II. DES IMPLICATIONS STRATÉGIQUES MAJEURES
Projet
strictement américain, voué à la seule protection du
territoire des Etats-Unis, le programme NMD suscite néanmoins un
important débat international du fait de ses multiples implications
stratégiques.
Il concerne, au premier chef, les relations américano-russes, puisqu'il
entre dans un domaine couvert par le traité ABM de 1972.
Présenté comme une réponse directe aux pays
développant des capacités balistiques et soupçonnés
d'entretenir un arsenal d'armes de destruction massive, il est également
susceptible d'entraîner, de la part de ces pays, des comportements pesant
sur les contextes régionaux et sur la problématique
générale du désarmement et de la non-prolifération.
La NMD constitue, en troisième lieu, un sujet de débat au sein de
l'Alliance atlantique qui, si elle n'est pas concernée en tant que
telle, s'interroge sur le nouveau contexte que créerait le
déploiement d'un tel système.
Enfin, il importe d'évaluer les implications de la NMD pour la France,
tant en ce qui concerne sa propre doctrine de défense qu'au regard de sa
capacité en matière de défense antimissiles.
A. UN IMPACT CONSIDÉRABLE SUR LES RELATIONS AMÉRICANO-RUSSES
L'architecture d'ensemble de la NMD paraît incompatible avec le traité ABM dont l'administration américaine propose donc une révision. Des négociations américano-russes ont été engagées mais butent aujourd'hui sur le refus de Moscou de modifier le traité ABM.
1. Un processus difficilement compatible avec le traité ABM
a) Le traité ABM et ses aménagements
Le
traité ABM, dont le texte est reproduit en annexe, a été
signé le 26 mai 1972 par MM. Nixon et Brejnev en même
temps que les accords SALT 1 sur la limitation des armes
stratégiques offensives. Il a été amendé en 1974,
puis précisé en 1997 par des accords d'interprétation qui
ne sont cependant toujours pas entrés en vigueur.
En son état actuel, c'est-à-dire depuis l'entrée en
vigueur, en 1976, du protocole signé en 1974, le traité ABM
repose sur les principales dispositions suivantes :
• chaque partie s'engage à
limiter les systèmes
antimissiles balistiques (ABM)
conformément aux dispositions du
traité,
• chaque partie s'engage à
ne pas mettre en place de
système ABM pour la défense de son territoire
et à ne
pas fournir la base d'une telle défense,
• le déploiement d'un système ABM n'est autorisé
que sur
un seul site
( le nombre de sites autorisés, fixé
à deux en 1972, ayant été ramené à un seul
par le protocole de 1974), se situant dans un rayon de 150 kilomètres
autour de la capitale nationale ou autour des silos de lancement de missiles
balistiques intercontinentaux,
• le site choisi peut être modifié une seule fois,
• un tel système ABM, ou l'un de ses composants,
ne saurait
être basé en mer, en l'air ou dans l'espace, ni sur des
plates-formes terrestres mobiles
,
• il
ne saurait comporter plus de 100 lanceurs ABM
et 100
missiles intercepteurs
, chaque lanceur ne pouvant lancer plus d'un missile
intercepteur,
• les
radars ABM
doivent être situés sur les sites de
défense ABM autorisés, de nouveaux radars d'alerte avancée
n'étant envisageables qu'en périphérie du territoire de la
partie concernée et orientés vers l'extérieur.
• le
transfert à d'autres Etats
ou le
déploiement
hors du territoire national
de chaque partie des systèmes ABM ou de
leurs composants est prohibé.
A partir de 1992, s'est engagé, entre Etats-Unis et Russie, une
négociation visant non à modifier le traité, mais à
établir une
" démarcation "
dans son champ
d'application, l'objectif étant de permettre un déploiement de
défenses antimissiles de théâtre. Ces discussions n'ont
abouti que plusieurs années plus tard, un accord étant
signé le
26 septembre 1997
à Helsinki entre les
présidents Clinton et Eltsine.
Cet accord, qui n'est toujours pas entré en vigueur, comportait
plusieurs volets :
- un mémorandum désignant la Russie, l'Ukraine, la
Biélorussie et le Kazakhstan comme Etats successeurs de l'Union
soviétique,
- un protocole sur les défenses antimissiles de théâtre
" basse vélocité ", autorisant le déploiement
d'intercepteurs de vitesse inférieure à 3 km/seconde et 3
500 km de portée ; cet accord permettrait aux Etats-Unis de
déployer des systèmes
PAC-3, THAAD
et
Navy Area
,
- un protocole sur les défenses antimissiles de
théâtre " haute vélocité ", couvrant
les intercepteurs d'une vitesse supérieure à 3 km/ seconde et
interdisant l'essai de tels systèmes contre des missiles
dépassant les 5 km/seconde et les 3 500 km de portée,
ainsi que le déploiement ou l'essai de composants basés dans
l'espace ; les Etats-Unis considérent que cet accord couvre leur
système
Navy Theater Wide.
b) La NMD et le traité ABM
La
compatibilité de la NMD avec le traité ABM fait l'objet de
plusieurs controverses dans le débat interne américain tout comme
dans les discussions américano-russes.
