TABLEAU 2
Hausse du rythme de croissance de l'investissement des entreprises à politique monétaire inchangée
TABLEAU 3
Hausse du rythme de croissance de l'investissement des entreprises avec adaptation de la politique monétaire
1. III- Nouvelles technologies de l'information et de la communication : un scénario de rattrapage pour la France
Tableau 4
Choc sur la productivité globale des facteurs et hausse du rythme de
l'investissement des entreprises
Graphiques
Investissement et stock de capital
ANNEXE
Le
modèle multinational OEF
L'analyse de la croissance économique aux Etats Unis ne se fait plus
sans porter une attention particulière aux développements rapides
et amples qui ont lieu dans le domaine des nouvelles technologies de
l'information et de la communication (NTIC).
Que l'on croit ou non au pouvoir " révolutionnaire " du
progrès technologique lié au traitement de l'information,
l'expansion des activités économiques qui s'y rapportent est
incontestable.
D'un point de vue macro-économique, le problème est de savoir si
cette expansion n'est que ponctuelle ou si l'apparition et la diffusion des
NTIC inaugure un nouveau mode de production, de consommation et de croissance.
Une multitude de questions restent actuellement ouvertes qu'elles se rapportent
aux transformations en cours, à leur évolution probable ou encore
à l'importance des implications macro-économiques sur la
croissance et l'emploi.
Le dynamisme actuel de l'investissement productif américain sur une
phase d'une durée inhabituelle est indéniable. De même, il
apparaît clairement que cette croissance soutenue est alimentée
par la forte progression de l'équipement en NTIC dans une
majorité de secteurs.
Néanmoins, il reste difficile de trancher sur la question clé du
débat sur la " nouvelle économie " à savoir dans
quelle mesure ce dynamisme exceptionnel de l'investissement contribue et/ou
contribuera durablement au changement de rythme tendanciel de la croissance
américaine.
En fait, ce dernier ne peut se produire que s'il s'appuie sur une croissance
plus vive du stock de capital, et pas seulement de l'investissement. En outre,
une rupture de tendance du progrès technique rehaussant la croissance de
la productivité des facteurs de production constitue une seconde
condition. Seule la réalisation de cette dernière condition
permet d'accréditer la thèse d'une nouvelle
" révolution technologique et industrielle ".
Or, il reste délicat de dresser un constat sur les conséquences
pour la productivité du développement des NTIC car les
instruments économiques usuels n'appréhendent pas avec exactitude
les différents déterminants du problème. La question reste
donc posée : la production et la diffusion des NTIC sont-elles
réellement porteuses de gains de productivité ?
Aux Etats-Unis, les analyses apportent une réponse positive à
cette interrogation dans le cas des secteurs producteurs de NTIC. En revanche,
dans le cas des secteurs auxquels sont diffusées les NTIC sous forme
d'investissement, le résultat est moins évident. La vitesse
à laquelle se produira cette diffusion est bien entendu un
élément déterminant pour les résultats sur la
croissance. Bien que certains analystes préconisent un temps
d'adaptation comparable aux précédents bouleversements techniques
(soit plusieurs décennies), il nous semble que le contexte actuel peut
engendrer une mutation plus rapide.
Si l'on se reporte aux concepts macro-économiques traditionnels, il y
aurait donc à l'origine des suppléments potentiels de croissance
deux types d'effets :
(i) un
effet d'offre
passant par une innovation de produits (au sens
large, c'est-à-dire y compris services) mais aussi de
procédés et se traduisant, à terme, par des gains de
productivité. L'intégration et la diffusion du progrès
technologique passe par différentes phases, équipement accru mais
aussi bouleversements organisationnels aux différents stades de la
production ou de la diffusion du produit (commercialisation, par exemple. On
pense en particulier à la généralisation de l'Internet).
(ii) un
effet de demande
à travers le développement
intensif de l'équipement ou de services informatiques et de
télécommunications. Cet effet peut être subdivisé en
deux composantes car la demande émane à la fois des entreprises
et des ménages. Quelle que soit son origine, son dynamisme alimente
directement la croissance. Cependant, le comportement des entreprises a des
implications plus importantes et plus générales car il touche aux
conditions de l'offre.
A partir de ce schéma d'analyse nous explorons les formes et les
conséquences que pourrait avoir une nouvelle dynamique
" technologique" en France.
Aujourd'hui, la France n'est pas structurellement comparable aux Etats-Unis,
berceau de l'innovation dans le domaine des technologies de l'information et
encore leader mondial de la production de matériel et de logiciels
informatiques. Cependant, elle ne reste pas à l'écart de ces
mutations et présente même des atouts dans certains secteurs tels
que les télécommunications.
