 20
ter
. - I. - Dans le I de l'article 21 de la loi de finances
pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998), les mots : "du 1er janvier 2002"
sont remplacés par les mots : "de la publication des dispositions concernant la
déclaration et la liquidation des droits d'enregistrement dus à raison des
mutations par décès comprises dans la prochaine loi relative à la Corse et, au
plus tard, du 1er janvier 2003".
« II. - Il est procédé à la même substitution dans le II de cet article.
« III. - Dans la première phrase de l'article 750
bis
A du code général
des impôts et dans le premier alinéa de l'article 1135 du même code, l'année :
"2001" est remplacée par l'année : "2002". » -
(Adopté.)
« Art. 21. - I. - L'article 1649
quater
B
quater
du code général
des impôts est ainsi modifié :
« 1° Le I est ainsi modifié :
« a) Supprimé ;
« b)
Il est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les entreprises mentionnées aux 1° à 4°, cette obligation s'applique
aux déclarations qui doivent être souscrites à compter du début du deuxième
exercice suivant celui à la clôture duquel l'une au moins des conditions
prévues aux 1° à 4° est remplie. Pour les entreprises mentionnées au 5°, cette
obligation s'applique à compter du début de l'exercice suivant celui de leur
entrée dans le groupe. Pour les entreprises mentionnées au 1° à 5°, cette
obligation continue à s'appliquer pendant les trois exercices suivant celui à
la clôture duquel les conditions ont cessé d'être remplies. Par dérogation à la
première phrase, si, à la clôture de l'un de ces exercices, les conditions sont
à nouveau remplies, cette obligation continue de s'appliquer à compter du début
du premier exercice suivant. Cette obligation s'applique en outre aux personnes
morales ou groupements de personnes de droit ou de fait qui, à partir du 1er
janvier 2002, ont opté pour le dépôt de leurs déclarations fiscales auprès du
service chargé des grandes entreprises dans des conditions fixées par décret. »
;
« 2° Aux II et III, le nombre : "six" est remplacé par le nombre : "sept".
« II. - Au 1° de l'article 1681
septies
et au deuxième alinéa de
l'article 1695
quater
du même code, le nombre : "six" est remplacé par
le nombre : "sept". -
(Adopté.)
« Art. 22. - I. - Il est inséré, dans le code général des impôts, un article
217
quaterdecies
ainsi rédigé :
«
Art. 217
quaterdecies. - Les entreprises soumises à l'impôt sur les
sociétés peuvent pratiquer dans la limite de 25 % du bénéfice imposable de
l'exercice, dès l'année de réalisation de l'investissement, un amortissement
exceptionnel égal à 50 % du montant des sommes effectivement versées pour la
souscription en numéraire au capital de sociétés d'investissement régional
définies à l'article 89 de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à
la solidarité et au renouvellement urbains.
« En cas de cession de tout ou partie des titres souscrits dans les cinq ans
de leur acquisition, le montant de l'amortissement exceptionnel est réintégré
au bénéfice imposable de l'exercice au cours duquel intervient la cession et
majoré d'une somme égale au produit de ce montant par le taux de l'intérêt de
retard prévu au troisième alinéa de l'article 1727 et appliqué dans les
conditions mentionnées à l'article 1727 A.
« Un décret fixe les obligations déclaratives. »
« II. - Les dispositions du I s'appliquent pour l'établissement de l'impôt sur
les sociétés dû à raison des résultats des exercices ouverts à compter du 1er
janvier 2002. » -
(Adopté.)
« Art. 23. - I. - 1. Le II de l'article 1407 du code général des impôts est
complété par un 5° ainsi rédigé :
« 5° Les locaux affectés au logement des étudiants dans les résidences
universitaires lorsque la gestion de ces locaux est assurée par un centre
régional des oeuvres universitaires et scolaires ou par un organisme en
subordonnant la disposition à des conditions financières et d'occupation
analogues. Un décret fixe les justifications à produire par ces organismes.
»
« 2. Le 1 est applicable à compter des impositions établies au titre de
2002.
« II. - Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée,
les dispositions du I ont un caractère interprétatif. » -
(Adopté.)
M. Daniel Hoeffel remplace M. Bernard Angels au fauteuil de la
présidence.)
PRÉSIDENCE DE M. DANIEL HOEFFEL
vice-président
Article additionnel après l'article 23
M. le président.
L'amendement n° 48, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 23, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 1414 du code général des impôts est complété par un
paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Sont également dégrévés de la taxe d'habitation les contribuables dont
la résidence principale a fait l'objet d'un arrêt préfectoral de catastrophe
naturelle ou de sinistre. »
« II. - Les charges découlant de l'application du I ci-dessus sont compensées
à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus
aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cet
amendement est relatif aux dégrèvements de taxe d'habitation.
Un certain nombre de contribuables bénéficient, pour des raisons diverses,
d'une telle disposition, en vertu de l'article 1414 du code général des
impôts.
Loin de nous, bien évidemment, l'idée de revenir sur ces dispositions, dont la
portée est significative des choix de solidarité nationale qui peuvent orienter
la politique fiscale de l'Etat.
Cependant, l'actualité récente amène à poser la question essentielle de la
prise en compte des sinistres et des catastrophes naturelles pour l'application
de la fiscalité locale.
Dans les faits, il est évident que, lorsqu'un redevable de la taxe
d'habitation subit les conséquences d'une catastrophe naturelle ou d'un
sinistre d'origine industrielle, les services fiscaux font preuve de la plus
grande bienveillance dans l'examen de tout recours déposé par ses soins.
Toutefois, nous proposons, par le biais de cet amendement, qu'une mesure de
dégrèvement de taxe d'habitation soit inscrite dans le texte même de l'article
1414 du code général des impôts, sous la forme d'une disposition
additionnelle.
Nous avons bien sûr été inspirés, dans notre démarche, par les conséquences de
la récente catastrophe de l'usine AZF de Toulouse, commune dans laquelle plus
de six mille contribuables ont aujourd'hui formé un recours gracieux.
L'adoption de cet amendement permettrait de prendre en compte de telles
situations pour les contribuables résidant à l'intérieur de la zone concernée
par l'arrêté de déclaration de sinistre ou de catastrophe naturelle.
C'est sous le bénéfice de ces observations que j'invite le Sénat à voter cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission se demande si le dégrèvement de taxe
d'habitation est le vecteur approprié pour aller dans le sens souhaité par
notre collègue Thierry Foucaud.
En effet, l'indemnisation par le biais d'un dégrèvement de taxe d'habitation
interviendrait assez tardivement. De plus, en fonction de l'ampleur de la
catastrophe dont il s'agit, les conséquences d'une telle mesure pourraient être
lourdes tant pour les finances de l'Etat que pour les finances locales. Faire
jouer un rôle de régulation à la fiscalité communale qu'est, par excellence, la
taxe d'habitation ne semble pas très adéquat. Mais peut-être le Gouvernement
va-t-il nous convaincre du contraire...
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Par cet amendement, M. Foucaud souhaite dégrever de
taxe d'habitation les contribuables dont la résidence principale a fait l'objet
d'un arrêté préfectoral de catastrophe naturelle ou de sinistre. Je comprends
bien ses motivations, qu'il a explicitées de manière très nette.
Cet amendement ne me semble pas approprié par sa technique. Le caractère
systématique de la proposition conduirait à dégrever des contribuables dont
l'habitation principale, bien que située dans une zone sinistrée, n'a pas subi
de dommage. Par ailleurs, la question qui est posée à Toulouse porte sur la
taxe d'habitation de 2001 et, fort heureusement, des consignes ont été données
aux services fiscaux pour qu'ils étudient avec largeur de vue et bienveillance
les demandes des contribuables. Ces derniers bénéficient de mesures gracieuses
d'atténuation de leur cotisation de taxes foncières ou de taxe d'habitation et
peuvent solliciter, le cas échéant, des délais de paiement auprès de leur
trésorerie.
L'examen des situations au cas par cas permet de tenir compte des difficultés
rencontrées, du préjudice effectivement subi et des circonstances propres à
chaque foyer sinistré.
Ces précisions sont, me semble-t-il, de nature à vous rassurer, monsieur
Foucaud. Aussi, je vous demande de bien vouloir retirer cet amendement.
M. le président.
Monsieur Foucaud, l'amendement n° 48 est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud.
Il me semble un peu exagéré d'affirmer que toutes les mesures ont été prises
pour les habitantes et les habitants de Toulouse. En effet, certaines personnes
n'ont malheureusement pas, encore aujourd'hui, de fenêtres dans leur logement,
et elles ont très froid.
Certes, monsieur le rapporteur général, il est question de taxe d'habitation,
mais l'habitation n'est plus de même nature qu'avant les événements qui se sont
produits à Toulouse. Peut-être pourrions-nous proposer que le groupe
TotalFinaElf rembourse les dégâts causés à la population, ce qui rendrait ce
groupe un peu plus furieux. Cela dit, ce serait justice.
Je ne retirerai donc pas cet amendement, car nous estimons que l'aide apportée
aux sinistrés de Toulouse n'est pas à la mesure de leur désarroi et des
problèmes qu'ils connaissent. Je reconnais néanmoins le bien-fondé,
l'objectivité et le sérieux de la réponse de Mme le secrétaire d'Etat qui a
déclaré que ses services étudient des mesures au cas par cas. Mais nous
souhaiterions aller plus loin. Compte tenu de la situation à Toulouse, je le
répète, nous ne pouvons pas retirer cet amendement.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je comprends parfaitement les raisons pour lesquelles
M. Foucaud ne retire pas cet amendement. Elles sont légitimes et
compréhensibles. Mais pour illustrer concrètement le propos que j'ai tenu tout
à l'heure, j'indique simplement que depuis cet accident, 6 000 dégrèvements ont
été décidés à Toulouse au titre de la taxe d'habitation.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 48, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 24
M. le président.
« Art. 24. - L'article 1518
bis
du code général des impôts est complété
par un
v
ainsi rédigé :
«
v.
Au titre de 2002, à 1,01 pour les propriétés non bâties, à 1,01
pour les immeubles industriels ne relevant pas de l'article 1500 et pour
l'ensemble des autres propriétés bâties. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 24
M. le président.
L'amendement n° 51, présenté par M. Détraigne, Mme Férat, MM. César, Deneux,
Emorine, Flandre, Biwer et Adnot, est ainsi libellé :
« Après l'article 24, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa du
a)
du 6° de l'article 1382 du code
général des impôts, après le mot : "pressoirs" sont ajoutés les mots :
"ateliers de déshydratation de fourrages".
« II. - Les pertes de recettes éventuelles pour les collectivités
territoriales sont compensées, à due concurrence, par une majoration de la
dotation globale de fonctionnement.
« III. - La perte de recettes éventuelle pour le budget de l'Etat est
compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Détraigne.
M. Yves Détraigne.
Un amendement analogue a déjà fait l'objet d'une discussion la semaine
dernière lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2002. Je l'avais
alors retiré dans l'attente d'un certain nombre de précisions.
Je rappelle tout d'abord que cet amendement a pour objet de préciser, dans
l'article 1382 du code général des impôts, que les ateliers de déshydratation
sont exonérés du paiement de la taxe sur le foncier bâti. Ces ateliers sont
traditionnellement exonérés de la taxe sur le foncier bâti, mais, à la suite
d'un contrôle fiscal effectué dans une coopérative de déshydratation de luzerne
du sud des Ardennes, un contentieux s'est engagé. Il paraît nécessaire, pour
mettre un terme à ce contentieux, qui revient sur plus de trente années
d'exonération qui n'avaient jamais posé de problème, d'insérer une précision
dans le code général des impôts.
La semaine dernière, il m'avait été demandé de préciser les ateliers de
déshydratation qui sont concernés par cette disposition. Je propose donc de
préciser qu'il s'agit uniquement des ateliers de déshydratation de
fourrages.
Il m'avait également été demandé d'évaluer la perte de recettes liée à
l'exonération de foncier bâti pour ces ateliers de déshydratation.
Vérifications faites, il n'y a pas de perte de recettes puisque, jusqu'à
présent, les ateliers de déshydratation de fourrages, notamment de luzerne,
n'ont pas été imposés au titre du foncier bâti. La doctrine administrative est
d'ailleurs conforme, notamment dans un certain nombre d'instructions relatives
à la TVA.
Compte tenu du fait que le dispositif actuel est non pas modifié mais
simplement précisé, qu'il n'y a pas de perte de recettes et que l'on vise les
ateliers de déshydratation de fourrages, et non pas les ateliers de
déshydratation au sens large, appellation qui pourrait recouvrir beaucoup de
choses, je demande à la Haute Assemblée d'adopter cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il semble nécessaire de clarifier la doctrine
administrative en la matière, car la situation actuelle est source d'insécurité
pour un nombre non négligeable d'agents économiques. Tel paraît être l'objectif
que cherche à atteindre notre collègue Détraigne. Mais je souhaiterais, avant
de formuler l'avis de la commission, entendre Mme le secrétaire d'Etat.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, nous avons déjà débattu sur ce
point lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2002. J'avais alors
indiqué les raisons pour lesquelles il me paraissait difficile de donner suite
à cet amendement. Elles n'ont malheureusement pas changé. Par conséquent,
j'émets un avis défavorable.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Madame le secrétaire d'Etat, permettez-moi de
regretter cette réponse toujours aussi défavorable. L'interprétation de la
nature de l'activité des ateliers de déshydratation de fourrages qui est faite
par les services fiscaux n'est pas satisfaisante dans la mesure où les
bâtiments concernés servent exclusivement aux exploitations rurales. Si tel est
bien le cas, dans toutes les situations ainsi caractérisées, il est logique,
par cohérence, madame le secrétaire d'Etat, de reconnaître aux intéressés le
bénéfice de l'exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties.
La commission des finances a émis un avis favorable sur l'initiative de notre
collègue Yves Détraigne. Elle avait d'ailleurs déjà examiné un amendement
analogue, qui n'était pas encore aussi bien au point, lors de la discussion du
projet de loi de finances pour 2002.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 51, accepté par la commission et repoussé par
le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 24.
Article 25
M. le président.
« Art. 25. - I. - A. - Au deuxième alinéa de l'article 1609 du code général
des impôts, le montant : "60 millions de francs" est remplacé par le montant :
"15 millions d'euros".
B. - Les dispositions relatives à l'article 1609 du code général des impôts
figurant à l'annexe IV de l'ordonnance n° 2000-916 du 19 septembre 2000 portant
adaptation de la valeur en euros de certains montants exprimés en francs dans
les textes législatifs sont abrogées.
« II. - A. - Il est inséré, dans le code général des impôts, un article 1609 F
ainsi rédigé :
« Art. 1609 F.
- Il est institué une taxe spéciale d'équipement au
profit de l'établissement public foncier de la région Provence-Alpes-Côte
d'Azur créé en application des articles L. 321-1 et suivants du code de
l'urbanisme.
« Le montant de cette taxe est arrêté avant le 31 décembre de chaque année
pour l'année suivante, dans la limite de 17 millions d'euros, par le conseil
d'administration de l'établissement public et notifié au ministre de l'économie
et des finances. La taxe est répartie et recouvrée dans la zone de compétence
de l'établissement suivant les mêmes règles que pour la taxe mentionnée à
l'article 1608. »
B. - Au II de l'article 1636 B
octies
du code général des impôts et à
l'article 1636 C du même code, les mots : "et de l'établissement public foncier
de l'Ouest Rhône-Alpes" sont remplacés par les mots : ", de l'établissement
public foncier de l'Ouest Rhône-Alpes et de l'établissement public foncier de
la région Provence-Alpes-Côte d'Azur".
C. - Au 3 du I
ter
de l'article 1647 B
sexies
du code général
des impôts, les références : "1609 et 1609 A" sont remplacées par les
références : "1609 à 1609 F".
D. - Au titre de l'année 2002, le montant de la taxe spéciale d'équipement
perçue au profit de l'établissement public foncier de la région
Provence-Alpes-Côte d'Azur devra être arrêté et notifié avant le 31 mars 2002.
»
L'amendement n° 83, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Au deuxième alinéa du A, au B et au D du II de l'article 25, remplacer les
mots : "établissement public foncier de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur"
par les mots : "établissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d'Azur".
»
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel. Il concerne
l'établissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui est un
établissement public d'Etat. La formulation « établissement public foncier de
la région Provence-Alpes-Côte d'Azur » pouvait laisser croire qu'il s'agissait
d'un établissement local. Il est par conséquent proposé de la remplacer par les
mots : « établissement public foncier de Provence-Alpes-Côte d'Azur ». Cette
modification a été retenue lors de l'examen du décret créant l'établissement
par le Conseil d'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 83, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 25, modifié.
(L'article 25 est adopté.)
Article 26
M. le président.
« Art. 26. - I. - 1. L'article 7 de la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996
relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville est ainsi
modifié :
«
a)
Le premier alinéa du III est complété par une phrase ainsi rédigée
:
« La compensation n'est pas applicable aux établissements publics de
coopération intercommunale soumis aux dispositions du II de l'article 1609
nonies
C du même code. » ;
«
b)
Le III est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les communes qui appartiennent à un établissement public de coopération
intercommunale soumis aux dispositions de l'article 1609
nonies
C du
code général des impôts, le taux appliqué en 1996 dans la commune est majoré du
taux voté en 1996 par l'établissement public de coopération intercommunale
précité. » ;
c)
Dans le premier alinéa et dans le dernier alinéa du III, les mots :
"groupements dotés d'une" et "le groupement" sont respectivement remplacés par
les mots : "établissements publics de coopération intercommunale à" et
"l'établissement public de coopération intercommunale".
« 2. Le IV de l'article 42 de la loi de finances pour 2001 (n° 2000-1352 du 30
décembre 2000) est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les communes qui appartiennent à un établissement public de coopération
intercommunale soumis aux dispositions de l'article 1609
nonies
C du
code général des impôts et pour la première année d'application de ces
dispositions par cet établissement public de coopération intercommunale, le
taux voté par la commune au titre de l'année précédente est majoré du taux voté
au titre de la même année par l'établissement public de coopération
intercommunale précité. »
3. Le
a
du IV
bis
de l'article 6 de la loi de finances pour 1987
(n° 86-1317 du 30 décembre 1986) est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les groupements de même nature s'entendent des catégories visées à l'article
L. 5211-29 du code général des collectivités territoriales ; ».
« 4. Les dispositions des 1 et 2 s'appliquent à compter de 2001 et les
dispositions du 3 à compter de 2002.
« 5. Après le cinquième alinéa du II du D de l'article 44 de la loi de
finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998), il est inséré un alinéa
ainsi rédigé :
« Lorsqu'un groupement visé aux articles 1609
quinquies
ou 1609
quinquies
C du code général des impôts et percevant la compensation
prévue au I est dissous et que toutes ses communes membres adhèrent, à compter
du 1er janvier 2001, à un même groupement visé à l'article 1609
quinquies
C dudit code, il est tenu compte, pour le calcul de la compensation
bénéficiant à ce groupement, des bases des établissements existant au 1er
janvier 1999 constatées au sein du périmètre du groupement dissous et du taux
de taxe professionnelle applicable pour 1998 à ce groupement dissous. »
II. - L'article L. 5211-35-1 du code général des collectivités territoriales
est complété par un III ainsi rédigé :
« III. - Pour l'application du II, à compter du 1er janvier 2002, aux
communautés de communes nouvellement créées, visées à l'article 1609
quinquies
C du code général des impôts, les avances mensuelles que
perçoivent ces établissements dès le mois de janvier, avant le vote du budget
de l'année en cours, sont limitées au douzième du montant déterminé, en
appliquant, pour chacune des quatre taxes, au montant total des bases
d'imposition des communes membres de l'année précédente, le taux moyen constaté
l'année précédente au niveau national pour les communautés de communes visées
au I de l'article 1609
quinquies
C précité.
« La régularisation des avances mensuelles versées à ces établissements
publics de coopération intercommunale est effectuée sur la base du produit
fiscal voté pour l'année en cours, dès que son montant est connu. »
« III. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du 5 du I est compensée, à
due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle sur les droits prévus
aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville.
A l'Assemblée nationale, M. Bonrepaux a introduit, dans le I de l'article 26,
un alinéa 5 précisant le devenir des compensations versées aux communautés de
communes au titre de la suppression de la part « salaires » de la taxe
professionnelle. Cet alinéa précise clairement que lorsqu'une communauté de
communes à fiscalité additionnelle est dissoute et que toutes les communes qui
la composait adhèrent à un établissement public de coopération intercommunale,
ou EPCI, la compensation est maintenue si le nouvel EPCI répond à certaines
caractéristiques. Mais n'est notamment pas envisagé le cas où cet EPCI lèverait
la taxe professionnelle unique.
On aboutirait donc à la situation suivante : si une communauté de communes qui
percevait des compensations est dissoute pour que ces communes puissent entrer
dans un établissement plus important, avec d'autres communes, par exemple,
celui-ci perdrait alors toute compensation. Il en résulterait, comme cela est
précisé dans l'excellent rapport de M. Marini, une économie pour l'Etat.
Ma question est donc la suivante : cette interprétation est-elle bonne ? Ne
serait-il pas logique que, lorsqu'une communauté de communes est dissoute et
que les communes concernées adhèrent à un EPCI à taxe professionnelle unique,
ou TPU, cet établissement conserve le bénéfice de la compensation de la
suppression de la part « salaires » de la taxe professionnelle de l'EPCI
dissous ?
M. le président.
L'amendement n° 17, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Dans le 4 du I de l'article 26, remplacer les mots : "du 3" par les mots :
"des 3 et 5". »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il s'agit d'un amendement de précision.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit effectivement d'un amendement de précision :
avis favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 36, présenté par MM. Valade, Cazalet, Gournac, Guené, Guerry,
Lanier, Oudin, Doligé, Joyandet, Karoutchi, Le Grand et Del Picchia, est ainsi
libellé :
« I. - Compléter
in fine
le 4 du I de l'article 26 par les mots : ",
sauf pour les communautés d'agglomération et les communautés urbaines pour
lesquelles elles s'appliquent à compter de 2001". »
« II. - Compléter
in fine
l'article 26 par deux paragraphes ainsi
rédigés :
« ... Les pertes de recettes résultant de l'application du 3 du I aux
communautés urbaines dès 2001 sont compensées par la majoration à due
concurrence de la dotation d'intercommunalité.
« ... Les pertes de recettes pour l'Etat résultant de l'application du
paragraphe ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création au
profit du budget de l'Etat de taxes additionnelles aux droits visés aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé.
L'alinéa 3 de l'article 26 du projet de loi de finances rectificative pour
2001 a pour objet de préciser les catégories de groupements à retenir pour le
calcul de la base moyenne de taxe professionnelle par habitant servant à
l'application de la réfaction de 2 % sur la compensation de taxe
professionnelle versée en contrepartie de la réduction pour création
d'établissement.
L'alinéa 4 du même article précise la date d'entrée en vigueur de ces
dispositifs.
Afin d'éviter de léser les communautés d'agglomération et les communautés
urbaines appliquant le régime de la taxe professionnelle unique, il est proposé
que le dispositif prévu s'applique dès 2001. Les communautés urbaines ont en
effet toujours eu, jusqu'à présent, une moyenne de base de taxe professionnelle
par habitant distincte des autres catégories d'EPCI.
Comme le fait bien ressortir le rapport de la commission des finances de
l'Assemblée nationale, les communautés urbaines qui ont été alignées en 2001
sur la moyenne nationale des bases de taxe professionnelle des EPCI à taxe
professionnelle unique sont pénalisées et subissent des pertes de ressources
non négligeables.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission est impressionnée par la science de nos
collègues ! Il leur faudrait toutefois, pour que cet amendement soit compatible
avec l'amendement de précision que nous venons d'adopter, qu'ils y apportent
une très légère rectification. Au lieu de lire : « , sauf pour les communautés
d'agglomération et les communautés urbaines pour lesquelles elles s'appliquent
à compter de 2001 », il conviendrait de lire : « , sauf pour les communautés
d'agglomération et les communautés urbaines pour lesquelles les dispositions du
3 s'appliquent à compter de 2001 ».
Sous réserve de cette rectification de cohérence, la commission est favorable
à cet amendement.
M. le président.
Monsieur Doligé, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens
souhaité par M. le rapporteur général ?
M. Eric Doligé.
La science de M. le rapporteur général étant supérieure à la somme des
sciences de chacun des membres de la commission, nous acceptons de rectifier
l'amendement.
M. le président.
Je suis donc saisi d'un amendement n° 36 rectifié, présenté par MM. Valade,
Cazalet, Gournac, Guené, Guerry, Lanier, Oudin, Doligé, Joyandet, Karoutchi, Le
Grand et Del Picchia, et ainsi libellé :
« I. - Compléter
in fine
le 4 du I de l'article 26 par les mots : ",
sauf pour les communautés d'agglomération et les communautés urbaines pour
lesquelles les dispositions du 3 s'appliquent à compter de 2001".
« II. - Compléter
in fine
l'article 26 par deux paragraphes ainsi
rédigés :
« ... Les pertes de recettes résultant de l'application du 3 du I aux
communautés urbaines dès 2001 sont compensées par la majoration à due
concurrence de la dotation d'intercommunalité.
« ... Les pertes de recettes pour l'Etat résultant de l'application du
paragraphe ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création au
profit du budget de l'Etat de taxes additionnelles aux droits visés aux
articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur cet amendement n° 36 rectifié ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, vous souhaitez que la réfaction
de 2 % sur la compensation de taxe professionnelle versée aux EPCI en
contrepartie de la réduction pour création d'établissement soit calculée dès
2001 en fonction de la base moyenne des différentes catégories retenues par le
présent texte, et non à compter de 2002, comme cela vous est proposé, pour les
seules communautés d'agglomération et communautés urbaines.
Comme vous le savez, le Gouvernement s'est engagé à régler, y compris pour
2001, les problèmes de calcul liés aux compensations correspondant aux
exonérations de taxe foncière sur les propriétés bâties applicable dans les
zones franches urbaines et à l'abattement de 30 % pour les communes membres
d'un EPCI à fiscalité additionnelle qui décide d'appliquer la taxe
professionnelle unique, la TPU.
C'est l'objet du présent texte, qui répond, me semble-t-il, aux préoccupations
que vous évoquez.
S'agissant de la réduction de taxe professionnelle pour embauche et
investissement, la REI, il est apparu opportun au Gouvernement de préciser
clairement les modalités de calcul de la moyenne des bases servant à déterminer
l'application ou non de la réfaction afin de tenir compte des évolutions de
l'intercommunalité.
Cette mesure est donc de portée générale et vise l'ensemble des EPCI.
Il ne me paraît pas justifié de la limiter, en 2001, aux deux catégories
d'EPCI que sont les communautés d'agglomération et les communautés urbaines.
Pour d'autres EPCI, en effet, le dispositif peut être également favorable. Il
n'y a donc pas lieu de traiter différemment les diverses catégories
d'établissements publics de coopération intercommunale.
En tout état de cause, il n'est pas envisageable techniquement par mes
services de recalculer la REI pour les 1 844 EPCI à fiscalité propre existants
en 2001.
Dans ces conditions, je souhaiterais, monsieur le sénateur, que vous puissiez
retirer cet amendement.
M. le président.
Monsieur Doligé, l'amendement n° 36 rectifié est-il maintenu ?
M. Eric Doligé.
Même si je comprends la position de Mme le secrétaire d'Etat, je maintiens
l'amendement.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 36 rectifié, accepté par la commission et
repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 85, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Supprimer le III de l'article 26. »
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement propose de lever le gage prévu à
l'article 26.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 85, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'article 26.
M. Yves Fréville.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville.
Je n'ai toujours pas obtenu de réponse à ma question ! Je la précise donc une
fois de plus afin que notre échange figure au procès-verbal.
Supposez que la communauté de communes de Vitré, actuellement à fiscalité
additionnelle et taxe professionnelle de zone, veuille fusionner avec la
communauté de communes de Châteaubourg, qui est dans la même situation, pour
former une communauté à TPU ; eh bien ! si l'on vote l'article 26 dans sa
rédaction actuelle, ces deux communautés vont perdre le bénéfice des
compensations d'exonération qui leur sont accordées !
Dans ces conditions, monsieur le président, vous comprendrez que je ne vote
pas l'article 26.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Monsieur Fréville, je tiens à
préciser devant vous, qui êtes le meilleur spécialiste de cette maison sur le
sujet, que, pour l'instant, le droit ne prévoit pas la fusion de communautés de
communes. Elles doivent donc se dissoudre si elles souhaitent en créer une
nouvelle, ce qui a pour effet de leur faire perdre le bénéfice de la situation
dans laquelle elles se trouvaient.
M. le président.
Est-ce une invitation, monsieur le président de la commission, à profiter
d'une prochaine occasion pour adopter un certain nombre de procédures ?
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
En effet, monsieur le
président.
M. le président.
Monsieur Fréville, à défaut d'obtenir une réponse favorable, cette explication
est-elle de nature à vous permettre d'approcher de la solution à laquelle vous
aspirez ?
M. Yves Fréville.
Non, monsieur le président, et je voterai donc contre l'article 26.
M. le président.
Je mets aux voix l'article 26, modifié.
(L'article 26 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 26
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 63, présenté par M. Alduy et les membres du groupe de l'Union
centriste, est ainsi libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article L. 2334-4 du code général des collectivités territoriales est
ainsi modifié :
« 1° La dernière phase du premier alinéa est supprimée.
« 2° Le troisième alinéa (1°) est complété par une phrase ainsi rédigée :
"Elles sont majorées de la fraction imposable des salaires réduite au titre des
dispositions de l'article 1467
bis
du code général des impôts et ayant
donné lieu à la compensation prévue au I du D de l'article 44 de la loi de
finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998)".
« 3° - L'antépénultième alinéa est ainsi rédigé :
« Le potentiel fiscal visé au sixième alinéa tient compte, dans les conditions
fixées au 1° ci-dessus, de la part des salaires et rémunérations imposables
réduite au titre des dispositions de l'article 1467
bis
du code général
des impôts. Le montant des bases brutes réduites au titre de ces dispositions
est réparti entre les communes membres de l'établissement public de coopération
intercommunale au prorata des diminutions de bases de taxe professionnelle que
connaît chacune de ces communes et qui donnent lieu à compensation. »
« II. - La majoration éventuelle de la dotation globale de fonctionnement
résultant du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une
taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général
des impôts. »
L'amendement n° 64, présenté par M. Fréville, est ainsi libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article L. 2334-4 du code général des
collectivités territoriales est complété par une phase ainsi rédigée : "A
partir de 2003, cette majoration est pondérée par le rapport pour 1998 entre le
taux moyen national de la taxe professionnelle et le taux voté par la commune
majoré le cas échéant du taux appliqué au profit du groupement sans fiscalité
propre auquel appartient cette commune".
« II. - Après la première phase du douzième alinéa du même article, il est
inséré une phrase ainsi rédigée : "A partir de 2003, cette majoration est
pondérée par le rapport pour 1998 entre le taux moyen national et le taux de
taxe professionnelle applicable au groupement, ou le cas échéant le taux moyen
pondéré des communes membres du groupement constaté pour 1998 et éventuellement
majoré du taux appliqué par le groupement, si ce groupement a perçu pour la
première fois en 1998 la taxe professionnelle au lieu et place des communes".
»
La parole est à M. Fréville, pour défendre ces deux amendements.
M. Yves Fréville.
Monsieur le président, m'autorisez-vous à présenter également l'amendement n°
65 ?
M. le président.
J'appelle donc également en discussion l'amendement n° 65, présenté par M.
Fréville, et ainsi libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement présentera au Parlement avant le 30 juin 2002 un rapport sur
les modalités d'intégration dans le potentiel fiscal des communes et des
établissements de coopération intercommunale à fiscalité propre de la
compensation prévue au I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999
(n° 98-1216 du 30 décembre 1998).
« Ce rapport présentera les variations du potentiel fiscal taxe
professionnelle suivant que le potentiel fiscal lié à la compensation de la
supression progressive des bases salaires de la taxe professionnelle est
calculé en fonction du taux moyen national de la taxe professionnelle ou en
fonction du taux effectif de taxe professionnelle pris en compte pour la
détermination de la compensation, et les conséquences de ces variations sur la
répartition de la dotation globale de fonctionnement et du fonds national de
péréquation.
« Ce rapport sera établi sur la base d'échantillons de communes et de
groupements représentatifs de la dispersion des taux de taxe professionnelle et
des bases par habitant de taxe professionnelle dans l'ensemble des communes des
groupements à fiscalité propre.
« Ce rapport présentera enfin les voies et moyens d'une réforme de la
législation existante en ce domaine. »
Veuillez poursuivre, monsieur Fréville.
M. Yves Fréville.
Ces trois amendements ont le même objet.
Lorsque nous avons progressivement supprimé la part « salaires » des bases de
la taxe professionnelle, des compensations ont été versées aux communes. Ces
deux mouvements ont agi en sens inverse sur le potentiel fiscal : d'une part,
la réduction des bases a réduit le potentiel fiscal ; d'autre part - et sur
l'instigation du Sénat, il faut le rappeler -, les dotations de compensation
versées par l'Etat ont accru ce même potentiel fiscal.
On pouvait penser que ces deux mouvements en sens inverse se neutraliseraient.
Or ce n'est pas le cas. En effet, le potentiel fiscal est calculé à partir du
taux moyen national de la taxe professionnelle, alors que la compensation est
calculée à partir du taux de taxe professionnelle constaté en 1998 dans la
collectivité ayant droit à cette compensation. Cela entraîne une conséquence
très facile à comprendre : si le taux de 1998 de la collectivité est supérieur
au taux national, son potentiel fiscal augmente alors que rien n'a changé dans
sa situation ; en revanche, si le taux est inférieur, son potentiel fiscal
diminue. Comme en général ce sont les communautés les plus pauvres qui ont les
taux les plus élevés, on en déduit logiquement que ce sont les communautés les
plus pauvres qui voient leur potentiel fiscal augmenter, ce qui ne paraît pas
tout à fait cohérent avec l'objectif de péréquation.
Des propostions ont déjà été formulées à l'Assemblée nationale pour remédier à
cette situation. Ainsi, M. Bonrepaux a proposé une correction pour les
communautés de communes. Mais le problème des communes se pose à l'heure
actuelle, et il va se poser avec de plus en plus d'acuité, mes chers collègues,
parce que nous allons parvenir à la situation où les réductions des bases «
salaires » de la taxe professionnelle concerneront les plus gros
établissements, ce qui va sans doute entraîner de fortes perturbations sur le
potentiel fiscal.
L'amendement n° 63 vise à revenir au mode de calcul traditionnel du potentiel
fiscal à partir de 2002. Cela nous paraît tout à fait souhaitable, même si ce
n'est peut-être pas tout à fait réaliste en termes de calendrier.
C'est la raison pour laquelle si, par malheur, cet amendement n'était pas
retenu, je proposerais avec l'amendement n° 64 une mesure identique qui ne
porte effet qu'à partir de 2003 seulement, ce qui ne devrait poser aucune
difficulté.
Si, hypothèse la plus catastrophiste, ni l'un ni l'autre de ces deux
amendements n'étaient retenus, je demanderais simplement que le Gouvernement
nous présente un rapport pour faire le point sur cette situation délicate.
C'est l'objet de l'amendement n° 65.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 63, 64 et 65 ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
L'amendement n° 63 tend à prendre en compte, pour le
calcul du potentiel fiscal des communes, non plus le montant de la compensation
de la suppression de la part « salaires » de la taxe professionnelle, mais les
bases de taxe professionnelle prises en compte pour le calcul de cette
compensation, afin de neutraliser l'effet de taux.
M. Yves Fréville.
Tout à fait !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Soit dit en passant, si l'on avait suivi, à l'époque,
la position du Sénat en instituant un dégrèvement laissant chaque année évoluer
naturellement les bases, on n'aurait pas à se poser ce type de questions pour
atténuer l'un des effets pervers de la réforme de la taxe professionnelle, qui
n'était qu'une demi-mesure pour les collectivités territoriales.
