SEANCE DU 29 NOVEMBRE 2000
M. le président.
« Art. 28. - Le montant du prélèvement effectué sur les recettes de l'Etat au
titre de la participation de la France au budget des Communautés européennes
est évalué pour l'exercice 2001 à 99,5 milliards de francs. »
La parole est à M. le rapporteur spécial.
M. Denis Badré,
rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, monsieur le
ministre, mes chers collègues, avec l'article 28 du projet de loi de finances,
nous abordons notre traditionnel débat sur les affaires européennes.
Je dirai d'abord quelques mots sur le contexte de ce débat, qui n'est pas
vraiment enthousiasmant. La construction européenne semble en effet vivre l'une
de ces périodes où elle reprend son souffle - je l'espère, en tout cas - et
peut-être y sommes-nous un peu pour quelque chose. Mais j'aimerais être certain
que c'est pour mieux repartir, parce qu'il n'y a jamais eu autant à faire,
parce que l'on n'a jamais eu autant besoin de l'Europe.
La réforme institutionnelle bégaie, même si j'espère encore que Nice va
pouvoir nous rassurer. Confirmez-nous, monsieur le ministre, que vous êtes
confiant sur ce point et que vous vous êtes donné les moyens de réussir !
La monnaie s'érode, mais c'est sans doute faute d'un pouvoir, d'une cohésion
et d'une volonté politiques. Là aussi, monsieur le ministre, dites-nous que
nous allons réagir. Après tout, nous assurons toujours la présidence de l'Union
européenne !
Sur trop d'autres grands dossiers, l'Europe désunie affiche divisions et
impuissance.
L'harmonisation fiscale piétine, la sécurité alimentaire divise,
l'environnement fâche, l'échec de la conférence de La Haye est navrant, et le
spectacle d'une Europe hors d'état de s'unir pour s'exprimer fermement face à
la puissante Amérique ne peut qu'engendrer l'amertume.
Les ministres européens, d'ailleurs, se rejettent mutuellement la
responsabilité de l'échec de cette conférence, ce qui accroît notre inquiétude
et le désarroi des Européens.
Tout cela n'est pas à la mesure des enjeux !
Je préfère, enfin, ne pas parler du tout de l'élargissement, sinon pour
rappeler que nos partenaires de l'Union semblent avoir peut-être mieux que nous
pris la mesure des défis à relever.
Monsieur le ministre, où est cette Europe proche des citoyens dont nous
parlons dans tous nos discours ? Où est l'Europe solidaire et forte que la
France, qui en assume actuellement la présidence, voulait - et veut toujours -
promouvoir ?
J'espérais la voir apparaître à la lecture du projet de budget qui nous est
présenté pour 2001. Mon optimisme naturel est malheureusement déçu.
Je rappelle que ce budget s'inscrit dans le cadre de la programmation
financière adoptée à Berlin en mars 1999, laquelle présente tous les défauts
des compromis ficelés pendant les « prolongations » pour conclure un débat qui
a été un peu escamoté.
Ce budget s'inscrit aussi dans le cadre de l'accord inter-institutionnel de
mai 1999, qui a débouché sur une crise majeure dès les premiers mois de son
application. La procédure budgétaire européenne ne fonctionne pas !
Au plan national, nous pourrions tout de même essayer d'avoir un vrai débat, à
condition de respecter quelques principes : lors du débat d'orientation
budgétaire, nous devrions consacrer du temps à l'Europe, à condition, bien sûr,
que le Gouvernement nous informe en temps utile des propositions de la
Commission et nous fasse connaître ses propres intentions.
Cela dit, vous nous proposez aujourd'hui d'approuver le versement au budget
européen de 99,5 milliards de francs, prélevés sur les recettes de notre budget
pour 2001. C'est finalement assez peu : l'Europe nous coûtera à peine plus que
les 35 heures. Mais cela représente tout de même le tiers de l'impôt sur le
revenu !
Je précise d'emblée que nous devons examiner ce prélèvement alors que les
exigences du Parlement européen, si elles devaient prévaloir, l'alourdiraient.
Nous ne savons pas, toutefois, dans quelle mesure elles le feront.
Cette charge est également calculée sur des bases très incertaines. La parité
euro-dollar, qui influence considérablement le poids des dépenses agricoles, et
les effets des crises alimentaires que nous traversons nourrissent ces
incertitudes.
Je rappelle que 10 % d'appréciation du dollar par rapport à l'euro
représentent 450 millions d'euros d'économie. Je rappelle également que nous
avons engagé plus de 3 milliards d'euros sur l'encéphalopathie spongiforme
bovine, l'ESB, et je crains que ce ne soit pas fini.
S'y ajoutent les inconnues sur la croissance européenne et sur l'exécution
budgétaire qui, aux termes de mécanismes complexes, influent sur le niveau
effectif de notre contribution. L'aléa n'est pas mince ! Je rappelle, pour
l'illustrer, que nous avons approuvé l'an dernier une contribution de 98,5
milliards de francs qui a été finalement exécutée à hauteur de 94 milliards de
francs, soit 5 % de moins.
Quoi qu'il en soit, il s'agit pour l'instant d'un prélèvement fixé, même s'il
n'est qu'estimé, à 99,5 milliards de francs, ce qui représente un
alourdissement considérable : 5,6 % par rapport à 2000. Et ce saut, déjà
important, devrait l'être plus encore si la nouvelle décision sur les «
ressources propres », adoptée au Conseil de Berlin, était déjà ratifiée.
Rappelons qu'il devra, en tout état de cause, s'appliquer de manière
rétroactive.
Si le budget européen, sur lequel sont calculées les cotisations des Etats
membres, était celui qu'adoptera le Parlement européen, alors ce prélèvement
s'élèverait vraisemblablement à près de 102 milliards de francs, soit une
progression de près de 8 %. Mais soyons honnêtes : il est vraisemblable
qu'arrêté à 102 milliards de francs il ne devrait pas être exécuté à ce
niveau.
En présentant cette analyse d'une manière volontairement complexe et floue, je
veux simplement souligner les difficultés qui subsistent autour du calcul de ce
prélèvement. Mais le budget ne peut pas se satisfaire de flou, et un flou de
plusieurs milliards de francs ne peut pas passer inaperçu. Comparons-le, par
exemple, à notre budget de l'environnement !
J'en profite pour regretter à nouveau qu'aucun progrès n'ait été réalisé en
matière de recettes à Berlin. La correction britannique, qui était l'élément le
plus discutable car le moins équitable du système, a même été, de fait et
presque de droit, « consolidée ». Pis, la réforme de ce financement s'est
inspirée directement de l'approche du « juste retour » que je n'arrête pas de
dénoncer devant vous comme foncièrement anti-européenne. L'avons-nous assez dit
? Je n'en suis pas sûr, puisque le débat continue en servant les thèses des
détracteurs de l'Union.
Me conformant maintenant à la nouvelle méthode préconisée par le président
Lambert, j'en viens directement à mes questions, qui se rattachent à une double
observation : les Européens ne peuvent se reconnaître dans un budget qui n'en
est pas un, et les Français ne peuvent comprendre et adopter l'idée d'un
prélèvement sur leur budget national qui ne sera certainement pas exécuté au
niveau auquel il est voté.
L'Union ne nous propose donc pas encore un budget des Européens.
Budgétairement, elle ne peut donc qu'être mal perçue par les citoyens des Etats
membres.
Dans ces conditions, mes questions seront de trois ordres.
Tout d'abord, monsieur le ministre, le budget européen est loin d'être
démocratique.
Que pensez-vous personnellement d'un budget dont les dépenses sont votées par
le Parlement européen sans que celui-ci ait à porter la responsabilité de leur
financement ? Que pensez-vous d'un budget dont les recettes sont votées par une
autre autorité - les parlements nationaux - sans que ceux-ci aient le moindre
droit de regard sur l'usage qui sera fait de leur contribution ? N'y a-t-il pas
là matière à quelques rancoeurs européennes au sein de nos parlements
nationaux, qui sont pourtant les mieux placés pour faire adhérer les citoyens
des Etats membres à la construction européenne ?
M. Hubert Haenel,
président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne.
Tout à fait
!
M. Denis Badré,
rapporteur spécial.
Un tel budget est-il démocratique ? Est-ce un budget
pour une Europe des citoyens ?
Qu'envisagez-vous, monsieur le ministre, pour nous sortir de cette situation ?
Nous vous avions suggéré d'inclure cette question dans le débat sur les
institutions ; vous ne l'avez pas choisi, mais la présidence française n'est
pas achevée, vous pouvez peut-être encore prendre une initiative, sinon
parvenir à des conclusions, ne serait-ce que pour lancer une réflexion. Le
ferez-vous, monsieur le ministre ?
Ensuite - et c'est une deuxième série de questions - le prélèvement que nous
devons voter n'est pas sincère.
Que pensez-vous d'un prélèvement arrêté à 99,5 milliards de francs - c'est en
tout cas le niveau auquel nous allons le voter - mais qui, en réalité, n'est
pas arrêté du tout ? Il sera en effet réévalué lorsque la décision sur les
nouvelles ressources propres de Berlin aura été ratifiée. Mais quand ? Quel
sera son effet sur le budget pour 2001 ? Il sera aussi réévalué lorsque le
budget du Conseil sera devenu le budget du Parlement européen : on a parlé de 3
milliards d'euros, ce qui représente pour nous une augmentation du prélèvement
de l'ordre de 3 milliards de francs. Avez-vous des précisions à nous donner à
ce sujet ?
Incidemment, monsieur le ministre, comment expliquer que le Conseil « budget »
du 20 juillet, présidé par la France, soit allé au-devant de ce dérapage en
incitant le Parlement européen à faire jouer ses facultés de mobilisation des
marges des politiques internes ?
Enfin, j'en viens maintenant à ma troisième série de questions.
En l'état actuel de notre procédure, le prélèvement européen devrait pouvoir
être consenti par les Etats membres comme l'impôt doit l'être, à l'échelon
national et en bonne démocratie, par les citoyens. C'est en effet un autre
principe démocratique que le consentement à l'impôt. Parlons donc du
consentement au prélèvement pour les nations !
Monsieur le ministre, je pense que vous hésiteriez à présenter au Parlement
français un budget préparé de manière aussi peu précise, où les plafonds
tiennent généralement lieu de crédits, et exécuté dans des conditions aussi
relâchées ; et vous auriez raison ! Eprouvez-vous quelque gêne à nous présenter
ce prélèvement, ou êtes-vous complètement serein ?
Que pensez-vous, en effet, d'un budget qui prévoit 30 milliards de francs de
nouveaux crédits d'engagement sur les politiques structurelles, alors qu'il
subsiste 40 milliards de francs à liquider ? N'est-il pas temps de reconsidérer
le principe de programmation en montants de dépenses qui est à la base des «
perspectives budgétaires » européennes ? Cette situation est-elle encore
tenable pour un budget nourri par des prélèvements sur des budgets nationaux,
lesquels ne disposent pas de la moindre latitude ? Est-il satisfaisant que l'on
se contente de dire, même si c'est vrai, que les dépenses agricoles pourront
fluctuer dans de fortes proportions selon la parité entre le dollar et l'euro,
et qu'elles pourront varier si la crise de la vache folle l'exige ?
Ces vérités doivent être traduites en inscriptions budgétaires, dès lors que
l'on établit un budget et si l'on veut que celui-ci ne reste pas un simple
discours.
Je pourrais aussi, bien sûr, parler des crédits destinés à financer
l'élargissement de l'Union européenne ou à aider à la restructuration des
Balkans. Un vrai budget, ce sont aussi des bases légales !
