Rapport d'information sur l’avenir du secteur agro-alimentaire
DENEUX (Marcel) ; BIZET (Jean) ; DUSSAUT (Bernard)
RAPPORT D'INFORMATION 39 (1999-2000) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
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-
POSITIONS ET PROPOSITIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR L'AVENIR
DU SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE
-
I. L'AGRO-ALIMENTAIRE EN FRANCE : UN SECTEUR QUI A SU
EFFECTUER SA MUTATION
- A. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE A FAIT PREUVE, DEPUIS LE DÉBUT DES ANNÉES 60, D'UNE FORTE CAPACITÉ D'ADAPTATION
- B. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE A GLOBALEMENT RÉPONDU AUX ATTENTES DES CONSOMMATEURS
- C. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE A PRIS EN COMPTE LES DIMENSIONS EUROPÉENNE ET INTERNATIONALE DES MARCHÉS DE L'ALIMENTATION
- II. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE FRANÇAIS CONFRONTÉ AUX ENJEUX DU DÉBUT DU XXIÈME SIÈCLE
- III. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE DOIT ACCOMPLIR UNE NOUVELLE RÉVOLUTION
-
I. L'AGRO-ALIMENTAIRE EN FRANCE : UN SECTEUR QUI A SU
EFFECTUER SA MUTATION
- CONCLUSION
- CONTRIBUTION DU GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN
-
ANNEXE N° 1 -
LISTE DES MEMBRES DU GROUPE DE TRAVAIL -
ANNEXE N° 2 -
LISTE DES PERSONNES AUDITIONNÉES -
ANNEXE N° 3 -
RÉSUMÉ DES PRINCIPALES DISPOSITIONS
DES ACCORDS DE MARRAKECH -
ANNEXE N° 4 -
LA REORGANISATION DU MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE
N° 39
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1999-2000
Annexe au procès-verbal de la séance du 2 novembre 1999
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) par le groupe de travail (2) sur l' avenir du secteur agro-alimentaire ,
Par MM.
Marcel DENEUX, Jean BIZET et Bernard DUSSAUT,
Sénateurs.
(1)
Cette commission est composée de :
MM. Jean François-Poncet,
président
; Philippe François, Jean Huchon,
Jean-François Le Grand, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Pastor, Pierre
Lefebvre,
vice-présidents
; Georges Berchet, Jean-Paul Emorine,
Léon Fatous, Louis Moinard,
secrétaires
; Louis
Althapé, Pierre André, Philippe Arnaud, Mme Janine Bardou, MM.
Bernard Barraux, Michel Bécot, Jacques Bellanger, Jean Besson, Jean
Bizet, Marcel Bony, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye,
Gérard César, Marcel-Pierre Cleach, Gérard Cornu, Roland
Courteau, Charles de Cuttoli, Désiré Debavelaere, Gérard
Delfau, Marcel Deneux, Rodolphe Désiré, Michel Doublet, Xavier
Dugoin, Bernard Dussaut
,
Jean-Paul Emin, André Ferrand, Hilaire
Flandre, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy,
Serge Godard, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne
Heinis, MM. Pierre Hérisson, Rémi Herment, Bernard Joly,
Alain Journet, Gérard Larcher, Patrick Lassourd, Edmond Lauret,
Gérard Le Cam, André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber
Malécot, Louis Mercier, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel
Percheron, Bernard Piras, Jean-Pierre Plancade, Ladislas Poniatowski, Paul
Raoult, Jean-Marie Rausch, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet,
Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Raymond Soucaret, Michel Souplet, Mme
Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, Henri Weber.
(2)
Ce groupe de travail est composé de
: M. Marcel
Deneux,
président
; MM. Jean-Paul Emorine, Raymond
Soucaret, Gérard Le Cam,
vice-présidents
; MM.
Georges Berchet, Gérard César, Léon Fatous, André
Ferrand, Pierre Lefebvre, Michel Souplet,
secrétaires
; MM.
Jean Bizet, Bernard Dussaut,
rapporteurs
; M. Pierre André,
Mme Janine Bardou, MM. Bernard Barraux, Michel Bécot, Mme Yolande Boyer,
MM. Marcel-Pierre Cleach, Roland Courteau, Désiré Debavelaere,
Michel Doublet, Hilaire Flandre, Philippe François, Jean
François-Poncet, François Gerbaud, Serge Godard, Francis Grignon,
Louis Grillot, Georges Gruillot, Mme Anne Heinis, MM. Rémi Herment, Jean
Huchon, Bernard Joly, Patrice Lassourd, Jean-François Le Grand,
André Lejeune, Guy Lemaire, Kléber Malécot, Louis Mercier,
Louis Moinard, Bernard Murat, Bernard Piras, Jean-Pierre Raffarin, Paul Raoult,
Mme Odette Terrade, MM. Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel.
Agroalimentaire. |
POSITIONS ET PROPOSITIONS DU GROUPE DE TRAVAIL SUR L'AVENIR DU SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE
I. LA
CONSTITUTION D'UNE VÉRITABLE CHAÎNE DE VALORISATION
A. UN PARTENARIAT AVEC L'AMONT S'IMPOSE
1.
Le groupe de travail rappelle avec force la nécessité
d'une véritable organisation de la production
et
des
différentes filières
;
2.
La
généralisation d'une politique contractuelle
entre les industries agro-alimentaires et les agriculteurs et la
présence
d'un secteur coopératif puissant
doivent
permettre de renforcer le partenariat entre le monde agricole et celui de
l'agro-alimentaire.
B. LE DIALOGUE CONSTANT AVEC LA DISTRIBUTION EST UNE
NÉCESSITÉ
3.
Le groupe de travail se félicite des récentes
décisions du Gouvernement visant à organiser, d'une part, des
tables rondes entre les différents partenaires de la filière et
d'autre part, des assises de la distribution au début de
l'année 2000 ;
4.
Seul
un changement d'état d'esprit
des
" grands " de la distribution pourra permettre de
rééquilibrer le rapport de forces
et d'évoluer dans
un environnement moins conflictuel ;
5.
Le groupe de travail souligne l'intérêt que peut
présenter
le développement des ventes de produits agricoles et
transformés via le réseau Internet
;
6.
Le groupe de travail propose
l'amélioration de la
procédure d'urgence devant le Conseil de la Concurrence
en cas de
conflit ; il estime utile de créer une instance à
caractère public ayant pour mission de veiller à ce que soient
pleinement utilisées les voies de droit d'ores et déjà
existantes contre les abus de puissance d'achat.
II. LA MODERNISATION DE L'OUTIL INDUSTRIEL
A. S'ENGAGER DANS UNE POLITIQUE DE RECHERCHE ET D'INNOVATION PLUS
ACTIVE
7.
L'opposition entre tradition alimentaire et innovation technologique
doit être surmontée. Les chercheurs doivent explorer
parallèlement ces deux concepts afin de dégager de nouveaux
champs d'investigation ;
8.
Les chercheurs doivent se rapprocher du monde économique, pour
être à l'écoute des préoccupations et les traduire
en programmes de recherche ;
9.
Les pouvoirs publics doivent accompagner cet effort de recherche en
multipliant les programmes interministériels pluriannuels ;
10.
Les centres techniques doivent continuer à regrouper leurs
efforts pour créer des partenariats avec leurs homologues
européens, qui ont une taille souvent nettement plus importante. En
outre, la mise en réseau des centres techniques professionnels, des
centres régionaux et des centres techniques génériques
doit être accentuée ;
11.
Le groupe de travail
estime nécessaire de doter les
centres techniques agro-alimentaires de fonds propres
;
12.
Le groupe de travail souhaite
une évolution des
modalités de calcul du crédit impôt-recherche
;
13.
La mise en place, en faveur des particuliers, de mécanismes
d'imposition favorables aux investissements dans les entreprises innovantes,
comme aux Etats-Unis, serait un outil précieux de développement
de la recherche ;
14.
Le groupe de travail suivra avec intérêt l'application
de la loi sur l'innovation et la recherche adoptée le 30 juin dernier,
qui pourrait s'avérer particulièrement intéressante dans
le secteur agro-alimentaire
.
B. GÉRER DE FAÇON DYNAMIQUE L'EMPLOI, COMPOSANTE
ESSENTIELLE DU DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE
15.
Le groupe de travail juge impératif de
mieux prendre en
compte les questions de formation professionnelle
. L'Etat, en la
matière, doit jouer un rôle dynamique en encourageant notamment
les plus petites entreprises à investir dans la formation de leurs
personnels ;
16.