Sans entrer dans le détail d'un débat juridique complexe ni
déclarer d'emblée, à l'instar de certains analystes
républicains, que le traité ABM est caduc depuis la disparition
de l'URSS, on peut retenir trois points essentiels :
- le programme NMD comporte plusieurs éléments qui semblent
directement contraires aux dispositions du traité ABM,
- l'administration américaine propose donc à la Russie plusieurs
amendements au traité,
- certaines décisions relatives à la NMD, si elles demeuraient
très limitées, pourraient cependant être mises en oeuvre
sans attendre cette révision.
Premièrement,
plusieurs éléments du programme NMD
paraissent directement contraires au traité ABM.
C'est le cas de
l'
objectif même de la NMD
, à savoir la
protection de
l'ensemble du territoire américain
, le traité ne permettant
que celle d'une région particulière, précisément
définie. C'est le cas également du
nombre de sites
envisagé
, fixé à deux dans la dernière phase du
programme alors que le traité n'en autorise qu'un seul. Les Etats-Unis
ont en outre déclaré comme site ABM leur base de lancement de
missiles balistiques intercontinentaux de Grand Forks, au Dakota du Nord, alors
qu'ils souhaitent construire leur
premier site de lancement en Alaska
.
Cette localisation était la seule à même de couvrir
l'intégralité du territoire américain, incorporant les
régions excentrées de l'Alaska et l'Etat de Hawaï. Or
l'Alaska n'abrite ni la capitale nationale, ni un site de lancement de missiles
balistiques intercontinentaux, et ne peut donc accueillir une défense
ABM en l'état actuel du traité. Serait également contraire
au traité le déploiement de plus de 100 lanceurs sur un seul
site. Le traité ABM comporte également plusieurs stipulations
relatives aux moyens d'alerte et de surveillance qui paraissent incompatibles
avec le schéma de déploiement de la NMD, qu'il s'agisse de la
mise à niveau des radars d'alerte rapide situés dans les pays
étrangers (Royaume-Uni, Danemark) et, a fortiori, la construction, dans
ces pays, de radars " en bande X ", ou encore des satellites
"
SBIRS-Low "
dotés d'une capacité de
trajectographie et de discrimination qui les feraient entrer dans le champ des
composantes spatiales d'une défense ABM proscrites par le traité.
Deuxièmement, l'administration américaine a entrepris avec la
Russie une négociation sur la base de
propositions d'amendement au
traité ABM
. La démarche suivie par les Etats-Unis ne consiste
pas à rechercher d'emblée une modification du traité ABM
autorisant le déploiement de l'ensemble de la NMD, telle
qu'envisagée dans sa phase finale, mais vise à procéder
à des
révisions par étape
en se limitant, dans un
premier temps, à modifier les obstacles au déroulement de la
première phase de programme, c'est-à-dire la construction d'un
radar " en bande X " et d'un site d'intercepteurs en Alaska.
Bien que les propositions d'amendement américaines n'aient pas
été rendues publiques, elles ont été
évoquées dans la presse et porteraient sur les points
suivants :
•
le traité autoriserait le déploiement d'un
système limité de défense nationale antimissiles, qui
constituerait une alternative, et non un complément, au site ABM
autorisé par le traité,
• les radars de longue portée existants pourraient être
intégrés à la NMD et chaque partie pourrait
déployer un radar ABM supplémentaire sur son territoire,
• un système de vérification destiné à
renforcer la confiance entre les parties serait mis en place.
Troisièmement, l'
absence d'accord américano-russe
sur les
amendements du traité ABM
ne gèle pas toute avancée de
la NMD
.
En dehors de l'hypothèse du retrait unilatéral du traité,
prévu avec un préavis de six mois par son article XV, si l'une
des parties invoque " des événements extraordinaires "
ayant compromis ses intérêts supérieurs, l'administration
américaine peut ainsi poursuivre les études ou les essais, y
compris de systèmes nouveaux, préalablement à la
décision de déploiement.
Elle pourrait également décider le
démarrage des
travaux destinés à la construction du radars " en bande
X "
sur l'île de Shemya en se limitant aux infrastructures de
base (socle en béton, barres métalliques). Une telle option
conservatoire, considérée comme compatible avec le traité
ABM par les juristes du Pentaagone, bien que l'interprétation
prévalant jusqu'alors excluait tout début de construction
d'éléments d'un système ABM, présenterait pour
l'actuelle administration l'avantage de respecter son calendrier en repoussant
à une date ultérieure la conclusion d'un accord avec la Russie.
Les premiers travaux pourraient donc être engagés au printemps
prochain sur cette île dont les conditions climatiques
sévères n'autorisent que quelques semaines de travail par an.
2. Les incertitudes sur l'issue du dialogue américano-russe
La Russie a pour l'instant refusé d'envisager la révision du traité ABM souhaitée par les Etats-Unis, sans que l'on puisse pour autant écarter toute évolution ultérieure de sa position.
a) Le refus russe de modifier le traité ABM
Le refus
russe de modifier le traité ABM a été exprimé
très nettement à plusieurs reprises et, en dernier lieu, lors de
la visite officielle du Président Clinton à Moscou du 3 au 5 juin
dernier.
