SEANCE DU 6 FEVRIER 2001
M. le président.
La parole est à M. Karoutchi, auteur de la question n° 977, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Roger Karoutchi.
Ma question s'adresse à vous, monsieur Gayssot, même si, partiellement, elle
pourrait s'adresser à M. Vaillant.
Depuis plusieurs années, du fait du désengagement progressif de l'Etat, les
transports publics coûtent de plus en plus cher aux usagers et aux
collectivités locales franciliennes.
Pour la seule année 2000, le prix du carnet de tickets de métro a augmenté de
5,45 %, ce qui correspond à trois fois le niveau de l'inflation. La
contribution des voyageurs à l'exploitation de la RATP est ainsi passée de 40,5
%, en 1996, à près de 45 % aujourd'hui.
Dans le même temps, la région d'Ile-de-France n'a cessé d'accroître sa
contribution au financement des infrastructures, des opérations d'accessibilité
des réseaux, de la sécurisation des transports collectifs, de la
radio-localisation des bus, de la restructuration et de la rénovation des gares
et des stations, de la réfection du matériel roulant.
Dans le contrat de plan à venir, il en coûtera des milliards de francs aux
collectivités locales, alors que la réforme du syndicat des transports
parisiens, qui devient le syndicat des transports d'Ile-de-France, laisse, en
réalité, les pleins pouvoirs à l'Etat, par l'intermédiaire du préfet de
région...
(M. le ministre s'exclame.)...
en liaison, je vous l'accorde,
avec la SNCF et la RATP. Je reconnais bien volontiers que c'est un premier pas,
qui, je l'espère, en précédera d'autres, dans la régionalisation des
transports.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
C'est un progrès
!
M. Roger Karoutchi.
Or, malgré l'accroissement des sources de financement, tous les usagers
franciliens constatent que la qualité du service ne cesse de se dégrader.
Ils déplorent la détérioration du matériel roulant, tagué, couvert de
graffitis, quand les sièges ne sont pas lacérés, l'état général des wagons
devenant vraiment inacceptable.
Ils constatent des perturbations, des retards de plus en plus nombreux dans le
trafic ferroviaire et métropolitain, et je ne parle pas, naturellement, des
mouvements de grève, me limitant à ce qui est leur quotidien !
Enfin - c'est loin d'être le plus négligeable ! - ils subissent, sur le
réseau, des atteintes nombreuses et en hausse sensible à leur sécurité, sans
compter le fait que, pour les agressions mineures, nous le savons, ils ont
renoncé depuis longtemps à se plaindre.
Nous avons, à ce titre, au sein du conseil régional d'Ile-de-France et dans
d'autres enceintes, proposé l'expérimentation d'une police régionale des
transports, qui serait évidemment en liaison directe avec la police nationale.
Peut-être cette police régionale aurait-elle pu être utile pour prévenir, par
exemple, cette bataille de bandes qui a eu lieu à la Défense !
Monsieur le ministre, je sais que vous avez dit à plusieurs reprises que la
sécurité était, à vos yeux, un élément clé de l'amélioration des transports en
Ile-de-France.
Ce que j'aimerais savoir aujourd'hui, c'est quelles mesures vous envisagez de
prendre, en liaison avec la RATP et la SNCF, d'une part, pour remédier aux
dysfonctionnements qui altèrent la qualité du service et, d'autre part, pour
assurer la sécurité des personnes et des biens dans les transports publics en
Ile-de-France.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Monsieur le
sénateur, effectivement, pour qu'un plus grand nombre d'usagers utilisent les
transports collectifs, non seulement ceux-ci doivent être à la fois
confortables, sûrs, ponctuels et fréquents mais l'offre tarifaire doit être
satisfaisante. Ce sont ces facteurs conjugués qui contribueront à une plus
large utilisation des transports collectifs.
Depuis 1997, le Gouvernement s'efforce de mener, dans ce domaine, une
politique volontariste, avec, pour résultat, en Ile-de-France, une augmentation
moyenne annuelle de 4 % à 5 % du nombre des usagers des transports
collectifs.
