GUADELOUPE, GUYANE, MARTINIQUE, LA RÉUNION : LA DÉPARTEMENTALISATION A LA RECHERCHE D'UN SECOND SOUFFLE
LARCHÉ (Jacques) ; BALARELLO (José) ; BRET (Robert) ; DEJOIE (Luc) ; DERYCKE (Dinah) ; HYEST (Jean-Jacques) ; JARLIER (Pierre) ; LANIER (Lucien) ; OTHILY (Georges) ; SUTOUR (Simon)
RAPPORT D'INFORMATION 366 (1999-2000) - commission des lois
Rapport au format Acrobat ( 279 Ko )Table des matières
-
I. LE CONSTAT : AU-DELÀ D'UN CADRE
INSTITUTIONNEL UNIQUE ET DE DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES COMMUNES, UNE
GRANDE DIVERSITÉ DES SITUATIONS LOCALES
- A. UN CADRE INSTITUTIONNEL UNIQUE
- B. DES DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES COMMUNES
- C. UNE GRANDE DIVERSITÉ DES SITUATIONS LOCALES
-
II. LES PERSPECTIVES D'ÉVOLUTION : UNE PLUS
GRANDE AUTONOMIE, UNE PRIORITÉ AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
ET UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DE LA DIVERSITÉ DES SITUATIONS
LOCALES
- A. LE SOUHAIT GÉNÉRAL D'UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE ET D'UN APPROFONDISSEMENT DE LA DÉCENTRALISATION
-
B. LES PRINCIPALES MESURES ATTENDUES POUR FAVORISER LE
DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
- 1. Des allégements de charges sociales et fiscales pour une meilleure compétitivité
- 2. Des investissements à faciliter
- 3. Une meilleure gestion des fonds publics et notamment des fonds européens
- 4. Une simplification des normes, des formalités et des contraintes administratives
- 5. Une amélioration de la formation professionnelle et de l'apprentissage
- 6. Une réforme du régime des surrémunérations
- C. LA NÉCESSITÉ D'UNE APPROCHE AU CAS PAR CAS : LES PROPOSITIONS SPÉCIFIQUES FORMULÉES PAR CHAQUE COLLECTIVITÉ
- CONCLUSION
- ANNEXES
-
ANNEXE 1
programme de la mission d'information
de la commission des lois3737 La délégation comprenait M. Jacques Larché, président, M. José Balarello, M. Robert Bret, Mme Dinah Derycke, M. Pierre Jarlier, M. Lucien Lanier, M. Georges Othily.
en guyane, martinique et guadeloupe
du 12 au 23 septembre 1999 -
ANNEXE 2
Liste des personnes entendues au cours de la mission d'information de la commission des lois 3838 La délégation comprenait M. Jacques Larché, président, M. José Balarello, M. Robert Bret, Mme Dinah Derycke, M. Pierre Jarlier, M. Lucien Lanier, M. Georges Othily.
en guyane, martinique et guadeloupe
du 12 au 23 septembre 1999
(par ordre chronologique) -
ANNEXE 3
programme de la mission d'information
de la commission des lois3939 La délégation comprenait MM. José Balarello, Luc Dejoie, Michel Duffour, Jean-Jacques Hyest, Georges Othily et Simon Sutour.
à la réunion du 12 au 15 janvier 2000 -
ANNEXE 4
Liste des personnes entendues
au cours de la mission d'information4040 La délégation comprenait MM. José Balarello, Luc Dejoie, Michel Duffour, Jean-Jacques Hyest, Georges Othily et Simon Sutour.
de la commission des Lois à la Réunion
du 12 au 15 janvier 2000 - EXAMEN EN COMMISSION
N°
366
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès verbal de la séance du 30 mai 2000
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au
nom de la commission des Lois constitutionnelles, de législation, du
suffrage universel, du Règlement et d'administration
générale (1) à la suite des
missions
effectuées en
Guyane
,
Martinique
et
Guadeloupe
du 12 au
23 septembre 1999 et à
la
Réunion
du 12 au 15 janvier
2000,
Par MM.
Jacques LARCHÉ, José BALARELLO, Robert BRET, Luc DEJOIE, Mme
Dinah DERYCKE, MM. Jean-Jacques HYEST, Pierre JARLIER, Lucien LANIER, Georges
OTHILY et Simon SUTOUR,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : MM. Jacques Larché, président ; René-Georges Laurin, Mme Dinah Derycke, MM. Pierre Fauchon, Charles Jolibois, Georges Othily, Robert Bret, vice-présidents ; Patrice Gélard, Jean-Pierre Schosteck, Jacques Mahéas, Jean-Jacques Hyest, secrétaires ; Nicolas About, Guy Allouche, Jean-Paul Amoudry, Robert Badinter, José Balarello, Jean-Pierre Bel, Christian Bonnet, Mme Nicole Borvo, MM. Guy-Pierre Cabanel, Charles Ceccaldi-Raynaud, Raymond Courrière, Jean-Patrick Courtois, Luc Dejoie, Jean-Paul Delevoye, Gérard Deriot, Gaston Flosse, Yves Fréville, René Garrec, Paul Girod, Daniel Hoeffel, Jean-François Humbert, Pierre Jarlier, Lucien Lanier, Edmond Lauret, Claude Lise, François Marc, Bernard Murat, Jacques Peyrat, Jean-Claude Peyronnet, Henri de Richemont, Simon Sutour, Alex Türk, Maurice Ulrich.
Départements d'outre-mer.
Mesdames, Messieurs,
Votre commission des Lois a toujours manifesté un intérêt
particulièrement marqué pour l'outre-mer.
Aussi a-t-elle tenu, dans la perspective de la discussion du projet de loi
d'orientation relatif aux départements d'outre-mer annoncé de
longue date par le Gouvernement, à préparer l'examen de ce texte
important en effectuant deux missions destinées à
apprécier sur place la réalité et la diversité de
la situation des quatre départements d'outre-mer et à mieux
connaître les aspirations actuelles des populations concernées.
La première de ces missions, qui s'est déroulée du 12 au
23 septembre 1999, s'est rendue dans les départements
français d'Amérique, visitant successivement la Guyane, la
Martinique, la Guadeloupe, ainsi que les îles de Saint-Martin et de
Saint-Barthélémy qui sont rattachées à ce dernier
département. Conduite par le président Jacques Larché,
elle était composée de M. José Balarello, rapporteur pour
avis du budget des départements d'outre-mer, M. Robert Bret, Mme Dinah
Derycke, M. Pierre Jarlier, M. Lucien Lanier et M. Georges Othily.
La seconde mission s'est déplacée à la Réunion du
12 au 15 janvier 2000
1(
*
)
. Présidée
par M. José Balarello, elle comprenait MM. Luc Dejoie, Michel
Duffour, Jean-Jacques Hyest, Georges Othily et Simon Sutour.
Ces deux missions, dans le cadre des compétences de la commission des
Lois, ont permis à leurs membres de rencontrer de nombreux élus
locaux : parlementaires, présidents de conseil régional et
conseillers régionaux, présidents de conseil
général et conseillers généraux,
représentants des maires, ainsi que des représentants des
organismes socioprofessionnels et des magistrats
2(
*
)
.
Les participants à ces missions tiennent à remercier vivement
l'ensemble des personnalités rencontrées pour la qualité
et la chaleur de leur accueil et pour les précieuses informations
qu'elles leur ont apportées.
A la lumière des informations ainsi recueillies, les deux missions ont
permis de constater, au-delà d'un cadre institutionnel unique et de
difficultés économiques communes, une grande diversité des
situations locales.
Aussi n'est-il pas surprenant que l'analyse des multiples propositions qui leur
ont été présentées fasse ressortir le souhait
général d'une plus grande autonomie et d'une évolution
différenciée adaptée à la situation de chaque
département, chacun s'accordant par ailleurs à conférer
une priorité au développement économique, dépassant
les aspirations à des réformes institutionnelles.
I. LE CONSTAT : AU-DELÀ D'UN CADRE INSTITUTIONNEL UNIQUE ET DE DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES COMMUNES, UNE GRANDE DIVERSITÉ DES SITUATIONS LOCALES
Si les quatre départements d'outre-mer s'inscrivent aujourd'hui dans le même cadre institutionnel et connaissent des difficultés économiques et sociales largement semblables, ces traits communs ne doivent pas dissimuler une grande diversité des situations locales.
A. UN CADRE INSTITUTIONNEL UNIQUE
La Guyane, la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion relèvent aujourd'hui du statut commun de département d'outre-mer défini par l'article 73 de la Constitution. Ces départements d'outre-mer sont intégrés à l'Union européenne au sein de laquelle ils constituent des régions ultrapériphériques au sens de l'article 299-2 du Traité d'Amsterdam.
1. Au sein de la République : le statut de département d'outre-mer
La
Guadeloupe, la Martinique, la Réunion et la Guyane, où la France
est présente depuis la première moitié du XVIIè
siècle, constituaient les quatre plus vieilles colonies
françaises.
Sous la III
ème
République, elles
bénéficiaient déjà d'un statut
préférentiel fondé sur l'idée d'une plus grande
proximité sur le plan culturel et administratif ; en particulier,
le suffrage universel y avait été institué dans les
mêmes conditions qu'en métropole et elles étaient
représentées au Parlement ; toutefois, une
législation spéciale leur était appliquée.
Après la deuxième guerre mondiale, l'évolution de leur
statut dans le sens de l'assimilation a débouché sur la
loi de
départementalisation du 19 mars 1946
qui a érigé
en départements français les " quatre vieilles
colonies "
3(
*
)
. En application du principe
dit de "
l'assimilation législative
", ces
départements ont dès lors été soumis aux
dispositions de droit commun applicables en métropole, l'article 73 de
la Constitution de la IVème République ayant
précisé que "
Le régime législatif des
départements d'outre-mer est le même que celui des
départements métropolitains, sauf exceptions
déterminées par la loi
".
C'est aujourd'hui
l'article 73 de la Constitution
de la
Vème République qui définit le statut constitutionnel
des départements d'outre-mer : aux termes de cet article,
"
Le régime législatif et l'organisation administrative
des départements d'outre-mer peuvent faire l'objet de mesures
d'adaptation nécessitées par leur situation
particulière
". Il s'agit donc de départements de droit
commun, sous réserve des adaptations prévues par cet article. Les
lois métropolitaines y sont applicables de plein droit sans qu'une
mention expresse d'extension ne soit nécessaire, à la
différence des territoires d'outre-mer, de la Nouvelle-Calédonie
ou de la collectivité territoriale de Mayotte qui sont pour leur part
soumis au principe dit de "
la spécialité
législative
".
L'interprétation de l'article 73 de la Constitution par la
jurisprudence du Conseil constitutionnel
a d'ailleurs limité la
portée des mesures d'adaptation susceptibles d'être prévues
en faveur des départements d'outre-mer.
Dans sa
décision n° 82-147 DC du
2 décembre 1982
, le Conseil constitutionnel
considère, à la lecture des dispositions combinées des
articles 72
4(
*
)
et 73 de la Constitution,
que "
le statut des départements d'outre-mer doit être le
même que celui des départements métropolitains sous la
seule réserve des mesures d'adaptation que peut rendre nécessaire
la situation particulière de ces départements d'outre-mer ;
que ces adaptations ne sauraient avoir pour effet de conférer aux
départements d'outre-mer une " organisation
particulière ", prévue par l'article 74 de la
Constitution pour les seuls territoires d'outre-mer
"
.
En conséquence de ce principe, le Conseil constitutionnel a
déclaré non conforme à la Constitution la loi portant
adaptation de la loi n° 82-213 du 23 mars 1982 relative aux
droits et libertés des communes, des départements et des
régions à la Guadeloupe, à la Guyane, à la
Martinique et à la Réunion, qui tendait à y instituer une
assemblée unique, élue à la proportionnelle, pour le
département et la région. Cette décision était
motivée par le considérant suivant : "
en confiant
la gestion des départements d'outre-mer à une assemblée
qui, contrairement au conseil général des départements
métropolitains en l'état actuel de la législation,
n'assure pas la représentation des composantes territoriales du
département, la loi soumise à l'examen du Conseil constitutionnel
confère à cette assemblée une nature différente de
celle des conseils généraux ; qu'ainsi ces dispositions vont
au-delà des mesures d'adaptation que l'article 73 de la
Constitution autorise en ce qui concerne l'organisation des départements
d'outre-mer.
"
C'est donc pour prendre acte de cette décision qu'ont été
instituées, par la loi du 31 décembre 1982, des
régions monodépartementales dans les départements
d'outre-mer.
Le Conseil constitutionnel s'est par la suite prononcé sur la question
de la répartition des compétences entre les différentes
collectivités territoriales des départements d'outre-mer,
à l'occasion de l'examen de la loi relative aux compétences des
régions de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de Réunion. Il
a précisé ainsi dans sa
décision n° 84-174 DC du
25 juillet 1984
qu' "
à condition que soit
respecté le régime propre à chacune de ces
collectivités territoriales, la loi peut, sans méconnaître
l'article 72 de la Constitution, définir les compétences des
régions de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique et de la Réunion,
créées par la loi du 31 décembre 1982 ;
qu'elle peut donc prévoir des mesures d'adaptation susceptibles de se
traduire par un aménagement limité des compétences des
régions et des départements d'outre-mer par rapport aux autres
régions et départements, sans pour autant
méconnaître le principe d'égalité posé par
l'article 2, 1
er
alinéa, de la Constitution, qui
n'interdit pas l'application de règles différentes à des
situations non-identiques
".
Il a toutefois interdit le transfert de compétences exercées en
métropole par le département à la région lorsque
les attributions en cause concernent "
les diverses composantes
territoriales dont le département est représentatif
"
(en l'espèce, il s'agissait d'une part, des transports intérieurs
et d'autre part, de l'habitat). Il a en outre censuré une disposition
qui prévoyait la suppression de l'obligation de consulter les communes
des départements d'outre-mer dans le processus de planification
régionale, en relevant que ces communes se seraient ainsi
trouvées privées d'une garantie accordée à
l'ensemble des communes de métropole sans que cette mesure d'adaptation
soit nécessitée par leur situation particulière.
Le Conseil constitutionnel n'admet donc que des "
aménagements
limités
" à la répartition des compétences
entre les différentes collectivités territoriales
prévalant en métropole.
En conséquence de cette jurisprudence, la Guadeloupe, la Guyane, la
Martinique et la Réunion constituent aujourd'hui des
régions
monodépartementales
dotées de deux assemblées
distinctes : le conseil régional et le conseil
général, avec chacune leur exécutif en la personne de leur
président. Outre la lourdeur de la superposition de deux administrations
différentes, les problèmes liés à la
répartition des compétences que l'on peut constater en
métropole se trouvent donc avivés par la coexistence d'un
département et d'une région sur un même territoire,
d'autant que les régions d'outre-mer bénéficient de
compétences plus étendues que celle de métropole,
notamment en matière de développement et d'aménagement et
en matière financière (réglementation de l'assiette, du
taux et des exonérations de l'octroi de mer, avec la possibilité
d'instituer un droit additionnel au profit de la région ; fixation
du taux de la taxe spéciale de consommation des produits
pétroliers).
Le rapport établi à la demande du Premier ministre par
MM. Claude Lise, sénateur de la Martinique, et
Michel Tamaya, député de la Réunion
5(
*
)
fait ainsi état d' "
un
enchevêtrement dommageable des compétences
",
évoquant notamment des situations d'interventions concurrentes dans le
domaine de la pêche, de l'environnement et de la protection du
patrimoine, de l'habitat ou encore des aides économiques.
2. Au sein de l'Union européenne : le statut de région ultrapériphérique
L'intégration des départements d'outre-mer
français au territoire communautaire avait été reconnue
par le traité de Rome dont l'article 227-2 distinguait les domaines
dans lesquels le droit communautaire leur était immédiatement
applicable
6(
*
)
de ceux dans lesquels son
application serait différée à l'issue d'une période
transitoire de deux ans, précisant en outre que les institutions
communautaires devraient veiller "
à permettre le
développement économique et social de ces
régions
".
Ces dispositions avaient été précisées par la
jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes
qui avait affirmé dans un arrêt " Hansen " du
10 octobre 1978 "
que le statut des départements
d'outre-mer dans la Communauté est défini, en première
ligne, par référence à la Constitution française,
aux termes de laquelle... les départements d'outre-mer font partie
intégrante de la République
", en déduisant que
"
les dispositions du traité et du droit dérivé
doivent donc s'appliquer de plein droit aux départements d'outre-mer en
tant qu'ils font partie intégrante de la République
française, étant cependant entendu qu'il reste toujours possible
de prévoir ultérieurement des mesures spécifiques en vue
de répondre aux besoins de ces territoires
".
Par la suite, les arrêts " Legros " du
16 juillet 1992 et " Lancry " du 9 août 1994 ont
toutefois restreint la possibilité de prévoir des mesures
d'adaptation au bénéfice des départements d'outre-mer aux
seules matières dont l'article 227-2 du Traité de Rome
n'avait pas prévu l'application immédiate dans ces
départements, ce qui remettait en cause certains dispositifs
dérogatoires favorables (tels que notamment l'octroi de mer).
Le traité d'Amsterdam a cependant mis fin à cette incertitude
juridique en confortant la spécificité du régime
applicable aux départements d'outre-mer. De même que les
territoires espagnols et portugais des îles Canaries, des Açores
et de Madère, les départements français d'outre-mer
bénéficient désormais du statut de
régions
ultrapériphériques
défini par l'
article 299-2
du traité d'Amsterdam
(se substituant à l'ancien
article 227-2 du Traité de Rome) dont la rédaction est la
suivante :
"
Les dispositions du présent traité sont applicables aux
départements français d'outre-mer
, aux Açores,
à Madère et aux îles Canaries.
"
Toutefois, compte tenu de la situation économique et sociale
structurelle des départements français d'outre-mer, des
Açores, de Madère et des îles Canaries, qui est
aggravée par leur éloignement, l'insularité, leur faible
superficie, le relief et le climat difficile, leur dépendance
économique vis-à-vis d'un petit nombre de produits, facteurs dont
la permanence et la combinaison nuisent gravement à leur
développement, le Conseil, statuant à la majorité
qualifiée sur proposition de la Commission et après consultation
du Parlement européen, arrête des mesures spécifiques
visant, en particulier, à fixer les conditions de l'application du
présent traité à ces régions, y compris les
politiques communes.
" Le Conseil, en arrêtant les mesures visées au
deuxième alinéa, tient compte des domaines tels que les
politiques douanières et commerciales, la politique fiscale, les zones
franches, les politiques dans les domaines de l'agriculture et de la
pêche, les conditions d'approvisionnement en matières
premières et en biens de consommation de première
nécessité, les aides d'Etat, et les conditions d'accès aux
fonds structurels et aux programmes horizontaux de la Communauté.
" Le Conseil arrête les mesures visées au deuxième
alinéa en tenant compte des caractéristiques et contraintes
particulières des régions ultrapériphériques sans
nuire à l'intégrité et à la cohérence de
l'ordre juridique communautaire, y compris le marché intérieur et
les politiques communes
".
Le nouveau traité reconnaît donc clairement les handicaps
structurels qui frappent ces régions ultrapériphériques
et, en conséquence, la possibilité d'adopter des
"
mesures spécifiques
" en leur faveur, cette
possibilité d'adaptation s'étendant à l'ensemble des
matières couvertes par le traité.
Ce nouveau régime juridique consolide les apports de
l'intégration à l'Union européenne des départements
d'outre-mer, qui bénéficient de régimes d'aide
communautaire spécifiques, ainsi que de crédits importants au
titre des fonds structurels européens.
Les régimes d'aide spécifiques s'inscrivent pour l'essentiel dans
le cadre du
programme POSEIDOM
(programme d'options spécifiques
à l'éloignement et à l'insularité des DOM) qui
comporte un volet agricole (avec notamment des mesures de soutien aux secteurs
traditionnels de la banane et de la filière canne-sucre-rhum), un volet
pêche et un volet fiscal (adaptation de la fiscalité indirecte,
régime spécial de l'octroi de mer
7(
*
)
).
En outre, les départements d'outre-mer ont accès, comme les
autres régions européennes, aux crédits distribués
par les différents
fonds structurels
: Fonds européen
de développement régional (FEDER), Fonds social européen
(FSE), Fonds européen d'orientation et de garantie agricole (FEOGA),
Instrument financier d'orientation pour la pêche (IFOP).
Ces crédits sont regroupés depuis 1994 dans un document unique de
programmation, dit DOCUP. S'y ajoutent les programmes d'initiative
communautaire (dont le programme Régis II en faveur des
régions isolées).
Eligibles à l'objectif 1 qui s'adresse aux régions dans
lesquelles le PIB par habitant est inférieur à 75 % de la
moyenne communautaire, les départements d'outre-mer
bénéficient de sommes très importantes au titre de ces
financements communautaires.
Le montant global des fonds ainsi alloués aux départements
d'outre-mer s'est élevé à près de 12 milliards
de francs pour la période 1994-1999.
Pour la période 2000-2006
, au cours de laquelle les quatre
départements d'outre-mer resteront les seules régions
françaises éligibles à l'objectif 1, cette enveloppe
sera considérablement accrue puisqu'elle atteindra plus de
23 milliards de francs
.
Il s'agit donc là d'un
atout majeur pour le développement
économique des DOM
au cours des prochaines années, alors que
ceux-ci connaissent actuellement de graves difficultés
économiques et sociales.
B. DES DIFFICULTÉS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES COMMUNES
Les départements d'outre-mer connaissent aujourd'hui une situation économique et sociale dégradée, marquée par une forte dépendance à l'égard de transferts publics et un taux de chômage élevé, tout particulièrement parmi les jeunes. Cette situation préoccupante de l'emploi s'explique pour une part par l'ampleur de l'accroissement démographique auquel ils sont confrontés.
