QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Sauvegarde du château de Rosny-sur-Seine
577.
- 24 février 1997. -
M. Dominique Braye
attire l'attention de
M. le ministre de la culture
sur la situation catastrophique que connaît le château de Rosny-sur-Seine dans
les Yvelines. Dans la nuit du 23 au 24 janvier dernier, une partie très
importante de ce château était entièrement détruite par un incendie, dont la
police judiciaire a établi l'origine criminelle. Depuis 1985, ce château, dont
la valeur historique est unanimement reconnue, a été sciemment dépouillé de ses
richesses patrimoniales et artistiques et laissé à l'abandon par ses
propriétaires japonais. Ceci au mépris de tous les engagements qu'ils avaient
contractés et de toutes les lois de notre République. Le dernier espoir pour ce
château est de trouver de nouveaux propriétaires, désireux de le restaurer.
L'imbroglio qui s'est créé autour de sa situation juridique est tel qu'il
décourage d'éventuels acquéreurs et doit donc être dénoué au plus vite. Par
conséquent, il lui demande ce que le ministre de la culture, déjà sollicité à
plusieurs reprises par ses soins - sans résultat concret à ce jour - compte
faire pour permettre la sauvegarde du château.
Application d'une décision du Conseil d'Etat
relative au versement de l'indemnité spéciale de montagne
578.
- 24 février 1997. -
M. Adrien Gouteyron
appelle l'attention
M. le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation
sur la décision du Conseil d'Etat du 27 septembre 1996 qui confirme le jugement
du tribunal administratif de Toulouse. Il lui rappelle que ce jugement, ce
dernier a annulé la décision du directeur départemental de l'agriculture de
l'Aveyron de ne verser qu'une seule indemnité spéciale de montagne pour un
agriculteur et son fils au motif que les deux exploitations concernées étaient
en fait une seule unité économique. Il lui demande de bien vouloir lui préciser
le délai d'application de la décision du Conseil d'Etat.
Régime fiscal applicable aux associations
579.
- 24 février 1997. -
M. Marcel Charmant
rappelle à
M. le ministre de l'économie et des finances
que M. le Premier ministre a engagé, dès 1995, une réflexion avec le mouvement
associatif dans le cadre du Conseil national de la vie associative. Des
propositions concrètes sont nées de cette concertation et ont donné lieu à des
applications qui ont recueilli la totale approbation du monde associatif.
D'autres mesures sont actuellement en discussion, qui font craindre une remise
en cause des conditions d'exercice et de développement de la vie associative
telles qu'elles découlent de la loi de 1901. Le mouvement associatif est
inquiet. Si le Président de la République, lors de la cérémonie de présentation
des voeux aux associations, a rappelé tout l'intérêt qu'il portait à la vie
associative et combien il comptait sur les associations pour réduire la
fracture sociale, les mesures de restriction budgétaire inscrites dans la loi
de finances 1997 atteignent directement les associations. Les crédits des
principaux ministères qui oeuvrent en partenariat avec le mouvement associatif
sont largement amputés et les répercussions sont lourdes sur les moyens de
fonctionnement des associations. La participation au financement des contrats
emploi solidarité est portée de 5 à 15 % et l'Etat transfère aux associations
qui les accueillent les charges afférentes aux objecteurs de conscience. Autant
de mesures qui limitent la capacité d'action des associations. Mais le plus
inquiétant est le projet d'instruction fiscale préparé par le ministère des
finances qui envisage, sous le prétexte de la clarification, de modifier les
dispositions fiscales applicables à la vie associative, et notamment
d'assujettir les associations locales à la TVA. Ce projet interpelle la
représentation nationale à double titre. D'une part, cette réforme unilatérale
de la fiscalité des associations aurait des répercussions énormes sur la vie
associative et tout particulièrement sur celle de toutes les petites
associations locales qui animent et dynamisent nos communes grâce aux bénévoles
qui mettent au service de l'intérêt général leur temps, leur compétence et leur
immense bonne volonté ; celles qui ne disposent d'autres ressources que celles
qui proviennent de leurs adhérents et des manifestations qu'elles organisent
pour financer leurs activités. Ce sont les plus nombreuses et leur utilité
sociale n'est plus à démontrer. D'autre part, si le processus qui est engagé
est mené à terme, le Gouvernement décidera de modifier le régime fiscal
applicable aux associations sans que le Parlement ait eu à se prononcer sur
l'opportunité d'une telle réforme. Le 16 juillet 1971, le Conseil
constitutionnel rappelait que « la liberté d'association constitue l'un des
principes fondamentaux reconnus par les lois de la République » et confirmait
que seul le législateur était en mesure de préciser, si nécessaire, le contenu
de cette liberté publique. En conséquence, il lui demande de renoncer à la mise
en oeuvre de ce projet d'instruction fiscale et de saisir le Parlement de tout
projet visant à modifier la fiscalité applicable aux associations.