Je conclurai mon intervention en disant que, aujourd'hui, nous ne pouvons plus
simplement crier « Gare ! ». Il faut prendre les mesures qui s'imposent tant
qu'il est encore temps, car on ne poursuivra pas longtemps la construction de
l'Union si de tels errements persistent. C'est parce je crois passionnément en
la construction européenne que je demande que soit d'urgence lancée une réforme
de fond de la procédure budgétaire européenne.
L'Europe a toujours progressé pragmatiquement. Aujourd'hui, dans ce domaine
comme dans beaucoup d'autres, elle ne peut plus se contenter d'ajustements au
fil de l'eau. Je regrette à nouveau que la présidence française, qui a affiché
sa volonté de réformer les institutions de l'Union, n'ait pas clairement posé
ce problème clé pour l'avenir. Quand le sera-t-il, alors ?
Nous serons capables de poursuivre la construction de l'Union si nous
définissons avec précision ses compétences - cela a été dit et je le répète -
si nous dotons l'Union d'institutions lui permettant ensuite d'assumer
celles-ci et si nous mettons à sa disposition une procédure budgétaire
démocratique, sincère et contrôlable.
Certains appellent cela une Constitution. Je pense qu'ils ont raison, il n'y a
plus qu'à aller dans cette voie.
C'est aussi parce que je crois passionnément en l'Europe que, malgré tous les
défauts que je viens de dénoncer et sous réserve - je vis toujours d'espoir ! -
que l'on s'emploie rapidement à les réduire, je vous demanderai, mes chers
collègues, de voter l'article 28 du projet de loi de finances. C'est pour
éviter aujourd'hui une crise européenne dont la France porterait la
responsabilité que je le fais, mais c'est aussi pour éviter demain une crise
autrement plus grave que je viens de dénoncer les défauts du système actuel. Il
est en effet encore temps de les corriger, même s'il est déjà bien tard !
Monsieur le ministre, il vous faut demander que les réformes institutionnelles
engagées concernent aussi le budget européen. Ce sera difficile, il y faudra
une ferme volonté politique, mais c'est indispensable, et, comme pour
l'élargissement, ce peut être une réelle occasion de revenir à l'essentiel et
d'apporter des réponses solides aux vraies questions que se posent les
Européens au regard de la construction européenne.
Monsieur le ministre, ces questions ne peuvent plus être éludées.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. le président de la délégation du Sénat pour l'Union
européenne.
M. Hubert Haenel,
président de la délégation du Sénat pour l'Union européenne.
Monsieur le
président, monsieur le ministre, mes chers collègues, comme chaque année, nous
sommes appelés à autoriser la contribution de la France au budget des
Communautés européennes. En dépit du caractère convenu de l'exercice, c'est un
moment de notre vie parlementaire que je crois important.
Comme chaque année également, le budget communautaire, qui justifie le montant
de la contribution française, est présenté en forte augmentation. Sa
progression est même plus rapide que celle du budget national, qu'il est
pourtant permis d'estimer déjà trop vive.
Certains se félicitent de ce décalage dans les rythmes de progression des deux
budgets, considérant que c'est un effet logique des progrès constants de la
construction européenne. D'autres, au contraire, le déplorent, estimant que
c'est un signe de l'interventionnisme de la Commission européenne et des
empiètements permanents de l'Union sur les compétences des Etats membres.
Pour ma part, je considère que l'existence même de ce débat, parfaitement
légitime au demeurant, est surtout révélatrice de l'imbrication croissante de
la construction communautaire et de la vie politique nationale, y compris,
depuis le traité d'Amsterdam, dans des domaines qui relèvent traditionnellement
de la compétence du pouvoir exécutif, comme la police ou la politique
extérieure. Il faut toutefois reconnaître que, pour l'instant, ces nouveaux
chantiers communautaires sont loin d'être ceux qui grèvent le plus lourdement
le budget européen.
Avec un montant de presque cent milliards de francs, la contribution de la
France devient tout à fait substantielle, et il faut se féliciter de ce que, en
dépit de certaines interrogations bien compréhensibles, l'opinion publique
française ne semble pas mettre en question le principe même de cette
contribution. Encore faut-il s'assurer que le consentement des Français ne
résulte pas d'une simple ignorance...
Tel est l'enjeu de notre débat d'aujourd'hui, et nous sommes pleinement dans
notre rôle de parlementaires en cherchant à éclairer nos concitoyens sur
l'usage que l'Union européenne fait des ressources qui lui sont apportées par
la France.
En revanche, sur un plan non plus politique mais juridique, le Parlement
français apparaît plutôt désarmé. Comme l'a relevé avec beaucoup de pertinence
notre collègue Denis Badré, nous pourrions aujourd'hui refuser de voter
l'article 28 du projet de loi de finances - rassurez-vous, monsieur le
ministre, il ne s'agit que d'une hypothèse d'école - sans que cela autorise
pour autant la France à se soustraire à son obligation de contribuer au
financement du budget communautaire, car il s'agit pour elle d'un engagement
international.
Cette situation n'est pas totalement satisfaisante. Sans compliquer encore la
procédure budgétaire européenne, qui l'est déjà bien assez, nous pourrions
quand même essayer de développer un dialogue plus direct avec les institutions
communautaires.
Il nous faudra rapidement, monsieur le président, monsieur le ministre, mes
chers collègues, formuler des propositions très concrètes visant à donner aux
parlements nationaux toute leur place dans ce domaine. Cela nous permettrait de
faire entendre notre point de vue à un moment où les choses ne sont pas encore
décidées. M. Denis Badré le suggère dans l'introduction de son excellent
rapport, et, en ce qui me concerne, je ne verrais que des avantages à ce qu'il
puisse le faire sous sa double casquette de membre de la commission des
finances et de membre de la délégation du Sénat pour l'Union européenne.
(M.
le président de la commission des finances fait un signe d'assentiment.)
Au stade atteint aujourd'hui par la construction européenne, une association
plus étroite des parlements nationaux au processus de décision communautaire
apparaît désormais non seulement opportune, mais indispensable. Les modalités
peuvent être discutées, mais non le principe. Bien sûr, l'objet d'une meilleure
implication des parlements nationaux à Bruxelles doit être de dissiper les
malentendus inutiles et de hâter la formation des consensus. Ne sommes-nous
pas, nous les parlementaires nationaux, les relais nécessaires sur le terrain,
les pédagogues de l'Europe ? Il ne s'agit certainement pas de compliquer le
processus de décision communautaire, ni de créer des occasions de blocage
supplémentaires.
Une telle évolution de l'équilibre institutionnel communautaire me semble
particulièrement légitime en ce qui concerne les questions budgétaires. Ainsi
que le souligne notre collègue Denis Badré dans son rapport, si le Parlement
européen a compétence pour voter les dépenses du budget européen, ce sont les
parlements nationaux qui ont compétence pour en voter les recettes.
Dans la discussion budgétaire à Bruxelles, qui s'étire du printemps à la fin
de l'année, la distribution des rôles semble immuable : la Commission propose
un avant-projet de budget d'un certain montant, que le Conseil trouve, bien
sûr, trop élevé, tandis que le Parlement européen le juge, au contraire, trop
modique. Peu importent les montants concernés et les raisons invoquées, qui
varient à chaque fois. Mais, tous les ans, les trois branches de l'« autorité
budgétaire communautaire » - selon l'expression consacrée - se positionnent
respectivement de cette manière.
Heureusement, comme on ne trouve pas l'équivalent de l'article 40 de la
Constitution française dans les textes de procédure budgétaire européens et
comme les lignes directrices des perspectives financières s'imposent par
ailleurs, il faut bien que tout le monde finisse par s'entendre !
Le nouvel accord inter-institutionnel n'a pas fait disparaître ces tensions
inévitables, mais il permet quand même de mettre un peu d'huile dans les
rouages, grâce à la nouvelle procédure informelle du « trilogue » entre les
trois branches de l'autorité budgétaire communautaire.
Sur le fond, quels sont les principaux thèmes qui cristallisent le débat
budgétaire européen cette année ?
Le débat est plus vif cette année que lors de la discussion du projet de
budget pour 2000, car la Commission persiste dans sa volonté de réviser les
perspectives financières et l'a manifesté, à la différence de l'an dernier, en
déposant une proposition de révision en bonne et due forme. A mesure que nous
allons progresser dans l'exercice des perspectives financières, qui s'étend de
2000 à 2006, cette pression va, bien sûr, s'accroître. En effet, les occasions
de dépenses nouvelles ne peuvent qu'aller en se multipliant, l'adhésion de
nouveaux Etats n'étant pas la moindre, sans que les occasions d'économies
s'imposent d'elles-mêmes.
Pour cette année, je constate que le débat budgétaire européen se focalise sur
trois points principaux.
Le premier point touche, bien sûr, à la politique agricole commune. Denis
Badré, avec l'expertise qui lui est coutumière, a souligné les incertitudes qui
affectent les prévisions dans ce domaine.
D'une part, la réforme de la PAC décidée au Conseil européen de Berlin, en
mars 1999, est « calibrée » pour entraîner une hausse du montant total des
dépenses agricoles les premières années, avant de permettre des économies sur
le reste de la période. Mais le bon déroulement de cet enchaînement reste
encore à prouver.
D'autre part, la propagation probable de la maladie de la « vache folle » dans
un nombre de plus en plus grand d'Etats membres fait peser une hypothèque
majeure sur le montant des crédits dévolus à la PAC. Cette crise pourrait en
effet avoir un impact considérable sur les crédits d'intervention en faveur
tant de la filière bovine que de la culture des oléagineux, appelés à se
substituer aux farines animales.
Je m'en tiens à ces quelques considérations pour ce qui concerne le volet de
la politique agricole commune.
Un deuxième point conflictuel est celui de la politique extérieure de l'Union
européenne.
L'an dernier, le Parlement européen, avec le soutien de la Commission, voulait
dégager davantage de crédits en faveur de la « reconstruction » des Balkans,
notamment du Kosovo. Finalement, un accord à pu être trouvé en mobilisant ce
que l'on appelle, dans le jargon, l'« instrument de flexibilité », qui est, en
droit budgétaire européen, l'équivalent d'un chapitre « réservoir » en droit
budgétaire national.
Cette année, de nouveau, la démocratisation inattendue de la Serbie motive une
demande de crédits supplémentaires de la part de la Commission et du Parlement
européen. Ce dernier refuse, par ailleurs, le rédéploiement des crédits au sein
de la « rubrique 4 », relative aux interventions extérieures de l'Union, qui
est proposé comme solution par le Conseil.
Sur le fond, la possibilité d'engager rapidement une action en faveur de la
Serbie, au-delà de l'aide de première urgence, n'est pas si évidente. En effet,
les problèmes pendants entre cet Etat, qui se prétend héritier de la
Yougoslavie, et l'Union européenne ne seront pas réglés aussi facilement qu'on
le dit.
De toute façon, à supposer que l'on décide quand même d'engager massivement
des crédits en faveur de la Serbie, il est douteux que la « capacité
d'absorption » de ce pays soit très importante. Alors que, déjà, ce n'était pas
la république la plus développée de l'ancienne fédération yougoslave, son
économie a été totalement ruinée par les dix années de guerre voulues par
Milosevic.
En fait, ces demandes de crédits supplémentaires pour les Balkans semblent
relever davantage d'une question de principe, de la part du Parlement européen
et de la Commission, que d'une analyse réaliste des besoins de la région.
M. Alain Lambert,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
Oui !
M. Hubert Haenel.
Les Quinze ont pourtant clairement décidé, à Amsterdam, de traiter dans une
optique intergouvernementale la politique extérieure commune de sécurité et de
défense. Mais les deux autres branches de l'autorité budgétaire européenne
semblent, par le biais de ces demandes de crédits supplémentaires, vouloir «
faire du troisième pilier dans le cadre du deuxième pilier ». En effet, au
titre du deuxième pilier, elles partagent le pouvoir de décision, que le
Conseil exerce seul pour le troisième pilier.