Lors de l'approbation par le Parlement russe de l'accord de réduction
des armes stratégiques START II,
le Président Poutine a
subordonné l'application de cet accord à la renonciation des
Etats-Unis à la modification et, a fortiori, à la
dénonciation du traité ABM.
Il a également
conditionné cette entrée en vigueur à la ratification, par
le Sénat américain, des protocoles, signés en septembre
1997 à Helsinski, le premier repoussant l'application de START II au 31
décembre 2007 et le second opérant une
" démarcation " dans le champ d'application du traité
ABM afin d'en exclure les défenses antimissiles de théâtre.
Ce dernier protocole est manifestement incompatible avec les exigences
américaines actuelles puisqu'il confirme, a contrario, que la NMD ne
peut être déployée sans contrevenir au traité ABM.
Ce refus de la Russie s'appuie sur deux types de considérations :
- les unes d'ordre général et relatives à la contestation
de l'utilité de la NMD et aux risques de course aux armements
inhérents à son déploiement,
- les autres, beaucoup plus directement liés à ses propres
impératifs de sécurité.
Au rang des critiques d'ordre général, la Russie fait valoir que
la présentation américaine de la menace n'est pas conforme
à la réalité et qu'en tout état de cause,
l'hypothèse de l'agression délibérée des Etats-Unis
par une " rogue state " est peu plausible. La Corée du Nord,
aux prises avec des difficultés économiques considérables,
ne lui semble pas pouvoir développer un programme balistique ambitieux,
ni se risquer à défier les Etats-Unis par une attaque balistique.
La Russie souligne par ailleurs le rôle joué par le traité
ABM en faveur de la stabilité stratégique et le risque important
de " nouvelles spirales de la course aux armements ", selon
l'expression employée par le ministre des affaires
étrangères, M. Ivanov, qu'entraînerait le
déploiement de la NMD.
Mais la Russie redoute également les conséquences de la NMD sur
son propre système de défense, et notamment sur la
crédibilité de la dissuasion nucléaire. En effet, elle
considère que le système limité proposé par
l'administration américaine pourrait être perfectionné avec
le temps et dépasser les caractéristiques actuellement
envisagées, ce qui pourrait, à terme, affaiblir les
capacités de son arsenal nucléaire par ailleurs en voie de
réduction.
b) Les conséquences de la NMD sur la politique de défense russe
Dans
l'hypothèse d'un désaccord persistant sur la révision du
traité ABM et d'un déploiement unilatéral de la NMD par
les Etats-Unis, la Russie a fait connaître son intention de prendre des
" mesures en retour ". Ces dernières pourraient concerner le
relèvement de son propre système de défense
antimissiles
ou la
conduite d'une politique nucléaire militaire
plus ferme
. Si les difficultés économiques actuelles
nourrissent des doutes sur les capacités russes à entretenir et,
a fortiori, à développer son arsenal nucléaire, une
dénonciation du traité ABM pourrait conduire la Russie à
ne pas appliquer les accords START II, par exemple en ne démantelant pas
ses missiles à têtes multiples, ce qui lui permettrait de
maintenir davantage de têtes nucléaires.
En dépit de cette position de principe, qui pourrait perdurer
jusqu'à l'élection du nouveau président américain,
l'éventualité d'un accord russo-américain ne doit pas
être écartée
.
La Russie pourrait en effet maintenir son refus jusqu'à l'obtention, de
la part des Etats-Unis, de contreparties suffisamment substantielles. Ces
derniers auraient ainsi déjà proposé de reprendre le
programme d'observation RAMOS (
Russian-american observationnal
satellite
), le partage de renseignements ou une coopération pour la
remise à niveau des radars d'alerte avancée, autant de mesures
qui ne semblent pas, pour l'instant, susciter l'intérêt des Russes.
La Russie pourrait également tenter d'obtenir satisfaction sur ses
demandes
, dans le cadre de la négociation d'un accord START III,
en vue d'abaisser
à 1 500, au lieu des 2 000 à
2 500 envisagées en 1997,
le nombre de têtes
de chacun
des deux arsenaux nucléaires. Ce niveau est en effet plus compatible
avec les possibilités financières de la Russie et lui permettrait
donc de réduire ses coûts de maintien en condition tout en
préservant la parité avec l'arsenal américain.
Elle pourrait enfin chercher à lever, dans ce futur accord START III,
l'interdiction des missiles sol-sol à têtes nucléaires
multiples prévue par START II. Déliée de son obligation de
démanteler ses têtes multiples, elle aurait ainsi
l'opportunité de diminuer plus rapidement le nombre de ses missiles pour
alléger sa contrainte financière sans réduire dans la
même proportion le nombre de ses têtes nucléaires.