Rappelons, mes chers collègues, que le Sénat a examiné, en première partie du
projet de loi de finances, un amendement de notre collègue Dominique Braye qui,
dans le même esprit, s'appliquait aux communautés d'agglomération, alors qu'ici
il est question des communes.
Dominique Braye avait retiré son amendement au motif que l'on ne pouvait pas
toucher à la définition du potentiel fiscal sans simulation. Or, madame le
secrétaire d'Etat, vous vous étiez engagée à fournir des simulations dans le
cadre du rapport qui doit être remis à ce sujet avant la fin de l'année.
Nous observons les uns et les autres que le débat sur la définition du
potentiel fiscal prend de l'ampleur. Au fur et à mesure que les bases «
salaires » disparaissent, les effets pervers de la réforme se font en effet
sentir sur cet indicateur qu'est le potentiel fiscal. Il faudra trancher cette
question explicitement, à tête reposée et en tenant compte des simulations qui
auront été opérées.
Il faudra se demander, par exemple, si, pour calculer le potentiel fiscal, il
vaut mieux prendre en compte la richesse objective de la commune, le montant de
sa compensation, au risque de créer des distorsions en raison de l'effet de
taux, ou s'il vaut mieux utiliser les bases de 1998, soit avant la réforme de
la taxe professionnelle, ce qui permet de neutraliser l'effet de taux mais qui
aboutit à intégrer dans le potentiel fiscal des éléments figés, qui
traduisaient la situation de 1998 et vont s'éloigner de la réalité avec le
temps.
De toute manière, il faudra bien répondre à cette question car, au cours des
années ultérieures, les élus inciteront de plus en plus le Gouvernement à
reprendre ce sujet et à lui apporter une solution de principe.
Il faudra aussi s'interroger sur les conditions dans lesquelles la
compensation de la part « salaires » pourra continuer à être prise en compte
dans le calcul du potentiel fiscal, lorsque, à partir de 2004, cette
compensation sera intégrée à la dotation globale de fonctionnement.
Madame le secrétaire d'Etat, il serait important que vous nous fassiez part de
votre avis et, surtout, que vous nous confirmiez que le Gouvernement compte
prendre au sérieux cette interrogation.
L'amendement de notre collègue M. Alduy vient donc à bon escient poser le
problème de principe que je me suis efforcé d'exposer.
Au demeurant, avant de donner l'avis de la commission, je souhaite que le
Gouvernement me dise où en sont les simulations et s'il est techniquement
possible d'aller plus loin, à bref délai.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 63 ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Bien évidemment, le Gouvernement n'est pas favorable à
l'amendement n° 63, comme M. Fréville doit s'en douter, puisque cette
discussion a déjà eu lieu lors de l'examen du projet de loi de finances pour
2002.
En effet, je le répète, cette proposition irait à l'encontre de la notion même
de potentiel fiscal, qui consiste à mesurer les marges de manoeuvre dont
disposerait une collectivité si elle appliquait à ces bases taxables les taux
moyens nationaux d'imposition. Votre proposition, monsieur le sénateur,
reviendrait à calculer le potentiel fiscal à partir de bases qui n'existent
plus, auxquelles s'appliquerait le taux moyen national de taxe professionnelle,
comme si les collectivités avaient encore la possibilité de les mobiliser. Ce
n'est évidemment plus possible.
Par ailleurs, cette disposition n'apparaît pas justifiée, car elle revient à
étendre à l'ensemble des collectivités et des établissements publics de
coopération intercommunale la mesure instituée par la loi de finances pour 2001
qui prévoit que, pour les communautés de communes à fiscalité additionnelle, la
compensation de la part « salaires » prise en compte dans le calcul du
potentiel fiscal est pondérée par le rapport entre le taux moyen et le taux
réel de la taxe professionnelle de la communauté de communes en 1998.
Cette disposition se justifie pour les communautés de communes à fiscalité
additionnelle dans la mesure où celles qui étaient fiscalement très intégrées
et qui, par conséquent, ont un taux de taxe professionnelle très supérieur au
taux moyen national, voyaient leur potentiel fiscal majoré, ce qui, bien
évidemment, les conduisait à être pénalisées dans les attributions de dotation
globale de fonctionnement. Mais tel n'est pas le cas des autres collectivités
comme les EPCI à taxe professionnelle unique, pour lesquels il n'y a pas de
corrélation entre le taux de la taxe professionnelle et leur niveau
d'intégration fiscale dans la mesure où ce taux est en grande partie lié à
l'importance de leur base et où il n'existait, en 1998, aucun EPCI à taxe
professionnelle unique.
Cet amendement pourrait, en outre, conduire à réduire de manière artificielle
le potentiel fiscal des collectivités qui perçoivent une compensation au titre
de la part « salaires » élevée reflétant effectivement le degré de richesse des
communes. Il n'y a donc pas de raison d'avantager ces collectivités.
En conséquence, je souhaite le retrait de cet amendement.
A M. le rapporteur général, qui m'interrogeait sur l'engagement pris par le
Gouvernement de déposer un rapport sur la réforme des finances locales lequel
porterait, notamment, sur la modification des critères utilisés pour la
répartition des dotations de l'Etat, en particulier sur le potentiel fiscal, je
répondrai que ce rapport est dans sa phase finale. Les simulations étant
également en voie d'achèvement, il devrait être remis dans le courant du mois
de janvier.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Compte tenu des éléments que vient de nous
communiquer Mme le secrétaire d'Etat, je pense que nos collègues devraient
retirer l'amendement n° 63. Il nous faudra en effet poursuivre notre travail en
vue de mieux définir la notion de potentiel fiscal.
M. le président.
Monsieur Fréville, l'amendement n° 63 est-il maintenu ?
M. Yves Fréville.
Non, monsieur le président, je vais suivre le conseil de M. le rapporteur
général.
M. le président.
L'amendement n° 63 est retiré.
Et l'amendement n° 64, monsieur Fréville, est-il maintenu ?
M. Yves Fréville.
Oui, monsieur le président, parce qu'il s'appliquera en 2003 : il n'y aura pas
les mêmes difficultés techniques pour l'année prochaine.
Par ailleurs, je ne vois pas pourquoi ce qui est bon pour les communautés de
communes à fiscalité additionnelle ne serait pas bon pour les communes membres
de cette communauté.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Même avis que précédemment : la commission demande le
retrait de l'amendement.
M. Yves Fréville.
Dans ces conditions, je le retire.
M. le président.
L'amendement n° 64 est retiré.
Monsieur Fréville, qu'en est-il maintenant de l'amendement n° 65 ?
M. Yves Fréville.
Par cet amendement, je souhaite tout simplement, je le rappelle, que soit
déposé un rapport prenant en compte les simulations qui sont demandées au
Gouvernement pour résoudre ce problème délicat.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Très favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je m'en remettrai à la sagesse de la Haute Assemblée.
Cependant, je souhaiterais que M. Fréville, pour des raisons qui peuvent
aisément se comprendre, accepte de reporter la date de présentation prévue par
l'amendement au 30 septembre 2002. Je ne sais pas pour le compte de qui je
m'engage !
(Sourires.)
M. le président.
Monsieur Fréville, accédez-vous au souhait de Mme le secrétaire d'Etat ?
M. Yves Fréville.
Bien volontiers !
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 65 rectifié.
Quel est l'avis de la commission sur cet amendement rectifié ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Toujours très favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 65 rectifié, accepté par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 26.
Je suis saisi de deux amendements présentés par MM. Alduy, Hyest et les
membres du groupe de l'Union centriste.
L'amendement n° 55 rectifié est ainsi libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le début du premier alinéa de l'article L. 5215-40-1 du code général des
collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Dans un délai de trois ans à compter du 31 décembre 1999, le périmètre...
».
L'amendement n° 54 rectifié est ainsi libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le début du premier alinéa de l'article L. 5216-10 du code général des
collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« Dans un délai de trois ans à compter du 31 décembre 1999, le périmètre...
».
La parole est à M. Fréville, pour défendre ces deux amendements.
M. Yves Fréville.
Je les retire au bénéfice des amendements n°s 78 et 79.
M. le président.
Les amendements n°s 55 rectifié et 54 rectifié sont retirés.
Je suis saisi de deux amendements présentés par MM. Fréville et Alduy.
L'amendement n° 78 est ainsi libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après la première phrase du troisième alinéa de l'article L. 5215-40-1 du
code général des collectivités territoriales est insérée une phrase ainsi
rédigée : "La date d'application de l'arrêté peut être le premier janvier de
l'année suivante". »
L'amendement n° 79, est ainsi libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après la première phrase du troisième alinéa de l'article L. 5216-10 du code
général des collectivités territoriales est insérée une phrase ainsi rédigée :
"La date d'application de l'arrêté peut être le premier janvier de l'année
suivante". »
La parole est à M. Fréville, pour défendre ces deux amendements.
M. Yves Fréville.
En retirant les deux amendements précédents, j'ai évité qu'on ne me reproche
leur caractère équestre !
(Sourires.)
J'en viens aux amendements présents.
Vous savez, mes chers collègues, que, jusqu'en 2002, les préfets peuvent
prendre des arrêtés pour modifier et étendre le champ d'une communauté
d'agglomération ou d'une communauté urbaine.
Supposez qu'un préfet élargisse une communauté d'agglomération en juillet. Il
sera alors très difficile de voter un budget pour la seconde partie de l'année,
de répartir la taxe professionnelle unique en cours d'année.
Toutes ces difficultés pourraient être résolues si l'on acceptait que la date
de mise en vigueur de l'arrêté du préfet puisse être reportée au 1er janvier de
l'année suivante, de manière à faire coïncider l'année fiscale et l'année
civile.
Cet amendement semble ne poser aucune difficulté, mais il a été maintes fois
répondu à nos collègues, en particulier à M. Alduy, que, si l'arrêté du préfet
pris en juillet s'appliquait immédiatement, cela ne souleverait aucune
difficulté alors que, dans l'état actuel de la législation, le report de la
date d'application pourrait être considéré comme un détournement de
procédure.
Pour faire tomber cet argument, nous proposons, M. Alduy et moi, de faire
figurer dans la loi que la date d'application de l'arrêté est reportable au 1er
janvier de l'année suivante, qu'il s'agisse des communautés d'agglomération ou
des communautés urbaines.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je m'en remettai à la sagesse du Sénat, dans la mesure
où il me semble que la précision apportée par les amendements de M. Fréville
relève plus de l'instruction que de la loi.
J'ai sous les yeux une instruction donnée par le précédent ministre de
l'intérieur, en application de la loi de 1999, aux termes de laquelle, dans un
souci de clarté et de sécurité juridique, il est demandé de veiller à ce que
les décisions de création de groupements prenne effet au 31 décembre. C'est le
bons sens.
M. Yves Fréville.
Tout à fait !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 78, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi des finances rectificative, après l'article 26.
Je mets aux voix l'amendement n° 79, accepté par la commission et pour lequel
le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 26.
L'amendement n° 32, présenté par MM. Valade, Cazalet, Gournac, Guené, Guerry,
Lanier, Oudin, Doligé, Joyandet, Karoutchi, Le Grand et Del Picchia, est ainsi
libellé :
« Après l'article 26, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le cinquième alinéa
(a))
du 3° du V de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts, avant la référence : "1390", est insérée la
référence : "1383 B,". »
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin.
En régime de fiscalité additionnelle, les communes membres d'un EPCI ainsi que
celui-ci sont amenés à percevoir la compensation pour exonération de taxe
foncière sur les propriétés bâties des immeubles situés en zone franche
urbaine, en application de l'article 7 de la loi du 14 novembre 1996 relative à
la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville, constituant l'article 1383
B du code général des impôts.
Le
b)
du paragraphe I de l'article 26 du projet de loi de finances
rectificative pour 2001 dispose que, pour les communes qui appartiennent à un
EPCI soumis à l'article 1609
nonies
C du code général des impôts, le
taux appliqué en 1996 dans la commune pour le calcul de cette compensation est
majoré du taux appliqué par EPCI précité.
Pour tenir compte de cette nouvelle disposition, il serait opportun de
compléter la rédaction du cinquième alinéa
a)
du V de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts afin de pouvoir déduire de
l'attribution de compensation versée par les EPCI à taxe professionnelle unique
à leurs communes membres la compensation de l'exonération de taxe foncière sur
les propriétés bâties accordée aux communes situées en zones franches
urbaines.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Le Sénat a déjà adopté ce même dispositif lors de
l'examen du projet de loi portant mesures urgentes de réformes à caractère
économique et financier, ou MURCEF, voilà peu de temps. La commission émet donc
un avis favorable sur l'amendement n° 32.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est également favorable à cet
amendement, qui apporte un complément utile au dispositif. En effet, il vise à
prolonger la mesure proposée au I de l'article 26 du projet de loi de finances
rectificative, qui a pour objet de transférer aux communes membres la
compensation de l'exonération de taxe foncière sur les propriétés bâties des
immeubles situées en zones franches urbaines perçue par l'EPCI antérieurement à
son passage à la taxe professionnelle unique.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 32, accepté par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 26.
Article 26 bis
M. le président.
« Art. 26
bis
. - Après l'article L. 1613-2 du code général des
collectivités territoriales, il est inséré un article L. 1613-2-1 ainsi rédigé
:
«
Art. L. 1613-2-1
. - Il est prélevé sur le montant de la
régularisation de la dotation globale de fonctionnement pour 2000 prévue à
l'article L. 1613-2 une quote-part de 200 millions de francs au profit des
établissements publics de coopération intercommunale visés au 2° du I de
l'article L. 5211-29 au titre de leur dotation d'intercommunalité. Le montant
revenant à chaque établissement public de coopération intercommunale
bénéficiaire est égal à la différence entre la dotation qui lui a été notifiée
au titre de la dotation globale de fonctionnement pour 2001 et la dotation qui
lui aurait été notifiée au titre de la même année si la masse totale mise en
répartition avait été initialement majorée de 200 millions de francs.
« Le solde de cette régularisation et réparti entre tous les autres
bénéficiaires de la dotation globale de fonctionnement
au prorata
de la
ou des dotations qu'ils ont perçues en 2000, les communautés de communes visées
à l'alinéa précédent ne pouvant en bénéficier, le cas échéant, qu'au titre des
dotations visées à l'article L. 5211-24. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 26 bis
M. le président.
L'amendement n° 71 rectifié, présenté par M. Charasse et les membres du groupe
socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 26
bis
, insérer un article additionnel ainsi rédigé
:
« A. - Au titre de l'année 2001, le prélèvement opéré sur les recettes de
l'Etat au titre de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs est
diminué de 300 millions de francs.
« B. - Au titre de l'année 2001, un prélèvement de 300 millions de francs est
opéré sur les recettes de l'Etat pour majorer à hauteur de 300 millions de
francs la régularisation de la dotation globale de fonctionnement pour 2000
prévue à l'article L. 1613-2 du code général des collectivités territoriales.
»
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Je n'ai pas l'intention, ici, de créer des difficultés particulières au
Gouvernement, mais nous sommes tout de même là pour exposer un certain nombre
de problèmes, et celui qui est sous-jacent à l'amendement n° 71 rectifié est
bien réel.
Comme vous le savez, mes chers collègues, le collectif budgétaire comporte une
disposition qui résulte d'une initiative de notre collègue député M. Bonrepaux
et qui prévoit d'attribuer à certains groupements un prélèvement de 200
millions de francs opéré sur la régularisation de la DGF pour 2000. Cette
régularisation a été actée par le comité des finances locales lors de sa
réunion du mois de juillet dernier et elle a été largement annoncée à travers
le pays : 1 024 millions de francs, 0,82 % de la DGF pour 2001 ; tels sont les
chiffres qui ont été diffusés un peu partout auprès des élus locaux.
Certaines collectivités locales ont déjà pris en compte, par anticipation,
cette régularisation bien qu'elle ne soit pas encore notifiée.
Sans remettre en cause l'amendement de M. Bonrepaux, il faut bien dire que ce
prélèvement de 200 millions de francs, qui ampute le montant de la
régularisation d'un cinquième, peut avoir, dans un certain nombre de cas, des
effets assez perturbateurs. Je propose donc d'utiliser un stock de reports
accumulés au centre national de la fonction publique territoriale, le CNFPT, au
titre de la dotation spéciale pour le logement des instituteurs, qui, après le
dernier comité des finances locales, représenterait 315 millions de francs,
pour abonder la régularisation de 2000 versée en 2001.
Je formule cette proposition pour compenser l'effet de l'amendement Bonrepaux,
bien sûr, mais aussi parce que, à l'occasion d'un débat assez complexe lors de
la dernière réunion du comité des finances locales, nous nous sommes aperçus
que ce stock de 300 millions de francs ne pouvait pas être utilisé dans la
mesure où la loi n'a rien prévu à cet égard. Autrement dit, cette somme peut
être stockée et s'accroître indéfiniment, d'année en année.
Le comité des finances locales a décidé d'en utiliser une partie pour
augmenter cette année de plus de 5 % la dotation spéciale individuelle pour le
logement des instituteurs, ce qui est assez important. Mais les représentants
du ministère du budget au sein du comité des finances locales ont voté contre
cette disposition, estimant que ce prélèvement était illégal. Et je dois dire,
madame le secrétaire d'Etat, qu'ils avaient raison puisque la loi n'a pas prévu
la manière d'utiliser cette somme. Jusqu'à nouvel ordre, seul le Parlement peut
en disposer, non le comité des finances locales.
Je propose donc de laisser 15 millions de francs « dormants » sur les 315
millions de francs en stock, pour procéder l'année prochaine aux ajustements
indispensables - il y a toujours des erreurs à rectifier ou des oublis à
réparer - et de basculer 300 millions de francs sur la régularisation de la DGF
de l'année 2001.
Bien entendu, madame le secrétaire d'Etat, si vous aviez une utilisation
différente à nous proposer, je serais preneur. Mais je pense qu'il est
dangereux de laisser une telle somme dormante, inutilisée. J'ai peur que
certains ministres ne s'aperçoivent un jour de son existence et que, au lieu de
la distribuer aux collectivités locales, alors qu'elle leur revient - c'est
bien à ce titre, en effet, qu'elle figure dans les comptes de l'Etat -, ils ne
la distribuent sous diverses formes à un certain nombre de services
administratifs ou d'agents de ces services.
Par conséquent, c'est à la fois pour compenser le dispositif mis au point par
M. Bonrepaux mais aussi au nom de la prudence que je propose cette solution au
Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission, très attentive à cet amendement, se
félicite que notre collègue Michel Charasse ait trouvé ce petit gisement qui,
pour être modeste, n'en est pas moins appréciable, et approuve sa démarche.
Vous voyez, madame le secrétaire d'Etat, que nous nous efforçons tous d'aller
dans le sens de la mobilisation de ressources publiques inemployées.
Les besoins en matière de logement des instituteurs étant sans doute
aujourd'hui moins pressants compte tenu des changements intervenus dans les
statuts des personnels d'encadrement de l'éducation nationale, la dotation
prévue à cet effet laisse effectivement apparaître une poche de crédits
inemployés qui ne peuvent pas être consacrés à un autre objet. Or c'est une
rubrique qui peut être utilement désactivée pour faire des choses utiles et
nécessaires, en l'occurrence pour compléter l'allocation globale des ressources
de fonctionnement des communes.
La commission a donc émis un avis favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, comme vous l'avez indiqué,
l'Assemblée nationale a voté un prélèvement de 200 millions de francs sur le
montant de la régularisation positive de DGF au titre de l'année 2000 pour
abonder la DGF des communautés de communes à fiscalité additionnelle en 2001,
communautés de communes dont la dotation avait baissé en 2000 du fait des
évolutions de la composition de cette catégorie d'EPCI.
Vous proposez de compenser le prélèvement sur cette régularisation positive en
l'abondant par une réduction de la dotation spéciale instituteurs, ou DSI, qui
est rendue possible par l'existence de réserves accumulées par le CNFPT.
Je ne peux souscrire à votre proposition, même si je ne conteste pas
l'existence de ces excédents.
Vous le savez, la dotation moyenne des communautés de communes à fiscalité
additionnelle a diminué, en application des règles de répartition de la DGF des
groupements. L'Assemblée nationale a donc choisi d'opérer un redéploiement au
sein de la DGF ; c'était sans doute la solution la moins pénalisante pour les
autres bénéficiaires de la DGF. Ce prélèvement est en effet très faible - 200
millions de francs, je le rappelle - si on le rapporte aux progressions de la
DGF en 2001 et en 2002. Par conséquent, ce prélèvement en lui-même est
acceptable.
La réduction de la dotation spéciale instituteurs que vous proposez rendrait
difficile la répartition de cette dotation telle qu'elle a été décidée le 30
octobre dernier par le comité des finances locales, car elle nécessiterait que
le CNFPT consacre l'essentiel des réserves accumulées au titre de la gestion de
la DSI des années précédentes à la répartition de cette année, ce qui semble
difficile en l'absence de nouvelles délibérations du comité des finances
locales.
Ainsi que celui-ci en est convenu le 30 octobre, le mécanisme de répartition
de la DSI devra être modifié de manière à éviter l'apparition de nouveaux
excédents, ceux-ci ne témoignant pas d'une gestion optimale des deniers
publics.
Pour ce qui me concerne, je suis très favorable à ce que le sort des réserves
existantes soit examiné à ce moment-là et que l'on mette au point des
mécanismes qui évitent la reconstitution de nouveaux stocks d'excédents.
Par conséquent, mon souhait serait que l'on puisse mettre en oeuvre ce nouveau
dispositif pour la prochaine décision de répartition de la DSI, c'est-à-dire au
titre de 2003 ; cela signifie que la décision interviendrait au plus tard à
l'automne 2002.
Sous le bénéfice de cet engagement, je me permets de vous demander, monsieur
le sénateur, de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président.
Monsieur Charasse, accédez-vous au souhait de Mme le secrétaire d'Etat ?
M. Michel Charasse.
La situation est un peu plus compliquée que je ne l'imaginais. Je l'avoue, je
pensais naïvement que le report de crédits inutilisés était de 315 millions de
francs nets après fixation récente par le comité des finances locales du
montant de la dotation spéciale instituteurs par instituteur logé ou indemnisé.
Si l'augmentation de plus de 5 % que le comité des finances locales a décidée
représente une somme telle qu'en prélevant 300 millions de francs la décision
du comité des finances locales ne pourra pas être exécutée, mon objectif ne
sera évidemment pas atteint !
Madame le secrétaire d'Etat, la loi n'ayant pas prévu expressément la manière
dont on peut utiliser cette somme, le comité des finances locales ne peut rien
faire : celui-ci doit attendre que le législateur vote un texte le
précisant.
Dès lors, deux solutions peuvent être envisagées.
La première consiste à ramener le prélèvement immédiat de 300 millions à 200
millions de francs. Cela permettrait de compenser les conséquences de
l'amendement Bonrepaux.
La deuxième solution serait de renvoyer le règlement de cette question à
l'examen du projet de loi de Daniel Vaillant sur la démocratie de proximité,
donc au début de 2002 : on ne compense pas les conséquences de l'amendement
Bonrepaux cette année, mais on peut résoudre le problème à l'occasion de la
discussion de ce projet de loi, dont notre collègue Michel Mercier est le
rapporteur pour avis, au nom de la commission des finances.
Comme je ne veux pas improviser et puisqu'un texte auquel on peut « raccrocher
» cette question va nous être soumis très prochainement, ce qui nous permettra
d'apporter une solution pour l'exercice 2002, je retire cet amendement, me
réservant de le reprendre dans trois semaines.
Je souhaite que, d'ici là, le Gouvernement se rapproche de notre collègue
Michel Mercier, de façon à essayer de trouver une solution telle que ce tas de
noisettes revienne aux collectivités locales à qui il appartient et ne fasse
pas l'objet, demain, d'un prélèvement pour on ne sait quelle fantaisie !
(Sourires.)
M. le président.
L'amendement n° 71 rectifié est retiré.
Article 26 ter
M. le président.
« Art. 26
ter
. - I. - Le II de l'article L. 5211-29 du code général des
collectivités territoriales, est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« A compter de 2002, la dotation moyenne par habitant des communautés de
communes ne faisant pas application des dispositions de l'article 1609
nonies
C du code général des impôts qui perçoivent la dotation
d'intercommunalité dans cette catégorie au titre de la deuxième année au moins
est majorée, le cas échéant, d'une somme lui permettant d'atteindre le montant
de la dotation moyenne par habitant qui leur a été notifiée l'année précédente,
augmentée comme la dotation forfaitaire visée à l'article L. 2334-7. Pour
l'application de ces dispositions en 2002, la dotation moyenne par habitant
prise en compte au titre de 2001 intègre la quote-part de la régularisation de
la dotation globale de fonctionnement prévue par l'article L. 1613-2-1.
« Cette majoration est répartie entre les établissements publics de
coopération intercommunale bénéficiaires comme les dotations de base et de
péréquation auxquelles elle s'ajoute.
« II. - Au septième alinéa de l'article L. 2334-7 du même code, le taux : "50
%" est remplacé par le taux : "45 %". »
L'amendement n° 66, présenté par M. Fréville, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 26
ter
. »
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville.
Du fait du retrait de l'amendement n° 71 rectifié de M. Charasse, le coup de
pouce de 200 millions de francs donné aux communautés de communes à fiscalité
additionnelle sera prélevé sur la régularisation de 2001, à moins qu'une
correction n'intervienne lors de l'examen du projet de loi relatif à la
démocratie de proximité.
L'article 26
ter
va beaucoup plus loin puisqu'il dispose qu'à compter
de 2002 ces 200 millions de francs seront pérennisés. Autrement dit, dans la
dotation d'intercommunalité, la part des communautés de communes à fiscalité
additionnelle sera systématiquement accrue de 200 millions de francs.
Dès lors, la possibilité d'utiliser les fonds, qui a fait l'objet de
l'intervention de Michel Charasse, n'existe plus et la disposition résultant du
vote de l'amendement de M. Bonrepaux par l'Assemblée nationale revient à donner
la possibilité d'opérer ce prélèvement sur la dotation forfaitaire des
communes. Cela est réalisé techniquement en abaissant le seuil de progression
de la dotation forfaitaire de 50 % à 45 % du taux de croissance de la DGF.
En d'autres termes, 200 millions de francs seront pris aux communes.
Evidemment, quand on compare les 200 millions de francs à la masse de la
dotation forfaitaire, cela représente une goutte d'eau ! Mais c'est le signal
qui est important : désormais, on va faire de la dotation forfaitaire des
communes la variable d'ajustement de la dotation d'intercommunalité, alors que
ce n'était pas le cas jusqu'à présent.
Dans ces conditions, il me paraît tout à fait logique d'appliquer ce qui vient
d'être dit : puisque c'est une mesure qui s'applique en 2002, ne tranchons pas
la question dès maintenant, donnons-nous le temps d'y réfléchir et prenons
notre décision en 2002.
Voilà pourquoi je préconise la suppression de l'article 26
ter.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission n'a pas été complètement convaincue par
les arguments de notre collègue. Il lui semble que, à le suivre, on
s'exposerait au risque de voir sensiblement décroître, au fil des années, la
dotation forfaitaire des communes.
Certes, globalement, l'essor de l'intercommunalité devrait se traduire par de
moindres besoins financiers à l'échelon des communes. Cependant, une situation
moyenne ne doit pas masquer l'existence de cas où l'on observera une réalité
différente. Il ne faudrait pas que, par des décisions uniquement inspirées par
le constat d'évolutions tendancielles, on mette certaines communes dans
l'impossibilité de faire vivre leurs structures.
Bref, la commission n'a pas souhaité aller aussi loin que notre collègue Yves
Fréville et elle lui demande de bien vouloir retirer son amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je partage l'avis du rapporteur général.
M. le président.
Monsieur Fréville, l'amendement n° 66 est-il maintenu ?
M. Yves Fréville.
Je le maintiens, monsieur le président.
Il s'agit non pas de défendre l'intercommunalité, mais de protéger les
communes et la dotation forfaitaire des communes, contrairement à ce qu'a
semblé dire M. le rapporteur général.
Pour que les choses soient très claires, je vais prendre un exemple : la
commune de Bruz - bien connue depuis que le parti socialiste y a tenu son
congrès - a vu sa population croître de 60 %. De combien sa dotation
forfaitaire va-t-elle augmenter ? De 30 % seulement !
Ce sont des communes dans cette situation qui devront payer l'effort de
l'intercommunalité. Je pense qu'il faut défendre la ligne selon laquelle la
dotation forfaitaire croît d'au moins la moitié de la DGF, et pas moins.
Même au risque d'être battu, je maintiens cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 66.
M. Thierry Foucaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
L'amendement n° 66 pose une intéressante question, qu'il convient de
relever.
En effet, dans ses termes actuels, l'article 26
ter
du projet de loi de
finances rectificative vise à majorer le montant de la dotation des communautés
de communes par prélèvement sur la dotation forfaitaire. Dans les faits, au
lieu d'une péréquation des ressources, nous aurions donc un simple processus de
vases communicants : on déshabille Pierre pour habiller Paul !
Financer le développement de la coopération intercommunale en réduisant le
montant de la dotation forfaitaire des communes elles-mêmes ne nous paraît pas
de bonne politique. Nous pensons que cette opération est susceptible de
dégrader les relations entretenues entre l'Etat et les collectivités
territoriales.
D'autres voies peuvent être empruntées. C'est ainsi que nous proposons
régulièrement la taxation des actifs financiers des entreprises au titre de la
taxe professionnelle. Ce mécanisme aurait de surcroît l'avantage de réduire les
écarts flagrants d'imposition entre secteurs d'activité encore observés
aujourd'hui.
Cela étant, nous voterons l'amendement n° 66.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 66, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 26
ter.
(L'article 26
ter
est adopté.)
Article 26 quater et 26 quinquies
M. le président.
« Art. 26
quater
. - Il est inséré, après le deuxième alinéa du
a
de l'article L. 2334-6 du code général des collectivités territoriales, un
alinéa ainsi rédigé :
« Il est également majoré de la somme correspondant à l'abattement prévu à
l'article 1388
bis
du code général des impôts. » -
(Adopté.)
« Art. 26
quinquies
. - Dans le dernier alinéa de l'article L. 2334-34
du code général des collectivités territoriales, les mots : " ; dès réception
de la notification, les communes peuvent engager les travaux auxquels se
rapportent les subventions" sont supprimés. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 26 quinquies
M. le président.
L'amendement n° 28, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 26
quinquies
, insérer un article additionnel ainsi
rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article L. 211-7 du code de l'éducation,
après la référence : "L. 614-3" sont insérés les mots : ", des autres
formations de santé visées à l'article L. 635-1 et des formations dispensées
pour les établissements visés à l'article L. 756-1,".
« II. - Le même alinéa est complété par les mots : "ou du ministre de l'emploi
et de la solidarité".
« III. - L'augmentation du prélèvement sur recettes résultant de l'application
du I et du II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une
taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général
des impôts. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud.
Cet amendement porte sur la prise en compte des dépenses d'équipement
éligibles au fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée. Il tend à
réparer un oubli regrettable du code de l'éducation au regard du code général
des collectivités territoriales.
Il s'agit, en l'espèce, de faire en sorte que la mise en oeuvre du schéma de
réalisation des équipements et établissements d'enseignement supérieur n'oublie
pas, dans les faits, le cas spécifique des établissements préparant des
formations dans le domaine de la santé publique.
En effet, alors même que le code de l'éducation ouvre la possibilité pour
l'Etat de passer avec les collectivités territoriales des conventions de
réalisation de tels équipements quand ils sont placés sous la compétence du
ministre en charge de l'enseignement supérieur ou du ministre de l'agriculture,
une telle possibilité n'est pas offerte pour les établissements placés sous la
tutelle pédagogique du ministre en charge de la santé et de la solidarité.
Cela est d'autant plus regrettable qu'il s'agit là d'un secteur
particulièrement porteur d'emplois, notamment au moment où se pose avec une
certaine force la question de la formation de plusieurs dizaines de milliers de
futurs professionnels dans le secteur sanitaire et social.
Notre amendement vise donc à rendre éligibles au fonds de compensation les
dépenses réalisées par les communes ou leurs groupements - et l'on peut ici
penser notamment aux communautés d'agglomération ou aux communautés urbaines -
en matière d'équipements de formation aux métiers de la santé.
Notre proposition, compatible et logique avec l'esprit actuel du code de
l'éducation, tend à en réparer un oubli.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission se demande s'il faut vraiment favoriser
de nouveaux transferts de charges au détriment des collectivités locales.
Faut-il inciter ces dernières à financer dans leurs budgets des travaux
d'investissement pour le compte des institutions qui ont été évoquées ?
A supposer que l'on doive suivre les auteurs de l'amendement , la commission
s'interroge d'ailleurs sur le point de savoir pourquoi la mesure serait limitée
aux seules écoles relevant du ministère de l'emploi et de la solidarité. Au
demeurant, nous nous sommes posé le même type de questions lors de la
discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances.
Notre collègue M. Pierre Laffitte avait en effet déposé un amendement qui
visait non les écoles dépendant du ministère de l'emploi et de la solidarité,
mais les écoles sous tutelle du ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie ; les écoles supérieures des Mines, en particulier, bénéficiaient
de sa sollicitude.
Ces propositions ne nous semblent guère convaincantes. Comme elle l'avait
demandé à M. Laffitte, la commission suggère à M. Foucaud de bien vouloir
retirer son amendement. A défaut, elle émettrait un avis défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
M. le président.
Monsieur Foucaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 26 sexies
M. le président.
« Art. 26
sexies
. - I. - Le code général des collectivités
territoriales est ainsi modifié :
« 1° Dans l'article L. 2335-3, après la référence : "1384 A" est insérée la
référence : "1384 C" ;
« 2° Dans l'article L. 5214-23-2, les mots : "à l'article 1384 D" sont
remplacés par les mots : "aux articles 1384 C et 1384 D" ;
« 3° Dans l'article L. 5215-35, les mots : "à l'article 1384 D" sont remplacés
par les mots : "aux articles 1384 C et 1384 D".
« II. - Les dispositions du I s'appliquent aux logements acquis à compter du
1er janvier 2001. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 26 sexies
M. le président.
L'amendement n° 77, présenté par M. Mano et les membres du groupe socialiste
et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 26
sexies
, insérer un article additionnel ainsi
rédigé :
« Le premier alinéa de l'article L. 2511-22 du code général des collectivités
territoriales est ainsi rédigé :
« "Pour l'exercice des compétences du conseil d'arrondissement, le conseil
municipal peut, dans les cas et conditions qu'il détermine, donner délégation
au conseil d'arrondissement pour préparer, passer, exécuter et régler les
marchés de travaux, fournitures et services qui peuvent être passés sans
formalités préalables en raison de leur montant". »
La parole est à M. Mano.
M. Jean-Yves Mano.
Notre proposition vise à réparer une omission observée dans le cadre
spécifique de la loi PLM.
Relative à la répartition des rôles entre la mairie centrale et les mairies
d'arrondissement, elle résulte de la modification du code des marchés publics,
qui prévoit que les travaux sur mémoires ou sur factures prennent désormais la
forme de marchés sans formalités préalables. Or certaines dispositions du code
général des collectivités territoriales demeurent rédigées par référence à la
terminologie de l'ancien code des marchés publics, de sorte qu'il n'est, hélas
! pas possible de faire la distinction entre les marchés publics sans
formalités préalables et les autres.
Nous sommes là dans une technicité un peu particulière, mais absolument
indispensable. Dans le cadre de leurs missions afférentes aux équipements de
proximité, les maires d'arrondissement ont la faculté de traiter sur mémoires
ou sur factures, dans la limite de la réglementation applicable, d'après les
dispositions spécifiques à Paris, Lyon et Marseille figurant à l'article L.
2511-22 du code général des collectivités territoriales.
Or les textes actuellement en vigueur ne permettent pas aux maires
d'arrondissement d'exercer les compétences de façon décentralisée.
