SEANCE DU 11 JANVIER 2001


M. le président. La parole est à M. Moreigne.
M. Michel Moreigne. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture.
Alors que l'Union européenne a décidé que les tests rapides de dépistage doivent être généralisés au 1er juillet prochain et que les bovins de plus de trente mois non testés à compter du 1er janvier doivent être abattus, notre pays est le seul à se mobiliser afin d'opérer dès maintenant un dépistage systématique.
Je tiens à saluer votre action en tant que président du conseil des ministres de l'agriculture au dernier semestre : vous avez amené - et ce n'est pas un mince exploit - nos partenaires européens sur la voie d'une vigilance accrue et coordonnée en matière de sécurité alimentaire, ce qui est de nature, chacun en conviendra, à rassurer les consommateurs.
A ce jour, une vingtaine de laboratoires d'analyses vétérinaires sont équipés et répondent au cahier des charges d'agrément, très rigoureux, établi par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments afin de garantir scrupuleusement la fiabilité des résultats des tests Prionics et Biorad.
Une quarantaine de laboratoires candidats sont en cours d'agrément par l'intermédaire de la direction générale de l'alimentation : dix sont dans la dernière phase, celle des essais interlaboratoires.
Pouvez-vous, monsieur le ministre, faire le point sur la mise en oeuvre du plan national de dépistage de l'ESB, particulièrement dans le Limousin, qui est une région d'élevage extensif touchée de plein fouet par la crise du marché de la viande bovine ?
Pouvez-vous, par ailleurs, indiquer au Sénat les modalités, d'une part, de la compensation des pertes subies par les éleveurs - ce problème nous préoccupe beaucoup - et, d'autre part, de l'intervention publique sur les carcasses d'animaux de plus de trente mois retirées de la chaîne alimentaire ? (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur Moreigne, la procédure pour agréer un laboratoire est simple et ne relève pas d'une décision autoritaire du ministre de l'agriculture.
Récemment, j'ai vu des agriculteurs murer les portes et les fenêtres d'une direction départementale de l'agriculture pour exiger que le ministre agrée tout de suite leur laboratoire. C'est comme si des parents d'élèves manifestaient devant un centre d'examen pour revendiquer que leur enfant obtienne le baccalauréat !
Pour être agréé, un laboratoire doit respecter un certain nombre de procédures ! J'ai d'abord lancé un appel à candidatures auprès de tous les laboratoires français et j'ai reçu quelques dizaines de réponses. Les candidats ont dû ensuite respecter un cahier des charges imposé par le ministère et subir une sorte d'examen pour lequel le jury est l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments qui indique si la manière de pratiquer les tests correspond aux exigences de qualité et de sérieux édictées. Ce n'est que lorsque l'analyse interlaboratoire est effectuée que le ministère accorde l'agrément.
Comme je l'ai déjà dit, partis de treize laboratoires agréés, nous en sommes aujourd'hui à vingt et je pense que nous en serons à vingt-six la semaine prochaine et à une quarantaine au début du mois de février. Nous couvrirons ainsi l'ensemble du territoire national.
Pour ce qui concerne le laboratoire de la Creuse dont vous vous préoccupez, monsieur le sénateur, il est dans la phase interlaboratoire et j'imagine que, dans quelques jours, il sera agréé.
Pour ce qui est des bovins de plus de trente mois maintenant, le dispositif européen impose que tous ceux qui ne sont pas testés soient détruits selon une procédure d'achat et de destruction. Les éleveurs sont alors indemnisés à 70 % par l'Europe et à 30 % par l'Etat français.
S'agissant d'éventuelles compensations pour pertes de revenus, comme nous avons l'interdiction absolue d'accorder des aides nationales, puisqu'il s'agit d'une politique communautaire, le conseil de l'agriculture a passé commande à la Commission de compensations pour l'ensemble des éleveurs d'Europe touchés par cette crise. Nous sommes en train de monter les dossiers avec les professionnels pour que nos demandes soient nourries de données économiques et sociales très précises. Et, lors du prochain conseil de l'agriculture, nous entendrons les propositions de la Commission. (Applaudissements sur les travées socialistes, sur celles du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

INONDATIONS EN BRETAGNE