B. LES INCIDENCES SUR LES ÉQUILIBRES REGIONAUX, LE DÉSARMEMENT ET LA NON-PROLIFÉRATION
Au-delà de son impact sur le dialogue stratégique américano-russe, le déploiement de la NMD influerait sur l'ensemble du contexte international de sécurité. Il ne serait pas sans effet sur la politique de défense chinoise ni sur les équilibres régionaux en Asie et au Moyen-Orient. Il pourrait également directement affecter les négociations internationales sur le désarmement et la non-prolifération.
1. Les incidences sur la politique chinoise et sur les équilibres régionaux en Asie et au Moyen-Orient
a) Les réactions chinoises à la NMD
Le
projet NMD a suscité une très vive réaction de
Pékin qui y voit une atteinte directe à la
crédibilité de sa dissuasion nucléaire. La doctrine
nucléaire chinoise est en effet fondée sur le non-emploi en
premier, les forces nucléaires n'étant destinées,
d'après le discours officiel, qu'à constituer une capacité
de riposte devant dissuader une éventuelle attaque nucléaire.
Aussi la Chine n'a-t-elle développé qu'un
petit nombre de
missiles stratégiques intercontinentaux
. Ces missiles à
tête unique, dont le nombre ne dépasserait pas 20, fonctionnent de
surcroît avec un carburant liquide ne leur permettant pas d'être
lancés avant un délai minimal de mise en condition.
De fait, la NMD, y compris dans sa phase initiale, anéantirait la
capacité de dissuasion nucléaire de la Chine vis-à-vis des
Etats-Unis puisque le nombre de missiles intercontinentaux chinois serait
insuffisant pour saturer la défense antimissiles américaine.
L'hostilité de principe de la Chine est considérablement
renforcée par des préoccupations plus immédiates tenant
à l'éventualité du déploiement de défenses
antimissiles de théâtre en Asie de l'est. En effet, de tels
systèmes pourraient réduire l'efficacité des missiles
balistiques de portée intermédiaire, inférieure à
5 000 km, que la Chine a développés, modifiant ainsi son
rapport de force stratégique avec Taïwan ou le Japon, si ces
derniers venaient à bénéficier d'un " bouclier "
américain. Derrière la dénonciation de la NMD, la Chine
vise donc certainement plus encore les programmes de TMD qui pourraient
être déployés dans la zone et y amoindrir ses moyens de
pression.
La Chine tire donc argument des programmes américains de NMD et de TMD
pour annoncer, à titre de réplique, un
renforcement de ses
forces nucléaires
. Un tel renforcement est, en
réalité, déjà en marche depuis plusieurs
années, la Chine étant la seule des cinq puissances
nucléaires reconnues à développer son arsenal,
principalement dans deux directions : les missiles mobiles et l'emport de
têtes multiples par les missiles stratégiques.
b) Les équilibres régionaux en Asie
La
perspective d'un renforcement des capacités balistiques et
nucléaires chinoises, qu'il intervienne en réaction aux
programmes américains de NMD et de TMD ou que ces derniers servent
à justifier une option prise antérieurement, est
incontestablement un facteur majeur dans l'évolution des
équilibres régionaux en Asie.
La
réaction de la Corée du Nord
face à la NMD est
également un élément important, en particulier si elle
cherchait à sophistiquer davantage encore ses capacités
balistiques en vue de forcer les défenses antimissiles
américaines.
Aussi n'est-il pas exagéré de penser que
les conditions d'une
course aux armements en Asie sont réunies
, les programmes
américains de défense antimissiles intervenant moins comme
l'élément déclencheur que comme un facteur d'entretien de
ce processus.
L'acquisition d'un système de défense antimissiles de
théâtre par la Corée du Sud semble actuellement exclue. La
question se pose plus directement pour Taïwan et pour le
Japon
,
fortement sensibilisé à la menace balistique depuis le tir
nord-coréen du 31 août 1998. Le Japon s'est ainsi engagé,
en août 1999, sur le développement avec les Etats-Unis du
système de défense naval
Navy theater wide
(NTW)
. Cette décision a suscité néanmoins un
vif débat interne, les opposants à la TMD craignant une
déstabilisation des équilibres régionaux.
En Asie du sud, la politique chinoise ne saurait laisser l'Inde sans
réaction et pourrait également, par contrecoup, influencer la
politique nucléaire du Pakistan. L'Inde pourrait ainsi se diriger vers
deux voies possibles : l'accélération de son propre
programme nucléaire et balistique ou l'acquisition de systèmes de
défense antimissiles, par exemple auprès de la Russie. Ici
encore, les programmes américains de défense antimissiles ne sont
pas étrangers à une logique de course aux armements.
c) Les équilibres régionaux au Moyen-Orient
Moins
directement intéressé que l'Asie, le Moyen-Orient voit ses
équilibres également concernés par les programmes de
défense antimissiles. Il semble cependant que la NMD participe moins que
les programmes de défense antimissiles de théâtre à
l'évolution du contexte régional.
Rappelons qu'Israël s'est fortement engagée dans la TMD en
développant avec les Etats-Unis le programme
Arrow
, dont une
première brigade expérimentale est déjà en service,
et en envisageant l'acquisition de
Patriot PAC 3.