Je pense donc, mes chers collègues, que vous ne verrez pas d'obstacles majeurs
à adopter les termes de cet article additionnel qui permettra aux maires
d'arrondissement d'exercer effectivement leurs prérogatives.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission souhaite entendre le Gouvernement avant
de se prononcer.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
L'entrée en vigueur, le 9 septembre dernier, du code
des marchés publics rend nécessaire l'harmonisation entre le code général des
collectivités territoriales et le code des marchés publics. Ce dernier a
modifié la terminologie de diverses modalités de passation des marchés publics.
Il faut donc adapter la rédaction de l'article L. 2511-22 du code général des
collectivités territoriales aux dispositions du nouveau code des marchés
publics afin que ces nouvelles modalités de passation des marchés puissent
effectivement s'appliquer à compter du 1er janvier 2002 à l'échelon des mairies
d'arrondissement. Par conséquent, le Gouvernement est favorable à cet
amendement.
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission s'en remet à la sagesse de la Haute
Assemblée.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 77, accepté par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 26
sexies
.
Article 26 septies
M. le président.
« Art. 26
septies
. - I. - Le III de l'article 11 de la loi n° 80-10 du
10 janvier 1980 portant aménagement de la fiscalité directe locale est complété
par cinq alinéas ainsi rédigés :
« Lorsque dans un établissement public de coopération intercommunale à
fiscalité propre, les bases d'imposition d'un établissement rapportées au
nombre d'habitants du groupement excèdent vingt fois la moyenne nationale des
bases de taxe professionnelle par habitant des groupements de la même
catégorie, l'établissement public de coopération intercommunale est tenu
d'instituer une dotation de solidarité intercommunautaire au profit du ou des
établissements publics de coopération intercommunale limitrophes qui
remplissent les deux conditions suivantes :
« - leur population est supérieure à 50 000 habitants ;
« - leur moyenne de bases de taxe professionnelle par habitant est inférieure
à la moyenne nationale par habitant des groupements de la même catégorie.
« Le montant de cette dotation est conventionnellement défini par les
établissements publics de coopération intercommunale concernés.
« Lorsque plusieurs groupements sont bénéficiaires de la dotation de
solidarité intercommunautaire, sa répartition est effectuée selon des critères
définis conjointement par les conseils des établissements publics de
coopération intercommunale concernés. »
« II. - Le 2 du I
ter
de l'article 1648 A du code général des impôts
est complété par un
c
ainsi rédigé :
«
C.
- A compter du 1er janvier 2002, les dispositions du
b
sont
également applicables aux établissements publics de coopération intercommunale
visés aux cinq derniers alinéas du III de l'article 11 de la loi n° 80-10 du 10
janvier 1980 portant aménagement de la fiscalité directe locale. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune :
Les trois premiers sont identiques.
L'amendement n° 95 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances.
L'amendement n° 34 rectifié est présenté par M. Le Grand et les membres du
groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 49 est présenté par MM. du Luart, Bourdin, Clouet, Lachenaud,
Trucy et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Tous trois sont ainsi libellés :
« Supprimer l'article 26
septies.
»
L'amendement n° 37, présenté par M. Le Grand, est ainsi libellé :
« Dans le premier alinéa du texte proposé par le I de cet article pour
compléter le III de l'article 11 de la loi n° 80-10 du 10 janvier 1980 portant
aménagement de la fiscalité directe locale, remplacer le mot : "vingt" par le
mot : "quatre". »
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n°
95.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je renvoie, pour les questions de principe, au
rapport écrit. Je voudrais surtout insister sur le fait que l'article 26
septies
nouveau est issu d'un amendement voté à l'Assemblée nationale
pour traiter d'un problème vraiment très, très particulier. Il s'agit d'une
disposition très, très ciblée, comme l'a d'ailleurs indiqué M. Jean-François Le
Grand au cours de la discussion générale.
La disposition concernée est vraiment critiquable, en raison tant des
conditions dans lesquelles elle est intervenue que du fond du sujet traité.
L'objectif est en apparence légitime : il s'agit de renforcer la péréquation
entre établissements publics de coopération intercommunale. Mais, en vérité, il
ne s'agit que de permettre à la communauté urbaine de Cherbourg de capter à son
profit une partie de la taxe professionnelle d'un EPCI voisin, le district de
La Hague. J'ai cité La Hague : chacun voit quelle est la réalité industrielle
et quelle peut être la puissance de l'appât financier.
On ne saurait, madame le secrétaire d'Etat, recourir à la loi - à la loi
générale - pour régler au profit de l'un et au détriment de l'autre un
différend de caractère local. Ce n'est pas le rôle de la loi, et c'est encore
moins celui de la loi de finances rectificative.
En outre, sur le plan technique, l'article présente bon nombre d'inconvénients
: risque de déstabilisation du dispositif de péréquation de la taxe
professionnelle en créant un précédent qui peut se révéler dangereux ; risque
de soumission des communautés urbaines à taxe professionnelle unique à une
double dotation du fait de l'obligation d'instaurer une dotation de solidarité
communautaire, à laquelle s'ajouterait la dotation prévue par le présent
article ; absence d'indication - je le dis à l'intention des auteurs de cet
amendement à l'Assemblée nationale - sur ce qui se passerait en cas de
désaccord des EPCI concernés sur le montant de la dotation ou sur sa
répartition, nul arbitrage n'étant prévu ; fixation d'un seuil de cinquante
mille habitants au minimum pour les EPCI bénéficiaires, seuil dont on voit mal
l'utilité sauf, bien entendu, s'il s'agit simplement de faire une photographie
fidèle de la communauté urbaine de Cherbourg.
Il convient donc de rejeter sans état d'âme un dispositif aussi ciblé, conçu
quasiment
ad hominem
et qui pourrait, si nous avions la faiblesse de
l'adopter, avoir des conséquences assez sérieuses sur les procédures de
péréquation de la taxe professionnelle. Porter un coup de canif à ces
procédures, qui sont déjà suffisamment complexes, serait certainement une
mauvaise affaire et une mauvaise initiative. La commission souhaite donc le
refus clair et net de cet article.
M. le président.
La parole est à M. Oudin, pour défendre l'amendement n° 34 rectifié.
M. Jacques Oudin.
Je retire l'amendement n° 34 rectifié et je me rallie à l'amendement n° 95 de
la commission. Les explications de M. le rapporteur général ont été
parfaitement limpides et la suppression de cet article est parfaitement
justifiée.
M. le président.
L'amendement n° 34 rectifié est retiré.
La parole est à M. Trucy, pour défendre l'amendement n° 49.
M. François Trucy.
L'article 26
septies
tend à instaurer une dotation de solidarité
intercommunautaire entre des établissements publics de coopération
intercommunale dont le potentiel est différent.
Sous couvert d'améliorer la péréquation, il ne vise, en réalité, qu'à régler
un différend local entre deux EPCI particuliers.
De plus, le dispositif proposé apparaît contestable sur le plan technique. Il
instaure en effet une dotation de solidarité intercommunautaire spécifique qui
remplace l'actuel régime d'écrêtement au profit des fonds départementaux de
péréquation de la taxe professionnelle auxquels sont soumis les communautés de
communes et les districts à taxe professionnelle unique.
Il convient donc de supprimer l'article 26
septies
, qui constitue un
dangereux précédent et pourrait susciter de nouvelles demandes spécifiques, ce
qui menacerait tout l'équilibre de la péréquation.
Cela dit, je me rallie à l'amendement n° 95 de la commission des finances et
je retire l'amendement n° 49.
M. le président.
L'amendement n° 49 est retiré.
L'amendement n° 37 n'est pas soutenu.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 95 ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Comme certains l'ont rappelé, c'est l'Assemblée
nationale qui a institué une dotation de solidarité intercommunale versée par
les EPCI dont les bases d'imposition à la taxe professionnelle sont
particulièrement importantes à certains EPCI limitrophes dont les bases sont
très faibles.
J'insiste sur le fait que ce mécanisme n'est pas d'origine gouvernementale.
Certes je ne m'y suis pas opposée et je m'en suis remis à la sagesse de
l'Assemblée nationale, tout comme je le fais ici, de temps en temps.
Mais venons-en au fond. Cette disposition peut se justifier dans le cadre des
districts créés avant la loi du 6 février 1992, lesquels, comme vous le savez,
contribuent très faiblement aux fonds départementaux de péréquation de la taxe
professionnelle.
Je tiens toutefois à préciser le champ de cette mesure dans l'hypothèse où cet
article ne serait pas supprimé.
Il s'agit d'un aménagement du droit existant qui ne saurait préjuger une
réforme, en effet très nécessaire, des mécanismes de péréquation fiscale entre
les collectivités, comme vous le soulignez vous-même dans votre rapport,
monsieur le rapporteur général. Je souhaiterais donc que vous puissiez retirer
cette demande de suppression. Je ne conclus pas en m'en remettant à la sagesse
du Sénat, mais je pourrais presque le faire...
(Sourires.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 95, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 26
septies
est supprimé.
Articles additionnels après l'article 26 septies
M. le président.
L'amendement n° 96, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Après l'article 26
septies
, il est inséré un article additionnel
ainsi rédigé :
« Après le premier alinéa du 2° du II de l'article 1609
nonies
C du
code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation aux dispositions de l'alinéa précédent, dans les
établissements publics de coopération intercommunale qui décident d'appliquer
les dispositions du 1°, et lorsqu'ils percevaient une fiscalité additionnelle
l'année précédant celle de l'application de ces dispositions, les rapports
entre les taux de taxe d'habitation et des taxes foncières établis par
l'établissement public de coopération intercommunale peuvent être égaux aux
rapports entre les taux de taxe d'habitation et de taxes foncières votés par
lui l'année précédente. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission a examiné en début d'après-midi cet
amendement qui reprend un dispositif déjà adopté par le Sénat en seconde partie
de la loi de finances avant d'être rejeté par l'Assemblée nationale, laquelle a
considéré, à mon avis à tort, qu'il était contraire à l'esprit ayant présidé à
l'instauration de la taxe professionnelle unique.
Il s'agit simplement, pour un établissement public de coopération
intercommunale qui lève une fiscalité sur les ménages alors qu'il perçoit déjà
le produit de la taxe professionnelle unique - la loi prévoit ce système mixte
- de pouvoir répartir le produit des impôts sur les ménages entre la taxe
d'habitation et les taxes foncières en fonction des rapports entre les taux de
ces impôts constatés lorsque l'EPCI fonctionnait dans le cadre de la fiscalité
additionnelle.
Nous nous sommes déjà expliqués sur ce point. La loi telle qu'elle est
actuellement rédigée fait obligation, dans ce cas de figure, de se référer à la
moyenne des rapports entre les taux constatés parmi les communes membres de
cette intercommunalité.
Dans certains cas - la question n'est pas théorique -, le maintien des
rapports antérieurs entre les taux, des rapports qui existaient sous le régime
de la seule fiscalité additionnelle, peut être jugé préférable par l'organe
délibérant de l'intercommunalité.
Madame le secrétaire d'Etat, pourquoi ne pas faire confiance à l'organe
délibérant ? Pourquoi ne pas lui donner la faculté de choisir plutôt que de lui
imposer d'appliquer une règle mathématique ? Nous nous permettons de poser une
nouvelle fois cette question qui nous semble avoir son importance, non
seulement pour les collectivités qui peuvent être concernées, mais aussi en vue
de mieux connaître l'état d'esprit de l'Etat à l'égard de
l'intercommunalité.
Nous avons la chance d'avoir des textes, hélas ! complexes, mais souvent
relativement souples, qui permettent aux élus des communes ou des
intercommunalités de suivre un « arbre de décision » : pour une situation
donnée, il y a plusieurs choix, plusieurs modalités d'organisation. C'est
l'intercommunalité à la française, telle qu'elle s'est forgée au fur et à
mesure des législations successives.
En l'espèce, il s'agit d'un cas particulier qui illustre l'intérêt que l'on
peut avoir à arbitrer entre une formule et une autre, sans que cela coûte plus
cher ni aux contribuables ni à l'Etat.
Avec ces quelques arguments, qui ont déjà été avancés au cours de l'examen du
projet de loi de finances, j'espère, madame le secrétaire d'Etat, vous avoir un
peu convaincue.
(Sourires.)
En posant à nouveau ce problème, nous souhaiterions que vous puissiez
reconsidérer l'avis que vous aviez précédemment émis.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Nous avons déjà mené ce débat à propos de cette
question complexe voilà quelques jours, lors de la discussion de la seconde
partie du projet de loi de finances. J'avais alors indiqué que le Gouvernement
n'était pas favorable à cette disposition pour trois raisons que je vais
m'efforcer de synthétiser, sous haute surveillance, je le sais.
(Sourires.)
En premier lieu, cette disposition conduit à compliquer encore un peu plus la
réglementation relative aux EPCI à taxe professionnelle unique.
Nous ne sommes pas à une complexité près », me direz-vous. Certes, mais, comme
vous le savez, plus une réglementation est compliquée, plus elle devient source
de litiges et de contentieux et plus elle dissuade les collectivités locales.
Or, en l'espèce, le Gouvernement souhaite encourager ces dernières à adopter
une fiscalité unique.
En deuxième lieu, cette disposition déroge au principe selon lequel un EPCI
qui passe à taxe professionnelle unique doit être fiscalement traité comme un
nouvel établissement, du fait des modifications très substantielles que ce
changement apporte à son mode de financement.
En troisième lieu, la loi de juillet 1999 entendait favoriser la constitution
d'EPCI à fiscalité unique. Et c'est précisément pour encourager ce mouvement
qu'un soutien budgétaire a été accordé à ces établissements, par le biais d'une
majoration de la dotation globale de fonctionnement.
Il me semble donc que cet amendement conduit, à dévoyer, quelque peu, si je
puis dire, l'objectif des auteurs de la loi de 1999 puisqu'il tend à encourager
maintenant la constitution d'EPCI à taxe professionnelle unique pour ceux qui
voudraient poursuivre la fiscalité additionnelle du précédent établissement.
Ce dispositif aboutirait, me semble-t-il, à un cumul d'avantages : d'abord,
celui de la DGF majorée et, ensuite, celui des structures - j'insiste sur le
terme « structures » - de taux qui correspondent à un mode de financement
antérieur, même si le niveau de la fiscalité mixte sur les ménages est
inférieur à celui qui préexistait pour l'EPCI lorsqu'il était à fiscalité
additionnelle.
C'est pour l'ensemble de ces raisons que j'avais exprimé, voilà quelques
jours, un avis défavorable sur cet amendement.
Je maintiens ma position pour des raisons que je ne considère pas d'ordre
mécanique, monsieur le rapporteur général. Toutefois, comme j'ai eu l'occasion
de le dire, il m'arrive de m'en remettre à la sagesse du Sénat et, la
circonstance étant propice je le fais ce soir.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Je souhaite apaiser les
inquiétudes qui pourraient subsister dans l'esprit de Mme la secrétaire d'Etat
en lui apportant un témoignage que nombre de mes collègues sauraient apporter
beaucoup mieux que moi parce qu'ils ont vécu le passage à la taxe
professionnelle unique, ce qui n'est pas mon cas, même si j'ai eu à l'examiner
pour d'autres.
Un tel dispositif, dites-vous, compliquera davantage la situation. Mais c'est
parce qu'elle est actuellement trop complexe que tous les établissements qui
souhaitent passer à la taxe professionnelle unique ne le font pas. Le Sénat
vous propose donc non pas de compliquer la situation, mais de la simplifier.
Je souhaite apaiser votre tourment, madame le secrétaire d'Etat. Nous
n'ajoutons pas une disposition plus complexe encore. Au contraire, comme M. le
rapporteur général l'a dit de manière très claire voilà un instant, nous
permettons à l'organe délibérant de maintenir le rapport de taux existant
précédemment.
S'agissant du deuxième motif de rejet que vous avez évoqué, j'étais presque
plus inquiet car, au fond, j'ai compris qu'il fallait admettre de changer
l'établissement public lorsque l'on choisissait la taxe professionnelle unique.
Si, véritablement, c'est le point de vue de l'Etat, il faut le dire clairement
aux organes délibérants, car je ne suis pas sûr que, dans leur esprit, le
passage à la taxe professionnelle unique revienne à réduire à néant l'acquis de
dizaines d'années de coopération intercommunale ! Il faut donc faire très
attention à l'argumentaire qui est développé.
Enfin, troisième élément, madame la secrétaire d'Etat, il ne s'agit pas d'un
dévoiement de la loi de 1999, et cette disposition n'est pas, comme vous le
dites, un encouragement à la fiscalité mixte.
Devons-nous déduire de votre propos que vous voulez lutter contre la fiscalité
mixte ? Si tel est le cas, et si vous voulez pénaliser les établissements
publics qui choisiraient une telle fiscalité, vous devez également tous les en
informer, car cela n'a jamais été dit clairement.
Ces derniers ne souhaitent pas accroître les impôts, ne leur faisons pas ce
procès ! S'il leur arrive de décider de passer à la taxe professionnelle unique
et d'adopter une fiscalité mixte bien plus faible que les taux qui étaient
appliqués dans le cadre de la fiscalité additionnelle, c'est parce que c'est
nécessaire pour l'équilibre de l'établissement public.
Ce qui compte, madame la secrétaire d'Etat, c'est le produit total qui est
prélevé par l'établissement public. Or beaucoup d'établissements qui
choisissent la taxe professionnelle unique ne souhaitent pas prélever un
produit total supérieur. Ils veulent simplement que la totalité de l'impôt ne
repose pas sur la taxe professionnelle.
Madame la secrétaire d'Etat, je suis très sensible à l'effort qui a été le
vôtre en donnant l'avis du Gouvernement et j'en mesure l'importance. Mais, sur
ce sujet, qui n'est pas mineur, faisons bien attention aux signaux que nous
délivrons !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 96, pour lequel le Gouvernement s'en remet à
la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 26
septies
.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, permettez-moi d'ajouter un
commentaire : je voudrais qu'il soit bien clair, puisque vous avez essayé,
monsieur le président de la commission, de clarifier un certain nombre de
points, que cet amendement ne doit pas être compris comme un geste de défiance
à l'égard de la taxe professionnelle unique.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Absolument !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Très bien !
M. le président.
L'amendement n° 69 rectifié
bis
, présenté par M. Charasse et les
membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« Après l'article 26
septies
, insérer un article additionnel ainsi
rédigé :
« L'article 1638
quater
du code général des impôts est complété par un
paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Lorsqu'il fait application des dispositions des I, II et III à la
suite du rattachement volontaire d'une commune à un établissement public de
coopération intercommunale à fiscalité propre, le produit communiqué à
l'établissement public en début d'exercice par les services fiscaux et qui
découle de l'état de notification des bases tient compte du taux applicable
dans la commune rattachée. »
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Il s'agit d'une disposition technique dont vous comprendrez vite, me
semble-t-il, l'utilité.
Cet amendement a pour objet de faire en sorte que l'information transmise par
les services fiscaux aux établissements publics de coopération intercommunale
sur le produit attendu de leur fiscalité, c'est-à-dire au moment où ils vont
voter leur budget et leurs taux, soit la plus proche possible du produit
réalisé. Le produit attendu étant un élément de base essentiel utilisé pour
l'élaboration des budgets des collectivités, il doit être aussi fidèle que
possible à la réalité.
Dans le cas des groupements percevant la taxe professionnelle unique, le
produit attendu résulte de l'application du taux communautaire aux bases des
communes. Or, lorsqu'une nouvelle commune adhère tardivement à un groupement,
cette méthode s'est montrée jusqu'alors défaillante, car la commune en question
appliquera non pas le taux communautaire, mais un taux différent, plus proche
de celui qu'elle a voté l'année précédente que du taux communautaire. Cette
mesure se justifie donc par nécessité de faire converger progressivement son
taux vers celui du groupement et d'éviter ainsi des variations brutales
déstabilisantes pour le contribuable.
Dans l'amendement n° 69 rectifié
bis
, il est donc prévu que le calcul
du produit attendu tiendra compte de l'adhésion tardive des nouvelles communes
au groupement. Ainsi, le montant de ce produit attendu sera le plus proche
possible de la réalité. C'est le cas pour les communes aujourd'hui, mais ce
n'était pas le cas jusqu'à présent, puisque les services fiscaux, dans leur
état de notification, ne tenaient pas compte de l'adhésion tardive d'une
commune.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission souhaiterait entendre le Gouvernement
pour connaître notamment les raisons pour lesquelles les services fiscaux
appliquent actuellement un autre mode de calcul que celui qui est préconisé
dans l'amendement de Michel Charasse.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, je suis favorable à cet
amendement mais, pour éviter toute ambiguïté, je voudrais simplement qu'on
s'accorde sur le taux qu'il conviendra de notifier si ce texte est adopté.
Il pourrait être envisagé de mentionner sur les états de notification le
produit fiscal de référence tenant compte, pour la commune ou les communes
rattachées, du taux qui serait applicable après rapprochement des écarts de
taux. En revanche, il ne pourra pas être tenu compte de l'augmentation de la
pression fiscale de l'EPCI pour l'année d'imposition et des éventuelles
décisions prises par l'EPCI modifiant la durée de réduction des écarts de taux
des communes nouvellement adhérentes au groupement, puisque ces décisions sont
connues des services fiscaux après la notification des bases de l'EPCI.
M. Michel Charasse.
Absolument !
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je pense, en disant cela, répondre à votre question,
monsieur le rapporteur général.
Cela étant, cette nouvelle modalité de notification des bases ne pourra pas,
vous le comprendrez bien, être mise en oeuvre par mes services dès le mois de
janvier prochain. Des dispositions seront cependant prises pour mieux informer
les EPCI dès 2002, sous forme d'une aide à la fixation du taux d'imposition, et
l'attention des services sera appelée sur la nécessité de fournir ces éléments
aux EPCI qui sont concernés par un document séparé qui leur sera adressé à la
fin du mois de février.
M. Michel Charasse.
Cela me va très bien !
M. le président.
Quel est, maintenant, l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Sagesse favorable, monsieur le président.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 69 rectifié
bis,
accepté par le
Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 26
septies.
L'amendement n° 2 rectifié, présenté par M. Mercier, est ainsi libellé :
« Après l'article 26
septies,
insérer un article additionnel ainsi
rédigé :
« I. - Le 4 du I de l'article 1636 B
sexies
du code général des impôts
est ainsi rédigé :
« 4. Par exception aux dispositions du b) du 1, pour les départements dans
lesquels le taux de taxe professionnelle de l'année précédente est inférieur au
taux moyen national de cette taxe constaté la même année pour l'ensemble des
départements, le conseil général peut, sans pouvoir dépasser ce taux, augmenter
son taux de taxe professionnelle, par rapport à l'année précédente, dans la
limite d'une fois et demie l'augmentation de son taux de taxe d'habitation ou,
si elle est moins élevée, de son taux moyen pondéré de la taxe d'habitation et
des taxes foncières.
« Les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables lorsqu'il est
fait application des dispositions du quatrième alinéa du 2.
« La majoration prévue au 3 n'est pas applicable l'année au titre de laquelle
il est fait application des dispositions du premier alinéa. »
« II. - Les dispositions du I s'appliquent à compter de 2002. »
La parole est à M. Mercier.
M. Michel Mercier.
J'ai déjà largement présenté, lors de l'examen de la loi de finances pour
2002, le fondement de cette proposition d'amendement.
Pour aider les départements à faire face à la situation budgétaire qui risque
d'être la leur en 2002, cet amendement vise à assouplir le mécanisme de liaison
des taux, tout en conservant un cadre acceptable par tout le monde. Sont
concernés les départements où les taux d'imposition à la taxe professionnelle
et à la taxe d'habitation sont inférieurs à la moyenne nationale.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission est très favorable à cet amendement.
Nous avons en effet déjà plaidé cette formule dans la loi de finances. Je ne
reviendrai donc pas sur les arguments qui ont été alors développés.
Je rappellerai seulement que l'amendement avait été retiré, car le
Gouvernement avait jugé utile de faire des simulations au préalable. Sachant
que les départements concernés par la mesure sont certainement peu nombreux, je
ne doute pas que ces simulations soient maintenant au rendez-vous !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement a effectivement fait l'objet d'un
premier débat entre nous lors de la discussion de loi de finances pour 2002,
voilà maintenant quelques jours, les simulations ont en effet été réalisées.
J'avais répondu alors que je comprenais bien la préoccupation de M. Mercier,
compte tenu, notamment, des charges nouvelles qui pèseront prochainement sur
les départements. Un dialogue fructueux s'est donc établi entre nous et
l'amendement qui est aujourd'hui présenté prend en compte les aménagements
nécessaires. Dans ces conditions, une ouverture vers une « déliaison » des taux
peut être acceptée dès lors qu'elle ne vise que les départements, pour les
raisons que je viens d'indiquer et compte tenu des modalités qui sont
proposées.
J'attire néanmoins votre attention sur la nécessité de contenir la pression
fiscale locale, notamment à l'égard des entreprises. Mais je sais que c'est une
préoccupation que vous partagez.
Le Gouvernement s'est attaché, ces dernières années, à soutenir l'emploi en
réduisant la pression fiscale qui pèse sur les entreprises, notamment en
supprimant la part « salaires » de la taxe professionnelle. Il serait
dommageable que ces efforts fussent anéantis. Je compte donc vraiment sur la
responsabilité des élus que vous êtes, mesdames, messieurs les sénateurs, pour
faire en sorte que ces efforts soient préservés.
Par conséquent, je souscris au principe de cet amendement, et j'émets un avis
favorable.
(MM. Charasse et Mercier s'exclament.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 2 rectifié, accepté par la commission et par
le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi de finances rectificative, après l'article 26
septies
.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les
reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq, avec l'examen des articles 36
et 38, qui ont fait l'objet d'une demande de priorité.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures quarante, est reprise à vingt et une
heures quarante-cinq.)
M. le président.
La séance est reprise.
J'informe le Sénat que la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation m'a fait connaître qu'elles a d'ores et
déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle présentera si le
Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte paritaire en vue de
proposer un texte sur les dispositions restant en discussion sur le projet de
loi actuellement en cours d'examen.
Ces candidatures ont été affichées pour permettre le respect du délai
réglementaire.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi de finances rectificative pour
2001, adopté par l'Assemblée nationale.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus aux articles 36 et
38, appelés par priorité.
Article 36 (priorité)
M. le président.
« Art. 36. - Le compte de commerce n° 904-05 "Constructions navales de la
marine militaire", ouvert par l'article 81 de la loi de finances pour 1968 (n°
67-1114 du 21 décembre 1967), est clos au 31 décembre de la quatrième année
suivant la promulgation de la présente loi. Au plus tard au terme des deux
premières années, tout ou partie des droits, biens et obligations de l'Etat
relatifs au service à compétence nationale DCN sont apportés, par arrêté
conjoint du ministre chargé de l'économie et du ministre de la défense, à une
entreprise nationale régie par le code de commerce, dont le capital est détenu
en totalité par l'Etat. Les apports réalisés ne donnent lieu à aucune indemnité
ou perception de droits ou de taxes ni à aucun versement de salaire ou
honoraire au profit des agents de l'Etat. Ceux des biens qui appartiennent au
domaine public sont déclassés à la date de leur apport. Un contrat d'entreprise
pluriannuel est conclu entre l'Etat et l'entreprise nationale. Sa conclusion
doit intervenir au cours du premier trimestre du premier exercice d'activité de
l'entreprise nationale. Ce contrat fixe les relations financières avec l'Etat
et les objectifs économiques et sociaux qui sont assignés à l'entreprise en
contrepartie d'une garantie d'activité sur la période d'exécution du contrat
d'entreprise. Le Gouvernement transmet, avant le 31 décembre 2002, aux
commissions chargées des finances et de la défense de l'Assemblée nationale et
du Sénat un rapport sur les perspectives d'activité et les fonds propres de la
nouvelle société, puis chaque année, jusqu'au terme de la période d'exécution
du contrat.
« A compter de la date de réalisation des apports, les ouvriers de l'Etat
affectés à cette date aux établissements de DCN sont mis à la disposition de
cette entreprise. A cette même date, les fonctionnaires, les militaires et les
agents sur contrat affectés à DCN sont mis à la disposition, pour une durée
maximale de deux ans, de cette entreprise ou des sociétés dont elle détient le
contrôle, seule ou conjointement. Un décret en Conseil d'Etat définit les
conditions d'application du présent alinéa et notamment les modalités
financières des mises à la disposition, ainsi que les conditions de
réaffectation dans les services de l'Etat.
« Cette entreprise nationale est assujettie aux impôts directs locaux dans les
conditions du droit commun. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Faure,
rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères, de la défense
et des forces armées.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes
chers collègues, la commission des affaires étrangères, de la défense et des
forces armées a souhaité examiner pour avis l'article 36 du projet de loi de
finances rectificative en raison de l'importance qu'elle attache à l'évolution
du statut de la Direction des constructions navales, ou DCN.
Depuis plusieurs années, l'avenir de ce service industriel de l'Etat nous
inspire de vives inquiétudes. Au-delà du contexte lié à la baisse des
commandes, la question de son statut se situe bien au coeur des difficultés de
DCN. Il s'agit d'un enjeu industriel et social majeur compte tenu de ce que
représente DCN en termes d'emplois et de savoir-faire de haute technicité dans
un domaine stratégique. Il s'agit également d'un enjeu majeur pour la marine,
principal client de DCN, qui a besoin d'un fournisseur fiable et compétitif.
J'ai exposé, dans mon rapport écrit, en quoi, malgré les évolutions
intervenues au cours des dernières années, le statut d'administration est
aujourd'hui totalement inadapté aux défis que doit relever DCN. La
réglementation administrative, en particulier pour la passation des marchés et
la gestion des ressources humaines, constitue un fort handicap. L'absence de
personnalité juridique entrave une indispensable autonomie de gestion et la
possibilité de nouer des alliances industrielles, au moment où la construction
navale militaire se restructure en Europe.
Pour toutes ces raisons, la commission des affaires étrangères approuve la
transformation de DCN en société, une réforme qu'elle juge indispensable et
urgente.
Mon rapport écrit détaille les différents aspects de la réforme, en
particulier ses incidences sur la situation des personnels. L'avant-projet de
décret dont nous avons eu communication, ainsi que la lettre que vous avez
adressée, monsieur le ministre, aux partenaires sociaux le 6 décembre dernier,
et qui est reproduite dans le rapport, permettent d'affirmer que cette réforme
s'accompagne de garanties sociales fortes. Nos préoccupations portent sur deux
autres points.
Tout d'abord, je crois utile de rappeler que le diagnostic sur l'inadaptation
du statut de DCN a été clairement dressé il y a déjà bien longtemps. Les
principaux handicaps étaient identifiés dans le rapport Conze, en 1996, et la
Cour des comptes a régulièrement insisté, depuis, sur la nécessité d'une
évolution. Cette réforme est donc le fruit d'une maturation particulièrement
lente, et pourtant elle nous laisse une forte impression d'inachevé. Il nous
semble, en particulier, qu'en figeant dans la loi le principe de la détention
de 100 % du capital par l'Etat le Gouvernement n'est pas allé au bout de sa
logique, sachant que l'un des objectifs de la réforme est de permettre des
alliances industrielles. Nous reviendrons sur ce point lors de la discussion de
l'amendement n° 25 proposé par la commission.
Notre seconde réserve tient aux conditions, encore très incertaines, dans
lesquelles s'engage cette réforme. Le statut de société anonyme apportera bon
nombre d'améliorations par rapport à la situation actuelle. Il ne garantit pas,
loin de là, la viabilité de la future société. Celle-ci sera largement
déterminée par les choix financiers qui seront effectués par l'Etat et par les
termes du contrat d'entreprise, sur lesquels nous ne disposons aujourd'hui
d'aucune assurance.
Nous savons que, sous bien des aspects, la situation de DCN aujourd'hui est
très différente de celle du Groupement industriel des armements terrestres, le
GIAT, voilà douze ans. Pour autant, notre commission juge indispensable de
tirer tous les enseignements du précédent GIAT Industries et de ne pas
renouveler certaines erreurs.
C'est sur ce point que nous jugeons les engagements du Gouvernement évasifs et
insuffisants.
Nous souhaitons, notamment, que les actifs transférés par l'Etat soient
évalués de manière réaliste et que DCN soit dotée d'un niveau suffisant en
fonds propres. Qu'en sera-t-il ?
De même, l'Etat prendra-t-il à sa charge une partie des indispensables
investissements industriels nécessaires à la modernisation de DCN et les
surcoûts liés à la contrainte résultant de l'emploi par la société de
personnels sous statut ?
Enfin, dans quelles conditions sera traitée l'application de la TVA aux
opérations réalisées par DCN pour le compte de la marine ? Il s'agit d'une
opération neutre pour le budget de l'Etat, mais si elle n'était pas
intégralement anticipée, dès 2003, par une majoration du budget d'équipement de
la marine, il en résulterait un très grave préjudice pour nos armées et pour
DCN elle-même.
Sur toutes ces questions déterminantes pour l'avenir de la société, qui
relèvent plus du ministère des finances que de celui de la défense, nous
manquons singulièrement de réponses précises et d'assurances.
Il est clair que, si l'effort consenti dès la constitution de la société n'est
pas suffisant, DCN restera aux prises avec la plupart de ses difficultés
actuelles, qu'il faudra réduire avec le temps, au prix, sans doute, de
renflouements répétés.
Nous sommes inquiets de constater que le projet de société commune avec
Thalès, annoncé voilà près de deux ans, n'est toujours pas concrétisé.
J'espère, monsieur le ministre, que vous pourrez nous garantir que la création
de cette société sera effective d'ici à la fin de l'année. Mais nous voyons
dans la difficulté de mener à bien ce projet un présage peu encourageant pour
la suite de la réforme.
C'est une toute autre ambition que l'Etat, futur actionnaire de la société, se
doit d'avoir pour DCN, qui dispose des capacités technologiques pour demeurer
au premier rang des grands industriels de la construction navale.
En conclusion, je crois pouvoir résumer fidèlement la position de la
commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées en
disant que c'est dans le seul souci de sortir du
statu quo
qu'elle a
émis un avis favorable sur l'article 36, sous réserve de l'adoption d'un
amendement permettant d'ouvrir le capital de la future société.
M. le président.
La parole est à M. Trucy.
M. François Trucy.
Comment pouvez-vous, monsieur le ministre, glisser ainsi une telle réforme
dans une simple loi de finances rectificative ?
En quoi le changement de statut de la DCN est-il à sa place ici, alors qu'il
mériterait qu'un projet de loi lui soit entièrement consacré - vous n'aviez
rien à craindre d'un débat parlementaire sur ce sujet -, comme ce fut le cas
pour France Télécom et pour la SNCF, et comme ce sera le cas pour EDF, GDF et
La Poste, quand un gouvernement aura, lui, le courage - que vous n'avez pas eu,
pour préserver la cohésion de la majorité plurielle - de s'atteler à des
réformes structurelles qui sont indispensables pour ces grandes entreprises
nationales si l'on veut les armer pour l'avenir ?
En insérant la réforme du statut de la DCN dans l'article 36 de ce feuilleton
fleuve de diverses mesures de tous ordres, vous faites peu de cas du personnel
de la DCN, des collectivités et du Parlement, auquel vous retirez la
possibilité d'examiner un véritable projet sérieux et complet. C'était pourtant
son droit et son devoir.
Vous contraignez votre majorité à l'Assemblée nationale à voter toute une loi
de finances rectificative, en bloc, la DCN comprise, et vous éliminez
l'opposition en la privant de son droit de contrôle. En effet, juger de tout ce
qui concerne une réforme d'une telle nature, des conditions qu'elle doit
respecter, des conséquences qui sont multiples sur les personnels et les
collectivités est strictement impossible au travers des quinze lignes que vous
glissez entre deux articles de cette loi.
En outre, vous faites peu de cas du personnel, des agents, des 12 000 ouvriers
d'Etat de la DCN, dont je me demande bien comment ils peuvent trouver les
garanties qui les préoccupent dans cet article 36 lapidaire et silencieux sur
nombre de points essentiels pour eux.