L'amélioration des conditions de travail
dans certains
secteurs est indispensable ;
17.
Le groupe de travail insiste pour que
la réduction du
temps de travail tienne compte des spécificités de chaque
secteur
;
18.
Le groupe de travail souligne que tout renforcement, en France de la
législation sociale -au même titre qu'en matière
d'environnement, de sécurité sanitaire et de qualité
alimentaire- si légitime soit-il- conforte souvent les avantages
concurrentiels de nos partenaires européens et des pays tiers en
augmentant les distorsions de concurrence ; cette difficulté doit
être prise en compte.
C. DÉGAGER DE RÉELLES CAPACITÉS DE FINANCEMENT
19.
L'extension du champ de la dotation pour provision pour
investissements aux parts sociales de la coopérative, lorsque celles-ci
constituent la contrepartie d'un capital finançant les investissements
nouveaux, a été une innovation intéressante de la loi
d'orientation agricole ; il est nécessaire de la concrétiser
rapidement ;
20.
Le groupe de travail encourage la mise en place d'un instrument
destiné à drainer l'épargne des agriculteurs
,
sociétaires de coopératives ou fournisseurs d'industries
agro-alimentaires. Cet outil, le plan d'épargne entreprise agricole
(PEEA), permettrait de renforcer les liens amont-aval, d'augmenter les fonds
propres de l'entreprise et de constituer un levier pour la mobilisation de
fonds propres ;
21.
Le groupe de travail reconnaît la nécessité de
recourir à des financements extérieurs. Le développement
de partenariat entre le secteur agro-alimentaire et le système bancaire
doit être, à ce titre, encouragé. Les pouvoirs publics ont,
en la matière, un rôle déterminant à jouer ;
22. L'introduction en bourse des industries agro-alimentaires
est
à favoriser
ainsi que la multiplication des organes financiers
dans le capital risque.
III. PLACER LE CONSOMMATEUR AU CENTRE DE LA STRATÉGIE ALIMENTAIRE
A. UN DIALOGUE NÉCESSAIRE ET TRANSPARENT ENTRE TOUS LES ACTEURS DE
L'ALIMENTATION
23.
Le primat donné à la sécurité
sanitaire des aliments
, le développement d'une véritable
politique de qualité et l'intégration de l'environnement dans
toute stratégie industrielle
nécessitent un lien étroit
entre tous les acteurs de la filière
et une gestion commune des
crises ;
24.
Le groupe de travail propose
un dialogue permanent
entre
scientifiques, experts, professionnels, consommateurs et représentants
des administrations sur les nouveaux enjeux du XXI
e
siècle
pour notre société, notamment dans le domaine des technologies
nouvelles. Ce dialogue passe par des partenariats avec des organismes comme
l'Institut français pour la Nutrition ;
25.
Le groupe de travail souhaite que
les Conseils économiques
et sociaux régionaux se saisissent du problème des
biotechnologies
, afin de l'analyser et de l'expliquer de manière
objective dans chaque région française ;
26.
Le groupe de travail estime
urgente la mise en place des mesures
préconisées par M. Philippe Demarescaux
,
Directeur Général de Rhône
Poulenc, sur l'usage non alimentaire des produits agricoles.
B. L'ALIMENTATION, UNE PRIORITÉ POUR L'EUROPE
27.
Il est urgent de donner
une définition au principe de
précaution
;
28.
Le groupe de travail est très attaché aux
trois
principes corollaires
du principe de précaution :
proportionnalité, compensation et adaptation
;
29.
La simplification et l'harmonisation de la législation
européenne dans le domaine de l'alimentaire
doivent
être traitées comme une
priorité.
C. POUR UN CYCLE DE NÉGOCIATIONS LARGE ET GLOBAL
30.
La prise en compte
, lors des prochaines négociations
de l'Organisation mondiale du commerce,
des exigences des consommateurs
en termes de
sécurité et de qualité alimentaire
ainsi qu'en
matière d'environnement
constitue
un
impératif majeur non seulement pour les consommateurs
eux-mêmes, mais aussi
pour les industriels français de
l'alimentation ;
31.
Le groupe de travail souhaite que les prochaines négociations
s'achèvent sur un engagement unique
des
Etats membres de l'OMC :
les secteurs de l'agriculture et de la
pêche ne doivent à aucun prix être considérés
comme " une monnaie d'échange ".
IV. ASSURER UN ÉQUILIBRE ENTRE LES MARCHÉS
A. UN MARCHÉ INTÉRIEUR À PRÉSERVER
32.
Le groupe de travail encourage les entreprises agro-alimentaires
à ne pas négliger leurs positions sur le marché
français.
B. LA CONSOLIDATION NÉCESSAIRE DU MARCHÉ
EUROPÉEN
33.
La France doit, tout en n'oubliant pas ses productions agricoles de
base, s'efforcer
d'exporter des produits à haute valeur
ajoutée
qui valorisent d'autant mieux les efforts des branches
industrielles ;
34.
Les industries agro-alimentaires françaises doivent
absolument
renforcer leurs exportations sur le marché
communautaire.
C. PROFITER DES OPPORTUNITÉS SUR LES MARCHÉS
ÉMERGENTS
35.
A l'aube d'une mondialisation croissante des échanges et face
à l'augmentation sensible de la demande de pays émergents dans le
domaine alimentaire au XXI
e
siècle,
les industries
agro-alimentaires françaises doivent diversifier leurs échanges
en direction de l'Asie
(Chine et Inde), et
de l'Amérique
latine
(Brésil, Argentine, Chili).
Mesdames, Messieurs,
Traces de listeria dans des fromages au lait cru, résidus de dioxine
dans du poulet, problèmes digestifs à la suite, apparemment, de
l'absorption d'un soda, utilisation frauduleuse de boues issues d'usine
d'équarrissage dans l'alimentation animale, et plus récemment,
retrait de steaks hachés dans lesquels des germes de salmonelles avaient
été détectées... L'année 1999 est
décidément " riche " non seulement en
" crises " alimentaires, mais aussi en interrogations de
toutes
sortes : faut-il bannir les organismes génétiquement
modifiés de notre alimentation ? Peut-on durablement refuser
d'importer des viandes hormonées en provenance des Etats-Unis ou du
boeuf britannique au mépris des règles du commerce international,
mais en se fondant sur le principe de précaution ? Notre
alimentation est-elle si peu sûre ?...
Ces événements et ces questions légitimes ne font
qu'accroître les
grandes
peurs du consommateur face à
l'alimentation
. Les aspirations de nos concitoyens à une
nourriture plus saine, plus authentique, respectueuse de l'environnement,
en quelques mots plus " naturelle ", sont constamment mises
en
exergue par l'ensemble des médias.
Est-ce à dire que notre système agro-alimentaire -et en
priorité le secteur agro-alimentaire français- " fait fausse
route " ? Inconnu pendant des années, méconnu pendant
des décennies, longtemps considéré comme à part,
non assimilable au monde industriel,
le secteur agro-alimentaire
français est aujourd'hui à la croisée des chemins
.
S'il a réussi sa transformation " fordiste " dans les
années 60-70 et constitue aujourd'hui le premier secteur industriel
français avec plus de 120 milliards d'euros (803 milliards de
francs) de chiffre d'affaires, tout en dégageant un solde commercial
très important,
il paraît néanmoins terriblement
fragile
.
S'étant quelque peu éloigné -non sans conséquences-
de l'amont agricole, tout en transformant globalement 70 % de cette
production,
le secteur de l'agro-alimentaire est en effet dans l'oeil du
cyclone
: montré du doigt pour sa tendance à la
concentration, tant par les agriculteurs que par les consommateurs,
accusé régulièrement de ne pas respecter certaines
règles d'hygiène et de sécurité,
considéré par certains comme peu respectueux des normes sociales
et environnementales, l'agro-alimentaire français est aujourd'hui
confronté à un nouvel enjeu : celui des négociations
internationales de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui s'ouvrent
à Seattle à la fin du mois de novembre.
C'est dans ce contexte si incertain et si paradoxal, où la physionomie
des marchés alimentaires pourrait avoir radicalement changé dans
vingt ans sous l'effet de la demande croissante des pays en
développement, de la réduction des barrières au commerce
et à l'investissement, et de la diversification rapide des goûts
et des préférences des consommateurs, que
votre commission des
Affaires économiques a confié, le 5 mai dernier,
à un groupe de travail, présidé par M. Marcel Deneux, le
soin d'étudier la première industrie française
.
