Séance du 2 novembre 1999
QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Liberté d'information syndicale
631.
- 28 octobre 1999. -
M. Thierry Foucaud
attire l'attention de
Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité
sur les manquements graves à l'exercice des libertés d'information syndicale
qui ont cours à l'usine Renault de Cléon. Le 27 décembre 1968 était adoptée une
loi n° 68-1179 au caractère progressiste qui comportait de réelles avancées
pour l'exercice des mandats des élus du personnel dans les entreprises ainsi
que pour l'activité syndicale. Ce texte était le fruit du grand mouvement
social de mai et juin de la même année, lequel marque encore de son empreinte
l'histoire de notre pays. Au terme de l'alinéa 4 de l'article L. 412-8 du code
du travail, le droit à l'information était reconnu pour les salariés. Il
stipule en effet que « les publications et tracts de nature syndicale peuvent
être librement diffusés aux travailleurs dans l'entreprise, dans l'enceinte de
celle-ci, aux heures d'entrée et de sortie du travail ». Ainsi les délégués
pouvaient-ils dès ce moment rendre compte de leurs mandats et les syndicats et
leurs militants bénéficier de libertés nouvelles. Depuis, bien des changements
sont intervenus dans l'organisation du travail : horaires variables,
flexibilité introduite dans nombre d'entreprises. Les conditions d'application
des dispositions auxquelles il fait référence plus haut sont donc devenues
différentes. C'est le cas à l'usine Renault de Cléon en Seine-Maritime. Il
existe désormais sept accès différents pour les employés de cette unité de
production et pour ne prendre l'exemple que d'un seul bâtiment (bât. E)
soixante-quatre portes d'entrée et des dizaines de vestiaires. Les horaires
principaux qui étaient au nombre de quatre il y a vingt ans sont devenus plus
de deux cents si on prend en compte l'individualisation du travail et les
reprises et cessations d'activités à heures décalées. Comme elle le voit, la
législation est devenue inapplicable au sens strict. Dans le même temps, la
direction de ce site s'emploie à l'interpréter à la lettre, c'est-à-dire de
façon restrictive. Elle s'obstine à ne pas vouloir ouvrir de négociations. Les
conséquences sont graves. Plus de cinquante sanctions ont été prononcées. Un
tel blocage ne concourt qu'à dégrader le climat social. C'est la raison pour
laquelle il souhaite savoir quelles mesures elle compte prendre pour que la
liberté d'information des salariés par leurs élus ne subisse pas d'entraves.
Moyens mis à disposition de la délégation générale
à la langue française
632.
- 28 octobre 1999. -
M. Daniel Goulet
appelle l'attention de
M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie
sur les moyens mis à disposition de la délégation générale à la langue
française (DGLF). Il est reconnu que la DGLF, qui relève de la tutelle du
ministère de la culture, conduit de multiples actions de soutien de la
francophonie. Cependant, son budget de fonctionnement laisse apparaître un
poste qui semble disproportionné. En effet, dans le budget 1999 - publié en
annexe 4 du rapport d'activité 1999 - le poste loyer y figure pour un montant
de 1 575 000 francs : soit un loyer mensuel de 131 250 francs, soit un loyer
par agent (22) et par mois de 5 965 francs, soit plus de 50 % du budget de
fonctionnement (2 239 600), soit 21 % de la dotation initiale. A l'heure de la
rigueur budgétaire et à l'heure des nécessaires actions en faveur de la
francophonie, on peut logiquement s'interroger sur le bien-fondé d'une telle
dépense, si on la compare au budget de fonctionnement du Haut conseil de la
francophonie dont l'action polymorphe est essentielle et qui ne dispose que de
1 042 789 francs, au titre du ministère des affaires étrangères - chapitre
34-98, article 42 (avec diminution par rapport à 1997). En conséquence, il lui
demande de bien vouloir lui indiquer les raisons d'une telle disparité dans les
traitements et s'il est possible d'obtenir un plus juste équilibre des
attributions des fonds publics.
Conditions d'attribution de la prime à l'aménagement
du territoire dans la Somme
633.
- 28 octobre 1999. -
M. Pierre Martin
attire l'attention de
Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement
sur les conséquences induites par la modification du zonage de la PAT (prime à
l'aménagement du territoire) envisagée par la délégation à l'aménagement du
territoire et à l'action régionale (DATAR) pour la région Picardie et en
particulier le département de la Somme. Les critères retenus par le
Gouvernement pour l'attribution de la PAT manquent de cohérence tant du point
de vue géographique que du point de vue économique. En réponse à une question
écrite posée le 22 avril 1999, elle a précisé que « le zonage, en France comme
ailleurs, ne pourra plus épouser les contours des zones industrielles, mais il
devra incorporer la population des bassins d'emploi dans la totalité ». Ce
dernier zonage menace d'isolement économique de nombreux cantons ; le canton
d'Hallencourt en constitue un exemple parfait. Celui-ci bénéficiait jusqu'alors
de la PAT comme du FEDER (Fonds européen de développement économique régional).