Le troisième point de débat concerne les conséquences budgétaires du prochain
élargissement de l'Union européenne.
Bien sûr, la question ne se pose pas dès cette année. Mais, à mesure que les
négociations d'adhésion progressent, il devient possible de mieux évaluer les
implications budgétaires probables de cette extension à l'Est de l'Union
européenne.
Soyons clairs : si l'on considère les populations des pays candidats et leurs
niveaux de vie par rapport à la moyenne communautaire, ce nouvel élargissement
est un défi d'une tout autre ampleur que les précédents.
Lors de la dernière conférence des organes spécialisés des assemblées de la
Communauté, la COSAC, en octobre, M. Hubert Védrine a tenu un langage de vérité
en déclarant aux représentants des parlements des quinze Etats membres, mais
surtout à ceux des parlements des douze pays candidats, réunis à Versailles,
qu'il n'y aurait de retards, dans le calendrier des adhésions, qu'eu égard aux
promesses démagogiques.
Ce langage ferme n'est légitime que si l'Union européenne assume pleinement
ses responsabilités, en apportant aux pays candidats le soutien financier
nécessaire au travers des fonds de préadhésion puis, après leur entrée dans
l'Union, au travers des fonds structurels. Or, sur ce point, les perspectives
financières semblent avoir été calculées de manière un peu optimiste. Je ne
peux pas exclure qu'il soit nécessaire de les réviser avant la fin de la
période 2000-2006 pour consentir un effort de solidarité supplémentaire en
faveur des pays candidats.
Encore faut-il se donner la peine d'expliquer aux citoyens des Etats membres
actuels de l'Union européenne - les Français, pour nous - en quoi il est
justifié, d'un point de vue non seulement économique, mais aussi culturel,
politique, historique, et j'allais presque dire moral, d'accueillir parmi nous
les pays d'Europe centrale et orientale. A défaut de cet effort d'explication,
nous nous exposons au risque d'une révolte des contribuables européens,
lorsqu'il sera devenu opportun de faire appel à plus de solidarité budgétaire
au sein de l'Union. En notre qualité de parlementaires, je crois que nous
devons y songer dès à présent.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce sera
l'honneur de l'Union européenne de faire face aux conséquences budgétaires de
l'élargissement à l'Est. Mais, pour y parvenir, il me paraît essentiel que
l'autorité budgétaire communautaire parvienne à maîtriser le rythme de
progression des dépenses. Cet objectif suppose qu'elle cesse d'empiler les
dépenses nouvelles et d'accumuler les restes à liquider, pour faire enfin de
vrais choix politiques.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des
Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines
travées du RDSE.)
M. le président.
J'indique au Sénat que, compte tenu de l'organisation du débat décidée par la
conférence des présidents, les temps de parole dont disposent les groupes pour
cette discussion sont les suivants :
Groupe du Rassemblement pour la République, 27 minutes ;
Groupe socialiste, 23 minutes ;
Groupe des Républicains et Indépendants, 18 minutes ;
Groupe du Rassemblement démocratique et social européen, 14 minutes ;
Groupe communiste républicain et citoyen, 13 minutes ;
Réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe,
6 minutes.
Je rappelle qu'en application des décisions de la conférence des présidents
aucune intervention des orateurs des groupes ne doit dépasser 10 minutes.
Par ailleurs, le temps programmé pour le Gouvernement est prévu au maximum
pour 35 minutes.
Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Durand-Chastel.
M. Hubert Durand-Chastel.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'article
28, que nous examinons aujourd'hui, détermine la quote-part de la France pour
sa participation à l'Union européenne, qui est évaluée à un peu moins de 100
milliards de francs en 2001.
La part française dans le financement du budget communautaire représentera
ainsi 17 % ; par comparaison, ce pourcentage est de 25 % pour l'Allemagne, de
14 % pour le Royaume-Uni et de 13 % pour l'Italie. La contribution nette
française, chiffrée à 13 milliards de francs en 1999 en tenant compte des
retours de crédits, doit être considérée comme satisfaisante au regard de
l'ambition et du rôle historique de notre pays dans la construction européenne
depuis ses origines.
Le budget pour 2001 de l'Union européenne est le deuxième de l'Agenda 2000,
décidé à Berlin en 1999 par le Conseil européen pour la période 2000-2006. Et
bien que les dépenses augmentent plus que l'inflation, le plafond des
ressources fixé à 1,27 % du produit national brut communautaire est largement
respecté.
Ce budget, essentiellement redistributif, peut apparaître décevant face aux
grandes ambitions affichées à l'issue de chacun des sommets européens. Ainsi,
la politique agricole commune se taille toujours la part du lion, avec 43
milliards d'euros de dépenses sur un budget global de 94 milliards d'euros ; il
en est de même pour les actions structurelles, qui représenteront 31 milliards
d'euros, les politiques internes et externes se chiffrant à un niveau beaucoup
plus modeste de 11 milliards d'euros.
On peut regretter que les politiques internes ne comportent aucune innovation.
Ainsi, l'augmentation de 8,9 % des crédits de recherche en 2001 ne suffira pas
à combler le décalage de l'Union européenne avec les Etats-Unis et le Japon en
matière de recherche, d'innovation et de technologies de pointe. Par ailleurs,
les politiques de l'emploi, les politiques sociales, culturelles et de
l'environnement ne bénéficient toujours pas de crédits à la hauteur des
attentes des citoyens de l'Union.
Parmi les orientations positives, l'augmentation de 10,9 % des aides à la
préadhésion est de bon augure pour préparer un élargissement délicat de quinze
à vingt ou vingt-cinq pays, sans préjuger de la question épineuse de la réforme
institutionnelle qui, on l'espère, trouvera une issue favorable au sommet de
Nice, sous la présidence française.
En matière d'interventions extérieures, il faut se réjouir du soutien de
l'Union européenne à la stabilité et au développement des pays des Balkans. En
particulier, l'engagement immédiat d'aides en faveur de la Serbie, dès
l'élection présidentielle qui a permis sa démocratisation, contribue à
renforcer le rôle de l'Union pour la paix dans l'ex-Yougoslavie, en Europe et
dans le monde.
La mise en oeuvre progressive et irréversible d'une politique de défense et de
sécurité commune en Europe, autour du partenariat franco-anglais né à
Saint-Malo, semble rencontrer une adhésion au-delà des limites mêmes de
l'Union. Tout récemment, quinze pays tiers européens - dont la Turquie, la
Norvège, la Hongrie, la République tchèque, la Pologne et l'Islande, ainsi que
des pays candidats - ont proposé d'apporter des contributions supplémentaires,
représentant plusieurs milliers d'hommes qui s'ajouteraient aux 60 000 hommes
composant la force de réaction rapide. Cette participation élargie renforcera
la puissance de l'Europe vis-à-vis des autres puissances mondiales.
Car l'Europe a, en ce début du xxie siècle, de sérieux défis à relever : elle
doit réussir la consolidation de l'euro, sa réforme institutionnelle et son
élargissement. Les embûches sont nombreuses, et il faudra une volonté politique
sans faille des chefs d'Etat et de gouvernement pour franchir ces étapes, qui
feront changer d'échelle l'Union européenne.
Considérée à ses débuts comme une utopie, l'Europe a franchi avec succès les
différentes étapes du marché commun, de la monnaie unique et de l'intégration
de nombreux domaines vitaux pour les nations qu'elle représente. C'est que
l'Europe possède une profonde identité, qui n'est pas née à Maastricht, qui
correspond à une communauté de culture multimillénaire, fondement, d'ailleurs,
de l'accord sur la charte européenne des droits fondamentaux.
Pour toutes ces raisons, je soutiendrai, malgré ses imperfections, le budget
pour 2001 de l'Union européenne et approuverai l'article 28, fixant les crédits
de la participation française.
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. Bordas.
M. James Bordas.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le vote de
la participation de la France au budget des Communautés européennes est un
exercice formel, presque rituel.
Nous ne pouvons pas nous prononcer directement sur le budget de l'Europe pour
2001, mais uniquement sur la contribution française.
L'exercice est d'autant plus limité que nous débattons aujourd'hui sur la base
d'un projet de budget européen qui est déjà périmé, puisqu'il ne prend pas en
compte le compromis intervenu vendredi dernier entre le Conseil, la Commission
et le Parlement de Strasbourg.
Mes chers collègues, ce constat est, lui aussi, rituel. Chaque année, les
parlementaires français demandent à être mieux associés au processus de
décision européenne. Monsieur le ministre, le temps est venu de trouver une
solution.
Les sommes en jeu sont en effet considérables : le prélèvement sur recettes
atteindra près de 100 milliards de francs en 2001.
Les enjeux européens sont surtout devenus majeurs pour notre pays, qu'il
s'agisse de la croissance, de l'emploi, de l'euro, de la concurrence, de
l'éducation, de la sécurité alimentaire ou de l'environnement.
Le groupe des Républicains et Indépendants souhaite mettre l'accent sur trois
priorités : la défense, la justice et la fiscalité.
En matière de défense européenne, la France doit persévérer dans sa volonté de
mettre rapidement en place des instruments opérationnels en termes de
logistique, de commandement et de renseignement. Nous avons récemment eu un
débat au Sénat sur ce sujet, et mon collègue Michel Pelchat s'est exprimé au
nom de notre groupe.
Nos concitoyens jugeront l'Europe de la défense dans sa capacité à prévenir et
à gérer concrètement les crises, notamment dans les Balkans. A ce sujet, je
souhaite connaître le montant des crédits européens finalement affectés au plan
de stabilité dans cette région. Il semble que des décisions aient été prises
sur ce point, vendredi dernier.
Notre groupe considère également la mise en place d'un espace judiciaire
européen comme une priorité. Son avenir se joue notamment dans la lutte
quotidienne contre la criminalité organisée et le blanchiment d'argent. Il
semble qu'une avancée importante ait été obtenue lundi. Là encore, je souhaite
que M. le ministre nous apporte des précisions.
La troisième priorité est la fiscalité. L'accord sur la taxation des revenus
de l'épargne ne doit pas dissimuler la compétition fiscale que se livrent les
Etats membres. Certains pays ont récemment entrepris une profonde réforme de
leur fiscalité. L'Allemagne a, en particulier, adopté un plan de baisse des
impôts qui prévoit de ramener le taux de l'impôt sur les sociétés à 25 % dès
2001.
Nous en avons parlé lors de l'examen des articles de la première partie du
projet de loi de finances ; notre pays prend du retard. Le décalage fiscal
entre la France et ses principaux partenaires risque d'avoir de très lourdes
conséquences économiques et sociales.
Cela m'amène à formuler une remarque plus générale. Nous soulignons l'opacité,
les gaspillages et les lacunes du budget des Communautés européennes. Mais
sommes-nous les mieux placés pour critiquer ? La France peut-elle faire la
leçon aux autres alors qu'elle ne respecte pas ses propres engagements ?
L'OCDE et la Commission européenne ont récemment rappelé notre pays à l'ordre.
Notre déficit budgétaire est à peine réduit, quand il n'augmente pas ! Les
prélèvements obligatoires ont atteint un record historique. La charge de la
dette repart à la hausse. Les dépenses publiques continuent de déraper, malgré
les assurances données à Bruxelles dans le cadre du pacte de stabilité. Enfin,
la transparence n'est toujours pas de mise, comme l'a démontré un récent
rapport de la commission des finances du Sénat.