Après une quarantaine d'auditions d'experts, d'industriels et
d'organisations professionnelles
, le groupe de travail a souhaité
répondre à une seule question
:
" Le secteur agro-alimentaire français est-il prêt
à affronter le XXI
e
siècle ? "
Cette interrogation peut paraître quelque peu réductrice du monde
de l'agro-alimentaire. Et pourtant, elle est bien celle que chacun d'entre nous
se pose : l'agriculteur, qui plus que jamais, doit savoir combien et
à qui vendre avant de produire ; le salarié qui a besoin
d'un environnement de travail performant et respectueux de la personne ;
le distributeur qui doit chercher " le produit " demandé par
le consommateur ; ce dernier, qui veut aujourd'hui tout à la fois
un produit sain, sûr, bon marché. Le politique, qui pour
gouverner, doit prévoir.
Le souci de centrer sa réflexion sur cette question-clé a conduit
délibérément ce groupe de travail à s'abstenir de
présenter un tableau exhaustif de la situation des industries
agro-alimentaires : sur ce sujet, existent de nombreuses études
récentes
1(
*
)
, et souvent excellentes, dont
le rapport pour avis sur les crédits pour l'an 2000 du
ministère de l'agriculture consacrés au secteur agro-alimentaire
de M. Bernard Dussaut, qui sera publié dans quelques jours.
Le groupe de travail n'a pas davantage souhaité alimenter le
différend typiquement " franco-français "
" coopération-industrie privée ", qui lui a paru, dans
bien des cas, relever plus de la querelle théologique que du souci de
préparer notre industrie agro-alimentaire au XXI
e
siècle : cette position avait d'ailleurs été
adoptée par votre commission des Affaires économiques en 1990,
lors de son rapport sur l'évolution des structures du secteur
agro-alimentaire dans la perspective de 1992
2(
*
)
.
Par ailleurs, la définition statistique de la notion même
d'industrie agro-alimentaire s'avère difficile. Celle-ci rassemble, en
effet, les activités de transformation des produits agricoles et
alimentaires et exclue le commerce de gros et de détail de ces produits.
Le partage entre les deux n'est pas toujours évident, ni constant. C'est
ainsi que, depuis toujours, la boulangerie est rangée dans les
industries agro-alimentaires, alors que la boucherie appartient au secteur du
commerce de détail. En revanche, l'abattage du bétail, que l'on
distingue parfois difficilement de la boucherie, a été
classé tantôt dans le commerce de gros, tantôt dans les
industries agro-alimentaires.
Vos rapporteurs, avant de pouvoir répondre précisément et
directement à la question relative à la capacité du
secteur agro-alimentaire français à affronter les défis du
XXI
e
siècle, ont voulu montrer comment
ce secteur
d'activité avait su, en quarante ans, accomplir une mutation sans
précédent
. Si une telle affirmation ne peut suffire au
consommateur, à l'entrepreneur ou au politique dans sa réflexion
sur l'avenir de l'agro-alimentaire pour les années à venir, elle
permet néanmoins d'observer et de considérer ce secteur avec un
minimum d'objectivité. Au moment où les industries
agro-alimentaires sont vouées aux gémonies et où l'on
s'interroge sur leurs perspectives à moyen terme, il est ainsi
intéressant de constater que ce secteur est loin d'être un acteur
économique figé.
Mais face aux enjeux, auxquels
ce secteur
est confronté -et auxquels il sera confronté
avec encore
plus d'acuité dans les années futures- (internationalisation,
croissance de la demande des pays en développement, explosion des
technologies nouvelles, exigences accrues des consommateurs),
les industries
agro-alimentaires devront accomplir de profondes transformations, voire une
véritable révolution dans le domaine agro-alimentaire
.
I. L'AGRO-ALIMENTAIRE EN FRANCE : UN SECTEUR QUI A SU EFFECTUER SA MUTATION
Constater que le secteur de l'agro-alimentaire français a su,
en moins de quarante ans, se hisser au tout premier rang national,
européen et mondial, ne permet pas, certes, d'affirmer qu'il pourra
répondre aux enjeux du XXIe siècle.
Néanmoins,
ce constat constitue un préliminaire essentiel
et ce pour
trois raisons
: tout d'abord, en démontrant sa
capacité d'adaptation et de diversification, le secteur de
l'agro-alimentaire apparaît, à l'aube du
XXI
e
siècle,
comme un acteur non figé de
l'économie
: or, aujourd'hui, plus que jamais, notre
environnement est en mouvement perpétuel.
Ensuite, les
industries agro-alimentaires ont su, globalement,
répondre aux attentes des consommateurs
: à
côté de la production de masse, qui continue à jouer un
rôle capital, le secteur agro-alimentaire a pris en compte, de
façon accrue, depuis une dizaine d'années, certaines exigences du
consommateur en matière de santé, de qualité et de
sécurité, qui, même si elles évoluent dans l'avenir,
iront se renforçant.
Enfin,
ce secteur économique a pris la mesure du monde dans lequel il
évoluait
: l'excédent structurel de notre solde du
commerce extérieur dans le domaine agro-alimentaire depuis les
années 80 en est la preuve. Face aux réformes successives de
la Politique Agricole Commune et aux accords de Marrakech de 1994, les
industries agro-alimentaires sont jusqu'à présent parvenues
à faire face à l'internationalisation des échanges et des
investissements.
A. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE A FAIT PREUVE, DEPUIS LE DÉBUT DES ANNÉES 60, D'UNE FORTE CAPACITÉ D'ADAPTATION
1. Une révolution industrielle menée rapidement
L'industrie agro-alimentaire se définit comme
" l'activité industrielle qui transforme des matières
premières en provenance essentiellement de l'agriculture et de la
pêche en produits destinés à l'alimentation humaine et
animale "
3(
*
)
.
Elle s'intègre
donc dans le " système agro-alimentaire, qui va de la fabrication
des moyens de production pour l'agriculture jusqu'à la distribution et
même la consommation.
Selon M. Jacques Nefussi
4(
*
)
, une première
transformation des produits agricoles intervient dès le début du
XX
e
siècle, qui se développe après la seconde
guerre mondiale dans la filière animale, puis végétale
à la fin des années 50. Mais, c'est seulement au milieu des
années 60 que démarre le processus d'industrialisation du
secteur agro-alimentaire, avec une accélération conjointe de la
substitution capital-travail et de la productivité du travail. Comme le
souligne M. Nefussi, "
le développement dans ce secteur a
reposé à la fois sur une transformation qualitative des
méthodes de production et sur une modification de la nature des produits
fabriqués
".
Alors que le tissu industriel français a été
confronté à une forte crise durant les années 70, les
industries agro-alimentaires ont poursuivi leur croissance, notamment dans les
secteurs de la boulangerie-pâtisserie et de la viande. Durant les
années 80, un affaiblissement notable des gains de productivité a
affecté particulièrement le secteur agro-alimentaire, dont la
croissance de la valeur ajoutée en valeur s'est fortement ralentie.
Malgré des lacunes dans la mise en place des nouveaux facteurs de
compétitivité, les industries agro-alimentaires ont réussi
à s'imposer comme premier secteur industriel français, hissant la
France au tout premier rang des puissances mondiales exportatrices de produits
agro-alimentaires.
2. Un secteur diversifié réparti sur l'ensemble du territoire
Cette
diversification du secteur agro-alimentaire revêt deux aspects.
Le premier a trait à la variété et à
l'hétérogénéité des branches industrielles
représentées au sein de ce secteur.
Outre la distinction
traditionnelle entre industries de première et de seconde
transformation, neuf familles d'industries alimentaires sont habituellement
distinguées par la nomenclature d'activité française
officielle. Ces familles -industries des viandes, poissons, fruits et
légumes, corps gras, grains-amylacés, aliments pour animaux,
boissons, industrie laitière et enfin " divers "- regroupent
une infinie variété de sous-secteurs et de produits.
Il est donc nécessaire, lorsque l'on évoque le secteur
agro-alimentaire, de parler d'industries agro-alimentaires au pluriel.
Cette diversité se retrouve dans la présentation du Centre
français du Commerce extérieur sur le commerce extérieur
des produits agro-alimentaires. Ainsi, pour 1998, outre la distinction entre
produits agricoles et produits alimentaires, une vingtaine de produits sont
présentés parmi lesquels : les poissons, le tabac, le soja,
les plantes, l'élevage, les conserves, les fruits frais, les fruits
tempérés, les produits de la minoterie, les oléagineux, le
sucre, les viandes de volaille, les bovins, les produits laitiers, les
céréales, les vins et spiritueux...
