M. le président. La parole est à M. Jean-Louis Lorrain, auteur de la question n° 193, adressée à Mme le ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire.
M. Jean-Louis Lorrain. Monsieur le ministre, la grande majorité des enseignants chercheurs de latin et de grec dans l'enseignement supérieur et nombre d'enseignants des cours préparatoires des lycées adhèrent à l'association des professeurs de langues anciennes de l'enseignement supérieur, qui travaille en étroite collaboration avec d'autres structures, dont l'association Guillaume-Budé, dirigée par les académiciens Marc Fumaroli et Jacqueline de Romilly. Ils ont vivement contesté les intentions du ministère d'imposer aux élèves de troisième, dans la filière « lettres classiques », le choix entre le grec ou le latin, au profit d'une langue vivante.
Mme Ségolène Royal a donc renoncé, devant ce tollé, à faire publier un décret au Bulletin officiel. Toutefois, selon les informations que nous avons pu recueillir, il appert que les difficultés d'inscription simultanée pour le latin et le grec demeurent. Les chefs d'établissement persisteraient à réserver l'étude du grec aux élèves non latinistes et les élèves se verraient proposer l'étude du grec dans les seuls établissements n'offrant pas de cours de latin.
Ai-je besoin de rappeler que l'étude des langues anciennes favorise la maîtrise des cadres logiques et grammaticaux du langage, qu'elle représente le socle de notre culture, les racines mêmes de notre civilisation ? Ajoutons qu'elle correspond à une formation classique et morale, qu'elle place l'élève à l'école citoyenne des « créateurs » de la démocratie et de ses valeurs et qu'elle peut constituer aussi, pour les jeunes issus de l'immigration, une des conditions d'une intégration réussie.
Je vous serais reconnaissant, monsieur le ministre, de bien vouloir définir la position du Gouvernement avec clarté sur cette question car il paraît difficilement concevable que des considérations d'ordre budgétaire ou pratique sur le plan administratif contrarient en sous-main l'ensemble d'un projet pédagogique.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le sénateur, pour les raisons que j'ai évoquées précédemment, je répondrai à votre question au nom de M. Claude Allègre et de Mme Ségolène Royal.
Les langues anciennes sont partie intégrante de notre patrimoine culturel. Elles ont aussi, comme vous l'avez souligné, une fonction de formation, qu'elles partagent d'ailleurs avec bien d'autres disciplines. Le Gouvernement souhaite donc veiller au maintien du latin et du grec non seulement au collège et au lycée, mais également dans l'enseignement supérieur et la recherche.
Or, l'organisation de nos enseignements dans ce domaine n'est pas aujourd'hui la meilleure. Au collège, elle résulte des décisions prises par l'ancien ministre de l'éducation nationale dans le cadre de l'opération de « rénovation » du collège.
Le nombre important de disciplines enseignées de la classe de sixième à la classe de troisième, la montée en puissance de certaines d'entre elles, comme la technologie, la généralisation de la deuxième langue vivante, rendent complexe l'organisation de l'enseignement des langues anciennes. C'est particulièrement vrai pour le grec, le nombre d'élèves qui choisissent cette option étant souvent insuffisant pour constituer une classe de taille raisonnable.
Le ministère de l'éducation nationale va donc s'employer à identifier clairement, dans chaque bassin géographique, des collèges assurant une initiation au grec, en liaison avec des lycées proposant des études littéraires très complètes.
Son objet est de promouvoir des études littéraires diversifiées et de qualité, partout sur le territoire, et pas seulement dans les grands lycées des centres-villes.
M. Jean-Louis Lorrain. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain. Monsieur le ministre, je vous remercie de ces remarques ; néanmoins, très sincèrement, je reste sur ma faim !
Si le latin et le grec ne sont pas enseignés à un nombre suffisant d'élèves à l'échelon de nos collèges, nous ne pourrons pas, par la suite, recruter de nouveaux professeurs capables de transmettre la science de haut niveau que représente l'enseignement de ces deux langues.
Mon souci est non pas de promouvoir un esprit rétrograde ou élitiste qui serait détaché du sens des réalités, mais d'attirer l'attention des autorités ministérielles sur la vigilance dont elles doivent faire preuve. En effet, les principaux de collège doivent pouvoir disposer des moyens nécessaires, et une politique faite sans doute de bonnes intentions ne doit pas risquer de mettre en péril de manière irréversible la survie, en quelque sorte, de ces enseignements.
situation de la compagnie générale
d'électrolyse du palais-sur-vienne (cgep)