Pour un gouvernement si prompt à donner des leçons aux entreprises privées
quand elles sont aux prises avec des difficultés économiques et de délicats
plans sociaux, avouez que vous faites très fort !
Enfin, permettez-moi de vous dire que les collectivités locales, qui n'ont
quelquefois pour seules activités économiques que celles de la DCN, restent, de
votre fait, dans un brouillard total pour tout ce qui concerne les conséquences
de cette réforme sur la vie économique et les finances des villes. Mon collègue
Jean-François Le Grand, qui regrette de ne pouvoir être présent ce soir, en est
d'accord.
Pressentant ce que vous allez me répondre, j'ajouterai ceci : oui, une réforme
de la DCN est vraiement indispensable ; sa situation actuelle est mauvaise et
inspire de grandes inquiétudes pour l'avenir. Mais s'il y a de lourds reproches
à lui adresser en ce qui concerne sa gestion et ses orientations, ne visent-ils
pas plus les responsables politiques passés, tous gouvernements confondus, que
les personnels eux-mêmes ?
Cette réforme, vu son importance, mérite un projet de loi authentique, une
concertation prolongée et approfondie avec les syndicats et un débat politique
au Parlement. C'est ce que nous escomptions tous ; notre déception est à la
mesure de cet espoir enfui.
D'autres que moi dénonceront, j'en suis sûr, et sur d'autres travées que la
mienne, ce passage en force. Plusieurs d'entre nous défendront, dans quelques
instants, un amendement de suppression de l'article 36, amendement qui exprime
cette déception, ce mécontentement et cette inquiétude.
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Après ces deux interventions, il est logique que
le Gouvernement donne son interprétation de l'article 36 qui vous est soumis et
en fournisse sa justification.
Cet article prévoit les dispositions législatives nécessaires, monsieur Trucy,
à la transformation de la DCN en entreprise, dispositions qui sont de nature
financière, puisqu'il s'agit de clore un compte spécial du Trésor - l'ancien et
bien informé membre de la commission des finances que vous êtes ne peut ignorer
que ces dispositions sont de nature financière et ont donc leur place dans une
loi de finances -, et d'organiser le transfert des actifs et des charges
financières du personnel à la nouvelle société.
Cette réforme a été annoncée par le Gouvernement le 6 juillet 2001 - il y a
donc déjà cinq mois - à l'issue d'un processus de réflexion interne au sein de
la DCN. Ce processus a lui-même duré plus d'un an, au cours duquel chacun a pu
donner son sentiment, lequel a d'ailleurs pu, parfois, évoluer.
Au cours du premier trimestre de cette année, donc avant l'annonce du
Gouvernement, j'ai donné en toute transparence et à plusieurs reprises
l'ensemble des éléments d'analyse aux interlocuteurs syndicaux. Du reste, pour
tenir compte de leurs observations, le Gouvernement a modifié le projet qui
était proposé par le directeur des constructions navales, et ce pour renforcer
les garanties sociales - j'y reviendrai - et pour préciser dans la loi -
j'expliquerai pourquoi, monsieur Faure - que le capital sera détenu en totalité
par l'Etat.
J'observe avec satisfaction que les orateurs précédents sont bien convenus que
cette réforme devait être engagée sans délai. Il a pu être rappelé qu'elle
aurait pu l'être avant, mais je constate que le gouvernement actuel est le
premier à aborder le sujet en termes de décisions.
La DCN est aujourd'hui une administration de l'Etat. C'est une structure à
vocation industrielle, l'un des leaders européens de l'industrie navale
militaire, dont les compétences technologiques sont incontestées. L'objectif
est de la faire évoluer pour qu'elle atteigne le niveau d'efficacité
industrielle requis.
En créant, en 1999, un service à compétence nationale, je pensais, à l'époque,
que cette étape de l'évolution de DCN permettrait de donner à l'entreprise les
quatre à cinq ans nécessaires pour qu'elle atteigne le niveau de compétitivité
souhaitable. Cependant, trois paramètres ont évolué plus vite que prévu.
Premièrement, cela a été dit, les difficultés administratives handicapent DCN
par rapport à ses concurrents.
A titre d'exemple, DCN doit respecter un délai de plus de dix semaines pour
notifier un projet de contrat à un fournisseur à l'issue des négociations,
alors que ses concurrents peuvent le faire en quelques jours. Les adaptations
du code des marchés publics que le Gouvernement a mises en oeuvre ne suffiront
pas à placer DCN dans des conditions de fonctionnement comparables à celles de
ses concurrents parce que les disciplines de base du code des marchés publics,
en particulier la séparation entre les différentes affaires et l'obligation de
distinguer les différents lots d'une prestation, sont profondément en
contradiction avec les nécessités industrielles.
Deuxièmement, DCN a, aujourd'hui, de grosses difficultés pour recruter les
compétences nouvelles qui sont nécessaires à l'entreprise, les représentants du
personnel le savent bien. En effet, les candidats sélectionnés, incertains de
l'avenir de l'entreprise, finalement, ne s'engagent pas.
Troisièmement, enfin, le processus de consolidation, le processus des
alliances dans le secteur de la construction navale militaire en Europe a
commencé. Or DCN, seule avec un statut d'administration, risque de se trouver
isolée dans ce processus. Tous les autres partenaires de l'industrie navale
militaire, sans aucune exception sauf précisément DCN, sont des sociétés, y
compris des sociétés détenues par les Etats.
DCN, tout en respectant sa nature publique, doit pouvoir participer à des
partenariats européens, ce qui justifie la formule de société. A titre
d'exemple, pour le programme majeur de frégates antiaériennes Horizon réalisé
en commun avec les Italiens, c'est la société Thalès qui porte juridiquement
les parts françaises dans la société de programme car, n'étant pas une société,
DCN n'est pas en mesure de donner les garanties d'actionnaires nécessaires pour
s'engager dans un projet vis-à-vis de l'acheteur italien. Un tel montage a été
rendu possible, en l'occurrence, grâce aux relations de confiance entre DCN et
Thalès, mais il n'est pas satisfaisant, car il ne donne pas à DCN, qui est le
pilote réel des projets, la place qui lui revient dans le jeu européen.
Rester immobile, c'est donc compromettre sérieusement l'avenir de DCN, chacun
en a aujourd'hui conscience. Le Gouvernement n'a pas souhaité reporter cette
réforme nécessaire, d'autant que - je réponds ici à M. Faure - le processus
technique de création de l'entreprise nationale prendra environ un an,
c'est-à-dire qu'il pourra aboutir à la fin de 2002, mais pas avant.
Cette réforme s'engage au moment opportun. En effet, le contexte est favorable
pour le plan de charges de DCN. L'actuelle loi de programmation militaire et le
projet de loi de programmation militaire pour 2003-2008 donnent à DCN des
perspectives importantes. Ainsi, la commande du quatrième sous-marin nucléaire
lance-engins de nouvelle génération a été passée ; le programme de sous-marin
d'attaque futur est maintenant lancé ; les frégates Horizon ont fait l'objet
d'une première commande ainsi que deux nouveaux TCD, ou transports de chalands
de débarquement ; quant au lancement du programme de renouvellement de nos
frégates multimissions, il est maintenant proche.
Le changement de statut se fait, par ailleurs, à l'issue d'un processus de
réorganisation industrielle engagé voilà quatre ans, à la suite des rapports
évoqués par M. Trucy. Donc, à ceux qui, notamment en commission, se demandaient
si cette réforme n'arrivait pas trop tard, je crois pouvoir répondre par la
négative : les quatre dernières années ont permis à DCN de mener sa
réorganisation industrielle. Nous pouvons ainsi penser - je réponds à l'une des
questions de M. Faure - que l'entreprise atteindra la rentabilité d'ici à deux
ou trois ans. C'est ce que nous prévoyons dans le contrat d'entreprise.
Tous ces éléments montrent bien, comme le disait M. Faure, que nous sommes
dans un contexte très différent de celui de GIAT Industries, en 1990. GIAT
Industries a, en effet, changé de statut de façon beaucoup plus soudaine, sans
préparation préalable, et son marché a dramatiquement chuté au cours de la
décennie passée.
Nous comptons donc donner à DCN les moyens d'atteindre ses objectifs et de
répondre à l'ambition commune à tous ici d'en faire un acteur majeur, en Europe
du secteur naval militaire.
Pour accompagner cette évolution importante et ambitieuse durant une phase
transitoire de l'ordre de cinq ans environ, un contrat d'entreprise pluriannuel
sera conclu entre l'entreprise nationale et l'Etat, ce qui donnera à DCN les
moyens d'atteindre ses objectifs d'efficacité industrielle et de
développement.
Ce contrat présentera les objectifs partagés par l'Etat et l'entreprise pour
ce qui concerne, notamment, les produits, les métiers, les compétences de DCN,
les perspectives de chiffre d'affaires, de productivité et de résultat. Il
précisera, en particulier, le contenu du plan industriel de l'entreprise
nationale, notamment en matière d'investissement, de recrutement et de
formation. Il donnera ainsi à l'entreprise nationale des garanties de plan de
charges. Ce contrat d'entreprise sera décliné site par site.
DCN disposera donc des moyens financiers et contractuels nécessaires à son bon
fonctionnement, notamment, monsieur Jean Faure, en ce qui concerne le niveau de
ses fonds propres.
J'ai bien noté le souhait de nombreux sénateurs, exprimé en commission, que
soit formalisé cet engagement conjoint de l'Etat et de la future entreprise.
Tel est l'objectif de ce contrat d'entreprise dont la portée a été précisée par
vos collègues de l'Assemblée nationale.
Il est aussi prévu, en raison de l'intérêt des parlementaires pour l'évolution
de cette entreprise, qu'un rapport annuel sur les perspectives d'activité et le
niveau des fonds propres de DCN pendant la durée d'exécution du contrat vous
soit présenté.
S'agissant du volet social de la réforme, le Gouvernement a annoncé, le 6
juillet 2001, que le statut des personnels serait maintenu. Le projet d'article
qui vous est proposé prévoit, et de manière tout à fait précise, monsieur
Trucy, les dispositions législatives nécessaires, étant entendu que nombre des
dispositions relatives à la situation des personnels sont déjà dans les textes,
notamment dans le statut général des fonctionnaires, d'une part, dans le statut
des militaires, d'autre part, et que les personnels qui ne relèvent pas de ces
deux catégories, en particulier les ouvriers d'Etat, feront l'objet d'un décret
spécifique, dont une première version a été remise, il y a quelques jours, aux
organisations syndicales pour concertation.
S'agissant des 12 000 ouvriers d'Etat que DCN emploie, le projet de loi
prévoit qu'ils conserveront le bénéfice de leur statut en étant mis à la
disposition de l'entreprise nationale, pour la durée restant à courir jusqu'à
la fin de leur carrière. Cela veut dire, concrètement, que les ouvriers d'Etat,
chefs d'équipes et techniciens à statut ouvrier continueront, exactement comme
aujourd'hui, à être administrés dans les conditions prévues par leur statut.
Cela s'appliquera notamment en matière de salaires, primes et indemnités, de
droits à l'avancement, d'accidents du travail et de conditions de cessation
progressive d'activité. Les salaires continueront à être payés par l'Etat, avec
remboursement par la société. La mise à la disposition assure donc de façon
absolue la continuité de leur statut.
S'agissant des fonctionnaires et des militaires, s'ils décident de poursuivre
leur carrière au sein de DCN, la société leur fera une proposition de contrat
de travail à durée indéterminée dans le cadre d'un détachement. Ce régime,
prévu par le statut général des fonctionnaires, d'une part, et par le statut
des militaires, d'autre part, permet à chacun de conserver son statut. Comme le
régime général le prévoit, le détachement est renouvelable, sans limitation de
durée.
En ce qui concerne, enfin, les personnels contractuels, s'ils décident, à
l'issue du délai d'option, de poursuivre leur carrière au sein de DCN, la
société leur proposera un contrat de travail à durée indéterminée. Ils pourront
alors, bien entendu, bénéficier d'un congé pour convenances personnelles dans
leur emploi antérieur. Après le délai d'option, ils pourront aussi bénéficier,
pendant une période de cinq ans à compter de leur recrutement par la société,
de la possibilité d'occuper un emploi vacant au sein du ministère de la
défense.
La société sera détenue en totalité par l'Etat, ce qui implique que l'Etat en
assure intégralement le contrôle. Cela se justifie, mesdames, messieurs les
sénateurs, par le rôle particulier de DCN s'agissant d'objectifs de
souveraineté et d'intérêts majeurs de l'Etat.
Il sera possible de créer des filiales pour commercialiser de nouveaux
produits ou programmes en commun avec des partenaires européens. Les filiales
n'ont pas pour objet - c'est pourquoi, d'ailleurs, nous nous plaçons dans le
cadre général de la loi sur le secteur public - de découper DCN en secteurs, et
moins encore d'organiser une privatisation déguisée de l'entreprise. La
cohérence de DCN sera, au contraire, renforcée par rapport à la situation
actuelle, puisque l'ensemble de ses filiales seront en sa possession.
Les salariés de DCN sont, en majorité, convaincus de la nécessité d'évoluer.
Leurs représentants l'ont clairement dit, même si, depuis le début du processus
de concertation, il y a un an, ils ont continué à soulever des objections à
cette réforme.
Les salariés connaissent les intentions du Gouvernement et le contenu détaillé
du projet que nous proposons. Ils attendent de savoir si ce projet est soutenu
par le Parlement. Cela a été le cas à l'Assemblée nationale. Si tel est le cas
au Sénat, j'ai la conviction qu'une fois cette étape franchie les partenaires
de l'entreprise, en interne et en externe, se mobiliseront pour atteindre les
objectifs industriels ambitieux que nous leur fixons ensemble aujourd'hui.
M. le président.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 1 est présenté par MM. Falco et Trucy.
L'amendement n° 43 rectifié est présenté par MM. Le Cam et Foucaud, Mme
Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et
citoyen.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Supprimer l'article 36. »
L'amendement n° 25, présenté par M. Faure, au nom de la commission des
affaires étrangères, est ainsi libellé :
« A la fin de la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 36, remplacer
les mots : "dont le capital est détenu en totalité par l'Etat" par les mots :
"dont le capital est détenu en majorité par l'Etat". »
La parole est à M. Falco, pour présenter l'amendement n° 1.
M. Hubert Falco.
Cet amendement a pour objet de proposer la suppression de l'article 36, qui
n'a pas sa place dans un projet de loi de finances rectificative. Cet article
n'est-il pas tout simplement un cavalier, monsieur le ministre ? Je me pose la
question.
Si chacun s'accorde à reconnaître la nécessité de l'évolution de la DCN, les
conditions de ce changement méritent un autre débat que celui qui nous est
proposé ici, au détour d'un article d'un projet de loi de finances
rectificative, discuté à la hâte, à la fin du mois de décembre, dans les
conditions de précipitation que nous connaissons.
La France possède, en matière d'armement, une technologie et un savoir-faire
que le monde lui envie. Nous arrivons à un tournant économique où des choix
sont à faire. Notre outil de défense doit se moderniser et devenir compétitif
sur le marché international, tout le monde en convient.
L'évolution de DCN doit s'inscrire dans cette perspective de modernisation de
notre défense et d'adéquation de nos moyens militaires aux nouveaux dangers qui
peuvent menacer.
Dans la période troublée que le monde occidental traverse, il est plus que
jamais important de réfléchir au positionnement militaire de la France sur
l'échiquier international et aux moyens que notre pays peut mettre en oeuvre
pour renforcer sa présence à l'occasion de conflits régionaux.
Dans ce contexte, les moyens de notre marine nationale doivent être à la
hauteur de nos ambitions.
L'avenir de DCN ne peut donc pas être dissocié de cette réflexion globale et
de l'ambition que nous avons pour notre pays en matière de défense.
L'enjeu de cette mutation est aussi humain : 15 000 familles sont concernées
par ce changement. Le manque de lisibilité qui caractérise l'avenir de leur
industrie, indissociable des objectifs de défense voulus par l'Etat, les
inquiète très justement.
Au-delà de l'évolution de DCN, administration en passe de devenir vers une
société dont le capital sera détenu en totalité par l'Etat, si l'Etat ne donne
pas un signe fort de renforcement des moyens logistiques de la marine
nationale, aujourd'hui client quasiment unique de DCN, les inquiétudes des 15
000 familles concernées ne pourront être dissipées.
Or, monsieur le ministre, vous venez de ponctionner les crédits
d'investissement qui sont octroyés à l'équipement militaire pour financer les
nouvelles dépenses de fonctionnement liées à l'augmentation des indemnités des
gendarmes.
Ce mode généralisé de gouvernement n'est pas de nature à rassurer les salariés
de DCN sur les engagements éventuels que l'Etat a pris en matière
d'investissement pour l'entretien et la modernisation de notre flotte.
L'avenir de DCN ne peut pas être dissocié, comme il est proposé aujourd'hui à
travers cet article, de cette réflexion stratégique et de l'ambition affichée
de notre pays pour sa marine nationale et pour sa défense.
Face à ces enjeux considérables, un véritable débat national aurait pu et
aurait dû être organisé.
Pour ces motifs, je vous propose de supprimer l'article 36 qui, encore une
fois, n'a pas sa place dans un collectif budgétaire.
M. le président.
La parole est à Mme Luc, pour présenter l'amendement n° 43 rectifié.
Mme Hélène Luc.
J'ai déjà eu l'occasion de dire, lors de la discussion du budget de la
défense, ce que nous pensions de ce projet de transformation de la DCN en
société anonyme. Tous les personnels et les syndicats unanimes ont refusé cette
solution ; les élus communistes aussi. C'était dans un premier temps.
Monsieur le ministre de la défense, vous avez avancé l'idée d'une entreprise
nationale détenue entièrement par l'Etat et vous avez annoncé une large
consultation de tous les intéressés, les syndicats en particulier.
Leur volonté de concertation ne signifie pas, et j'insiste sur ce point,
qu'ils veulent le
statu quo.
On peut appartenir à une société nationale
et vouloir améliorer le service public. C'est le cas des salariés de la DCN ;
mais ils refusent que la modification du statut de cette dernière se fasse dans
la précipitation, sans que tout le processus nécessaire à la concertation se
soit déroulé. Je dis bien « tout » le processus : la concertation a commencé,
mais elle n'est pas terminée.
La modification du statut de la DCN appelle par ailleurs une réelle discussion
sur les orientations stratégiques et sur les choix tant industriels que
financiers. Or le projet de loi de finances rectificative pour 2001 ne fournit
pas le cadre adéquat pour mener à bien une telle discussion. Nous contestons
donc à nouveau la méthode employée : on court-circuite le processus
démocratique en imposant de cette manière une transformation radicale de la
DCN.
Compte tenu des enjeux que représente cette transformation, l'inscription à
l'ordre du jour du Parlement d'un projet de loi spécifique nous paraîtrait plus
appropriée, et c'est la raison pour laquelle nous avons déposé un amendement
visant à supprimer l'article 36.
Les 15 000 salariés directement concernés sont très inquiets quant à l'avenir
de leur industrie, et ils ont plusieurs fois manifesté leur mécontentement
quant au contenu du projet de réforme. Deux mouvements ont eu lieu, et je crois
savoir qu'il y en aura encore un demain.
Je le redis, car il faut que ce soit clair : les salariés ne sont pas hostiles
à l'évolution de leur entreprise, mais ils souhaitent que leur avis, leurs
réflexions et les propositions qu'ils ont élaborées en concertation avec leurs
organisations syndicales soient, d'une manière ou d'une autre, pris en
compte.
Depuis plus d'une décennie, ce secteur d'activité est en pleine
restructuration à l'échelle européenne. Il faut développer les coopérations
avec d'autres industriels français et européens. Très concrètement, monsieur le
ministre, où en est l'alliance entre la Direction des constructions navales et
Thalès en vue de la mise en place de la société commune SSDN ? J'espère que
vous répondrez à cette question, car M. Floch, qui vous remplaçait le soir de
l'examen du budget de la défense, n'y a pas répondu !
Le changement de statut ne rendra pas à lui seul notre industrie d'armement
plus efficace, et, s'il n'emporte pas l'adhésion des personnels, il ne
permettra pas de mieux faire participer ces derniers.
La France doit réorienter ses choix dans le cadre d'une politique de sécurité
et de défense sur le plan européen. C'est d'autant plus nécessaire du fait - je
l'ai dit lors de l'examen du budget - de la suppression du service national,
que nous avons d'ailleurs largement désapprouvée, et au vu des évolutions
récentes et des défits nouveaux auxquels nous sommes confrontés en ce début de
xxie siècle.
Hélas ! nous n'avons pas une très bonne visibilité quant aux ambitions de la
future DCN et quant aux coopérations et alliances qu'elle pourrait nouer avec
d'autres partenaires, français et européens. Nous nous en inquiétons d'autant
plus que l'on a tendance aujourd'hui à vider la notion de compétitivité de sa
dimension sociale pour se focaliser sur les seuls coûts, avec, à la clé, des
réductions d'emplois et une remise en cause du statut des personnels.
Jusqu'à présent, la majorité sénatoriale semblait prête à s'engouffrer dans
cette voie antidémocratique, mais elle vient de présenter un autre amendement
afin que le capital soit non pas entièrement, mais en majorité détenu par
l'Etat. Il faudrait cependant davantage de temps pour le discuter, et c'est
pourquoi je vous demande, monsieur le ministre, après mon ami Jean-Claude
Sandrier à l'Assemblée nationale, d'accepter la suppression de l'article 36,
car c'est d'un projet de loi qu'il nous faut débattre.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n°
25.
M. Jean Faure,
rapporteur pour avis.
Dans notre critique sur l'article 36, nous
rejoignons sur un certain nombre de points l'analyse de MM. François Trucy et
Hubert Falco. Mais tant de temps s'est écoulé depuis que notre commission se
penche sur ce dossier et tente d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur
la nécessité de faire évoluer DCN que nous avons une autre perception des
choses : nous sommes critiquées non seulement quant à la façon d'aborder le
problème mais aussi quant à la lenteur de la mise en oeuvre. L'amendement n° 25
doit ainsi être compris comme une tentative d'accélérer l'évolution de DCN.
Cet amendement, qui prévoit que le capital de la future société sera détenu en
majorité, et non pas en totalité, par l'Etat, a fait l'objet d'un débat
approfondi au sein de la commission de la défense. Celle-ci a en effet estimé
qu'il y avait une certaine contradiction entre les objectifs de la réforme, qui
vise en particulier, comme le souligne l'exposé des motifs du projet de loi, à
permettre à DCN de prendre toute sa place dans les regroupements européens en
cours dans la construction navale militaire, et le principe de la détention de
100 % du capital par l'Etat.
D'ailleurs, dans mon rapport, je demandais comment DCN pourrait trouver sa
place dans l'industrie européenne de demain si elle demeurait une société
détenue à 100 % par l'Etat français, toute ouverture de capital exigeant dès
lors une modification législative. Pour nouer de véritables alliances et
partenariats industriels comme pour garantir sa place sur le marché mondial,
DCN devrait au contraire pouvoir procéder avec d'autres groupes à des prises de
participations croisées.
De surcroît, l'effet d'affichage nous semble totalement dissuasif à l'égard
des partenaires potentiels, ce qui contribue à maintenir l'isolement de DCN.
Dans le secteur militaire, tout comme dans l'ensemble de l'industrie, les
alliances et les groupements passent nécessairement par des participations
croisées de capital. On ne voit guère comment DCN pourrait prétendre jouer sa
carte si le législateur « verrouille » 100 % de son capital.
Notre amendement prévoit donc de permettre une éventuelle ouverture de capital
postérieurement à la constitution de la société, l'Etat demeurant
majoritaire.
C'est une faculté que nous laissons à l'Etat pour adapter au mieux DCN à
l'évolution de l'industrie européenne de la construction navale militaire.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 1, 43 rectifié et 25
?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La question que nous examinons est au nombre de
celles qui font appel à notre sens des responsabilités.
Il s'agit de maîtriser, autant que faire se peut, l'avenir d'un service de
l'Etat peut-être appelé à devenir une entreprise sur des marchés
compétitifs.
Première considération, l'article 36 a-t-il ou non sa place dans le cadre
d'une loi de finances ?
Plusieurs raisons imposent de répondre à cette question par l'affirmative.
En premier lieu, il s'agit de clôturer un compte de commerce.
En deuxième lieu, il s'agit de préciser que les apports effectués à la
nouvelle société ne donneront lieu ni à une indemnité ni à la perception de
droits ou de taxes, cette précision étant bien de nature fiscale.
En troisième lieu, un contrat doit intervenir pour fixer les relations
financières de la nouvelle entreprise avec l'Etat. Nous sommes bien là au coeur
d'une problématique financière.
En quatrième lieu, les agents, ouvriers d'Etat, fonctionnaires, militaires
doivent être mis à la disposition de la nouvelle entité, un décret en Conseil
d'Etat devant intervenir pour fixer les modalités financières de cette mise à
disposition. Cet élément de nature financière et organisationnelle trouve, lui
aussi, sa place dans une loi de finances.
En dernier lieu, un ajout de l'Assemblée nationale prévoit que l'entreprise
sera assujettie - et ici je m'adresse en particulier au maire de Toulon -, aux
impôts directs locaux dans les conditions du droit commun. C'est encore une
disposition qui ne peut figurer que dans une loi de finances.
Cependant, monsieur le ministre, cette loi de finances, fallait-il que ce soit
le collectif budgétaire de fin d'année ?
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances.
Ce n'est pas sûr !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Ce n'est pas sûr, en effet, mais il ne s'agit pas
pour autant d'une impossibilité,...
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Cela aurait pu être une loi de finances pour 1996
!
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
... même si nous sommes en droit de nous étonner que
cet article 36 trouve place dans l'inventaire à la Prévert qu'est le collectif
budgétaire, ce qui nous vaut d'ailleurs le plaisir de la visite du ministre de
la défense au milieu de notre discussion.
M. Michel Charasse.
Ancien sénateur de surcroît !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Mais aussi ancien rapporteur général de l'Assemblée
nationale et orfèvre en procédure budgétaire !
Ce même article nous vaut aussi la présence d'un grand nombre de nos
collègues, et il est vrai qu'il s'agit d'une disposition substantielle qui
commande l'avenir et dont il est normal que l'introduction dans un collectif
budgétaire fasse réagir certains.
Sur le fond des choses, j'ai rappelé dans le rapport écrit les appréciations
très récentes - elles ont été publiées en octobre 2001 - de la Cour des
comptes. Rarement rapport a été aussi critique sur un service de l'Etat que
celui de cette dernière ! Il suffira que je cite pour vous en convaincre les
têtes de chapitre et les intitulés des paragraphes de la partie de celui-ci qui
s'intitule : « Un secteur longtemps peu efficace et qui doit encore réussir la
modernisation de sa gestion » :
« A. - Un mode de gestion étatique inadapté.
« 1. Une gestion budgétaire hors de contrôle.
« a. L'absence de contrôle budgétaire préalable.
« b. Les dérives budgétaires à grande échelle et sans sanctions.
« 2. Des comptes irréguliers et dépourvus de signification économique.
« 3. Des systèmes informatiques inexistants ou obsolètes.
« 4. Des achats conduits sous la seule pression de l'urgence au mépris des
règles.
« 5. Une gestion difficile des personnels affectés à la DCN.
« 6. Une faible productivité témoignant d'un important sureffectif.
« 7. Un encadrement insuffisant.
« B. - La modernisation de la gestion reste inachevée. »
Je m'arrête là...
Monsieur le ministre, oui, en effet, il y a urgence. L'article 36 n'est pas,
de mon point de vue, une disposition précipitée. C'est au contraire une
disposition déjà tardive, car, dans un monde plein d'incertitudes et dans un
contexte sans doute difficile, conflictuel et semé d'embûches, l'oeuvre que
l'on s'efforce d'accomplir est extrêmement délicate et incertaine. Il faut en
avoir conscience.
Il y a toutefois une certitude, mes chers collègues : si DCN conserve son
statut actuel, nous pouvons être assurés qu'elle ne comptera plus parmi les
producteurs européens de matériel naval militaire, car elle sera
progressivement évincée de tout, « progressivement » pouvant signifier « assez
rapidement ».
L'effort qui pourra être poursuivi au prix d'une évolution du statut est
difficile à accomplir. Le succès ne sera pas nécessairement au rendez-vous,
mais, si l'étape de la modification du statut juridique n'est pas suffisante
pour connaître le succès, elle est néanmoins indispensable.
Ce n'est pas pour autant la création de la société qui garantira sa viabilité
économique, nous devons tous en être conscients.
Il faudra définir, dans le processus de constitution de la société, le contour
exact des biens, des immobilisations et des droits à apporter. Cela ne pourra
se faire qu'au prix d'un long et patient travail - dès lors, autant en effet le
commencer au plus tôt, monsieur le ministre.
S'agissant du bilan que cette nouvelle société sera en mesure d'offrir, tout
reste à concevoir. Sans doute a-t-on une idée de quelques équilibres
économiques, mais le sujet est technique, ardu, complexe, et il nécessitera
beaucoup de professionnalisme.
Il est normal que la transformation de DCN puisse susciter la crainte des
partenaires sociaux, notamment du personnel. Pourtant, celui-ci me semble, par
rapport aux précédents de l'Imprimerie nationale ou du GIAT,...
Mme Hélène Luc.
C'est vrai !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
... traité d'une manière qui devrait être de nature à
réduire les incertitudes. On donne une totale visibilité aux ouvriers de l'Etat
en les assurant du maintien de leur statut jusqu'à la fin de leur carrière.
Je le répète : tout cela nécessitera beaucoup de travail. Il va également
falloir, et peut-être est-ce l'essentiel, convaincre les clients de DCN,
appelés à engendrer un chiffre d'affaires grâce à la commande des matériels
concernés.
Je songe, en premier lieu, à la confiance de la marine nationale, qui peut
craindre que le nouveau statut n'ait surtout pour effet, dans l'immédiat, de
grever ses acquisitions de matériels du poids d'une charge fiscale nouvelle :
la TVA. La Marine nationale est également inquiète des dérives de la
programmation militaire, de l'évolution de son titre V. Elle est sans doute
inquiète des perspectives qui sont susceptibles d'être tracées dans la
prochaine programmation militaire. A cet égard, monsieur le ministre, on ne
pourra empêcher que, dans l'esprit des responsables qui passeront commande à
DCN, beaucoup de choses soient liées. Il faudra les convaincre que les efforts
d'organisation, de meilleure productivité, de compétitivité seront faits dans
l'intérêt des clients, et d'abord dans l'intérêt du client Marine nationale.
Par ailleurs, il y a, bien sûr, la position que cette entreprise est
susceptible de prendre sur les différents marchés. Monsieur le ministre, vous
nous l'avez dit, beaucoup de grandes manoeuvres s'opèrent sur le terrain de la
construction navale militaire en Europe. Des alliances s'esquissent, des prises
de commande vont devoir intervenir de façon de plus en plus compétitive. Pour
les « décrocher », le statut d'arsenal d'Etat n'est évidemment plus un statut
qui favorise des résultats très positifs.
Tout cela conduit, bien entendu, mes chers collègues, au rejet des amendements
qui nieraient la nécessité et l'urgence de l'évolution. La commission se doit
de rappeler qu'elle a émis un avis défavorable sur les amendements n°s 1 et 43
rectifié. Elle a bien noté que les préoccupations exprimées par leurs auteurs,
même si momentanément elles se traduisent par le même amendement de
suppression, n'ont pas grand-chose en commun.
L'amendement n° 25, présenté par M. Jean Faure, au nom de la commission des
affaires étrangères, traduit parfaitement nos convictions. On ne peut s'arrêter
en chemin. Vouloir figer la détention du capital de DCN à 100 % par l'Etat
n'est sans doute pas conforme aux exigences de la vie industrielle et
financière. Pour autant, il appartient au pouvoir exécutif, aux responsables de
l'entreprise de mesurer leurs marges de manoeuvre dans le contexte actuel. La
détention du capital à 100 % est un verrou qu'une loi - à la vérité, peut-être
un article dans un collectif budgétaire, monsieur le ministre - pourra un jour
supprimer dans les mêmes conditions. L'amendement de nos collègues est donc
économiquement justifié. Si je ne m'abuse, il se rapproche des propositions
initiales que la direction de l'entreprise a formulées dans son plan Azur.
Peut-être est-il effectivement préférable de développer pour l'avenir de
l'entreprise une vision suffisamment large et pérenne, qui ne donne pas aux
partenaires sociaux le sentiment que, petit à petit, on leur fait accepter ce
qui ne semble pas entrer au départ dans leur système de pensée. S'agissant de
cet amendement, la commission a décidé, après avoir entendu l'avis du
Gouvernement - vous l'avez en effet donné dans votre déclaration liminaire,
monsieur le ministre - de s'en remettre à la sagesse de notre assemblée.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 1, 43 rectifié et 25
?
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
En ce qui concerne la première question, qui est
posée à la fois par l'amendement de M. Falco et, d'une autre façon, par
l'amendement de Mme Luc, la position du Gouvernement est évidemment qu'il faut
en débattre et qu'il faut prendre une décision.
S'agissant de la critique qui nous est adressée par M. Falco, à savoir le fait
de recourir à un article de loi de finances, le rapporteur général a rappelé ce
qu'il convient de faire du point de vue tant de la forme que du respect des
règles. C'est si on recourait à un projet de loi ordinaire que nous aurions un
sérieux problème, car il faudrait alors faire un deuxième projet pour les
dispositions qui ne peuvent être inscrites qu'en loi de finances. En effet, on
ne peut pas décider par simple commodité ou opportunité de ce qui relève de la
loi ordinaire et de ce qui ressortit à la loi de finances. Sur ce point-là au
moins, je souhaiterais que M. Falco se laisse convaincre que c'est bien
aujourd'hui et dans le cadre d'un projet de loi de finances que le Sénat doit
délibérer, comme l'Assemblée nationale l'a fait.
En ce qui concerne les observations de Mme Luc, je comprends l'aspiration de
cette dernière à une concertation encore plus poussée mais, très honnêtement,
cette discussion a lieu depuis des années au sein de DCN. Sous diverses formes
et à plusieurs étapes, les partenaires sociaux ont été amenés à se pencher sur
le choix d'organisation qui préserve le mieux l'avenir de DCN. Ce qui est très
frappant, c'est que cette discussion n'a pas été vaine. En effet, elle a abouti
à faire dire, par des dirigeants syndicaux - et c'était tout à fait nouveau -
qu'ils n'étaient pas favorables au
statu quo
. Qu'est-ce qui les a
conduits à cela, alors que le caractère sécurisant de l'appartenance de DCN aux
services de l'Etat, avec les statuts de personnels tels qu'ils sont, aurait dû
les conduire - et les a conduits, pendant des dizaines d'années - à souhaiter
le
statu quo
? Ce qui les a fait changer d'avis, c'est la certitude que
l'outil DCN tel qu'il est construit, tel qu'il est forgé, disparaîtra de la
compétition au niveau technique le plus élevé dans les dix à quinze ans à
venir. C'est méritoire, de la part des responsables des organisations
syndicales au sein de DCN, d'avoir accepté au moins d'entrer dans cette
discussion pour dire : notre outil doit évoluer, non seulement pour ceux qui
sont au travail à l'heure actuelle, mais également pour ceux qui viendront
ensuite.
Ensuite, on en vient aux actes. Le Gouvernement qui est devant vous a
travaillé sur ce dossier pendant des années, et il a fait évoluer les
esprits.
Il constate un état de l'industrie navale militaire en Europe et il a la
conviction que, si on attend encore, d'autres occasions seront manquées. On a
déjà le plus grand mal - je l'expliquais tout à l'heure - à faire passer un
accord entre la société italienne, qui a les capacités techniques de fabriquer
des navires militaires, et DCN, qui est une administration, pour construire en
commun une nouvelle génération de frégates antiaériennes.