1. Le défi d'une démographie dynamique renforcé par la pression de l'immigration clandestine
La population des départements d'outre-mer s'est fortement accrue entre les deux derniers recensements, comme le montre le tableau suivant 8( * ) :
Département |
Population
|
Variation de la population |
||||
|
1990 |
1999 |
en valeur absolue |
en valeur relative (%) |
||
Guadeloupe
|
386 987
|
422 496
|
+ 35 509
|
+ 9,2
|
||
total DOM |
1 459 060 |
1 667 436 |
+ 208 376 |
+ 14,3 |
||
total métropole |
56 615 155 |
58 518 748 |
+ 1 903 593 |
+ 3,4 |
Cet
accroissement démographique quatre fois plus rapide qu'en
métropole
, soit + 1,5 % par an en moyenne (dont + 3,6 % pour la
Guyane, + 1,9 % pour la Réunion, + 1 % pour la Guadeloupe et +
0,7 % pour la Martinique), s'explique par une
natalité
encore
élevée
, 20 en moyenne contre 13 en
métropole, même si celle-ci tend à baisser et si la
fécondité est désormais à peine supérieure
au taux de renouvellement des générations (soit 2,1 enfants
par femme), sauf en Guyane où elle reste beaucoup plus
élevée (4 enfants par femme).
En conséquence de cette natalité élevée, la
population
est
très jeune
, comme le montre la part des
moins de 20 ans.
Indicateurs démographiques dans les DOM
|
Guadeloupe |
Martinique |
Réunion |
Guyane |
France métropoli-taine |
Taux de natalité |
(1997)
|
(1997)
|
(1997)
|
(1997)
|
(1998)
|
Indice conjoncturel de fécondité |
(1997)
|
(1997)
|
(1996)
|
(1997)
|
(1998)
|
Taux de mortalité () |
(1997)
|
(1997)
|
(1997)
|
(1997)
|
(1998)
|
Taux de mortalité infantile () |
(1997)
|
(1997)
|
(1996)
|
(1997)
|
(1998)
|
Taux d'accroissement naturel () |
(1997)
|
(1997)
|
(1997)
|
(1997)
|
(1998)
|
Population des moins de 20 ans (%) |
(1997)
|
(1997)
|
(1996)
|
(1997)
|
(1998)
|
(1)
source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
En raison de l'attractivité économique des départements
d'outre-mer par rapport à leur environnement géographique
immédiat, l'accroissement démographique est également
alimenté par l'
immigration,
le plus souvent clandestine, tout
particulièrement en Guyane où on estime que l'accroissement de la
population, qui atteint désormais près de 5 % par an, est
dû pour moitié à l'accroissement naturel et pour
moitié à l'immigration.
Selon le secrétariat d'Etat à l'outre-mer, on dénombrerait
en Guyane environ 20.000 étrangers en situation
régulière et 30.000 en situation
irrégulière ; le contrôle des flux migratoires sur les
frontières fluviales y est en effet particulièrement difficile.
Dans les autres départements d'outre-mer, la population immigrée
est moins nombreuse : en Guadeloupe, 22 000 personnes en situation
régulière et 10.000 en situation irrégulière (dont
la moitié pour la seule commune de Saint-Martin), en Martinique 6.500
étrangers dont 500 en situation irrégulière. A la
Réunion, relativement à l'abri des grands flux migratoires,
l'immigration clandestine des Comoriens en provenance de Mayotte atteindrait
1.000 à 2.000 personnes par an.
Par ailleurs, la rapidité de l'accroissement démographique induit
des
besoins très importants en matière d'infrastructures
,
et notamment de
constructions scolaires
, ce qui ne va pas sans poser
d'importantes difficultés pour les collectivités locales.
A titre d'exemple, un tiers de la population guyanaise doit aujourd'hui
être scolarisée. Le nombre d'enfants scolarisés à
Cayenne est passé de 5.000 en 1990 à près de 9.000
aujourd'hui ; 24 classes supplémentaires ont été
créées de 1995 à 1998 et encore 11 classes
supplémentaires à la rentrée 1999. Pour l'ensemble de la
Guyane, le nombre de collèges est passé de six au moment de
la décentralisation à dix-huit aujourd'hui ; la construction
de quatre nouveaux collèges est prévue par le
département pour les trois prochaines années.
2. Une économie marquée par le poids des transferts publics
Cinquante ans après la départementalisation, les
départements d'outre-mer ont obtenu une quasi-égalisation des
droits sociaux
9(
*
)
et un
rapprochement relatif
du niveau de vie avec la métropole
: le revenu disponible brut
(RDB) par tête représentait seulement 42,5 % de celui de la
métropole en 1975 ; il atteignait plus de 57 % en 1993
10(
*
)
.
Ils connaissent une
prospérité relative par rapport aux pays
environnants
dont le niveau de vie est en général beaucoup
plus faible, comme le montrent les tableaux suivants, établis par le
secrétariat d'Etat à l'outre-mer.
COMPARAISONS AVEC LES PAYS VOISINS
DU PIB PAR HABITANT
Antilles françaises et pays voisins en 1997
|
Population |
PIB
|
PIB/hab
|
Guadeloupe |
415 000 |
5 179 |
12 480 |
Martinique |
377 000 |
5 411 |
14 352 |
Dominique |
73 640 |
238 |
3 232 |
Bardade |
264 300 |
1 110 |
4 200 |
Ste Lucie |
151 000 |
575 |
3 808 |
Porto Rico |
3 783 000 |
35 834 |
9 472 |
Cuba |
11 019 000 |
8 120 |
737 |
Haïti |
7 336 000 |
3 097 |
422 |
Jamaïque |
2 546 620 |
4 790 |
1 881 |
Guyane et pays voisins en 1997
|
Population |
PIB
|
PIB/hab
|
Guyane |
147 000 |
1 979 |
13 465 |
Guyana |
775 000 |
743 |
959 |
Surinam |
415 000 |
470 |
1 133 |
Réunion et pays voisins en 1997
|
Population |
PIB
|
PIB/hab
|
Réunion |
685 000 |
7 824 |
11 421 |
Maurice |
1 134 000 |
4 180 |
3 686 |
Seychelles |
76 670 |
520 |
6 782 |
Comores |
504 680 |
20 |
40 |
Madagascar |
13 704 620 |
3 450 |
252 |
Afrique du Sud |
37 643 000 |
128 230 |
3 406 |
Source : secrétariat d'Etat à l'outre-mer
" Un projet pour l'outre-mer " avril 2000.
Cependant, cette situation est très largement imputable à
l'
importance
des
transferts
publics
assurés
par la métropole.
Par exemple, ainsi que l'ont expliqué de nombreux interlocuteurs
rencontrés sur place, dans l'hypothèse d'une suppression des
transferts publics, la Guyane retrouverait à peu près le
même niveau de vie que le Surinam.
Selon le rapport établi par Mme Eliane Mossé à la
demande du Gouvernement
11(
*
)
, le taux des
transferts publics, calculé comme le solde entre les dépenses de
l'Etat et de la sécurité sociale et les recettes de ces
administrations, s'établit à
35 % du PIB environ en
Martinique et Guadeloupe, 43 % en Guyane et 48 % à la
Réunion
. Le
montant des transferts publics
ainsi
injectés chaque année dans les DOM atteindrait
45 à 50
milliards de francs
, ces transferts bénéficiant
essentiellement aux ménages (rémunérations dans la
fonction publique, prestations sociales, avantages fiscaux) et dans une moindre
mesure, aux entreprises (subventions, commandes publiques, avantages fiscaux).
En même temps la pression fiscale est plus faible qu'en métropole,
du fait d'une fiscalité plus avantageuse
12(
*
)
et d'une évasion fiscale importante ; le
taux des
prélèvements obligatoires
est
seulement de 35
% environ pour la moyenne des quatre DOM contre plus de 44 % pour la
métropole
.
L'économie domienne est marquée par un fort clivage entre le
secteur public et le secteur privé.
Le
secteur public
au sens large (fonction publique de l'Etat,
territoriale et hospitalière et fréquemment organismes
parapublics) bénéficie d'un régime de
surrémunérations
. On rappellera en effet qu'en application
de la loi du 3 avril 1950, le traitement servi aux fonctionnaires en poste dans
les départements d'outre-mer est affecté d'un coefficient
multiplicateur qui, fixé à 40 % en Guadeloupe, en Martinique et
en Guyane, atteint 53 % à la Réunion. Vient en outre s'ajouter
à cette majoration, le cas échéant, le versement d'une
indemnité d'éloignement lorsqu'un déplacement réel
du fonctionnaire a été occasionné. A la Réunion,
les retraites publiques sont également bonifiées, à un
taux de 35 %.
Le
secteur privé
est essentiellement basé sur quelques
secteurs principaux : agriculture, tourisme, bâtiment et travaux
publics, l'industrie étant généralement peu
développée.
Son développement est handicapé par l'étroitesse du
marché intérieur et un manque de compétitivité par
rapport à l'environnement géographique, qui entraîne une
absence de débouchés extérieurs. En effet, dans les pays
environnants, les salaires et les charges sociales sont très
inférieurs à ceux des DOM ; par exemple, ainsi que l'ont
souligné les représentants des organismes socioprofessionnels
à la Réunion, le salaire minimum n'est que de 1.500 F par
mois à l'île Maurice et de 125 F à Madagascar.
En définitive, l'économie des départements d'outre-mer est
fortement
dépendante à l'égard de la métropole
et les
échanges extérieurs
sont
très
déficitaires
. Ces échanges se font essentiellement avec la
métropole (à hauteur de 60 à 65 %) ; les relations
commerciales avec les pays environnants restant le plus souvent marginales. Le
taux de couverture des importations par les exportations est très faible
et tend constamment à diminuer : en 1998, il s'élevait
seulement à 7 % pour la Guadeloupe, 17 % pour la Guyane, 17 % pour
la Martinique et 8 % pour la Réunion
13(
*
)
.
Par ailleurs, selon les témoignages de nombreux interlocuteurs, la part
de l'économie souterraine et du travail clandestin est très
importante, même si elle est par définition très difficile
à quantifier.
3. Un taux de chômage très élevé notamment parmi les jeunes
Les
économies domiennes connaissent une
croissance sensiblement
supérieure à celle de la métropole
, qui induit des
créations d'emplois en nombre non négligeable. Ainsi que le
souligne le rapport précité établi par MM. Claude
Lise et Michel Tamaya, le taux de croissance dans les DOM a été
supérieur à 4 % en moyenne annuelle entre 1975 et 1994, et le
solde net des emplois créés entre 1982 et 1993 a
été de 113.000 , soit 33 % de la population active
employée en 1982.
Cependant,
ces créations d'emplois sont insuffisantes pour faire face
à la poussée démographique
qui entraîne chaque
année l'arrivée de nombreux jeunes sur le marché du
travail.
Il en résulte des
taux de chômage très
élevés, deux à trois fois supérieurs à ceux
de la métropole
, comme le montre le tableau ci-dessous :
Nombre
de demandeurs d'emploi et taux de chômage
(au 31 décembre
1998)
|
Nombre de demandeurs d'emploi |
Taux de chômage |
Guadeloupe
|
52 425
|
28,8 %
|
Source : rapport annuel de l'IEDOM 1998.
Ce chômage, qui s'établit autour de
30 % en moyenne
,
frappe tout particulièrement les jeunes ; c'est aujourd'hui, de
l'avis de tous, le problème majeur dans les départements
d'outre-mer.
4. Les difficultés sociales liées à la situation de l'emploi
Le nombre d'allocataires du RMI est particulièrement élevé dans les départements d'outre-mer. Au 31 décembre 1998, il était de plus de 115.000 soit environ 255.000 personnes avec les ayants-droit. Ainsi que le souligne le rapport établi par M. Bertrand Fragonard 14( * ) à la demande du Gouvernement, 15 % de la population des DOM (et jusqu'à 20 % à la Réunion) relèvent du RMI contre 3 % en métropole .
Nombre
de bénéficiaires du RMI
(au 31 décembre 1998)
Guadeloupe
|
22.922
|
Source : rapport annuel de l'IEDOM 1998.
En outre, la progression du nombre de bénéficiaires du RMI est
à l'heure actuelle très rapide ; selon une évaluation
récente de la Caisse nationale d'allocations familiales, elle a
été de 7 % en 1999 et le nombre d'allocataires
dépassait les 127.000 à la fin de 1999.
Cette dérive inquiétante s'accompagne d'effets pervers. En effet,
les actions d'insertion étant peu développées, le RMI
s'inscrit le plus souvent dans une logique d'assistanat. De plus, de l'avis
général, une part importante des bénéficiaires
exercent une ou plusieurs activités non déclarées,
occasionnelles ou non, et cumulent donc le RMI avec d'autres revenus provenant
du travail non déclaré.
Par ailleurs, le développement du chômage des jeunes, souvent
privés de toute perspective d'intégration sociale, ne va pas sans
susciter de graves difficultés sociales.
La consommation de drogue se développe, notamment la consommation de
crack qui suscite une délinquance particulièrement violente.
D'une manière générale, au cours des cinq dernières
années (1994-1998
15(
*
)
, la
délinquance de voie publique
(vols à main armée,
vols avec violence, cambriolages, vols de véhicules, vols à la
roulotte et destructions et dégradations) s'est globalement accrue de
15,17 % dans les départements d'outre-mer. Les vols à main
armée et vols avec violence ont pour leur part augmenté de
30 % au cours de la même période, alors que les crimes et les
délits contre les personnes s'accroissaient de 54 % (contre
respectivement + 8 % et + 26 % en métropole).
Les magistrats rencontrés au cours des deux missions ont tous fait part
de leurs inquiétudes devant le développement de la
criminalité violente et de la délinquance juvénile qui
suscite un sentiment d'insécurité. A la Réunion,
constatant que 40 % des actes de délinquance de voie publique
étaient imputables à des mineurs, M. Jean-Marie Huet,
procureur de la République à Saint-Denis, a notamment
souligné le manque de structures d'accueil pour ces mineurs et la
difficulté de trouver des réponses adaptées.
La montée du chômage des jeunes, ainsi que les
inégalités sociales croissantes entre, d'une part, les titulaires
d'un emploi souvent surrémunéré et, d'autre part, les
chômeurs et Rmistes, comportent à terme des risques d'explosion
sociale. En témoignent par exemple les événements violents
survenus à l'automne 1996, et encore très récemment,
à Cayenne. En outre, les conflits sociaux sont fréquents et
conduisent parfois à une paralysie durable de l'économie du fait
du blocage des ports, des aéroports ou des routes, notamment en
Guadeloupe ou en Martinique.
Au cours de son entretien avec les membres de la mission,
M. Paul Vergès, sénateur et président du conseil
régional de la Réunion, a constaté la fracture sociale
séparant un "
monde
sous-rémunéré
" (avec un RMI inférieur de
20 % à celui de la métropole) et un "
monde
surrémunéré
" (la fonction publique et, plus
généralement, le secteur public), avec les risques d'implosion
sociale qui en découlent.
C. UNE GRANDE DIVERSITÉ DES SITUATIONS LOCALES
Les similitudes des difficultés économiques et sociales qui viennent d'être constatées ne doivent cependant pas masquer la grande diversité des situations locales de chacun des départements d'outre-mer, qui s'explique largement par des réalités géographiques et des héritages historiques différents. En effet, la situation de la Guyane au coeur du continent sud-américain se distingue profondément de celle de la Martinique et de la Guadeloupe au sein de l'archipel Caraïbe, ou encore de celle de la Réunion au milieu de l'Océan Indien.
1. La singularité et la diversité guyanaises au coeur de l'Amérique du Sud
a) Des caractéristiques géographiques sans équivalent dans la République
A la
différence des autres départements d'outre-mer, la Guyane
française n'est pas une île mais se situe au sein du
continent
sud-américain
, entre le Surinam à l'ouest et le Brésil
à l'est et au sud.
Il s'agit, et de loin, du plus vaste département français, avec
un
territoire immense de 90.000 km2 environ
(soit une superficie
équivalente à celle du Portugal)
presqu'entièrement
couvert par la forêt équatoriale
.
Cette étendue n'est cependant que
faiblement peuplée
. La
population, qui s'élève à quelque
160.000 habitants
, est essentiellement concentrée sur
" l'île " de Cayenne (100.000 habitants environ) et sur la
bande côtière (50.000 habitants environ), l'intérieur
du pays, quasiment inhabité, ne rassemblant que quelques milliers de
personnes.
La démographie est cependant particulièrement dynamique, ainsi
que souligné précédemment. L'
accroissement
démographique
constaté en Guyane est le plus
rapide
parmi les départements d'outre-mer ; le rythme actuel correspond
à un doublement de la population en 15 ans.
Au sein de cet immense territoire, les voies de communication
intérieures sont peu nombreuses, à tel point que l'on peut parler
d'"
absence de continuité territoriale
", comme l'a
souligné M. Jean-Claude Lafontaine, maire de Cayenne.
Il n'existe actuellement qu'une
seule route
: la route littorale
reliant Cayenne à Saint-Laurent-du-Maroni (à la frontière
avec le Surinam). L'autre portion de cette route littorale, de Cayenne à
Saint-Georges-de-l'Oyapock (à la frontière brésilienne),
est toutefois aujourd'hui en voie d'achèvement.
En l'absence de routes ou de voies ferrées, les
fleuves
(c'est-à-dire pour l'essentiel le Maroni à l'ouest et l'Oyapock
à l'est) constituent la
seule voie de pénétration dans
l'intérieur
. Les communes de l'intérieur se trouvent de ce
fait particulièrement isolées. Hormis l'avion, la pirogue y est
le plus souvent le seul moyen de transport disponible, à la fois lent et
coûteux ; elle doit notamment être utilisée pour
assurer les transports scolaires
16(
*
)
.
Le territoire guyanais, où les Français s'installèrent
dès le XVIIème siècle, abrite des
populations
d'origines diverses
; selon l'expression de
M. André Lecante, président du conseil
général, la Guyane représente une "
mosaïque
éclatée de populations dans l'espace
". Plusieurs
peuples cohabitent en effet sur ce territoire : les guyanais
créoles, les noirs-marrons (descendants des anciens esclaves rebelles),
en particulier les Bonis, ainsi que différentes ethnies
amérindiennes
17(
*
)
... La présence
d'une communauté asiatique, formée de réfugiés
arrivés en Guyane en 1977 (les Hmongs
18(
*
)
), doit également être mentionnée.
Ces populations ne sont pas toujours francophones et parlent différentes
langues (notamment le taki-taki).
Il est à noter que plusieurs milliers d'habitants de la Guyane vivant le
long des fleuves se trouvent aujourd'hui dépourvus d'
état
civil
, ce qui pose de nombreux problèmes tant en termes de
contrôle des flux migratoires que pour les intéressés
eux-mêmes lorsqu'ils souhaitent circuler en Guyane ou, par exemple,
poursuivre des études au lycée ou à l'université.
Pour remédier à cette situation, l'ordonnance n° 98-580
du 8 juillet 1998 a allongé à trente jours le délai de
déclaration des nouveaux-nés à l'état civil dans
les communes de l'intérieur de la Guyane.
D'autre part, un recensement administratif des populations dépourvues
d'état civil le long du Maroni a été mis en oeuvre afin
d'engager des procédures judiciaires de demande de jugement
déclaratif d'état civil devant le tribunal de grande instance de
Cayenne. Selon les déclarations de Mme Kayanakis, procureur de la
République de Cayenne, lors du passage de la mission sénatoriale,
plus de 2.000 demandes ont été enregistrées, donnant
lieu à un millier d'avis favorables après enquête
administrative ; 600 jugements déclaratifs avaient d'ores et
déjà été rendus en septembre 1999.
En outre, un projet de création d'un titre de circulation
transfrontalière permettant de circuler de part et d'autre du Maroni,
sans avoir nécessairement la qualité de Français, est
à l'étude.
Une autre particularité guyanaise mérite par ailleurs
d'être soulignée ; il s'agit du
statut foncier
. En
effet, 90 % des terres appartiennent aujourd'hui à l'Etat et font
partie de son domaine privé. L'ordonnance n° 98-777 du
2 septembre 1998 a récemment étendu les
modalités de cession à titre gratuit de parcelles de ce domaine
privé ; par ailleurs, un établissement public foncier est en
cours de mise en place (établissement public d'aménagement de la
Guyane, EPAG).
Le président de l'Association des maires de Guyane, M. Jean-Pierre
Roumillac, maire de Matoury, a fait part à la mission du souhait des
communes de se voir attribuer les terres correspondant à leurs limites
territoriales afin de constituer des réserves foncières.
Toutefois, M. Léon Bertrand, député-maire de
Saint-Laurent-du-Maroni, s'est pour sa part déclaré opposé
à cette proposition.
b) Une économie marquée par la prédominance de l'activité spatiale
L'économie guyanaise repose aujourd'hui largement sur
l'activité du
Centre spatial guyanais
(CSG)
de Kourou
, que
la mission a tenu à visiter au cours de son déplacement en
Guyane. Avec 2,5 milliards de francs de valeur ajoutée annuelle,
l'industrie spatiale représente en effet 30 % du PIB de la Guyane
et génère un tiers des emplois (emplois directs, emplois
indirects et emplois induits)
19(
*
)
.
Décidée en 1964, l'implantation d'une base spatiale à
Kourou a profité d'un site qui en raison d'une position
géographique favorable, proche de l'Equateur, est plus performant que
les principaux sites concurrents (les performances techniques des sites de Cap
Kennedy et de Baïkonour sont inférieures de respectivement
18 % et 35 % à celles de Kourou). Son développement a
permis à la France et à l'Europe de parvenir à l'autonomie
en matière spatiale.
La société Arianespace, qui assure l'exploitation commerciale du
lanceur européen Ariane, détient aujourd'hui 60 % du
marché mondial de lancement de satellites sur lequel elle se trouve en
position de leader, avec 13 lancements par an. Au total, elle a
procédé au lancement de 103 satellites de
télécommunications sur 197 satellites lancés depuis
l'origine. L'évolution technique du lanceur a permis de relever les
défis technologiques imposés par les exigences du marché,
en emmenant des satellites de plus en plus lourds (de 1,8 tonne pour
Ariane 1, à 5 tonnes pour Ariane 4, puis 8 tonnes pour
Ariane 5 désormais opérationnel ; d'ici 2005, le
lancement d'un satellite de 12 tonnes pourrait être envisagé.
