Services votés

M. le président. « Crédits : 7 218 068 605 francs. »
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix les crédits ouverts à l'article 40 au titre des services votés.

(Ces crédits sont adoptés.)

Mesures nouvelles

M. le président. « I. - Autorisations de programme : 1 777 494 000 francs ;
« II. - Crédits : 778 492 922 francs. »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le ministre, la réponse que vous avez apportée à Mme Luc à propos des plates-formes aéroportuaires est trop vague. Aussi, je tiens à vous réitérer notre inquiétude à propos du devenir de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle.
Le rapport de la commission d'enquête a été rendu public voilà maintenant quelques semaines. Il confirme la volonté arrêtée du Gouvernement de poursuivre l'extension de cet aéroport en construisant deux nouvelles pistes qui permettront d'accueillir 500 000 mouvements annuels contre environ 330 000 aujourd'hui et 300 000 voilà un an. Avec deux nouvelles pistes, l'aéroport Charles-de-Gaulle accueillera donc un trafic représentant celui des deux grands aéroports parisiens réunis. Une fois de plus, une commission soi-disant indépendante par rapport à Aéroports de Paris et au Gouvernement a publié un rapport favorable à cette extension.
La commission n'a pas pris en compte, sur le fond, l'avis des riverains. Dans le Val-d'Oise, près de 50 000 personnes se sont rendues dans les mairies ou ont signé des pétitions. La quasi-totalité d'entre elles se sont prononcées contre cette extension.
La commission a bien émis quelques réserves mineures mais un examen attentif permet de se rendre compte qu'elles ne constituent pas un obstacle au feu vert donné.
La comparaison des nuisances entre le jour et la nuit ne conduit nullement à la suppression des vols de nuit ni à leur réduction. Ces derniers représentent toujours 10 % de l'ensemble des vols. Dans la mesure où ceux-ci vont croître, les vols de nuit augmenteront également.
Une loi tendant à créer une institution indépendante de mesure et de contrôle des nuisances devait être présentée. Permettez-moi de vous faire observer que le Sénat n'en a pas eu à ce jour connaissance. Mais peut-être serez-vous en mesure de nous dire un peu plus aujourd'hui.
La redéfinition des plans d'exposition au bruit et des plans d'occupation des sols diminuera encore les possibilités d'aménagement économique des villes riveraines du Val-d'Oise. Compte tenu de l'augmentation du nombre des vols, les nuisances se développent. Avec la déréglementation, il y aura encore plus d'avions dans le ciel de Roissy. En étendant ces zones de nuisance, vous réduisez les possibilités d'aménagement de notre région.
La commission d'enquête a émis une quatrième réserve. Le code de bonne conduite proposé pour les pilotes n'exprime-t-il pas une volonté de transférer sur ceux-ci les responsabilités des nuisances ? Les pilotes ne seront-ils pas les premières victimes de l'augmentation du trafic aérien et de la mise en place de hub ?
Monsieur le ministre, après avoir fait état de la nécessité d'élaborer un projet de loi, je voudrais, dans le cadre de ce débat budgétaire, vous demander sous quelle forme vous envisagez les compensations financières pour les villes sinistrées, polluées ou dans l'incapacité de se développer.
Quel est le calendrier et le financement prévus pour la construction du troisième aéroport pour lequel le site de Beauvilliers a été retenu ?
Cet aéroport, selon les informations qui nous ont été communiquées, y compris par votre cabinet, doit être achevé en 2010. Quatorze ans, c'est long pour les riverains, mais c'est court pour réaliser des études et construire cet aéroport. Il ne faut plus tarder ou alors ceux qui affirment que l'annonce de ce troisième aéroport ne serait destinée qu'à mieux faire passer la construction de deux pistes supplémentaires à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle auraient peut-être raison, monsieur le ministre.
Les décisions relatives au dépôt d'un projet de loi, à la nature de l'aide financière, au calendrier et au financement du troisième aéroport relèvent de votre responsabilité, monsieur le ministre. Elles nous intéressent et, compte tenu de la situation actuelle, elles risquent de nous confirmer la volonté gouvernementale d'étendre l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Si tel était le cas, je vous le dis, monsieur le ministre, nous confirmerons notre opposition.
M. Bernard Pons, ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Bernard Pons, ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme. Je comprends parfaitement, madame le sénateur, vos préoccupations, mais je ne peux pas vous laisser tenir certains propos.
Vous dites que la commission d'enquête n'est pas indépendante. Permettez-moi de vous rappeler que les commissions d'enquête dans le cadre des déclarations d'utilité publique ont été modifiées en 1983, à l'époque où certains des membres de votre groupe participaient au Gouvernement. On avait alors vanté leur indépendance, puisque le fonctionnaire qui présidait la commission était remplacé par un magistrat.
La commission d'enquête, qui était composée de sept membres, a présenté toutes les garanties d'indépendance. Elle a bien travaillé. Nous avons pris toutes dispositions utiles pour réduire les nuisances subies par les riverains : nous avons ainsi interdit les vols de nuit pour les avions les plus bruyants ; nous avons modifié les procédures d'approche pour l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Les améliorations qui ont été apportées sont considérables.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Ce n'est pas vrai ! Vous ne pouvez pas dire ça !
M. Bernard Pons, ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme. Mais si, madame, c'est la vérité ; un certain nombre de vos collègues élus le reconnaissent eux-mêmes !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Mais non !
M. Bernard Pons, ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme. C'est la vérité !
Ce dossier avait peut-être été mal préparé, mais, aujourd'hui, Roissy-Charles-de-Gaulle est la seule plate-forme aéroportuaire qui puisse permettre le développement du transport aérien, lequel est indispensable à l'économie de notre pays. Vous savez qu'il y a là un gisement d'emplois. Certains de vos collègues se battent justement à cet égard. Vous ne pouvez donc pas vouloir une chose et son contraire.
Quant au futur troisième aéroport, celui de Beauvilliers, je vous le dis très clairement, il ne s'agit pas d'un leurre ; la décision de le réaliser a été prise en conseil des ministres ; la zone est délimitée à l'heure actuelle et toutes les procédures sont engagées. Mais un aéroport de cette importance ne peut être créé en quelques années ; il y faudra du temps - j'ai au moins l'honnêteté de vous le dire - mais il sera réalisé.
Par ailleurs, nous avons renoncé à la création d'une cinquième piste à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Nous avons donc largement pris en compte les souhaits de l'ensemble des associations de riverains.
M. Jean-François Le Grand, rapporteur pour avis. Très bien !
Mme Marie-Claude Beaudeau. C'est une mauvaise réponse !
M. Jean-François Le Grand, rapporteur pour avis. Non, elle est excellente.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Et les compensations financières ? Je note qu'on n'en parle plus !
M. Bernard Pons, ministre de l'équipement, du logement, des transports et du tourisme. Mais si !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, au titre des mesures nouvelles, les autorisations de programme inscrites au paragraphe I de l'article 41 et les crédits inscrits au paragraphe II de l'article 41.

(Ces crédits sont adoptés.)
M. le président. Nous avons achevé l'examen des dispositions du projet de loi concernant le transport aérien, la météorologie et le budget annexe de l'aviation civile.

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