Israël et
les Etats-Unis développent également conjointement le laser
antimissiles
THEL
(
Tactical High Energy Laser).
D'autres
alliés des Etats-Unis, particulièrement des pays du Golfe,
pourraient être intéressés par l'acquisition de
défenses antimissiles de théâtre alors que plusieurs pays
arabes, ainsi que l'Iran, pourraient en retour se tourner vers l'acquisition
d'un système russe de défense antimissiles de
théâtre.
La défense antimissiles prend donc une importance croissante au
Moyen-Orient, encourageant parallèlement la poursuite des programmes
balistiques en cours, particulièrement en Iran.
2. Les incidences en matière de désarmement et de non-prolifération
a) L'affaiblissement du traité ABM et ses conséquences
La mise
en oeuvre du programme NMD engendrerait incontestablement un affaiblissement du
traité ABM, que les Etats-Unis s'en retirent et le rendent donc caduc ou
qu'ils en obtiennent la modification. En effet, si l'approche graduée,
tendant à ne proposer que les amendements strictement nécessaires
à la première phase du programme, ne constitue pas en
elle-même un remise en cause de cet accord, la logique américaine
consiste bien à modifier étape après étape le
traité qui se trouverait au final très éloigné du
texte d'origine.
Régulièrement présenté comme un des " piliers
de la stabilité stratégique ", le traité ABM a
été un élément important dans la limitation des
armements nucléaires, si ce n'est pour les deux superpuissances, du
moins pour les autres puissances reconnues. L'affaiblissement du traité,
ouvrant la brèche à un développement des systèmes
de défenses antimissiles, serait un encouragement à se
détourner du mouvement de réduction des armements. Il serait
également ressenti comme un
relâchement des disciplines
internationales
inspiré par les Etats-Unis et influerait
négativement sur l'ensemble des instruments multilatéraux, que ce
soit au regard de la ratification et de l'entrée en vigueur des
instruments existants (convention contre les armes chimiques, traité
d'interdiction complète des essais nucléaires,...) ou des
discussions sur des traités en projet, comme celui sur l'interdiction de
la production de matières fissiles pour des armes nucléaires.
b) L'impact sur la non-prolifération
En se
fondant sur la conviction d'une
inévitable montée en
puissance,
durant la prochaine décennie,
des capacités
balistiques
de pays tels que la Corée du Nord ou l'Iran, la NMD
témoigne, en premier lieu, de ce qui pourrait apparaître comme du
fatalisme face à la prolifération. Ce
manque de confiance dans
les instruments et les contrôles internationaux
en matière de
non-prolifération pourrait directement affecter leur
crédibilité.
Les pays proliférants, constatant que la communauté
internationale tient pour acquis le développement de leur programme
balistique, ne seraient aucunement encouragés à le stopper. La
mise en place de systèmes de défenses pourrait même, selon
certains commentateurs, les inciter à perfectionner leurs
équipements et à les adapter aux parades déployées
pour les contrer.
Le développement de systèmes de défense antimissiles
pourrait ainsi encourager le perfectionnement des capacités balistiques,
en matière de furtivité, d'emport de têtes multiples ou de
renforcement de contre-mesures, et l'intensification des exportations de ces
missiles et des technologies qui y sont liées.
Cette problématique rejoint plus généralement celle,
toujours controversée, de la
contre-prolifération
, qui
apparaît à certains comme le complément indispensable
à la non-prolifération alors que pour d'autres, elle revient
à postuler l'échec de la non-prolifération.
C. LE DÉBAT SUR LA NMD AU SEIN DE L'ALLIANCE ATLANTIQUE
Bien qu'il s'agisse d'un projet strictement national n'engageant pas l'Alliance atlantique, la NMD, en raison de ses implications sur le contexte stratégique, suscite un débat au sein de l'OTAN, plusieurs pays alliés manifestant leurs doutes, leurs interrogations ou leurs craintes. Au-delà du projet américain, la question de la défense antimissiles pourrait désormais prendre une place accrue dans les débats au sein de l'Alliance au risque de créer des divisions entre alliés européens.
1. Un dialogue engagé tardivement sur un projet suscitant les réticences de plusieurs alliés
Les
Etats-Unis n'ont engagé que tardivement le dialogue avec leurs
alliés de l'OTAN sur la NMD. Certes, l'Alliance n'est pas
concernée en tant que telle par le projet et les Etats-Unis ne sont pas
tenus de la consulter, et encore moins de suivre les avis qu'elle pourrait
exprimer. Mais compte tenu de l'importance des conséquences de la NMD
sur l'évolution du contexte international de sécurité, ce
sujet ne pouvait être ignoré par l'Alliance.
Le
débat au sein de l'OTAN
a été lancé
à la
fin de l'année 1999
à la suite de plusieurs
présentations du programme effectuées par les autorités
américaines. Il s'est poursuivi sous la forme de
consultations au
sein du " Comité politique au niveau
élevé "
, renforcé pour l'occasion par des
experts. Représentant tous les pays membres, et réuni sous la
présidence du Secrétaire général adjoint pour les
affaires politiques, il s'agit de l'organe consultatif de haut niveau du
Conseil de l'Atlantique Nord pour les questions politiques et
politico-militaires spécifiques.