Le second aspect concerne la structure des entreprises agro-alimentaires
.
On distingue traditionnellement le " secteur industriel "
du secteur
coopératif.
Le secteur industriel regroupe en 1998 4.250 entreprises de plus de
10 salariés, 97,5 % d'entre elles ayant moins de 500
salariés et 47 % moins de 50.
L'immense majorité de ces
PME ont un capital familial. Si elles appartiennent déjà à
des groupes, elles continuent à fonctionner comme des entreprises
indépendantes. Les secteurs agro-alimentaires allemand, italien et
espagnol sont constitués elles aussi d'un tissu important de petites et
moyennes entreprises.
A côté de ces " entreprises industrielles ",
le
secteur coopératif est fortement présent au sein de cette
activité.
L'estimation précise du poids de la
coopération dans le secteur agro-alimentaire est assez variable en
fonction des paramètres utilisés : première et
deuxième transformation, prise en compte ou non des filiales des
coopératives dans les statistiques officielles, intégration ou
non de certains secteurs comme le tabac... Le secteur de la coopération
représente donc, en fonction des branches et des critères
retenus, entre 17 % et 33% du chiffre d'affaires de l'agro-alimentaire.
Tout en se félicitant des spécificités de la
coopération agricole et du lien qui existe ainsi avec l'amont agricole,
vos rapporteurs constatent que les
coopératives agro-alimentaires
sont devenues aujourd'hui, pour la plupart, de véritables entreprises en
raison des exigences du marché. Sur les 40 premiers groupes
français agro-alimentaires, se trouvent 16 groupes coopératifs
(SODIAAL, SOCOPA, CANA, Coop.Agri, UNICOPA, CEBAB...)
LES TROIS MÉTIERS DE LA COOPÉRATION AGRICOLE (FILIALES COMPRISES)
|
Chiffre d'affaires
|
Parts de marché (%) |
Marché total
|
AMONT :
|
170 |
57 |
300 |
AVAL :
|
200 |
25 |
792 |
Services et approvisionnements agricoles et ruraux |
50 |
60 |
90 |
TOTAL |
420 |
|
|
Source
: Confédération française
de la coopération agricole
On distingue généralement quelques grands groupes
mondiaux -seulement 5 dont un franco-italien contre 32 américains,
13 anglais, 19 japonais et 7 néerlandais-, les entreprises de
taille ou d'implantation européenne, de dimension nationale et les PME
familiales.
CHIFFRES CLÉS DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1999
Secteur industriel |
Nombre d'entreprises (milliers) |
Effectif salarié (milliards de francs) |
Chiffre d'affaires (milliards de francs) |
Valeur ajoutée (milliards de francs) |
Investissement hors apports (milliards de francs) |
Viandes |
1.463 |
117,8 |
178,3 |
25,9 |
3,5 |
Poisson |
173 |
11,9 |
14,9 |
2,6 |
0,5 |
Fruits et légumes |
194 |
22,2 |
32,4 |
6,2 |
1,3 |
Corps gras |
30 |
4,2 |
13,2 |
2 |
0,3 |
Produits laitiers |
415 |
59,4 |
136,9 |
18,9 |
3,3 |
Travail du grain |
193 |
12,4 |
28,5 |
6,1 |
1,8 |
Aliments pour animaux |
306 |
17,8 |
56,6 |
6,6 |
1 |
Prod. Alim. divers |
991 |
92,1 |
154,2 |
38 |
5,2 |
Boissons |
492 |
40,2 |
95,3 |
24,8 |
4 |
Ensemble IAA |
4.257 |
378 |
710,3 |
131,1 |
20,9 |
Source
: Graph agri 1999
L'examen plus détaillé de la structure du secteur
agro-alimentaire permet de constater
son rôle dans
l'aménagement du territoire
.
Une étude récente du ministère de l'agriculture indique
que 10.000 entreprises agro-alimentaires ont moins de
20 salariés : celles-ci représentent 10% de l'emploi
agro-alimentaire et 5 % (soit 39 milliards de francs) du chiffre
d'affaires de l'ensemble des industries agro-alimentaires. Elles sont environ
20 % dans les industries de boissons et 10 % dans l'industrie du
lait, en raison de l'implantation des petites entreprises dans la vinification
et la fabrication de fromages. Ces entités économiques sont
disséminées sur l'ensemble du territoire et sont nettement plus
nombreuses au sud de la France qu'au nord et que dans l'ouest, régions
traditionnelles de concentration de l'industrie alimentaire française.
Cette industrie est répartie sur tout le territoire français
et représente 28 % de ses emplois. Très présente en
zone urbaine, elle contribue à l'industrialisation des zones rurales.
3. Un maillon essentiel de la chaîne alimentaire
Les
industries agro-alimentaires sont devenues aujourd'hui
" l'intermédiaire obligé entre le champ et
l'assiette
5(
*
)
. "
Elles s'alimentent en matières premières chez l'agriculteur qui
s'avère être leur principal fournisseur :
cette relation
avec l'amont agricole a considérablement évolué depuis les
années 60.
Dans un premier temps, l'apparition du secteur
agro-alimentaire a quelque peu " confisqué " certaines
activités qui étaient effectuées au sein même des
exploitations agricoles. Par la suite, on a pu assister à une forte
industrialisation de l'agriculture, encouragée par les industries
agro-alimentaires. Ce mouvement a entraîné une pression du secteur
agro-alimentaire sur l'amont agricole, dont les contrats d'intégration
consacrés au milieu des années 60 sont un exemple. Est-ce
à dire qu'une telle évolution a remis en cause le
caractère marchand des échanges entre ces deux secteurs ?
Vos rapporteurs ne le pensent pas et ce pour plusieurs raisons : tout
d'abord, comme l'indique à juste titre M. Jacques Néfussi,
"
les agriculteurs restent propriétaires de leurs moyens de
production, vendant des marchandises et non leur force de
travail
".
En outre, l'organisation de l'offre -à travers les organisations de
producteurs par exemple- permet de mieux équilibrer ce rapport de force.
Enfin, on constate une évolution sensible des mentalités :
l'aval de la production agricole est mieux pris en considération. Alors
que jusqu'à une période récente, l'industrie avait pour
fonction de transformer la matière première agricole,
désormais
c'est à l'agriculture qu'il incombe de fournir
à la transformation la matière première conforme aux
exigences de la consommation.
Aujourd'hui, sept produits alimentaires sur dix sont achetés en grandes
et moyennes surfaces (GMS), qui sont devenues les premiers clients du secteur
agro-alimentaire.
Les rapports conflictuels entre les industries
agro-alimentaires et la distribution,
et notamment la grande distribution,
s'explique aisément : en effet si les premiers cherchent à
dégager le maximum de rentabilité de la transformation de leurs
produits, la seconde souhaite minorer cette valeur ajoutée afin
d'augmenter sa propre marge.
Le développement des GMS a eu deux conséquences importantes
sur le secteur agro-alimentaire
: en premier lieu, le nombre de
clients de celui-ci s'est considérablement réduit par la
concentration des circuits de grande distribution. Cette évolution s'est
traduite par une pression accrue sur les prix et a
accéléré la restructuration du tissu agro-industriel par
la disparition des entreprises les moins compétitives. En second lieu,
la croissance des GMS a également entraîné des exigences en
matière de produits ou de services
6(
*
)
: il
s'agit notamment de la
notoriété des produits, de leur qualité, de la
capacité de choix du distributeur qui nécessite pour l'industriel
de décliner et de diversifier ses productions et enfin de la logistique,
-les GMS ayant imposé leur rythme aux entreprises-. Un industriel a
ainsi donné au groupe de travail l'exemple de l'évolution des
délais de livraison aux GMS des produits agro-alimentaires : la
distribution demandait traditionnellement la livraison des produits pour le
surlendemain il y a une vingtaine d'années. Depuis le début des
années 80, ce délai s'est réduit de vingt-quatre heure,
les GMS passant leurs commandes pour le lendemain. Depuis quelques
années, la grande distribution exige d'être livrée le jour
même, souvent avant 17 ou 20 heures, et ce à l'autre bout de la
France.
Ce transfert de marge vers l'aval opéré par les GMS explique les
performances boursières de la distribution, dont l'indice franchissait
fin août sur la place de Paris les 7.000 points, l'indice de valeur des
produits alimentaires plafonnant à 2.400 points.