Devenir du grand ensemble locatif
situé rue du Commandant-Mouchotte (Paris 14e)
580.
- 24 février 1997. -
Mme Danièle Pourtaud
rappelle à
M. le ministre délégué au logement
que la SEFIMEG, après de nombreux investisseurs institutionnels, a décidé
brutalement il y a quelques mois de mettre en vente, par appartements, la plus
grande partie de son patrimoine locatif parisien. C'est le cas, en particulier,
de l'immeuble qui est situé rue du Commandant-Mouchotte dans le 14e et qui est
l'un des plus grands ensembles locatifs existant dans la capitale. 430
locataires, c'est-à-dire plus de 1 000 personnes, sont ainsi concernés ; ils
doivent donner leur réponse au plus tard le 21 mars prochain, donc dans des
délais extrêmement brefs, les baux arrivant à expiration n'étant pas
renouvelés. Les appartements sont proposés à un prix relativement élevé, étant
donné l'ancienneté de l'immeuble et l'état des parties communes très
importantes. Il en résulte une forte et légitime inquiétude des locataires,
dont beaucoup habitent là depuis de très nombreuses années, étant âgés ou
n'ayant pas de ressources suffisantes pour se porter acquéreurs, risquent
d'être confrontés à une situation très difficile, voire dramatique. Il
convient, en outre, de préciser que cet immeuble a été construit il y a trente
ans sur un terrain de la SNCF et de la ville de Paris, avec l'aide de la
collectivité publique dans le cadre d'une convention Etat-ville, pour répondre
aux besoins de logements intermédiaires des classes moyennes ; un certain
nombre de logements ont été réservés aux rapatriés d'Afrique du Nord, qui y
résident toujours, et une vingtaine d'ateliers-logements ont bénéficié d'un
conventionnement spécifique. Pour toutes ces raisons, les autorités municipales
parisiennes mais aussi le Gouvernement ne peuvent se désintéresser du sort de
ces centaines de locataires et de familles et des conséquences à la fois
économiques, sociales et humaines d'une telle opération. Aussi, elle lui
demande d'intervenir, d'une part, auprès de la SEFIMEG, afin qu'elle accepte,
ce qui n'est pas le cas jusqu'à présent, d'engager une véritable négociation
avec les locataires rassemblés au sein de l'association des locataires
Maine-Montparnasse et, d'autre part, de lui indiquer les dispositions qu'il
compte prendre afin que soit respecté le droit constitutionnel au logement.
Primes, cotisations additionnelles et indemnités
relatives aux catastrophes naturelles
581.
- 25 février 1997. -
M. Jean Clouet
demande à
M. le ministre de l'économie et des finances
le montant total des primes et cotisations additionnelles perçues par les
entreprises d'assurances au titre du pragraphe 3 de l'article 2 de la loi n°
82-600 du 13 juillet 1982 depuis l'entrée en application de cette loi ainsi que
le montant total des indemnités versées depuis cette date par ces mêmes
entreprises aux victimes des catastrophes naturelles entrant dans le ressort de
la loi précitée.
Conséquences du développement des importations
de papier journal en provenance d'Amérique du Nord
582.
- 25 février 1997. -
M. Daniel Hoeffel
appelle l'attention de
M. le ministre de l'industrie, de la poste et des télécommunications
sur l'important développement de l'importation de papier journal en provenance
d'Amérique du Nord, et notamment du Canada, et son effet négatif sur
l'industrie française et les emplois qui y sont liés. Ce mouvement a été
constaté en 1996. Il fait suite à une baisse de la consommation de l'ordre de 8
% aux Etats-Unis. Au lieu d'adapter leur production, les industries
nord-américaines ont continué de produire quasiment à pleine capacité,
contrairement à nos industries françaises qui adaptent leur production à la
capacité d'absorption du marché, en respectant des jours de fermeture «
conjoncturelle » (pour ne citer que Stracel et Chapelle-d'Arblay : chacune de
ces deux usines a été amenée à arrêter la production pendant 3 mois en 1996).
Partant, ces entreprises nord-américaines sont venues écouler leur excédent à
très bas prix en Europe. Différents groupes français ont à l'étude des projets
de développement. Quelles dispositions compte prendre le ministre de
l'industrie pour veiller à ce que les projets ne provoquent pas de déséquilibre
sur notre marché national, mais puissent au contraire se réaliser en
contribuant au développement harmonieux de notre territoire ?