Je réponds de façon précise à Mme Luc : pour faire une société commune entre
Thalès et DCN, alors que DCN n'est pas une société, c'est en effet la
quadrature du cercle ; on se trouve dans une situation déséquilibrée où DCN
n'arrive pas à être actionnaire d'une société commune qu'elle crée avec,
pourtant, des intérêts communs extrêmement forts avec Thalès, tout simplement
parce que DCN n'a pas la personnalité morale et que seul l'Etat peut être cet
actionnaire. Les dirigeants de DCN n'ont aucune prise sur une filiale commune
avec l'entreprise française de haut niveau avec laquelle ils ont le plus de
liens techniques et de liens d'intérêt. Donc, il faut franchir ce pas.
Quant à la demande de la commission des affaires étrangères visant à scinder
le capital de DCN entre l'Etat et d'autres actionnaires, le Gouvernement est
obligé de s'y opposer, pour deux raisons.
La première : il n'est pas conforme à la réalité de dire que seules
l'ouverture de capital et les participations croisées permettent de bonnes
alliances industrielles. De multiples exemples montrent le contraire. L'exemple
le plus frappant, peut-être parce qu'il est dans un secteur voisin et que nous
le voyons évoluer depuis trente ans, c'est la SNPE, la société nationale des
poudres et explosifs. Cet établissement a été érigé en société nationale en
1971 et, en trente ans, il a très profondément évolué dans ses techniques, dans
sa compétitivité et dans son champ d'activité. En effet, aujourd'hui la
majorité du chiffre d'affaires de la SNPE est réalisé dans le domaine civil :
plus de 60 % de son chiffre d'affaires concerne la chimie fine et
pharmaceutique. La SNPE est toujours une société dont le capital est détenu à
100 % par l'Etat, et elle a conclu des alliances très variées et souvent très
profitables avec des partenaires privés. L'essentiel est que ce soit une
société de forme commerciale.
La seconde raison, je ne le dissimule pas, c'est que l'engagement a été pris
par le Gouvernement vis-à-vis des partenaires sociaux d'en rester à un contrôle
à 100 % par l'Etat, ce qui confirme bien, madame Luc, que les partenaires
sociaux ne sont pas restés inactifs dans ce débat. Deux changements essentiels
ont été apportés par rapport au premier projet dans le projet qui vous est
proposé par le Gouvernement : d'une part, l'affirmation, dans la loi, de la
détention du capital à 100 % par l'Etat ; d'autre part, le maintien du statut
pour toute la durée de la vie professionnelle, et non pour une durée limitée, à
tous les personnels qui sont aujourd'hui les agents de DCN. S'il n'y avait pas
eu de concertation, le Gouvernement n'aurait sans doute pas pris ces
dispositions-là.
Il faut maintenant que le Sénat prenne sa position - naturellement, le
Gouvernement s'inclinera devant celle-ci - et, ensuite, la navette se
poursuivra. Cependant, je crois, avec des motifs qui sont en partie ceux qui
ont été très judicieusement exposés par M. le rapporteur général, en partie
avec la problématique propre du Gouvernement, que le moment est venu de
décider. Le projet de réforme qui est proposé par le Gouvernement est un projet
progressiste, parce qu'il fait évoluer l'outil et, en même temps, maintient les
sécurités et les droits essentiels des travailleurs. S'en tenir à des critiques
de forme pour retarder encore la décision serait, je crois, faire courir un
risque indu à cette industrie et à l'intérêt général qui s'y attache ainsi
qu'aux personnels concernés.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 1 et 43 rectifié.
M. Jean-Pierre Masseret.
Je demande la parole contre ces deux amendements.
M. le président.
La parole est à M. Masseret.
M. Jean-Pierre Masseret.
Si vous me le permettez, monsieur le président, je m'exprimerai même contre
les trois amendements en discussion.
S'agissant des deux amendements de suppression, M. le ministre vient de
réitérer la position du Gouvernement en développant des arguments très
précis.
Premier argument : à l'évidence, la réforme de DCN s'impose, compte tenu de
tout ce que l'on sait sur l'activité des chantiers navals français. Il est
nécessaire qu'une évolution soit réalisée non seulement en termes d'efficacité
économique et industrielle mais aussi pour protéger les intérêts des
contribuables qui, finalement assument le coût final. Il n'est pas possible
d'ignorer cet aspect.
M. Michel Charasse.
Notre défense !
M. Jean-Pierre Masseret.
Notre défense ensuite. Il faut d'abord réformer DCN.
Deuxième argument : il faut prendre en compte l'intérêt national de notre
instrument de défense.
M. Michel Charasse.
Voilà !
M. Jean-Pierre Masseret.
Il est évident que nous avons besoin d'une entreprise comme DCN pour assurer
notre indépendance nationale et la prise en compte de nos intérêts vitaux. Mais
encore faut-il que l'entreprise existe demain et, pour ce faire, elle doit se
transformer aujourd'hui.
Troisième argument avancé par M. le ministre lui-même : si cette entreprise
nationale existe, si elle est performante et efficace et si elle produit ce que
l'on attend d'elle, elle a toute sa place dans le cadre de la défense
européenne. Nous sommes ici véritablement au coeur du débat actuel.
Le quatrième argument avancé par le ministre, qui devrait en tout cas rassurer
mes collègues du groupe communiste républicain et citoyen, c'est la situation
des personnels. Toutes les garanties ont été données pour sauvegarder l'intérêt
des personnels.
Cela me conduit à dire que le groupe socialiste, à l'exception de l'un de ses
membres, est en phase avec le Gouvernement et qu'il votera contre les
amendements identiques n°s 1 et 43 rectifié. Les arguments developpés par leurs
auteurs sont contradictoires. En effet, les uns nous reprochent d'aller trop
vite et les autres de ne pas aller assez vite.
Par ailleurs, nous voterons contre l'amendement n° 25, tout simplement parce
que l'effort qui est déjà demandé aux personnels pour passer d'une situation à
une autre situation requiert de leur part une certaine compréhension.
Il y a là tout un aspect psychologique qu'il faut absolument prendre en
compte, et nous ne devons donc pas aller au-delà de ce qui est proposé, comme
le suggère M. Faure. En effet, l'amendement n° 25, s'il était adopté,
déstabiliserait les accords qui ont été conclus, et serait donc
contreproductif.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
S'agissant de la concertation, je vous ai bien écouté, monsieur le
ministre.
Vous avez déclaré que l'article 36 avait bien sa place dans la loi de finances
rectificative. Vous ne nous empêcherez pas, malgré tout, de nous demander ce
qui motive cette précipitation de la part du Gouvernement.
Vous savez bien, monsieur le ministre, que l'immense majorité du personnel
s'oppose au changement de statut de la direction des constructions navales et à
sa transformation en entreprise de droit privé, comme l'a montré avec vigueur
la journée de grève du 12 novembre dernier, suivie à 90 % et marquée par des
manifestations importantes !
Monsieur le ministre, le Gouvernement tente visiblement de court-circuiter un
débat dans l'entreprise. Mais vous sentez bien que vous vous heurtez à des
forces très défavorables aux positions gouvernementales ! De même, vous essayez
d'esquiver un débat national sur l'enjeu fondamental de la transformation du
statut de la DCN. En effet, deux visions de l'avenir de cette entreprise
s'opposent. Or la nation entière est concernée dans cette affaire !
La DCN doit-elle demeurer un outil industriel national performant d'armement
répondant aux besoins de la Marine nationale en ce qui concerne la conception,
la réalisation et l'entretien des systèmes et équipements navals indispensables
à notre défense nationale ? La DCN doit-elle, au contraire, devenir une
entreprise comme une autre - comme nous le propose notre collègue Jean Faure -
dont la vocation serait d'engranger le maximum de profits sur le marché
concurrentiel mondial des ventes d'armes ? En d'autres termes, doit-elle
devenir un marchand de canons ?
C'est clairement ce dernier choix qu'a retenu le Gouvernement et que prépare
activement la direction de la DCN depuis plusieurs années. C'est dans cette
perspective, en effet, que des milliers de postes ont déjà été supprimés et
que, dernièrement, en 2000, la DCN est sortie du giron de la direction générale
de l'armement.
Nous assistons aujourd'hui à une nouvelle étape du même processus qui conduit
au démantèlement de la mission de service public de la DCN et à sa
privatisation, sinon à son démantèlement tout court.
Le maintien annoncé par le Gouvernement de la propriété d'Etat est, à mon
avis, un leurre : les fusions prévues avec des partenaires privés étrangers se
feront par participations croisées et échange de capital, c'est-à-dire par une
privatisation partielle de la future DCN, préludant à sa privatisation totale
et à son passage probable sous contrôle étranger.
La direction de la DCN et le Gouvernement, relayé ici - et c'est significatif
- par la majorité sénatoriale, s'évertuent à montrer que le changement de
statut et l'insertion dans le marché mondial seraient inéluctables, et même
indispensables à la survie de l'entreprise. Rien n'est plus faux, et moins
étayé !
Tout le monde reconnaît, tout d'abord, le niveau d'excellence des productions
de la DCN. C'est bien une preuve que le statut actuel n'a pas été un handicap
technologique, bien au contraire !
M. Michel Charasse.
Ce n'est pas elle qui a construit le
Charles-de-Gaulle ?
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Le carnet de commandes est rempli jusqu'en 2005, et les experts s'accordent à
penser que la Marine nationale devra renouveler 80 % de sa flotte d'ici à dix
ans.
Les difficultés actuelles que le Gouvernement et la direction mettent en avant
sont, selon moi, factices et résultent de leurs propres choix, qu'il s'agisse
du retard dans le renouvellement de la flotte, des programmes d'exportation
déjà largement déficitaires et, surtout, des coupes claires dans le potentiel
humain, avec 14 000 suppressions de postes depuis dix ans. A ce titre, la
réouverture des écoles de la DCN est une nécessité impérieuse pour le maintien
du savoir-faire.
Par ailleurs, le Gouvernement n'a pas aménagé, comme il s'y était engagé,
l'application du code des marchés publics pour la DCN.
Enfin, si des coopérations peuvent se révéler fructueuses à terme, pourquoi
les imaginer exclusivement avec des groupes privés étrangers et ne pas
réfléchir à un pôle public des industries d'armement ?
On le voit bien, le choix du Gouvernement a d'autres motivations. J'en vois
deux principales après vous avoir entendu, monsieur le ministre : d'une part,
faire passer un espace de profit potentiel très important sous l'emprise du
capital privé et des marchés financiers, comme pour tous les processus de
privatisation engagés ; d'autre part, s'inscrire dans les choix européens de la
politique extérieure de sécurité commune, la PESC, définie dans le traité
d'Amsterdam, qui tourne le dos à l'idée même de défense nationale. Elle
constitue une menace non seulement pour l'emploi, en particulier pour l'emploi
stable - le statut des travailleurs de l'Etat est un gage de la stabilité des
compétences au service du pays et non pas un coût - et pour l'avenir de sites
industriels entiers, mais aussi pour la maîtrise nationale des technologies
navales et pour la défense nationale.
Pour notre part, nous refusons que les armes soient une marchandise comme les
autres. Mes chers collègues, permettez moi de penser que l'actualité devrait
réveiller votre attention et votre attachement à l'intérêt du pays ! Je suis
certaine, si ce n'est pas le cas, que l'opinion publique de notre pays y sera
beaucoup plus sensible.
Est-il opportun que la DCN exporte des frégates La Fayette à l'Arabie
saoudite, des sous-marins Agosta 90 B au Pakistan, sans parler du contrat «
Bravo » avec Taïwan ?
M. Michel Charasse.
Il vaut mieux laisser les Américains vendre tout cela ?
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Pour les salariés, les travailleurs de l'Etat, les fonctionnaires qui ont
choisi de travailler dans un service de la défense nationale, le développement
de cette politique d'exportation pose un problème éthique. Je les comprends, et
je partage leur point de vue.
C'est la raison pour laquelle j'appelle mes collègues à voter notre amendement
de suppression de l'article. Et, bien entendu, nous voterons contre
l'amendement n° 25, présenté par M. Jean Faure, au nom de la commission des
affaires étrangères.
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Cet amendement de suppression de l'article 36 a été déposé par d'autres
parlementaires que ceux de notre groupe, et j'y vois là la marque d'une
difficulté pour la majorité sénatoriale d'aller à l'encontre des salariés. Je
ne les crois pas pris d'un désir soudain de défendre le service public.
M. Hubert Falco.
Avez-vous le monopole du service public, madame Luc ?
Mme Hélène Luc.
... mais c'est leur droit d'aller à l'encontre des salariés qui auraient voulu
pouvoir donner leur avis et recevoir des garanties.
M. Hubert Falco.
Vous êtes au gouvernement, madame Luc, assumez-le !
Mme Hélène Luc.
Je pense que vous devez le comprendre, monsieur le ministre !
Vous avez parlé de la concertation. Certes, elle a eu lieu, mais elle n'a pas
été suffisante et elle n'a pas abouti à des propositions concrètes.
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Ce n'est pas ce que disait à l'instant Mme
Beaudeau !
M. Michel Charasse.
Une bonne concertation, c'est une concertation à l'issue de laquelle le
Gouvernement capitule !
(Sourires.)
Mme Hélène Luc.
Quant à l'argument selon lequel la DCN ne serait pas concurrentielle, je le
crois infondé car la preuve a été faite que d'autres services publics étaient
efficaces !
Au-delà du projet industriel qui peut accompagner le changement de statut et
qui peut être motivé par la réalisation d'un certain nombre d'équipements
significatifs, se pose la question très importante de la gestion future des
personnels de l'entreprise. Il n'échappe en effet à personne que la majorité
des salariés de l'actuelle DCN vont être appelés à faire valoir leurs droits à
la retraite dans les années à venir ! Nous nous retrouverons donc rapidement
dans la situation que GIAT Industries a déjà connue et dans laquelle ont fini
par coexister des salariés sous statut de fonctionnaire et des salariés sous
statut de droit privé, comme c'est d'ailleurs le cas à France Télécom. Nous
voyons bien quelles difficultés cela crée pour le personnel !
(M. le
ministre fait un signe de dénégation.)
Mais si, monsieur le ministre !
C'est là une des menaces qui peut peser sur la société nationale une fois
constituée !
Dans un second temps, la gestion du capital même de la société nationale ne va
pas sans poser quelques problèmes. Rien ne permet, en effet, d'exclure qu'à
coups de cessions partielles de capital, comme nous y invitent nos collègues du
groupe de l'Union centriste, ou de déclassements progressifs du domaine public
maritime mobilisé par les installations de la DCN nous ne soyons rapidement
confrontés à des choix de gestion à courte vue, dans la seule perspective de
l'équilibre comptable immédiat.
Enfin, le changement de statut de la DCN est une véritable question pour les
bassins d'emploi où sont implantés les arsenaux : dans l'agglomération
toulonnaise ou le pays de Lorient, l'emploi industriel est étroitement lié à
l'activité maritime, militaire notamment.
Nos craintes quant au devenir de ces secteurs sont réelles et nous conduisent
une fois encore à vous demander d'adopter notre amendement visant à supprimer
l'article 36.
M. Alain Richard,
ministre de la défense.
Et en rester au
statu quo !
Mme Hélène Luc.
Enfin, monsieur le ministre, je vous le dis franchement - comme j'ai coutume
de le faire -, je regrette que nous n'ayons pas eu, devant la commission des
affaires étrangères, un débat approfondi sur ce sujet difficile mais important
pour l'avenir de l'armée. Un tel débat aurait pourtant pu être profitable !
M. le président.
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 1 et 43 rectifié, repoussés
par la commission et par le Gouvernement.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 25.
M. Jean Faure,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Jean Faure,
rapporteur pour avis.
Cet amendement tend à promouvoir une évolution un
peu plus rapide des statuts de DCN. Voilà déjà fort longtemps, en effet, que
nous regrettons la lenteur de cette évolution, laquelle lenteur a d'ailleurs
été critiquée par la Cour des comptes.
Nous ne proposons pas, au demeurant, d'ouvrir le marché aux marchands de
canons ! Et si Mme Beaudeau considère que ceux qui vendent des canons sont des
marchands de canons, nous nous demandons, nous, si ceux qui les construisent
sont des pauvres travailleurs opprimés ! Mais je ne veux pas entrer dans cette
caricature, je souhaite simplement que nous avancions un peu plus vite.
Tel est l'objet de l'amendement n° 25 !
M. Michel Caldaguès.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès.
L'enjeu de cette discussion est considérable. Il ne s'agit pas de savoir à
l'article 36 est oui ou non un cavalier budgétaire : nous en avons vu passer
tellement !
M. Michel Charasse.
Ce n'est pas un cavalier !
M. Michel Caldaguès.
Cela étant, parmi ces cavaliers, il y avait des jockeys, mais aussi des
cavaliers plus lourdauds, faisant penser aux chevaliers revêtus de leur armure
au Moyen Âge. Et c'est sans doute à cette deuxième catégorie qu'appartient
votre cavalier, monsieur le ministre ! Mais ce n'est pas ce qui va nous
bouleverser, nous en avons vu d'autres...
Est-ce le problème des personnels qui est au centre de la discussion ? Pas du
tout ! Tout le monde nous dit, à commencer par le Gouvernement et par les
orateurs de gauche, que les personnels ont finalement obtenu des garanties
considérables : très objectivement, on ne voit pas très bien comment le
personnel aurait pu obtenir de meilleures garanties. Par conséquent, là n'est
pas l'enjeu. L'enjeu, c'est la compétitivité de la DCN, et donc le sort même de
la DCN. Car la concurrence est à nos portes ! Par conséquent, nous ne pouvons
pas nous permettre la moindre erreur.
La simple transformation en société commerciale ne résout pas tous les
problèmes, monsieur le ministre. Il est même un peu gênant de voir que son
objet quasi exclusif est d'économiser un certain nombre de signatures
tutélaires. Mais ce n'est pas la forme juridique d'une société qui en fait une
société qui marche : c'est sa combativité, sa compétitivité. Or, à cet égard,
nous ne pensons pas que la détention de la totalité du capital par l'Etat soit
la meilleure solution.
Il y a en fait deux écoles.
Il y a l'école du « tout Etat » : on n'est rassuré que si l'Etat occupe la
totalité du terrain. Cela n'a pas toujours donné de très bons résultats. Je ne
dis pas que cela n'en a donné que de mauvais, mais ce n'est pas un talisman
!
Et puis il y a une autre école, celle dont relève l'amendement que nous
propose la commission des affaires étrangères. C'est une conception qui fait
confiance à l'esprit de compétitivité dont peut faire preuve une entreprise
nationale à partir du moment où on lui donne les moyens adéquats. Cela
signifie, pour l'essentiel, lui permettre, le cas échéant, de réunir les
capitaux nécessaires à son développement. Je dis bien « le cas échéant », car
ce n'est pas nécessairement demain.
J'ai cru entendre M. Masseret dire - mais peut-être ai-je mal compris - que
l'ennemi était dans cet amendement. Voilà bien une vision totalement dogmatique
à propos d'une disposition dont la motivation est essentiellement technique
!
Je vous avouerai, monsieur le ministre, que je me méfie beaucoup du ministère
de l'économie et des finances.
(M. le ministre sourit.)
Il nous a en
effet montré en diverses circonstances que, s'agissant des dotations en
capital, il imposait trop souvent le régime « jockey » aux sociétés nationales
et que celles-ci avaient eu à en pâtir. C'est pourquoi nous ne faisons pas
confiance au « tout Etat ».
Si vous ne suivez pas la proposition de la commission des affaires étrangères,
monsieur le ministre, vous serez inévitablement amené, un jour ou l'autre, à
revenir devant le Parlement. Pourquoi vous obliger vous-même à revenir dans un
an, dans deux ans, dans cinq ans,...
M. Hubert Falco.
Non, il ne reviendra pas, ni dans un an ni dans cinq ans !
(Sourires sur
les travées des Républicains et Indépendants.)
M. Michel Caldaguès.
... alors que nous vous offrons les moyens de vous en dispenser ?
De surcroît, la solution proposée n'empêche nullement que l'Etat détienne 99
%, voire 99,5 %, du capital : avec 99,5 % on est toujours dans le cadre de la «
majorité ». Bien entendu, cette majorité peut évoluer ; elle devrait
précisément pouvoir évoluer en fonction des nécessités économiques.
Monsieur le ministre, vous faites un pari dangereux : vous posez le principe
selon lequel le « tout Etat », cela va forcément marcher sous prétexte que cela
a parfois marché.
M. le président.
Veuillez conclure, mon cher collègue.
M. Michel Caldaguès.
Je termine, monsieur le président, et je vais même bien terminer !
(Sourires.)
M. le rapporteur général s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée. Eh
bien ! la sagesse du Sénat, dans un débat financier, lui impose de lire
attentivement les travaux de la commission des finances, et plus
particulièrement les écrits du rapporteur général. Or voici ce que je lis dans
le rapport de notre ami Philippe Marini :
« Toute ouverture ultérieure du capital » - Philippe Marini se situe ici dans
l'hypothèse où l'Etat continue de détenir 100 % du capital d'une société - «
imposera donc un passage par une nouvelle modification législative. Cette
disposition est évidemment de nature à freiner, sinon handicaper, la capacité
de la nouvelle société à nouer des alliances au sein d'un marché européen
d'ores et déjà fortement remanié. »
Je crois, mes chers collègues, que nous avons tous compris à quoi pensait le
rapporteur général lorsqu'il s'en est remis à notre sagesse !
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants
et de l'Union centriste.)
M. Paul Loridant.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Je ne nie pas que le dossier que nous abordons avec cet article soit fort
délicat.
Certes, il faut faire évoluer les industries de défense, et nous sommes tous
garants de l'efficacité de l'Etat, y compris dans ses entreprises
industrielles. Mais il ne s'agit pas de n'importe quelle entreprise
industrielle : nous touchons là à notre outil de défense ; car la DCN est bien
un élément essentiel de notre défense !
Il ne s'agit pas là, chers collègues de la majorité sénatoriale, d'un débat
financier, contrairement à ce que vient d'expliquer M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès.
Je n'ai pas dit cela !
M. Paul Loridant.
Si ce n'était qu'un débat financier, mon cher collègue, nous pourrions
éventuellement vous comprendre. Mais, en l'occurrence, nous comprenons mal que
des sénateurs qui se sont longtemps réclamés du gaullisme...
M. Michel Caldaguès.
Ah non ! Pas ça ! Pas vous !
M. Paul Loridant.
... soient aujourd'hui prêts à régler d'un trait de plume le dossier de la
construction navale !
(Rires sur les tracées du RPR.)
M. Michel Caldaguès.
C'est le moment qui illumine la soirée !
M. Paul Loridant.
Nous sommes ici un certain nombre à être attachés à l'outil de défense.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Quand avez-vous voté pour le général de Gaulle ?
M. Paul Loridant.
Etre attaché à l'outil de défense, c'est aussi être attaché à la maîtrise de
la fabrication des matériels liés à notre défense et à notre stricte
indépendance à cet égard.
Je le dis comme je le pense, il me semble nécessaire de prendre les moyens de
réformer la DCN, afin de la rendre plus efficace. Mais je ne puis accepter que,
sous couvert de technique financière, on ouvre le capital de cet outil
industriel et de défense. Permettez-moi de vous le dire, chers collègues de la
majorité sénatoriale, et surtout vous, chers collègues du RPR, il est bien loin
le temps du général de Gaulle !
M. Michel Caldaguès.
Merci, mon cher compagnon !
(Sourires sur les travées du RPR.)
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Mes amis et moi-même ne voterons pas l'amendement n° 25, à propos duquel
Jean-Pierre Masseret a dit tout à l'heure d'excellentes choses.
Cela étant, je m'interroge sur la rédaction de cet amendement.
En effet, notre collègue Jean Faure propose d'écrire : « dont le capital est
détenu en majorité par l'Etat » ; à partir du moment où l'on n'écrit pas : « ne
peut être détenu qu'en majorité », la question se pose de savoir si l'Etat
n'est pas tenu de vendre une partie du capital. A mon avis, non : si l'Etat
doit détenir la majorité, la loi ne l'autorise pas à ne détenir que la
majorité.
Nous passons à un régime de société commerciale nouvelle, et je crois qu'il
faut un certain temps pour passer du système actuel au nouveau système. Cela
implique notamment de prendre quelques précautions, liées à l'intérêt national,
à nos programmes de défense et au secret de la défense nationale. Car on ne
peut pas laisser entrer n'importe qui dans le capital d'une société de cette
nature !
En fait, l'amendement crée une obligation, celle de la majorité du capital,
mais il ne crée pas un impératif, qui serait la majorité à tout prix dans le
capital.
A partir du moment où l'amendement est rédigé de cette manière, à partir du
moment où ne sont pas prévues un certain nombre de conditions sur l'ouverture
du capital - en particulier, qui admet-on et qui n'admet-on pas ? -, parce
qu'il y va de l'indépendance nationale - et je sais que vous y êtes sensible,
monsieur Caldaguès -, il n'est vraiment pas possible de suivre la commission
des affaires étrangères.
Je ne suis pas, par principe, opposé à l'ouverture du capital. Mais, quand
cela touche aux industries de défense, ce n'est tout de même pas pareil !
Arrêtons de livrer notre pays à n'importe qui et dans n'importe quelles
conditions !
M. Paul Loridant.
Exactement !
M. Michel Charasse.
Je ne l'accepte pas ! Ce n'est pas une affaire de conflit entre les « libéraux
» et ceux qui sont « moins libéraux ». C'est un problème qui touche à la
défense et donc au coeur de l'Etat.
M. Paul Loridant.
Il a raison !
M. Michel Charasse.
Non seulement parce que l'amendement n° 25 est inopérant dans la mesure où il
ne crée pas une véritable obligation, mais aussi parce qu'il mériterait d'être
complété par un certain nombre de conditions que la commission des affaires
étrangères n'a pas abordées, nous ne le voterons pas.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 25, repoussé par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste
républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
Nombre de votants | 274 |
Nombre de suffrages exprimés | 274 |
Majorité absolue des suffrages | 138 |
Pour l'adoption | 161 |
Contre | 113 |
Le Sénat a adopté. (Applaudissements sur certaines travées du RPR.)
Je vais mettre aux voix l'article 36.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Alain Richard, ministre de la défense. Monsieur le président, dans la mesure où ce vote dénature le projet du Gouvernement, celui-ci n'est pas favorable à l'adoption de l'article 36 ainsi modifié.
M. le président. Je mets aux voix l'article 36, modifié.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des finances.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 36:
Nombre de votants | 274 |
Nombre de suffrages exprimés | 274 |
Majorité absolue des suffrages | 138 |
Pour l'adoption | 160 |
Contre | 114 |
Mme Hélène Luc. Une voix de plus contre !
Article 38 (priorité)
M. le président.
« Art. 38. - I. - Toute concession de transport de gaz en cours à la date de
publication de la présente loi est résiliée dans les conditions mentionnées aux
II et III.
« Le titulaire de la concession perçoit une indemnité au titre de cette
résiliation anticipée qui est égale à la valeur nette comptable des biens en
concession, diminuée du montant de la valeur des droits du concédant tels
qu'ils figurent à la clôture des comptes au 31 décembre 2001 et augmentée du
manque à gagner sur la durée restant à courir de la concession.
« II. - Les biens de la concession appartenant à l'Etat peuvent être
transférés au titulaire de la concession au moment de la résiliation de
celle-ci, moyennant le versement à l'Etat d'une somme égale au prix de cession
de ces biens déduction faite de l'indemnité due au titre de la résiliation
anticipée.
« Le titulaire de la concession doit en faire la demande auprès du ministre
chargé de l'énergie dans un délai de trois mois à compter de la date de
publication de la présente loi. Il accompagne sa demande du versement d'un
acompte égal au montant de la valeur des droits du concédant, tels que figurant
dans les comptes arrêtés au 31 décembre 2000.
« Le prix de cession des biens susceptibles d'être transférés au
concessionnaire et l'indemnité mentionnée au I sont déterminés par une
commission spéciale présidée par un magistrat de la Cour des comptes dont le
rôle et la composition sont précisés par arrêté conjoint du ministre chargé de
l'énergie et du ministre chargé de l'économie et des finances. Pour fixer le
prix de cession, la commission spéciale tient compte notamment de la valeur
nette comptable des biens à transférer. Les valeurs arrêtées par la commission
spéciale sont transmises par le ministre chargé de l'énergie au titulaire de la
concession de transport de gaz dans un délai de cinq mois à compter de la
publication de la présente loi.
« Le solde éventuel du prix de cession déduction faite de l'indemnité due au
titre de la résiliation anticipée est versé par le titulaire de la concession
dans le mois suivant la notification par le ministre chargé de l'énergie des
conclusions de la commission spéciale. Ce solde est versé au plus tard le 30
septembre 2002. Dans ce cas, la concession est résiliée le jour du paiement de
ce solde.
« A la date de la résiliation de la concession, les biens appartenant à l'Etat
qui étaient jusqu'alors concédés sont transférés après avoir été, le cas
échéant, déclassés.
« Le bénéficiaire du transfert est, à la même date, réputé autorisé au titre
du V jusqu'à ce qu'il lui soit délivré de nouvelles autorisations, dans un
délai qui ne peut excéder dix-huit mois à compter de la publication du décret
mentionné au V. Les dispositions du cahier des charges annexé à la concession
de transport en cours, à la date d'entrée en vigueur de la présente loi,
demeurent applicables jusqu'à la date de délivrance aux bénéficiaires de ces
nouvelles autorisations.
« III. - Dans les cas autres que celui prévu au deuxième alinéa du II, la
concession est maintenue jusqu'à ce que l'autorisation mentionnée au V ait été
délivrée à un nouvel exploitant par le ministre chargé de l'énergie. La
concession est alors résiliée et l'ancien concessionnaire perçoit l'indemnité
due au titre de la résiliation anticipée mentionnée au dernier alinéa du I et
fixée en application du troisième alinéa du II. Les biens appartenant à l'Etat
sont cédés au nouvel exploitant au prix fixé en application du II après avoir
été, le cas échéant, déclassés.
« IV. - Les décisions prises en application des I, II et III peuvent faire
l'objet d'un recours de plein contentieux devant le Conseil d'Etat.
« V. - La construction et l'exploitation des canalisations de transport de gaz
naturel sont soumises à autorisation délivrée après enquête publique par
l'autorité administrative compétente.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions dans lesquelles
l'autorisation précitée peut être délivrée ou refusée et les cas où, en raison
de la nature ou de l'importance limitée des travaux projetés, ces derniers
peuvent être réalisés sans enquête publique préalable.
« Cette autorisation est délivrée en fonction :
« - des capacités techniques, économiques et financières du demandeur ;
« - de la compatibilité de son projet avec les principes et les missions de
service public, notamment la protection de l'environnement ;
« - de la sécurité et de la sûreté des canalisations de transport de gaz
naturel, ainsi que des réseaux ou installations qui leur sont raccordés.
« L'autorisation est incessible et nominative. Elle confère à son titulaire le
droit d'occuper le domaine public. Les travaux d'installation des ouvrages de
transport de gaz naturel ont le caractère de travaux publics.
« Tout bénéficiaire d'une autorisation de transport de gaz naturel exerce ses
missions dans les conditions fixées par cette autorisation et le cahier des
charges qui y est annexé.
« Les servitudes énumérées à l'article 35 de la loi n° 46-628 du 8 avril 1946
sur la nationalisation de l'électricité et du gaz et la servitude de passage
mentionnée à l'article 12 de la loi du 15 juin 1906 sur les distributions
d'énergie s'appliquent aux travaux déclarés d'utilité publique à la demande du
pétitionnaire de l'autorisation de transport. Dans les articles 10 et 12 de la
loi du 15 juin 1906 précitée et l'article L. 113-5 du code de la voirie
routière, après le mot : "concession", sont insérés les mots : "ou autorisation
de transport de gaz naturel" et, après les mots : "concessionnaire", sont
insérés les mots : "ou titulaire d'une autorisation de transport de gaz
naturel". »
La parole est à M. Coquelle.
M. Yves Coquelle.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, la
Commission européenne a récemment décidé d'accélérer le processus de
libéralisation des marchés de l'électricité et du gaz engagé depuis les
directives de 1997 et 1998. Son ambition est, à terme, la réalisation d'un
vaste marché de l'énergie intégrant les marchés du gaz et de l'électricité.
Cette précipitation se traduit, dans les faits, par la soumission du secteur
énergétique à une régulation de type boursier, génératrice de réduction
drastique des coûts et d'instabilité des prix préjudiciable à la programmation,
pourtant nécessaire, des investissements à long terme.
Après la catastrophe californienne, la faillite retentissante d'Enron devrait
nous inciter à faire preuve de plus de prudence. Elle rend compte, en tout cas,
des risques inhérents au développement du
trading,
aux opérations
d'achat et de vente qui ne sont pas fondées sur la possession d'actifs réels.
Elle témoigne aussi de l'insécurité qui peut en résulter en matière
d'approvisionnement. Il est nécessaire de ralentir le processus de
libéralisation plutôt que de l'accélérer, si nous voulons préserver les
missions de service public dévolues au secteur énergétique.
La précédente directive sur l'électricité offrait au moins l'opportunité de
mettre en oeuvre une véritable politique industrielle tournée vers le long
terme en considérant que « pour certains Etats membres, l'imposition
d'obligations de service public pouvait être nécessaire pour assurer la
sécurité d'approvisionnement, la protection du consommateur et la protection de
l'environnement que, selon eux, la libre concurrence, à elle seule, ne pouvait
pas nécessairement garantir » et que « la planification à long terme pouvait
être un des moyens de remplir lesdites obligations de service public ».
L'article 38, qui constitue une étape de plus dans le processus de
libéralisation du secteur gazier, peut, à terme, remettre en cause les missions
de service public. Nous y reviendrons lorsque nous défendrons les amendements
que nous avons déposés.
Nous savons, monsieur le secrétaire d'Etat, que les usagers ont récemment
témoigné leur attachement au service public à travers la consultation qu'a
engagée EDF auprès d'eux. Ils sont, entre autres, favorables à 76 % à la
préservation de la qualité du service public, à 59 % au maintien de tarifs
identiques quel que soit le lieu d'habitation, à 58 % à la garantie de
l'approvisionnement en électricité à qualité et à tarification égales sur
l'ensemble du territoire, à 62 % au droit à l'énergie pour tous avec un
développement durable et, enfin, à 66 % à l'information pour une meilleure
prévention des accidents domestiques.
De telles exigences - les faits en témoignent - ne sont pas compatibles avec
le mouvement de libéralisation actuelle. C'est donc, monsieur le secrétaire
d'Etat, contre la déréglementation en cours et contre les orientations
actuellement prises que les usagers se sont exprimés.
N'oublions pas, monsieur le secrétaire d'Etat, que, à la suite du contrat de
groupe conclu il y a un an avec l'Etat, EDF s'est engagé à élaborer le « livre
bleu du service public » tenant compte de ces aspirations. Nous attendons que
cela se traduise par des engagements concrets.
Ces observations, qui méritaient d'être faites, éclairent le sens des
amendements que notre groupe a déposés. Elles soulignent la nécessité
d'inscrire à l'ordre du jour un projet de loi permettant qu'un réel débat
national ait lieu sur la transposition de la directive gaz.
M. le président.
La parole est à M. Demerliat.
M. Jean-Pierre Demerliat.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
l'objet de l'article 38 est, d'une part, d'organiser les conditions de la vente
du réseau de transport de gaz naturel, qui appartient aujourd'hui à l'Etat, aux
opérateurs gaziers et, d'autre part, d'instituer un régime d'autorisation. Son
contenu est connu depuis un certain temps déjà puisque sa rédaction s'inspire
très largement de dispositions proposées dans le projet de loi relatif à la
modernisation du service public du gaz naturel et au dévelopement des
entreprises gazières qui a été déposé sur le bureau de l'Assemblée nationale en
mai 2000.
Le Gouvernement nous a expliqué les raisons de ce transfert de propriété. Il
s'agit de placer les concessionnaires actuels - et surtout Gaz de France, qui
détient plus de 90 % des concessions - dans une situation aussi favorable que
leurs concurrents européens, tous propriétaires de leur réseau. Il s'agit de
donner à Gaz de France les moyens d'être une entreprise non seulement française
et européenne, mais aussi internationale, en lui permettant de mieux maîtriser
l'amont du secteur gazier. Il s'agit tout simplement d'un enjeu industriel et
économique. Le groupe socialiste votera donc cet article.
