SEANCE DU 27 MARS 2001
ÉLOGE FUNÈBRE DE RENÉ BALLAYER,
SÉNATEUR DE LA MAYENNE
M. le président.
Mes chers collègues, je vais prononcer l'éloge funèbre de René Ballayer.
(Mme le secrétaire d'Etat, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent.)
Notre collègue René Ballayer est décédé le 26 janvier dernier des suites
d'une longue maladie.
L'annonce de cette nouvelle nous a profondément attristés.
Récemment encore, René Ballayer prenait part à nos travaux, défendant devant
notre assemblée son rapport spécial sur le budget des petites et moyennes
entreprises.
La fatigue, que son visage trahissait alors, nous avait donné, si besoin en
était, la mesure de sa force de caractère. Il m'a été donné de le vérifier lors
des visites que je lui ai rendues au Val-de-Grâce. Jusqu'au bout, le courage et
la ténacité auront été la marque de cet homme sincère, élu local actif et
parlementaire assidu, de ce patriote engagé et européen convaincu qu'était René
Ballayer.
René Ballayer est né à Andouillé le 2 mars 1915, dans le pays de l'Ernée, aux
portes de la Bretagne, au coeur de la terre de Mayenne.
Orphelin à l'âge de onze ans, il rejoint à Ernée sa famille d'adoption. Il ne
quittera plus cette ville, qui verra s'épanouir son engagement personnel et sa
vocation politique.
Ancien élève de l'école normale d'instituteurs de Laval, René Ballayer était,
ainsi qu'il se plaisait, à juste titre d'ailleurs, à le rappeler, un pur
produit de l'école de la République.
Mais la guerre interrompra sa carrière débutante de professeur.
Combattant en 1939-1940 avec le grade de lieutenant, il participe, après
l'éclipse de l'occupation, à la libération de son département en qualité de
lieutenant des Forces françaises de l'intérieur. Sa guerre - en 1940 comme en
1944 - sera, à l'image de sa vie, empreinte de courage et de constant
dévouement.
A la Libération, René Ballayer reprend son métier d'enseignant. Il sera
professeur au collège d'Ernée jusqu'en 1948, date à laquelle il est amené à
prendre la succession d'une affaire familiale de négoce en vins.
C'est avec rigueur et énergie qu'il se lance dans une activité toute nouvelle
pour lui et à laquelle, à l'évidence, rien ne le préparait. Il en retire une
connaissance précieuse du milieu de la petite entreprise, de ses servitudes et
de ses richesses.
Très attaché à l'action associative, il s'investit tout particulièrement
auprès des jeunes dans le développement des activités sportives et
culturelles.
Ce fort degré d'engagement personnel, vite repéré et apprécié par ses
concitoyens, le mène presque naturellement à l'action politique.
D'une grande modestie et ne recherchant pas les honneurs, il se trouve porté
par l'estime, le respect et la confiance des électrices et des électeurs à la
tête de sa commune. Elu maire d'Ernée en 1959, il exercera ce mandat pendant
vingt-sept années. Sa disponibilité, son sens de la mesure et son esprit de
conciliation créent très vite un climat d'union dans une municipalité à
l'origine profondément divisée. Fort de son expérience de chef d'entreprise,
René Ballayer s'emploie alors, avec efficacité, à la revitalisation et à la
diversification des activités de l'économie locale.
Elu conseiller général du canton d'Ernée en 1961, il accède, en 1973, à la
fonction de président du conseil général de la Mayenne, à laquelle il sera
systématiquement reconduit jusqu'à ce qu'il décide, en 1992, d'y renoncer.
Président de l'association des maires et maires adjoints de la Mayenne, dont
il sera un animateur aussi assidu qu'écouté, vice-président du conseil
régional, président du comité d'expansion économique, vice-président du
syndicat de communes, René Ballayer est un acteur essentiel, écouté et respecté
de la vie de son département. Il l'est avec humilité, générosité et compétence.
Aucune des réalités locales ne lui est étrangère.
Passionné par l'action locale, il déploie une énergie remarquable et s'emploie
avec force à lutter contre un exode rural qui menace l'équilibre déjà très
fragile de sa chère Mayenne. Honorant chacune de ses fonctions d'une grande
assiduité, à la fois ouvert et ferme dans ses convictions, il suscite tout
naturellement la fidélité de celles et de ceux qui l'élisent comme de celles et
de ceux qui l'entourent.
Ses qualités humaines de bonté, de loyauté, de franchise et de fidélité font
de lui un homme sans détour appréciant, sans sectarisme, les qualités de
chacune et de chacun.
Aussi est-ce sans surprise, après une élection triomphale que laissait
présager son élection à l'unanimité à la présidence du conseil général de la
Mayenne, que René Ballayer entre au Sénat en 1974.