Face à cette pression exercée sur l'agro-alimentaire et devant
l'ampleur toujours plus grande de la concentration dans le secteur de la grande
distribution -avec la fusion Carrefour-Promodès, le nombre de grands
groupes de GMS est désormais de 5-, d'aucuns évoquent un
processus quasiment identique de concentration dans les industries
agro-alimentaires.
Vos rapporteurs soulignent, d'une part, que le chiffre
d'affaires cumulé de Carrefour et de Promodès est quatre fois
supérieur à celui de la plus grande entreprise agro-alimentaire
française. On ne peut donc pas assimiler ces deux processus de
concentration. D'autre part, il est difficile de comparer la mise en place d'un
réseau de grande distribution limité à une demi-douzaine
de groupes et la structure industrielle d'un secteur d'activité qui
compte plus de 4.000 entreprises indépendantes, dont certaines
dépendent pour leur chiffre d'affaires de leur acheteur à plus de
90 %.
Malgré ce contexte, les PME agro-alimentaires ne sont nullement
condamnées à disparaître : en effet, à
côté de cette pression toujours plus actuelle sur le secteur
agro-alimentaire, la segmentation de la demande des consommateurs est
allée croissante. Le croisement des multiples exigences du client final
a fait naître une multitude de " niches ", qui sont autant
d'opportunités de développement pour les PME locales ou
innovantes. Aussi, les relations avec la grande distribution, même si
elles demeurent souvent conflictuelles, sont conçues parfois dans le
cadre d'un partenariat " sur mesure " tenant compte des
spécificités de chacun.
Par ailleurs,
la fabrication de produits à marque distributeur peut,
sous certaines conditions -notamment le respect du partenaire commercial
,
également constituer une solution
pour des PME qui disposent
d'une bonne maîtrise des coûts de production, mais qui n'ont pas
les capacités de supporter le coût croissant de charges
publicitaires et commerciales afin de conduire une politique de marque.
Ainsi, sans nier la domination des GMS par divers moyens -comme celui de la
coopération commerciale qui s'assimile à un véritable
chantage au référencement, les promotions de catalogues...- vos
rapporteurs constatent que les industries agro-alimentaires ont cherché
à recentrer leur politique industrielle afin de contourner cette
pression, parfois -il est vrai-, en vain.
B. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE A GLOBALEMENT RÉPONDU AUX ATTENTES DES CONSOMMATEURS
L'alimentation repose sur trois piliers essentiels que
sont la
base nutritionnelle, les habitudes culturelles et les composantes
économiques
(revenu...). La fonction alimentaire vise à
satisfaire le besoin de se nourrir, avec un souci d'hygiène maximum,
à moindre coût, mais aussi tend à répondre à
la recherche du plaisir qu'éprouve le consommateur dans le produit
alimentaire.
Aujourd'hui, la consommation alimentaire représente entre 15 à
18 % du volume des budgets des ménages.
Le secteur agro-alimentaire est parvenu, non seulement à satisfaire la
consommation de masse en produits alimentaires, mais aussi à
répondre -au moins en grande partie- aux attentes des consommateurs en
termes de sécurité, de santé et de qualité.
1. Le pari réussi de la productivité et de la compétitivité
Durant
les années 60-70, le secteur agro-alimentaire est parvenu à
accroître considérablement ses gains de productivité et de
compétitivité. Le développement considérable des
produits alimentaires transformés au détriment des produits non
élaborés tient non seulement à l'évolution du mode
de vie -l'économie de temps dans la préparation des repas,
l'éloignement des consommateurs des lieux de production des biens
alimentaires...- mais aussi à la forte baisse de prix des produits
standardisés et à la hausse globale des revenus. Cette
"
période d'adaptation de l'alimentation aux normes du code de
vie donné par l'urbanisation, l'économie de temps et la
société de consommation
" a pris fin dans les
années 80
7(
*
)
.
Le secteur agro-alimentaire a donc parfaitement suivi le modèle de
développement des " Trente glorieuses " : il s'est
épanoui dans un nouveau paysage alimentaire dont le symbole a
été la consommation " de masse ".
2. La sécurité et la qualité alimentaires : des impératifs non négociables
Si la
production de masse a fait la place à la segmentation des marchés
dans les années 80, la consommation alimentaire a été
marquée, au cours des années 90, par l'émergence de
nouvelles attentes en matière de goût, de fraîcheur, de
sécurité, de santé, et de contenu culturel lié au
terroir et à des savoir-faire spécifiques.
Les carences de la réglementation nationale en matière de
sécurité alimentaire ont été mises en
évidence par notre collègue Claude Huriet
8(
*
)
. Si
vos rapporteurs ne souhaitent pas détailler
le processus de sécurité alimentaire en France, il sera
nécessaire d'en présenter brièvement l'architecture, le
rapport de M. Jean-François Mattéi, député,
-"
De la vache folle à la vache émissaire
" lors
de la crise de l'ESB étant antérieur à la loi de juillet
1998 sur l'organisation de la sécurité alimentaire en France.
L'alimentation étant aujourd'hui devenue un sujet d'actualité
très " sensible ", le consommateur exige, en la
matière, une sécurité irréprochable.
Vos rapporteurs, à titre liminaire, soulignent que la
sécurité du consommateur, ainsi que la diversité des
produits, n'ont pas été sacrifiées dans le
développement du secteur agro-alimentaire. Comme l'indiquait dans un
article récent M. Jean Glavany, Ministre de l'agriculture et de la
pêche
9(
*
)
,
" les produits
alimentaires sont plus sains, plus sûrs aujourd'hui qu'hier. Et si des
crises se déclenchent, c'est plutôt parce qu'aujourd'hui les
contrôles sont plus efficaces
"
. Rappelons que de 1987
à 1997, les cas de listériose ont été
divisés par trois, passant de 661 à 225, soit 3,8 cas par
millions d'habitants. De plus, entre 1992 et 1997, les intoxications
alimentaires collectives ont touché entre 384 et 478 foyers par an, avec
un nombre de malades de 7.192 à 7.858. Même si ces chiffres sont
sous estimés, ils n'en reflètent pas moins une aggravation de la
situation, surtout si l'on tient compte de l'augmentation des tonnages des
denrées alimentaires fabriquées en circulation et du nombre
croissant de repas pris à l'extérieur.
Cette préoccupation de sécurité ne date pas de la crise de
l'ESB de 1996.
Elle a toujours été un déterminant
essentiel dans la fabrication du produit alimentaire : cependant, depuis
les années 90, elle est devenue la priorité pour les industries
agro-alimentaires
. Un industriel n'a-t-il pas confié au groupe de
travail lors d'un entretien : "
Nous avons aujourd'hui une
seule
préoccupation qui devient totalement obsessionnelle : celle de la
sécurité alimentaire ".
Certains estiment que cette
préoccupation du " zéro défaut " dans
l'alimentation n'est pas normale, constatant que le tabac ou même
l'automobile sont des centaines de fois plus dangereux que l'aliment :
vos rapporteurs ne peuvent cautionner une telle logique
. En effet, si
tout un chacun est -ou doit être- conscient des risques encourus en
fumant ou en prenant son véhicule, nul ne s'attend, en 1999, en Europe,
à mettre sa vie en danger par la consommation d'un produit alimentaire,
censé satisfaire un besoin nutritionnel essentiel. Néanmoins, il
faut aussi se garder du raisonnement inverse, totalement excessif, consistant
à
exonérer le consommateur de toute
responsabilité
: ainsi, on sait que le fromage au lait cru
peut, dans certains cas précis, présenter des risques pour des
populations spécifiques (femmes enceintes, personnes
âgées...). Il est donc impératif de prévenir ces
populations en les informant le mieux possible (campagne d'information,
diffusion dans les établissements scolaires et universitaires,
information par les professions médicales et paramédicales...).
Il n'apparaît guère opportun, néanmoins, de condamner
définitivement ce produit pour des dizaines de milliers de
consommateurs !
Ainsi, lors de la dernière crise " du poulet à la
dioxine ", l'honnêteté exige de reconnaître, d'une
part, qu'un accident, et plus probablement une fraude en est à l'origine
et que, d'autre part, aucun cas de contamination humaine n'a pu être
détecté.
Par ailleurs, la France a adapté sa législation en matière
de sécurité sanitaire des produits alimentaires destinés
à l'homme depuis 1998 afin de mettre fin aux dysfonctionnements qui
peuvent survenir dans l'alimentation.