Bien que la réaction des alliés des Etats-Unis participe de
l'environnement stratégique, constituant lui-même l'un des quatre
critères au vu desquels l'exécutif américain doit prendre
la décision de déploiement, la consultation menée au sein
de l'OTAN a davantage donné le sentiment d'une simple information des
alliés que de la sollicitation de leur avis.
Il faut tout d'abord rappeler qu'outre les Etats-Unis,
3 des 19 pays de
l'OTAN sont directement concernés par la NMD
:
- le
Canada,
qui se trouverait de fait protégé par la NMD
et qui est intégré dans le commandement de la défense
aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) ; le NORAD
constituera l'une des composantes de la NMD, en charge notamment de l'analyse
des données provenant du système de surveillance et de la gestion
du commandement et du contrôle de l'engagement,
- le
Royaume-Uni et le Danemark
qui abritent sur leur territoire,
respectivement dans le Yorkshire et au Groenland, des radars d'alerte rapide
dont les capacités seront améliorées pour participer, dans
le cadre de la NMD, à la détection et au suivi de la course du
missile assaillant ; dans ces deux pays pourraient également être
construits, au cours d'une phase ultérieure, deux radars " en bande
X " supplémentaires.
La situation particulière de ces trois pays du fait de leur implication
dans la NMD n'est pas spécifiquement évoquée à
l'OTAN, les consultations portant sur la problématique
générale du programme.
De ces consultations, il se dégage que
plusieurs pays alliés
ont manifesté leurs interrogations et leurs réserves
.
Celles-ci portent principalement sur les points suivants :
. la réalité de la menace, étant entendu que l'existence
de capacités balistiques supposerait une intention agressive pour se
concrétiser en menace,
. l'adaptation de la NMD comme réponse à cette menace,
. les risques inhérents à une remise en cause du traité
ABM,
. les risques de relance de la course aux armements, particulièrement en
Asie,
. l'affaiblissement de la solidarité transatlantique, le projet
américain laissant l'Europe vulnérable face aux armes de
destruction massive.
Lors de la session ministérielle du Conseil de l'Atlantique-Nord tenue
le 24 mai dernier à Florence, la quasi-totalité des alliés
ont manifesté bien plus d'interrogations que de signes de soutien,
même si aucun d'entre eux n'a contesté le droit absolu des
Etats-Unis de décider souverainement du déploiement de la NMD, ou
souhaité interférer dans le dialogue américano-russe sur
le traité ABM.
Au total, si le Royaume-Uni et le Canada manifestent une attitude
nuancée, l'Allemagne, l'Italie, la France mais aussi les Pays-Bas ont
fait part de leurs réserves.
Le ministre allemand des affaires étrangères, M. Fischer, s'est
inquiété des conséquences internationales
considérables de la NMD, notamment en cas de décision
unilatérale américaine sans accord préalable avec la
Russie sur la révision du traité ABM, témoignant
l'attachement que portait le gouvernement fédéral à ce
traité et au processus de maîtrise des armements.
De même, le ministre italien de affaires étrangères, M.
Dini, émettait récemment des doutes sur la réalité
de la menace évoquée par les Etats-Unis et soulignait les risques
d'une relance de la course aux armements.
Quant à la France, sa position sera analysée plus loin, mais elle
s'est également fortement interrogée sur la réalité
de la menace, la pertinence de la réponse et ses implications sur le
contexte international et les équilibres régionaux.
2. L'Alliance atlantique et la défense antimissiles
La
défense antimissiles fait l'objet depuis plusieurs années, d'une
réflexion au sein de l'OTAN mais uniquement en ce qui concerne la
défense contre les missiles balistiques tactiques
. Le concept de
"
défense aérienne élargie
" a ainsi
été défini, afin d'englober la protection contre ce type
de missiles dans la défense globale contre la menace aérienne.
Les travaux menés dans le cadre de l'OTAN ont, dans un premier temps,
pour objet d'analyser les différentes possibilités techniques et
les moyens de mettre en place une défense antimissiles de
théâtre. Le programme de défense des troupes
engagées contre les missiles de théâtre est actuellement
dans une phase d'étude et pourrait passer en phase de réalisation
à partir de 2004. Compte tenu du niveau des investissements
nécessaires, les moyens d'alerte contre les éventuels tirs de
missiles pourraient reposer sur les capacités américaines, le
programme OTAN étant centré sur l'acquisition des systèmes
d'interception proprement dits.
S'agissant de la protection de leur propre territoire contre les missiles
balistiques à longue portée, la quasi-totalité des pays
européens de l'OTAN considèrent aujourd'hui que la mise en place
d'un tel système n'est pas d'actualité.