Le carnet de commandes correspond aujourd'hui à trois années
d'activité.
Grâce au développement de l'activité spatiale, la
population de la commune de Kourou est passée de 450 habitants il y
a 20 ans à 20.000 aujourd'hui.
Cependant, cette belle réussite industrielle ne doit pas cacher la
nécessité d'une diversification de l'économie
guyanaise
. Les autres activités industrielles sont en effet peu
développées.
L'
agriculture
est aujourd'hui loin de permettre l'autosuffisance
alimentaire. Les exploitations, situées quasi-exclusivement sur la bande
côtière, sont consacrées essentiellement à la
production de fruits et légumes, à l'élevage bovin
(zébus) et à la culture du riz (autour de Mana). Un projet
sucrier agro-industriel soutenu par la Chambre d'agriculture est actuellement
à l'étude ; demandant un investissement initial de
700 millions de francs, il consisterait à produire du sucre de
canne sur 12.000 ha de savanes côtières entre Sinnamary et
Iracoubo et permettrait de créer 1.500 emplois.
La pêche représente par ailleurs une activité assez
importante (crevette, vivaneau).
L'activité touristique reste faible
(environ
67.000 touristes en 1998, le parc hôtelier s'élevant à
1.400 chambres), en dépit de potentialités qui ont
semblé réelles à la mission.
Les ressources de l'intérieur sont très peu exploitées,
qu'il s'agisse des ressources forestières exploitées seulement
sur la bande littorale ou des ressources minières (exploitation d'or,
essentiellement artisanale). La création d'un vaste parc de la
forêt tropicale est envisagée sur 2 millions d'hectares dans
le sud de la Guyane.
De fait, il existe un très fort contraste entre les zones
urbanisées de Cayenne ou de Kourou et les
communes de
l'intérieur
, ainsi que la mission a pu le constater en se rendant
à
Apatou
en deux heures de pirogue depuis
Saint-Laurent-du-Maroni. A l'exception des 50 employés de la
mairie, des 9 employés du département, des
25 instituteurs, du personnel de santé et des gendarmes, les
3.600 habitants de cette commune pratiquent l'agriculture de subsistance
(fruits et légumes, manioc, arachide, ainsi qu'un peu de
pêche) ; les ressources monétaires proviennent pour
l'essentiel des transferts sociaux. L'alimentation en électricité
est assurée par des groupes électrogènes. Les soins sont
dispensés dans un centre de santé public que la mission a
visité après avoir rencontré enseignants et
élèves de l'école primaire. Comme les autres communes de
l'intérieur, la commune d'Apatou, de création récente
(1976)
20(
*
)
est dépourvue de toute
ressource fiscale propre ; elle éprouve des difficultés
à assurer la scolarisation de tous les enfants, car elle est
confrontée au coût élevé de construction des salles
de classe et des logements pour les instituteurs (180.000 F pour une salle
de classe, 270.000 F pour un logement d'instituteur de 40 m²), en
raison de l'application de normes de sécurité inadaptées
qui interdisent l'utilisation de matériaux locaux.
Par ailleurs, la mission a constaté les difficultés
préoccupantes que connaît actuellement la
justice
en
Guyane, en raison d'une grave insuffisance de moyens.
Tout d'abord, l'état déplorable des locaux du Palais de justice
de Cayenne, vétustes, mal entretenus et exigus (des bureaux ont dû
être installés dans un couloir ...) nécessite des
investissements immobiliers urgents. Les magistrats rencontrés sur place
souhaitent la construction d'un nouveau Palais de justice sur le terrain de
l'ancienne maison d'arrêt et la réhabilitation du palais de
justice actuel pour abriter la chambre détachée de la cour
d'appel de Fort-de-France.
D'autre part, les effectifs apparaissent insuffisants tant en ce qui concerne
les magistrats que les fonctionnaires des greffes, dont le niveau de formation
n'est pas satisfaisant selon les chefs de juridiction.
En l'absence de cour d'appel propre à la Guyane, une chambre
détachée de la cour d'appel de Fort-de-France est
installée à Cayenne. Mais, faute d'effectifs suffisants, celle-ci
fonctionne en faisant appel aux effectifs du tribunal de grande instance ;
en particulier, les fonctions du ministère public près la chambre
détachée sont assurées par le procureur de la
République de Cayenne. La création d'un poste de substitut
général et d'un poste de conseiller apparaît donc
indispensable.
Par ailleurs, aucune présence judiciaire n'est actuellement
assurée en dehors de Cayenne, hormis quelques audiences foraines tenues
à Kourou et à Saint-Laurent-du-Maroni où une maison de
justice et du droit est en cours de mise en place. Afin de remédier
à cette situation de " désert judiciaire " et de
pouvoir mettre en oeuvre une justice de proximité, les magistrats
responsables de la Cour d'appel de Fort-de-France souhaitent la création
à Saint-Laurent-du-Maroni d'une chambre détachée du
tribunal de grande instance de Cayenne, avec un poste de magistrat permanent,
la création d'un greffe permanent à Kourou avant la
création d'un tribunal d'instance, ainsi que la création de
structures judiciaires légères à Apatou, Maripasoula,
Régina et Saint-Georges de l'Oyapock pour permettre la tenue d'audiences
foraines. En outre M. Audouard, premier président de la cour
d'appel de Fort-de-France et M. Finielz, procureur général,
ont suggéré que pour une meilleure compréhension du
message judiciaire par la population, les magistrats puissent s'adjoindre des
assesseurs coutumiers issus de la société civile, ou à
tout le moins des conciliateurs de justice ou des délégués
du procureur de la République.
2. La situation insulaire des Antilles françaises au sein de l'archipel caraïbe
La
situation de la Martinique et de la Guadeloupe, où la France est
présente depuis 1635, se distingue profondément de celle de la
Guyane, tant par leur nature insulaire que par leur environnement
géographique commun constitué par les micro-Etats de la
Caraïbe. Le département de la Guadeloupe se caractérise en
outre par une structure archipélagique ; en effet, lui sont
administrativement rattachées les îles proches des Saintes, de la
Désirade et de Marie-Galante -à laquelle la mission a
consacré une journée de visite-, ainsi que les îles plus
éloignées dites du Nord, à savoir Saint-Martin et
Saint-Barthélémy qui présentent chacune de fortes
spécificités et où la mission s'est également
rendue.
A l'inverse de la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe constituent des
îles à la superficie réduite et fortement
peuplées
:
- pour la Martinique, 1 100 km
2
et 381 000 habitants, soit
une densité de 338 habitants/km
2
;
- pour l'archipel de la Guadeloupe, 1 704 km
2
(dont 1
438 km
2
pour Grande-Terre et Basse-Terre) et 422 000 habitants,
soit une densité de 248 habitants/ km
2
.
a) La Martinique
Située au coeur de l'arc antillais dans la mer des
Caraïbes, à égale distance des côtes du Venezuela et
de Haïti, la Martinique est
le plus petit des départements
d'outre-mer
français.
A cet égard, il est frappant de constater que sa superficie est
équivalente à celle sur laquelle s'étend le Centre spatial
guyanais. L'exiguïté de son territoire rend d'ailleurs plus aigus
les problèmes posés par la coexistence des deux
assemblées, départementale et régionale, ainsi que l'ont
souligné de nombreux interlocuteurs rencontrés sur place.
La Martinique constitue cependant le département d'outre-mer dont
le
PIB par habitant
est
le plus élevé
, et le niveau de
vie y est supérieur à celui de tous les Etats de la Caraïbe.
L'économie martiniquaise est basée sur quelques secteurs
d'activité principaux : l'agriculture, le bâtiment et les
travaux publics, et surtout le tourisme.
L'agriculture qui bénéficie, comme dans les autres
départements d'outre-mer, des mécanismes de protection du
marché communautaire, repose sur deux productions essentielles : la
banane et la canne à sucre.
La principale culture est celle de la
banane
, qui représente plus
de la moitié de la production agricole finale, avec 243 000 tonnes
exportées en 1998.
Cependant, ce secteur d'activité est menacé par la concurrence de
la " banane dollar " et est actuellement en crise. Au cours de son
entretien avec la mission, M. Guy Ovide-Etienne, président de la Chambre
d'agriculture, a fait par de ses vives inquiétudes devant
l'éventualité d'une remise en cause de l'organisation
communautaire du marché de la banane.
La culture de la
canne à sucre
, deuxième activité
agricole du département, donne lieu à la production de sucre
(6 500 tonnes en 1998), ainsi que de rhum. Cependant, l'importance de
cette filière tend à décliner.
La culture de l'ananas souffre pour sa part d'une forte concurrence
internationale des pays asiatiques et africains.
Les autres productions agricoles (fruits et légumes, élevage)
sont principalement destinées à la production locale ;
cependant, le niveau d'autosuffisance est loin d'être atteint.
Le
tourisme
constitue par ailleurs une activité fondamentale en
Martinique, qui a reçu en 1998 540.000 touristes dans les
hôtels et 410.000 touristes en croisière. Si le nombre de
touristes de séjour continue de progresser, en revanche, s'agissant du
tourisme de croisière, on constate une certaine désaffection
à l'égard de la Martinique au profit des autres îles des
Caraïbes, se traduisant par une diminution du nombre d'escales de
paquebots.
Comme dans les autres départements d'outre-mer, le bâtiment et les
travaux publics constituent un secteur d'activité assez important, mais
très dépendant des transferts publics : en revanche, les
activités industrielles ne sont que faiblement développées
et les activités artisanales souffrent de la concurrence des îles
voisines, où les coûts de main d'oeuvre sont 5 à 6 fois
inférieurs, ainsi que l'a souligné M. Christian Cayol,
président de la Chambre des métiers, au cours de son entretien
avec la mission.
Au cours des dernières années, en dépit d'une
évolution plutôt satisfaisante du volume d'activité des
entreprises, la situation de l'emploi s'est fortement dégradée en
Martinique où le taux de
chômage
est passé de 26,2 %
en 1994 à 30,3 % en 1998.
b) La Guadeloupe
Située au coeur de l'arc des Petites Antilles, à
120
km au nord de la Martinique, la Guadeloupe, plus vaste, s'en distingue
notamment par sa structure archipélagique. La Guadeloupe dite
continentale, d'une superficie de 1 438 km
2
,
composée des îles de Basse-Terre et de Grande-Terre,
séparées par un étroit canal, est en effet entourée
de plusieurs îles voisines : la Désirade, les Saintes et
Marie-Galante. Lui sont en outre rattachées l'île de
Saint-Barthélémy et la partie française de l'île de
Saint-Martin, dont les fortes spécificités seront
présentées plus loin.
Il en résulte, pour les îles proches ou lointaines
rattachées à la Guadeloupe, des difficultés
particulières liées à leur situation de double
insularité ; à l'éloignement vis à vis de la
métropole s'ajoute en effet l'isolement résultant de
l'éloignement vis à vis de la Guadeloupe continentale, qui
entraîne notamment des coûts de transport élevés.
En ce qui concerne la " Guadeloupe continentale ", il existe un
important contraste entre l'île montagneuse de Basse-Terre dominée
par le volcan de la Soufrière culminant à 1 484 m et
recouverte principalement par la forêt, et l'île de Grande-Terre,
qui constitue un plateau de faible altitude propice à l'élevage
et à l'agriculture.
L'économie de la Guadeloupe, comme celle de la Martinique, repose
largement sur les secteurs de l'agriculture et du tourisme.
En ce qui concerne l'agriculture, la culture de la
banane
y
représente également la première production agricole, avec
plus de 30 % de la production agricole finale, et 79.000 tonnes
exportées en 1998.
La
filière canne-sucre-rhum
a connu un important déclin
depuis les années 1970, la production de canne étant
passée de 1,5 million de tonnes à l'époque à moins
de 435.000 tonnes en 1998 ; cependant, elle représente encore la
deuxième activité agricole du département ;
38.000 tonnes de sucre ont été produites en 1998.
Les autres productions agricoles (fruits et légumes, élevage)
représentent environ la moitié de la production agricole finale.
Au cours des dernières années, le secteur de l'agriculture
guadeloupéenne dans son ensemble a fortement souffert des aléas
climatiques, notamment du fait du passage de plusieurs cyclones.
Lors de leur entretien avec la mission, les responsables de la Chambre
d'agriculture ont fait part de leurs préoccupations devant la diminution
des surfaces cultivées et l'endettement croissant des exploitations
résultant notamment de la crise de la banane ;
26 000 hectares de terres sont actuellement en friche, alors que
moins de 50 000 hectares sont cultivés.
Le
tourisme
représente, en termes de valeur ajoutée, une
activité économique aussi importante que la banane et la canne
à sucre réunies. La Guadeloupe a accueilli
693 000 touristes
21(
*
)
en 1998.
Cependant, le secteur souffre de la concurrence des autres îles des
Caraïbes où la main d'oeuvre est moins coûteuse. En
particulier, le nombre d'escales de touristes de croisière a
diminué ces dernières années en raison d'une
dégradation de l'image de marque de la Guadeloupe, liée à
l'insuffisance de l'accueil et des services offerts, et aux problèmes
d'insécurité.
Par ailleurs, le secteur du bâtiment et des travaux publics, qui emploie
la moitié des artisans, est également actuellement en crise,
ainsi que l'a souligné M. Maurice Songeons, président de la
Chambre des métiers, au cours de son entretien avec la mission.
Au total, la détérioration de l'activité dans les
principaux secteurs de l'économie a entraîné une
dégradation de la situation de l'emploi, le taux de
chômage
étant passé de 23,8 % en 1994 à 28,8 % en 1998.
Elle s'est en outre accompagnée d'une dégradation du climat
social, marqué par la multiplication des grèves et des conflits
sociaux souvent très durs.
L'ensemble des interlocuteurs rencontrés en Guadeloupe se sont
déclarés préoccupés par cette situation. Le
document remis à la mission par Mme Lucette Michaux-Chevry,
sénateur et président du conseil régional de Guadeloupe,
fait ainsi état d'un "
processus de dégradation de plus
en plus profond, cause d'une déstabilisation frappant tous les secteurs
et provoquant un désespoir de la population
".
M. Marcellin Lubeth, président du conseil général, a
pour sa part exprimé ses inquiétudes devant l'accroissement
extrêmement rapide du nombre d'allocataires du RMI, faisant état
de l'apparition de 3 000 nouveaux Rmistes en trois mois seulement.
c) Les fortes spécificités des îles du nord rattachées administrativement à la Guadeloupe
Les
îles de Saint-Martin (partie française) et de
Saint-Barthélémy, qui ont le statut de communes rattachées
au département de la Guadeloupe bien qu'elles en soient
éloignées de 250 km, présentent des
spécificités locales très marquées que votre
commission des Lois avait déjà eu l'occasion de souligner
à la suite du déplacement effectué dans ces îles en
mars 1997 par une délégation composée de MM.
François Blaizot et Michel Dreyfus-Schmidt
22(
*
)
.
La mission de septembre 1999 a de nouveau permis de constater qu'au-delà
d'une situation géographique commune de " double
insularité " et d'un rattachement à la Guadeloupe ressenti
comme artificiel par les habitants, la situation de chacune de ces deux
îles a ses caractéristiques propres.
• A
Saint-Martin
, l'originalité de la situation provient
essentiellement de la
division de l'île
(depuis 1648)
entre une
partie française et une partie relevant des Antilles
néerlandaises
,
sans frontière
matérialisée
. Cette situation induit des conséquences
multiples.
- Tout d'abord, elle rend très difficile, voire impossible, le
contrôle des flux migratoires en l'absence d'une coopération
efficace avec les autorités des Antilles néerlandaises, car aucun
visa n'est exigé pour entrer en partie néerlandaise dans laquelle
est situé l'aéroport international.
Saint-Martin a connu une
immigration
massive au cours des
dernières années, ce qui a suscité une véritable
crise d'identité au sein de la population autochtone qui a l'impression
de se retrouver minoritaire dans son propre pays.
Aujourd'hui, la partie française compte, pour une population totale
d'environ 35.000 habitants sur 90 km², un tiers d'étrangers en
situation régulière, auxquels s'ajouteraient environ
5.000 étrangers en situation irrégulière. Cette
immigration massive entraîne des difficultés diverses, par exemple
pour assurer la scolarisation des enfants, ou encore en matière
sanitaire en raison de la saturation de la capacité d'accueil de
l'hôpital devant l'afflux de populations étrangères.
L'île connaît par ailleurs d'importants problèmes
liés au trafic de drogue et à la délinquance.
- D'autre part, la division de l'île a pour conséquences
d'importantes
distorsions de charges fiscales et sociales
qui
handicapent la compétitivité des entreprises de la partie
française.
Selon une estimation de la Fédération interprofessionnelle de
Saint-Martin sur les coûts comparatifs du travail entre partie
française et partie hollandaise, les coûts salariaux en partie
française seraient de 1,63 fois supérieurs à ceux du
côté hollandais, les charges patronales étant
2,74 fois supérieures et les retenues salariales 5,29 fois
supérieures. Le différentiel fiscal serait en moyenne de 1
à 3. Cependant, aucun droit de douane ni impôt indirect n'est
perçu à Saint-Martin, à l'exception de la TVA
immobilière.
- Enfin, les principales
infrastructures
se trouvent en partie
néerlandaise, qu'il s'agisse de l'aéroport international, du port
en eau profonde ou de l'unique dépôt de carburant, ce qui
handicape le développement économique de la partie
française.
Le
tourisme
qui représente quasiment la seule activité
économique, est aujourd'hui en crise. En effet, l'ampleur des
investissements réalisés à la faveur de la " loi
Pons " de défiscalisation a entraîné une
surcapacité d'accueil ; sur un total de 4.500 chambres
d'hôtel construites, un millier ont aujourd'hui dû être
transformées en appartements.
En conséquence, le chômage est apparu à Saint-Martin
où il affectait près de 1.600 personnes fin 1998.
Avant de conclure ce bref tableau de la situation de Saint-Martin, une
dernière particularité, d'ordre linguistique, mérite
d'être relevée : la langue maternelle des Saint-Martinois est
l'anglais et non le français. Les habitants se plaignent que cette
particularité ne soit pas prise en compte dans les programmes
d'enseignement et entraîne fréquemment l'échec scolaire.
• A
Saint-Barthélémy
, la situation est fort
différente à bien des égards. Cette petite île de
26 km² peuplée de 6.800 habitants environ -descendants de
bretons et de normands auxquels sont venus s'ajouter un certain nombre de
métropolitains installés au cours de la période
récente- reste marquée par un siècle de présence
suédoise. En effet, la France qui y était présente depuis
1674, l'avait cédée en 1784 à la Suède qui a son
tour la lui rétrocéda en 1877 à la suite d'un
référendum par lequel ses habitants souhaitèrent à
l'unanimité moins une voix redevenir Français.
Saint-Barthélémy conserve notamment de cette époque un
régime fiscal de fait particulier
. En effet, non seulement les
droits de douane et les impôts indirects
23(
*
)
n'y sont pas perçus comme d'ailleurs à
Saint-Martin -ce qui n'est pas contesté par l'administration fiscale-,
mais l'impôt sur le revenu et l'impôt sur les
sociétés n'ont de fait jamais été recouvrés
à Saint-Barthélémy, en dépit des efforts de
l'administration fiscale et bien que la jurisprudence du Conseil
d'Etat
24(
*
)
considère que les
impôts directs y sont exigibles de plein droit.
Les habitants de Saint-Barthélémy entendent se prévaloir
d'une franchise fiscale héritée de l'histoire, en vertu des
stipulations du protocole annexé au traité de rétrocession
franco-suédois du 10 août 1877, selon lesquelles la France
succédait "
aux droits et obligations résultant de tous
actes régulièrement faits par la Couronne de Suède ou en
son nom pour des objets d'intérêt public ou domanial
".
Saint-Barthélémy tire aujourd'hui la quasi-totalité de ses
ressources d'une
activité touristique
fondée sur des
infrastructures hôtelières " haut de gamme " et une
clientèle aisée en majorité nord-américaine. Elle
donne l'image d'une île prospère dont le développement a
été maîtrisé et l'urbanisation limitée. Ainsi
que se plaît à le souligner son maire, M. Bruno Magras,
le chômage y est presque inexistant (81 chômeurs
indemnisés en 1999).
3. Les particularités de l'île de la Réunion au milieu de l'Océan indien
La Réunion occupe une position géographique à part des autres départements d'outre-mer puisqu'elle se situe au milieu de l'Océan indien, dans une région du monde très éloignée de celle des Antilles et de la Guyane.
a) Des données géographiques et historiques
D'une
superficie de 2.512 km
2
, peuplée aujourd'hui de
700.000 habitants, l'île de la Réunion se trouve
placée dans l'
environnement géographique de la partie
sud-ouest de l'Océan indien
, avec l'île Maurice à
200 km au nord-est, les Seychelles à 1.800 km au nord,
Madagascar à 700 km à l'ouest et plus loin à l'ouest,
le continent africain à 2.800 km (Tanzanie, Mozambique, Afrique du
Sud).
Terre française depuis 1638, la Réunion a connu un spectaculaire
brassage de populations d'origine européenne, africaine, malgache,
indienne et asiatique. Elle est aujourd'hui peuplée par les descendants
des anciens colons d'origine européenne (25 %), des africains et
des malgaches amenés au XVIIIe siècle pour cultiver le
café et la canne à sucre (35 %), des indiens hindouistes
malabars engagés sur les plantations de canne à sucre au
XIXe siècle (25 %), des indiens musulmans (3 %) et des
chinois (4 %) arrivés à la fin du XIXe siècle.
Il s'agit donc d'une
population multiethnique et multiculturelle
d'origines très diverses, ainsi que l'a souligné
M. Paul Vergès, sénateur et président du conseil
régional, au cours de son entretien avec la mission.
b) Un déséquilibre interne entre le nord et le sud de l'île
Il
existe actuellement un important déséquilibre de
développement entre le nord et le sud de l'île, ainsi que l'a
expliqué de manière argumentée à la mission
M. André Thien Ah Koon, député de la
Réunion, maire du Tampon.