Je peux également citer l'exemple de l'Union de l'Europe occidentale. En tant
que membre de l'assemblée parlementaire de cette institution, je viens d'être
informé que la France est une fois de plus en retard pour le versement de ses
contributions au budget de cette institution. Vous conviendrez, monsieur le
ministre, que cela fait mauvais effet : la France apparaît comme un mauvais
élève qui prétend donner des leçons.
Mes chers collègues, je conclurai mon intervention par une interrogation.
L'Europe est à la veille d'une réforme institutionnelle et d'un élargissement
qui ne manqueront pas d'avoir des conséquences budgétaires. Or, tout se passe
comme si cela ne devait avoir qu'un effet limité sur les finances de l'Union.
C'est l'impression que donnent la programmation budgétaire pour 2000-2006 et le
budget pour 2001, même si des crédits sont prévus pour la préadhésion.
Je crains que le processus d'élargissement n'implique des aides considérables
de la part des actuels Etats membres. Certains préfèrent peut-être ne pas en
parler, de peur de renforcer le camp des eurosceptiques. Je suis, pour ma part,
un partisan convaincu de la construction européenne mais, comme dans d'autres
domaines, je préfère avancer les yeux ouverts, en parfaite connaissance de
cause. L'Europe ne se construira pas en se voilant la face.
Monsieur le ministre, je souhaiterais que vous nous disiez à combien vous
estimez l'augmentation de la contribution française dans les prochaines années.
Certains parlent de 15 % à 20 % d'ici à cinq ans. Votre réponse éclairera la
représentation nationale et lui permettra d'anticiper ses choix futurs.
Au-delà de cette interrogation, et des remarques que je viens de faire, je
tiens à souligner que le groupe des Républicains et Indépendants votera
l'article 28 pour marquer son attachement à une construction européenne qu'il
souhaite volontaire, mais aussi lucide.
(Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et
de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. de Montesquiou.
M. Aymeri de Montesquiou.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en cette fin
de présidence française de l'Union, l'examen de la participation de notre pays
au budget communautaire revêt une importance sans doute plus grande que les
années précédentes. Quelles inflexions la France aura-t-elle été capable
d'imprimer au budget de l'Europe pour 2001 ? La contribution française, la
deuxième après celle de l'Allemagne, permet-elle de peser réellement sur les
choix budgétaires de l'Union ?
Le Parlement est délibérément ignoré, puisque le débat sur l'article 28 du
projet de loi de finances pour 2001 est quasiment devenu inutile, et ce pour
deux raisons : la mauvaise harmonisation entre les calendriers budgétaires
français et communautaire et l'adoption d'un plan pluriannuel bloquant toute
initiative déterminante. Quelle marge de manoeuvre budgétaire reste-t-il et
pour quel nouveau projet ? Notre pays semble peser davantage sur les questions
extérieures, ce qui est positif.
Je tiens à insister sur le calendrier et la procédure d'examen de la
contribution française au budget communautaire.
Nous déplorons, une fois de plus, que le Parlement français soit saisi bien
après les institutions communautaires, alors que, rappelons-le, le budget de
l'Union est constitué par les contributions des Etats membres et non par de
véritables recettes propres. Le débat d'aujourd'hui est donc purement formel et
totalement surréaliste. Il montre le peu de considération dans laquelle est
tenu le Parlement. Nous sommes invités à examiner la contribution française,
alors que la procédure budgétaire communautaire est achevée, le Parlement
européen ayant voté le budget, en deuxième lecture, le 23 novembre !
Pourquoi le Gouvernement n'a-t-il pas profité de la présidence de l'Union pour
que les Français, par l'intermédiaire de leurs représentants, puissent voir
appliqué l'article XIV de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
sur le contrôle de la contribution publique ? La part française, qui est en
progression, intéresse pourtant fortement nos concitoyens. Elle s'élève en
effet à près de 100 milliards de francs, soit cinq fois le budget du ministère
des affaires étrangères ou trois fois et demie celui du ministère de
l'agriculture !
La France est-elle isolée ou bien les autres parlements de l'Union
subissent-ils également ce camouflet budgétaire ?
Le Conseil européen de Berlin des 24 et 25 mars 1999 avait arrêté la
programmation pluriannuelle des dépenses communautaires pour 2000-2006.
Structurellement, les marges de manoeuvre budgétaire sont donc réduites et le
risque d'une approche simplement gestionnaire est élevé, alors que l'approche
devrait être, bien sûr, aussi politique. Pour autant, cette gestion n'est pas
irréprochable. Je rappelle à cet égard que, en 1999, 5 milliards d'euros ont
été perdus en irrégularités, négligences et mauvais fonctionnements divers.
Si le budget, je le répète, est le reflet de choix politiques, l'innovation,
on doit le regretter, n'est possible qu'à la marge, au sein des perspectives
financières fixées. Le souffle manque au sein de l'Union, la stratégie du
renforcement n'est pas lisible, l'ambition est absente. « L'Europe s'ennuie »,
monsieur le ministre, et nos concitoyens le ressentent.
L'Union n'entreprend-elle son approfondissement qu'en regardant à l'extérieur,
lorsqu'il s'agit de mettre en place une défense commune, d'accompagner les pays
candidats à l'adhésion et même de faciliter le retour à la normale dans les
Balkans ? Ces trois dossiers sont, bien entendu, tout à fait importants.
La question des Balkans a connu une étape décisive avec la décision du Chef de
l'Etat français de prévoir un sommet Union européenne - Balkans sous présidence
française. Lors de ce sommet de Zagreb, qui s'est tenu le 24 novembre, et grâce
à l'appui constant de notre pays, les Etats des Balkans se sont vu accorder,
sur des crédits communautaires, 4,65 milliards d'euros pour la période
2000-2006.
Ce sommet a été une bouffée d'oxygène, car il nous a rappelé les fondements de
la construction européenne : consolider la paix et la démocratie avec
pragmatisme, par le développement des échanges économiques.
Avec cet appui budgétaire, conditionné, bien évidemment, l'intérêt de l'Union
se manifeste concrètement. Plus encore, ces pays peuvent espérer une adhésion
dans un futur prévisible. Le continent européen se retrouve en famille, et
c'est à mettre à l'actif de notre pays.
Mais, au-delà de cette initiative financée par le budget des politiques
extérieures de l'Union, notre pays a bien du mal à peser sur le budget
communautaire, malgré la part de sa contribution, qui est proche de 17 %.
Enfin, à l'occasion du débat sur la contribution de la France, il me paraît
essentiel que la rigueur budgétaire demandée à l'Union s'applique à notre
pays.
Je ne fais pas référence au désendettement de l'Etat, qui aurait été un choix
plus judicieux que le saupoudrage préélectoral, mais aux sanctions financières
que la France risque de subir pour sa mauvaise application du droit
communautaire dérivé. Agissez en sorte que notre pays ne soit pas l'objet de
sanctions financières, hélas ! méritées, monsieur le ministre.
Aussi, pour le bien-être de nos finances publiques et l'image de notre pays,
avec le groupe du RDSE et le soutien du président de la délégation, j'ai déposé
une proposition de loi constitutionnelle qui permettrait à la France de
transposer les directives en respectant enfin les délais impartis. Monsieur le
ministre, vous êtes informé. Soutiendrez-vous cette initiative ?
Je serai, bien sûr, très attentif à vos réponses, espérant que vous saurez
également nous rassurer sur l'état des relations franco-allemandes, qui sont
essentielles au bon fonctionnement et au développement de l'Union, alors que la
presse insiste sur l'insuffisante préparation des réunions par la présidence,
l'agacement réciproque, fondé notamment sur la question des déchets nucléaires
allemands - M. le ministre des affaires étrangères m'avait assuré il y a deux
ans qu'elle serait résolue au sein d'un groupe de travail bilatéral - et la
volonté allemande d'un décrochage symbolique du nombre de voix au Conseil.
Malgré les fortes réserves qu'ils expriment sur les conditions d'examen de
l'article 28, soucieux que la France garde son rang au sein de l'Union,
l'ensemble des membres du groupe du Rassemblement démocratique social et
européen, qui sont des Européens convaincus, voteront la contribution française
au budget communautaire.
(Applaudissements sur les travées du RDSE, de l'Union centriste, du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. le président.
La parole est à Mme Bidard-Reydet.
Mme Danielle Bidard-Reydet.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le montant
du prélèvement effectué sur les recettes de l'Etat au titre de la participation
nette de la France au budget des Communautés européennes sera de près de 100
milliards de francs. Je dis « sera », car, cette année encore, les
parlementaires représentant les peuples seront appelés à voter un budget
européen prédéterminé, ce qui ne leur laisse aucune marge de manoeuvre.
Nous ne pouvons que déplorer ce manque de concertation. Il s'agit pourtant de
s'exprimer sur un prélèvement qui représente aujourd'hui le sixième poste
budgétaire de la nation, soit plus de 6 % des recettes fiscales nettes.
L'augmentation de la participation de la France au budget européen, une fois de
plus, dépasse celle des autres dépenses, ce qui justifierait également un débat
parlementaire.
En outre, la participation de notre pays devra augmenter considérablement pour
financer l'élargissement vers l'Est, et elle devrait atteindre très rapidement
120 milliards de francs.
Le vote que le Sénat s'apprête à émettre, d'une manière trop formelle, ne nous
permettra pas de nous engager dans un véritable débat de fond. Cela nous paraît
préjudiciable à la construction d'une Europe élargie transparente, démocratique
et plus proche des citoyens.
Cette discussion sur la participation au budget européen, au terme de la
présidence française de l'Union et après le sommet de Biarritz, ne
dénote-t-elle pas un amoindrissement des aspirations légitimes de nos
concitoyens à vivre une Europe qui les respecte et qui les valorise ?
Les parlements nationaux doivent être impliqués dans la discussion du budget
de l'Union européenne. J'affirme, comme l'an dernier, que nous sommes
favorables à une consultation des parlementaires français et à un débat
d'orientation budgétaire permettant de mandater le Gouvernement pour négocier
avec ses partenaires. Le budget ne peut rester sous la seule responsabilité de
la Commission de Bruxelles.
Le projet de loi de finances pour 2001 montre que la contribution de la France
a augmenté de 77 % depuis 1990. Cette contribution permet de financer les
réformes nécessaires, comme celle de la politique agricole commune, ainsi que
les actions extérieures. C'est le cas pour le vote des crédits en faveur des
Balkans et des dépenses de préadhésion, qui témoignent de la priorité
qu'accorde le Conseil au processus d'élargissement.
En fait, l'attention a été effectivement portée cette année sur le volet
agricole et sur l'élargissement, face aux deux autres masses du budget
communautaire, c'est-à-dire la politique de cohésion et les politiques
internes.
Ces évolutions déséquilibrées ne peuvent-elles pas porter atteinte aux
priorités annoncées par la Commission, à savoir, notamment, un soutien au
développement rural, la création d'une société de connaissance et
l'amélioration des conditions de vie des citoyens européens ?
Concernant le volet agricole et, plus encore depuis la crise qui secoue le
secteur bovin, malgré les fortes augmentations des dépenses, aujourd'hui de
près de 7,6 %, la vigilance alimentaire n'a pas été suffisante dans l'Europe
entière.
S'il y a hausse du budget, force est de constater qu'à l'évidence les réformes
de la politique agricole commune ne servent pas l'ensemble du monde agricole,
et encore moins les petits exploitants.
Quand 80 % des aides profitent à seulement 20 % des exploitants, la modulation
des aides directes aux agriculteurs semble n'être, en réalité, qu'une injustice
de plus.
Quant à la poursuite de la baisse des prix, de 30 % sur trois ans pour la
viande bovine, de 20 % sur deux ans pour les céréales et de 15 % sur trois ans
pour le lait, elle pénalise avant tout les très petits agriculteurs, ceux qui
ne disposent ni de la surface agricole ni de la surface financière pour faire
face.