On peut toutefois se demander si l'importance grandissante que ne manquera pas
de prendre la défense antimissiles dans le débat
stratégique des prochaines années, ne créera pas,
tôt ou tard, une
pression pour que cette question soit traitée
au sein de l'Alliance atlantique
. L'inscription au programme
présidentiel du gouverneur Bush d'une extension de la NMD aux
alliés des Etats-Unis, tout comme la relance, par le Président
Poutine peu après sa rencontre avec le Président Clinton au
début du mois de juin, de l'idée d'une
coopération
internationale
pour contrer une menace balistique potentielle, sont autant
d'éléments qui tendent à impliquer davantage les pays
européens de l'OTAN dans le débat.
L'extension à l'Europe de défenses contre les missiles à
longue portée constituerait alors un ferment de division au sein des
pays européens de l'OTAN. Ce sujet pourrait surtout perturber le
processus d'édification de la défense européenne qui exige
une concentration de l'effort européen de défense sur les
priorités définies en matière de capacités de
projection, de renseignement, de commandement et de communication, et trouve
déjà difficilement des ressources financières à la
hauteur de telles ambitions.
D. LA FRANCE ET LA NMD
La France a pris une position de principe réservée sur la NMD. Il importe de mesurer quelles pourraient être les conséquences de ce programme sur nos concepts de défense, s'il était mené à son terme, et d'évoquer notre propre implication dans les programmes de défense antimissiles.
1. Une position réservée des autorités françaises sur la NMD
La
France, par la voix notamment du Président de la République,
s'est inquiétée du risque d'éventuelle remise en cause du
traité ABM qui serait de nature à conduire à une rupture
des équilibres stratégiques et à une relance de la course
aux armements.
Elle a donc développé un certain nombre d'interrogations et de
réserves portant :
- sur l'évaluation de la menace, en fonction de l'évolution des
programmes balistiques et de la prolifération des armes de destruction
massive, mais aussi compte tenu de degré de détermination des
" rogue states " à réellement vouloir tenter de menacer
les Etats-Unis,
- sur les effets d'une remise en cause du traité ABM en matière
de contrôle des armements stratégiques,
- sur la réaction de la Russie, de la Chine et des pays
proliférants au déploiement de la NMD,
- sur la perte de crédibilité qui pourrait résulter de ce
déploiement pour les instruments de lutte contre la
prolifération.
2. Les incidences sur nos concepts de défense
La
France considère que la garantie ultime de la protection de son
territoire national réside dans la dissuasion nucléaire. Sans
nier l'expansion des capacités balistiques dans certaines régions
du monde, elle se refuse à effectuer un lien automatique entre
l'existence de ces capacités et celle d'une menace, qui suppose une
intention agressive. Elle estime que la réduction des tensions
régionales et la conclusion d'accords de désarmement et de
non-prolifération constituent le meilleur moyen de réduire
d'éventuelles menaces qu'en tout état de cause, nos forces
nucléaires seraient en mesure de dissuader si elles se portaient sur
notre territoire national.
Dans ces conditions, le déploiement de la NMD affecterait-il la
crédibilité et l'efficacité de notre dissuasion
nucléaire ?
On peut affirmer que
la NMD n'entraînera pas d'impact direct sur la
crédibilité de notre dissuasion nucléaire
. Le projet
américain en lui-même ne pourrait arrêter que quelques
dizaines de têtes nucléaires, soit un niveau nettement
inférieur à celui des forces nucléaires françaises,
et si son déploiement provoquait un relèvement du niveau des
défenses antimissiles russes, celui-ci ne serait pas non plus de nature
à remettre en cause l'efficacité de nos missiles
stratégiques.
En revanche, il n'est pas douteux que le déploiement de la NMD, a
fortiori si le système devait ultérieurement dépasser les
capacités limitées jusqu'à présent
envisagées par les Etats-Unis, affecterait indirectement le concept
même de dissuasion qui verrait son champ en partie rétréci.
Il ouvrirait la voie à une évolution prenant plus largement en
compte les moyens défensifs aux côtés des armes offensives.
La défense antimissiles apparaîtrait alors comme un
complément nécessaire à la dissuasion nucléaire,
apportant une réponse à des menaces non couvertes par cette
dernière.
Un tel contexte ne remettrait pas en cause l'utilité de notre dissuasion
nucléaire, toujours pertinente pour la garantie de nos
intérêts vitaux, mais il impliquerait néanmoins une
réflexion sur l'adaptation éventuelle de notre doctrine.
3. L'implication de la France dans les programmes de défense antimissiles
Le livre
blanc sur la défense de 1994 mentionne la menace balistique en ces
termes : "
dans le domaine de la lutte antimissiles,
l'étude des défenses possibles concerne à ce stade les
capacités de défense aérienne et de détection,
notamment spatiale... le développement de certains systèmes de
défense aérienne dont les programmes sont en cours, en
systèmes antimissiles est aussi à l'étude et sera
envisagé(...) priorité sera donnée dans ce domaine
à l'étude d'un concept et des moyens d'une défense
aérienne élargie
", cette dernière consistant
à élargir la capacité de l'actuelle défense
aérienne pour faire face aux menaces nouvelles, en particulier les
missiles balistiques.
