Séance du 3 novembre 1998
QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Avenir de la gynécologie médicale
357.
- 3 novembre 1998. -
Mme Dinah Derycke
souhaite attirer l'attention de
M. le secrétaire d'Etat à la santé
sur l'avenir de la gynécologie médicale. Il s'agit d'une spécialité propre à
notre pays, créée en 1966, dont l'évolution et la personnalité de ses
praticiens, comprenant 80 % de femmes, ne sont pas détachables de ces trente
années de lutte en faveur du droit des femmes. Cette spécialité est appelée à
disparaître à moyen terme : elle a, en effet, été supprimée en 1986 avec la
création du concours de l'internat. Elle est devenue une matière théorique,
enseignée aux gynécologues obstétriciens, dont la formation demeure fondée
essentiellement sur l'obstétrique et la chirurgie. Très peu d'entre eux
pratiqueront en cabinet la gynécologie médicale. Avant 1986, 130 gynécologues
médicaux étaient formés par an. Aujourd'hui, 30 gynécologues obstétriciens
pratiqueront, peut-être, la gynécologie médicale. L'harmonisation européenne
des études ne peut être un prétexte. Cette spécialité, que nos voisins
européens nous envient, doit-elle disparaître au motif qu'elle est une
spécificité française ? Selon un sondage SOFRES réalisé en janvier 1998, 67 %
des femmes ne veulent pas consulter un généraliste pour des problèmes
gynécologiques. Ce sont autant de femmes qui renonceront à se faire suivre
régulièrement, et la politique de prévention des cancers féminins, réaffirmée
par la loi de financement de la sécurité sociale de 1999, en pâtira. En
conséquence, elle souhaite savoir s'il envisage de prendre des mesures pour
enrayer la disparition progressive des gynécologues médicaux. Si elle devait
être menée à son terme, cette disparition serait un grand recul pour les
femmes, leur santé et leurs droits.
Statut des praticiens
exerçant dans les centres d'orthogénie
358.
- 31 octobre 1998. -
Mme Dinah Derycke
souhaite attirer l'attention de
M. le secrétaire d'Etat à la santé
sur le statut des praticiens exerçant dans les centres d'orthogénie. Le décret
du 27 mars 1993 confère aux établissements publics de santé la possibilité de
recruter les médecins en qualité de praticiens contractuels. L'arrêté du 17
janvier 1995 précise quant à lui le niveau de rémunération des praticiens
exerçant des missions spécifiques, comme l'interruption volontaire de
grossesse. Or ces mesures réglementaires ne sont que rarement mises en oeuvre.
En effet, un grand nombre de médecins exerçant dans les centres d'orthogénie
continuent de le faire au titre de vacataire. De ce fait, ils perçoivent une
rémunération très faible, n'ont droit ni aux congés payés ni aux congés de
formation. Il s'agit la plupart du temps de médecins militants, qui ne pourront
bientôt plus pallier le manque d'intérêt de leurs collègues pour ce travail mal
reconnu. Seuls les hôpitaux de Paris, Tours, Grenoble, Chambéry et, depuis peu,
Roubaix ont contractualisé leurs praticiens en centre d'orthogénie. L'exemple
de Roubaix lui paraît porteur d'espoir et recèle de nouvelles perspectives.
Après une grève de vingt jours, les médecins du centre d'orthogénie du CHU de
Roubaix ont obtenu de devenir contractuels et de bénéficier d'une augmentation
du nombre de demi-journées de travail ainsi que d'un droit à la formation. Ces
dispositions permettront aussi aux praticiens d'exercer une activité
préventive. La planification prend ainsi une place importante : l'Etat s'est
d'ailleurs engagé à financer les heures travaillées pour le compte de la
planification en cas de défaillance du conseil général, dont c'est la
compétence. Dans le seul département du Nord, quinze centres d'orthogénie
attendent l'extension de cette solution à leur cas. Il s'agit simplement
d'appliquer les règlements en vigueur, il s'agit surtout de veiller à garantir
le droit des femmes. Ces centres, confrontés au désintérêt du corps médical et
à une absence de volonté de la part de la hiérarchie administrative
hospitalière, voient en effet leurs missions très sérieusement remises en jeu.
Constatant l'excellence de l'accord roubaisien, elle souhaite savoir s'il
entend prendre des dispositions afin d'étendre cette solution exemplaire à
l'ensemble des centres d'orthogénie et lever ainsi les menaces pesant sur leur
bon fonctionnement et leur pérennité.
Situation des écoles du 20e arrondissement de Paris
359.