Ne nous leurrons pas, la politique agricole commune ne pourra prétendre à un
développement important que si nous révisons les relations de l'Europe avec les
Etats-Unis afin de faire cesser les nombreuses concessions que nous faisons.
L'autre volet qui enregistre une progression dans le budget européen, c'est la
politique d'élargissement, que nous soutenons.
Après le Conseil européen de Berlin de mars 1999, le cadre des perspectives
financières n'avait pas pris en compte les événements géopolitiques, notamment
dans les Balkans, et leurs implications possibles sur le budget communautaire.
L'ampleur du programme d'assistance pour les Balkans, par exemple, rend
inévitable la révision des perspectives financières pour favoriser et
construire une Europe ouverte et solidaire.
En mai dernier, la Commission avait proposé de financer en partie l'aide à la
reconstruction du Kosovo en abaissant le plafond des dépenses consacrées aux
marchés agricoles. Ce procédé de redéploiement ne sera finalement pas retenu,
mais il dénote une réelle discordance entre les objectifs de la Communauté
européenne en matière de processus d'élargissement et les moyens mis en
oeuvre.
Cela pose le problème de la réévaluation des dépenses d'élargissement pour
prendre en compte les aspirations légitimes des peuples qui souhaitent adhérer
à l'Union. Proposer une Europe vivant au rythme du marché unique, de la monnaie
unique et des droits
a minima
pourrait entraîner de graves
désillusions, à la mesure des espoirs.
Si le Conseil européen veut réellement réaffirmer sa détermination à maintenir
la dynamique du processus d'adhésion, comme le projet de loi de finances pour
2001 l'indique, il faudra qu'il s'interroge sur les décalages constatés entre,
d'une part, sa volonté de contribuer au développement durable et de renforcer
les démocraties émergentes et, d'autre part, la baisse des crédits du fonds de
cohésion accordés pour 2001. Il nous faut rappeler que les actions
structurelles sont destinées, par principe, à aider les régions européennes les
plus défavorisées.
Il est clair que la répartition du budget communautaire, tel qu'on nous
l'impose, ne peut nous satisfaire. On ne pourra pas tout à la fois envisager un
élargissement à fonds constants, maintenir les aides aux nations pour assurer
la transition des régions rurales ou les reconversions industrielles, aider les
nouveaux adhérents à l'Union dans leur intégration et atteindre l'objectif de
cohésion sociale et économique, surtout quand la lutte contre le chômage, qui
touche plus de 18 millions d'Européens, n'est pas considérée comme une priorité
incontournable.
De même, on ne peut que regretter la réduction des crédits pour l'aide
alimentaire et l'aide humanitaire et des crédits affectés à la coopération avec
les pays en développement d'Asie, d'Afrique et du Proche-Orient.
En effet, la politique de coopération de l'Union européenne semble élargir le
fossé entre le Nord et le Sud, et plus encore depuis les accords qui
généralisent des zones de libre-échange.
D'ailleurs, le dernier sommet euro-Méditerranée de Marseille nous paraît bien
timide dans sa volonté de partenariats mutuellement avantageux avec les pays de
la rive sud de la Méditerranée.
Quant à nous, nous nous engageons en faveur d'une région Méditerranée
démocratique, sociale et solidaire, fondée sur une véritable logique de
coopération et permettant d'harmoniser vers le haut les conditions de vie et de
travail de tous les peuples de la région.
Comment ne pas rester perplexe devant ces 60 milliards de francs budgétisés au
Fonds européen de développement qui n'ont pas encore été redistribués ? La
vérité est que, face à la complexité et à la lourdeur des procédures pour
obtenir des fonds européens, des milliards de francs restent non consommés, ce
qui se traduit par des excédents budgétaires. Ne serait-il pas temps de mener
une réflexion de fond sur l'efficacité des dépenses de la politique
communautaire ?
N'oublions pas de mentionner le problème des fraudes qui ne cessent d'être
régulièrement constatées par la Cour européenne des comptes ! On parle de 20 %
des recettes et de 1 % du PNB communautaire. Ce chiffre nous renvoie à la
question fondamentale du contrôle permanent de l'utilisation et de la gestion
des fonds publics, tant à l'échelon national qu'à l'échelon communautaire.
Concernant les nouvelles ressources nécessaires, il faut signaler que
l'Assemblée parlementaire paritaire des pays ACP - d'Afrique, des Caraïbes et
du Pacifique - ainsi que de nombreux parlementaires de l'Union européenne ont
demandé aux principaux pays industrialisés d'instaurer une taxe sur les
transferts de capitaux afin de financer l'aide au développement. L'adoption de
la taxe Tobin permettrait, entre autres, de limiter les pratiques spéculatives
et d'apporter des moyens supplémentaires pour la réalisation de projets
communautaires.
L'Union européenne à laquelle aspirent les peuples de l'Europe doit servir
l'emploi, la croissance et le développement, au lieu de favoriser le
productivisme agricole, les restructurations brutales des secteurs industriels
ou le marché unique !
Enfin, il est décevant de constater que la charte des droits fondamentaux a
été conçue au point d'entraîner des distorsions avec la convention européenne
des droits de l'homme et les législations nationales. Pour les droits sociaux,
le droit des femmes, des étrangers non communautaires, nous sommes bien loin de
compte !
Vous l'avez bien compris, loin d'être opposés à l'accroissement des moyens
financiers pour l'Europe, nous désapprouvons, au-delà d'une gestion opaque et
d'une répartition inégale, le fait que ce budget soit d'abord un instrument
laissé aux marchés financiers.
Ne pouvant cautionner un tel budget, le groupe communiste républicain et
citoyen s'abstiendra. C'est le seul moyen, pour nous, d'être cohérents avec les
idées que nous défendons.
(Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et
citoyen.)
M. le président.
La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les budgets
communautaires de ces deux dernières années pouvaient être qualifiés de budgets
de transition entre deux programmations financières. Cette année, nous sommes
clairement entrés dans les perspectives financières 2000-2006.
L'enjeu de ce débat qui nous réunit aujourd'hui repose, me semble-t-il, sur le
postulat selon lequel le projet de budget pour 2001 devrait désormais être apte
à concrétiser les ambitions que les Etats membres ont investies dans la
nouvelle programmation budgétaire, et les prochains exercices devraient être
logiquement, dans leurs grandes lignes, à son image. Il nous revient d'évaluer
si ce projet de budget traduit convenablement les objectifs que les Etats
membres se sont fixés.
Je ne m'attarderai pas sur l'évaluation de la contribution française au budget
européen. Les jeux sont déjà faits sur son montant, mais, surtout, la
progression de la part française dans le budget, ainsi que la stabilité des «
retours » pour la France ne nécessitent pas de remarques particulières tant
elles ressembleraient à celles de l'année dernière.
Je souhaiterais essentiellement faire quelques remarques sur les
caractéristiques qui me paraissent être la marque propre du budget européen
pour l'année 2001.
Ce budget est toujours caractérisé par la maîtrise de la progression des
dépenses à laquelle les Quinze se sont astreints.
Au terme de la seconde lecture du budget par le Conseil, l'exercice 2001 a été
établi au niveau de 95,83 milliards d'euros en crédits d'engagement et de 91,71
milliards d'euros en crédits de paiement, soit respectivement une augmentation
de 2,7 % et de 2,5 % par rapport à l'année 2000, sachant que, pour les crédits
de paiement, le Conseil et le Parlement européen ont convenu que ce dernier
pourra prévoir une augmentation de 3,5 %, soit un point supplémentaire.
Félicitons-nous que la proposition de la Commission européenne de réviser les
perspectives financières pour 2000-2006 ait été repoussée par le Conseil.
Néanmoins, remarquons que des sous-exécutions chroniques survivent à chaque
budget, en particulier en ce qui concerne les fonds structurels et les actions
extérieures de l'Union européenne.
Sous la rubrique 4 du budget, il semble que le Conseil ait souhaité, lors de
la deuxième lecture, atténuer l'effet des sous-exécutions sur le moyen terme
des crédits alloués au partenariat euro-méditerranéen en supprimant la réserve
de performance.
Néanmoins, dans le cadre du programme MEDA II, 12,75 milliards d'euros seront
affectés par l'Union européenne à la Méditerranée pour les sept ans à venir.
Pour cette année, le Conseil a retenu un montant de 701 millions d'euros.
Nous espérons, toutefois, que l'attribution de l'aide sera, à l'avenir, plus
efficace et plus rapide.
Réjouissons-nous que la nouvelle doctrine de la gestion de l'action extérieure
traduise clairement la volonté des Etats membres de se donner les moyens de
rendre l'aide européenne au développement plus efficace et plus cohérente et
d'assurer une plus grande visibilité des efforts entrepris par la Communauté et
par les Etats membres dans ce domaine.
Cette réforme devrait contribuer à mettre l'accent sur l'aspect qualitatif de
la gestion des projets, à optimiser l'impact de l'aide, à la rendre plus
visible et à réduire de manière notable le délai de mise en oeuvre des projets.
Faut-il rappeler que ce délai n'a cessé de croître de deux à huit ans selon les
régions du monde concernées ? Le volume des crédits engagés mais non décaissés
atteignait, à la fin de 1999, près de 20 milliards d'euros.
Les procédures devraient, je l'espère, connaître une accélération grâce à la
création de l'office de gestion des projets d'aide, dénommé « Europe-Aid »,
chargé d'assurer la mise en oeuvre des projets individuels dès janvier 2001,
les comités de gestion recentrant, quant à eux, leur action sur les aspects
stratégiques de la coopération.
En outre, la maîtrise stricte des dépenses a aussi pour conséquence
d'engendrer un projet de budget atone, dont les maîtres mots sont stabilisation
et redistribution.
S'agissant des politiques structurelles, on assiste à une reconduction pure et
simple des crédits de paiement de 2000.
En ce qui concerne la rubrique 3, la plupart des politiques internes sont
reconduites. On retrouve cependant les priorités définies lors du Conseil
européen de Lisbonne : Europe de l'innovation, Europe de la connaissance,
Europe de la culture, développement de la société de l'information, aide aux
entreprises innovantes. A ces priorités sont étroitement liées celles du
développement des réseaux transeuropéens, qui doivent contribuer à une plus
grande mobilité et à une meilleure communication à tous les niveaux, ainsi que
celles de la recherche et du développement technologique, qui participent
directement à une plus grande compétitivité de l'Union européenne.
Des efforts notables ont toutefois été entrepris pour essayer d'éviter le
saupoudrage, en particulier dans le sens d'une rationalisation des crédits, en
donnant la priorité à des projets de taille plus importante et dont l'envergure
prend une dimension nettement plus transnationale. En d'autres termes, les
crédits sont plus clairement évalués à l'aune de la valeur ajoutée
communautaire.
La question de savoir comment mettre en adéquation budget et priorités
politiques est encore et toujours d'actualité ; il s'agit d'assurer, en termes
budgétaires, la traduction des priorités politiques que s'est données l'Union
européenne.
La préparation de l'élargissement est exemplaire, puisque les crédits de
paiement en faveur de la préadhésion augmentent de 10,9 % tout en restant dans
le cadre des contraintes budgétaires.
Le Conseil « culture » a permis de dégager un accord sur le programme « Média
Plus » pour la période 2001-2006, avec un budget de 400 millions d'euros, comme
l'avait proposé la Commission, 350 millions d'euros étant affectés au
développement et 50 millions d'euros à la formation. Ce programme devrait, pour
cette période, privilégier l'amélioration de la compétitivité du secteur
audiovisuel européen en Europe et dans le monde, mais aussi promouvoir la
diffusion de nouveaux types de contenus audiovisuels grâce aux nouvelles
technologies.