Cela dit, je poserai trois questions au Gouvernement.
Le gaz est un service public de proximité. Pour beaucoup de communes, surtout
pour les communes rurales, le raccordement en gaz est un enjeu d'aménagement du
territoire. Notre groupe a bataillé ferme pour améliorer la desserte gazière du
territoire. La loi du 8 juillet 1998 a amélioré la situation en instituant un
plan triennal. Cette mesure a porté ses fruits, puisque 1 600 nouvelles
communes seront raccordées à l'issue de ce plan.
Ma première question est donc simple : le transfert de propriété instauré par
cet article et le passage du régime de concession au régime d'autorisation
auront-ils des incidences sur la desserte gazière ?
Toujours à propos des communes, mais appréhendées cette fois-ci en tant
qu'autorités concédantes du réseau de distribution, je tiens à vous faire part
d'une inquiétude. S'agissant de l'électricité, la mise en oeuvre de l'article 4
de la loi du 10 novembre 1997, qui a attribué à EDF la propriété du réseau
d'alimentation générale, n'a pas été sans difficultés d'application.
Pouvez-vous nous indiquer - ce sera ma deuxième question - comment se fera le
partage entre, d'une part, le réseau de transport, qui, pour l'heure,
appartient à l'Etat, et d'autre part, le réseau de distribution, qui appartient
aux collectivités locales ? Il importe que ce partage ait lieu dans la
transparence et avec impartialité.
Enfin, je m'attarderai un instant sur le passage du régime de la concession au
régime de l'autorisation. Le transport du gaz à haute pression n'est pas une
activité industrielle banale. Son bon fonctionnement conditionne la sécurité de
nos approvisionnements donc, notre indépendance énergétique.
Le transport du gaz à haute pression est aussi une activité industrielle à
risques. La population est à juste titre très sensible aux questions relatives
à la sécurité des activités à risques. L'explosion de l'usine AZF de Toulouse
nous l'a rappelé. S'agissant du réseau de transport de Gaz de France, quinze
sites sont classés Seveso 2. Un accident de gaz peut être dramatique. Alors que
le régime de la concession apportait des garanties fortes en termes de
sécurité, le régime de l'autorisation conduit parfois à alléger les obligations
et les contrôles. Certes, l'article 38 prévoit que l'autorisation de
construction et d'exploitation des ouvrages de transport est nominative,
qu'elle est accordée après enquête publique, qu'elle est délivrée en fonction
des capacités techniques, économiques et financières du demandeur, des
nécessités du service public et, surtout, de la sécurité et de la sûreté des
canalisations et réseaux ou installations qui leur sont raccordés. Toutes ces
dispositions sont donc autant de garanties.
Le texte renvoie à un cahier des charges les conditions dans lesquelles
l'opérateur exercera désormais ses missions. Le cahier des charges est un
document très important. Les opérateurs gaziers exerçant désormais leur
activité dans un environnement de plus en plus concurrentiel, où l'exigence de
profit immédiat peut parfois conduire à négliger les aspects de sécurité,
pouvez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat, nous assurer - ce sera ma troisième
question - que le Gouvernement imposera aux opérateurs des normes de sécurité
draconiennes au travers de leur cahier des charges ?
Voilà, mes chers collègues, les points que je souhaitais aborder, espérant,
monsieur le secrétaire d'Etat, que vous pourrez m'apporter quelques éléments de
réponse.
M. le président.
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 45 rectifié, présenté par MM. Coquelle et Foucaud, Mme
Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et
citoyen, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 38. »
L'amendement n° 50 rectifié, présenté par MM. Pépin et Trucy, est ainsi
libellé :
« Après la première phrase du troisième alinéa du II de l'article 38, insérer
une phrase ainsi rédigée : "La commission spéciale contrôle que les biens à
transférer n'appartiennent pas à des collectivités locales autorités
organisatrices de la distribution du gaz." »
L'amendement n° 27, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les
membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« A la fin de la première phrase du dernier alinéa du II de l'article 38,
remplacer les mots : "du décret mentionné au V" par les mots : "de la loi
mentionnée au V". »
L'amendement n° 29 rectifié, présenté par MM. Coquelle et Foucaud, Mme
Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et
citoyen, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le V de l'article 38 :
« La construction et l'exploitation des canalisations de transport de gaz
naturel sont soumises à autorisation délivrée après enquête d'utilité publique
par l'autorité administrative compétente. L'autorisation est incessible et
nominative. Elle confère à son titulaire le droit d'occuper le domaine public.
Les travaux d'installation des ouvrages de transport de gaz naturel ont le
caractère de travaux publics.
« Une loi relative à la modernisation du service public du gaz naturel fixera
les conditions dans lesquelles l'autorisation précitée pourra être délivrée ou
refusée dans les cas ou en raison de la nature ou de l'importance limitée des
travaux projetés, ces derniers peuvent être réalisés sans enquête publique
préalable.
« Tout bénéficiaire d'une autorisation de transport de gaz naturel exerce ses
missions dans les conditions fixées par cette autorisation et le cahier des
charges qui est annexé.
« Les servitudes énumérées à l'article 35 de la loi n° 46-628 du 8 avril 1946
sur la nationalisation de l'électricité et du gaz et la servitude de passage
mentionnées à l'article 12 de la loi du 15 juin 1906 sur les distributions
d'énergie s'appliquent aux travaux déclarés d'utilisé publique, à la demande du
pétitionnaire de l'autorisation de transport. Les articles 10 et 12 de la loi
du 15 juin 1906 précitée et l'article L. 113-5 du code de la voirie routière
sont ainsi modifiés : après le mot : "concession" sont ajoutés les mots : "ou
autorisation de transport de gaz naturel" et après le mot "concessionnaire"
sont ajoutés les mots "ou titulaire d'une autorisation de transport de gaz
naturel". »
La parole est à M. Coquelle, pour présenter l'amendement n° 45 rectifié.
M. Yves Coquelle.
Nous avons déjà eu, au moment du débat sur le budget de l'industrie pour 2002,
l'occasion d'interpeller M. le secrétaire d'Etat à l'industrie au sujet de
l'article 38, introduit subrepticement dans la loi de finance rectificative, et
qui constitue une transposition par défaut de la directive gaz.
Cet article, qui consacre le transfert des droits de propriété des réseaux de
gaz naturel aux sociétés actuellement concessionnaires, n'a en effet nullement
sa place dans un collectif budgétaire.
Une fois de plus, comme pour d'autres secteurs d'activité assurant des
missions de service public, nous ne pouvons que dénoncer une méthode qui fait
fi des exigences démocratiques. Elle court-circuite un réel débat parlementaire
que seule l'inscription à l'ordre du jour du projet de loi de modernisation du
service public du gaz naturel et de développement des entreprises gazières
aurait permis.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous ne pouvez pas continuer à négliger ainsi
les réflexions et les aspirations des usagers et des salariés qui sont les
premiers concernés par la déréglementation impulsée par la Commission
européenne.
Ils ont entendu vos arguments, tandis que vous restez sourd à toute réflexion
et proposition issues de leurs rangs. Vous connaissez pourtant, monsieur le
secrétaire d'Etat, leur hostilité au contenu de la directive de 1998 visant à
la libéralisation du secteur du gaz. D'autres directives en préparation
devraient encore accroître le degré d'ouverture à la concurrence des secteurs
du gaz et de l'électricité en diminuant les seuils d'éligibilité.
Cette accélération de la réalisation du marché intérieur de l'énergie
souhaitée par la Commission européenne risque, si l'on n'y veille, de
compromettre notre indépendance énergétique et de remettre en cause les
missions de service public assumées jusqu'à maintenant par les opérateurs
historiques.
Ne soyons pas dupes ! Nous savons, monsieur le secrétaire d'Etat, que, par
cette opération de transfert des droits de propriété, vous êtes attentif à
l'ambition qu'a Gaz de France de quitter son coeur de métier pour devenir aussi
un producteur de gaz.
Une telle stratégie d'intégration le long de la filière, pour rivaliser avec
les grandes compagnies pétrolières, est-elle bien appropriée ? En a-t-on
correctement mesuré les conséquences en termes de coût ? Comment Gaz de France
se procurera-t-il les moyens financiers à la hauteur d'un telle ambition ? A
terme, cela ne signifie-t-il pas une ouverture partielle du capital de GDF ?
Avons-nous la garantie que les actifs acquis aujourd'hui ne seront pas
échangés demain contre des actifs de sociétés présentés dans la production de
gaz ?
Cette ambition ne se réalisera-t-elle pas au détriment des missions de service
public ? Je pense, notamment, au plan de desserte des communes, qui a déjà pris
tant de retard et qui suppose des efforts supplémentaires d'investissement.
Le raccordement au gaz naturel sur la majorité du territoire doit pourtant
figurer, en tant qu'obligation de service public, au rang des priorités de Gaz
de France. De nombreux usagers n'ont pas encore accès à cette source d'énergie
qui devrait pourtant leur être fournie dans les meilleurs délais.
Signalons, à cet égard, que le budget pour 2002 de l'entreprise prévoit déjà,
comme par anticipation, une nette inflexion des investissements en France. Les
seuils de rentabilité en matière de distribution semblent également avoir été
relevés, ce qui expliquerait les actuelles lenteurs du processus de
raccordement.
L'exemple récent de la ville de Tusson, dans la région limousine, confirme en
tout cas cette impression. Contrairement à ce qui avait été prévu, la moitié
seulement des foyers de la ville ont été desservis. La fourniture de gaz
naturel prévu par le plan de desserte semble bien être passée au second rang
des priorités.
Si la France est l'un des pays européens le plus éloigné des ressources
gazières, elle n'en dispose pas moins, en matière énergétique, d'une situation
particulièrement confortable lui garantissant une quasi-indépendance fondée,
pour 75 %, sur l'énergie nucléaire et, pour près de 20 %, sur des énergies
renouvelables. Ce mode de production a aussi l'avantage de ne contribuer que
très faiblement à l'émission de gaz à effet de serre.
Nous ne pouvons donc que nous interroger sur la nécessité pour Gaz de France
de devenir un producteur de gaz, compte tenu des risques que comporte une telle
orientation.
Nous avons
a priori
de bonnes raisons de penser qu'un renforcement de
la coopération avec les pays producteurs de gaz sous la forme de contrats à
long terme contribuerait amplement à garantir la sécurité de nos
approvisionnements, comme il pourrait contribuer à la diversification des
sources d'énergie pour répondre aux nouveaux besoins.
Voilà qui mérite en tout cas une réflexion approfondie, s'appuyant sur une
large concertation des salariés et des organisations syndicales. Elle ne peut
s'effectuer que dans le cadre d'un projet de loi. Tel est l'objet de notre
amendement de suppression.
M. le président.
La parole est à M. Trucy, pour défendre l'amendement n° 50 rectifié.
M. François Trucy.
Monsieur le secrétaire d'Etat, cet amendement a une petite histoire : en 1997,
lors du transfert des propriétés par l'Etat du réseau de transport
d'électricité à EDF, il est apparu que la répartition des lignes électriques
entre ce réseau et les réseaux de distribution qui appartenaient encore aux
collectivités locales faisait l'objet d'erreurs et d'incertitudes.
Ainsi, le présent amendement a pour seul objet d'éviter que ne se produisent,
pour le gaz, les difficultés que nous avons bien connues pour l'électricité.
M. le président.
La parole est à M. Coquelle, pour défendre les amendements n°s 27 et 29
rectifié.
M. Yves Coquelle.
Les amendements n°s 27 et 29 témoignent de notre volonté de voir une loi et
non un décret fixer les conditions de l'autorisation définie au paragraphe V de
l'article 38.
L'accélération de la libéralisation du secteur énergétique permettra, demain,
à n'importe quel opérateur d'avoir accès aux réseaux de transport de gaz, d'en
construire et d'en exploiter de nouveaux.
Je tiens à attirer votre attention sur les risques que comporte, dans le
contexte actuel, la procédure d'autorisation de construction et d'exploitation
si elle n'est pas encadrée par une loi fixant les exigences en matière de
sécurisation des réseaux de transport.
Dans le régime précédent de concession d'Etat, les obligations d'entretien et
de maintenance, comme les exigences en matière d'effectifs et de qualification
du personnel auxquelles était soumis tout concessionnaire, figuraient dans le
cahier des charges. C'est grâce à cet outil qu'un contrôle public de respect
des normes de sécurité pouvait avoir lieu.
Il faut s'assurer, par la loi, que l'Etat pourra continuer à exercer ce
contrôle sur des installations dont les risques sont reconnus par l'actuelle
réglementation.
L'article 38 concerne en effet des ouvrages de transport de très haute
pression comportant des installations de recompression, des terminaux
méthaniers et des stockages souterrains.
Ainsi, GDF possède quinze sites classés Seveso 2. De plus, quarante-six
stations de recompression sont susceptibles, à terme, d'être également classées
Seveso 2.
Par ailleurs, plus de 4 000 postes de gaz à très haute pression sont situés à
proximité de lieux d'habitation. Et 30 000 kilomètres de canalisation
transportant du gaz à très haute pression sont enfouis sous nos routes et voies
de chemins de fer. Leur maintenance et leur entretien nécessitent un personnel
qualifié, formé aux risques que présentent de tels ouvrages.
Nous avons déjà eu l'occasion de souligner combien la logique actuelle de
réduction des coûts, de diminution des emplois, de développement de la
sous-traitance, de recours à des formes précaires d'emploi et à des emplois peu
qualifiés remettait directement en cause la sécurité sur les sites classés. Les
actuelles sociétés concessionnaires, au rang desquelles figure - cela mérite
d'être souligné - TotalFinaElf, n'échappent malheureusement pas à cette
logique.
L'organisation d'une table ronde sur la sécurité et les risques industriels,
organisée à la suite de l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, a permis de
prendre en compte les risques industriels liés à l'exploitation des réseaux de
transport de gaz.
La nécessité de renforcer les normes de sécurité sur tous les sites présentant
des risques industriels majeurs et d'éviter le recours à la sous-traitance et à
une main-d'oeuvre peu qualifiée pour effectuer les travaux de maintenance et
d'entretien ont, en outre, été mis en évidence. Nous savons que l'emploi, d'un
point de vue tant quantitatif que qualitatif, est au coeur des préoccupations
de sécurité.
Si nous nous félicitons qu'une telle initiative ait pu avoir lieu, l'adoption
de nos amendements serait le signe tangible d'une réelle volonté politique de
prendre en compte les problématiques abordées au cours de cette table ronde.
Elle traduirait aussi la volonté de respecter, en les concrétisant, les
engagements qui ont été pris pour réduire le degré de probabilité des accidents
sur les sites à risques.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 45 rectifié, 50
rectifié, 27 et 29 rectifié ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Tout d'abord, sur le fond, la commission estime que
le dispositif qui nous est proposé, bien qu'incomplet, mérite cependant d'être
adopté.
Le dispositif est incomplet, car nous pensons qu'il faut aller plus loin dans
la transposition de la directive de 1998 et jouer franchement le jeu de
l'ouverture à la concurrence de ce secteur économique.
La commission estime que Gaz de France aurait tout à gagner à une telle
évolution. L'entreprise, pour se développer, pour diversifier ses activités,
pour s'imposer sur les différents marchés qui conditionnent son
approvisionnement et son développement, doit effectivement bénéficier d'un vrai
statut de société industrielle et commerciale, ouvrir son capital et conclure
des alliances.
Si la société Gaz de France était dotée de ce type d'instruments et de
capacités, elle pourrait sans doute prendre position plus largement en amont de
ses activités et contrôler une fraction plus significative de ses sources
d'approvisionnement.
Nous considérons que ces évolutions sont souhaitables, mais elles sont par
ailleurs - nous insistons sur ce point - parfaitement compatibles avec le
respect des règles et des exigences du service public, notamment sur le plan de
la sécurité et de l'approvisionnement.
Monsieur le secrétaire d'Etat, il nous serait agréable que vous puissiez,
s'agissant du dispositif que vous nous soumettez, nous répondre sur un point
spécifique. Nous aurions en effet besoin d'éclairages complémentaires de votre
part en ce qui concerne la détermination du manque à gagner sur la durée
restant à courir de la concession et sur les critères autres que comptables qui
pourraient intervenir dans la fixation du prix de cession.
Cela dit, chacun comprendra aisément que la commission soit défavorable aux
amendements n°s 45 rectifié, 27 et 29 rectifié du groupe communiste républicain
et citoyen.
Par ailleurs, s'agissant de l'amendement n° 50 rectifié, présenté par notre
collègue François Trucy, nous souhaiterions connaître l'avis du Gouvernement
s'agissant des incertitudes juridiques susceptibles de subsister quant à la
détention de certains éléments de réseau par des collectivités
territoriales.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 45 rectifié, 50
rectifié, 27 et 29 rectifié ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat à l'industrie.
Monsieur le président, monsieur le
rapporteur général, mesdames, messieurs les sénateurs, je m'efforcerai, en
donnant l'avis du Gouvernement sur l'ensemble de ces amendements, de répondre
aux questions en une seule intervention, ce qui aura peut-être l'avantage de la
cohérence, et donc de la clarté.
Je dois d'abord indiquer au Sénat qu'il ne s'agit en aucune manière de changer
le « mix énergétique » du pays, comme l'orateur du groupe communiste
républicain et citoyen en a exprimé la crainte.
La place relative du gaz dans l'ensemble de la politique énergétique est
importante. Elle est d'ailleurs appelée à se renforcer, ce qui mettra d'autant
mieux en lumière - j'en conviens et je le concède bien volontiers au groupe
communiste républicain et citoyen - la pertinence, la justesse et la force des
interventions de Gaz de France.
Cette entreprise dont nous sommes fiers est une entreprise qui réussit, une
entreprise performante, une entreprise qui s'internationalise, j'y viendrai
dans un instant.
Je dois dire aussi qu'avec cet article il ne s'agit pas non plus, monsieur le
rapporteur général, mesdames et messieurs les membres du groupe communiste
républicain et citoyen, d'une transposition de la directive de 1998. Je peux
l'affirmer d'autant mieux que j'ai été le négociateur, au nom du Gouvernement,
de cette directive, en octobre 1997.
L'article 38 ne comporte pas les dispositions essentielles qui seraient
nécessaires pour transposer la directive dans notre droit ; mais la
transposition est aujourd'hui appliquée dans les faits : d'une part, le marché
français du gaz est objectivement ouvert ; d'autre part, les consommateurs
éligibles peuvent effectivement, avec des tarifs publiés, transparents,
s'adresser aux fournisseurs de leur choix au sein de l'Union européenne. Par
ailleurs, une quinzaine de terawatts-heure sont aujourd'hui soumis à la
concurrence.
J'apporte cette information pour que le
Journal officiel
puisse
propager la vérité à l'extérieur de cette enceinte, notamment pour répondre aux
critiques qui émanent d'autres pays :
de facto
, le marché gazier est
ouvert à la concurrence ; cet article n'est donc pas, je le répète, un texte de
transposition.
J'ajoute, mesdames, messieurs les sénateurs de la gauche plurielle, que
l'entreprise Gaz de France reste une entreprise publique, que le Gouvernement
est fondamentalement attaché au fait qu'il s'agisse d'une entreprise publique
tout entière dédiée au service public et à ses valeurs.
A cet égard, j'indique à M. Demerliat et aux membres du groupe socialiste que
la présence territoriale de Gaz de France est réaffirmée et qu'en ce qui
concerne les incidences éventuelles du transfert de propriété sur la desserte
gazière le Gouvernement est très attaché à poursuivre la politique volontaire
qu'il a engagée. Cette politique s'est traduite par le dépôt d'un projet de loi
en 1998, avec une programmation triennale de la desserte gazière. A cette
occasion, 1 200 communes supplémentaires ont été ajoutées à la liste de la
distribution du gaz.
La mise en oeuvre de ce plan, qui incombe à Gaz de France et aux distributeurs
non nationalisés, se poursuivra, mesdames, messieurs les sénateurs. J'assure
les membres du groupe socialiste que cette action sera conduite avec
volontarisme de la part du Gouvernement, avec ambition de la part de
l'entreprise et indépendamment de ce qui est prévu à l'article 38.
M. Michel Moreigne.
Très bien !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je dirai aussi aux orateurs de la gauche plurielle que
Gaz de France ne craint pas la concurrence.
Comme d'autres entreprises publiques du secteur énergétique, Gaz de France est
finalement très « confortable », si je puis dire, dans sa confrontation aux
autres entreprises du secteur en Europe. C'est en effet une entreprise
performante, une entreprise rentable, une entreprise compétitive qui ne craint
pas la concurrence.
Monsieur le rapporteur général, je pense que Gaz de France sera appelée dans
le futur à devenir plus présente dans l'amont gazier et que le moment viendra
où il faudra adapter la situation de cette entreprise à la concurrence que lui
livrent des entreprises italiennes, hollandaises, anglaises, allemandes qui,
elles, sont présentes dans l'amont gazier et qui se sont données les moyens
financiers de réaliser les investissements qui leur permettent d'être
présentes.
Aujourd'hui, mesdames, messieurs les sénateurs de la gauche plurielle, Gaz de
France, ne produit malheureusement que 4 % du gaz que l'entreprise distribue.
C'est un élément de faiblesse par rapport à ses concurrents qui peuvent, eux,
puisque le marché est ouvert suivant la directive, être les fournisseurs
d'autres entreprises alors que Gaz de France ne maîtrise pas suffisamment
l'ensemble des maillons de la chaîne gazière. Il faudra un jour lui donner les
moyens d'être présente dans l'amont gazier.
Le groupe socialiste a posé la question du partage entre réseau de transport
et réseau de distribution. Cette question est fondamentale et je le remercie de
me l'avoir posée. Elle fera l'objet du travail de la commission spéciale prévue
par le texte et chargée d'évaluer le patrimoine concerné par cette cession.
Je rassure pleinement mes amis socialistes : le régime juridique des
concessions de transport identifie parfaitement les canalisations considérées,
fait le départ entre transport et distribution, et les éventuels litiges
résultant d'une déclassification seront aisément identifiables.
Au demeurant, la Fédération nationale des collectivités concédantes et des
régies, la FNCCR - dont on sait que nous y sommes très attachés et les
sénateurs aussi, puisqu'elle est présidée par un ancien sénateur -, m'a
interrogé sur ce sujet et je me suis engagé auprès d'elle, au nom du
Gouvernement, à ce que la commission spéciale apporte une réponse claire et
incontestable à cette question.
J'espère que cette réponse vous convaincra, monsieur Trucy, et qu'ainsi vous
pourrez retirer l'amendement que vous avez déposé, puisque vous avez, à cet
égard, toutes les garanties formelles, écrites. J'ajoute, pour le cas où vous
ne seriez pas tenté de croire le Gouvernement, que la FNCCR, dans son rapport
public, s'est estimée satisfaite par l'engagement que j'ai pris.
S'agissant de la question du groupe socialiste relative aux normes de sécurité
draconniennes...
M. Michel Charasse.
Ah !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
... au travers du cahier des charges, vous avez mille
fois raison, monsieur Demerliat : la sécurité n'est pas négociable ; c'est un
paramètre essentiel, fondamental, prioritaire du cahier des charges. Je
veillerai personnellement, au nom du Gouvernement, à ce que cette question soit
traitée sans aucune faiblesse, pour assurer de manière pérenne, stable,
évidente, publique, la sécurité de nos réseaux, c'est-à-dire la sécurité de nos
concitoyens.
M. Michel Moreigne.
Très bien !
M. Michel Charasse.
Qui cela empêchera-t-il de saisir le procureur de la République ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
M. le rapporteur général a posé une question
fondamentale sur le manque à gagner, sur la durée restant à courir de la
concession.
La jurisprudence du Conseil d'Etat en matière de ruptures de concession est
claire depuis l'arrêt du 5 juillet 1967 « commune de Donville-les-Bains », qui
précise les éléments - ils sont au nombre de deux - en fonction desquels va
être déterminée l'indemnité due au titre de la résiliation anticipée d'une
concession.
Le premier élément est l'importance des capitaux investis par l'opérateur et
non encore amortis à la date de la rupture de la concession. Dans les comptes
des opérateurs, cet élément correspond à la valeur nette comptable des biens en
concession, diminuée du montant des droits du concédant. Au 31 décembre 2000,
pour Gaz de France, cela correspond à 10 milliards de francs.
Le second élément est l'indemnisation du manque à gagner consécutif à la
rupture de la concession. Le montant exact de l'indemnité, et par conséquent
les modalités de calcul de ce que nous appelons ensemble « le manque à gagner
sur la durée restant à courir de la concession », sera donc déterminé par la
commission spéciale, dont je viens d'évoquer la création à l'instant.
A priori,
la commission spéciale pourrait évaluer le manque à gagner en
valorisant les
cash flows
actualisés que génère la concession sur la
base du temps restant à courir avant l'expiration de cette dernière, sachant
que la durée moyenne de ces concessions était de trente ans et que, pour la
plupart d'entre elles, ces contrats allaient jusqu'en 2015 et 2020. Mais c'est
la commission spéciale qui décidera.
Sa composition est extrêmement objective : des hauts fonctionnaires, des
magistrats, qui nous assurent d'une très grande sûreté de jugement dans ces
matières difficiles en fonction du droit public positif actuel.
(M. Charasse
s'exclame.)
M. le rapporteur général s'est inquiété de la présence, dans l'article 38, de
l'usage de l'adverbe « notamment », s'agissant de la prise en compte de la
valeur nette comptable des biens transférés pour en calculer le prix de
cession. Il m'a également demandé quel autre critère pourrait être pris en
compte.
L'adverbe « notamment » ne limite pas les pouvoirs de la commission spéciale
compétente, puisque, aux termes de la jurisprudence établie par le Conseil
constitutionnel, elle seule sera habilitée à déterminer la méthode d'évaluation
et à évaluer les biens à transférer et les indemnités correspondantes.
En ce qui concerne la valeur nette comptable, c'est une notion commode, connue
des opérateurs gaziers, puisqu'elle figure à l'actif du bilan et correspond à
la valeur comptable du réseau de transport. Il n'y a donc pas de difficulté.
D'autres considérations peuvent être retenues : la valeur économique, le prix
du marché, la valorisation boursière du réseau, comme dans le cas italien.
C'est l'exemple qui a été évoqué dans l'exposé des motifs du texte. C'est à la
commission spéciale, là encore, de retenir une méthode d'évaluation dans le cas
présent.
Je crois avoir répondu à l'ensemble des questions.
Si l'amendement de M. Trucy est retiré,...
M. François Trucy.
Le souhaitez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Oui, parce que je crois vous avoir donné satisfaction,
monsieur le sénateur.
M. François Trucy.
Alors, j'accepte de retirer mon amendement.
M. le président.
L'amendement n° 50 rectifié est retiré.
Veuillez poursuivre, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je vous remercie infiniment de ce retrait, monsieur
Trucy.
Le Gouvernement est hostile, pour les raisons que je viens d'évoquer, aux
autres amendements qui ont été présentés par le groupe communiste républicain
et citoyen. Je le regrette, mais je crois, monsieur Coquelle, vous avoir donné
suffisamment d'assurance - puisque Gaz de France reste une entreprise publique
dédiée fondamentalement au service public - pour que vous acceptiez peut-être
de les retirer.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 45 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste
républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
Nombre de votants | 314 |
Nombre de suffrages exprimés | 314 |
Majorité absolue des suffrages | 158 |
Pour l'adoption | 30 |
Contre | 284 |
Mme Hélène Luc. C'est bien dommage !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 29 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je mets aux voix l'article 38.
(L'article 38 est adopté.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je voudrais évoquer un sujet préoccupant, celui de l'avenir du groupe Bull.
Nous avons, tout à l'heure, voté un amendement qui permet à l'Etat, bien qu'actionnaire minoritaire, de contribuer à une remise à niveau des fonds propres de ce groupe. Mais cela nécessite, après que ce dispositif technique a été adopté, de recevoir quelques informations sur la situation économique et les perspectives de cette entreprise.
Nous savons, mes chers collègues, que, depuis 1993, l'actionnariat de Bull est très éclaté. Il n'y a pas un actionnaire dominant : l'Etat, 16,3 % ; France Télécom, 16,9 % ; Motorola, 16,9 % ; NEC, 16,9 %, et Dai Nippon Printing, 5 %. Ces actionnaires se sont sans doute plutôt neutralisés les uns les autres ces dernières années, et force est de constater qu'ils n'ont pas fait collectivement le choix du développement du groupe.
Le déclin de Bull n'a cessé de se prononcer. Rappelons simplement qu'en 1990 ses salariés étaient au nombre de 43 000. Aujourd'hui, après la cession d'Integris Europe, ils ne seront plus, en France, que 8 000.
Par ailleurs, entre 1997 et 2000, le groupe est passé d'un résultat net de 92 millions d'euros, résultat positif - l'un des rares résultats positifs de l'histoire récente de la compagnie -, à une perte de 243 millions d'euros. Son capital a fondu de 557 millions d'euros en 1998 à 86 millions d'euros en 2000. La dette nette a, elle, bondi de 148 millions d'euros à 301 millions d'euros en 2000. Les investissements ont dû être considérablement réduits. Tous les indicateurs - et je ne parle pas du cours de l'action Bull par rapport au CAC 40 - n'ont cessé de s'inscrire de manière très défavorable.
On envisage actuellement d'accorder un sursis, et nous voudrions bien comprendre quel avenir se cache derrière ces mouvements peut-être momentanés.
Chacun a pu observer que la nomination d'un nouveau président-directeur général de l'entreprise ayant une forte légitimité professionnelle dans le secteur de l'informatique est un signal tout à fait favorable. C'est un P-DG qui a le profil d'un « développeur », et non pas celui d'un administrateur des affaires courantes pour le compte d'une entreprise en difficulté.
J'en viens à mes questions, monsieur le secrétaire d'Etat.
Bull recevrait une avance d'actionnaire de l'Etat de 100 millions d'euros grâce aux modalités juridiques que nous avons adoptées tout à l'heure. Dans quel cadre cette avance va-t-elle s'inscrire ? Les autres actionnaires vont-ils participer à l'effort ? La Commission de Bruxelles ne créera-t-elle pas de difficultés pour ces renforcements des fonds propres du groupe Bull ? Plus largement, quel avenir peut-on imaginer pour ce goupe ? Un journal économique titrait, il n'y a pas longtemps : « Bull n'est plus qu'une grosse PME sur le marché des serveurs. » Il est vrai que les cessions d'actifs se sont précipitées en un an : CP8, l'activité de cartes à puce vendue à Schlumberger, les activités de services Intégris, etc.
Le périmètre de l'entreprise ne recouvre plus que la distribution de PC Intel et de serveurs Unix, la fabrication de grands serveurs propriétaires et la maintenance associée, soit un chiffre d'affaires de l'ordre de 500 millions d'euros.
Beaucoup d'analystes considèrent que la taille actuelle de Bull est clairement insuffisante à l'échelle européenne et, a fortiori , mondiale. Dès lors, quelle stratégie choisir après un président, Jean-Marie Descarpentries, qui a misé sur le développement, et un président, Guy de Panafieu, qui a beaucoup élagué ?
Le nouveau président devrait, semble-t-il, à nouveau s'inscrire dans une optique de développement, mais la compagnie en aura-t-elle les moyens ? Un plan d'avenir représente un coût nécessairement élevé. Les actionnaires voudront-ils l'assumer ? Ce plan de développement est-il encore possible ? Monsieur le secrétaire d'Etat, une politique de développement de Bull est-elle encore crédible ?
Telles sont les quelques questions que je tenais à poser au moment où nous avons adopté un dispositif technique qui, en soi, n'est pas l'essentiel. L'essentiel est en effet de savoir si Bull a un avenir et si cet avenir est à notre portée, en d'autres termes si l'on se borne à figer, en quelque sorte, la situation dans une période un peu critique au vu du calendrier, ou bien si, véritablement, on joue l'avenir. Et cet avenir est-il à la portée du groupe tel qu'il est devenu aujourd'hui ?
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. Je remercie M. le rapporteur général de ses importantes questions sur l'entreprise Bull. Cela nous éloigne un peu du sujet de ce soir, mais je saisis l'opportunité que m'offre M. le rapporteur général pour donner, sans doute de manière trop lapidaire - il voudra bien m'en excuser - l'avis du Gouvernement sur cette entreprise.
A l'image de nombreuses autres entreprises du secteur, Bull est en difficulté ; vous avez égréné les chiffres la concernant voilà un instant. La situation est grave, et l'impasse de trésorerie pour l'année qui vient est importante du fait du décalage dans le temps entre les dépenses de l'exercice 2002 et les recettes attendues par l'entreprise, notamment celles qui résulteront - c'est une illustration parmi quelques autres - de la vente du siège social de l'entreprise ou celles qui sont liées à la négociation avec Steria entreprise voilà quelques mois, dont les recettes ne viendront à échéance que dans quelques mois également.
Aujourd'hui, monsieur le rapporteur général, seul l'Etat, parmi les actionnaires importants que vous avez cités - Motorola, NEC, France Télécom, Dai Nippon Printing -, a fait son devoir en acceptant d'effectuer une avance d'actionnaire permise par la réforme du compte d'affectation spéciale, qui a été présentée par ma collègue Florence Parly. Cette avance d'actionnaire sera adaptée à la situation de l'entreprise. Elle s'effectuera, je vous rassure, dans un cadre européen, c'est-à-dire que l'opération sera notifiée conformément à l'indispensable transparence des aides au sauvetage de cette entreprise, transparence qui est exigée par la Commission.
Cette nouvelle donne met, hélas ! en évidence l'échec des stratégies précédentes, la dernière en date ayant été celle qui a été menée avec courage, mais qui s'est avérée insuffisante, par l'ancien président-directeur général de l'entreprise : développement des cartes à puce, développement des services informatiques, développement des gros serveurs. Cette longue stratégie, qui devait a priori assurer la sortie de crise de l'entreprise, s'est terminée par un recentrage sur les gros serveurs, lui-même ayant échoué au cours des derniers mois.
Mais, s'il y a échec de la stratégie, il n'y a pas mise en cause des qualités techniques, des remarquables compétences des salariés du groupe, ni de ses capacités de recherche, d'innovation et d'adaptation de la plupart de ses produits et services aux demandes qui s'expriment sur le marché. Toutefois, globalement, la stratégie a échoué.
Les actionnaires ont donc nommé - et vous avez eu la gentillesse de le reconnaître, monsieur le rapporteur général - un homme remarquable, un professionnel, M. Bonelli, qui est reconnu dans le secteur de l'informatique, pour faire des propositions qui doivent restaurer la marge de manoeuvre de Bull.
Il est trop tôt pour pouvoir dire vers quelle solution concrète s'orientera le nouveau président et quelles lignes directrices il proposera au conseil d'administration. Je souhaite que ses propositions soient de nature à reconstituer un pôle d'actionnaires stables, porteur d'une stratégie industrielle solide qui assure l'avenir de Bull. Je ne peux pas en dire plus ce soir. Laissons M. Bonelli et ses équipes travailler, laissons-le présenter, vraisemblablement dans les prochains mois, voire dans les prochaines semaines - le plus vite possible sera le mieux, disons dans les meilleurs délais - une stratégie crédible, une stratégie adaptée et une stratégie qui permette d'assurer la longévité de l'entreprise. C'est le voeu que forme l'Etat actionnaire, c'est le voeu que forme le Gouvernement.
Il est certain qu'une fois encore, avec le gouvernement de Lionel Jospin, nous montrons avec quelle conscience, quelle volonté, quel volontarisme même, nous souhaitons assurer un avenir à un secteur où la France figure parmi les leaders mondiaux. Il s'agit d'une entreprise emblématique d'une aventure de plusieurs dizaines d'années. Celle-ci ne doit pas se terminer par un échec. Elle doit exprimer la confiance dans les équipes d'une grande entreprise et déboucher sur un renouveau de cette entreprise dans les toutes prochaines semaines.
