RAPPEL AU RÈGLEMENT
Mme Michelle Demessine.
Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président.
La parole est à Mme Demessine.
Mme Michelle Demessine.
Mon rappel au règlement se fonde sur les articles du règlement du Sénat
relatifs à l'organisation de nos travaux.
La direction de Renault a annoncé en début de semaine son intention de fermer
purement et simplement son usine de Vilvorde et de licencier ainsi ses 3 000
salariés.
Cette décision, aussi surprenante qu'inacceptable socialement et
économiquement, suscite une très vive émotion tant en Belgique que dans
l'ensemble du groupe Renault, dont je rappelle que 46 % du capital est toujours
détenu par l'Etat français.
Nous venons également d'apprendre que, non content de cette mesure, qui fait
pourtant suite au plan social déjà contraignant de 1996, M. Schweitzer
s'apprête à supprimer 2 764 autres emplois dans plusieurs de ses usines situées
en France !
Une fois de plus, ce sera au salarié de supporter les conséquences d'une
politique économique globale qui, en pesant sur les salaires, contribue à
réduire les débouchés de nos productions et d'une politique d'entreprise qui
tient les hommes et les femmes pour quantité négligeable.
Or, même si Renault a connu quelques difficultés l'an dernier, cette
entreprise a tout de même engrangé près de 40 milliards de francs de profits au
cours des années précédentes, profits dont nous savons qu'ils sont très loin
d'avoir été totalement réinvestis dans la production.
La colère des salariés est tout à fait légitime : qu'ils soient belges,
français, espagnols, portugais ou slovaques, ils ne veulent plus être
considérés comme la seule variable d'ajustement structurel des comptes du
groupe.
Ils comprennent que, par-delà les frontières, leur avenir commun et celui de
leurs enfants dépendent de leur action solidaire, seule capable de faire leur
force face aux mauvais coups qui leur sont portés.
Nous soutenons donc l'appel des syndicats à un débrayage de protestation d'une
heure dans toutes les usines Renault de l'hexagone vendredi prochain.
Elue du département du Nord, où est implantée l'usine qui produit la Mégane
Scenic et qui constitue l'un des moteurs de l'économie régionale, je me sens
particulièrement concernée par l'avenir de Renault. Je suis scandalisée par
l'attitude de M. Karol Van Miert et de M. Yves-Thibault de Silguy, commissaires
européens, qui, tout en se disant sensibles à la situation des salariés,
affirment que l'Union européenne ne peut s'opposer à la décision du groupe
Renault.
Pourtant, maints exemples montrent que la Commission européenne ne se gêne
nullement pour intervenir contre l'emploi, les salariés et les populations, en
visant en particulier les services publics.
Alors que la Mégane Scenic connaît un succès exceptionnel qui justifierait une
augmentation d'au moins 20 % de la production de ce monospace, les responsables
de l'usine de Douai s'évertuent à accentuer la précarité de l'emploi, à
aggraver les conditions de travail, à développer la flexibilité et à contenir
les salaires du personnel. En accord avec leur direction parisienne, ils se
refusent à envisager un développement durable de l'outil de production et à
favoriser le progrès social dans l'entreprise, ce qui est très inquiétant.
Il est urgent de faire prévaloir d'autres choix économiques, industriels et
sociaux, afin de dégager Renault de la sphère spéculative. En particulier, les
coopérations avec Peugeot-Citroën devraient être développées car elles
permettraient aux deux grands groupes français de partager leurs coûts et,
partant, de renforcer leur compétitivité.
Le groupe communiste républicain et citoyen exige donc, le retrait dans un
premier temps, du plan Schweitzer. Il demande ensuite que la commission des
affaires économiques et du Plan ainsi que la commission des affaires sociales
du Sénat se saisissent de cette affaire, car elle met en jeu l'avenir de
Renault et celui de l'industrie automobile française tout entière. Il demande
enfin que, dans chacune de nos assemblées, un débat public soit organisé.
L'Etat détenant encore 46 % du capital de Renault, il est inadmissible que les
organisateurs de la privatisation partielle du groupe prétendent aujourd'hui ne
rien pouvoir faire !
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste
républicain et citoyen.)
M. Ivan Renar.
Très bien ! C'est exactement ça !
M. le président.
Madame, je vous donne acte de votre rappel au règlement.
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