A ce sujet, nous approuvons tout à fait la nouvelle résolution du dernier
Conseil « culture » relative aux aides nationales au cinéma et à l'audiovisuel,
qui rappelle la position prise par le Conseil « affaires générales » du 26
octobre 1999, à savoir : « L'Union veillera dans les négociations OMC à
garantir la possibilité pour la Communauté européenne et ses Etats membres de
préserver et de développer leur capacité à définir et mettre en oeuvre leurs
politiques culturelles et audiovisuelles pour la préservation de leur diversité
culturelle ».
Rappelons notre opposition à l'extension de la majorité qualifiée à la
politique commerciale commune dans les domaines de la culture et de
l'audiovisuel, afin de défendre et de préserver la diversité culturelle dans le
cadre de l'Organisation mondiale du commerce.
Le fait marquant de ce budget 2001 est bien la priorité donnée à l'aide aux
Balkans. Traduisant la volonté d'un engagement fort des Etats membres, le
Conseil, en deuxième lecture, a proposé une enveloppe globale de 839 millions
d'euros, 240 millions d'euros étant attribués à la Serbie.
Au demeurant, je m'interroge sur la pérennité du financement d'objectifs
essentiels de l'Union européenne, au titre desquels figure en premier lieu la
lutte pour l'emploi. Quel est le niveau d'ambition pour l'initiative « emploi »
en termes budgétaires, et cela, surtout, en l'absence de prise en compte de
l'ensemble des dimensions de la lutte contre le chômage ?
Nul doute que nous serons amenés à intensifier nos efforts dans ce domaine,
comme en a clairement réitéré la demande le Conseil européen de Lisbonne, qui a
appelé à la mise en place d'une véritable stratégie de développement économique
et social pour assurer la modernisation du modèle social européen.
Certes, il est important que les objectifs sociaux que sont la lutte contre
l'exclusion sociale, la lutte contre les discriminations au travail et la lutte
pour l'emploi apparaissent comme un objectif transversal à toutes les
politiques de l'Union européenne. Je suis néanmoins convaincu qu'il faut cesser
de les traiter de manière marginale. Parce qu'elle a aussi ses propres
objectifs et ses propres méthodes, la politique sociale européenne doit
aujourd'hui être reconnue comme une politique de l'Union à part entière, au
même titre que les autres politiques de l'Union.
La question reste bien de savoir comment traduire les priorités politiques de
l'Union européenne en termes budgétaires. On peut se demander si, à l'avenir,
il ne faudra pas songer à créer un budget propre à l'Union, notamment pour
favoriser une plus grande lisibilité des financements et des actions
communautaires.
Ce budget permet à l'Union de continuer à faire fonctionner ses politiques
communes et de financer l'élargissement ; mais on peut se demander dans quelle
mesure il est capable de dégager des marges de manoeuvre pour financer de
nouvelles initiatives à valeur ajoutée communautaire.
L'Union européenne et ses Etats membres seront jugés, je pense, sur leur
capacité à pouvoir ou à savoir dégager cette marge de manoeuvre du budget
communautaire. Cela passera peut-être, lors des prochaines perspectives
financières, par un relèvement du plafond du PNB communautaire.
Certaines des décisions qui ont été prises sous la présidence française, ou
qui le seront dans les prochains jours, nécessiteront ce financement
communautaire, que ce soit l'Unité Eurojust, l'Agence alimentaire, les aspects
transnationaux des programmes de lutte contre l'exclusion ou contre les
discriminations ou encore certaines formes d'intervention que préconise
l'Agenda social européen, le développement de la dimension opérationnelle de la
PESC - politique étrangère et de sécurité commune - ou bien une agence
européenne de sécurité maritime. Loin de répondre à des défis ponctuels, ces
exemples d'initiatives s'inscrivent directement dans le quotidien des citoyens
européens. Leur mise en oeuvre sera l'occasion de réfléchir à cette question de
la marge de manoeuvre potentielle, qui me paraît essentielle.
Il va sans dire que l'Union européenne mériterait un budget plus ambitieux. Il
est tout à fait indispensable, même essentiel aujourd'hui, comme vous l'avez
envisagé, monsieur le ministre, de démontrer aux citoyens européens que la
dépense communautaire est plus efficace dans certains cas que la dépense
nationale ; encore faut-il que les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats
membres en soient eux-mêmes convaincus !
Une lourde tâche d'information, de conviction et d'éducation nous attend pour
faire valoir la valeur ajoutée de la contribution communautaire aux politiques
qui façonnent aujourd'hui notre quotidien.
Le groupe socialiste votera l'article 28 relatif à la participation de la
France au budget communautaire.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Hubert Haenel.
Très bien !
M. le président.
La parole est à M. Vinçon.
M. Serge Vinçon.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en 2001, la
France consacrera 99,5 milliards de francs au budget communautaire.
Notre pays contribue en deuxième place au budget européen, derrière
l'Allemagne, mais devant le Royaume-Uni et l'Italie.
Depuis 1990, la contribution française au budget de l'Union européenne a
augmenté de 77 % ! Cela démontre combien le budget communautaire pèse sur les
finances publiques nationales.
Or, depuis la conférence sur les capacités opérationnelles de l'Union
européenne, une nouvelle politique apparaît, celle de la défense.
Nous savons que notre pays contribuera à hauteur de 20 % à la force de
réaction rapide, soit une contribution terrestre de 12 000 hommes, avec des
moyens aériens et navals appropriés, soit 75 avions de combat et 12 bâtiments,
dont le porte-avions
Charles-de-Gaulle.
Pour nous permettre de respecter un tel engagement, il est indispensable que
nous nous donnions les moyens financiers d'organiser le déploiement de ces
forces au service de l'Union européenne.
La question est de savoir comment.
J'ai cru comprendre que les forces nationales seraient appelées dès que le
besoin s'en ferait ressentir avec une contribution financière des budgets
nationaux de la défense.
Il n'en reste pas moins qu'au niveau européen se créeront les états-majors
indispensables à la planification, au recensement des renseignements et à la
programmation de l'engagement des forces.
Monsieur le ministre, ces états-majors seront-ils financés par le budget de
l'Union européenne et cela peut-il signifier une augmentation de la
contribution des Etats ? Quelle part la France y prendra-t-elle ?
Ce projet vital pour la défense européenne peut-il être remis en cause par
l'exigence manifestée par l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche et la Suède de
voir leurs contributions financières réduites ? La France pourra-t-elle suivre
le rythme imposé au moment où elle s'isole, restant parmi les pays qui
n'arrivent pas à se libérer de leur déficit budgétaire ?
Monsieur le ministre, le débat n'est pas tant budgétaire que politique
puisqu'il s'agit de savoir si nous aurons, dans les années à venir, les moyens
financiers de notre ambition politique européenne.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué, chargé des affaires européennes.
Monsieur le président,
monsieur le rapporteur spécial, monsieur le président de la délégation pour
l'Union européenne, mesdames, messieurs les sénateurs, comme chaque année, le
Gouvernement, par la voix du ministre délégué chargé des affaires européennes,
rend compte au Sénat du projet de budget de l'Union européenne pour l'année à
venir et de ses conséquences sur le budget de l'Etat au travers du prélèvement
européen. En ce qui me concerne, c'est la quatrième fois que je me livre à cet
exercice devant vous.
Le projet de budget communautaire pour 2001 s'inscrit pleinement dans les
perspectives financières 2000-2006, autrement dit l'Agenda 2000, arrêtées
l'année dernière par le Conseil européen réuni à Berlin. A l'intérieur des
plafonds de dépenses fixés à Berlin, des enveloppes de crédits ont été arrêtées
pour 2001, qui permettent de financer l'ensemble des missions de l'Union
européenne dans des conditions satisfaisantes.
Le budget de la PAC connaît une augmentation importante, de 6,3 %, qui est
nécessaire pour assurer la mise en oeuvre de la réforme décidée à Berlin.
Les crédits des actions structurelles sont stabilisés au niveau atteint en
2000, conformément à la programmation de Berlin.
Les crédits d'action extérieure augmentent de 8,8 % en crédits de paiement, ce
qui traduit pleinement la volonté de l'Union européenne d'assumer ses
responsabilités de puissance, notamment dans les zones géographiques où elle
doit affirmer sa présence ; je pense principalement à la reconstruction des
Balkans, un peu plus d'un an après la libération du Kosovo et quelques semaines
seulement après la chute du régime de Milosevic. Bien sûr, l'Union européenne
tout entière entend favoriser les espoirs de refondation politique en Serbie,
après avoir accueilli chaleureusement à Biarritz le nouveau président, M.
Vojislav Kostunica, dans la famille européenne.
Je reviendrai tout à l'heure sur ces questions de politique extérieure.
Ce budget, qui finance toutes les actions anciennes et nouvelles de l'Union,
reste un budget maîtrisé, avec une croissance limitée à 3,5 % en valeur, soit
une augmentation en volume de 1,6 %, compte tenu d'un taux d'inflation
communautaire estimé à 1,8 % en 2001.
La contribution française, soumise à votre approbation, évolue à un rythme
plus faible, de 1 % en valeur, ce qui s'explique notamment par un ajustement à
la baisse destiné à tenir compte de l'existence d'un report de solde important
au titre de l'exercice 2000.
Avant d'entrer plus avant dans la présentation des principales dotations
budgétaires, puis de procéder à une rapide revue de la présidence française à
une semaine du Conseil européen de Nice, je voudrais remercier tout
particulièrement M. Philippe Marini, rapporteur général, M. Denis Badré,
rapporteur spécial de la commission des finances, ainsi que M. Hubert Haenel,
président de la délégation pour l'Union européenne, qui exerce en permanence,
en particulier en application de l'article 88-4 de la Constitution, le contrôle
du Sénat sur les actes de l'Union européenne et leur traduction en droit
interne.
Je tiens, en premier lieu, à vous livrer quelques éléments d'information sur
la manière dont la procédure budgétaire communautaire s'est déroulée jusqu'à
aujourd'hui.
La Commission a présenté en début d'année un avant-projet de budget pour 2001
en progression de 3,9 % en crédits d'engagement et de 5 % en crédits de
paiement.
Lors du Conseil « budget » du 20 juillet dernier, les Quinze se sont attachés
à montrer que l'Union était en mesure d'assumer l'ensemble de ses fonctions
dans le cadre des perspectives financières fixées l'année dernière. Le Conseil
a donc arrêté un projet de budget en augmentation de 2,7 % en crédits
d'engagement et de 3,5 % en crédits de paiement.
Cet ajustement par rapport à la proposition initiale de la Commission a été
obtenu essentiellement à travers une réduction globale de 330 millions d'euros
sur les crédits de dépenses de marché de la PAC et de 192 millions d'euros sur
les crédits d'action extérieure. Ces réductions se fondent sur l'estimation
réelle des besoins.
La procédure de conciliation avec le Parlement européen a débouché sur
l'acceptation par le Conseil, réuni en deuxième lecture vendredi dernier, d'une
majoration de 25 millions d'euros pour la dotation « Balkans », ainsi que d'une
prolongation de l'initiative « emploi » du Parlement européen pour la période
2001-2005, avec une enveloppe pluriannuelle de 450 millions d'euros.
Sur ce point, je peux rassurer MM. Lagauche et Durand-Chastel : 450 millions
d'euros, c'est exactement le montant de la programmation précédente, décidée
par le Parlement européen après Amsterdam.
Le Parlement européen statuera en deuxième lecture dans une dizaine de jours.
Mon sentiment - mais le Parlement est souverain - est que ces deux gestes
significatifs accomplis par le Conseil devraient amener le Parlement européen à
valider le projet de budget tel qu'il a arrêté par le Conseil « budget » en
deuxième lecture.
