M. le président. La parole est à M. Belcour.
M. Henri Belcour. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie et des finances.
Apparemment, les derniers indicateurs de conjoncture économique qui ont été publiés viennent épauler le Gouvernement dans son pronostic de reprise de l'activité.
Ainsi, les comptes nationaux de l'INSEE rendus publics vendredi dernier indiquent un phénomène de rebondissement de la croissance au cours du premier trimestre de cette année, ce qui peut s'expliquer par la baisse rapide et massive des taux d'intérêt.
On constate notamment un bon niveau de la production industrielle totale, tandis que la consommation, tous secteurs confondus, est en nette hausse.
Après le record historique de l'année 1995, le commerce extérieur continue à dégager d'importants excédents et les tendances pour le franc, comme pour l'inflation, sont bonnes.
Surtout, on observe une reprise des investissements des entreprise, et, chose importante, le chômage semble cesser de progresser depuis deux mois.
M. Jacques Mahéas. Vive la méthode Coué !
M. Henri Belcour. Alors, sans vouloir se réjouir trop vite, on peut dire que les clignotants de l'économie quittent le rouge. (Murmures sur les travées socialistes.)
Et même si, personnellement, j'ai des raisons précises de me défier des sondages, qui, en d'autres temps, ont colporté, à tort, de mauvaises nouvelles, je remarque cependant que l'un d'eux prétend que les Français sont légèrement plus confiants dans la situation économique à venir ! (Rires sur les travées communistes.)
Ces bons résultats demandent donc à être confortés, car la reprise est loin d'être effective, surtout dans les zones défavorisées. (Exclamations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
En tant qu'élu corrézien, j'en sais quelque chose. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.) Je sais aussi que le Gouvernement en est bien sûr conscient, et qu'il a commencé à agir sans tarder.
Il suffit d'évoquer la création des zones de revitalisation rurale, dont on espère d'ailleurs qu'elles seront mises en place au plus vite. Ces zones sont destinées à relancer l'activité, et partant l'emploi, au coeur de nos régions sujettes à la désertification.
Ma question est donc la suivante : monsieur le ministre, quelles actions allez-vous mettre en oeuvre pour confirmer aux Français, sur le terrain, les signes de reprise observés, afin de conforter ainsi leur confiance, en particulier dans les zones défavorisées. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, je voudrais d'abord vous remercier...
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Vous pouvez !
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. ... d'avoir bien voulu souligner que, en effet, des indices très encourageants viennent de se manifester, confirmant que le ralentissement de la croissance observé en 1995 était passager.
Notre partenaire allemand, que nous avons rencontré hier, à l'occasion du sommet semestriel de Dijon, nous a confirmé qu'en Allemagne aussi les signes de reprise se manifestent. (Murmures sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
Ce premier trimestre de 1996, contrairement à un certain nombre de prévisions, s'est soldé par une croissance de 1,2 p. 100. Voilà un signe prometteur. (Nouveaux murmures sur les mêmes travées.)
Le chômage, après sept mois de progression, a reculé depuis deux mois : on a ainsi compté 4 000 chômeurs de moins en mars et 15 400 de moins en avril. Quant au commerce extérieur, il se solde au premier trimestre par un excédent sans précédent de 31 milliards de francs, portant l'excédant annuel sur douze mois à 108 milliards de francs.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Et la prime de rentrée scolaire ?
M. Jean Arthuis, ministre de l'économie et des finances. Les investissements productifs dans les entreprises ont progressé de 3 p. 100, et les prévisions faites par les chefs d'entreprise permettent d'établir à 10 p. 100 la prévision d'investissement pour 1996.
Voilà des signes prometteurs sur lesquels nous devons prendre appui pour que la confiance s'enracine plus solidement encore, monsieur Belcour.
Nous allons tenir le cap. Ce qui doit redonner la confiance, ce sont aussi les dispositions prises depuis un an, notamment pour préserver la protection sociale.
Ce projet de réforme de l'impôt que nous avons évoqué voilà un instant a pour objet d'alléger les prélèvements obligatoires. Ce sont autant de signes qui doivent conforter l'espoir et la confiance. (Exclamations sur les travées socialistes.)
Il faut vraiment que les Français cessent de douter d'eux-mêmes. Notre avenir est prometteur et le Gouvernement, je le répète, va tenir le cap. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE. Exclamations sur les travées socialistes, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
RECRUDESCENCE DU REGIONALISME