Selon les données qu'il a communiquées aux membres de la mission,
dans la partie sud de l'île, le taux de chômage atteint 45 %
et le taux de RMIstes 18 %, alors que ces taux sont sensiblement
inférieurs dans la partie nord avec respectivement 30 % et
7 %. Inversement, on compte 53 % de jeunes diplômés et
32 % de cadres et professions intermédiaires dans la partie nord,
contre seulement 37 % et 23 % dans la partie sud.
Deux communes, Saint-Denis et Sainte-Marie, concentrent à elles seules
31 % des entreprises, alors que dix communes du sud regroupent 30 %
des entreprises.
Les grandes infrastructures, telles que le port de la Pointe des Galets et
l'aéroport Roland-Garros, se trouvent dans la partie nord-ouest de
l'île qui consomme en outre 80 % des crédits nationaux et
européens bénéficiant à l'île depuis
20 ans. Le nouvel aéroport de Pierrefonds, que la mission a pu
visiter au cours de son déplacement dans le sud de l'île, n'abrite
pour l'instant qu'un trafic limité (par exemple, pour ce qui concerne le
trafic aérien Réunion/Maurice, 1 à 2 vols par jour
à Pierrefonds contre 10 à 16 à Roland-Garros).
En outre, les services publics sont majoritairement situés dans le nord,
qu'il s'agisse des institutions décentralisées (conseil
général, conseil régional), des services extérieurs
de l'Etat (préfecture, directions départementales et
régionales), des chambres consulaires (Chambre de commerce et
d'industrie, Chambre des métiers, Chambre d'agriculture) ou des services
parapublics (Caisse d'allocations familiales).
Cette situation contraint les habitants du sud à de fréquents
déplacements dans le nord de l'île, ce qui ne va pas sans poser de
graves difficultés de circulation, la route littorale de l'ouest
étant le plus souvent saturée, ainsi qu'a pu le constater
concrètement la mission.
La création récente d'un aéroport dans le sud de
l'île, ainsi que d'une antenne universitaire au Tampon, que la mission a
également visitée, s'inscrivent dans une logique de
rééquilibrage des équipements publics, mais celui-ci reste
encore très limité.
Selon M. Claude Hoarau, député, maire de Saint-Pierre,
le chômage s'accroît actuellement deux fois plus vite dans le sud
que dans le nord.
c) Une économie plus dynamique que dans les autres départements d'outre-mer, mais un chômage plus élevé
L'économie réunionnaise connaît
actuellement une
évolution plus dynamique que celles des autres départements
d'outre-mer. C'est d'ailleurs aussi le département qui donne l'image
d'un développement économique le plus proche de celui de la
métropole.
En ce qui concerne l'agriculture, la culture de la
canne à sucre
reste prépondérante, avec une production de 180.000 tonnes
en 1998, même si elle tend à décliner au profit de
l'élevage et des cultures de fruits et légumes. Il existe par
ailleurs une importante activité de
pêche industrielle
au
large dans la zone des Terres australes (aux abords des îles de
Saint-Paul, d'Amsterdam et des Kerguelen).
Le
secteur industriel
réunionnais, dominé par l'industrie
agro-alimentaire, a connu un développement rapide depuis 1970.
Le
tourisme
constitue également depuis quelques années un
secteur en forte expansion à la Réunion qui a accueilli
390.000 visiteurs en 1998, essentiellement en provenance de la
métropole. La Réunion occupe la deuxième place des
destinations de la zone sud de l'Océan Indien derrière l'Ile
Maurice.
Au total, l'économie réunionnaise crée en moyenne
plus
de 2.000 emplois par an
. Cependant ces créations d'emplois
restent très insuffisantes pour faire face à l'accroissement
démographique qui entraîne
l'arrivée de
10.000 demandeurs d'emploi par an
.
En conséquence, le
chômage
reste le plus
élevé des départements d'outre-mer ; en août
1999, il affectait 97.663 personnes, soit
36,4% de la population active
.
Le nombre d'allocataires du RMI continue également à
s'accroître à un rythme extrêmement
préoccupant ; il est ainsi passé de 54.100 en
décembre 1998 à 60.011 en août 1999.
*
Au terme de ce constat, on voit donc apparaître une très grande diversité des situations locales qui est apparue à la mission appeller, à l'évidence, des évolutions différenciées.
II. LES PERSPECTIVES D'ÉVOLUTION : UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE, UNE PRIORITÉ AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET UNE MEILLEURE PRISE EN COMPTE DE LA DIVERSITÉ DES SITUATIONS LOCALES
L'analyse des multiples propositions formulées par les différents interlocuteurs rencontrés lors des deux missions fait ressortir le souhait général d'une plus grande autonomie et d'un approfondissement de la décentralisation, tout en accordant la priorité aux mesures susceptibles de favoriser le développement économique et social, qui prennent le plus souvent le pas sur les demandes d'évolution institutionnelle. La nécessité d'une meilleure prise en compte de la diversité des réalités locales conduit cependant les représentants de chaque collectivité à proposer des évolutions spécifiques adaptées à sa situation.
A. LE SOUHAIT GÉNÉRAL D'UNE PLUS GRANDE AUTONOMIE ET D'UN APPROFONDISSEMENT DE LA DÉCENTRALISATION
Les acquis de la départementalisation ne sont, dans l'ensemble, pas remis en cause. Celle-ci a permis de consacrer le principe de l'égalité avec la métropole et a favorisé un développement économique incontestable des territoires concernés depuis 1946. Pour autant, la conception d'un modèle uniforme de développement semble aujourd'hui trouver ses limites.
1. Les limites de la départementalisation conçue comme un modèle unique
D'une
manière générale, le sentiment dominant parmi les
interlocuteurs des deux missions est que la départementalisation
conçue comme un modèle unique a aujourd'hui atteint ses limites,
quels qu'aient pu être ses apports.
Les élus rencontrés souhaitent désormais une
évolution adaptée à la diversité des situations de
chaque département et une
prise en compte de l'identité de
chaque population
. Ils font en outre valoir la nécessité
d'une meilleure
adaptation des lois et réglementations
métropolitaines aux réalités locales
.
Par exemple, M. Jean-Claude Lafontaine, maire de Cayenne, a
estimé que la départementalisation, même si elle avait
été une nécessité historique en 1946, constituait
un concept globalisant qui n'était plus d'actualité aujourd'hui.
Il a en conséquence souhaité une évolution à la
carte adaptée à la réalité de chaque
département, et non des solutions de droit commun pour l'ensemble des
départements d'outre-mer.
M. Aimé Césaire, maire de Fort-de-France,
considéré comme l'un des pères de la
départementalisation, a insisté sur la nécessité de
prendre en compte l'identité martiniquaise, de privilégier la
décentralisation et d'aller vers une plus grande autonomie.
Insistant également sur la notion d'identité, M. Alfred
Marie-Jeanne, député et président du conseil
régional de Martinique, a pour sa part considéré que la
départementalisation était arrivée "
à bout
de souffle
".
M. Claude Lise, sénateur et président du conseil
général de la Martinique, a souligné la
nécessité d'une avancée significative vers davantage de
décentralisation, indiquant qu'il était à l'origine du
titre du rapport élaboré avec M. Michel Tamaya à
la demande du Gouvernement : "
Les départements d'outre-mer
aujourd'hui : la voie de la responsabilité
". Il a
considéré qu'une telle évolution était possible
dans le cadre de l'article 73 de la Constitution si l'on restait
fidèle à sa conception initiale, évoquant les propos du
général de Gaulle en faveur du maintien des "
franchises
traditionnelles
" aux Antilles et en Guyane.
M. Michel Tamaya, député-maire de Saint-Denis de la
Réunion, a également insisté sur la
nécessité d'abandonner une vision globalisante des
départements d'outre-mer au profit d'une vision
différenciée.
En même temps, le
besoin d'une certaine stabilité
institutionnelle
est ressenti pour favoriser le développement
économique. Les représentants des organismes socio-professionnels
font en effet valoir que les investisseurs potentiels ne peuvent s'engager dans
des opérations d'envergure sans un minimum de sécurité
quant aux perspectives d'évolution du contexte juridique et fiscal
à un horizon de cinq à dix ans.
2. Un indispensable approfondissement de la décentralisation
Pour parvenir à une plus grande autonomie, outre une indispensable clarification des compétences entre la région et le département, le transfert de certaines compétences de l'Etat au niveau local doit être envisagé. Un certain nombre d'élus considèrent cependant qu'une telle évolution dans le cadre institutionnel actuel reste insuffisante et que des évolutions institutionnelles plus radicales s'imposent.
a) Une nécessaire clarification des compétences respectives de la région et du département
Dans
l'hypothèse où le cadre institutionnel actuel superposant la
région au département, avec deux assemblées distinctes,
serait maintenu, une
clarification des compétences respectives de la
région et du département
doit certainement être
recherchée. Ainsi qu'on l'a constaté précédemment,
beaucoup regrettent en effet des chevauchements de compétences et des
interventions concurrentes des deux collectivités dans les mêmes
domaines.
Par exemple, les représentants de la Chambre d'agriculture de Guyane,
constatant des interventions concurrentes du conseil général en
matière d'aménagement et du conseil régional en
matière de développement économique, ont souhaité
la mise en place d'une instance locale de décision unique pour les
"
volets aménagement et développement
".
M. Claude Lise, sénateur et président du conseil
général de Martinique, a souhaité que l'on
redécoupe les compétences des deux assemblées en blocs
homogènes pour éviter les chevauchements de compétences.
Selon le rapport qu'il a établi avec M. Michel Tamaya, la
clarification des compétences est la "
condition d'une meilleure
lisibilité des politiques publiques
". Ainsi, la région
devrait voir ses compétences renforcées en matière de
schéma d'aménagement régional et être seule
compétente en matière d'aides économiques. Les
compétences actuellement exercées par les conseils
généraux en matière d'agriculture, de pêche ou de
tourisme devraient être transférées aux régions.
Quant au département, toujours selon ce rapport, il devrait voir
confirmées ses compétences dans le domaine de l'action sociale et
de l'aide sociale ; en outre, il pourrait assurer l'ensemble des
responsabilités dans le domaine éducatif et en matière de
politique culturelle.
Dans un document remis à la mission sénatoriale par
Mme Lucette Michaux-Chevry, sénateur et président du
conseil régional, la région Guadeloupe propose pour sa part une
nouvelle répartition des compétences entre la région qui
se consacrerait essentiellement au développement économique, et
le département qui se consacrerait en priorité à la
politique sanitaire et sociale, ainsi que le montre le tableau suivant :
LES PROPOSITIONS DE LA RÉGION GUADELOUPE
Une nouvelle répartition des compétences entre la
région et le département
CONSEIL RÉGIONAL |
CONSEIL GÉNÉRAL |
1 - Mission aménagement du territoire, planification et transports : |
1 -
Politique sanitaire et sociale :
|
. Définition des objectifs et des moyens du développement : SAR - Ports - Routes, etc. |
l'exception du contrôle des établissements sanitaires et de l'application des textes relatifs à la santé publique (Etat) |
2 - Développement économique : |
2 - Politique sociale : |
. Soutien à l'emploi
|
. Transfert de la totalité du " bloc
social "
|
3 - Enseignement secondaire et supérieur : |
3 - Dispositifs d'insertion sociale : |
. Définition de la carte
scolaire
|
. ADI |
4 - Formation professionnelle / apprentissage : |
4
Logement
|
. Compétences actuelles
|
. Récupération de la totalité du bloc LBU |
5 - Nouvelles technologies : |
5 - Art et culture |
. Mise en place des réseaux des
NTIC
|
. Transfert de la totalité du " bloc
culture "
de l'Etat
|
6 - Coopération régionale : |
6 - Sport |
. Liée aux compétences de la région |
. Transfert de la totalité du " bloc
sport "
de l'Etat
|
|
7 - Coopération régionale |
|
. Liée aux compétences du département |
COMMISSION MIXTE PARITAIRE POUR LES AFFAIRES
EUROPENNES
|
Source : Contribution de la région Guadeloupe
à la loi d'orientation - document remis à la mission
sénatoriale par Mme Lucette Michaux-Chevry, président du
conseil régional.
M. Marcellin Lubeth, président du conseil
général de Guadeloupe, a pour sa part insisté sur la
nécessité de rééquilibrer les ressources
respectives du département et de la région, soulignant le
coût de plus en plus élevé des dépenses sociales
pour le département.
b) Un transfert de certaines compétences de l'Etat à envisager
Outre le
développement des compétences locales en matière de
coopération régionale, qui est unanimement souhaité comme
on le verra plus loin, le
transfert d'un certain nombre d'autres
compétences de l'Etat
au niveau local est envisagé sous
réserve, bien entendu, d'une indispensable compensation
financière.
Hormis une extension des compétences locales en matière de
coopération régionale, le rapport précité
établi par MM. Claude Lise et Michel Tamaya envisage le
transfert à la région des compétences en matière
d'exploration et d'exploitation des ressources naturelles (biologiques et non
biologiques) de la mer et de son sous-sol et, à terme, des routes (dans
l'immédiat, le fonds d'investissement pour les routes et les transports
- FIRT - serait désaffecté
25(
*
)
et
la région deviendrait maître d'ouvrage des travaux
effectués sur les routes nationales).
Il propose également un renforcement des responsabilités locales
dans le secteur du logement, notamment à travers les conseils
départementaux de l'habitat, et la création d'un
établissement public local, rattaché au département,
chargé de la gestion de l'eau.
En outre, dans le domaine de l'éducation, les collectivités
locales recevraient la compétence de la définition de la carte
scolaire et de la répartition des emplois d'enseignants entre les
différents établissements.
M. Jean-Luc Poudroux, président du conseil général de
la Réunion, a cependant souligné qu'il conviendrait d'être
vigilant quant à la
compensation financière
des transferts
de compétences proposés par le Gouvernement. Il a en particulier
évoqué les difficultés pour le département
entraînées par l'accroissement très rapide du nombre des
RMistes.
c) Des propositions d'évolutions institutionnelles plus radicales
Un
certain nombre d'élus considèrent néanmoins qu'un
approfondissement de la décentralisation dans le cadre institutionnel
actuel est à terme insuffisant et qu'il convient d'envisager des
évolutions institutionnelles plus radicales.
Sans entrer dans le détail des diverses propositions qui sont
élaborées localement en ce sens et qui seront
présentées plus loin, département par département,
la prise de position commune de trois présidents de régions
d'outre-mer mérite d'être relevée. En effet, dans une
déclaration signée à Basse-Terre le
1
er
décembre 1999
, après avoir
constaté la dégradation continuelle de la situation
économique de leurs régions, le développement rapide des
dérives sociales, l'impossibilité de mettre un terme à
cette situation avec les moyens actuels qui leur sont dévolus dans le
cadre de leurs compétences en dépit d'efforts financiers
importants et l'inadéquation d'un dispositif fiscal et social
conçu pour un pays développé,
Mme Lucette Michaux-Chevry, président du conseil
régional de la Guadeloupe, M. Antoine Karam, président
du conseil régional de la Guyane et M. Alfred Marie-Jeanne,
président du conseil régional de la Martinique, ont
souhaité "
bâtir un projet de développement
économique, social et culturel impliquant la prise en compte des
identités propres à chaque région
" et se sont
déclarés favorables à la création d'un
"
statut nouveau de région d'outre-mer
doté
d'un régime fiscal et social spécial pour la Guadeloupe, la
Guyane et la Martinique dans le cadre de la République française,
d'une part, et de l'Union européenne, d'autre part (article 299-2 du
Traité d'Amsterdam)
".
3. La volonté unanime d'un développement de la coopération régionale dans un cadre décentralisé
Les deux
missions ont permis de constater le souhait unanime d'un développement
de la coopération régionale, autant que possible dans un cadre
décentralisé, dans de nombreux domaines tels que le
contrôle de l'immigration, la justice, l'enseignement ou la culture.
Il apparaît, par exemple, qu'aucun résultat efficace ne pourra
être obtenu en matière de contrôle des flux migratoires sans
une coopération accrue avec les Etats voisins.
Tel est notamment le cas en Guyane, où une coopération avec le
Surinam, notamment dans le domaine sanitaire, est indispensable pour
réduire les problèmes actuellement posés par l'afflux de
ressortissants surinamiens qui provoque la saturation de l'hôpital de
Saint-Laurent-du-Maroni
26(
*
)
, du fait de
l'attrait des soins gratuits. De même, à Saint-Martin, en
l'absence de frontière matérialisée, le contrôle des
flux migratoires passe nécessairement par une coopération avec
les autorités de Sint-Marteen, la partie de l'île relevant des
Antilles néerlandaises.
Les magistrats rencontrés ont par ailleurs fait part de leur souhait
d'un développement de la coopération judiciaire encore trop
timide.
La coopération régionale s'inscrit naturellement dans des cadres
géographiques distincts suivant le département concerné.
- En Guyane, il s'agit prioritairement de développer les relations
avec les Etats voisins du continent sud-américain : le Surinam, le
Brésil (et plus particulièrement, au sein de ce pays, l'Etat
frontalier d'Amapa), le Guyana...
- Aux Antilles, la Martinique et la Guadeloupe souhaitent renforcer leurs
liens avec les autres îles de l'archipel caraïbe et participer aux
travaux des organisations internationales régionales, telles que
l'Association des Etats de la Caraïbe (AEC)
27(
*
)
, la Communauté caribéenne (CARICOM) et
l'Initiative du Bassin caribéen (CBI).
- A la Réunion, la coopération régionale s'oriente
soit vers les îles voisines (Maurice, Madagascar, Seychelles), soit vers
les Etats du pourtour de l'Océan indien, tels que, par exemple,
l'Afrique du Sud. Elle pourrait également passer par les organisations
internationales régionales. Or, si la Réunion participe aux
travaux de la Commission de l'Océan indien (COI) depuis 1996, elle ne
fait partie ni de la Communauté de développement d'Afrique
australe (SADC), ni du Marché commun d'Afrique australe et orientale
(COMESA).
Au-delà de la simple nécessité d'un développement
de la coopération régionale, les différents interlocuteurs
rencontrés au cours des deux missions ont souhaité que celle-ci
ne soit pas uniquement une prérogative de l'Etat mais qu'elle s'exerce
le plus souvent possible dans un
cadre décentralisé
. Les
présidents de conseil régional ou général aspirent
en effet à négocier directement, d'égal à
égal, avec les chefs d'Etat voisins, sans devoir passer
nécessairement par la métropole et par l'intermédiaire des
diplomates du Quai d'Orsay. Or, la coopération
décentralisée est actuellement limitée par la
compétence exclusive de l'Etat en matière de relations avec les
Etats étrangers, qui interdit en principe aux collectivités
territoriales de signer tout accord avec un Etat voisin, même dans des
domaines relevant de leurs compétences.
Soulignant la nécessité de renforcer la coopération de la
Martinique avec les acteurs économiques de la Caraïbe,
M. Camille Darsières, député de la Martinique, a
suggéré que les régions d'outre-mer
(représentées par leurs exécutifs) deviennent
elles-mêmes membres associés de l'Association des Etats de la
Caraïbe, en lieu et place de la France qui aurait un simple statut
d'observateur. Il a en effet expliqué que cette conception avait
été retenue par les Pays-Bas s'agissant des Antilles
néerlandaises.
M. Camille Darsières a également proposé que,
sans remettre en cause la souveraineté française, des conventions
de portée régionale puissent être négociées
par des élus et non par le préfet, perçu dans les
îles voisines indépendantes comme le "
représentant
d'une puissance coloniale
" ; la ratification de ces conventions
continuerait bien entendu de relever de la métropole.
Au cours de son entretien avec la mission sénatoriale,
M. Alfred Marie-Jeanne, député et président du
conseil régional de Martinique, a expliqué qu'il avait
été invité au Sommet des Etats de la Caraïbe et que
cette invitation avait été à l'origine d'un incident
diplomatique.
Soulignant l'importance des enjeux liés au développement de la
coopération régionale, Mme Lucette Michaux-Chevry,
sénateur et président du conseil régional de la
Guadeloupe, a également souhaité pouvoir signer des protocoles
d'accord avec les Etats de la Caraïbe.
M. Paul Vergès, sénateur et président du conseil
régional de la Réunion, a suggéré que l'on
s'inspire de ce qui avait été fait pour la Polynésie et la
Nouvelle-Calédonie pour permettre à la région de
négocier avec les Etats voisins.
Constatant que la situation actuelle nuisait à l'efficacité
même de la coopération, M. Michel Tamaya,
député-maire de Saint-Denis de la Réunion, a
proposé à la mission que les présidents de conseil
régional ou de conseil général puissent négocier
des traités ou des accords internationaux dans le cadre d'un mandat
fixé par le Gouvernement français et qu'ils puissent conclure des
"
arrangements administratifs
" dans les domaines de leur
compétence avec des Etats voisins ou des organisations
régionales ; ces propositions figurent dans le rapport
précité qu'il a remis au Gouvernement avec
M. Claude Lise.
B. LES PRINCIPALES MESURES ATTENDUES POUR FAVORISER LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL
Devant
l'ampleur des difficultés liées au chômage, les
interlocuteurs rencontrés au cours des deux missions considèrent
dans leur très grande majorité qu'une priorité doit avant
tout être donnée à l'action en faveur du
développement économique et social. Dans leur esprit, celle-ci
prend donc le plus souvent le pas sur d'éventuelles réformes
institutionnelles qui ne peuvent en tout état de cause suffire à
résoudre les graves difficultés actuelles.
Cette priorité correspond d'ailleurs aux aspirations des populations
concernées ; en effet, selon un sondage réalisé en
juillet 1999 à la demande du Gouvernement
28(
*
)
, 50 % des habitants des départements
d'outre-mer attendent en premier lieu de la loi d'orientation des moyens
nouveaux pour le développement économique et l'emploi, alors que
13 % seulement attendent en premier lieu un nouveau statut donnant plus de
responsabilités aux élus locaux.
Les mesures les plus fréquemment proposées en matière
économique et sociale consistent en des allégements de charges
sociales et fiscales destinées à améliorer la
compétitivité des entreprises.