A cet égard, je veux rassurer M. Badré : la présidence française n'a pas
incité le Parlement européen à être dépensier ; il l'est d'ailleurs
naturellement, on le sait, sur les dépenses non obligatoires qui relèvent de la
codécision. Nous avons seulement indiqué au Parlement européen qu'il n'était
pas raisonnable de demander la révision des plafonds de Berlin, d'autant que
ceux-ci font apparaître de très substantielles marges de crédits disponibles
sous plafonds.
Quant à la réforme de la procédure budgétaire demandée par MM. Badré et de
Montesquiou, elle est effectivement nécessaire. Il faut aussi mieux y associer
le Parlement. Nous aurons sans aucun doute l'occasion d'en reparler lors du
débat sur le projet de réforme de l'ordonnance organique de 1959, qui sera
déposé sur le bureau des assemblées en 2001.
Il s'agit là d'un vrai sujet, la situation, tant sur le plan européen que sur
le plan national, étant, j'en conviens bien volontiers, quelque peu baroque !
Cela dit, elle n'est pas nouvelle, et il n'était guère possible d'imposer une
réforme dans le cadre de l'actuelle conférence intergouvernementale. C'est un
problème d'équilibre des institutions et de nature du Parlement européen,
lequel est un colégislateur, avec des dépenses qui relèvent strictement de sa
compétence. Ne l'oublions pas, il s'agit d'une procédure budgétaire unique au
monde.
Les crédits de la PAC s'établissent à 43,5 milliards d'euros, soit, je l'ai
dit, une augmentation de 6,3 % par rapport à 2000.
Au sein de cette masse financière, les dépenses affectées aux organisations
communes de marché augmentent de 6,5 %, notamment pour financer l'augmentation
des aides directes compensatoires dans le secteur des céréales, ainsi que dans
celui de la viande bovine.
Je dis ici à M. Haenel et à Mme Bidard-Reydet que nous appelons de nos voeux
un traitement communautaire de la crise de l'encéphalopathie spongiforme
bovine. Il sera probablement pris en compte lors d'un conseil de l'agriculture
supplémentaire qui se tiendra la semaine prochaine.
Les dépenses de développement rural poursuivent leur montée en puissance
progressive. Avec un taux d'augmentation de 4,5 %, elles représentent désormais
presque 10 % du montant total des dépenses de la rubrique agricole, ce qui
constitue donc une étape très significative du renforcement de la
multifonctionnalité de l'agriculture communautaire. Je peux donc rassurer Mme
Bidart-Reydet : la réorientation du modèle communautaire de production agricole
est enclenchée. Je donne rendez-vous en 2006 ; nous constaterons alors que la
structure de la dépense agricole dans l'Union européenne aura été profondément
modifiée par l'Agenda 2000.
La rubrique 2 du budget communautaire, consacrée aux aides régionales et à la
politique structurelle, progresse globalement de 6,5 % dans le « paquet de
Berlin », par rapport à la période couverte par la « paquet Delors-II ». Ce
chiffre manifeste clairement la volonté du Conseil d'accroître l'effort de
cohésion économique et sociale, qui est nécessaire. Conformément à la
programmation pluriannuelle adoptée à Berlin, les crédits des fonds structurels
feront l'objet d'une stricte reconduction en 2001 par rapport à 2000, pour
s'établir à 32,7 milliards d'euros en engagements et à 31,8 milliards d'euros
en paiements.
Les autres politiques internes, regroupées traditionnellement sous la rubrique
3 du budget communautaire, sont dotées de 6 milliards d'euros en crédits
d'engagement et de 5,7 milliards d'euros en crédits de paiement, enregistrant
ainsi des progressions modérées.
Ces crédits viennent compléter les moyens mis en place par les Etats membres
pour les actions présentant une plus-value communautaire indiscutable par
rapport au simple résultat qui serait obtenu par la seule juxtaposition des
actions menées par les Quinze séparément. Je pense notamment à l'Europe de la
culture et de la connaissance, à la création d'un espace européen de la
recherche et de l'innovation, au développement de la société de l'information,
à l'aide aux entreprises innovantes.
C'est précisément parce que là est l'avenir que le Conseil européen de
Lisbonne, en mars dernier, avait placé ces politiques internes, dites « de la
rubrique 3 », au coeur de la stratégie de développement économique et
social.
Cette volonté se manifeste par une forte augmentation des crédits de
recherche, par une transcription budgétaire à la hauteur des enjeux de l'effort
communautaire en faveur de l'éducation, de la recherche, de la formation et de
la jeunesse en général.
J'en viens maintenant aux actions extérieures de l'Union européenne, financées
au sein de la rubrique 4, qui sont dotées de 4,6 milliards d'euros en
engagements et de 3,8 milliards d'euros en paiements.
Le Conseil a retenu une approche prudente, en laissant une marge de 160
millions d'euros sous le plafond, ce qui contraste avec une proposition
initiale plus ambitieuse de la Commission, qui tendait au contraire à réviser
le plafond de 280 millions d'euros à la hausse. C'est surtout une approche
réaliste, qui tient compte des capacités d'absorption réelle envisageables dans
les différentes zones géographiques bénéficiaires. Je pense tout
particulièrement aux Balkans, qui bénéficient d'une priorité clairement
attestée puisqu'il y a là un effort financier exceptionnel.
Concernant le programme MEDA, je tiens à indiquer que le projet de budget
prévoit un montant de 701 millions d'euros, qui reste donc supérieur à la
moyenne annuelle atteinte durant la période 1995-1999. Par ailleurs,
l'amélioration de la gestion du programme MEDA demeure une priorité du Conseil,
qui entend ainsi réduire le volume important de sous-exécution constaté sur ce
programme.
A cet égard, je partage totalement le diagnostic de M. Serge Lagauche et je
peux l'assurer que la Commission, plus précisément M. Patten, cherche des
solutions permettant d'améliorer la gestion des crédits d'actions extérieures,
qui se traduit actuellement par des retards considérables et donc tout à fait
dommageables.
J'en termine avec cette présentation des différentes rubriques du budget
communautaire pour 2001 en vous indiquant que la nouvelle rubrique 7, qui
permet de regrouper les aides à la pré-adhésion, prévoit une forte
augmentation, de 10,9 %, des crédits de paiement, qui s'établiront à 1,9
milliard d'euros.
Je crois pouvoir rassurer sur ce point M. Hubert Haenel : la préparation de
l'élargissement est financée pour 2001, et je crois qu'elle l'est aussi pour
l'Agenda 2000.
Cette augmentation tient compte de la création de deux nouveaux instruments
juridiques destinés à accompagner les réformes dans les pays candidats à
l'Union européenne : le règlement d'aide structurelle ISPA et le règlement
d'aide agricole SAPARD.
Ces chiffres et ces innovations en termes de programmes montrent que l'Agenda
2000 permet, j'en suis convaincu, de financer la préparation de
l'élargissement, sans qu'il soit besoin de revenir sur le réaménagement du
système de ressources propres décidé à Berlin. Je réponds là aux inquiétudes de
Mme Danielle Bidard-Reydet. M. Badré y a également fait allusion : bien sûr,
monsieur le rapporteur spécial, Berlin n'a pas été parfait, et nous ne pouvons
pas gagner sur tous les tableaux ; vous savez bien ce que représente la
politique agricole commune !
Je réagis d'un mot à la proposition de loi constitutionnelle sur la
transposition des directives déposée par M. de Montesquiou. C'est une
proposition intéressante. Il est clair qu'il faut sortir de la situation
actuelle.
En même temps, il y a là des questions qui seront soulevées, notamment, à
l'occasion du débat sur le pouvoir du Gouvernement de fixer l'ordre du jour des
assemblées ainsi que sur les délais d'examen parlementaire. Il ne faudrait pas
que le remède n'apporte pas de vraie solution. En tout cas, le Gouvernement est
prêt à réfléchir avec le Sénat et l'Assemblée nationale pour trouver au plus
vite une issue satisfaisante, car cette situation ne saurait perdurer.
Je souhaiterais maintenant vous livrer mon appréciation quant à l'état des
travaux communautaires sur la réforme des institutions, avant de clore mon
propos par quelques éléments d'ensemble sur le bilan probable de la présidence
française, à un mois seulement de la fin de notre présidence et à une semaine
du Conseil européen de Nice.
Je répondrai, en premier lieu, à M. de Montesquiou sur le climat
franco-allemand.
Nous sommes maintenant à huit jours de la fin d'une négociation difficile, qui
fait bien apparaître de nettes oppositions d'intérêts et de conceptions. Tout
naturellement, cela donne lieu à des bruissements divers, diplomatiques ou
médiatiques, dont le ton est parfois regrettable, ainsi que j'ai moi-même pu le
constater.
Mais je peux vous assurer, monsieur le sénateur, que nous veillons toujours à
ce que le couple franco-allemand demeure le coeur de l'Europe. Nous l'avons
fait à Vittel, et le chancelier Schröder a eu l'occasion de souligner hier la
forte confiance qui nous liait.
C'est vrai que l'Allemagne a ses propres thèses, et qu'elle les défend ; nous
pouvons avoir les nôtres, et personne ne nous en voudra ici, je pense, de les
défendre également.
Mais ne prêtons pas trop d'attention à quelques outrances. Comme d'habitude,
la France et l'Allemagne seront d'accord lors du prochain Conseil européen.
Monsieur le rapporteur spécial, votre optimisme naturel, comme d'ailleurs
celui de certains de vos collègues, m'a semblé presque défaillant ce matin.
M. Denis Badré,
rapporteur spécial.
Peut-être y a-t-il un vrai problème !
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué.
Je vise ici non pas le couple franco-allemand, mais
l'Europe en général.
Monsieur le rapporteur spécial, je ne partage tout simplement pas votre
appréciation sur la période, ni d'ailleurs sur la présidence française en
général.
M. Denis Badré,
rapporteur spécial.
Rassurez-moi, monsieur le ministre !
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué.
Je vais essayer de le faire, monsieur le rapporteur
spécial.
Dans cette affaire, il ne faut pas crier au loup. L'Europe, nous le savons
tous, n'est pas celle que nous appelons de nos voeux ; elle n'avance pas au
rythme que nous souhaitons. D'ailleurs, on trouvera sur vos travées autant de
conceptions différentes, autant d'idées particulières que de sénateurs, et
c'est bien naturel. Mais si chacun ici a une conception différente de celle de
son voisin, c'est vrai aussi de la Commission, qui a sa conception, et du
Parlement, qui peut avoir la sienne, comme c'est vrai de telle ou telle autre
nation.
Donc, personne ne peut définir pour les autres ce que doit être la marche de
l'Europe.
Mais nous vivons, précisément pour cette raison, une période exceptionnelle.
Vous avez évoqué l'euro, mais cette monnaie existe et c'est en soi une
réalisation historique. Les uns et les autres, vous avez évoqué
l'élargissement, mais, là aussi, c'est un mouvement historique.
M. Denis Badré,
rapporteur spécial.
Il faut le réussir !
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué.
Vous avez encore évoqué la réforme institutionnelle.
M. Denis Badré,
rapporteur spécial.
Il faut la réussir aussi !
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué.
Monsieur le rapporteur spécial, on ne réalise pas un
traité politique tous les jours.
Je peux vous dire que cette présidence française s'est efforcée de travailler
honnêtement, dans le meilleur esprit et, ce qui n'est pas forcément le cas sur
tous les sujets, sous un exécutif uni, Président de la République et
Gouvernement parlant d'une même voix.