Or, aujourd'hui, dans le zonage de la PAT présenté par le Gouvernement, le
canton d'Hallencourt en est exclu. Cette situation constitue, à l'évidence, une
anomalie géographique et historique. Mme le ministre avait pourtant montré
certains signes de souplesse dans l'élaboration de ce nouveau zonage, mais
cette souplesse n'a pas atténué la rigidité des nouveaux critères déterminés
par le Gouvernement et les conséquences désastreuses qui en découlent pour de
nombreux cantons. C'est pourquoi, se faisant l'interprète des élus de la Somme,
il lui demande, d'une part, quelles sont les intentions du Gouvernement pour
remédier à cette situation et, notamment, pour réintégrer le canton
d'Hallencourt dans le futur zonage de la PAT, mais, d'autre part, celles
concernant le zonage Objectif 2 puisque la Picardie, et plus particulièrement
le département de la Somme, apparaissent une nouvelle fois victimes d'une
décision pénalisante compte tenu des derniers critères d'éligibilité déterminés
par le Gouvernement.
Moyens de lutte contre la douleur
634.
- 2 novembre 1999. -
M. Nicolas About
attire l'attention de
Mme le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale
sur les moyens actuellement mis en oeuvre dans la lutte contre la douleur.
Notre pays accuse un retard considérable en matière de traitement de la
douleur. Sans doute notre culture judéo-chrétienne, qui considérait la
souffrance physique comme une forme de rédemption, n'est pas étrangère à ce
phénomène. Mais le corps médical a également sa part de responsabilité :
enfermé dans une technicité toujours plus poussée, il a négligé la prise en
compte des souffrances du malade, occupé qu'il était à soigner les causes du
mal plutôt que ses effets. Trop longtemps, la lutte contre la douleur est
restée le parent pauvre de la médecine. Il lui rappelle qu'un plan ministériel
anti-douleur a été mis en place par son prédécesseur. Ce plan comportait des
mesures intéressantes, notamment l'utilisation d'antalgiques puissants à
destination des enfants et la disparition du carnet à souches qui limitait, de
manière absurde, les prescriptions de certains produits morphiniques par les
médecins. Il regrette néanmoins que ce plan triennal fasse l'impasse sur le
renforcement des moyens actuellement mis à la disposition des services
hospitaliers anti-douleur. Au sein des hôpitaux de l'Assistance publique, ces
centres sont encore rattachés aux services d'anesthésie réanimation. En
conséquence, ils ne sont pas prioritaires dans l'affectation des moyens qui
sont globalement mis en oeuvre dans ces services. Pourtant, dans certains
centres, beaucoup de médecins font preuve d'un très grand dévouement auprès de
leurs patients et travaillent sans relâche pour les soulager. Faute de moyens
en personnel, ils sont aujourd'hui débordés, alors que l'état de leurs patients
nécessiterait un examen et des soins approfondis. Est-il normal de faire
patienter pendant des heures dans une salle d'attente des personnes qui
souffrent parfois le martyr, pour une simple consultation avec un spécialiste ?
Il lui demande donc quelles mesures elle entend prendre pour améliorer les
services anti-douleur de l'Assistance publique. A quand un renforcement de
leurs moyens financiers et humains ? A quand une véritable reconnaissance de
ces centres spécialisés qui réalisent un travail remarquable et souvent méconnu
auprès des malades ?
Renouvellement de la flotte de pêche
635. - 2 novembre 1999. - M. François Marc souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les critères retenus pour le dispositif de renouvellement de la flotte de pêche. Par circulaire du 25 septembre 1999, il a annoncé la délivrance d'une enveloppe nationale de 5 000 kW (dont 2 010 kW pour la région Bretagne), afin de permettre des opérations de renouvellement de navires, à puissance équivalente au sein de la flotte de pêche. Les demandes effectuées en ce sens en Bretagne, excédant l'enveloppe attribuée, ont fait l'objet d'un classement par la commission régionale de modernisation et de développement de la flotte de pêche artisanale et des cultures marines (Coremode). Au nombre des dossiers examinés figurent les cas des bateaux à vocation mixte de « géomonier-coquiller ». Or, en application du décret du 8 janvier 1993 et en particulier de son article 7, un navire exerçant exclusivement l'activité de goémonier ne nécessite pas de permis de mise en exploitation. Par contre, un navire polyvalent, ayant une activité complémentaire contingentée doit obtenir ce permis. Dans ce cas, c'est la puissance globale du navire et non celle utilisée effectivement pour les activités contingentées, qui est retenue pour son octroi. Il va de soi que dans un souci d'efficacité maximale, la Coremode est naturellement tentée d'écarter les dossiers des coquillers si fortement handicapant pour l'enveloppe globale de kilowatts à répartir, puisque l'activité de pêche ne représente qu'une période de trois à quatre mois par an, le reste du temps étant consacré au goémon. Le problème ainsi soulevé créé une situation inéquitable pour les activités plurielles. Il risque, hélas ! de se reproduire à chaque Coremode si un biais n'est pas trouvé pour assurer une prise en considération de l'activité de pêche contingentée, et d'elle seule, dans le dispositif de renouvellement de la flotte. Par conséquent, il serait intéressant d'envisager, dans le cadre de ce dispositif, que la puissance des navires ne soit prise en compte qu'au prorata de l'activité de pêche effectivement contingentée. Cette modification de la réglementation se traduirait en outre par une réduction de la puissance de la flotte prise en compte dans le cadre plus général des plans d'orientation pluriannuels, en harmonie avec les dispositions européennes.