Ainsi, il est possible d'envisager une croissance plus vive et aussi plus
durable en France qui serait fondée d'une part, sur une dynamique
vertueuse de l'investissement, elle-même découlant du
développement accéléré des NTIC, d'autre part, sur
la création directe de valeur ajoutée dans les nouveaux secteurs
de pointe (multimédia, internet en particulier,
téléphonie, etc.).
Dans cette étude, nous mettons en oeuvre deux simulations qui ont pour
objectif d'appréhender les deux types de phénomènes
évoqués ci-dessus :
1) la première postule un effet d'offre qui passerait par un
rythme
accru
du progrès technique
traduisant l'idée d'une
" révolution technologique " qui agirait en priorité
sur la productivité globale des facteurs de production ;
2) la seconde impose un effet de demande à travers une
augmentation
soutenue du rythme d'investissement matériel des entreprises
reflétant une phase de diffusion intensive des NTIC. Une attention
particulière est portée aux implications qui en résultent
pour le stock de capital, la croissance potentielle et la productivité.
Dans une partie finale, les deux effets sont cumulés afin d'envisager un
scénario dans lequel la dynamique vertueuse de l'investissement
s'accompagnerait néanmoins d'un changement de rythme du progrès
technique.
I - CHANGEMENT DE RYTHME DU PROGRÈS TECHNIQUE ET CROISSANCE POTENTIELLE ACCRUE
NOUS
ÉTUDIONS DANS CETTE PREMIÈRE SECTION L'IMPACT SUR
L'ÉCONOMIE FRANÇAISE D'UNE HAUSSE DE LA PRODUCTIVITÉ
GLOBALE DES FACTEURS, QUI CORRESPONDRAIT À UN
CHANGEMENT DE
RYTHME DU PROGRÈS TECHNIQUE FAVORISÉ PAR LA DIFFUSION DES NTIC
(CF. ENCADRÉ). LE RYTHME DE CROISSANCE POTENTIELLE EST PAR
CONSÉQUENT RELEVÉ. DANS SA VERSION LA PLUS OPTIMISTE,
L'INTERPRÉTATION DE LA PHASE D'EXPANSION AMÉRICAINE CONDUIT
À PRÉCONISER L'EXISTENCE D'UN " NOUVEAU RÉGIME "
DE CROISSANCE, CARACTÉRISÉ PAR UNE HAUSSE DURABLE DU TAUX DE
CROISSANCE POTENTIELLE. CETTE DERNIÈRE SERAIT RENDUE POSSIBLE PAR DES
RYTHMES D'ACCUMULATION DU CAPITAL ET DU PROGRÈS TECHNIQUE
SUPÉRIEURS. DANS UNE VERSION UN PEU MOINS FAVORABLE, LA HAUSSE DU TAUX
DE CROISSANCE POTENTIELLE NE SERAIT QUE TRANSITOIRE, LA PRODUCTION POTENTIELLE
SE SITUERAIT BIEN À UN NIVEAU SUPÉRIEUR, MAIS L'ÉCONOMIE
AMÉRICAINE RETROUVERAIT ENSUITE UN TAUX DE CROISSANCE CONFORME À
SA TENDANCE PASSÉE. DANS LE CADRE DE CETTE ÉTUDE, LE PREMIER TYPE
DE CHOC A ÉTÉ RETENU. LE RYTHME DE CROISSANCE DU PROGRÈS
TECHNIQUE S'ACCROÎT DE 0,3 POINT (SANS VARIATION DES QUANTITÉS DE
FACTEURS
EX ANTE
) ET EST MAINTENU SUR L'ENSEMBLE DE LA PÉRIODE.
LE CHOC EST ALORS CALIBRÉ AFIN QUE LE TAUX DE CROISSANCE POTENTIELLE
ANNUEL DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE SOIT SUPÉRIEUR DE 0,3 POINT
À CELUI DU COMPTE CENTRAL. IL SE SITUE AINSI À UN NIVEAU PROCHE
DE 2,5 % CONTRE 2,2 % DANS LA SITUATION DE RÉFÉRENCE. L'ANALYSE
EST MENÉE EN LAISSANT LES MÉCANISMES MONÉTAIRES DU
MODÈLE ENDOGÈNES, SACHANT QU'ILS OCCUPENT UNE PLACE MARGINALE
DANS CE TYPE DE SIMULATION.