Au sein de la commission des lois, puis de la commission des finances, René
Ballayer s'appuie sur sa riche expérience d'élu local pour proposer des
solutions concrètes, notamment dans le domaine de la promotion des activités en
zone rurale et du soutien aux petites et moyennes entreprises.
En 1977, il est nommé rapporteur spécial du budget du commerce et de
l'artisanat, dont il se fait l'ardent et efficace défenseur.
En 1987, chargé d'une mission par le Gouvernement, il est l'auteur d'un
rapport remarqué, parce que remarquable, qui fait toujours autorité, sur
l'évolution de la taxe professionnelle.
Les sujets de prédilection de René Ballayer, qui se disait passionné de
finances publiques, portent sur les collectivités territoriales et leurs
ressources, sur l'aménagement du territoire et la nécessité d'une solidarité
nationale forte pour que les zones rurales conservent leurs commerces et leurs
services publics.
L'agriculture, le commerce et le renforcement de la formation professionnelle
étaient pour lui des priorités, mais le champ éclectique de ses intérêts
s'étendait jusqu'à la solidarité internationale et à l'aide au
développement.
Fort de son enracinement local, René Ballayer était en outre un européen
convaincu. Promoteur de l'idée européenne sur le plan national, il s'efforçait
de la rendre concrète dans son département. C'est ainsi que la qualité des
échanges qu'il a su initier, puis développer, entre la Mayenne et la Souabe lui
valurent, en 1988, « les étoiles d'or de l'initiative européenne ».
Passionné de sport bien qu'ayant délaissé la pratique du tennis pour un sport
cérébral, le bridge, René Ballayer était aussi un homme cultivé et curieux,
épris de contact et de convivialité. Sa présence chaleureuse et son ton de voix
caractéristique manqueront, c'est certain, à notre assemblée.
Au nom du Sénat tout entier, je voudrais dire à son épouse, à son fils
Patrick, à sa famille, à ses amis, à tous ceux à qui René Ballayer était cher,
notre profonde émotion et notre immense tristesse.
Que ses amis du groupe de l'Union centriste et ses collègues de la commission
des finances soient assurés de notre sympathie attristée.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les
sénateurs, le Gouvernement s'associe à l'hommage solennel que le Sénat rend
aujourd'hui à René Ballayer, sénateur de la Mayenne, décédé le 26 janvier des
suites d'une longue maladie.
D'origine modeste, cruellement confronté dans son enfance aux vicissitudes de
la vie, René Ballayer avait gagné la reconnaissance de ses concitoyens par son
travail, sa disponibilité et son écoute des autres.
Homme de mesure, René Ballayer était aussi un homme de convictions, comme en
témoigne son engagement, au sein des Forces françaises de l'intérieur, dans le
combat pour la libération de la France.
Sa passion de la chose publique le conduit, après la guerre, à s'impliquer
activement dans l'action politique. Elu d'un département rural, cet homme
attentif aux questions concrètes sut rester proche des réalités locales.
A travers ses mandats renouvelés de maire de sa commune d'Ernée, puis de
conseiller général, il avait acquis une connaissance approfondie des problèmes
que rencontrent quotidiennement, dans leurs domaines de compétence, les
collectivités territoriales.
Au sein tant de la Haute Assemblée, où il a siégé sans interruption à partir
de 1974, que du conseil général de la Mayenne, qu'il a présidé jusqu'en 1992,
René Ballayer fut un avocat convaincu de la nécessité d'une action soutenue en
faveur des petites et moyennes entreprises dans les zones rurales.
Le dynamisme d'un tissu économique local diversifié était, à ses yeux, l'une
des meilleures contributions à une politique bien comprise d'aménagement du
territoire. Ses interventions fréquentes dans cet hémicycle sur ces questions
témoignent de l'importance qu'il leur accordait.
Par la qualité des relations humaines qu'il entretenait avec chacun, par sa
connaissance des réalités de notre pays et de l'Europe, René Ballayer s'était
acquis une large estime et un respect qui débordait celui de sa seule famille
politique.
Au nom du Premier ministre et des membres du Gouvernement, je voudrais
exprimer à son épouse, à son fils, à ses proches, mes sentiments de
tristesse.
A ses amis et collègues du groupe de l'Union centriste, je fais part de ma
très sincère sympathie.
M. le président.
Madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je vous invite à observer
une minute de silence à la mémoire de notre cher collègue, trop tôt disparu.
(Mme le secrétaire d'Etat, Mmes et MM. les sénateurs observent une minute de
silence.)
Mes chers collègues, selon la tradition, nous allons interrompre nos travaux
pendant quelques instants, en signe de deuil.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à seize heures vingt, est reprise à seize heures
trente-cinq.)