Articles additionnels après l'article 26 septies (suite)
M. le président.
L'amendement n° 33, présenté par MM. Delevoye, Cazalet, Gournac, Guené,
Guerry, Lanier, Oudin, Doligé, Joyandet, Karoutchi, Le Grand et Del Picchia,
est ainsi libellé :
« Après l'article 26
septies,
insérer un article additionnel ainsi
rédigé :
« Le 1 du II de l'article 1639 A
bis
du code général des impôts est
complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation aux dispositions du premier alinéa, les délibérations des
établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre, au
titre de l'article 1520, du III de l'article 1521 et de l'article 1609
nonies
A
ter,
relatives à l'institution de la taxe d'enlèvement
des ordures ménagères et à ses éventuelles exonérations ou réductions, peuvent
être prises jusqu'au 15 janvier 2002, pour pouvoir être applicables en 2002.
»
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin.
L'Assemblée nationale a adopté, dans le projet de loi de finances pour 2002,
un amendement permettant aux établissements publics de coopération
intercommunale à fiscalité propre, compétents en matière de déchets ménagers et
adhérant à un syndicat mixte pour l'ensemble de cette compétence, de décider de
percevoir la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, soit pour leur propre
compte, en déterminant, le cas échéant, les différentes zones de perception,
dans le cas où le syndicat mixte n'aurait pas institué la taxe ou la redevance,
soit en lieu et place du syndicat mixte qui aurait institué la taxe sur
l'ensemble du périmètre syndical.
Le présent amendement prévoit que cette disposition puisse s'appliquer dès
l'année 2002, alors que la date limite de délibération est habituellement fixée
au 15 octobre.
Ce délai aurait d'ailleurs pu être prorogé au-delà du 15 janvier, mais je
souhaite que cet amendement puisse aider les collectivités locales qui sont,
comme la mienne, dans ce cas.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
L'article 56
septies
du projet de loi de
finances pour 2002, qui a donné lieu à de longs débats en commission, prévoit
un assouplissement du mode de perception par les EPCI de la taxe et de la
redevance d'enlèvement des ordures ménagères. Le dispositif préconisé par MM.
Delevoye et Oudin tend à compléter cet article 56
septies
en apportant
également un assouplissement, notamment en matière de date.
Nos collègues souhaitent voir la réforme mise en oeuvre le plus tôt possible.
Comprenant leur motivation, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par le Gouvernement et pour
lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 26
septies
.
Article 27
M. le président.
« Art. 27. - I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - Dans le tableau suivant, les montants exprimés en francs sont remplacés
par les montants en euros qui y figurent :
ARTICLES du code général des impôts |
FRANCS |
EUROS |
---|---|---|
Art. 5 | 24 000 | 7 250 |
. | 26 200 | 7 920 |
Art. 39 ter A | 16 000 000 | 2 440 000 |
. | 30 | 4,60 |
Art. 81 | 10 000 | 1 525 |
. | 20 000 | 3 050 |
. | 50 000 | 7 650 |
Art. 83 | 100 000 | 15 250 |
Art. 145 | 150 000 000 | 22 800 000 |
Art. 151 septies | 1 000 000 | 152 600 |
Art. 156 | 350 000 | 53 360 |
. | 2 630 | 795 |
Art. 157 bis | 5 260 | 1 590 |
. | 32 500 | 9 790 |
. | 52 600 | 15 820 |
Art. 158 | 8 000 | 1 220 |
. | 16 000 | 2 440 |
Art. 163 octodecies A | 100 000 | 15 250 |
Art. 168 | 287 750 | 48 700 |
Art. 182 A | 20 000 | 9 839 |
. | 60 000 | 28 548 |
Art. 199 quater F | 1 000 | 153 |
. | 1 200 | 183 |
. | 45 000 | 6 864 |
Art. 199 decies E | 90 000 | 13 728 |
. | 300 000 | 45 760 |
. | 600 000 | 91 520 |
Art. 199 undecies A | 10 000 | 1 525 |
. | 30 000 000 | 4 600 000 |
. | 2 000 000 | 300 000 |
Art. 199 undecies B | 5 000 000 | 760 000 |
. | 10 000 000 | 1 525 000 |
Art. 199 octodecies | 200 000 | 30 500 |
Art. 200 quinquies | 10 000 | 1 525 |
Art. 200 A | 1 000 000 | 152 500 |
. | 250 000 | 38 120 |
Art. 219 | 50 000 000 | 7 630 000 |
. | 150 000 000 | 22 800 000 |
Art. 231 | 32 800 | 6 563 |
. | 65 600 | 13 114 |
. | 6 | 0,90 |
. | 12 | 1,80 |
. | 19 | 2,90 |
Art. 231 ter | 21 | 3,20 |
. | 26 | 4 |
. | 37 | 5,60 |
. | 44 | 6,70 |
. | 74 | 11,30 |
Art. 302 bis MA | 5 000 000 | 763 000 |
Art. 302 bis ZA | 6 centimes par kWh | 9,15 pour 1 000 kWh |
. | 1,5 centime par kWh | 2,30 pour 1 000 kWh |
Art. 302 bis D | 5 000 000 | 763 000 |
Art. 730 bis | 500 | 75 |
Art. 757 B | 200 000 | 30 500 |
Art. 810 ter | 1 500 | 230 |
. | 50 000 | 7 623 |
Art. 953 | 200 | 30 |
Art. 990 I | 1 000 000 | 152 500 |
. | 100 | 15 |
. | 5 000 | 785 |
. | 6 500 | 1 021 |
Art. 1414 A | 11 500 | 1 806 |
. | 12 000 | 1 883 |
. | 22 500 | 3 533 |
. | 27 000 | 4 241 |
. | 30 000 | 4 712 |
. | 11 790 | 1 851 |
. | 12 470 | 1 958 |
. | 15 020 | 2 359 |
. | 19 070 | 2 994 |
. | 22 660 | 3 558 |
. | 24 230 | 3 806 |
Art. 1417 | 25 350 | 3 981 |
. | 26 600 | 4 177 |
. | 44 110 | 6 928 |
. | 52 200 | 8 198 |
. | 54 570 | 8 570 |
. | 103 710 | 16 290 |
. | 125 350 | 19 688 |
. | 137 370 | 21 576 |
Art. 1465 B | 262 000 000 | 40 000 000 |
. | 745 000 | 113 600 |
Art. 1466 A | 815 000 | 124 250 |
. | 2 010 000 | 306 430 |
. | 2 205 000 | 336 150 |
Art. 1466 B | 2 010 000 | 306 430 |
. | 2 205 000 | 336 150 |
. | 410 | 73 |
. | 750 | 134 |
. | 1 070 | 192 |
Art. 1585 D | 1 220 | 220 |
. | 1 520 | 273 |
. | 2 140 | 386 |
. | 2 215 | 399 |
. | 2 910 | 524 |
Art. 1609 duodecies | 500 000 | 76 300 |
Art. 1649 quater B | 3 000 | 460 |
Art.1657 | 400 | 61 |
Art. 1679 | 5 500 | 840 |
. | 11 000 | 1 680 |
Art. 1679 A | 33 000 | 5 185 |
« B. - L'article 150-0A est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa du 1 du I, le montant " 50 000 F " est remplacé par les
montants : " 7 623 EUR " pour les cessions réalisées au cours de l'année 2001
et : " 7 650 EUR " pour les cessions réalisées à compter du 1er janvier 2002
;
« 2° Au deuxième alinéa du 1 du I et au 2 du II, les mots : " de 50 000 F "
sont supprimés.
« C. - Aux articles 157
bis
, 200 et 231, les mots : " à la dizaine de
francs supérieure " sont remplacés par les mots : " à l'euro supérieur ".
« D. - Aux articles 5 et 157
bis
, les mots : " à la centaine de francs
supérieure " sont remplacés par les mots : " à la dizaine d'euros supérieure
".
« E. - Au III de l'article 182 A, l'année " 1977 " est remplacée par l'année "
2002 ".
« F. - Aux I et II de l'article 1417, les années " 2000 " et " 1999 " sont
respectivement remplacées par les années : " 2002 " et " 2001 " et au III du
même article, l'année " 2001 " est remplacée par l'année " 2003 ".
« G. - Le I de l'article 1585 D est ainsi modifié :
« 1° Au troisième alinéa, la date : " 15 juillet 1991 " est remplacée par la
date : " 1er janvier 2002 " ;
« 2° Les deux derniers alinéas sont remplacés par un alinéa ainsi rédigé :
« Ces valeurs fixées à la date de promulgation de la loi de finances
rectificative pour 2001 (n° du ) sont modifiées au 1er janvier de
chaque année en fonction du dernier indice du coût de la construction publié
par l'Institut national de la statistique et des études économiques. »
« H. - A l'article 1679 A, la date : " 1er janvier 2000 " et les mots : " à la
dizaine de francs la plus proche " sont remplacés respectivement par la date :
" 1er janvier 2002 " et les mots : " à l'euro le plus proche ".
« I. - L'article 1519 est ainsi modifié :
« 1° Les 1°, 1°
bis
et 1°
ter
du II sont ainsi rédigés :
« 1° A compter du 1er janvier 2002, les taux de la redevance communale des
mines sont fixés à :
« - 41,9 EUR par kilogramme d'or contenu pour les minerais aurifères ;
« - 172 EUR par quintal d'uranium contenu pour les minerais d'uranium ;
« - 78,9 EUR par tonne d'oxyde de tungstène (WO3) contenu pour les minerais de
tungstène ;
« - 143 EUR par quintal d'argent contenu pour les minerais argentifères ;
« - 338 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour la bauxite ;
« - 440 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour la fluorine ;
« - pour le chlorure de sodium :
« - 419 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour le sel extrait par
abattage ;
« - 254 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour le sel extrait en
dissolution par sondage et livré raffiné ;
« - 85,1 EUR par millier de tonnes de chlorure de sodium contenu pour le sel
extrait en dissolution par sondage et livré en dissolution ;
« - 135 EUR par centaine de tonnes nettes extraites pour le charbon ;
« - 556 EUR par centaine de tonnes nettes extraites, pour les gisements de
pétrole brut mis en exploitation avant le 1er janvier 1992 ;
« - 5,05 EUR par tonne nette livrée pour le propane et le butane ;
« - 4,59 EUR par tonne nette livrée pour l'essence de dégazolinage ;
« - 1,45 EUR par tonne de soufre contenu pour les minérais de soufre autres
que les pyrites de fer ;
« - 518 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les lignites d'un
pouvoir calorifique égal ou supérieur à 13 MJ/kg ;
« - 126 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les lignites d'un
pouvoir calorifique nférieur à 13 MJ/kg ;
« - 189 EUR par 100 000 mètres cubes extraits à 1 bar et 15 °C pour le gaz
carbonique ;
« - 871 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les calcaires et grès
bitumineux ou asphaltiques (non destinés à la distillation pour production
d'huiles ou d'essence) ;
« - 29,1 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les schistes
carbobitumineux et schistes bitumineux (à traiter par distillation pour en
extraire des huiles et des essences) ;
« - 291 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour la pyrite de fer ;
« - 200 EUR par millier de tonnes nettes livrées de minérals de fer ;
« - 7,04 EUR par tonne d'antimoine contenu dans les minerais d'antimoine ;
« - 365 EUR par centaine de tonnes de plomb contenu dans les minerais de plomb
;
« - 291 EUR pa«r centaine de tonnes de zinc contenu dans lesm inerais de zinc
;
« - 70,4 EUR par tonne d'étain contenu dans les minerais d'étain ;
« - 11,4 EUR par tonne de cuivre contenu dans les minerais de cuivre ;
« - 389 EUR par millier de tonnes d'arsenic contenu dans les minerais
d'arsenic ;
« - 34 EUR par tonne de bismuth contenu dans les minerais de bismuth ;
« - 216 EUR par centaine de tonnes de manganèse contenu dans les minerais de
manganèse ;
« - 143 EUR par tonne de molybdène contenu dans les minerais de molybdène ;
« - 29,1 EUR par tonne de Li²0 contenu dans les minerais de lithium ;
« - 153 EUR par centaine de tonnes de K²0 contenu dans les sels de potassium
;
« - 186 EUR par 100 000 mètres cubes extraits, pour les gisements de gaz
naturel mis en exploitation avant le 1er janvier 1992 ;
« 1°
bis
Pour les gisements en mer situés jusqu'à une limite de 1 mille
marin au-delà des lignes de base définies à l'article 1er de la loi n° 71-1060
du 24 décembre 1971 relative à la délimitation des eaux territoriales
françaises, les taux de la redevance communale des mines sont fixés à :
« - 25,3 EUR par 100 000 mètres cubes extraits pour le gaz naturel ;
« - 86,1 EUR par centaine de tonnes nettes extraites pour le pétrole brut.
« Lorsqu'il existe plusieurs lignes de base, celle qui est la plus proche de
la côte est utilisée ;
« 1°
ter
Pour les gisements mis en exploitation à compter du 1er
janvier 1992, les taux de la redevance communale des mines sont fixés à :
« - 59,6 EUR par 100 000 mètres cubes extraits pour les gisements de gaz
naturels ;
« - 206 EUR par centaine de tonnes nettes extraites pour les gisements de
pétrole brut ;
« 2° Le 1°
quater
du II est abrogé ;
« 3° Dans le 2° du II et dans le premier alinéa du IV, les mots : "et au 1°
bis
" et les mots : ", 1°
bis
" sont supprimés.
4« J. - L'article 1587 est ainsi modifié :
« 1° Les 1°, 1°
bis
et 1°
ter
du II sont ainsi rédigés :
« 1° A compter du 1er janvier 2002, les taux de la redevance départementale
des mines sont fixés à :
« - 8,34 EUR par kilogramme d'or contenu pour les minerais aurifères ;
« - 34,2 EUR par quintal d'uranium contenu pour les minerais d'uranium ;
« - 15,5 EUR par tonne d'oxyde de tungstène (WO3) contenu pour les minerais de
tungstène ;
« - 28,6 EUR par quintal d'argent contenu pour les minerais argentifères ;
« - 67,7 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour la bauxite ;
« - 89,3 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour la fluorine ;
« - pour le chlorure de sodium ;
« - 85,1 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour le sel extrait par
abattage ;
« - 50 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour le sel extrait en
dissolution par sondage et livré raffiné ;
« - 16,5 EUR par millier de tonnes de chlorure de sodium contenu pour le sel
extrait en dissolution par sondage et livré en dissolution ;
« - 65,6 EUR par centaine de tonnes nettes extraites pour le charbon ;
« - 715 EUR par centaine de tonnes nettes extraites, pour les gisements de
pétrole but mis en exploitation avant le 1er janvier 1992 ;
« - 3,91 EUR par tonne nette livrée pour le propane et le butane ;
« - 3,43 EUR par tonne nette livrée pour l'essence de dégazolinage ;
« - 1,11 EUR par tonne de soufre contenu pour lesm inerais de soufre autres
que les pyrites de fer ;
« - 102 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les lignites d'un
pouvoir calorifique égal ou supérieur à 13 MJ/kg ;
« - 27,8 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les lignites d'un
pouvoir calorifique inférieur à 13 MJ/kg ;
« - 38,8 EUR par 100 000 m³ extraits à 1 bar et 15 OC pour le gaz carbonique
;
« - 173 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les calcaires et grès
bitumineux ou asphaltiques (non destinés à la distillation pour production
d'huiles ou d'essences) ;
« - 5,94 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour les schistes
carbobitumineux et schistes bitumineux (à traiter par distillation pour en
extraire des huiles et des essences) ;
« - 59,4 EUR par millier de tonnes nettes livrées pour la pyrite de fer ;
« - 41,5 EUR par millier de tonnes nettes livrées de minérais de fer ;
« - 1,41 EUR par tonne d'antimoine contenu dans les minerais d'antimoine ;
« - 70,4 EUR par centaine de tonnes de plomb contenu dans les minerais de
plomb ;
« - 59,4 EUR par centaine de tonnes de zinc contenu dans les minerais de zinc
;
« - 14 EUR par tonne d'étain contenu dans les minerais d'étain ;
« - 2,24 EUR par tonne de cuivre contenu dans les minerais de cuivre ;
« - 78,9 EUR par millier de tonnes d'arsenic contenu dans les minerais
d'arsenic ;
« - 6,97 EUR par tonne de bismuth contenu dans les minerais de bismuth ;
« - 43,8 EUR par centaine de tonnes de manganèse contenu dans les minerais de
manganèse ;
« - 29,1 EUR par tonne de polybdène contenu dans les minerais de molybdène
;
« - 5,89 EUR par tonne de Li²0 contenu dans les minerais de lithium ;
« - 30,3 EUR par centaine de tonnes de K²0 contenu dans les sels de potassium
;
« - 272 EUR par 100 000 mètres cubes extraits pour les gisements de gaz
naturel mis en exploitation avant le 1er janvier 1992 ;
« 1°
bis
Pour les gisements en mer situés jusqu'à une limite de 1 mille
marin au-delà des lignes de base définies à l'article 1er de la loi n° 71-1060
du 24 décembre 1971 relative à la délimitation des eaux territoriales
françaises, les taux de la redevance départementale des mines sont fixés à :
« - 31,9 EUR par 100 000 mètres cubes extraits pour le gaz naturel ;
« - 111 EUR par centaine de tonnes nettes extraites pour le pétrole brut ;
« Lorsqu'il existe plusieurs lignes de base, celle qui est la plus proche de
la côte est utilisée ;
« 1°
ter
Pour les gisements mis en exploitation à compter du 1er
janvier 1992, les taux de la redevance départementale des mines sont fixés à
:
« - 75,4 EUR par 100 000 mètres cubes extraits pour les gisements de gaz
naturel ;
« - 262 EUR par centaine de tonnes nettes estraites pour les gisements de
pétrole brut ;
« 2° Le 1°
quater
du II est abrogé ;
« 3° Dans le 2° du II dans le premier alinéa du III, les mots : "et au 1°
bis
" et les mots : ", 1°
bis
" sont supprimés.
« K. - Les dispositions des I et J entrent en vigueur au 1er janvier 2002.
« L. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 1519 A, l'année
: "1980" ainsi que les montants : "1 000 F" et "2 000 F" sont respectivement
remplacés par l'année : "2002" ainsi que par les montants : "1 203 EUR" et "2
406 EUR".
« II. - Dans le code des douanes, les montants exprimés en francs dans le
tableau suivant sont remplacés par les montants en euros qui y figurent :
Articles du code des douanes |
Francs |
Euros |
---|---|---|
Art. 266 bis | 2 000 |
300 |
Art. 266 decies | 1 000 000 |
152 500 |
Art. 285 sexies | 400 | 61 |
« III. - Dans le code monétaire et financier, les montants exprimés en francs dans le tableau suivant sont remplacés par les montants en euros qui y figurent :
Articles du code monétaire et financier |
Francs |
Euros |
---|---|---|
Art. L. 112-6 | 3 000 |
450 |
Art. L. 112-8 | 20 000 |
3 000 |
Art. L. 131-75 | 1 000 |
150 |
Art. L. 131-82 | 100 |
15 |
Art. L. 152-1 | 50 000 |
7 600 |
Art. L. 213-12 | 250 000 |
38 000 |
Art. L. 213-23 | 5 000 |
750 |
Art. L. 515-4 | 10 | 1,5 |
« IV. - A l'article L. 130-1 du code de la sécurité sociale, après les mots :
"visées au présent code", sont insérés les mots : "et au code rural".
« V. - A l'article 21 de la loi de finances rectificative pour 1966 (n° 66-948
du 22 décembre 1966), le montant : "50 F" est remplacé par le montant : "8
EUR".
« VI. - L'article 28 de la loi de finances rectificative pour 1984 (n° 84-1209
du 29 décembre 1984) est ainsi rédigé :
«
Art. 28
. - Les créances de l'Etat et des organismes publics
constatées au moyen d'un ordre de recettes sont arrondies à l'euro le plus
proche, la fraction d'euro égale à 0,50 est comptée pour 1. »
« VII. - A. - Au 1° de l'article 1er-1 de la loi n° 85-695 du 11 juillet 1985
portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, les montants :
"65 millions de francs" et "250 000 F" sont respectivement remplacés par les
montants : "10 millions d'euros" et "38 120 EUR".
« B. - Les dispositions du A s'appliquent aux exercices clos à compter du 31
décembre 2001.
« VIII. - Au premier alinéa du II de l'article 93 de la loi de finances pour
1985 (n° 84-1208 du 29 décembre 1984), les tarifs : "0,235 centime par tonne
kilométrique" et "0,105 centime par tonne kilométrique" sont respectivement
remplacés par les tarifs : "36 centimes par millier de tonnes kilométriques" et
"16 centimes par millier de tonnes kilométriques".
« IX. - Au
b
du II de l'article 124 de la loi de finances pour 1991 (n°
90-1168 du 29 décembre 1990), les mots : "1 et 3 centimes par mètre cube
prélevable ou rejetable" sont remplacés par les mots : "1,5 et 4,6 EUR par
millier de mètres cubes prélevables ou rejetables".
« X. - L'ordonnance n° 2000-916 du 19 septembre 2000 portant adaptation de la
valeur en euros de certains montants exprimés en francs dans les textes
législatifs est ainsi modifiée :
« 1° A l'annexe III, les lignes relatives aux articles 81, 83, 150-0 A, 158,
163
bis
A, 163
octodecies
A, 302
bis
MA, 302
bis
ZC, 757 B, 990 I, 1609
duodecies
et 1679 sont supprimées. Sont également
supprimées les lignes relatives à l'article 199
quater
F faisant
respectivement référence aux montants : "1 000 F" et "150 EUR" et aux montants
: "1 200 F" et "180 EUR", à l'article 302
bis
ZD faisant référence aux
montants : "2 500 000 F" et "380 000 EUR" ainsi qu'à l'article 1657 faisant
référence aux montants : "200 F" et "30 EUR" ;
« 2° A l'annexe IV, les lignes relatives aux articles 145, 158, 199
decies
E, 302
bis
ZA, 730
bis
, 1414
bis
ainsi qu'à
l'article 156 faisant référence aux montants : "200 000 F" et "30 490 EUR" sont
supprimées ;
« 3° A l'annexe V, la ligne relative à l'article 266
bis
faisant
référence aux montants : "500 F" et "76 EUR" est supprimée.
« XI. - Les dispositions de l'ordonnance n° 2000-916 du 19 septembre 2000
précitée s'appliquent à l'impôt sur le revenu établi au titre de l'année
2001.
« XII. - L'anticipation des dispositions de l'ordonnance n° 2000-916 du 19
septembre 2000 précitée à l'impôt sur le revenu 2001 ne s'applique pas à celles
qui concernent les revenus industriels et commerciaux, non commerciaux et
agricoles.
« XIII. - Les dispositions du présent article entrent en vigueur à compter du
1er janvier 2002, à l'exception de celles concernant l'impôt sur le revenu qui
s'appliquent dans les mêmes conditions qu'aux XI et XII. »
L'amendement n° 84, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Dans le tableau figurant au III de l'article 27, supprimer la ligne relative
à l'article L. 131-75 du code monétaire et financier. »
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit d'un amendement de coordination législative.
La loi portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et financier
ayant procédé à la conversion en euros de l'article L. 131-75 du code monétaire
et financier, cette disposition est devenue inutile dans le projet de loi de
finances rectificative.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Favorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 84, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 62 rectifié, présenté par MM. Arnaud, Alduy, Bécot, Dulait,
Franchis, Moinard et Zocchetto, Mmes Férat, Létard, Papon et les membres du
groupe de l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Dans la colonne "Euros" du tableau figurant au III de l'article 27,
remplacer le montant : "15" par le montant : "30". »
La parole est à M. Détraigne.
M. Yves Détraigne.
L'article L. 131-82 du code monétaire et financier fixe à 100 francs le
montant de la garantie par les banques du paiement des petits chèques. Ce
montant, qui a été déterminé en 1975 par la loi du 4 janvier 1975, n'a pas
évolué depuis.
Compte tenu de l'érosion monétaire de ces vingt-cinq dernières années et du
passage à l'euro, le présent amendement a pour objet de réactualiser le montant
de la garantie des petits chèques en le portant à trente euros.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission craint que des dispositions de cette
nature ne puissent être interprétées comme un encouragement donné aux
consommateurs, du moins à certains d'entre eux, d'émettre des chèques sans
provision.
Nous rappelons, par ailleurs, que des avancées ont été faites, dans le récent
projet de loi portant mesures urgentes de réformes à caractère économique et
financier, en ce qui concerne la réglementation des chèques sans provision :
une pénalité réduite a été prévue pour les petits chèques sans provision ainsi
qu'une procédure d'alerte du client par son banquier. Il ne nous semble pas
indispensable, à ce stade, d'aller au-delà. C'est pourquoi la commission
demande le retrait de cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je partage l'avis de M. le rapporteur général.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur Détraigne ?
M. Yves Détraigne.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 62 rectifié est retiré.
L'amendement n° 87, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :
« Compléter le X de l'article 27 par un alinéa ainsi rédigé :
« ...° A l'annexe IV, le montant de : "229 EUR" relatif à l'article 1664 du
code général des impôts est remplacé par le montant de : "296 EUR". »
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
L'ordonnance n° 2000-916 avait converti et arrondi à
229 euros le seuil de 1 500 francs prévu à l'article 1664 du code général des
impôts qui conditionne le paiement de l'impôt sur le revenu par acomptes ou
tiers provisionnels. Ce seuil est relevé chaque année dans la même proportion
que la limite supérieure de la première tranche du barème de l'impôt sur le
revenu. Il s'élève à 296 euros pour le paiement de l'impôt sur le revenu de
l'année 2001.
Je vous propose donc un amendement de précision qui permet d'adapter la
législation fiscale à l'euro au 1er janvier 2002, en procédant à la
substitution du montant de 229 euros par celui de 296 euros.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Avis favorable, monsieur le président.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 87, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 27, modifié.
(L'article 27 est adopté.)
Articles 28 et 28 bis
M. le président.
« Art. 28. - I. - L'article 1609
duovicies
du code général des impôts
est ainsi rédigé :
« Art. 1609
duovicies.
- I. - Il est perçu une taxe spéciale sur les
billets d'entrée dans les salles de spectacles cinématographiques due
mensuellement par les exploitants de ces salles. Cette taxe est due quels que
soient le procédé de fixation ou de transmission et la nature du support des
oeuvres ou documents audiovisuels qui y sont présentés.
« II. - La taxe spéciale est perçue dans les salles où sont données au moins
deux séances par semaine. Toutefois, la taxe n'est pas perçue dans les salles
définies comme petites exploitations dont les exploitants auront renoncé au
bénéfice du régime de soutien financier de l'Etat à l'industrie
cinématographique.
« Les petites exploitations cinématographiques sont celles qui enregistrent
moins de 1 200 entrées hebdomadaires en moyenne pendant une période continue
d'une année civile et qui réalisent moins de 370 EUR de recettes hebdomadaires
en moyenne pendant la même période. Ces conditions sont appréciées par
salle.
« Un décret fixe les modalités d'application de cette disposition et,
notamment, la durée de validité de la renonciation mentionnée au premier
alinéa.
« Les représentations assujetties au paiement de la taxe spéciale sont
soumises aux dispositions du code de l'industrie cinématographique.
« III. - La taxe est assise sur le prix des billets d'entrée délivrés aux
spectateurs pendant les semaines cinématographiques achevées au cours du mois
considéré.
« Le prix des billets d'entrée s'entend du prix effectivement acquitté par le
spectateur ou, en cas de formule d'accès au cinéma donnant droit à des entrées
multiples, du prix de référence par place sur lequel s'engage l'exploitant de
salle et qui constitue la base de la répartition des recettes entre ce dernier
et le distributeur et les ayants-droit de chaque oeuvre cinématographique.
« IV. - La taxe spéciale est due selon le tarif ci-après :
« - 0,03 EUR pour les places dont le prix est égal ou inférieur à 0,70 EUR
;
« - 0,11 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 0,70 EUR et
inférieur à 0,90 EUR ;
« - 0,13 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 0,90 EUR et
inférieur à 1,00 EUR ;
« - 0,16 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 1,00 EUR et
inférieur à 1,20 EUR ;
« - 0,18 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 1,20 EUR et
inférieur à 1,50 EUR ;
« - 0,22 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 1,50 EUR et
inférieur à 1,60 EUR ;
« - 0,23 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 1,60 EUR et
inférieur à 1,70 EUR ;
« - 0,24 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 1,70 EUR et
inférieur à 1,80 EUR ;
« - 0,25 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 1,80 EUR et
inférieur à 1,90 EUR ;
« - 0,26 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 1,90 EUR et
inférieur à 2,00 EUR ;
« - 0,27 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 2,00 EUR et
inférieur à 2,10 EUR ;
« - 0,28 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 2,10 EUR et
inférieur à 2,30 EUR ;
« - 0,29 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 2,30 EUR et
inférieur à 2,50 EUR ;
« - 0,30 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 2,50 EUR et
inférieur à 2,60 EUR ;
« - 0,32 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 2,60 EUR et
inférieur à 2,70 EUR ;
« - 0,34 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 2,70 EUR et
inférieur à 2,80 EUR ;
« Pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 2,80 EUR et inférieur à
4,30 EUR la taxe est majorée de 0,01 EUR chaque fois que le prix de la place
atteint un multiple de 0,10 EUR ;
« - 0,50 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 4,30 EUR et
inférieur à 4,70 EUR ;
« - 0,52 EUR pour les places dont le prix est égal ou supérieur à 4,70 EUR et
inférieur à 4,80 EUR ;
« Au-delà, la taxe est majorée de 0,01 EUR chaque fois que le prix de la place
atteint un multiple de 0,10 EUR.
« Ces taux sont multipliés par 1,5 en cas de projection de films de caractère
pornographique ou d'incitation à la violence.
« Les spectacles cinématographiques auxquels s'appliquent ces dispositions
sont désignés par le ministre chargé de la culture et de la communication après
avis de la commission de classification des films cinématographiques. Les
réclamations et les recours contentieux relatifs à ces décisions sont instruits
par le ministère de la culture.
« V. - Le montant de la taxe peut entrer en compte dans la détermination de
l'assiette des divers impôts, taxes et droits de toute nature autres que la
taxe sur la valeur ajoutée auxquels est soumise la recette des salles de
spectacles cinématographiques.
« VI. - La taxe spéciale n'est pas perçue dans les salles des départements de
la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion.
« VII. - Les personnes redevables de la taxe doivent déposer pour chaque salle
de spectacles cinématographiques une déclaration conforme au modèle prescrit
par la direction générale des impôts et comportant les indications nécessaires
à l'assiette et à la perception de la taxe.
« Cette déclaration est souscrite auprès de la recette des impôts dont relève
la salle de spectacles cinématographiques. Elle est déposée en un seul
exemplaire avant le 25 du mois suivant celui au cours duquel les opérations
imposables ont été réalisées. La taxe est acquittée dans le même délai.
« VIII. - La taxe spéciale est recouvrée et contrôlée selon les mêmes
procédures et sous les mêmes sanctions, garanties, sûretés et privilèges que la
taxe sur la valeur ajoutée.
« Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les règles
applicables à cette même taxe. »
« II. - Le 11° de l'article 1697 du même code est abrogé.
« III. - L'article L. 177 A du livre des procédures fiscales est abrogé.
« IV. -
Supprimé. - (Adopté.)
« Art. 28
bis
. - Le deuxième alinéa de l'article 10 de la loi n° 81-766
du 10 août 1981 relative au prix du livre est ainsi rédigé :
« Le prix du livre est identique en métropole et dans les départements
d'outre-mer à compter du 1er janvier 2002 pour les livres scolaires et à
compter du 1er janvier 2003 pour les autres livres. » -
(Adopté.)
Article 29
M. le président.
« Art. 29. - I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - L'article 39 est complété par un 12 ainsi rédigé :
« 12. Lorsqu'il existe des liens de dépendance entre l'entreprise concédante
et l'entreprise concessionnaire, le montant des redevances prises en compte
pour le calcul du résultat net imposable selon le régime mentionné au 1 de
l'article 39
terdecies
n'est déductible du résultat imposable de
l'entreprise concessionnaire que dans le rapport existant entre le taux réduit
d'imposition applicable à ce résultat net et le taux normal prévu au deuxième
alinéa du I de l'article 219.
« Des liens de dépendance sont réputés exister entre deux entreprises :
« - lorsque l'une détient directement ou par personne interposée la majorité
du capital social de l'autre ou y exerce en fait le pouvoir de décision ;
« - lorsqu'elles sont placées l'une et l'autre, dans les conditions définies à
l'alinéa précédent, sous le contrôle d'une même tierce entreprise.
« Les modalités d'application du présent 12 sont fixées par décret en Conseil
d'Etat. »
« B. - Le 1 de l'article 93 est complété par un 8° ainsi rédigé :
« 8° Les redevances de concessions de produits de la propriété industrielle
définis à l'article 39
terdecies
. Lorsqu'il existe des liens de
dépendance entre le concédant et le concessionnaire, le montant des redevances
est déductible dans les conditions et limites fixées au 12 de l'article 39.
»
« C. - Le 1
bis
de l'article 39
terdecies
et le I
bis
de
l'article 93
quater
sont abrogés.
« D. - Les mots : "1
bis
de l'article 39
terdecies
" sont
remplacés par les mots : "12 de l'article 39" aux :
« -
e
du 3 du I de l'article 150-0 C ;
« - 2 du II de l'article 163
bis
G ;
« - deuxième alinéa du II de l'article 163
octodecies
A ;
« - deuxième alinéa du
b
et 2° du
f
du I de l'article 219 ;
« - troisième alinéa du I de l'article 235
ter
ZC ;
« - 4 de l'article 238
bis
;
« - premier alinéa du
h
de l'article 238
bis
HN ;
« - deuxième alinéa de l'article 1465 B.
« II. - L'article 39
ter
B du même code est ainsi modifié :
« A. - Au quatrième alinéa du 2, les mots : "; ce pourcentage peut être
abaissé à 20 % sur agrément du ministre de l'économie et des finances" sont
supprimés.
« B. - Le 3 est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa, les mots : "visées au 1" sont remplacés par les mots :
"mentionnées au 1 et situés en France métropolitaine ou dans les départements
d'outre-mer" ;
« 2° Le deuxième alinéa est ainsi rédigé :
« Les entreprises qui réalisent des investissements amortissables en remploi
de la provision doivent apporter à leurs résultats imposables, au même rythme
que l'amortissement, une somme égale au montant de ces investissements. Lorsque
la provision est remployée sous une autre forme, la même réintégration est
effectuée en une seule fois. » ;
« 3° Le troisième alinéa est complété par les mots : "et l'impôt correspondant
à cette réintégration est majoré de l'intérêt de retard prévu à l'article
1729".
« III. - A. - Les dispositions du A, du B et du C du I s'appliquent aux
redevances prises en compte à compter du 1er janvier 2002 dans les résultats
des concédants et concessionnaires.
« B. - Les dispositions du A du II s'appliquent aux demandes d'agrément qui
n'ont pas fait l'objet d'une décision avant le 14 novembre 2001.
« C. - Les dispositions du 1° et du 2° du B du II s'appliquent aux
investissements et travaux réalisés :
« - à compter du 1er janvier 2003, en remploi des provisions pour
reconstitution des gisements constituées au titre des exercices clos à compter
du 1er janvier 2001 et jusqu'au 31 décembre 2001 ;
« - à compter du 1er janvier 2002, en remploi des provisions pour
reconstitution des gisements constituées au titre des exercices clos à compter
de la même date.
« D. - Les dispositions du 3° du B du II s'appliquent aux provisions
constituées au titre des exercices clos à compter du 1er janvier 2001. »
L'amendement n° 68, présenté par M. Moreigne et les membres du groupe
socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
« A - Rédiger comme suit le 1° du B du II de l'article 29 :
« 1° Au premier alinéa, après les mots : "la provision", sont insérés les mots
: "lorsqu'elle excède cinq millions d'euros", et les mots : "visées au 1" sont
remplacés par les mots : "mentionnées au 1 et situés en France métropolitaine
ou dans les départements d'outre-mer". »
« B - Compléter
in fine
cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant de la modification du
montant de la provision visée au 3 de l'article 39
ter
B du code général
des impôts sont compensées à due concurrence par une hausse des droits prévus
aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Moreigne.
