RÉSUMÉ DES CONCLUSIONS

Le bilan, au 30 septembre 2001, de l'application des lois votées définitivement par le Parlement pendant la session unique 2000-2001 traduit une dégradation par rapport à la session précédente.

Notons d'abord que seulement 2 lois, exigeant chacune une seule mesure d'ordre réglementaire, ont été rendues totalement applicables 1( * ) , soit moins de 5 % du nombre total des lois votées en 2000-2001 (42 hors traités et accords internationaux). Au fil de la législature, ce pourcentage tend à se réduire : 15 % en 1997-1998, puis 11 %, 7 % et enfin 4,8 % en 2000-2001. En ajoutant à ces lois les quinze lois n'appelant aucune mesure d'ordre réglementaire, dites d'application directe, on compte 17 lois totalement applicables, représentant à peine plus de 40 % du total précité de 42 , en recul par rapport aux données correspondantes constatées lors des trois dernières sessions.

Cette situation a une double origine.

Elle est d'abord dictée par le caractère inhabituel de l'importance des dispositions d'ordre réglementaire à prendre : alors que depuis le début de la législature, jamais le nombre de lois votées (à l'exclusion des lois d'application directe) n'a été aussi faible (27, contre, les précédentes sessions, respectivement, 32, 32 et 33), jamais le nombre cumulé de mesures réglementaires prévues pour assurer l'entrée en vigueur de ces lois n'a été aussi élevé ( 425 , contre, les précédentes sessions, respectivement 331, 392 et 358) ; à elle seule, la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 , relative à la solidarité et au renouvellement urbains, exige 69 mesures d'application, et seulement 15 ont été prises.

Le bilan est ensuite influencé par de nombreuses promulgations, en fin de session, de textes eux aussi riches en suivi réglementaire : par exemple les lois n° 2001-624 du 17 juillet 2001 , portant diverses dispositions d'ordre social, éducatif et culturel (27 mesures prévues, aucun texte paru au 30 septembre 2001) et n° 2001-647 du 20 juillet 2001 , relative à la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à l'allocation personnalisée d'autonomie (25 mesures prévues, aucun texte paru au 30 septembre 2001).

De même, aucun texte n'était encore paru à la fin de l'année parlementaire pour la loi n° 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régulations économiques (30 mesures prévues).

Dans ces conditions, il n'est pas étonnant de constater, d'une session à l'autre, une réduction de plus de 10 points du taux d'application, revenu, avec 22 %, aux pourcentages correspondants des avant-dernière et antépénultième années, alors qu'il était de 35 % en 1999-2000 : 95 mesures ont été prises pour, comme on l'a vu, 425 de prévues ; et si plus des quatre cinquièmes d'entre elles ont été publiées dans un délai maximum de 6 mois, ce qui représente un progrès par rapport à 1999-2000, seulement 30 % l'ont été en moins de 3 mois, ce qui traduit une régression.

Si l'on considère , non plus la session 2000-2001, mais toute la législature, depuis la session 1997-1998 , on constate que, sur 188 lois votées (hors traités et accords internationaux), 40 sont devenues totalement applicables, 29 n'ont encore reçu aucune des mesures prévues ; 67 sont d'application directe, 50 sont encore partiellement applicables, et 2 sont devenues sans objet.

Si l'on prend en considération toutes les lois votées depuis juin 1981 , on note que même pas 3 textes sur 4 appelant des mesures réglementaires sont applicables en totalité.

Dernière ombre au tableau, et non la moindre : la multiplication des déclarations d'urgence , à l'initiative du gouvernement, qui a porté cette session sur 15 lois (soit 36 % des lois votées hors traités et accords internationaux, contre rétrospectivement et successivement, pour les deux sessions précédentes, 17 % et 26 %) aboutit à banaliser la préparation du suivi réglementaire du trop grand nombre de textes concernés. Le taux d'application des 249 mesures prévues n'est que de 18 % , en très net recul par rapport à la session précédente.

En définitive, le seul motif de satisfaction paraît bien être une meilleure prise en considération de l'application des dispositions législatives issues des amendements votés par le Sénat : 20 % des mesures prévues ont été prises, contre 6 % en 1999-2000 et 2 % en 1998-1999 ; en valeur absolue, toutefois, cela ne représente que 10 textes d'ordre réglementaire...

Les observations, d'ordre essentiellement qualitatif, formulées par les différentes commissions, confirment que le stock de mesures réglementaires en instance, depuis le mois de juin 1981, demeure toujours très important ; les résultats de l'année 2000-2001, peu probants, en augmentent encore le volume.

Par ailleurs, les commissions, notamment celle des affaires économiques, regrettent l'accumulation des défauts de publication des rapports demandés au gouvernement.

Ces constats, réitérés d'une année à l'autre, confirment tout l'intérêt de l'attention vigilante que le Sénat, ses commissions et ses membres portent à l'application des lois. Le Sénat doit poursuivre son activité de contrôle, en multipliant les initiatives pour rappeler le Premier ministre à respecter son obligation constitutionnelle d'assurer l'exécution des lois.

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