1. Des allégements de charges sociales et fiscales pour une meilleure compétitivité
Constatant que les entreprises locales sont handicapées
par
la lourdeur de leurs charges sociales face à la concurrence de pays
voisins dont le niveau de salaires et de protection sociale est beaucoup plus
faible, les représentants des organismes socioprofessionnels
rencontrés au cours des deux missions ont dans leur ensemble
souhaité que soient renforcées et étendues les
exonérations de charges sociales et fiscales bénéficiant
aux entreprises des départements d'outre-mer, notamment à travers
le prolongement des mécanismes d'exonération sectoriels qui
résultent actuellement de la "
loi Perben
".
Par exemple, les représentants de la Chambre de commerce et d'industrie
de Guyane ont souhaité des mesures d'exonération temporaire
d'impôt sur le revenu ou d'impôt sur les sociétés, de
taxe professionnelle et de charges patronales de sécurité sociale
en faveur de toute création d'emploi réalisée au cours des
trois prochaines années.
De même, les représentants des Chambres consulaires de Martinique
ont souhaité prioritairement un allégement de charges sociales
pour parvenir à une meilleure compétitivité, constatant
que les coûts de main-d'oeuvre étaient cinq à six fois
inférieurs dans les îles voisines.
La contribution de la région Guadeloupe à la loi d'orientation
propose elle aussi un allégement des charges sociales pesant sur les
entreprises et notamment les plus petites.
Ainsi que le relève le rapport établi par la commission ad hoc
sur l'évolution statutaire constituée par le conseil
général de la Guadeloupe, l'allégement des charges
constitue une priorité pour les socio-professionnels de ce
département qui considèrent que les exonérations
sectorielles de charges sociales et fiscales devraient être
octroyées sur une période suffisamment longue (entre 5 et 10
ans), moyennant un engagement ferme de l'entreprise bénéficiaire
à maintenir le contrat de travail du salarié pendant une
période au moins équivalente à l'issue de la
période d'exonération.
A Saint-Martin, les socioprofessionnels demandent prioritairement à ce
qu'il soit mis fin aux distorsions de charges sociales et fiscales entre la
partie française et la partie hollandaise de l'île. Ils souhaitent
que les exonérations prévues par la loi Perben soient
étendues à tous les secteurs d'activité et
déplafonnées. Ils sont en outre opposés à une
limitation du champ d'application de ces exonérations aux entreprises de
moins de 10 salariés.
Présentant à la mission l'avis du conseil général
de la Réunion sur les orientations proposées par le Gouvernement
pour le projet de loi d'orientation sur l'outre-mer, M. Virapoullé,
premier vice-président, a souligné que devant la montée du
chômage et de l'exclusion, les groupes politiques du conseil
général avaient été unanimes à souhaiter que
la loi d'orientation s'attache prioritairement à l'action en faveur de
l'emploi et de la dignité. Selon lui, cette action passe d'abord par un
abaissement du coût du travail ; à cette fin, il a
souhaité une réduction des charges sociales pour les
11 premiers emplois de toutes les entreprises (afin d'éviter les
effets de seuil liés au dispositif d'exonération de charges
sociales en faveur des entreprises de moins de 11 salariés
proposé par le Gouvernement).
Considérant également qu'une priorité absolue devait
être accordée à l'emploi, l'avis du conseil régional
sur le document d'orientation du Gouvernement, remis à la mission
à l'occasion de sa visite au conseil régional, propose pour sa
part un dispositif d'exonération de charges sociales portant sur les
10 premiers salariés de toutes les entreprises de moins de
20 salariés, pour une période minimale de dix ans.
Après avoir souligné que le coût du travail est un obstacle
majeur à la compétitivité des entreprises
réunionnaises, les représentants des organismes
socio-professionnels de la Réunion ont également insisté
sur la nécessité d'assurer un prolongement aux dispositifs
d'exonération de charges sociales de la " loi Perben " en
faveur des secteurs exposés à une forte concurrence, tout en
veillant à éviter de créer des effets de seuil.
Le conseil général et le conseil régional de la
Réunion souhaitent en outre que soit mis en place un dispositif de
préretraite
contre embauche (à partir de 52 ans),
également proposé par le MEDEF Réunion.
Certains interlocuteurs souhaitent par ailleurs le développement de
zones franches
dans les DOM.
Cette proposition a par exemple été formulée par les
représentants de la Chambre de commerce et d'industrie de Guyane.
Selon les propositions de la région Guadeloupe, celle-ci devrait
être déclarée toute entière " zone
franche " en termes fiscaux et sociaux, et un régime fiscal
particulier devrait être élaboré.
A la Réunion, le conseil général, comme le conseil
régional, souhaitent que des mesures particulières soient prises
pour favoriser les exportations. Celles-ci pourraient notamment prendre la
forme de la création d' "
entreprises franches
"
(également proposée par le MEDEF-Réunion) ; il
s'agirait de faire bénéficier les entreprises tournées
vers une activité exportatrice, sous réserve d'un
agrément, de l'ensemble des mesures propres aux zones franches. Ce
concept d' " entreprise franche " est jugé plus pertinent
que les zones franches traditionnelles qui peuvent susciter des abus
(installation d'entreprises " boîtes aux lettres ", par
exemple).
M. Edmond Lauret, sénateur de la Réunion, souhaiterait
pour sa part étendre le dispositif actuel des emplois-jeunes aux
entreprises privées dans le secteur de l'export, du tourisme, du
logement social et de la formation professionnelle.
Par ailleurs, en matière fiscale, M. Camille Darsières,
député de la Martinique, regrettant que les départements
d'outre-mer ne bénéficient d'aucun retour sur les sommes
considérables engagées sur les jeux de hasard, a proposé
l'institution au profit des départements d'outre-mer d'un
prélèvement sur le produit des jeux de hasard afin de financer
l'habitat social.
M. Marcellin Lubeth, président du conseil général de
Guadeloupe, a également déploré que les
départements d'outre-mer ne bénéficient d'aucun retour sur
les sommes engagées sur les jeux de hasard.
Ainsi que le précise le document remis à la mission, le conseil
régional de la Réunion s'est déclaré favorable
à l'institution d'un prélèvement sur le produit des jeux
de hasard.
2. Des investissements à faciliter
Les
représentants des organismes socio-professionnels rencontrés lors
des deux missions ont en outre très fréquemment insisté
sur la nécessité de faciliter les investissements à
travers un mécanisme de
défiscalisation
permettant de
réduire le coût de la formation du capital.
Le bilan de la "
loi Pons
" est à cet égard
généralement jugé positif en dépit de certains
effets pervers et son maintien, ou son remplacement par un dispositif
équivalent, est souvent souhaité
29(
*
)
, à condition toutefois que l'on veille
à éviter les abus.
M. Camille Darsières, député de la Martinique, a par
exemple souhaité que l'on cesse de remettre en cause chaque année
la " loi Pons " et que celle-ci soit pérennisée pour 10
ou 20 ans pour sécuriser les investisseurs. De plus, afin que les
projets d'investissement correspondent à des besoins réels, il a
suggéré que, outre l'agrément de Bercy, l'agrément
de l'exécutif régional soit requis pour le bénéfice
de la défiscalisation.
Tout en soulignant qu'elle avait suscité des abus,
M. Claude Lise, sénateur et président du conseil
général de Martinique, a reconnu que la loi Pons avait eu des
effets positifs pour l'économie.
A Saint-Martin, où les effets pervers de la défiscalisation ont
fréquemment été soulignés, les socio-professionnels
souhaitent que l'agrément d'un projet de défiscalisation soit
désormais subordonné à la création d'emplois.
A la Réunion, pour réduire le coût de formation du capital,
le conseil général propose, se faisant écho des demandes
des organismes socio-professionnels, de "
restaurer une
défiscalisation efficace et ouverte à des secteurs
nouveaux
" (technologies nouvelles, biotechnologies).
Le conseil régional propose pour sa part la reconduction du dispositif
de défiscalisation actuel en corrigeant les effets pervers
constatés et en l'étendant aux investissements immatériels.
Se déclarant lui aussi favorable à un dispositif de
défiscalisation, notamment pour favoriser les exportations,
M. Michel Tamaya, député-maire de Saint-Denis de la
Réunion, a évoqué devant la mission le groupe de travail
mis en place par le Gouvernement pour mettre au point un dispositif de
substitution à la " loi Pons ".
Par ailleurs, les
difficultés d'accès au crédit
auxquelles se heurtent les petites et moyennes entreprises sont
fréquemment dénoncées par les représentants des
organismes socio-professionnels, qui soulignent également le
coût élevé du crédit
dans les DOM.
Dans sa contribution à la loi d'orientation, la région Guadeloupe
propose la mise en place d'un instrument local de financement institutionnel
des entreprises.
3. Une meilleure gestion des fonds publics et notamment des fonds européens
Chacun
s'accorde aujourd'hui à constater que le
volume considérable
des crédits publics
qui seront disponibles pour les
départements d'outre-mer dans les années à venir, compte
tenu des apports cumulés des contrats de plan Etat-région et des
fonds structurels européens, constitue un atout essentiel pour le
développement de ces départements.
Ainsi que l'a précisé M. Jean-Jack Queyranne,
secrétaire d'Etat à l'outre-mer, devant votre commission des Lois
à l'occasion de la présentation du projet de loi d'orientation
pour l'outre-mer, l'enveloppe financière consacrée
aux
contrats de plan
bénéficiant aux départements
d'outre-mer devrait atteindre
5,6 milliards de francs
pour la
période 2000-2006, auxquels viendront s'adjoindre
23 milliards
de francs
au titre des
fonds structurels
européens, ce qui
représentera
au total
, avec les concours locaux, une masse de
37 milliards de francs
disponible pour le développement
économique de ces départements.
Encore faut-il que ces crédits soient utilisés le plus
efficacement possible, ce qui n'est pas toujours le cas aujourd'hui, tout
particulièrement en ce qui concerne les crédits européens.
En effet, on constate à l'heure actuelle des difficultés à
programmer les opérations d'investissement et à mobiliser les
crédits correspondants. En particulier, la situation financière
des collectivités locales ne leur permet pas toujours de dégager
les " contreparties nationales " des programmes communautaires.
Cette situation aboutit à une insuffisance de projets éligibles
et en définitive à une
sous-consommation des crédits
communautaires
. En outre, les crédits européens, qui
transitent par le ministère des Finances, sont versés avec
retard, ainsi que l'a notamment souligné M. Michel Tamaya,
député-maire de la Réunion.
Il convient donc
d'améliorer la gestion et la consommation de ces
crédits
afin d'utiliser au mieux les ressources financières
disponibles pour la période 2000-2006.
M. Antoine Karam, président du conseil régional de Guyane, a
souhaité que les régions puissent gérer directement les
fonds européens, préoccupation partagée par de nombreux
élus.
Par ailleurs, la commune de Saint-Martin souhaiterait ne plus dépendre
de la Guadeloupe pour l'attribution des crédits du contrat de plan et
des fonds structurels européens, et donc bénéficier
d'enveloppes séparées dans la répartition de ces
crédits.
Par ailleurs, pour éviter les dérives liées à
l'assistanat et au travail au noir, un certain nombre d'interlocuteurs
proposent que la perception du
RMI
soit liée à l'exercice
d'une activité effective. Cette proposition figure notamment dans la
contribution de la région Guadeloupe à la loi d'orientation.
A la Réunion, le conseil général propose la mise en place
d'un Revenu minimum d'activité (RMA)
30(
*
)
, mesure incitatrice qui serait accordée
à tout bénéficiaire du RMI exerçant une
activité soit en tant que travailleur indépendant, soit en tant
que salarié occasionnel ; ce revenu minimum d'activité
assurerait une garantie de revenu minimum équivalente au RMI pendant
24 mois, une permanence des droits sociaux acquis pendant la même
période et un complément de revenu non imposable dans la limite
du SMIC.
Il souhaite en même temps l'alignement du RMI sur le niveau de la
métropole ; cette demande a également été
formulée à plusieurs reprises au cours des missions.
4. Une simplification des normes, des formalités et des contraintes administratives
La
nécessité d'une
adaptation des réglementations et
normes métropolitaines
aux réalités locales a
fréquemment été soulignée par les différents
interlocuteurs rencontrés.
Par exemple, en Guyane, l'application des normes de sécurité
métropolitaines interdit la construction d'établissements
scolaires en bois avec les matériaux locaux, ce qui entraîne des
coûts de construction très élevés soulignés
notamment par le maire d'Apatou : 180.000 F pour une salle de classe
et 270.000 F pour un logement d'instituteur de 40 m
2
.
Par ailleurs, des
simplifications administratives
sont
fréquemment souhaitées, notamment pour
faciliter
l'accès des petites entreprises aux marchés publics.
M. Richard Ho A Sim, président de la Chambre des métiers de
Guyane, a par exemple souligné la difficulté pour les artisans
d'accéder aux marchés publics dans la mesure où ils ne
sont généralement pas en règle avec les organismes fiscaux
et sociaux.
M. Michel Crispin, vice-président du Conseil économique et
social régional de Martinique, a considéré la " loi
Sapin " difficile à appliquer.
Plus nuancé, M. Anicet Turinay, député de la
Martinique, président de l'Association des maires, a jugé que la
" loi Sapin " fonctionnait aux Antilles, même si certaines
améliorations pouvaient lui être apportées.
Les représentants des chambres consulaires de Guadeloupe ont
particulièrement insisté sur la nécessité d'une
simplification des contraintes administratives ; la Chambre de commerce et
d'industrie a mené une expérience de recrutement de
" faciliteurs " pour aider les entreprises à créer des
emplois.
Les représentants de la Chambre des métiers de la Réunion
ont par ailleurs souhaité la mise en place d'un "
guichet
unique
" pour leurs démarches administratives, ainsi que le
propose le rapport Fragonard précité.
5. Une amélioration de la formation professionnelle et de l'apprentissage
Une
amélioration de la formation professionnelle apparaît
indispensable en raison de l'importance de la formation pour l'insertion
professionnelle des jeunes.
En particulier, les représentants des Chambres des métiers
entendus au cours des deux missions ont tous déploré les
déficiences actuelles de l'apprentissage dans les départements
d'outre-mer.
6. Une réforme du régime des surrémunérations
La
question des surrémunérations a très fréquemment
été abordée au cours des deux missions, en particulier par
les maires qui ont souligné le poids très lourd des
rémunérations des fonctionnaires pour les finances communales et
la difficulté, voire l'impossibilité, de titulariser les
nombreux contractuels
en raison du coût élevé du
régime de rémunération applicable aux titulaires. Cette
situation conduit en outre à interdire toute nouvelle embauche aux
collectivités locales, qui de ce fait, ne peuvent plus jouer le
rôle de soutien à l'emploi qu'elles remplissaient autrefois, ainsi
que l'a expliqué M. Jean-Claude Lafontaine, maire de Cayenne.
Cependant, les opinions sont partagées sur une éventuelle
suppression des surrémunérations. Dans l'immédiat, un
certain nombre d'interlocuteurs seraient favorables à la suppression de
la seule
prime d'éloignement
. Le conseil régional de la
Réunion a notamment pris position en faveur de la suppression de la
prime d'éloignement, ainsi que le précise le document remis
à la mission.
M. Anicet Turinay, député de la Martinique,
président de l'Association des maires, a insisté sur le
problème de la titularisation des agents non titulaires des communes,
expliquant qu'il serait possible de les titulariser en l'absence de
surrémunérations mais que devant le coût de la
rémunération d'un titulaire, les communes
préféraient actuellement avoir recours à des agents non
titulaires recrutés sur des contrats de trois mois renouvelables une
fois pour éviter d'avoir à payer une rémunération
majorée de 40 %.
A la Réunion, les représentants de l'Association des maires
entendus par la mission ont fait part de leurs préoccupations au sujet
des 11.600
journaliers communaux
, embauchés sans aucun
statut, qui demandent aujourd'hui leur intégration dans la fonction
publique territoriale. Or, les maires ne peuvent actuellement envisager leur
titularisation en raison de son coût prohibitif. Compte tenu de la
surrémunération de 53 %, ce coût atteindrait au total
plus d'un milliard de francs, selon une estimation de l'Association des maires,
et nécessiterait un doublement des impôts locaux.
Aussi, l'Association des maires de la Réunion propose-t-elle de
définir un statut particulier pour les journaliers communaux et de
reclasser ces personnels sur la base des rémunérations de la
fonction publique métropolitaine.
Par ailleurs, s'agissant de la fonction publique, un certain nombre
d'interlocuteurs ont souhaité que certains
concours
soient
régionalisés
pour permettre un recrutement local,
notamment en ce qui concerne les instituteurs.
C. LA NÉCESSITÉ D'UNE APPROCHE AU CAS PAR CAS : LES PROPOSITIONS SPÉCIFIQUES FORMULÉES PAR CHAQUE COLLECTIVITÉ
Au-delà des mesures susceptibles de bénéficier à l'ensemble des départements d'outre-mer, la grande diversité des situations locales a conduit chaque collectivité à élaborer des propositions d'évolutions institutionnelles spécifiques adaptées à leur situation particulière.
1. En Guyane
a) Les " Etats généraux du développement économique réel et durable " et le " Pacte de développement "
En
Guyane, une démarche originale a conduit à la présentation
conjointe par le conseil général et le conseil régional de
propositions communes sous la forme d'un document d'orientation intitulé
"
Pacte de développement pour la Guyane
".
Dans un premier temps, à la suite des graves troubles survenus en 1996,
se sont tenus, d'avril à décembre 1997, des "
Etats
généraux du développement économique réel et
durable
" qui ont réuni l'ensemble des représentants de
la société guyanaise dans sa diversité en associant
l'Etat, les élus politiques, les socioprofessionnels, les syndicats de
salariés, le monde associatif, les partis politiques et les
autorités coutumières. Ces Etats généraux ont
donné lieu à la rédaction de sortes de "
cahiers
de doléances
"
31(
*
)
sur
l'ensemble des problèmes auxquels est confronté le
développement de la Guyane tant sur le plan social, culturel,
économique, administratif que politique, qui ont été
rassemblés dans un rapport final mis au point en janvier 1998.
Le conseil régional et le conseil général, qui ont chacun
pris acte de ce rapport final par délibération, ont jugé
nécessaire qu'il soit le point de départ et le cadre de
référence privilégié d'une réflexion sur
l'avenir de la Guyane. Ils ont à cette fin constitué une
commission ad hoc mixte composée de 8 conseillers
généraux et de 8 conseillers régionaux
chargée d'élaborer un document d'orientation consensuel.
Finalisé en décembre 1998, ce document d'orientation
intitulé "
Pacte de développement pour la
Guyane
" a été approuvé à une très
large majorité par le conseil régional et le conseil
général réunis le 27 février 1999.
Ce "
Pacte de développement
" propose la
création d'une nouvelle collectivité territoriale de Guyane se
substituant aux actuels région et département
. Cette nouvelle
collectivité serait dotée d'une
assemblée
"
qui règle par ses délibérations les affaires de
la collectivité, et pourvue également d'un pouvoir
législatif et réglementaire local autonome
", d'un
conseil exécutif
responsable devant l'assemblée, de
conseils consultatifs
dans les domaines socio-économiques et
culturels et d'un
conseil coutumier
. Les communes seraient
maintenues ; seraient en outre créées différentes
provinces
dotées d'une organisation propre.
La nouvelle collectivité de Guyane se verrait transférer des
compétences
actuellement détenues par l'Etat dans les
domaines suivants : "
développement
économique
" (gestion des ressources naturelles,
coopération régionale, fiscalité et système
financier...), culture, sport, action sanitaire et sociale, éducation,
"
domaine politique et administratif territorial
"
(réglementation territoriale, fonction publique territoriale...),
aménagement du territoire (maîtrise du foncier jusqu'ici
détenu par l'Etat, transports et voies de communication, énergie,
gestion de l'eau...). Ce transfert de compétences s'accompagnerait de
transferts de moyens financiers et administratifs.
L'Etat conserverait ses compétences en matière de justice, de
défense, d'industrie spatiale et de monnaie ; il continuerait
à assurer le contrôle administratif et le respect des lois.
Enfin, certaines compétences seraient partagées entre l'Etat et
la nouvelle collectivité : l'organisation judiciaire (droit
coutumier et adaptation de la justice aux situations locales), la
sécurité civile, la réglementation et le contrôle de
l'immigration, l'enseignement du premier degré et du second
degré, l'enseignement supérieur et la recherche.
Le "
Pacte de développement
" demande par ailleurs
l'adoption d'une loi de programme en faveur de la Guyane.
Il est à noter que depuis l'adoption du "
Pacte de
développement
", des rencontres désormais
régulières ont lieu entre les deux assemblées de Guyane,
préfigurant la création du
Congrès
proposé
par le Gouvernement dans le projet de loi d'orientation pour l'outre-mer.
b) La proposition de création d'un second département dans l'ouest guyanais
M. Léon Bertrand, député-maire
de
Saint-Laurent-du-Maroni, a pour sa part pris position en faveur de la
création d'un second département dans l'ouest guyanais
32(
*
)
.
Il a en effet déposé une proposition de loi en ce sens à
l'Assemblée nationale
33(
*
)
afin de
remédier au déséquilibre résultant selon lui de la
centralisation administrative à Cayenne, au détriment des autres
communes, notamment celles de l'ouest.
Selon l'exposé des motifs de cette proposition de loi, la
création d'un second département répondrait aux
préoccupations suivantes :
- reconnaître la réalité économique et
démographique de deux régions bien distinctes ;
- renforcer l'efficacité de l'administration en créant un
centre de décision plus proche des réalités du terrain (la
Guyane étant le seul département français dont la
sous-préfecture se trouve à presque 300 km d'un chef-lieu ne
pouvant être atteint par les administrés que par une route
difficile ou par voie aérienne).
- "
mettre fin à l'absurdité d'une région
monodépartementale et permettre ainsi l'application rationnelle de la
loi portant création des régions
".