- 3 novembre 1998. -
Mme Nicole Borvo
attire l'attention de
M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie
sur la situation du groupe scolaire Olivier-Métra et d'autres écoles dans le
20e arrondissement de Paris. L'Académie de Paris envisage d'exclure de la zone
d'éducation prioritaire (ZEP) ces écoles. Elle propose de créer sur le quartier
un réseau d'éducation prioritaire (REP) qui n'offre pas la garantie que les
moyens attribués à ces écoles soient maintenus. Le groupe scolaire
Olivier-Métra a bâti en quelques années un projet dynamique qui a beaucoup
contribué à favoriser la réussite scolaire. Les moyens particuliers dont
bénéficient ces écoles maternelles dans le cadre de la ZEP ont prouvé leur
efficacité et sont toujours nécessaires car le nombre de familles en grande
difficulté continue d'augmenter et le soutien aux efforts conjoints des équipes
pédagogiques, qui ont permis de faire face à cet environnement difficile, reste
indispensable. Il serait mal venu de casser cette dynamique au moment où les
écoles primaires ressentent avec de plus en plus d'acuité la nécessité de
rejoindre la ZEP. De plus et contrairement à l'esprit des circulaires du
ministère de l'éducation nationale qui exigent que la relance des ZEP
s'effectue dans la transparence totale et après une large concertation de tous
les partenaires de l'école, aucune concertation n'a été entreprise ni avec la
mairie ni avec les syndicats enseignants. Pour toutes ces raisons elle lui
demande si, dans la logique du plan de relance des ZEP décidé par le
Gouvernement en janvier dernier et qui insiste sur l'importance pour les ZEP de
couvrir tous les niveaux de scolarité des enfants, le ministère envisage de
prendre les mesures nécessaires afin d'ouvrir un véritable dialogue en vue du
maintien de ces écoles maternelles en ZEP et d'élargir celle-ci aux écoles
primaires de ce quartier ?
Réorganisaiton des services de police
et de gendarmerie en Meurthe-et-Moselle
360.
- 3 novembre 1998. -
M. Philippe Nachbar
attire l'attention de
M. le ministre de l'intérieur
sur les conséquences pour le département de Meurthe-et-Moselle du projet de
réorganisation des services de police et gendarmerie qui, dans son état actuel,
prévoit la suppression de quatre commissariats, Briey, Conflans, Joeuf et
Villerupt, tous situés dans l'arrondissement de Briey, la dissolution de trois
brigades de gendarmerie en zone rurale (Arracourt, Bernécourt, Mercy-le-Bas) et
de huit brigades en zone urbaine (Essey transférée à Seichamps, Dombasle,
Herserange, Ludres, Maxéville, Mont-Saint-Martin, Neuves-Maisons,
Saint-Nicolas-de-Port). Devant l'ampleur d'un tel projet, il convient de
rappeler que la réforme entreprise doit tenir le plus grand compte des
spécificités locales et ne pas aboutir à un déséquilibre accru dans la
répartition des forces de sécurité. Or, les brigades de gendarmerie menacées
sont situées dans des zones proches d'agglomérations où la délinquance est
contenue grâce à la prévention qu'assure la présence des gendarmes sur le
terrain. Les quatre commissariats et trois des gendarmeries concernées
(Mercy-le-Bas, Herserange, Mont-Saint-Martin) se trouvent dans l'arrondissement
de Briey, peuplé de 150 000 habitants, qui traverse depuis de nombreuses années
une crise économique exceptionnellement grave, se traduisant par le chômage des
jeunes et l'existence de secteurs entiers de la population fragilisés. De plus,
cet arrondissement, le Pays Haut, est proche des frontières belge et
luxembourgeoise, ce qui en fait malheureusement un carrefour important du
trafic de stupéfiants. Le maintien du réseau des commissariats et des
gendarmeries, tant en zone rurale qu'en zone urbaine, apparaît donc essentiel
pour garantir la sécurité des populations, qui passe avant tout par la
prévention de la délinquance assurée par la proximité de forces de police et de
gendarmerie. Un aménagement équilibré du territoire passe par le maintien sur
place des services publics encore existants. La disparition ou le transfert de
nouveaux services renforcerait la désertification de secteurs fragiles. Le
danger serait grand, enfin, d'aboutir à un nouveau transfert de charges indues
sur les communes qui pourraient se voir contraintes de créer des polices
municipales pour ne pas voir l'insécurité s'aggraver. Il lui demande, en
conséquence, s'il ne lui apparaît pas préférable, compte tenu de l'ensemble de
ces éléments, de maintenir une organisation des services de police et de
gendarmerie qui, en Meurthe-et-Moselle, a fait la preuve de son efficacité.
Aménagement de la RN 10 entre Rambouillet-Bel Air et Ablis
361.
- 3 novembre 1998. -
M. Gérard Larcher
attire l'attention de
M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement
sur l'échéancier de réalisation des travaux d'élargissement de la RN 10 à 2 × 2
voies entre Rambouillet-Bel Air et Ablis et de la protection phonique de la RN
10 dans la traversée de la ville de Rambouillet. En effet, le contrat de plan
en cours a inscrit la réalisation de l'aménagement à 2 × 2 voies de ce tronçon,
l'utilité publique a été décrétée le 25 août 1998 et les procédures
d'acquisition ont été engagées. La réalisation doit donc être engagée dans les
meilleurs délais, la dangerosité de cette voie nationale n'étant plus à
démontrer. En conséquence, il lui demande quel échéancier est prévu pour ces
travaux. Par ailleurs, le niveau de nuisance phonique générée par la
circulation automobile sur cette route nationale dans sa traversée de la zone
agglomérée de la ville de Rambouillet dépasse le niveau tolérable selon les
critères retenus par les experts. La ville de Rambouillet a engagé en 1994 un
programme de protection qui, selon un schéma de répartition arrêté
conjointement avec les services de l'équipement et le conseil régional, sera
pour sa part achevé en 2002. En conséquence, il lui demande quel échéancier des
travaux à la charge de l'Etat est prévu, notamment pour le secteur le plus
sensible Les Fontaines-le Bel Air.