Cette reconnaissance de l'intérêt de disposer de défenses
actives capables d'intercepter des missiles assaillants ne concerne pas la
protection du territoire national puisqu'à moyen terme, la France estime
ne pas pouvoir être atteinte par les missiles de portée
intermédiaire développés en Asie, seules les quatre
puissances nucléaires reconnues possédant des missiles capables
d'atteindre le sol français. Elle s'applique en revanche à la
protection des troupes déployées sur les théâtres
extérieurs
susceptibles d'être menacés par des missiles
à courte portée.
Sur le plan des réalisations, l'implication de la France demeure modeste
depuis son retrait du programme
MEADS
et l'arrêt des
réflexions sur l'alerte avancée. Seul reste d'actualité le
programme de missiles sol-air futurs au sein duquel pourraient être
développées des capacités antibalistiques.
a) Le retrait du programme MEADS et l'abandon des réflexions sur l'alerte avancée
La
France s'était associée à l'Allemagne et à l'Italie
aux côtés des Etats-Unis en vue de coopérer au programme de
missiles sol-air
MEADS,
destiné à assurer une
défense aérienne élargie à moyenne portée
à partir d'un système transportable et déployable avec les
troupes projetées. Quelques mois à peine après la
signature du mémorandum d'entente, la France, en mai 1995,
déclarait qu'elle abandonnait le programme, officiellement pour des
raisons budgétaires mais sans doute aussi en raison de divergences
d'appréciation sur un programme qui prend un retard important et
s'oriente vers une solution essentiellement américaine.
Les obstacles financiers ont également conduit à l'abandon des
réflexions sur l'alerte avancée qui avaient mis en lumière
l'intérêt d'un ou de plusieurs satellites géostationnaires
dotés de détecteurs infrarouges capables de déceler la
phase propulsive des missiles balistiques à moyenne et longue
portée. Le coût d'un tel système dépasse les
possibilités budgétaires françaises et supposerait une
coopération européenne.
b) Le développement de capacités antibalistiques au sein de la famille de missiles sol-air futurs (FSAF)
Développé par Aérospatiale-Matra et
Alenia, le
missile Aster
a été conçu dès l'origine pour
intercepter des missiles balistiques tactiques et peut, moyennant des
adaptations mineures, être doté de cette capacité si cette
spécification est exigée. Ce missile constitue le coeur du
programme franco-italien FSAF (Famille sol-air futur) destiné à
la défense localisée contre tous types d'aéronefs et de
missiles aérobies.
Trois versions de ce programme sont actuellement en cours de
développement ou de fabrication :
- le système sol-air antimissiles (SAAM) qui équipera le
porte-avions Charles de Gaulle très prochainement,
- le système sol-air moyenne portée-terrestre (SAMP/T) qui
doterait l'armée de terre à partir de 2006 et l'armée de
l'air à partir de 2008 . Le SAMP/T est un système
aérotransportable monté sur véhicules composé d'un
radar Arabel conçu par Thomson et de lanceurs permettant de tirer 8
missiles Aster 30 détruisant l'objectif par impact direct. Il
pourrait être doté dès sa livraison d'une
capacité contre les missiles tactiques
de type SCUD (bloc 1)
puis ultérieurement d'une capacité contre les missiles de
portée supérieure à 1 000 km et de plus grande
furtivité (bloc 2).
- le PAAMS (
Principal anti-air missile system
) développé
en coopération franco-italo-britannique pour équiper les futures
frégates antiaériennes Horizon.
c) La France ne peut se désintéresser de la défense antimissiles balistiques
Evoquée dans le livre blanc de 1994,
l'implication
de la
France dans la défense antimissiles balistiques de théâtre
aurait tout intérêt à être consolidée
et renforcée
dans le cadre de la prochaine loi de programmation
militaire 2003-2008, et ce, pour trois raisons :
- tout d'abord, le développement des missiles à courte et moyenne
portée peut représenter une
menace réelle pour nos
troupes déployées sur les théâtres
extérieurs
; la protection de nos forces et de points sensibles
lors des opérations extérieures justifie que nos moyens de
défense antiaérienne soient dotés de capacités
antibalistiques ;
- ensuite, il importe de
conforter le savoir-faire industriel
français
en matière de défense contre les missiles
balistiques tactiques, particulièrement pour permettre aux
équipements qu'ils ont conçus de prendre rang sur des
marchés à l'exportation qui iront en se développant ;
- enfin, sur le plan technologique, l'écart déjà
considérable avec les
capacités de recherche et de
développement
américaines irait grandissant si le domaine de
la défense antimissiles balistiques, dans lequel notre pays n'est pas
totalement démuni, était par trop délaissé.
Ces différents facteurs plaident en faveur de l'inscription dans la
prochaine loi de programmation militaire
, des décisions de
lancement et de commande ainsi que des financements correspondant aux
développement des capacités antibalistiques sur le missile
Aster
dans le cadre du programme FSAF, et tout particulièrement du
système sol-air moyenne portée-terrestre (SAMP/T) dont les
premières livraisons devront intervenir durant la période
couverte par cette programmation.