2. En Martinique et en Guadeloupe
En Martinique et en Guadeloupe, le débat institutionnel gravite le plus souvent autour de la question d'une assemblée unique , la superposition d'un conseil général et d'un conseil régional sur des territoires exigus suscitant des interrogations.
a) En Martinique
M. Camille Darsières, député de
la
Martinique, a rappelé à la mission qu'au moment de la
création des régions, l'idée de la création d'une
grande région Antilles-Guyane était apparue utopique et qu'on
aurait pu alors imaginer de doter le conseil général des
attributions et des ressources des régions, et donc d'instituer une
assemblée unique élue par cantons. Le processus
suggéré par le rapport Lise-Tamaya, à savoir la
création d'un Congrès, regroupement des deux assemblées en
place, lui est apparu "
une formule prudente, à
peaufiner
".
Soulignant que la coexistence de deux assemblées était source de
conflits, de gaspillages et d'effets pervers "
en érigeant le
système du doublon en système institutionnel
",
M. Alfred Marie-Jeanne, député et président du
conseil régional de Martinique, a plaidé pour l'institution d'une
assemblée régionale unique élue à la
représentation proportionnelle, ce nouveau cadre institutionnel
étant soumis à une consultation de la population.
M. Claude Lise, sénateur et président du conseil
général de Martinique, a estimé que si l'on ne pouvait pas
aboutir à une assemblée unique qui serait la solution la plus
rationnelle mais peut-être pas la plus opportune, il faudrait tout au
moins créer un pont entre les deux assemblées sous la forme d'un
Congrès
pour assurer un minimum de cohérence. Il a
souhaité que les populations concernées soient consultées
par un référendum local avant un éventuel changement de
statut.
b) En Guadeloupe
En
Guadeloupe, il existe déjà une
commission mixte informelle
entre le conseil général et le conseil régional
, qui a
notamment travaillé à l'élaboration du contrat de plan.
La région Guadeloupe, dans sa contribution à la loi d'orientation
remise à la mission, suggère que si un Congrès est
institué, ses compétences soient étendues à la
programmation, l'aménagement du territoire, la politique de la
ville ; il serait en outre consulté sur les projets de textes
concernant l'outre-mer et pourrait proposer des modifications aux textes
spécifiques à l'outre-mer.
Le conseil général a constitué une "
commission ad
hoc sur l'évolution statutaire de la Guadeloupe
",
présidée par M. Jean-Claude Malo.
Le rapport établi par cette commission en 1999 préconise
l'abandon du système bicaméral, déplorant en particulier
les interventions concurrentes des deux assemblées dans des secteurs
tels que le tourisme, les transports, l'environnement et le logement, ainsi que
l'absence de complémentarité dans les projets d'investissement,
au détriment de la cohérence de l'action publique locale et de la
crédibilité des élus locaux.
Il propose donc une nouvelle organisation politique et administrative
s'articulant autour "
d'une seule assemblée exécutive
forte issue d'une seule assemblée aux pouvoirs
élargis
". Cette assemblée unique cumulerait les
compétences du conseil général et du conseil
régional, ainsi que de nouvelles compétences en matière
d'organisation des transports, d'exploitation des ressources
énergétiques et des ressources maritimes, d'éducation
(carte scolaire, répartition des emplois d'enseignants) et de
coopération régionale. Son exécutif serait le
représentant de la France dans toutes les négociations de niveau
régional impliquant la Guadeloupe et un autre pays de la Caraïbe.
M. Albert Dorville, président de l'Association des maires de
Guadeloupe, s'est également déclaré favorable à
l'institution d'une assemblée unique regroupant les compétences
des deux assemblées actuelles et dotée de nouvelles
compétences, notamment en matière de coopération
régionale et de relations avec l'Union européenne.
3. A Saint-Martin et Saint-Barthélémy
Les représentants de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy considèrent que le statut de droit commun de commune du département de la Guadeloupe est inadapté aux spécificités de leurs îles, qui ont été évoquées dans la première partie du présent rapport. Cependant, leurs souhaits d'évolution statutaire prennent des formes quelque peu différentes.
a) A Saint-Martin
Les
élus de Saint-Martin souhaitent une évolution statutaire
permettant de parvenir à une
plus grande autonomie
administrative
et financière vis-à-vis de la Guadeloupe et à des
adaptations de la législation
et de la réglementation
métropolitaines aux spécificités de l'île, notamment
en matière de fiscalité et en ce qui concerne l'éducation
(prise en compte du bilinguisme) ou la santé (carte sanitaire).
Pour autant, la forme de cette évolution n'est pas clairement
déterminée, ainsi que le souligne le rapport établi
à la demande du Gouvernement par M. François Seners en
décembre 1999
34(
*
)
.
La proposition de loi présentée au Sénat en juin 1997
par MM. François Blaizot, Jacques Larché et Mme Lucette
Michaux-Chevry
35(
*
)
, qui prévoyait la
possibilité pour la commune d'exercer par convention certaines
compétences relevant normalement du département, de la
région et de l'Etat, et qui tendait à procéder à
une clarification du régime douanier et fiscal applicable, est
citée comme une piste intéressante, même si elle est
perçue comme insuffisante.
Par ailleurs, la commune a fait étudier diverses hypothèses de
transformation de Saint-Martin en collectivité territoriale à
statut particulier.
Cependant, il est à souligner que la situation financière de la
commune ne lui permet pas d'envisager de se passer de l'apport des
crédits régionaux, nationaux et européens.
En outre, l'évolution statutaire de la partie française ne peut
être envisagée indépendamment de celle de la partie
hollandaise avec laquelle un développement de la coopération
administrative apparaît en tout état de cause indispensable.
b) A Saint-Barthélémy
Les
représentants de Saint-Barthélémy souhaitent obtenir un
statut d'autonomie administrative et fiscale au sein de la République.
Aussi aspirent-ils à une
transformation de l'île en une
collectivité territoriale à statut particulier ou un territoire
d'outre-mer
, hypothèses d'ailleurs toutes les deux
évoquées dans le rapport précité de
M. François Seners.
Le conseil général de la Guadeloupe a approuvé, le
29 janvier 1998, une proposition de loi élaborée par sa
commission chargée du suivi de l'évolution statutaire de
Saint-Barthélémy, tendant à ériger cette île
en collectivité territoriale à statut particulier.
Par ailleurs, la commune a fait étudier un projet d'évolution
statutaire de Saint-Barthélémy vers un territoire d'outre-mer.
Faisant valoir que la commune exerce d'ores et déjà les
compétences du département en gérant notamment le port,
l'aéroport, le collège et le centre de secours,
M. Bruno Magras, maire de Saint-Barthélémy, souhaite
que ces compétences soient transférées à la commune.
Il demande en outre l'obtention d'une dérogation à la carte
sanitaire de la Guadeloupe afin de permettre la construction à
Saint-Barthélémy d'une clinique qui permettrait de traiter sur
place les urgences sanitaires et d'éviter aux habitantes d'avoir
à quitter l'île pour les accouchements.
L'autonomie fiscale de Saint-Barthélémy pourrait être
assurée grâce à la création de ressources nouvelles
à travers la mise en place de nouvelles taxes locales, dont en
particulier une taxe de séjour
36(
*
)
et
une taxe locale sur les carburants. Les ressources financières de
l'île seraient en effet suffisantes pour lui permettre de se passer des
crédits provenant actuellement de la région (essentiellement
l'octroi de mer) et de ceux des fonds structurels européens auxquels
elle ne serait plus éligible dans l'hypothèse d'une
transformation en TOM.
4. A la Réunion
A la
Réunion, de l'avis de tous, une priorité absolue doit aujourd'hui
être accordée à l'emploi. Les questions institutionnelles
passent donc au second plan.
Une modification du statut du
département d'outre-mer n'est pas souhaitée, pas plus que la
création d'un Congrès réunissant les deux
assemblées
.
Le débat institutionnel se focalise essentiellement autour du projet de
division de l'île en deux départements et, à un moindre
degré, des propositions de redécoupage des communes et des
cantons.
a) Le projet de " bidépartementalisation "
Les cinq
députés de la Réunion se sont prononcés, toutes
tendances confondues, en faveur de la
création d'un deuxième
département
"
conçu comme la réponse à
un aménagement équilibré du territoire et au
développement de l'île
", selon les termes d'un courrier
qu'ils ont adressé en novembre 1999 au Premier ministre.
En particulier, M. André Thien Ah Koon, député-maire
du Tampon, a plaidé devant les membres de la mission pour la
création d'un deuxième département dans le sud de
l'île sur la base d'un argumentaire mettant en évidence les
déséquilibres croissants entre le nord et le sud, qui ont
été évoqués dans la première partie du
présent rapport.
Selon lui, la création de ce deuxième département
permettrait de corriger ces déséquilibres en instaurant un second
pôle de développement dans le sud, car elle aurait un effet
d'entraînement direct et indirect sur l'ensemble de l'économie, et
par conséquent, sur l'emploi, à travers le redéploiement
des services extérieurs de l'Etat.
En outre, elle pourrait s'inscrire dans la perspective de la création
à terme d'une grande
région
française
de
l'Océan Indien
incluant les deux futurs départements de la
Réunion, Mayotte, les Terres australes et antarctiques françaises
et les Iles éparses.
M. Claude Hoarau, député-maire de Saint-Pierre, a
également défendu l'idée de la création d'un second
département qui permettrait un rééquilibrage au profit du
sud en mettant fin à l'actuelle concentration des services à
Saint-Denis.
Il a en outre évoqué, comme M. André Thien Ah Koon,
l'idée d'une grande région de l'Océan Indien.
Pour autant,
le projet
de création d'un second département
ne fait pas l'unanimité
parmi les élus de la
Réunion.
Après avoir insisté sur la priorité absolue à
donner à l'action en faveur de l'emploi, M. Jean-Luc Poudroux,
président du conseil général, a déclaré
devant la mission qu'il n'était pas persuadé que la
bidépartementalisation constitue une priorité, un
redécoupage des communes et des cantons constituant en tout état
de cause un préalable.
Certes, le conseil régional avait approuvé majoritairement, le 14
janvier 2000, le principe de la création d'un second département,
mais dans le cadre d'une réorganisation administrative
générale intégrant un nouveau découpage communal,
cantonal et départemental.
Au sein du conseil général et du conseil régional, nombre
d'élus, parmi lesquels ceux du groupe " UDF-La
Relève ", sont opposés au principe de la
bidépartementalisation.
Le sénateur Edmond Lauret y est également défavorable.
Les socioprofessionnels doutent qu'elle puisse constituer un moteur de
développement.
Se pose en outre la
question délicate du découpage
des
deux futurs départements.
Les réalités géographiques conduisent à prendre
comme base la chaîne montagneuse séparant l'île en deux
parties. Les arrondissements de Saint-Denis et de Saint-Benoît pourraient
constituer le département du nord et ceux de Saint-Paul et de
Saint-Pierre le département du sud.
Cependant, la question du rattachement de la zone du Port et de la Possession,
importante sur le plan économique, fait notamment l'objet d'un
débat. L'avant-projet de loi d'orientation pour l'outre-mer
prévoyait le rattachement des communes du Port et de la Possession
à un futur département du sud. Toutefois, à la suite de
l'avis défavorable émis par le conseil général
comme par le conseil régional sur cet avant-projet, le Gouvernement a
modifié ce découpage dans le projet de loi déposé
à l'Assemblée nationale, qui fait désormais figurer les
communes du Port et de la Possession dans un futur département du
nord.
b) Les demandes de redécoupage des communes et des cantons
Pour un
certain nombre d'élus, la création éventuelle d'un second
département doit s'accompagner d'un redécoupage des communes et
des cantons afin de tenir compte de l'accroissement de la population.
M. André Thien Ah Koon, député-maire du Tampon, a en
effet fait valoir que la Réunion, qui ne compte que 24 communes en
tout, a un maire pour 29.000 habitants contre un maire pour
1.500 habitants en métropole, les départements à
population équivalente en métropole comptant plusieurs centaines
de communes. Il a jugé cette situation préjudiciable à la
proximité des élus vis-à-vis de la population et donc
à la démocratie locale.
M. Jean-Louis Lagourgue, président de l'Association des maires, a
également souligné les difficultés de la gestion de
communes trop étendues. Les représentants de l'Association des
maires entendus par la mission ont indiqué que ceux-ci étaient
majoritairement favorables à un redécoupage.
Trois communes ont d'ores et déjà engagé des
procédures en ce sens (Saint-Leu, Saint-Louis et Cilaos) ; il
existe en outre des projets de découpage à Saint-Pierre et au
Tampon.
Les membres de la mission ont fait observer que ces demandes n'allaient pas
dans le sens de l'évolution constatée en métropole
où l'on s'oriente plutôt vers un regroupement des communes
à travers le développement de l'intercommunalité. Ils ont
néanmoins constaté que le droit actuel permettait d'ores et
déjà aux communes d'engager des procédures de
découpage.
Les représentants de l'Association des maires entendus par la mission
considèrent cependant que la procédure résultant du droit
actuel, qui entraîne la dissolution du conseil municipal et
l'organisation de nouvelles élections, pose un certain nombre de
difficultés concernant par exemple l'affectation du personnel, la
répartition des dettes, les ressources et les obligations des nouvelles
communes...
Soulignant que le découpage des communes relève de l'initiative
des maires, M. Paul Vergès, sénateur et
président du conseil régional, a pour sa part
considéré qu'il convenait d'éviter une atomisation des
communes et qu'il faudrait parvenir à des communes de 20.000 à
30.000 habitants en 2025.
*
* *
CONCLUSION
Au terme
de leur déplacement dans les départements d'outre-mer, les
membres des deux missions constituées par la commission des Lois du
Sénat, constatant la très grande diversité des situations
locales, soulignent la nécessaire prise en compte des
spécificités et de l'identité culturelle de chaque
département, ce qui peut conduire à envisager des
évolutions différenciées pour chacun de ces
départements, voire même, le cas échéant, au sein de
chaque département. Selon l'expression de votre rapporteur pour avis sur
les crédits des départements d'outre-mer,
M. José Balarello, le "
cousu main
" semble
s'imposer en la matière.
Sans remettre en cause les acquis de la départementalisation, qui a
permis des progrès incontestables depuis 1946, une plus grande autonomie
et un approfondissement de la décentralisation doivent être
recherchés pour répondre aux légitimes aspirations des
élus à l'exercice de responsabilités accrues au niveau
local, notamment dans le domaine de la coopération régionale pour
permettre une meilleure insertion des départements d'outre-mer dans leur
environnement géographique.
Les nécessaires évolutions institutionnelles ne doivent cependant
pas cacher la primauté à accorder au développement
économique et à l'emploi, devant l'ampleur des difficultés
économiques et sociales auxquelles sont aujourd'hui confrontés
les départements d'outre-mer.
A cet égard, la masse considérable des fonds publics,
émanant des contrats de plan Etat-Région comme des fonds
structurels européens, qui seront disponibles pour les
départements d'outre-mer au cours des prochaines années,
constitue indéniablement un atout pour le développement
économique de ces départements ; encore faut-il veiller
à ce qu'ils soient utilisés le plus efficacement possible.
Intervenant à un moment où la départementalisation est
"
à la recherche d'un second souffle
", ainsi que l'a
déclaré le Président Jacques Larché au cours
de la mission de septembre 1999, le projet de loi d'orientation
aujourd'hui soumis au Parlement suscite de très fortes attentes parmi
les populations concernées. Il faut donc souhaiter que cette occasion ne
soit pas manquée et qu'à l'issue de son examen parlementaire, ce
texte permette de donner un nouvel élan au développement des
départements d'outre-mer.
*
* *
ANNEXES
_____
Annexe 1
: Programme de la mission d'information
de la
commission des Lois en Guyane, Martinique et Guadeloupe du 12 au
23 septembre 1999
Annexe 2
: Liste des personnes entendues au cours de la mission
d'information de la commission des Lois en Guyane, Martinique et Guadeloupe du
12 au 23 septembre 1999
Annexe 3
: Programme de la mission d'information de la commission
des Lois à la Réunion du 12 au 15 janvier 2000
Annexe 4
: Liste des personnes entendues au cours de la mission
d'information de la commission des Lois à la Réunion du 12 au 15
janvier 2000
ANNEXE 1
programme de la mission d'information
de la commission des
lois37(
*
)
en guyane, martinique et guadeloupe
du 12
au 23 septembre 1999
Dimanche 12 septembre |
|
11 h 10 |
départ de Paris |
15 h 20 |
arrivée à Cayenne
|
17 h 30 à 19h30 |
visite de Cayenne |
Lundi 13 septembre |
|
8 h 00 à 9 h 00 |
entretien avec M. Henri Masse, préfet de la région Guyane (Préfecture) |
9 h 10 à 10 h 00 |
entretien avec M. Jean-Claude Lafontaine, maire de Cayenne, et plusieurs membres du conseil municipal (Mairie de Cayenne) |
10 h 10 à 12 h 15 |
entretiens avec M. André Lecante, président du conseil général et avec M. Antoine Karam, président du conseil régional, en présence des membres des commissions permanentes du conseil général et du conseil régional (Hôtel du département) |
13 h 00 |
déjeuner à l'invitation de M. Georges Othily en présence des présidents du MEDEF, des PME-PMI, des présidents des Caisses de sécurité sociale et d'allocations familiales, ainsi que des directeurs de la BNP Guyane et de la Banque française commerciale (BFC). |
16 h 00 à 17 h 00 |
entretien avec M. Jean-Pierre Prevot, président de la Chambre de commerce et plusieurs membres de la chambre (Chambre de commerce et d'industrie) |
17 h 15 à 18 h 00 |
entretien avec M. Patrick Labranche, président de la Chambre d'agriculture et plusieurs membres de la chambre (Chambre d'agriculture) |
18 h 10 à 19 h 00 |
entretien avec M. Richard Ho A Sim, président de la Chambre des métiers et plusieurs membres de la chambre (Chambre des métiers) |
20 h 00 |
dîner avec le corps préfectoral (résidence du préfet à Bourda) |
Mardi 14 septembre |
|
9 h 00 à 10 h 15 |
entretiens avec M. F. Creze, président de la chambre détachée de la Cour d'appel, M. J. Fahet, président du TGI et Mme A. Kayanakis, procureur de la République (Palais de Justice) |
10 h 30 à 11 h 15 |
entretien avec M. Jean-Pierre Roumillac, président de l'Association des maires de Guyane (Mairie de Matoury) |
11 h 20 |
départ pour Iracoubo |
13 h 30 à 15 h 30 |
déjeuner à Iracoubo |
15 h 30 à 16 h 30 |
visite
de la commune d'Iracoubo
|
16 h 30 |
départ pour Saint-Laurent-du-Maroni |
18 h 00 à 19 h 00 |
entretiens avec M. Léon Bertrand,
député-maire de Saint-Laurent-du-Maroni et plusieurs membres du
conseil municipal
|
21 h 00 |
dîner à l'invitation de M. Léon Bertrand en compagnie de représentants municipaux et socio-professionnels |
|
|
Mercredi 15 septembre |
|
7 h 30 |
embarquement en pirogue pour Apatou |
10 h 00 à 12 h 00 |
entretien avec M. François Fati, maire d'Apatou et
visite de
la commune
|
12 h 00 à 14 h 00 |
déjeuner à Apatou |
14 h 00 |
embarquement en pirogue pour le retour à Saint-Laurent-du-Maroni |
17 h 30 |
départ de Saint-Laurent-du-Maroni pour Cayenne |
20 h 30 |
arrivée à Cayenne |
Jeudi 16 septembre |
|
7 h 00 |
départ pour Kourou |
8 h 00 à 8 h 45 |
entretien avec M. Putcha, premier adjoint du
|
9 h 00 à 12 h 00 |
visite du Centre spatial guyanais (CSG) à Kourou et entretien avec le directeur du centre |
12 h 00 à 14 h 00 |
déjeuner offert par le CSG |
14 h 15 |
départ de Kourou pour Cayenne |
16 h 30 à 17 h 30 |
point de presse |
17 h 30 |
départ de la Préfecture pour l'aéroport |
19 h 30 |
départ pour Fort-de-France |
20 h 40 |
arrivée à Fort-de-France |
|
|
Vendredi 17 septembre |
|
8 h 15 à 9 h 00 |
entretien avec M. Aimé Césaire, maire de Fort-de-France (Mairie de Fort-de-France) et M. Camille Darsières, député |
9 h 15 à 11 h 30 |
entretien avec M. Alfred Marie-Jeanne, député, président du conseil régional (Hôtel de Région) en présence de membres du conseil régional |
11 h 30 à 12 h 45 |
entretien avec M. Claude Lise, sénateur, président du conseil général (Hôtel du département) |
12 h 45 |
départ pour la villa départementale " Chanteclerc " |
13 h 00 |
déjeuner avec les membres de la Commission permanente du conseil général |
15 h 45 |
départ pour la Cour d'appel |
16 h 00 |
entretien avec MM. Finielz et Audouard, procureur général et premier président de la Cour d'appel de Fort-de-France |
17 h 00 |
entretien avec M. Anicet Turinay, député, président de l'Association des maires (Préfecture) |
Samedi 18 septembre |
|
9 h 00 à 10 h 30 |
