SEANCE DU 16 JANVIER 2001
M. le président.
La parole est à M. André, auteur de la question n° 957, adressée à M. le
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Pierre André.
Monsieur le ministre, dès votre prise de fonctions, en 1997, vous avez marqué
votre volonté et celle du Gouvernement de réaliser rapidement la liaison
fluviale Seine-Nord.
Pour vous, pas de doute, cette liaison Seine-Nord est une priorité nationale,
et vous venez, il y a quelques instants, de rappeler votre désir de
rééquilibrer, les modes de transport en France !
Nombreux ont été les élus et les responsables socio-professionnels de toutes
tendances à approuver votre position et votre méthode de travail : dizaines de
réunions de concertation, étude de vingt-trois tracés différents, nomination
d'un préfet de région coordinateur du projet.
Nous avons applaudi à votre détermination : fin des études et présentation de
l'échéancier, deuxième semestre 1998 ; puis déclaration d'utilité publique,
acquisition des terrains et début des travaux en 2001.
Aujourd'hui, trois ans après, les mêmes élus et les mêmes responsables
socioprofessionnels, qui vous ont approuvé et largement soutenu, sont non
seulement déçus mais très en colère.
(M. le ministre fait un signe de
dénégation.)
Malgré vos engagements nombreux, notamment en juin dernier,
auprès de Jean-Paul Delevoye, notre collègue président de l'Association des
maires de France et président de l'association des liaisons fluviales Seine-Est
et Seine-Nord, à ce jour, aucun tracé n'a été retenu, aucun échéancier ne nous
est connu.
Il est de votre devoir, monsieur le ministre, de nous dire qu'il s'agit d'une
décision du Gouvernement d'abandonner le projet Seine-Nord.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Mais non !
M. Pierre André
Sinon, pourquoi attendre pour préciser, et c'est l'objet de ma question, le
tracé retenu - canal du Nord ou canal de Saint-Quentin - ainsi que l'échéancier
? En effet, de votre réponse, monsieur le ministre, dépendent des choix
importants en matière économique et urbanistique pour nos villes, pour nos
départements et pour nos régions.
M. Gérard Cornu
Très bien !
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Monsieur le
sénateur, vous avez d'abord souligné ma détermination et ma méthode de travail,
mais pour les critiquer ensuite.
Je soutiens le projet Seine-Nord, je l'ai déjà dit et je vous le redis.
J'entends en poursuivre l'élaboration avec la meilleure efficacité possible
afin de le mener à bien.
L'objectif d'un aménagement progressif à grand gabarit de cette liaison a été
inscrit par le Gouvernement dans le projet de schéma de services de transport
de marchandises, actuellement soumis à une consultation régionale.
Vous dites que rien ne s'est passé depuis. Mais si, puisque, dans le projet de
schéma de services qui a été présenté par le Gouvernement figure cette liaison
! Vous prétendez que nous n'avançons pas, vous vous demandez où nous en sommes,
si nous avons abandonné ce projet, mais c'est le contraire !
Vous auriez dû, avec le même esprit d'objectivité qui caractérisait le début
de votre propos, dire que c'est formidable, que le Gouvernement a confirmé la
réalisation du projet. Or vous faites comme si rien ne s'était passé. Pourtant,
c'est écrit ; c'est officiel !
Sans attendre les conclusions de la consultation régionale, préalable à tous
les schémas de services, qui seront connus en 2001, j'ai voulu, pour donner
toutes les chances à ce projet, procéder à l'aménagement des extrémités de la
liaison au nord et au sud. Cet aménagement participe à la réalisation totale,
c'est-à-dire Dunkerque-Escaut, d'une part, et Oise-aval, d'autre part. En
effet, on peut réaliser la partie centrale mais, si l'on ne procède pas à
l'aménagement des extrémités, cela ne sert à rien. En revanche, si on relève le
tirant d'air - c'est-à-dire le fait de réhausser les ponts pour permettre aux
péniches de passer - entre Dunkerque et Escaut, et si on aménage Oise-aval, le
projet global s'en trouve conforté.
L'objectif est véritablement de développer le transport fluvial - et
actuellement celui-ci fonctionne bien - dans les bassins concernés et
d'améliorer la desserte fluviale des ports de Dunkerque, de Rouen, de Paris et
du Havre en traversant, bien entendu, les territoires concernés.
J'insiste, monsieur le sénateur, le schéma de services, d'une part, et les
décisions prises dans le cadre des contrats de plan, s'agissant notamment de
l'aménagement des extrémités de la liaison, d'autre part, sont l'expression
même de la détermination du Gouvernement.
Sur le bassin Nord - Pas-de-Calais, le programme contractualisé avec la région
reprend le rehaussement des ponts sur le canal Dunkerque-Escaut et
l'amélioration des liaisons avec la Belgique. Au sud de la liaison, l'objectif
du Gouvernement est d'améliorer sur cette période du contrat de plan les
conditions de navigation sur la Seine et l'Oise, principalement par la
modernisation des barrages et écluses.
Un programme a été proposé dans ce sens aux régions Ile-de-France et
Picardie.
Ces aménagements permettront de conforter la forte croissance du mode fluvial
avec l'objectif de doubler le trafic d'ici à 2010. Nos ambitions sont grandes.
C'est donc en fonction de l'évolution du trafic à l'horizon des contrats de
plan 2000-2006 que sera déterminée la programmation du tronçon central, entre
Compiègne et le canal Dunkerque-Escaut. Le choix du fuseau de tracé de cette
partie centrale sera précisé dans le cadre du débat avec les régions concernées
sur le projet de schéma de services de transport de marchandises.
Monsieur le sénateur, nous n'avons rien oublié, rien abandonné et la méthode
de travail consiste à retenir la meilleure solution après la meilleure
concertation.
M. Pierre André.
Le demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. André.
M. Pierre André.
Monsieur le ministre, nous avons aujourd'hui franchi un grand pas. Cela fait
trente ans que les ministres de l'équipement nous répètent dans cet hémicycle
et ailleurs que le tracé de cette liaison fluviale sera annoncé dans les
semaines et les mois qui viennent...
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Ah, si cela
avait été fait depuis trente ans...
M. Pierre André.
Le problème serait réglé !
Nous avons certes approuvé votre méthode de travail, mais je me permets de
vous dire que votre démarche m'inquiète quelque peu : nous savons aujourd'hui
par quelles extrémités nous allons commencer, mais nous ne savons pas encore,
après votre réponse, si elles seront un jour reliées car nous ne savons pas
quel tracé sera retenu.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Elles se
rejoindront !
AXES DE CIRCULATION DANS LA VALLÉE DU RHÔNE