Politique en matière de déchets ménagers
583.
- 25 février 1997. -
M. Josselin de Rohan
demande
Mme le ministre de l'environnement
de bien vouloir faire le point sur l'évolution de la politique de son ministère
en matière de déchets ménagers.
Régulation de la population des cormorans
en Val-de-Loire
584.
- 25 février 1997. -
M. Marcel Charmant
rappelle à
Mme le ministre de l'environnement
que, par directives du 2 avril 1979 et du 17 avril 1981, la Communauté
européenne a classé les cormorans, sous espèces « sinensis » et « carbo », dans
la liste des oiseaux menacés nécessitant des mesures de protection. Il est donc
interdit de les tuer ou de porter atteinte à leurs nids ou à leurs oeufs. Cette
mesure de protection s'est révélée efficace puisque l'effectif des cormorans
protégés est passé de 50 000 individus en 1979 à plus de 650 000 aujourd'hui en
Europe. Son efficacité n'est pas sans poser de problèmes, dans le Val-de-Loire
notamment. En effet, la concentration et la prolifération dans le lit de la
Loire de ces oiseaux exclusivement piscivores a des conséquences dramatiques
sur la population piscicole des plans d'eau et piscicultures, mais également
sur la faune du fleuve lui-même. A raison de 500 grammes de poisson par jour et
par individu, les cormorans auront consommé en France près de 9 tonnes de
poisson cet hiver. Les mesures prises en 1992 au titre de la prévention des
dégâts aux piscicultures se sont révélées insuffisantes et le milieu naturel
est lui aussi atteint par ce fléau. En réponse à un député, il a été proposé de
permettre un prélèvement de 10 % de la population pour réguler la prolifération
des cormorans et d'envisager une déconcentration des procédures permettant aux
préfets d'aller au-delà de ce seuil dans les régions où les populations
piscicoles sont particulièrement menacées. La vallée de la Loire est de
celles-là et les fédérations de pêche s'inquiètent de plus en plus de
l'extension du phénomène. Les associations de pêche ont pu constater que les
efforts qu'elles réalisent pour empoissonner les plans d'eau sont immédiatement
anéantis par le passage des cormorans. Ce qui est évident pour les milieux
confinés, devient également préoccupant pour le milieu naturel. Les quelques
pêcheurs professionnels qui subsistent en Loire s'alarment eux aussi de la
hauteur des prélèvements opérés par les cormorans sur les salmonidés notamment.
La protection d'une espèce d'oiseau aboutit donc à une aberration car elle met
en péril la survie d'autres espèces. Sans vouloir remettre en cause les mesures
prises pour assurer la protection des cormorans, il convient de s'interroger
sur la durée et le maintien de toutes les mesures de protection. Peut-on encore
considérer que les cormorans, qui sont aujourd'hui 650 000 en Europe, sont
encore une espèce menacée ? Doit-on maintenir un tel niveau de protection ou
doit-on considérer qu'une régulation est nécessaire pour éviter le déséquilibre
ainsi créé ? C'est pourquoi il lui demande la mise en oeuvre au plus tôt de
mesures efficaces pour réguler la population de cormorans présente dans le
Val-de-Loire.
Situation des chauffeurs de taxis parisiens
585. - 25 février 1997. - Mme Nicole Borvo attire l'attention du M. le ministre du travail et des affaires sociales sur la situation scandaleuse faite à un grand nombre de chauffeurs de taxis parisiens qui sont victimes du système de la location. Depuis 1973, ce système est à l'origine de la dégradation de la situation des chauffeurs de taxi et de celle du taxi en général. En effet, dans le système de la location, le patronat ne se pose plus en tant que tel, mais en tant que propriétaire, et nie la notion de salaire, ce qui est inadmissible, car cette notion recouvre toute la législation sociale contenue dans le code du travail. Cela a des effets redoutables pour les chauffeurs de taxi victimes de ce système féodal : la location est de plus en plus chère alors que les recettes diminuent. Les chauffeurs sont obligés de travailler 60 à 70 heures par semaine pour un revenu net ne dépassant pas 20 francs de l'heure. De plus ils n'ont ni droit au chômage ni droit aux congés payés. Cette situation intolérable va également à l'encontre de l'intérêt du service au public que constitue le taxi. Pour toutes ces raisons elle lui demande ce qu'il compte faire pour abroger toutes les lois, ordonnances ainsi que tous les décrets qui sont à l'origine du système de location et établir une obligation de contrat de travail entre les patrons et les chauffeurs de taxi, rétablissant le rôle d'employeur que devraient avoir ces patrons qui se comportent comme des rentiers.