entretiens avec les présidents des chambres consulaires : M. de Gentile, président de la Chambre de commerce et d'industrie, M. Cayol, président de la Chambre des métiers et M. Ovide-Etienne, président de la Chambre d'agriculture (Préfecture) |
10 h30 |
entretien avec M. Michel Crispin, vice-président et la Commission permanente du Conseil économique et social régional (Hôtel de Région) |
11 h30 |
entretien avec M. Serge Ménil, président du Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement et plusieurs membres du conseil (Hôtel de Région) |
12 h 30 |
entretien avec M. Patrick Férin,
secrétaire
général pour les affaires économiques et
régionales, représentant M. le Préfet de région
(Préfecture)
|
|
|
15 h 30 |
départ pour Pointe à Pitre |
16 h 10 |
arrivée à Pointe à Pitre
|
|
|
Dimanche 19 septembre |
|
7 h 45 |
embarquement pour Marie-Galante |
9 h 00 |
arrivée à Marie-Galante |
9 h - 12 h 00 |
visite de l'île en compagnie de M. Benoît Camboulin, maire de Capesterre de Marie-Galante (fabrique Murat, moulin à canne, éoliennes) |
13 h 00 |
déjeuner avec les élus de l'île |
15 h 30 |
embarquement pour Pointe-à-Pitre |
Lundi 20 septembre |
|
7 h 30 |
départ pour Basse-Terre |
9 h 00 |
petit-déjeuner avec M. Jean-François Carenco, préfet de la région Guadeloupe (résidence préfectorale de Saint-Claude) |
10 h 10 |
séance du conseil régional sous la présidence de Mme Lucette Michaux-Chevry, sénateur, présidente du conseil régional, maire de Basse-Terre (Hôtel de la Région) |
11 h 20 |
entretien avec M. Marcellin Lubeth, président du conseil général (Hôtel du département) |
12 h 30 |
déjeuner offert par Mme Lucette Michaux-Chevry en présence des autres parlementaires de Guadeloupe (M. Dominique Larifla, sénateur, MM. Ernest Moutoussamy, Philippe Chaulet, Léo Andy, Daniel Marsin, députés), de membres du conseil régional et de représentants socio-économiques |
15 h 30 |
entretien avec M. Albert Dorville, président de l'Association des maires (Préfecture) |
15 h 45 |
réunion avec les présidents des chambres
consulaires :
|
17 h 00 |
réunion avec des magistrats :
|
18 h 00 |
rencontre avec la presse (Préfecture) |
Mardi 21 septembre |
|
8 h 30 |
départ pour Saint-Martin |
9 h 30 |
arrivée à Saint-Martin - accueil par M. David Julliard, sous-préfet des Iles du Nord |
10 h 00 à 12 h 00 |
entretiens à la mairie de Saint-Martin avec :
|
15 h 00 |
entretiens avec les représentants des associations socio-professionnelles |
16 h 30 |
tour de l'île en compagnie de plusieurs représentants de ces associations (y compris partie hollandaise) |
Mercredi 22 septembre |
|
10 h 30 |
départ pour Saint-Barthélémy |
10 h 40 |
arrivée à Saint-Barthélémy |
11 h 30 à 13 h 00 |
entretiens à la mairie de
Saint-Barthélémy avec
- M. Bruno Magras, maire ;
|
15 h 00 |
entretiens avec les représentants des associations socio-professionnelles |
Jeudi 23 septembre |
|
|
|
14 h 00 |
départ pour l'aéroport
|
ANNEXE 2
Liste des personnes entendues au cours de la mission
d'information de la commission des lois 38(
*
)
en guyane,
martinique et guadeloupe
du 12 au 23 septembre 1999
(par ordre
chronologique)
I -
GUYANE
Préfecture
- M. Henri MASSE, préfet de la région Guyane
Commune de Cayenne
- M. Jean-Claude LAFONTAINE, maire
Conseil général
- M. André LECANTE, président, et les membres de la
commission permanente
Conseil régional
- M. Antoine KARAM, président, et les membres de la commission
permanente
Chambre de commerce et d'industrie
- M. Jean-Pierre PRÉVOT, président
- M. Alex WEIMERT, 1er vice-président
- M. Jean-Paul LEPELLETIER, 2
ème
vice-président
- M. Jean-Marc FILLIEULE, directeur général
- Mme Marie-Joseph PINVILLE, directeur du développement
Chambre d'agriculture
- M. Patrick LABRANCHE, président
- M. Ernest PREVOT, 1
er
vice-président
- M. Luc JULAN, 2
ème
vice-président
- M. François BOURLIER, secrétaire adjoint
- M. Daniel BEREAU, directeur
Chambre des métiers
- M. Richard HO A SIM, président
- Mme Lydie JEAN-ELIE, 1
er
vice-président
- M. Alex LASHLEY, 2
ème
vice-président
- M. Jean-Pierre ADAINE, trésorier
- M. Eric DONATIEN, directeur des services
Magistrats
- M. F. CREZE, président de la chambre
détachée de la cour d'appel
- M. J. FAHET, président du tribunal de grande instance
- Mme A. KAYANAKIS, procureur de la République
Association des Maires
- M. Jean-Pierre ROUMILLAC, président, maire de Matoury
Sous-Préfecture de Saint-Laurent du Maroni
- M. Jean-Luc QUINIO, sous-préfet
Commune de Saint-Laurent du Maroni
- M. Léon BERTRAND, député-maire
Commune d'Apatou
- M. François FATI, maire
Commune de Kourou
- M. PUTCHA, 1
er
adjoint de M. ANTOINETTE, maire de Kourou
- M. Francis GRIL, conseiller municipal
Centre spatial guyanais (CSG)
- M. Michel MIGNOT, directeur du CSG
- M. Charles VINCENT, directeur d'Ariane Espace
- M. LE GUERN, directeur de l'ESA
II - MARTINIQUE
Commune de Fort-de-France
- M. Aimé CÉSAIRE, maire, accompagn&eacut
e; de M. Camille DARSIÈRES, député
Conseil régional
- M. Alfred MARIE-JEANNE, président
- M. DUVILLE
- Mme CARIUS
- M. N'GUELA
- M. MALSA
Conseil général
- M. Claude LISE, sénateur, président du conseil
général
Association des maires
- M. Anicet TURINAY, député, président de
l'association des maires
Magistrats
- M. AUDOUARD, premier président de la Cour d'appel
- M. FINIELZ, procureur général près la Cour d'appel
Chambre de commerce et d'industrie
- M. de GENTILE, vice-président
Chambre d'agriculture
- M. Guy OVIDE-ETIENNE, président
Chambre des métiers
- M. Christian CAYOL, président
Conseil économique et social régional (CESR)
- M. Michel CRISPIN, vice-président et les membres de la commission
permanente
Conseil de la culture, de l'éducation et de l'environnement
- M. Serge MENIL, président
Préfecture
- M. Patrick FÉRIN, secrétaire général pour
les affaires économiques et régionales, représentant le
préfet de région
III - GUADELOUPE
Préfecture
- M. Jean-François CARENCO, préfet de la région
Guadeloupe
Conseil régional
- Mme Lucette MICHAUX-CHEVRY, sénateur, présidente du
conseil régional, maire de Basse-Terre, et les membres du conseil
régional
Conseil général
- M. Marcellin LUBETH, président
Association des maires
- M. Albert DORVILLE, président
Chambre de commerce et d'industrie
- M. Félix CLAIRVILLE, président de la CCI de Pointe
à Pitre
- M. Jacques GARRETA, directeur général de la CCI de Pointe
à Pitre
- M. Jean-Claude BAPTISTIDE, directeur général de la
CCI de Basse-Terre
- M. Jean-Jacques FAYEL, président de la CCI de Basse-Terre
Chambre des métiers
- M. Serge NIRELEY
- M. Maurice SONGEONS, président
Chambre d'agriculture
- M. Luis MATHURIN, secrétaire général adjoint
- M. Christian KANCEL, vice-président
- M. Marc SAGNE, directeur de la politique agricole
Magistrats
-
M. Philippe DROUET, procureur de la République à
Basse-Terre
- Mme A. TELLIER, faisant fonction de président du tribunal de grande
instance de Basse-Terre
- Mme Joëlle SAUVAGE, président de la chambre d'accusation de la
Cour d'appel de Basse-Terre
- M. Jacques LEFORT, avocat général près la Cour d'appel
de Basse-Terre
- M. Patrick VOGT, procureur de la République près le tribunal
de grande instance de Pointe-à-Pitre
COMMUNE DE SAINT-MARTIN
-
M. Albert FLEMING, maire
- M. MUSSINGTON, conseiller général du 1
er
canton
- M. ARNELL, conseiller général du 2è canton
Associations socio-professionnelles de Saint-Martin
- M. Paul WHIT, ADICASM
- M. Arnell DANIEL, ADDEPAL
- M. Vivian PETERSON, ADICASM
- M. Gabriel PIPER, ADICASM
- M. Rowena ELIE, ADE
- M. Arnaud VIAL
- M. Raymond VIALENC
- M. Alain MAILLAT
- M. Georges GUARHS
- M. Victor PAINES
- M. J. OLIVIER
- M. Jean-Claude BAPTISTIDE
- M. Guy ERB
- M. V. FAUEL
- M. R. LERAY
- M. Raymond HELLIGOR
- M. Louis-Constant FLEMING
- M. Franck VIOTTY
- M. Paul ABENSOUR (ACASM)
- M. Hervé VIOTTY
- M. Michel BRACHET
- M. S. TACKLING
- M. B. LEGRIE
- M. C.L. MOUNIERE
- Mme Daniella JEFFRY
COMMUNE DE SAINT-BARTHELEMY
- M. Bruno MAGRAS, maire
- M. Michel MAGRAS, conseiller général et adjoint au maire
- M. Yves GREAUX, adjoint au maire
Associations socio-professionnelles de Saint-Barthélémy
- M. Hervé BRIN, entrepreneur de l'Union des commerçants
- M. Michel GEOFFRIN, artisan de l'Union des commerçants
- M. Luciano FREEDOM, agent de la Chambre des métiers
- M. Jean-Yves RAMMASSAMY, vice-président de la Chambre des
métiers
- M. Charles QUERRARD, commerçant
- M. Régis PAIN, entrepreneur (BTB)
- M. Hervé ALLIX, directeur de société
- M. Alain GREAUX, artisan menuisier
- M. Patrice PILZER, Hôtel Saint-Barth Isle de France
- M. Roger LACOUR, Agence Sibarth
- Mme Maggy GUHBS, CCI des Iles du Nord
- M. Raymond MAGRAS, commerçant de la CCI
- M. Alain MAGRAS, président des commerçants
ANNEXE 3
programme de la mission d'information
de la commission des
lois39(
*
)
à la réunion du 12 au 15
janvier 2000
Mercredi 12 janvier |
|
19 h 05 |
arrivée à la Réunion |
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accueil par M. Jean Daubigny, préfet de la région de la Réunion |
20 h 00 |
dîner à la préfecture avec le corps préfectoral |
Jeudi 13 janvier |
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7 h 00 |
départ vers le sud de l'île |
8 h 30 |
accueil à la mairie du Tampon par M. André Thien Ah Koon, député-maire |
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visite de l'antenne universitaire |
10 h 30 |
accueil à la mairie de Saint-Joseph par M. Fred K'Bidy, maire |
12 h 15 |
déjeuner à la sous préfecture de Saint-Pierre |
13 h 45 |
accueil à la mairie de Saint-Pierre par M. Elie Hoarau, député-maire |
14 h 30 |
visite de l'aéroport de Pierrefonds |
15 h 00 |
départ pour Saint-Denis |
16 h 30 |
visite de la maison d'arrêt de Saint-Denis |
17 h 30 |
entretien avec des magistrats à la Cour d'appel de Saint-Denis |
20 h 00 |
dîner à la préfecture avec les parlementaires |
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Vendredi 14 janvier |
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8 h 30 |
entretien avec M. Jean-Louis Lagourgue, président de l'association des maires et une délégation de maires |
10 h 00 |
séance du conseil général sous la présidence de M. Jean-Luc Poudroux, président du conseil général |
12 h 00 |
déjeuner à la préfecture avec des représentants des organismes socioprofessionnels (Colier-Medef Réunion, ADIR, CCIR, CPI) |
15 h 00 |
entretien avec M. Paul Vergès, sénateur, président du conseil régional |
15 h 30 |
entretien avec les membres de la commission permanente du conseil régional |
17 h 00 |
entretien avec M. Michel Tamaya, député-maire de Saint-Denis |
Samedi 15 janvier |
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8 h 15 |
entretiens à la préfecture avec :
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11 h 30 |
point de presse |
12 h 30 |
déjeuner-bilan avec M. le Préfet |
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22 h 30 |
départ |
ANNEXE 4
Liste des personnes entendues
au cours de la mission
d'information40(
*
)
de la commission des Lois à
la Réunion
du 12 au 15 janvier 2000
(par ordre chronologique)
Préfecture
- M. Jean DAUBIGNY, préfet de région
Commune du Tampon
- M. André THIEN AH KOON, député-maire
Antenne universitaire du Tampon
- M. Michel BOYER, président
- M. Patrick HERVÉ, vice-président, doyen de la
faculté des sciences
Commune de Saint-Joseph
-
M. Fred K'BIDY, maire
Commune de Saint-Pierre
- M. Elie HOARAU, député-maire
Sous-préfecture de Saint-Pierre
- M. Philippe SCHAEFER, sous-préfet
Magistrats
- M. Jean-Claude CARRIE, Premier président de la Cour d'appel
- M. Michel BAUD, substitut général près la Cour
d'appel
- Mlle Hélène COMBES, vice-président au Tribunal de
grande instance de Saint-Denis
- M. Jean-Marie HUET, procureur de la République près le
Tribunal de grande instance de Saint Denis
- Mme Annie ANTOINE, vice-président au Tribunal de grande instance
de Saint-Pierre
Association des maires
- M. Jean-Louis LAGOURGUE, maire de Sainte-Marie, président
- M. Jacques TECHER, maire de Cilaos
- M. Jean-Paul VIRAPOULLÉ, maire de Saint-André
- M. Léopold LEBON, adjoint au maire de Saint-Joseph
- M. Maurice GIRONCEL, maire de Sainte-Suzanne
- M. André THIEN AH KOON, maire du Tampon
Conseil général
- M. Jean-Luc POUDROUX, président et les membres du conseil
général
Conseil régional
- M. Paul VERGES, sénateur, président du conseil
régional et les membres de la commission permanente
Commune de Saint-Denis
- M. Michel TAMAYA, député-maire
Barreau de Saint-Denis
- M. LAGOURGUE, bâtonnier
Chambre de commerce et d'industrie de la Réunion -
MEDEF-Réunion - Association pour le développement industriel
(ADIR)
- M. Jean BRAC de la PERRIÈRE, vice-président du MEDEF
Réunion
- M. Maurice CERISOLA, président de l'Association pour le
Développement industriel (ADIR)
- Mme Catherine GRIS, secrétaire générale de l'ADIR
- Mme Catherine d'HANENS (MEDEF Réunion)
- M. Roger ROLAND, président de la CCI de la Réunion
- M. Michel-Jean PAYET, DGA de la CCI Réunion
- M. Jean-Marie LE BOURVELLEC, président de la
fédération réunionnaise du BTP (FRBTP),
vice-président du MEDEF Réunion
- M. Paul MARTINEL, président du MEDEF Réunion
Chambre d'agriculture
- M. BOLEN, représentant M. Jean-Yves MINATCHY,
président
- M. EVRIN
Chambre des métiers
- M. Jean-Hugues POYNIN
- M. Pierre RIVES
- M. Rémy Jean HOAREAU
- M. Jocelyn de LAVERGNE, président
- M. Jacques MAUNIER, directeur de l'action économique
Commission " Justice et paix "
- M. Gilbert AUBRY, évêque de la Réunion,
président et les membres de la commission
EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le mardi 30 mai 2000 sous la
présidence de M. Jacques Larché, président, la commission
des Lois a procédé à l'examen du compte rendu
établi à la suite des missions dans les départements
d'outre-mer, présenté par M. José Balarello.
M. José Balarello a indiqué que la commission avait
effectué deux missions dans les départements d'outre-mer, la
première de douze jours en Guyane et aux Antilles en septembre 1999,
présidée par M. Jacques Larché, président, la
seconde de huit jours à la Réunion et à Mayotte en janvier
2000, conduite par lui-même, les commissaires ayant rencontré
environ cent cinquante personnes.
M. José Balarello a dressé le constat de la situation actuelle
des départements d'outre-mer. Il a rappelé que ces quatre
départements avaient le même statut au sein de la
République, défini par l'article 73 de la Constitution,
permettant l'adaptation du régime législatif et de l'organisation
administrative des départements d'outre-mer à leur situation
particulière. De plus, il a noté que l'article 299-2 du
traité d'Amsterdam reconnaissait, au sein de l'Union européenne,
la spécificité des régions
ultra-périphériques que sont les départements d'outre-mer
français.
M. José Balarello a fait part des similitudes propres à
l'ensemble des départements d'outre-mer. Il a décrit des
régions caractérisées par une démographie
galopante, leur taux de natalité étant de vingt pour mille en
moyenne, contre treize en métropole, et par un taux de chômage
très élevé, de l'ordre de 30 %, 15 % de la
population étant allocataire du revenu minimum d'insertion (RMI), contre
3 % en métropole. Il a précisé que l'économie
des départements d'outre-mer était marquée à la
fois par l'importance des transferts sociaux en provenance de la
métropole, à hauteur de 45 ou 50 milliards de francs par an, et
un taux relativement bas de prélèvements obligatoires :
35 %, contre 44 % en métropole. S'agissant du secteur public,
il a noté que la surrémunération des fonctionnaires
s'élevait à 40 % en Guadeloupe, Martinique et Guyane, et
53 % à la Réunion.
M. José Balarello a ensuite montré les différences entre
les départements d'outre-mer, en premier lieu leur implantation
géographique. Il a notamment relevé que la Martinique et la
Guadeloupe, îles situées dans les Caraïbes, comptaient
respectivement 381.000 et 422.000 habitants, et que la Guyane, appartenant au
continent sud-américain, était caractérisée par une
très forte progression démographique, due en grande partie aux
flux migratoires en provenance du Surinam. Il a souligné les
difficultés du contrôle des frontières de la Guyane, en
particulier le long du fleuve Maroni.
M. José Balarello a présenté la Réunion,
située dans l'Océan indien et peuplée de 700.000 habitants
d'origines très diverses, comme le département d'outre-mer se
rapprochant le plus de la structure métropolitaine. Il a
déploré le taux de chômage insupportable, la Réunion
créant 2.000 emplois par an en moyenne, alors que les besoins
s'élèveraient à 10.000. Avec pour environnement
régional l'Ile Maurice, Madagascar et l'Afrique du Sud, il a jugé
important pour la Réunion de développer une université
ouverte sur l'Océan indien.
En matière économique, il a plaidé pour la diminution ou
la suppression des charges sociales pour les onze premiers emplois d'une
entreprise pendant dix ans, l'extension du dispositif des
" emplois-jeunes " au secteur privé et la baisse de la
fiscalité.
Dans le domaine institutionnel, il a souhaité que le président du
conseil général ou du conseil régional de la
Réunion puisse négocier des traités ou accords
internationaux avec les Etats voisins ou les organisations régionales,
tout en soulignant qu'une modification du statut de département
d'outre-mer ou la création d'un Congrès n'étaient pas
demandées par les acteurs locaux. Il a jugé controversée
la question de la création d'un deuxième département
à la Réunion. Enfin, il a insisté sur les problèmes
spécifiques de la prison de Saint-Denis et des communications
routières.
M. José Balarello a ensuite exposé les caractéristiques de
la Guyane, immense territoire très peu desservi en voies de
communication, avec une seule route littorale et la prédominance des
fleuves comme voies de communication. Soulignant la grande diversité des
populations guyanaises, il a montré le contraste existant entre Kourou,
concentrant 20.000 habitants, le tiers des emplois et le tiers du PIB, et le
sous-développement constaté ailleurs, caractérisé
par une faible présence administrative et une justice sinistrée.
Rappelant que les villes de Cayenne et de Saint-Laurent-du-Maroni,
respectivement peuplées de 50.600 et 19.200 habitants, étaient
distantes de 250 kilomètres, il a noté la forte demande des
élus d'être à la fois plus administrés, mais
également plus autonomes.
M. José Balarello a relevé que le " Pacte de
développement pour la Guyane ", présenté
conjointement par le conseil général et le conseil
régional, proposait la création d'une nouvelle
collectivité territoriale, se substituant à la région et
au département, et comprenant une assemblée dotée d'un
pouvoir législatif et réglementaire local autonome, d'un conseil
exécutif, de conseils consultatifs, d'un conseil coutumier et de
provinces, qui bénéficierait de transferts de compétences
de l'Etat, en particulier en matière de développement
économique, de culture, de sport et d'éducation. Il a noté
que le projet de loi d'orientation pour l'outre-mer proposait la
création d'un Congrès réunissant le conseil
général et le conseil régional, tandis que le
député-maire de Saint-Laurent-du-Maroni proposait la
création d'un deuxième département dans l'ouest guyanais.
Enfin, l'Etat étant propriétaire de 90 % des terres en
Guyane, il a estimé qu'il lui revenait de créer des parcs
nationaux et de permettre la mise à disposition de terres à de
jeunes agriculteurs.
Puis M. José Balarello a indiqué que la Martinique, le plus petit
des départements d'outre-mer, située dans les Caraïbes
à égale distance du Vénézuela et de Haïti,
présentait un niveau de vie très supérieur à celui
des Etats voisins. Il a regretté que les productions agricoles locales,
telle la banane, soient peu compétitives du fait du niveau des
transferts sociaux, des charges sociales et fiscales et du salaire minimum.
Il a noté que le tourisme constituait un volet fondamental de
l'économie martiniquaise, caractérisée elle aussi par un
chômage endémique.
Sur le plan institutionnel, il a fait part des propositions de création
d'une assemblée unique, tandis que le projet de loi d'orientation pour
les départements d'outre-mer, fortement inspiré du rapport de MM.
Claude Lise et Michel Tamaya préconisant un " pont " entre les
deux assemblées, proposait la création d'un Congrès. M.
José Balarello a souhaité que les représentants de la
Martinique puissent participer aux travaux des organisations régionales,
sans passer nécessairement par la préfecture ou le Quai d'Orsay.
Afin de lutter contre le chômage, il a notamment souhaité une
baisse de la fiscalité et des charges sociales.
M. José Balarello a ensuite indiqué que la Guadeloupe connaissait
sensiblement les mêmes problèmes que la Martinique. Il a
noté la trop grande proportion de terres en friche, les
difficultés du tourisme et le nombre très élevé des
allocataires du RMI.
Il a fait part des propositions de la commission ad hoc du conseil
général de la Guadeloupe, tendant à l'institution d'une
assemblée unique, bénéficiant de certains transferts de
compétences.
M. José Balarello a ensuite noté que le rattachement
administratif de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin à la
Guadeloupe, alors que 250 kilomètres les séparaient,
était jugé totalement artificiel par leurs populations.