Le nouveau dispositif français en matière de surveillance de la
qualité sanitaire des produits repose, en premier lieu, sur la loi du
1
er
juillet 1998 relative au renforcement de la veille sanitaire des
produits destinés à l'homme. Ce texte crée une structure
indépendante, l'Agence française de sécurité
sanitaire des aliments (AFSSA) qui constitue dorénavant l'outil national
d'évaluation des risques sanitaires et nutritionnels des aliments. Le
dispositif de veille sanitaire mis en place par la loi comprend, en outre,
l'Institut de Veille sanitaire (IVS), qui remplace l'ancien Réseau
national de Santé Publique (RNSP), et prévoit la coordination de
l'AFSSA, de l'IVS et de l'Agence Française de Sécurité
Sanitaire des Produits de santé, par le Comité National de
Sécurité Sanitaire, présidé par le Ministre de la
santé. En second lieu, la loi d'orientation agricole du 10 juillet 1999
vise notamment à renforcer les contrôles des services de l'Etat
tout au long des filières, et notamment de leur amont et tend à
accroître, en particulier, la cohérence du système
français d'identification officielle de la qualité des
denrées alimentaires (dispositif de biovigilance...).
Vos rapporteurs rappellent que la gestion du risque alimentaire, mission de
service public par excellence, est une prérogative politique qui
relève du pouvoir exécutif, sous contrôle du pouvoir
législatif. Cette mission consiste à mettre en adéquation
les recommandations formulées par les experts chargés de
l'évaluation scientifique des risques, les moyens de toute nature que la
collectivité, les entreprises et les producteurs peuvent consacrer
à la maîtrise des risques, les objectifs en terme de niveau de
sécurité définis par le Gouvernement et à
procéder à une large information du public.
Il appartient, dans ce nouveau contexte, à la Direction
générale de l'alimentation du ministère de l'agriculture,
en coopération avec les autres administrations concernées par la
sécurité des aliments, de mener à bien cette mission de
service public.
Parallèlement aux contrôles officiels, vos rapporteurs tiennent
à saluer l'important effort accompli par la profession dans le domaine
de la sécurité alimentaire
. La mise en place d'une politique
effective de traçabilité, le développement de guides de
bonnes pratiques hygiéniques validés par les différentes
branches, la prise en compte de la méthode HACCP (hazard analysis
critical control points) introduite par la loi du 19 mai 1998 -méthode
générale qui consiste à décortiquer un processus
alimentaire pour y définir les points clés d'une analyse de
risque et y porter remèdes- ainsi que l'explosion du nombre de sites
certifiés attestent de
la volonté réelle du secteur
agro-alimentaire de parvenir à une sécurité alimentaire
irréprochable, les professionnels étant conscients qu'il est
aujourd'hui impossible de transiger sur un tel impératif
.
Outre cette exigence de sécurité, le consommateur est de plus
en plus attentif à la qualité des produits
. Cet objectif de
qualité ne date pas du début des années 90 puisque,
même durant la période " fordiste " des industries
agro-alimentaires, certains marchés étaient spécifiquement
consacrés aux produits " de qualité ".
Vos
rapporteurs constatent, néanmoins, que si le créneau des produits
haut de gamme s'est élargi, le consommateur attend aujourd'hui,
même sur des produits de base, un minimum de qualité.
Par
exemple, à côté du poulet label dont la production
croît, il est aujourd'hui impensable d'offrir un poulet industriel ne
respectant pas certaines qualités organoleptiques. Les entreprises
agro-alimentaires modifient ainsi leur organisation pour améliorer la
qualité de leurs produits, tout en tentant de réduire leurs
coûts,
le consommateur ayant pris l'habitude de croire que le produit
alimentaire devait être systématiquement bon marché
.
Les industries agro-alimentaires adoptent de plus en plus de normes
certifiées par des organismes extérieurs pour atteindre ces
objectifs
. A titre d'exemple, une entreprise laitière sur deux
bénéficie d'une certification de référence et
30 % sont détentrices de la norme ISO 9001, ISO 9002 ou
EAQF
10(
*
)
. En outre, 61 % des entreprises
agro-alimentaires développent des démarches
" qualité ".
Par ailleurs,
le renforcement du contrôle de la qualité se
manifeste dans l'organisation du travail
; ainsi une entreprise
agro-alimentaire sur deux dispose d'un cadre à plein temps pour cette
tâche en 1997, et une entreprise sur quatre a créé un poste
de contrôle-qualité depuis 1994.
A côté de ces démarches de certification entreprise, qui
attestent de la mise en place d'un système d'assurance qualité
conformément à des normes internationales,
les industries
agro-alimentaires se sont engagées depuis une dizaine d'années
dans la certification-produit comme le label ou la certification de
conformité
: cette orientation est devenue aujourd'hui
essentielle dans les stratégies industrielles de la plupart des IAA. De
plus, la mise en place des labels constitue un bon exemple de politique de
filière, c'est-à-dire d'engagements négociés depuis
le producteur agricole jusqu'au distributeur, visant à la garantie d'une
qualité supérieure, clairement identifiable par le consommateur.
On comptait ainsi en 1998 près de 400 labels.
Ce système de signes de qualité permet de renforcer les
mécanismes de traçabilité qui se sont avérés
décisifs lors de la crise de l'ESB.
Vos rapporteurs constatent ainsi que la qualité est au coeur des
stratégies de développement des entreprises. Ce nouvel
impératif est, d'ailleurs, l'une des clés du succès sur
les marchés européens et internationaux.
C. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE A PRIS EN COMPTE LES DIMENSIONS EUROPÉENNE ET INTERNATIONALE DES MARCHÉS DE L'ALIMENTATION
Personne
ne s'étonne, aujourd'hui, des records successifs d'excédents de
la balance commerciale agro-alimentaire. Pourtant, le phénomène
n'est apparu qu'au milieu des années 70
11(
*
)
et
ne
s'est imposé durablement qu'à
partir de 1979
.
En effet, au début des années 60, la France était
fortement déficitaire dans le secteur agro-alimentaire
,
s'approvisionnant principalement auprès de ses anciennes colonies. La
création du Marché commun a permis une réorientation des
échanges avec nos partenaires. Au plan mondial, la France, depuis le
début des années 90, rivalise avec les Etats-Unis pour la
place de première puissance exportatrice de produits agro-alimentaires.
EVOLUTION DU COMMERCE EXTERIEUR
AGRO-ALIMENTAIRE DE LA
FRANCE
Source : CFCE
1. Un développement européen important stimulé par la Politique Agricole Commune
La
dimension européenne
des marchés de l'agro-alimentaire par
les industries agro-alimentaires est une donnée fondamentale dont on
peut relever d'emblée deux aspects.
En premier lieu,
l'importance du marché européen pour le
commerce extérieur agro-alimentaire de la France
. En 1998,
l'excédent obtenu avec nos partenaires de l'Union européenne
s'est élevé à 45,9 milliards de francs, ce qui
représente 77 % de l'excédent global. Même si ce
volume est en baisse de 4,7 milliards de francs par rapport à 1997
(-9,3 %), le phénomène a bien un caractère structurel.
Il en est de même pour les exportations françaises vers l'Union
européenne et nos importations en provenance de la zone communautaire
puisqu'elles représentent toutes deux plus de 70 % du total.
De 1970 à 1998, les exportations vers la CEE ont
représenté, de manière assez stable, plus des deux tiers
des exportations françaises alors que les importations en provenance de
la CEE ont joué un rôle croissant puisqu'elles sont passées
de moins d'un tiers à plus des deux tiers entre 1970 et 1986.
Néanmoins, il est nécessaire de différencier produits
agricoles et produits des industries agro-alimentaires -même si cette
distinction repose parfois sur des critères discutables. En effet, de
1970 à 1987, si le solde des seuls produits agricoles avec la CEE s'est
constamment amélioré, la situation est quelque peu
différente pour les produits des IAA : le solde extérieur
vis-à-vis de la CEE, après une évolution favorable au
début des années 70, s'est dégradé
continuellement pour devenir négatif au milieu des
années 80. Cette évolution a néanmoins
été inversée dans les années 90, le solde des
produits du secteur agro-alimentaire avec l'Union européenne redevenant
excédentaire.
La part des produits des IAA dans les exportations
agro-alimentaires est d'ailleurs passée de 58,8 % en 1985 à
près de 70 % à la fin des années 90
, ce qui
atteste des efforts de productivité, de compétitivité et
d'expansion accomplis par cette branche industrielle.