M. Michel Moreigne.
L'article 29 modifie la provision pour reconstitution des gisements de
substances minérales solides prévue à l'article 39
ter
B du code général
des impôts afin de mettre en conformité la fiscalité nationale avec la double
exigence communautaire de suppression des distorsions fiscales et de
suppression des aides aux entreprises.
Or cette modification suscite des inquiétudes de la part des entreprises qui
extraient des minéraux industriels destinés aux grands secteurs de
transformation et d'utilisation tels que le BTP, la chimie, la sidérurgie,
l'agriculture, la verrerie, le papier, l'assainissement. En effet, les PME, qui
constituent la majorité de la profession, sont dans l'obligation, pour durer,
d'investir chaque année des sommes importantes pour reconstituer des réserves
de gisement équivalentes aux volumes exploités, leur investissement global
pouvant atteindre jusqu'à cinq fois le chiffre d'affaires annuel.
La provision pour reconstitution des gisements, ou PRG, a pour fonction
d'adapter la fiscalité à ces contraintes, pour constituer une garantie de
sécurité de l'approvisionnement d'autant plus légitime que la concurrence est
vive et que l'industrie européenne est de plus en plus dépendante, pour ses
approvisionnements, des pays tiers. Cette provision ne peut cependant pas être
confondue avec celle des hydrocarbures, récemment révisée.
L'amendement vise à écarter de l'impôt une part des provisions utilisées au
moment de leur réintégration, pour éviter que la constitution de provisions
nouvelles ne soit découragée par sa suppression, conjuguée avec des intérêts de
retard très pénalisants, susceptibles de jouer sur cinq ans, en conséquence
d'événements ayant conduit à un report ou à un abandon d'investissements.
Par cet amendement, nous proposons donc l'assouplissement de la fiscalité sur
la PRG.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
La commission souhaiterait connaître l'avis du
Gouvernement, monsieur le président.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le sénateur, je comprends l'intérêt de la
mesure que vous venez de proposer, mais elle soulève un certain nombre de
difficultés.
Vous savez, en effet, que le dispositif tel qu'il a été adopté par l'Assemblée
nationale n'est pas rétroactif et ne s'applique donc pas au stock de provisions
pour reconstitution des gisements de substances minérales solides,
contrairement au dispositif qui a été adopté l'année dernière pour les
provisions pour reconstitution de gisements liquides. Il n'est donc pas utile
de prévoir une franchise, comme c'est le cas pour cette dernière provision.
Votre proposition reviendrait, par ailleurs, à maintenir un régime
d'exonération définitive des provisions pour reconstitution des gisements de
substances minérales solides qui a été considéré comme dommageable par la
Commission européenne. Elle serait donc contraire aux engagements pris par la
France dans le cadre du code de conduite communautaire et exposerait, à brève
échéance, nos entreprises à des contentieux qui, je le crains, pourraient être
périlleux pour elles.
Aussi, tout en comprenant bien les raisons pour lesquelles vous avez été
conduit, monsieur le sénateur, à défendre cet amendement, je souhaiterais que
vous le retiriez.
M. le président.
Maintenez-vous votre amendement, monsieur Moreigne ?
M. Michel Moreigne.
J'ai bien entendu l'appel de Mme la secrétaire d'Etat, et je suis très
sensible aux arguments qu'elle a développés dans sa réponse. Je retire donc cet
amendement, même si c'est avec un peu de tristesse.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
C'est dommage, en effet !
M. le président.
L'amendement n° 68 est retiré.
Je mets aux voix l'article 29.
(L'article 29 est adopté.)
Article 29 bis
M. le président.
« Art. 29
bis
. - Il est institué une taxe exceptionnelle assise sur
chaque paiement par carte d'un montant inférieur ou égal à 30 euros effectué
auprés d'un fournisseur de terminal de paiement électronique entre le 1er
janvier et le 17 février 2002 et ayant donné lieu au versement d'une
commission. La taxe est due par les établissements de crédit et les services
financiers de La Poste qui sont bénéficiaires de la commission. Les remises sur
les montants des commissions et les remboursements sur ces montants, accordés
par les établissements de crédit et La Poste à chaque fournisseur, s'imputent
sur les taxes dues au titre de chaque fournisseur.
« Le montant de la taxe est égal à 80 % de la commission perçue au titre de
chaque paiement.
« La taxe est acquittée avant le 1er juillet 2002. Elles est liquidée,
déclarée, recouvrée et contrôlée comme en matière de taxe sur le chiffre
d'affaires et sous les mêmes garanties et sanctions. Elle n'est pas déductible
pour la détermination du résultat imposable ni imputable sur l'impôt sur les
sociétés.
« Un décret fixe les modalités d'application du présent article, en
particulier les obligations déclaratives des redevables. »
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 18, présenté par M. Marini, au nom de la commission des
finances, est ainsi libellé :
« Supprimer l'article 29
bis
. »
L'amendement n° 60, présenté par MM. Arnaud, Alduy, Bécot, Dulait, Franchis,
Moinard et Zocchetto, Mmes Férat, Létard, Papon et les membres du groupe de
l'Union centriste, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 29
bis
:
« Il ne peut être perçu, par les établissements bancaires émetteurs, aucune
commission ou rémunération d'aucune sorte, sur les paiements par carte de
paiement inférieurs à 30 euros effectués entre le 1er janvier 2002 et le 17
février 2002. »
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° 58 rectifié est présenté par MM. Cornu, Murat, Gérard, Braye
et Oudin.
L'amendement n° 61 est présenté par M. Arnaud et les membres du groupe de
l'Union centriste.
Tous deux sont ainsi libellés :
« Rédiger comme suit l'article 29
bis
:
« Sauf accord spécifique négocié entre une personne physique ou morale et sa
banque, le montant des commissions perçues par les établissements de crédit et
les services financiers de La Poste sur les paiements par carte effectués entre
le 1er janvier et le 17 février 2002 ne peut excéder le montant réellement
perçu, soit au cours de la même période de l'année 2001, soit sur les sept
dernières semaines de l'année 2001 si cette base de référence est plus
favorable à la personne physique ou morale considérée ou si celle-ci n'avait
pas d'activité au début de l'année 2001.
« Pour les personnes physiques ou morales considérées qui auraient débuté leur
activité entre le 12 novembre 2001 et le 31 décembre 2001, le montant des
commissions servant de référence pour l'écrêtement est égal au montant des
commissions dues au titre des paiements par carte de l'année 2001, multiplié
par 42 et divisé par le nombre de jours d'activité.
« Par dérogation aux règles prévues au 2 de l'article 38 et à l'article 93 A
du code général des impôts, la ristourne que la banque aura dû, le cas échéant,
consentir à la personne physique ou morale considérée peut être imposée au
moment de son encaissement. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 18.
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je le retire.
M. le président.
L'amendement n° 18 est retiré.
La parole est à M. Détraigne, pour défendre l'amendement n° 60.
M. Yves Détraigne.
Cet amendement, qui reprend la version adoptée par le Sénat, le 10 octobre
dernier, dans le cadre de la discussion du projet de loi portant mesures
urgentes de réformes à caractère économique et financier, prévoit de faciliter
le paiement par carte bancaire pendant la période de double circulation des
francs et des euros, en supprimant la commission des banques pour les paiements
par carte inférieurs à trente euros.
Le présent amendement a le mérite de la simplicité, de la clarté et de
l'efficacité.
M. le président.
La parole est à M. Oudin, pour présenter l'amendement n° 58 rectifié.
M. Jacques Oudin.
L'article 29
bis
, dans sa nouvelle rédaction, vise à faire bénéficier
de l'écrêtement des commissions bancaires sur les paiements par carte durant la
période de double circulation francs-euros toute personne physique ou morale,
et non pas seulement tout commerçant. Il s'agit d'élargir aux artisans et aux
professions libérales le bénéfice de la mesure.
Il prend également en compte le cas des professionnels n'ayant démarré leur
activité qu'entre le 12 novembre 2001 et le 31 décembre 2001 et ne pouvant donc
se référer, pour le calcul de l'écrêtement, ni aux sept premières semaines de
l'année 2001 ni aux sept dernières.
La période de référence sera donc comprise, pour eux, entre la date de début
de leur activité et le 31 décembre 2001, et le montant de référence sera
calculé au prorata de leur nombre de jours d'activité en 2001. Le législateur
est conscient de la complexité du dispositif proposé, mais craint que les
délais ne permettent pas au Gouvernement de prendre le décret approprié.
Enfin, cet article autorise les bénéficiaires de la ristourne consentie par
les banques à ne l'inclure dans leur bénéfice imposable qu'au moment de son
encaissement effectif, par dérogation à la règle de la créance acquise, qui
obligerait normalement à imposer la ristourne dès que son montant est connu
avec certitude par son bénéficiaire.
M. le président.
La parole est à M. Détraigne, pour présenter l'amendement n° 61.
M. Yves Détraigne.
Je n'ai rien à ajouter aux arguments de M. Oudin.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Je demande à M. Détraigne de bien vouloir retirer
l'amendement n° 60 au bénéfice des amendements identiques n°s 58 rectifié et
61, auxquels la commission est favorable.
Lesdits amendements s'inscrivent dans un débat déjà assez fourni et présentent
une solution, celle de l'écrêtement du montant total des commissions, qui, à
notre avis, est la meilleure que l'on ait trouvée jusqu'ici.
En premier lieu, cela ne nécessite aucune intervention informatique lourde ni
avant le 1er janvier 2002 ni pendant la période transitoire. Il n'y aura donc
pas d'interférences gênantes avec le basculement à l'euro.
En second lieu, le mécanisme de l'écrêtement assure une certaine neutralité du
passage à l'euro pour les commerçants. Ainsi, et c'est le principe même de
l'écrêtement, ils ne paieront pas plus de commission que l'an dernier sur la
même période. Certes, il faudra encore lever quelques incertitudes de nature
technique, mais ces dernières ne semblent pas insurmontables.
Sur le plan juridique, il apparaît que la formule de l'écrêtement est sans
doute celle qui entraîne le moins d'inconvénients.
Au total, madame le secrétaire d'Etat, c'est vers vous que je me tourne pour
vous interroger sur toutes les questions concrètes, techniques, et juridiques
aussi, qui peuvent être posées par la solution ici préconisée.
Il faut à présent décider, car nous sommes tout près du 31 décembre, et les
difficultés des commerçants pour le change franc, euro doivent absolument être
réglées.
A la vérité, le débat, nous l'avons lancé ici même, dans cet hémicycle, sur la
proposition, si je ne me trompe, de M. Gérard Cornu, lorsque nous avons
délibéré du projet de loi dit « MURCEF », il y a donc déjà plusieurs mois de
cela. Nous sommes à présent en butée sur les délais, avec l'imminence du
passage effectif à l'euro. Il faut trancher, madame le secrétaire d'Etat : il
ne serait pas raisonnable de faire peser trop de sujétions sur le petit
commerce, sur les détaillants, pas plus qu'il ne serait équitable de faire
peser une charge trop lourde sur le système bancaire.
Les solutions qui nous sont présentées par nos collègues ont paru à la
commission être, jusqu'ici, les meilleures possible, compte tenu d'un grand
nombre de contraintes. C'est la raison pour laquelle, je le répète, la
commission est favorable à ces deux amendements identiques.
M. le président.
Monsieur Détraigne, l'amendement n° 60 est-il maintenu ?
M. Yves Détraigne.
J'ai bien entendu les explications de M. le rapporteur général, et je retire
l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° 60 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 58 rectifié
et 61 ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Ces rédactions ont le mérite de laisser ouverte la
voie de la négociation entre les banques et les commerçants, solution à
laquelle, vous le savez, le Gouvernement n'a pas renoncé.
Ces amendements reposent sur le principe d'une neutralisation de l'effet du
passage à l'euro par écrêtement des commissions payées par les commerçants sur
les paiements par carte. En outre, ils apportent des améliorations techniques
utiles. Pour toutes ces raisons, le Gouvernement est favorable aux deux
amendements identiques.
M. le président.
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 58 rectifié et 61, acceptés
par la commission et par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Je constate que ces amendements ont été adoptés à l'unanimité.
Je mets aux voix l'article 29
bis,
modifié.
(L'article 29
bis
est adopté.)
Article 30
M. le président.
« Art. 30. - I. - Le code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - Au 1° du I de l'article 258 D, après le mot : "établi", sont insérés
les mots : "ou identifié" ;
« B. - L'article 289 A est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa du I, les mots : "établie hors de France" sont
remplacés par les mots : "non établie dans la Communauté européenne » ;
« 2° Au second alinéa du I, les mots : "établies hors de France" sont
remplacés par les mots : "non établies dans la Communauté européenne" ;
« 3° Au II, après les mots : "le prestataire", sont insérés les mots : "non
établi dans la Communauté européenne" et les mots : "incombant au redevable"
sont remplacés par les mots : "afférentes à l'opération en cause" ;
« 4° Au premier alinéa du III, les mots : "établies hors de France" sont
remplacés par les mots : "non établies dans la Communauté européenne" ;
« 5° Au second alinéa du III, les mots : "tenu au paiement" sont remplacés par
le mot : "redevable".
« II. - Les dispositions du I entrent en vigueur le 1er janvier 2002 » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 30
M. le président.
L'amendement n° 82, rectifié présenté par MM. Adnot, Durand-Chastel, Laffitte,
Trégouët et Hérisson, est ainsi libellé :
« Après l'article 30, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa du a) du 4° de l'article 261 du code général des impôts
est complété par les mots : "ou par l'intermédiaire d'internet". »
Cet amendement n'est pas soutenu.
Articles 31 et 31 bis
M. le président.
« Art. 31. - I. - Le code des douanes est ainsi modifié :
« A. - A l'article 265
septies
:
« 1° Au sixième alinéa, les mots : "25 000 litres" sont remplacés par les mots
: "20 000 litres" ;
« 2° Au septième alinéa, les dates : "11 janvier" et "10 janvier" sont
respectivement remplacées par les dates : "21 janvier" et "20 janvier".
« B. - Au huitième alinéa de l'article 265
septies
et au troisième
alinéa de l'article 265
octies,
les dates : "12 juillet" et "12 janvier"
sont respectivement remplacées par les dates : "22 juillet" et "22 janvier".
« II. - Les dispositions du 1° du A du I s'appliquent aux acquisitions de
gazole réalisées à compter du 21 janvier 2002. » -
(Adopté.)
« Art. 31
bis.
- Dans le II de l'article 14 de la loi de financement de
la sécurité sociale pour 2002, (n° du ) la date : "7 janvier 2002" est
remplacée par la date : "1er janvier 2002". » -
(Adopté.)
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.
8
TRANSMISSION D'UN PROJET DE LOI
M. le président.
J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, le projet de loi de finances
pour 2002, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle
lecture.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 147, distribué et renvoyé à la
commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de
la nation.
9
DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI
M. le président.
J'ai reçu de M. Jean-Louis Masson une proposition de loi tendant à renforcer
l'interdiction d'attribuer la nationalité française aux auteurs de crimes ou
délits.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 148, distribuée et renvoyée à
la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage
universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la
constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues
par le règlement.
10
TEXTES SOUMIS AU SÉNAT
EN APPLICATION DE L'ARTICLE 88-4
DE LA CONSTITUTION
M. le président.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de règlement du Conseil prorogeant le financement des plans
d'amélioration de la qualité et de la commercialisation de certains fruits à
coque et caroubes, approuvés en vertu du titre II
bis
du règlement (CEE)
n° 1035/72, et prévoyant une aide spécifique pour les noisettes.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1886 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil autorisant les Etats membres à ratifier,
dans l'intérêt de la Communauté européenne, la convention internationale de
1996 sur la responsabilité et l'indemnisation pour les dommages liés au
transport par mer de substances nocives et potentiellement dangereuses.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1887 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de règlement du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 2820/98
portant application d'un schéma pluriannuel de préférences tarifaires
généralisées pour la période du 1er juillet 1999 au 31 décembre 2001, afin
d'inclure le Sénégal dans la liste des pays bénéficiant du dispositif
spécifique d'aide en faveur des pays les moins avancés.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1888 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil relative à un échange de lettres entre la
Communauté européenne et l'Office de secours et de travaux des Nations unies
pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) concernant un
financement supplémentaire en 2001, pour la période 1999-2001, au titre de la
convention CE-UNRWA actuellement en vigueur.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1889 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil concernant la conclusion d'un accord
entre la Communauté européenne et la République d'Afrique du Sud relatif au
commerce des vins.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1890 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil relative à la conclusion d'un accord sous
forme d'échange de lettres entre la Communauté et la République d'Afrique du
Sud relatif au commerce des vins.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1891 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil concernant la conclusion d'un accord
entre la Communauté et la République d'Afrique du Sud relatif au commerce des
boissons spiritueuses.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1892 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le
Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de règlement du Conseil portant reconduction en 2002 des mesures
prévues au règlement (CE) n° 1416/95 établissant certaines concessions sous
forme de contingents tarifaires communautaires en 1995 pour certains produits
agricoles transformés, en ce qui concerne les produits originaires de
Norvège.
Ce texte sera imprimé sous le n° E 1893 et distribué.
11
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée à aujourd'hui, mardi 18 décembre 2001 :
A neuf heures trente :
1. Dix-huit questions orales.
(Le texte des questions figure en
annexe.)
A seize heures et le soir :
2. Suite de la discussion du projet de loi de finances rectificative pour 2001
(n° 123, 2001-2002), adopté par l'Assemblée nationale.
Rapport (n° 143, 2001-2002) de M. Philippe Marini, fait au nom de la
commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de
la nation.
Avis (n° 144, 2001-2002) de M. Jean Faure, fait au nom de la commission des
affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
Le délai limite pour le dépôt des amendements est expiré.
Il sera procédé à un scrutin public ordinaire de droit sur l'ensemble du
projet de loi.
3. Discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi de finances pour 2002 (n°
147, 2001-2002), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en
nouvelle lecture.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du
contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Délai limite pour le dépôt des amendements : ouverture de la discussion
générale.
Il sera procédé à un scrutin public ordinaire de droit sur l'ensemble du
projet de loi.
4. Discussion du projet de loi (n° 132, 2001-2002), adopté par l'Assemblée
nationale, autorisant l'approbation de la décision du Conseil de l'Union
européenne du 29 septembre 2000 relative au système des ressources propres des
Communautés européennes.
Rapport (n° 146, 2001-2002) de M. Denis Badré, fait au nom de la commission
des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la
nation.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée le mardi 18 décembre 2001, à zéro heure trente.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
MONIQUE MUYARD
ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE
CONSEIL SUPÉRIEUR DES PRESTATIONS SOCIALES AGRICOLES
Lors de sa séance du 17 décembre 2001, le Sénat a reconduit M. Joël Bourdin
dans ses fonctions de membre titulaire du Conseil supérieur des prestations
sociales agricoles. Il a en outre désigné M. Claude Domeizel pour sièger en
qualité de membre suppléant de cet organisme extraparlementaire.
Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Avenir des ateliers protégés
1224.
- 17 décembre 2001. -
Mme Marie-Claude Beaudeau
attire l'attention de
Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité
sur l'avenir des ateliers protégés. Elle lui fait remarquer que ces derniers
n'emploient que 20 000 salariés et que peu de créations interviennent. Elle lui
fait remarquer que l'atelier protégé apparaît encore comme le meilleur moyen
pour accueillir sur un lieu de travail les 200 000 personnes handicapées en
mesure de travailler et actuellement au chômage. Elle lui demande de lui faire
connaître les mesures qu'elle envisage pour définir les missions, les statuts
des ateliers protégés et décider la création de nouveaux ateliers sur la base
d'un financement pluriannuel audacieux, engageant directement les
responsabilités de l'Etat.
ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du lundi 17 décembre 2001
SCRUTIN (n° 34)
sur l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances rectificative
pour 2001, adopté par l'Assemblée nationale.
Nombre de votants : | 313 |
Nombre de suffrages exprimés : | 313 |
Pour : | 201 |
Contre : | 112 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
Contre :
23.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (20) :
Pour :
13.
Contre :
7. _ MM. Nicolas Alfonsi, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Gérard Delfau et Rodolphe Désiré, François Fortassin.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
94.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Christian Poncelet, président du
Sénat.
GROUPE SOCIALISTE (83) :
Contre :
82.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Bernard Angels, qui présidait la
séance.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (53) :
Pour :
53.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :
Pour :
41.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :
N'ont pas pris part au vote :
6.
Ont voté pour
Nicolas About
Jean-Paul Alduy
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
Gérard Bailly
José Balarello
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Daniel Bernardet
Roger Besse
Laurent Béteille
Joël Billard
Claude Biwer
Jean Bizet
Jacques Blanc
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Christian Cointat
Gérard Cornu
Jean-Patrick Courtois
Xavier Darcos
Robert Del Picchia
Jean-Paul Delevoye
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Yves Détraigne
Eric Doligé
Jacques Dominati
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Jean-Claude Etienne
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Françoise Férat
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Christian Gaudin
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Charles Guené
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Françoise Henneron
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Daniel Hoeffel
Jean-François Humbert
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Alain Joyandet
Jean-Marc Juilhard
Roger Karoutchi
Joseph Kerguéris
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
André Lardeux
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
Serge Lepeltier
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Gérard Longuet
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean Louis Masson
Serge Mathieu
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Monique Papon
Anne-Marie Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Janine Rozier
Bernard Saugey
Jean-Pierre Schosteck
Bruno Sido
Daniel Soulage
Louis Souvet
Michel Thiollière
Henri Torre
René Trégouët
André Trillard
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Jean-Marie Vanlerenberghe
Alain Vasselle
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Jean-Paul Virapoullé
François Zocchetto
Ont voté contre
Nicolas Alfonsi
Michèle André
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Jean-Yves Autexier
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marie-Christine Blandin
Nicole Borvo
Didier Boulaud
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Yvon Collin
Gérard Collomb
Yves Coquelle
Raymond Courrière
Roland Courteau
Yves Dauge
Annie David
Marcel Debarge
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Evelyne Didier
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Guy Fischer
François Fortassin
Thierry Foucaud
Jean-Claude Frécon
Charles Gautier
Jean-Pierre Godefroy
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Odette Herviaux
Alain Journet
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
André Lejeune
Louis Le Pensec
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Josiane Mathon
Pierre Mauroy
Louis Mermaz
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Roland Muzeau
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Michèle San Vicente
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Jean-Marc Todeschini
Pierre-Yvon Tremel
André Vantomme
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
Philippe Adnot, Philippe Darniche, Sylvie Desmarescaux, Hubert Durand-Chastel,
Bernard Seillier, Alex Türk, Christian Poncelet, président du Sénat, et Bernard
Angels, qui présidait la séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 314 |
Nombre des suffrages exprimés : | 314 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 158 |
Pour : | 201 |
Contre : | 113 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 35)
sur l'amendement n° 25, présenté par M. Jean Faure au nom de la commission des
affaires étrangères, de la défense et des forces armées, à l'article 36 du
projet de loi de finances rectificative pour 2001, adopté par l'Assemblée
nationale.
Nombre de votants : | 272 |
Nombre de suffrages exprimés : | 272 |
Pour : | 159 |
Contre : | 113 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
Contre :
23.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (20) :
Pour :
13.
Contre :
7. _ MM. Nicolas Alfonsi, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Gérard Delfau et Rodolphe Désiré, François Fortassin.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
94.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Christian Poncelet, président du
Sénat.
GROUPE SOCIALISTE (83) :
Contre :
83.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (53) :
Pour :
53.
N'a pas pris part au vote :
M. Daniel Hoeffel, qui présidait la
séance.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :
N'ont pas pris part au vote :
41.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :
N'ont pas pris part au vote :
6.
Ont voté pour
Jean-Paul Alduy
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
Gérard Bailly
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Daniel Bernardet
Roger Besse
Laurent Béteille
Claude Biwer
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Jean Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Christian Cointat
Gérard Cornu
Jean-Patrick Courtois
Xavier Darcos
Robert Del Picchia
Jean-Paul Delevoye
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Yves Détraigne
Eric Doligé
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Michel Esneu
Jean-Claude Etienne
Pierre Fauchon
Jean Faure
Françoise Férat
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
Christian Gaudin
Philippe de Gaulle
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Georges Gruillot
Charles Guené
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Alain Joyandet
Roger Karoutchi
Joseph Kerguéris
Christian de La Malène
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Gérard Larcher
André Lardeux
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
Serge Lepeltier
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean Louis Masson
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Monique Papon
Anne-Marie Payet
Jacques Pelletier
Jacques Peyrat
Jean-Marie Poirier
Victor Reux
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Janine Rozier
Jean-Pierre Schosteck
Bruno Sido
Daniel Soulage
Louis Souvet
Michel Thiollière
René Trégouët
André Trillard
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Jean-Marie Vanlerenberghe
Alain Vasselle
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Jean-Paul Virapoullé
François Zocchetto
Ont voté contre
Nicolas Alfonsi
Michèle André
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Jean-Yves Autexier
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marie-Christine Blandin
Nicole Borvo
Didier Boulaud
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Yvon Collin
Gérard Collomb
Yves Coquelle
Raymond Courrière
Roland Courteau
Yves Dauge
Annie David
Marcel Debarge
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Evelyne Didier
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Guy Fischer
François Fortassin
Thierry Foucaud
Jean-Claude Frécon
Charles Gautier
Jean-Pierre Godefroy
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Odette Herviaux
Alain Journet
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
André Lejeune
Louis Le Pensec
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Josiane Mathon
Pierre Mauroy
Louis Mermaz
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Roland Muzeau
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Michèle San Vicente
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Jean-Marc Todeschini
Pierre-Yvon Tremel
André Vantomme
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
Nicolas About
Philippe Adnot
José Balarello
Joël Billard
Jacques Blanc
Joël Bourdin
Jean-Claude Carle
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Philippe Darniche
Sylvie Desmarescaux
Jacques Dominati
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
André Ferrand
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Louis Grillot
Françoise Henneron
Jean-François Humbert
Jean-Marc Juilhard
Jean-Philippe Lachenaud
Jacques Larché
Gérard Longuet
Roland du Luart
Serge Mathieu
Philippe Nachbar
Michel Pelchat
Jean Pépin
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Charles Revet
Henri Revol
Bernard Saugey
Bernard Seillier
Henri Torre
François Trucy
Alex Türk
N'ont pas pris part au vote
MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Daniel Hoeffel, qui présidait
la séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 274 |
Nombre des suffrages exprimés : | 274 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 138 |
Pour : | 161 |
Contre : | 113 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 36)
sur l'article 36 du projet de loi de finances rectificative pour 2001, adopté
par l'Assemblée nationale (transformation de la Direction des constructions
navales en entreprise nationale).
Nombre de votants : | 273 |
Nombre de suffrages exprimés : | 273 |
Pour : | 159 |
Contre : | 114 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
Contre :
23.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (20) :
Pour :
13.
Contre :
7. _ MM. Nicolas Alfonsi, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Gérard Delfau et Rodolphe Désiré, François Fortassin.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
94.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Christian Poncelet, président du
Sénat.
GROUPE SOCIALISTE (83) :
Contre :
83.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (53) :
Pour :
52.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Daniel Hoeffel, qui présidait la
séance.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :
Contre :
1. _ M. Hubert Falco.
N'ont pas pris part au vote :
40.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :
N'ont pas pris part au vote :
6.
Ont voté pour
Jean-Paul Alduy
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
Gérard Bailly
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Daniel Bernardet
Roger Besse
Laurent Béteille
Claude Biwer
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Jean Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Christian Cointat
Gérard Cornu
Jean-Patrick Courtois
Xavier Darcos
Robert Del Picchia
Jean-Paul Delevoye
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Yves Détraigne
Eric Doligé
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Michel Esneu
Jean-Claude Etienne
Pierre Fauchon
Jean Faure
Françoise Férat
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
Christian Gaudin
Philippe de Gaulle
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Georges Gruillot
Charles Guené
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Alain Joyandet
Roger Karoutchi
Joseph Kerguéris
Christian de La Malène
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Gérard Larcher
André Lardeux
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
Serge Lepeltier
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean Louis Masson
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Monique Papon
Anne-Marie Payet
Jacques Pelletier
Jacques Peyrat
Jean-Marie Poirier
Victor Reux
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Janine Rozier
Jean-Pierre Schosteck
Bruno Sido
Daniel Soulage
Louis Souvet
Michel Thiollière
René Trégouët
André Trillard
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Jean-Marie Vanlerenberghe
Alain Vasselle
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Jean-Paul Virapoullé
François Zocchetto
Ont voté contre
Nicolas Alfonsi
Michèle André
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Jean-Yves Autexier
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marie-Christine Blandin
Nicole Borvo
Didier Boulaud
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Yvon Collin
Gérard Collomb
Yves Coquelle
Raymond Courrière
Roland Courteau
Yves Dauge
Annie David
Marcel Debarge
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Michelle Demessine
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Evelyne Didier
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Hubert Falco
Guy Fischer
François Fortassin
Thierry Foucaud
Jean-Claude Frécon
Charles Gautier
Jean-Pierre Godefroy
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Odette Herviaux
Alain Journet
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
André Lejeune
Louis Le Pensec
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Josiane Mathon
Pierre Mauroy
Louis Mermaz
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Roland Muzeau
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Michèle San Vicente
Claude Saunier
Michel Sergent
René-Pierre Signé
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Jean-Marc Todeschini
Pierre-Yvon Tremel
André Vantomme
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber
N'ont pas pris part au vote
Nicolas About
Philippe Adnot
José Balarello
Joël Billard
Jacques Blanc
Joël Bourdin
Jean-Claude Carle
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Philippe Darniche
Sylvie Desmarescaux
Jacques Dominati
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
André Ferrand
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Louis Grillot
Françoise Henneron
Jean-François Humbert
Jean-Marc Juilhard
Jean-Philippe Lachenaud
Jacques Larché
Gérard Longuet
Roland du Luart
Serge Mathieu
Philippe Nachbar
Michel Pelchat
Jean Pépin
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Charles Revet
Henri Revol
Bernard Saugey
Bernard Seillier
Henri Torre
François Trucy
Alex Türk
N'ont pas pris part au vote
MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Daniel Hoeffel, qui présidait
la séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 274 |
Nombre des suffrages exprimés : | 274 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 138 |
Pour : | 160 |
Contre : | 114 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 37)
sur l'amendement n° 45 rectifié, présenté par M. Yves Coquelle et les membres
du groupe communiste, républicain et citoyen, à l'article 38 du projet de loi
de finances rectificative pour 2001, adopté par l'Assemblée nationale
(résiliation des concessions de transport du gaz naturel)
Nombre de votants : | 313 |
Nombre de suffrages exprimés : | 313 |
Pour : | 30 |
Contre : | 283 |
Le Sénat n'a pas adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (23) :
Pour :
23.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (20) :
Pour :
7. _ MM. Nicolas Alfonsi, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon
Collin, Gérard Delfau et Rodolphe Désiré, François Fortassin.
Contre :
13.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Contre :
94.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Christian Poncelet, président du
Sénat.
GROUPE SOCIALISTE (83) :
Contre :
83.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (53) :
Contre :
53.
N'a pas pris part au vote :
M. Daniel Hoeffel, qui présidait la
séance.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (41) :
Contre :
41.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (6) :
N'ont pas pris part au vote :
6.
Ont voté pour
Nicolas Alfonsi
François Autain
Jean-Yves Autexier
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Marie-France Beaufils
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Nicole Borvo
André Boyer
Robert Bret
Yvon Collin
Yves Coquelle
Annie David
Gérard Delfau
Michelle Demessine
Rodolphe Désiré
Evelyne Didier
Guy Fischer
François Fortassin
Thierry Foucaud
Gérard Le Cam
Paul Loridant
Hélène Luc
Josiane Mathon
Roland Muzeau
Jack Ralite
Ivan Renar
Odette Terrade
Paul Vergès
Ont voté contre
Nicolas About
Jean-Paul Alduy
Jean-Paul Amoudry
Michèle André
Pierre André
Bernard Angels
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
Robert Badinter
Denis Badré
Gérard Bailly
José Balarello
Gilbert Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Claude Belot
Maryse Bergé-Lavigne
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jean Besson
Laurent Béteille
Joël Billard
Claude Biwer
Jean Bizet
Jacques Blanc
Paul Blanc
Marie-Christine Blandin
Maurice Blin
Annick Bocandé
Didier Borotra
Didier Boulaud
Joël Bourdin
Jean Boyer
Yolande Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Claire-Lise Campion
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Jean-Louis Carrère
Auguste Cazalet
Bernard Cazeau
Charles Ceccaldi-Raynaud
Monique Cerisier-ben Guiga
Gérard César
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Christian Cointat
Gérard Collomb
Gérard Cornu
Raymond Courrière
Roland Courteau
Jean-Patrick Courtois
Xavier Darcos
Yves Dauge
Marcel Debarge
Robert Del Picchia
Jean-Paul Delevoye
Jean-Pierre Demerliat
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Dériot
Dinah Derycke
Yves Détraigne
Eric Doligé
Claude Domeizel
Jacques Dominati
Michel Doublet
Michel Dreyfus-Schmidt
Paul Dubrule
Alain Dufaut
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Louis Duvernois
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Claude Estier
Jean-Claude Etienne
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Françoise Férat
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Jean-Claude Frécon
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Christian Gaudin
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Charles Gautier
Gisèle Gautier
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Jean-Pierre Godefroy
Daniel Goulet
Jacqueline Gourault
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Charles Guené
Jean-Noël Guérini
Michel Guerry
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Claude Haut
Françoise Henneron
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Odette Herviaux
Jean-François Humbert
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Bernard Joly
Alain Journet
Alain Joyandet
Jean-Marc Juilhard
Roger Karoutchi
Joseph Kerguéris
Christian de La Malène
André Labarrère
Philippe Labeyrie
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
André Lardeux
Dominique Larifla
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
René-Georges Laurin
Jean-René Lecerf
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Jean-François Le Grand
André Lejeune
Serge Lepeltier
Louis Le Pensec
Philippe Leroy
Marcel Lesbros
Valérie Létard
Claude Lise
Gérard Longuet
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Jean-Yves Mano
François Marc
Max Marest
Philippe Marini
Pierre Martin
Jean-Pierre Masseret
Marc Massion
Jean Louis Masson
Serge Mathieu
Pierre Mauroy
Michel Mercier
Louis Mermaz
Lucette Michaux-Chevry
Gérard Miquel
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Michel Moreigne
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Monique Papon
Jean-Marc Pastor
Anne-Marie Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Guy Penne
Jean Pépin
Daniel Percheron
Jacques Peyrat
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Xavier Pintat
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Daniel Raoul
Paul Raoult
Daniel Reiner
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Roger Rinchet
Yves Rispat
Josselin de Rohan
Gérard Roujas
André Rouvière
Janine Rozier
Michèle San Vicente
Bernard Saugey
Claude Saunier
Jean-Pierre Schosteck
Michel Sergent
Bruno Sido
René-Pierre Signé
Daniel Soulage
Louis Souvet
Jean-Pierre Sueur
Simon Sutour
Michel Teston
Michel Thiollière
Jean-Marc Todeschini
Henri Torre
René Trégouët
Pierre-Yvon Tremel
André Trillard
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Jean-Marie Vanlerenberghe
André Vantomme
Alain Vasselle
André Vezinhet
Jean-Pierre Vial
Marcel Vidal
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Jean-Paul Virapoullé
Henri Weber
François Zocchetto
Daniel Hoeffel, qui présidait la séance.
N'ont pas pris part au vote
Philippe Adnot, Philippe Darniche, Sylvie Desmarescaux, Hubert Durand-Chastel,
Bernard Seillier, Alex Türk, Christian Poncelet, président du Sénat, et Daniel
Hoeffel, qui présidait la séance. Les nombres annoncés en séance ont été
reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.