S'agissant de Saint-Martin, composée de deux parties, l'une
française, l'autre hollandaise, sans frontière
matérialisée, M. José Balarello a noté que la
partie française comportait 35.000 habitants, dont un tiers
d'étrangers en grande partie en situation irrégulière. Il
a noté les problèmes de délinquance liés au trafic
de drogue, la concentration des richesses dans la partie hollandaise de
l'île, la présence de l'anglais comme langue maternelle. Tout en
soulignant que Saint-Martin dépendait financièrement des
crédits métropolitains et européens, il a indiqué
que les élus souhaitaient une évolution statutaire reconnaissant
une plus grande autonomie de l'île.
Puis M. José Balarello, rapporteur, a indiqué que
Saint-Barthélémy, avec 6.800 habitants, était
marquée par un siècle de présence suédoise, les
habitants refusant de payer l'impôt sur le revenu et l'impôt sur
les sociétés au nom d'un protocole franco-suédois. Il a
relevé que Saint-Barthélémy, orientée vers le
tourisme haut de gamme, ne comptait que 81 chômeurs indemnisés en
1999. Il a précisé que les élus de l'île
souhaitaient transformer l'île en collectivité territoriale
à statut particulier ou en territoire d'outre-mer ou, à
défaut, au moins obtenir des transferts de compétences en faveur
de la commune, une dérogation à la carte sanitaire de la
Guadeloupe et une plus grande autonomie fiscale, notamment par la
création d'une taxe de séjour.
M. José Balarello a conclu en rappelant les réalités
s'imposant au législateur. Il a tout d'abord insisté sur la
très grande diversité des situations locales, l'identité
culturelle de chaque département, les différences dans les
évolutions économiques possibles, nécessitant pour le
législateur de faire du " cousu main ". Il a jugé que
les acquis de la départementalisation ne devaient pas être
rejetés mais que leur revers consistait en une
compétitivité réduite, gênant les
exportations ; en particulier, il a jugé possible de maintenir un
niveau de vie relativement élevé à condition de
réduire le coût du travail par la défiscalisation et la
suppression des charges sociales.
Sur le plan institutionnel, il a appelé de ses voeux des transferts
importants de responsabilités et de compétences, y compris dans
le domaine des relations internationales. Il a jugé nécessaire
que l'Etat restaure la justice et améliore les prisons.
Il a indiqué que les fonds structurels européens attribués
aux départements d'outre-mer allaient s'élever à 23
milliards de francs de 2000 à 2006, ajoutés aux
5,6 milliards de francs en provenance de la métropole, et
qu'il faudrait veiller à leur utilisation, malgré les obstacles
que peuvent constituer la lourdeur de l'organisation administrative
française et l'obligation, pour les collectivités, d'avancer les
sommes nécessaires.
Après avoir souligné la qualité du rapport
présenté par M. José Balarello, M. Lucien Lanier a
estimé qu'aucun des départements d'outre-mer n'était
semblable à l'autre, pas même la Martinique et la Guadeloupe. Tout
en soulignant que la mondialisation accentuait les différences entre ces
départements, il a jugé primordiale la prise en compte de cette
diversité lors de l'examen du projet de loi d'orientation.
Après avoir également apprécié la
fidélité du constat établi par M. José
Balarello, Mme Dinah Derycke a noté que certains problèmes
étaient communs aux départements d'outre-mer, que ce soit la
dépendance économique vis-à-vis de la métropole ou
le niveau de vie très supérieur à celui des Etats voisins.
Mais elle a insisté sur les problèmes très
spécifiques de la Guyane, partagée entre Kourou, vitrine des
technologies les plus avancées, et la Guyane de l'intérieur. Elle
a noté les demandes de reconnaissance d'ordre culturel, la population
étant diverse, mélangée, jeune, et l'immigration
désormais parfois mal vécue.
Elle a noté que les départements d'outre-mer ne remettaient pas
en cause leur appartenance à la nation française mais ne
voulaient plus être soumis à des règlements, plus
qu'à des lois, inadaptés à leur situation, citant
l'exemple des normes de construction de logements.
S'agissant de Saint-Martin, elle s'est déclarée dubitative sur
les résultats de la défiscalisation, et a souhaité que la
partie française demeure préservée des excès
constatés dans la partie hollandaise.
En matière institutionnelle, elle a noté le consensus sur les
résultats positifs de la départementalisation et la
nécessité d'aller plus loin, mais l'absence d'accord
définitif sur les aménagements à y apporter, la loi
d'orientation pouvant à cet égard être qualifiée de
" loi d'étape ".
Enfin, elle a noté que les crédits des fonds structurels
devraient être davantage mobilisés.
Après avoir à son tour salué la qualité du rapport
présenté par M. José Balarello, qui permettrait aux
sénateurs d'appréhender en connaissance de cause le projet de loi
d'orientation, M. Robert Bret a indiqué que le Sénat devrait
s'efforcer de définir un point d'équilibre sur ce texte
conçu comme une étape dans le processus d'évolution et de
développement des départements d'outre-mer. Il a estimé
que ces collectivités, concrétisant la présence
française dans l'océan indien, dans la zone Caraïbes et sur
le continent sud-américain, devaient être
considérées comme autant d'atouts pour la France. Après
avoir souligné la diversité de leurs situations respectives, il a
rappelé que le niveau élevé du taux de chômage
constituait une caractéristique commune, le tourisme étant la
seule activité moderne importante de leur développement
économique. Il a observé que le caractère massif de l'aide
publique avait eu pour effet d'encourager les flux migratoires venus
accroître la vulnérabilité de la situation
économique de ces départements. Constatant que la
départementalisation avait atteint ses limites, il a estimé
qu'une réponse adaptée ne pourrait émaner que d'une
démarche consensuelle de l'ensemble des groupes politiques.
Après avoir apprécié la fidélité et le
caractère nuancé du constat dressé par M. José
Balarello, M. Jean-Jacques Hyest a approuvé sa conclusion, soulignant la
nécessité de définir des solutions " cousues
main " prenant en compte la diversité des situations. Estimant
inopportun de se focaliser sur les questions institutionnelles, il a
observé que les problèmes économiques, sociaux et
démographiques devaient être considérés comme
prioritaires et conduire à des transferts de compétences au
profit des acteurs locaux. Il a souligné que l'inertie des
évolutions démographiques grevait en particulier
l'évolution de la Guyane et de la Réunion, la population de cette
dernière devant atteindre le million d'habitants dans une quinzaine
d'années, ce qui posait la question de l'avenir de la jeunesse de ces
départements.
M. Jacques Larché, président, a observé que le volume
inégalé des enveloppes de crédits revenant aux
départements d'outre-mer posait le problème de
l'effectivité de leur utilisation, ce qui n'était pas sans
incidence au plan institutionnel dans la mesure où des mécanismes
permettant d'associer les autorités locales à la prise de
décision, garantie d'une utilisation optimale, devaient être
imaginés. Il a par ailleurs estimé nécessaire de
réfléchir aux domaines dans lesquels devrait porter
prioritairement l'effort social pour éviter qu'il ne constitue un frein
au développement économique. M. Jacques Larché,
président, a enfin souligné une difficulté
résultant de la rédaction du Traité d'Amsterdam, en
observant que les départements d'outre-mer français
étaient éligibles aux fonds structurels en vertu de leur
appartenance à une catégorie juridique, alors que d'autres
collectivités telles que Madère, les Açores ou encore les
Canaries en bénéficiaient en tant que telles. Il a estimé
que les autorités françaises devraient pouvoir obtenir une
modification du Traité sur ce point, cet état du droit
constituant un obstacle à une évolution institutionnelle vers
davantage de décentralisation, gage du développement de ces
collectivités.
Après s'être félicité de la qualité du
rapport présenté par M. José Balarello, M. Lylian
Payet a cependant regretté que la question du logement n'ait pas
davantage été évoquée, celui-ci constituant un
problème majeur à la Réunion. Il a rappelé que la
formation et la mobilité représentaient deux défis
essentiels pour la jeunesse de ce département et a souhaité qu'il
ne soit plus fait référence à la notion d'assistance
lorsque la question du RMI était évoquée. Il a par
ailleurs souligné le sous-encadrement caractérisant la situation
de la fonction publique à la Réunion.
M. Jacques Larché, président, a rappelé que le logement ne
relevait pas en tant que tel du champ de compétence de la commission des
lois, ce qui expliquait que le rapporteur ne lui ait pas consacré de
plus amples développements.
Après avoir souligné que le schéma régional
d'aménagement de la Réunion, distinguant quatre zones, avait
été adopté à l'unanimité, M. Paul
Vergès a estimé nécessaire de replacer le débat
dans une perspective historique et géographique. Il a rappelé que
l'économie de l'île s'était développée au
dix-neuvième siècle sur une tradition de monoculture de la canne
à sucre avec une implantation équilibrée des structures
permettant le traitement sur place de cette matière première, les
treize usines existant en 1945, 7 au Sud et à l'Ouest, 6 au Nord et
à l'Est, ayant favorisé la sédentarisation et la
création de bassins d'emploi. Il a indiqué que la modernisation
des exploitations et le mouvement de restructuration industrielle avaient
depuis abouti à la fermeture de 11 usines, le nombre d'ouvriers
ayant été ramené de 11.500 en 1946 à 1.500
aujourd'hui, provoquant une rupture de l'équilibre géographique
existant, aggravée par l'exode rural et une forte croissance
démographique. Il a observé que la population était
passée de 250.000 habitants en 1946 à 720.000 habitants
aujourd'hui. Il a rappelé que la richesse produite par l'activité
agricole représentait désormais moins de 8 % du PIB
réunionnais alors que la part du secteur tertiaire représentait
plus de 80 %.
M. Paul Vergès a estimé que la concentration des services
départementaux et des activités tertiaires à Saint-Denis
illustrait ce déséquilibre ; il a rappelé que plus de
70.000 véhicules entraient chaque jour dans cette agglomération.
Il a observé que l'implantation du principal aérodrome au Nord de
l'île accentuait encore ce déséquilibre.
Il a par ailleurs souligné qu'à la différence des
Antilles, la Réunion se caractérisait par une grande
diversité ethnique, avec une souche européenne importante et des
flux migratoires venus de Madagascar, des côtes orientales africaines, de
l'Inde et de la Chine. Il a observé qu'en résultait une
importante diversité culturelle, obstacle à la cohésion et
source de problèmes identitaires.
Rappelant l'ancienneté de la colonisation de la Réunion,
marquée par la culture européenne qui l'avait conduite vers
l'assimilation plutôt que vers l'émancipation, M. Paul
Vergès a indiqué que sa structure territoriale était
calquée sur celle de la métropole. Après avoir
rappelé qu'elle comprenait vingt-quatre communes dont certaines ne
tarderaient pas à excéder les 100.000 habitants, il a
estimé nécessaire de créer de nouvelles communes et de
réviser corrélativement la carte cantonale. Il a en outre
rappelé que la revendication tendant à la création de deux
départements datait de 1981, l'ensemble des responsables politiques
locaux ayant alors souscrit à ce projet. Rejetant toute évolution
vers l'autonomie, il a considéré qu'une modification de
l'organisation administrative constituait un préalable à la
résolution des problèmes économiques et sociaux auxquels
la Réunion était confrontée.
Observant que 5% de croissance annuelle permettaient la création de
3.500 emplois alors que 10.000 jeunes arrivaient chaque année sur
le marché du travail, M. Paul Vergès a précisé
que, contrairement à la situation prévalant il y a une
cinquantaine d'années, la plupart de ces jeunes étaient
diplômés, l'université formant actuellement quelque 13.000
étudiants. Il a indiqué qu'une étude prospective
récente révélait qu'en dépit d'une poursuite du
mouvement de croissance, le taux de chômage ne pourrait être
ramené que de 37% à 27% d'ici 2030. Il a rappelé que la
fonction publique représentait 47% de la population active locale contre
23% en métropole.
Il a également marqué l'ampleur des besoins dans le domaine des
transports et dans celui du logement. Il a ainsi rappelé que si 6
à 7 kilomètres de routes étaient créés
chaque année, 23.000 véhicules supplémentaires arrivaient
à la Réunion dans le même temps, la part des besoins
pourvue par les transports collectifs s'étant réduite de 33%
à 7% au cours des vingt dernières années. Il a
également précisé que la demande annuelle de nouveaux
logements, évaluée à 10.000 logements, n'était
satisfaite que pour moitié par les créations.
Après avoir évoqué les problèmes posés par
l'alimentation en eau de certaines régions de l'île, il a
indiqué que les besoins énergétiques, d'origine
essentiellement domestique, s'accroissaient de 7% par an ce qui justifiait la
construction d'une centrale thermique dont le coût était
évalué à 8 milliards de francs et qui nécessiterait
l'importation de matières premières énergétiques.
Exprimant la crainte que les négociations menées au sein de l'OMC
ne viennent encore aggraver la situation économique réunionnaise,
M. Paul Vergès a estimé indispensable que la Réunion
puisse prendre part aux initiatives internationales régionales et
s'intégrer aux structures de regroupement correspondantes.
Au-delà de la sphère économique, il a observé que
le développement des liens avec les pays de la zone géographique
de l'Océan indien permettrait de promouvoir la francophonie. Il a
souligné que la zone était appelée à subir de
profondes évolutions démographiques et climatiques susceptibles
de conduire à la disparition de certains Etats tels que les Maldives.
Souscrivant aux observations du président Jacques Larché, il a
confirmé la nécessité de redéfinir la notion de
région ultra-périphérique dans le Traité
d'Amsterdam pour ne pas freiner les évolutions institutionnelles, dans
l'intérêt même de l'Union européenne disposant ainsi
d'un rayonnement mondial, et a souhaité que soient explorées
toutes les possibilités offertes par la Constitution française
pour favoriser ces évolutions. Il a en outre souligné que les
partisans du statu quo sous-estimaient le caractère durable de la crise
économique et sociale et, paradoxalement, étaient les premiers
à demander la pérennisation des dispositifs dérogatoires
en matière de fiscalité, de surrémunérations ou de
bonifications de durée de cotisation pour les retraites. Il a enfin
rappelé que les vingt-trois milliards de francs de fonds structurels
bénéficiant aux départements d'outre-mer constituaient une
enveloppe d'un montant encore jamais atteint.
Après s'être à son tour félicité de la
qualité du rapport présenté par M. José
Balarello, M. Dominique Larifla a souligné l'attachement profond de
la Guadeloupe à la France et les avantages en termes de niveau de vie
liés à son statut de département français. Il a
rappelé que la Guadeloupe était constituée d'une
pluralité d'îles, deux d'entre elles,
Saint-Barthélémy et Saint-Martin, étant situées
à environ deux cent cinquante kilomètres au nord de l'île
principale, correspondant à une diversité de situations. Il a
évoqué le souhait de Saint-Barthélémy d'être
érigée en collectivité distincte et de
bénéficier de transferts de compétences en matière
de fiscalité, d'enseignement, de desserte aéro-portuaire ou
sanitaire. Précisant que ces revendications étaient
révélatrices du fait que la structure départementale avait
atteint ses limites, il a estimé que l'idée d'instaurer une
assemblée unique devait faire l'objet d'une réflexion plus
approfondie. Il a précisé que ces collectivités lointaines
pouvaient constituer un atout majeur pour la France et l'Europe.
Après s'être félicité que la présentation
faite par le rapporteur ait fidèlement retracé la situation
réunionnaise, M. Edmond Lauret a souligné l'importance des fonds
structurels alloués et s'est interrogé sur la capacité des
bénéficiaires à les utiliser dans les délais
prescrits. Il a indiqué que le montant des dépenses publiques de
la Réunion était de 40% inférieur à celui de la
métropole et que le montant des sommes versées par les
Réunionnais pour participer aux jeux tels que le loto ou le
tiercé s'élevait à 1,5 milliard de francs, soit davantage
que les sommes versées au titre du RMI, ce qui correspondait pour l'Etat
à 450 millions de francs de recettes fiscales annuelles. Après
avoir observé que les dispositions figurant sous les deux premiers
titres du projet de loi d'orientation ne permettraient que de timides
avancées pour améliorer la situation de l'emploi, il a
estimé que ce texte manquait d'inspiration et n'explorait pas toutes les
potentialités offertes par la Constitution. Il a enfin
considéré que la création d'un second département
n'aurait pas d'effet bénéfique sur la situation du marché
du travail.
La commission a décidé de publier le compte rendu des missions
dans les départements d'outre-mer sous forme d'un rapport d'information.
La mission d'information de la commission des Lois à La
Réunion s'est également rendue à Mayotte. Le compte-rendu
de ce dernier déplacement figure dans le rapport n° 270
(1999-2000) établi par M. José Balarello sur le projet
de loi organisant une consultation de la population de Mayotte.
1
Cette mission s'est également
rendue
à Mayotte. Le compte-rendu de ce dernier déplacement figure dans
le rapport n° 270 (1999-2000) établi par M. José
Balarello sur le projet de loi organisant une consultation de la population de
Mayotte.
2
Cf. programmes en annexes.
3
Cependant, en Guyane, la départementalisation n'avait
concerné en 1946 que la seule bande côtière, le territoire
de l'Inini constituant alors un territoire sui generis, et le
département n'a été étendu à l'ensemble de
la Guyane qu'en 1969.
4
Aux termes duquel : " Les collectivités
territoriales sont les communes, les départements et les territoires
d'outre-mer. ".
5
" Les départements d'outre-mer aujourd'hui : la
voie de la responsabilité " 1999.
6
A savoir la libre circulation des marchandises, l'agriculture, la
libération des services, les règles de concurrence, les mesures
de sauvegarde et les institutions.
7
On rappellera que l'octroi de mer -dont l'origine est très
ancienne- est une taxe perçue sur les marchandises introduites dans les
régions d'outre-mer et sur les biens produits sur place. Son produit est
réparti au profit des communes (en Guyane, au profit du
département et des communes) et pour le solde, affecté au fonds
régional pour le développement et l'emploi.
8
Source : décret n° 99-1154 du 29 décembre
1999 authentifiant les résultats du recensement général de
la population de 1999.
9
Une réfaction de 20 % sur le montant du RMI subsiste, mais
est utilisée pour financer l'insertion sociale grâce au
mécanisme de la " créance de proratisation ".
10
En 1993, dernière année pour laquelle l'ensemble
des chiffres est disponible, le RDB moyen des ménages était de
46.693 F en Guadeloupe, 44.992 F en Guyane, 55.301 F en Martinique,
48.641 F à la Réunion contre 86.648 F en
métropole.
11
" Quel développement économique pour les
départements d'outre-mer ? " 1999
12
Les habitants des DOM bénéficient d'un abattement
de l'impôt sur le revenu de 30 % en Guadeloupe, Martinique et à la
Réunion, porté à 40 % en Guyane (cf. art. 197-3 du code
général des impôts).
13
Source : rapport annuel de l'IEDOM 1998.
14
" Les départements d'outre-mer : un pacte pour
l'emploi " 1999.
15
1998 constituant la dernière année pour laquelle
les statistiques sont connues
16
Ce qui coûte 5 millions de francs par an.
17
Au cours de son déplacement en Guyane, la mission a
rencontré des représentants de la communauté
amérindienne et visité un village amérindien près
d'Iracoubo.
18
Qui se consacrent au maraîchage.
19
Au total, 12.500 emplois, parmi lesquels 1.500 emplois
directs, dont la moitié recrutés sur place.
20
La Guyane comprend actuellement 22 communes dont 9 ont
été créées entre 1969 et 1992.
21
Hors îles du Nord.
22
Cf rapport n° 339 (1996-1997)
" Saint-Barthélémy et Saint-Martin : Deux îles
françaises dans la Caraibe "
23
En l'absence de droits de douane, un " droit de quai "
est cependant perçu au profit de la commune sur toutes les marchandises
importées par la voie maritime ou aérienne sur le territoire de
Saint-Barthélémy.
24
cf CE 22 mars 1985 d'Yerville ; CE 14 juin 1989 Magras et CE
14 juin 1989 Société Lacour-Wachter-Solowac
25
M. Camille Darsières, député de la
Martinique, a de même proposé à la mission que le FIRT soit
désaffecté afin de permettre à la région d'utiliser
les ressources de ce fonds à une autre action de développement
que la construction des routes.
26
Cet hôpital doit assurer 1.500 accouchements par an,
soit autant que le CHU de Brest.
27
Les départements français d'Amérique sont
associés aux travaux de l'AEC depuis 1996.
28
Enquête dans les départements d'outre-mer IPSOS -
juillet 1999.
29
A l'exception notable des représentants de la commune de
Saint-Barthélémy qui ne souhaitent pas que celle-ci
bénéficie d'un dispositif de défiscalisation des
investissements.
30
De même que nos collègues MM. Alain Lambert et
Philippe Marini, président et rapporteur général de la
commission des Finances du Sénat, qui ont déposé le 25
avril 2000 une proposition de loi n° 317 (1999-2000), portant
création du revenu minimum d'activité.
31
Selon l'expression de M. Antoine Karam, président du
conseil régional.
32
Le département de la Guyane de l'ouest comprendrait les
communes de Saint-Laurent-du-Maroni, Apatou, Grand-Santi, Papaïchton,
Maripasoula, Saül, Awala-Yalimapo, Mana.
33
Cf. proposition de loi A.N. n° 1352 (rectifiée)
XIème législature.
34
" Saint-Martin, Saint-Barthélémy : quel
avenir pour les îles du nord de la Guadeloupe ? "
35
Cf. proposition de loi n° 361 (1996-1997) relative au
régime juridique applicable à Saint-Barthélémy et
à Saint-Martin
36
Une taxe analogue existe à Saint-Martin depuis 1990.
37
La délégation comprenait
M. Jacques Larché, président,
M. José Balarello, M. Robert Bret, Mme Dinah
Derycke, M. Pierre Jarlier, M. Lucien Lanier,
M. Georges Othily.
38
La délégation comprenait M. Jacques Larché,
président, M. José Balarello, M. Robert Bret, Mme Dinah Derycke,
M. Pierre Jarlier, M. Lucien Lanier, M. Georges Othily.
39
La délégation comprenait
MM. José Balarello, Luc Dejoie, Michel Duffour, Jean-Jacques
Hyest, Georges Othily et Simon Sutour.
40
La délégation comprenait MM. José Balarello,
Luc Dejoie, Michel Duffour, Jean-Jacques Hyest, Georges Othily et Simon
Sutour.