L'accroissement de la production potentielle réduit les tensions sur les
capacités de production (mesurées par l'écart en
pourcentage du PIB effectif au PIB potentiel). L'activité est alors
dynamisée à travers deux types d'effets, prioritairement des
effets de prix, mais aussi des effets de volume :
(i) D'une part, les moindres tensions sur les capacités de production se
traduisent par une réduction des prix à la production qui se
transmet, à son tour, aux prix du PIB et aux prix à la
consommation. Ce mouvement provoque dès lors une baisse des salaires
nominaux qui s'ajustent à ces fluctuations. Le taux d'inflation est
ainsi diminué de 0,5 point en cinq ans, quant aux salaires nominaux,
l'écart variantiel observé est de -0,5 % en fin de simulation.
Ces effets-prix poussent les ménages à consommer davantage car
ils rehaussent leur revenu disponible et la valeur de leurs encaisses,
exprimés en termes réels.
L'accroissement du rythme du progrès technique imposé dans ce
scénario, alors que les quantités de facteurs de production
restent constantes
ex ante
, génère des gains de
productivité. La productivité apparente du travail, comme celle
du capital, progresse de près de 0,8 % par rapport au scénario de
référence. Dès lors, la réduction des salaires
nominaux couplée aux gains de productivité apparente du travail
permet une baisse des coûts salariaux unitaires qui se traduit par des
gains de compétitivité-prix pour les exportateurs français.
(ii) D'autre part, la baisse des tensions sur les capacités de
production provoque une réorientation de la demande française
adressée à l'étranger vers les producteurs nationaux. Les
importations sont en effet sensibles aux tensions sur les capacités de
production et, en cinq ans, l'amélioration des conditions de l'offre
permet de réduire les importations de 0,4 % par rapport au compte
central. Cet effet-volume, conjugué au dynamisme des exportations
évoqué précédemment, améliore la situation
extérieure de l'économie française si bien qu'en fin de
simulation, la balance courante se situe 0,2 point de PIB au-dessus du compte
central.
La vigueur des demandes intérieure et extérieure et le
surcroît de production qui en découle (la cinquième
année, le PIB se situe à un niveau supérieur de 0,8 % par
rapport au compte central) poussent les entreprises à investir ce qui,
en retour, dynamise à nouveau l'activité.
La hausse de la production ne se traduit pas pour autant par une
amélioration de l'emploi. L'effet est plutôt neutre dans ce
domaine en raison de l'évolution du salaire réel (salaire nominal
versé par les employeurs déflaté par le prix du PIB). Le
jeu des indexations dans la boucle prix-salaires conduit, en effet, les
salaires nominaux à diminuer moins vite que le prix du PIB. La demande
de travail subit alors les effets contraires du mouvement de hausse
enregistré par le salaire réel d'une part, et du surplus
d'activité d'autre part. Sur l'ensemble de la simulation, le taux de
chômage reste stable par rapport au compte central.
choc sur la productivitÉ globale des facteurs* avec adaptation de la politique monÉtaire
(i) (2) (3) (4) FRANCE
Ecarts variantiels en % sauf (1) et (2)
Année |
1 |
2 |
3 |
4 |
5 |
PIB |
0 |
0,2 |
0,4 |
0,6 |
0,8 |
Consommation |
0 |
0 |
0,2 |
0,3 |
0,5 |
Investissement privé non résidentiel |
0 |
0,3 |
0,6 |
0,9 |
1,1 |
Exportations |
0 |
0,1 |
0,2 |
0,4 |
0,6 |
Importations |
-0,1 |
-0,3 |
-0,3 |
-0,3 |
-0,4 |
Taux de chômage (1) |
0 |
0 |
0 |
0 |
0 |
Taux de croissance potentielle |
0,2 |
0,3 |
0,3 |
0,3 |
0,3 |
Productivité apparente du travail |
0 |
0,1 |
0,3 |
0,5 |
0,8 |
Productivité apparente du capital |
0 |
0,1 |
0,3 |
0,4 |
0,7 |
Inflation (1) |
0 |
-0,2 |
-0,3 |
-0,4 |
-0,5 |
Salaires nominaux |
0 |
0 |
-0,1 |
-0,2 |
-0,5 |
Taux d'intérêt nominal à court terme (1) |
0 |
-0,1 |
-0,1 |
-0,1 |
-0,2 |
Taux d'intérêt nominal à long terme (1) |
0 |
0 |
-0,1 |
-0,1 |
-0,1 |
Solde public (2) |
0 |
0 |
0,1 |
0,1 |
0,2 |
Balance courante (2) |
0 |
0,1 |
0,1 |
0,1 |
0,2 |
(1)
Ecarts en points (2) Ecarts en points de PIB
Source : COE avec le modèle multinational OEF
* Hausse de
0,3 point du rythme annuel de croissance de la productivité globale des
facteurs.