J'ajoute que notre agenda - absolument inédit - était un véritable casse-tête,
tant il était chargé, ce qui explique, d'ailleurs, que ce Conseil pourrait être
l'un des plus longs de l'histoire de l'Union européenne.
On a pu, ici ou là, prétendre que l'homme qui réaliserait l'harmonisation
fiscale en Europe n'était pas né. Dommage, mais, quelques jours plus tard, un
accord sans précédent, recherché depuis onze ans, était obtenu !
Quant à l'accord d'hier sur l'agenda social, il traduit, là encore, quelques
progrès.
Pour juger de cette présidence, je ne chausserai pas des lunettes roses, mais
pas non plus des lunettes noires, monsieur le rapporteur !
(Sourires.)
M. Denis Badré,
rapporteur spécial.
Nous non plus !
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué.
Le Conseil européen de Biarritz a marqué une étape
importante de la conférence intergouvernementale. Il a donné une impulsion
politique aux travaux. J'ai, pour ma part, à la demande du Président de la
République et du Premier ministre, effectué dès son lendemain des visites dans
certaines capitales afin d'écouter les positions de nos partenaires et de
commencer à rassembler les éléments qui nous permettront d'esquisser le
compromis final, en amont de la traditionnelle tournée des capitales que le
Président de la République, président en exercice du Conseil européen, a
entamée la semaine dernière.
Quelle est notre volonté commune sur la CIG ? C'est de réussir un bon traité à
Nice.
De quoi s'agit-il ? Tout d'abord, nous voulons généraliser, autant que faire
se peut, la majorité qualifiée, qui constitue un sujet clé de cette CIG, même
si nous savons que des difficultés demeurent dans le domaine fiscal - nous y
travaillons - dans le domaine social, même si nous ne devons pas toucher aux
principes fondamentaux de la sécurité sociale, ainsi que dans le domaine de la
politique commerciale extérieure, qui est particulièrement sensible pour la
France, puisqu'il s'agit précisément de l'audiovisuel et de la culture. Je
tiens à dire au Sénat que nous serons extrêmement vigilants sur ce dossier lors
des négociations de Nice.
Vient, enfin, le domaine de la justice et des affaires intérieures, notamment
les questions délicates touchant à l'asile, aux visas et à l'immigration.
Souvenez-vous du débat qui s'est instauré, ici même, sur la ratification du
traité d'Amsterdam. Peut-être pourrons-nous aboutir à une déclaration politique
qui nous éviterait de réviser notre Constitution dans un domaine extrêmement
sensible.
J'en viens aux coopérations renforcées.
Ces coopérations seront un instrument de souplesse et de flexibilité
indispensable dans une Europe élargie. J'ai bon espoir que nous parvenions à un
bon compromis, et, sur ce point, monsieur Badré, vous ne serez pas déçu.
Restent deux sujets extrêmement délicats, car très politiques ; je veux parler
de la réforme de la Commission et de la repondération des voix, ces deux sujets
étant liés, d'ailleurs.
S'agissant de la Commission, tout le monde s'accorde sur la nécessité de lui
redonner force et efficacité, mais, ayant dit cela, les uns souhaitent une
Commission restreinte capable d'impulsion et porteuse de l'intérêt
communautaire, les autres, un commissaire par Etat membre. Peut-être
faudra-t-il commencer par élaborer un compromis sous la forme d'un plafonnement
différé et d'un commissaire par Etat avant d'instaurer, après 2010, un système
de rotation égalitaire dans une Commission plafonnée.
S'agissant de la pondération des voix au sein du Conseil, les deux options
bien connues - pondération simple ou double majorité - restent sur la table,
même si une légère majorité d'Etats se prononcent en faveur de la repondération
simple.
Enfin, s'agissant de la charte des droits fondamentaux ainsi que de l'article
7 du traité concernant les entraves ou les menaces qui pèsent sur ces droits
fondamentaux, nous avons là deux bons textes.
Au total, je crois qu'élaborer un bon traité à Nice n'est pas impossible à ce
jour. Bien sûr, c'est la dynamique du sommet lui-même qui décidera.
L'ambition de la présidence française ne se limite naturellement pas au
traitement de ces sujets institutionnels, car l'Europe avance. L'Union
européenne ne peut pas être entièrement suspendue aux résultats de la
conférence intergouvernementale. La présidence doit aussi assumer ses autres
tâches.
C'est pourquoi, sans vouloir être exhaustif, je veux rappeler que vingt-huit
conseils des ministres se sont réunis depuis le début de la présidence
française ; par ailleurs, onze réunions informelles de ministres ont eu lieu.
C'est cela aussi, une présidence !
La France a un bilan à faire valoir.
Ainsi, en ce qui concerne la sécurité maritime, les ministres des transports
ont adopté un ensemble de mesures sous la forme d'une position commune,
concernant, notamment, l'élimination des pétroliers à simple coque. Nous
demanderons, à Nice, que ces dispositions soient applicables immédiatement.
En ce qui concerne la protection de l'environnement, une directive relative à
la pollution par l'ozone a été adoptée. Je regrette, moi aussi, l'échec de la
conférence de La Haye, mais il incombe principalement, il faut le dire, aux
Etats-Unis, comme l'a d'ailleurs reconnu le Président de la République en
saluant le travail de la délégation française qui conduisait l'Europe. Certes,
quelques malentendus sont apparus. Il faut les dissiper.
La lutte contre la criminalité financière internationale a donné lieu à
l'adoption d'une directive sur le blanchiment des capitaux. De façon plus
générale, la mise en oeuvre de l'espace européen de sécurité, de liberté et de
justice a fait l'objet d'une attention toute particulière de la présidence.
Dans un tout autre ordre d'idées, l'amélioration de la sécurité alimentaire,
sujet extrêmement complexe, a fait l'objet de décisions importantes destinées à
rétablir la confiance dans la chaîne alimentaire. J'espère que, demain, au
Conseil « marché intérieur », nous jetterons les bases de la future autorité
alimentaire européenne nécessaire pour coordonner l'action des différentes
instances qui oeuvrent de concert.
Dans le domaine social, la présidence a obtenu, hier même, un accord sur un
agenda social, programme de travail rassemblant objectifs et initiatives à
l'horizon de cinq ans.
La présidence a, par ailleurs, engagé une réflexion active sur la place des
services publics dans le modèle européen de société.
Et, n'en déplaise à M. Badré et à M. Bordas, la présidence vient d'obtenir,
grâce à la ténacité du président du Conseil « ECOFIN », un accord très
significatif sur l'harmonisation fiscale de l'épargne, puisqu'il officialise le
principe de l'échange d'informations sur les conditions de taxation des
non-résidents et fixe un taux de retenue à la source ainsi que les modalités de
partage de la recette fiscale entre Etat taxateur et Etat de résidence.
Enfin, pour ce qui est de la mobilité des étudiants, des enseignants et des
chercheurs, a été adopté un plan d'action pour les années qui viennent.
Mesdames, messieurs les sénateurs, ce bilan n'épuise pas le champ des
initiatives de la présidence française de l'Union européenne appelées encore à
se concrétiser, notamment à l'occasion du Conseil européen de Nice, dont la
préparation concentre toutes nos énergies.
Evidemment, comme toujours en ces matières où l'on esquisse des compromis, le
verre est à moitié plein, selon les uns, à moitié vide, selon les autres. Nous
avons revendiqué d'emblée une présidence studieuse, sérieuse, centrée sur des
sujets pratiques, comme les avancées de l'Europe sociale, de l'espace
judiciaire européen ou de l'Europe de la connaissance. Nous avons voulu aussi,
M. Vinçon y a insisté, agir de façon forte dans le domaine de l'action
extérieure.
Dans tous ces domaines, l'Union a été capable, ces dernières années, de donner
une impulsion politique nouvelle, notamment à Luxembourg, pour l'emploi, à
Tampere, pour l'espace judiciaire européen, et à Lisbonne, pour l'Europe de la
connaissance. Nous avons eu aussi le souhait, à travers le sommet de Zagreb, de
donner une nouvelle dimension à notre action dans les Balkans.
Bref, nous avons considéré que le travail de la présidence consistait plutôt à
rechercher les voies d'une mise en oeuvre effective de tous ces chantiers
essentiels pour le devenir du continent qu'à essayer à tout prix d'en ouvrir de
nouveaux. Nous assumons et nous revendiquons pleinement cette ambition.
Pour le reste, nous savons, bien sûr, que notre présidence sera jugée, d'abord
et surtout, sur notre capacité à relancer la construction politique de
l'Europe, à partir d'un succès de la conférence intergouvernementale que nous
appelons tous de nos voeux pour le Conseil européen de Nice. Cette réforme
demeure en effet indispensable avant l'élargissement, le grand élargissement,
qui constitue l'horizon de notre Union pour les années à venir.
Tout en étant conscient de l'étrangeté budgétaire de la démarche qui vous est
proposée ce matin, j'ai tout à fait confiance, après avoir écouté les
différents orateurs, dans le vote du Sénat.
(Applaudissements sur les
travées socialistes ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'article 28.
M. Serge Vinçon.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vinçon.
M. Serge Vinçon.
Monsieur le ministre, il me semble que le succès de la présidence française
est encore renforcé par l'accord intervenu sur la défense. Ce sujet est
suffisamment important et l'accord a été suffisamment difficile à obtenir pour
que l'on doive porter cela au crédit de la présidence française.
Toutefois, monsieur le ministre, vous n'avez pas du tout répondu à ma question
sur le financement de cette politique de la défense. J'ai bien compris qu'il y
aurait des contributions françaises. Mais, comme je le disais lors de mon
intervention précédente, il y aura nécessairement des états-majors à l'échelon
européen, qui donc recevront un budget de fonctionnement. Qui financera ? Le
budget de l'Europe ou exclusivement les Etats par des contributions nationales
?
La réponse est cruciale, me semble-t-il, pour bien comprendre l'architecture
de cette défense européenne. Peut-être votre réponse pourrait-elle éclairer le
débat sur le prochain projet de loi de programmation militaire qui nous sera
soumis l'année prochaine.
Cela étant, nous approuvons, évidemment, la contribution française au budget
européen.
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici,
ministre délégué.
Monsieur Vinçon, pardonnez-moi d'avoir semblé éluder
cette question pourtant essentielle, en effet. Vous avez raison de souligner
qu'un des principaux acquis de la présidence française est sans doute la
progression vers l'Europe de la défense.
Se sont tenues, la semaine dernière, à Bruxelles, une réunion sans précédent
entre les ministres des affaires étrangères et les ministres de la défense et,
parallèlement, ce qu'on appelle la « conférence d'engagement de capacités ».
Vous vous souvenez que nous nous étions fixé l'objectif de parvenir, d'ici à
quelques années, à une force de 60 000 hommes. Or, les offres sont telles que,
mises bout à bout, ce sont 100 000 hommes qui pourraient être déployés par
l'Union européenne. Par conséquent, il y a là un très grand succès.
Quant à la question budgétaire, elle est plus que pertinente.
Pour l'heure, nous en sommes encore à des contributions bilatérales
nationales. Mais il est certain que l'essor de cette politique exigera sans
doute, à l'avenir, qu'on y réfléchisse, au moins partiellement, dans le cadre
communautaire. Ce n'est pas le cas pour l'année qui vient, et c'est la raison
pour laquelle je n'en ai pas parlé dans la présentation du budget pour 2001.
Mais vous avez entièrement raison, il s'agit là d'un problème extrêmement
important.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 28.
(L'article 28 est adopté.)
M. le président.
Mes chers collègues, afin de laisser le temps à Mme le secrétaire d'Etat au
budget de nous rejoindre, nous allons interrompre nos travaux quelques
instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures quarante-cinq, est reprise à douze heures
cinq.)