La politique tarifaire a contribué largement à cette évolution positive. Nous
nous sommes attachés, en effet, à faire en sorte que la tarification se situe
au niveau de l'inflation, alors que, précédemment, les Franciliens subissaient
des augmentations annuelles supérieures de 3 % à la hausse des prix. Il est
vrai que c'est au prix d'une modulation : le ticket d'autobus ou de métro à
l'unité a effectivement augmenté davantage que l'inflation mais, en revanche,
nous avons créé la carte Imagine-R, que 500 000 jeunes utilisent aujourd'hui en
région parisienne, ainsi que le chèque mobilité pour les personnes en très
grande difficulté et les chômeurs ; de même, nous avons supprimé le
sectionnement sur les autobus de banlieue, ce qui permet d'effectuer les
trajets avec un seul ticket au lieu de plusieurs précédemment.
Cependant, une telle augmentation du trafic - encore une fois, de 4 % à 5 %
par an - entraîne aujourd'hui des difficultés sur les réseaux, qui sont
confrontés au phénomène de saturation que vous avez évoqué.
Par exemple, malgré la mobilisation de la SNCF et de ses agents,
l'irrégularité des trains de banlieue se situe à des niveaux inacceptables qui
suscitent l'exaspération légitime des voyageurs ; il faut les comprendre.
La véritable origine de cette situation résulte, en particulier, et je
n'hésite pas à le dire, d'une politique chronique de sous-investissement menée
depuis plus de vingt ans sur la banlieue parisienne. Malgré les efforts
entrepris, l'âge moyen du matériel reste encore très élevé, beaucoup de
locomotives ayant entre trente-cinq et quarante ans et donc présentant une
fiabilité insuffisante.
Un programme de rattrapage a dû être décidé par l'Etat, le STIF, le syndicat
des transports d'Ile-de-France, la région et la SNCF. Ainsi, 1,6 milliard de
francs ont été affectés à la rénovation du matériel roulant ; les rénovations
commencées cette année se poursuivront jusqu'en 2004. Par ailleurs, le contrat
de plan État-région, dont les crédits sont en augmentation de 50 % par rapport
au précédent, prévoit également d'importants investissements de capacité pour
améliorer fréquence et régularité.
L'humanisation des réseaux, qui s'inscrit dans la lutte contre l'insécurité
dans les transports, que vous évoquez à juste titre, a permis de mettre 4 800
personnes supplémentaires au contact avec le public en Ile-de-France ; 300
millions de francs par an ont été dégagés pour des équipements de sécurité.
D'ailleurs, d'après les éléments chiffrés dont je dispose - mais je sais bien
que la prudence est de mise en la matière, car la polémique est toujours
possible - on constaterait plutôt une baisse, précisément de 2,8 % sur le
réseau de la RATP et de 9 % sur le réseau de la SNCF. Toutefois, tous les
incidents ne sont pas comptabilisés, notamment les incivilités, qui nourrissent
pourtant un sentiment d'insécurité justifié.
Donc, malgré ces résultats encourageants, il convient de poursuivre les
actions engagées.
Je vous rappelle enfin que la loi relative à la solidarité et au
renouvellement urbains prévoit d'accroître les rôles respectifs du syndicat des
transports d'Ile-de-France, nouvelle autorité organisatrice, et de la région,
ce qui va dans le sens de la décentralisation.
Monsieur le sénateur, je vous ferai remarquer que, de la réforme du syndicat
des transports, on en parlait depuis vingt ans, mais, jusqu'à présent, on ne
l'avait jamais vue ! Aujourd'hui, nous avons avancé, et la nouvelle structure
offre le double avantage de nourrir les décisions de l'expérience vécue sur le
terrain et d'associer tous les acteurs.
M. Roger Karoutchi.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Karoutchi.
M. Roger Karoutchi.
Monsieur le ministre, je reconnais les efforts réalisés et je sais
parfaitement qu'effectivement personne ne voyait venir la fameuse réforme du
syndicat des transports.
De même, je reconnais bien volontiers qu'un premier pas a été fait. Reste que,
pour nous, il est insuffisant, puisqu'il ne donne pas vraiment aux
collectivités le pouvoir qu'elles devraient avoir au sein du syndicat.
J'en veux pour preuve le deuxième thème que vous évoquez dans votre réponse.
Rénovation du matériel roulant ? Oui ! Augmentation des crédits dans le contrat
de plan Etat-région ? Oui ! Mais, là encore, et c'est la raison pour laquelle
elles souhaitent avoir plus de pouvoir dans le syndicat des transports, c'est
essentiellement aux collectivités locales qu'un financement complémentaire a
été demandé !
DYSFONCTIONNEMENTS SUR LES LIAISONS FERROVIAIRES
CHARTRES-PARIS ET DREUX-PARIS