En second lieu,
la mise en place de grands groupes alimentaires
français à vocation européenne atteste de l'importance du
marché européen pour les IAA
. Une trentaine de groupes
industriels français figurent parmi les 100 premiers
européens, ce qui fait de notre industrie agro-alimentaire la seconde en
Europe pour le nombre de groupes. Parmi ces industries agro-alimentaires de
taille européenne -voire mondiale- se trouvent Danone, Besnier,
Pernod-Ricard, Fromageries Bel, Bougrain, Roquette, Bonduelle, Entremont,
Soufflet...
PLACE DE LA FRANCE DANS LA LISTE DES 35 PREMIERS GROUPES EUROPÉENS
Groupes |
Activités principales |
Chiffre d'affaires en milliards de dollars |
Rang
européen
|
DANONE |
Multiproduits alimentaires, bières, eaux |
15,15 |
5 ème (11 è ) |
ERIDANIA/
|
Sucre, corps gras, huiles et produits amylacés |
10,89 |
6 (19 è ) |
L.V.M.H |
Vins et spiritueux |
8,22 |
10 (30 è ) |
LACTALIS (BESNIER) |
Produits laitiers |
4,79 |
16 (49 è ) |
PERNOD-RICARD |
Boissons |
3 |
26 (71 è ) |
SODIAAL |
Produits laitiers |
3 |
28 (78 è ) |
Source
: Centre Français du Commerce
Extérieur
Même si ces groupes restent insuffisants tant en nombre qu'en volume de
chiffre d'affaires -la Grande Bretagne compte 12 entreprises parmi les 35
premiers groupes européens-,
vos rapporteurs constatent que le
secteur agro-alimentaire n'a pas échappé, depuis le début
de la décennie, au mouvement de concentration
qu'a connu
l'agro-alimentaire dans le monde entier et qui s'était amorcé
dans les pays anglo-saxons. L'évolution du chiffre d'affaires
consolidé des vingt premiers groupes agro-alimentaires français
met en évidence ce phénomène de concentration.
Depuis une quinzaine d'années, les restructurations sont nombreuses dans
ce secteur d'activité : ainsi, chaque année sont
recensées près de 200 opérations de fusions,
absorptions et prises de participation. En 1998, ces mouvements ont
représenté plus de 30 milliards de francs.
Le développement des industries agro-alimentaires en France, comme
dans les autres pays européens, a tiré profit de la construction
européenne en général et de la Politique Agricole Commune
en particulier.
En effet, l'accroissement vigoureux des volumes produits, la baisse des prix
réels à la production, l'unification tarifaire puis la mise en
place de l'Euro et le démantèlement progressif des entraves
tarifaires aux échanges au sein du marché commun sont autant de
facteurs qui ont contribué à renforcer le secteur de
l'agro-alimentaire.
2. L'internationalisation du secteur agro-alimentaire
Le
développement international des industries agro-alimentaires passe, en
premier lieu, par l'accroissement important des échanges de produits
agro-alimentaires. Au cours des années 90, l'accélération
du phénomène de mondialisation a été nettement
perceptible pour les produits agro-alimentaires, l'indice des exportations
étant passés de 100 à 137 contre 100 à 115 pour la
production mondiale. L'internationalisation se concrétise,
corrélativement, par la multiplication des implantations commerciales et
agro-industrielles françaises à l'étranger
12(
*
)
.
En outre, depuis une quinzaine d'années, le
montant des investissements dans le secteur des IAA s'est
considérablement accru, en France comme à l'étranger.
Au début des années 90, de nombreuses revues titraient sur
les prises de contrôle étrangères dans l'industrie
agro-alimentaire française, voire sur "
l'irrésistible
colonisation de l'agro-alimentaire français
13(
*
)
" : face à la puissance
financière des multinationales, de nombreuses entreprises familiales
moyennes ont en effet été rachetées : on peut ainsi
citer Ducros, Flodor, Boursin, Poulain...
La
croissance des acquisitions étrangères ne semble pas avoir
revêtu un simple caractère conjoncturel mais paraît
plutôt tenir à des raisons de fond
. En l'absence de
véritables investisseurs, la taille devenant une nécessité
sur certains marchés, la productivité de l'agriculture
française, son savoir-faire, les équipements modernes dans
l'industrie alimentaire, ses possibilités d'exportation en Europe, son
ingénierie vis-à-vis des pays en développement et enfin la
suppression progressive des entraves aux échanges
ont expliqué
et expliquent sans doute encore que les disponibilités
financières des principaux groupes étrangers se soient
portées sur la France
.
Ces opérations, qui s'élèvent chaque année à
plus d'un milliard d'euros (6,67 milliards de francs), sont parfois
à l'origine de certaines situations difficiles dues aux restructurations
qu'elles impliquent. Elles ont permis, néanmoins, à un grand
nombre d'industries agro-alimentaires françaises, en leur offrant la
capacité d'atteindre une taille critique pour être
présentes sur les marchés européens et internationaux, de
se développer.
Les implantations hors territoire métropolitain des industriels
français étaient assez peu courantes avant 1970. Celles-ci
existaient en Amérique Latine et dans les anciens pays de l'Union
Française.
Entre 1975 et 1980, des enquêtes ont montré
une multiplication par trois environ de la présence française
à l'étranger
.
En 1998, le total des investissements français dans les pays de l'OCDE,
pour le secteur agro-alimentaire a dépassé les 1,72 milliard
d'euros (11 milliards de francs) : en Europe ce chiffre a atteint
1,31 milliard d'euros (8,6 milliards de francs).
Danone est traditionnellement le principal investisseur français
à l'étranger, ce qui correspond à la stratégie de
redéploiement sur les principaux métiers de ce groupe :
produits laitiers frais, eaux minérales et biscuits, le tout en
priorité en direction des pays émergents d'Asie du Sud-Est et
d'Amérique Latine. Cette stratégie est suivie, à une
moindre échelle, par d'autres groupes comme Bongrain et Bel pour les
fromages et Pernod-Ricard dans les vins et spiritueux.
Avec 10 % du commerce mondial, la France est aujourd'hui le premier
exportateur mondial de produits agro-alimentaires transformés :
le secteur agro-alimentaire français a donc profité pleinement
de ses atouts
(abondance, variété, qualité...)
pour
faire face au développement des nouveaux marchés alimentaires
transformés au niveau mondial
, tout en évoluant dans un
contexte de libéralisation accrue des échanges depuis 1995.
LES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS EN FRANCE
En millions de francs |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Investissements |
1.370 |
9.663 |
5.357 |
6.673 |
Désinvestissements |
1.592 |
9.757 |
2.529 |
5.311 |
Solde |
- 222 |
- 94 |
2.828 |
1.362 |
LES INVESTISSEMENTS FRANÇAIS À L'ÉTRANGER
En millions de francs |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Investissements |
9.364 |
18.002 |
16.771 |
15.086 |
Désinvestissements |
5.252 |
9.393 |
9.181 |
11.614 |
Solde |
4.112 |
8.609 |
7.590 |
3.472 |
Source : Ministère de l'agriculture et de la pêche
II. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE FRANÇAIS CONFRONTÉ AUX ENJEUX DU DÉBUT DU XXIÈME SIÈCLE
La
capacité d'adaptation dont le secteur agro-alimentaire a su faire preuve
depuis le milieu des années 60 lui sera d'autant plus nécessaire
demain qu'il sera confronté à des enjeux importants.
Ceux-ci apparaissent nombreux et variés mais forment, en fait,
un
triptyque très homogène dans lequel chaque élément
est dépendant des deux autres
: ainsi,
l'internationalisation croissante des échanges alimentaires
,
l'élargissement de l'Union européenne aux Pays d'Europe Centrale
et Orientale (PECO) et les futurs accords conclus au sein de l'OMC, rendront,
par exemple, les
variations de la demande alimentaire mondiale
déterminantes pour l'évolution du secteur agro-alimentaire
.
Mais cette internationalisation accrue des échanges concerne
également les
technologies nouvelles,
qui auront un impact
capital sur le devenir du secteur agro-alimentaire
: il n'y a
qu'à citer, à titre d'exemple, le cas des biotechnologies et
celui des technologies de l'information de la communication (NTCI) dont les
conséquences sont lourdes.
Le dernier, et non le moindre, auquel l'agro-alimentaire devra répondre
est
celui de la sécurité sanitaire, de la qualité
alimentaire et de l'environnement
: ces exigences sont apparues,
certes, depuis une dizaine d'années mais elles atteindront, dans les
années à venir, une dimension tout autre En effet,
dès
lors que ces exigences ne seront pas suffisamment prises en compte,
l'internationalisation des marchés et la diffusion immédiate de
l'information provoqueront une sanction immédiate sur le plan
économique, financier, mais aussi -ne l'oublions pas-, social pour
l'entreprise
.
A. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE FACE AUX PERSPECTIVES D'ÉVOLUTION DES MARCHÉS DE L'ALIMENTAIRE
Les
industries agro-alimentaires seront confrontées dans les dix à
vingt années à venir à deux tendances de fond
:
l'une concerne la libéralisation croissante des échanges dans le
domaine alimentaire, l'autre a trait à l'augmentation de la demande
alimentaire mondiale.
Vos rapporteurs sont conscients du fait que ces deux enjeux ne sont pas
à proprement parler totalement nouveaux pour ce secteur
d'activité
: en effet, les industries agro-alimentaires ont
dû déjà faire face à des périodes de
croissance de la demande alimentaire mondiale parfois plus importante que celle
prévue jusqu'en 2010. De plus, le processus de libéralisation des
échanges agro-alimentaires a déjà démarré
depuis une dizaine d'années, et a, tout au moins, été
consacré dans les accords de Marrakech.
Néanmoins, ces enjeux vont s'imposer au secteur agro-alimentaire avec
une acuité toute particulière dans les années à
venir.
1. L'évolution de la situation alimentaire mondiale
Plusieurs organisations internationales effectuent
régulièrement des études prospectives consacrées
à l'agriculture mondiale et aux perspectives du secteur
agro-alimentaire. On peut citer l'étude de la FAO publiée en 1995
sous le titre " Agriculture mondiale : horizon 2010 ".
De
même, l'OCDE a publié en 1998 un rapport intitulé " Se
nourrir demain : perspectives à long terme du secteur
agro-alimentaire ".
Les conclusions de ces ouvrages sont à prendre avec beaucoup de
précautions, compte tenu des incertitudes quant aux prévisions
à dix ou quinze ans. Néanmoins, vos rapporteurs souhaitent
mentionner certaines conclusions de ces études qui permettent
d'alimenter la réflexion sur l'avenir à moyen terme des
industries agro-alimentaires françaises.
Dans les pays en développement, le secteur agro-alimentaire serait
confronté à l'horizon 2010 à plusieurs
évolutions
. Tout d'abord, la démographie mondiale devrait
poursuivre sa croissance puisque la population atteindra près de
7 milliards d'habitants en 2010 : l'augmentation de la population
mondiale s'élèvera chaque année de plus de
80 millions d'habitants. Dans un contexte d'amélioration globale,
de croissance économique, de hausse des revenus et d'urbanisation
croissante, notamment en Asie et en Amérique Latine, la croissance
agricole mondiale devrait croître à un rythme lent (+1,8 %
par an), c'est-à-dire proche de zéro en termes de production.
Comme le précise l'OCDE, un certain ralentissement de la production
mondiale agricole n'est pas négatif en soi dans la mesure où il
témoigne d'une moindre croissance démographique mondiale et d'une
augmentation du nombre de personnes ayant plus ou moins atteint, pour leur
consommation alimentaire, un niveau minimum. Mais ce phénomène de
ralentissement pourrait être lié au fait que des populations
susceptibles de consommer davantage ne disposent pas de revenus suffisants pour
accroître leur demande alimentaire.
Par ailleurs, il ressort de différentes analyses internationales que les
approvisionnements alimentaires par habitant destinés à la
consommation humaine directe, notamment dans les pays en développement,
devraient continuer à croître dans l'ensemble, passant de
2.550 calories en 1994 à 2.770 en 2010, l'Afrique restant à
l'écart de cette évolution.
La demande alimentaire dans les
pays en développement devrait croître de + 2 ,6 %
par an -sauf pour les pays les moins avancés-, ce qui se
révèle important.
Si le commerce des produits agricoles continuerait à représenter
10 % du commerce mondial, les échanges de produits
transformés et de produits d'élevage pourraient se
développer beaucoup plus rapidement. Par exemple, la Chine verrait sa
demande de viande augmenter de 85 % et celle de céréales de
30 % dans les vingt ans à venir.
De plus, les pays en
développement -aujourd'hui globalement exportateurs nets de produits
agricoles- deviendraient importateurs nets de produis agricoles et de certains
produits transformés.
Vos rapporteurs précisent, en outre,
que ces pays se dirigeront, de plus en plus, d'une l'alimentation à base
de protéines végétales vers une alimentation à base
de protéines animales.
Cette évolution fondamentale aurait une conséquence
extrêmement importante pour le secteur agro-alimentaire
français
: en effet, ce nouveau volume d'importations
permettrait aux pays de l'OCDE, dont les marchés intérieurs ou
régionaux stagnent, d'accéder à des
débouchés intéressants pour leurs exportations et à
des opportunités d'investissement direct attractifs. Or, selon l'OCDE,
ces nouveaux marchés seraient captés par les Etats-Unis et les
pays du groupe de Cairns
14(
*
)
en raison de leurs
prix plus attractifs et de leurs politiques favorisant les mécanismes de
marché, surtout lorsqu'il s'agit d'exportation.
Ainsi, l'Union
européenne, et particulièrement la France, serait soumise
à de fortes pressions concurrentielles qui aboutiraient à lui
faire perdre un grand nombre de marchés dans le secteur de
l'alimentaire
. A cela s'ajoute l'éventuelle augmentation du taux de
pénétration des importations pour la zone de l'OCDE, à la
suite de l'abaissement des protections douaniers.
Vos rapporteurs soulignent l'enjeu que constitue pour les industries
agro-alimentaires l'évolution dans un proche avenir de la demande
alimentaire émanant notamment des pays en développement
.
Certains observateurs estiment, certes, qu'aujourd'hui ce danger potentiel
reste relativement faible compte tenu de l'importance du marché
européen pour le secteur agro-alimentaire français. Mais un tel
raisonnement pourrait à court terme se révéler
particulièrement risqué et ce pour deux raisons. En premier lieu,
le commerce agro-alimentaire français perd depuis quelques mois
d'importantes parts de marché dans la zone Europe : c'est notamment
le cas pour l'Allemagne et l'Italie. En second lieu, la mondialisation
croissante des échanges pourrait conduire à donner une importance
accrue aux échanges alimentaires avec les pays tiers, ce qui constitue
un réel défi pour notre secteur agro-alimentaire qui ne
paraît pas le mieux placé, notamment en termes de prix, pour
satisfaire ces marchés.
Dans les pays de l'OCDE, et notamment en Europe, l'évolution du secteur
agro-alimentaire s'analyse en termes non seulement quantitatifs, mais aussi
qualitatifs. Ainsi, en raison du vieillissement de la population, de la
progression du taux d'activité féminine et de la réduction
de la taille des familles,
les habitudes alimentaires des consommateurs
devraient continuer à évoluer
. Les modes d'alimentation
économes en temps, favorisant par exemple les produits
transformés prêts à l'emploi, les plats chauds
préparés à l'extérieur, les services de livraison
ainsi que la restauration sauront, sans nul doute, s'imposer de façon
encore plus évidente.
2. Une globalisation croissante des échanges de produits alimentaires
L'augmentation des échanges et des investissements touche
aussi, évidemment, le secteur agro-alimentaire, depuis une dizaine
d'années.
Au niveau européen, la réforme de la PAC de mars 1999
prolonge celle de 1992
en abaissant les prix institutionnels de 15 %
pour les céréales, 20 % pour la viande bovine et 15 %
dans le secteur du lait et des produits laitiers.
L'agriculture européenne poursuit donc un mouvement de
libéralisation progressive
, marquée par un transfert
accentué des soutiens du marché vers les aides directes aux
agriculteurs, sans pour autant que celles-ci soient véritablement
découplées... Les professionnels de l'industrie agro-alimentaire
ont encouragé cette évolution et paraissent satisfaits
globalement des résultats obtenus lors de ces dernières
négociations.
En effet, compte tenu de la baisse des restitutions à l'exportation, le
rapprochement des prix agricoles communautaires avec les cours mondiaux -si peu
représentatifs soient-ils dans le domaine agricole- permet un
allégement des coûts d'approvisionnement en matières
premières. Le secteur agro-alimentaire améliore ainsi ses marges
sur les ventes effectuées en Europe et abaisse ses prix de vente sur les
marchés des pays tiers, augmentant ainsi sa compétitivité,
tout en bénéficiant d'une moindre dépendance à
l'égard des décisions communautaires en matière de
restitution à l'exportation
15(
*
)
. La mise
en place de cette nouvelle réforme de la PAC ne devrait donc pas
globalement créer de difficulté à ce secteur de la
transformation, d'autant qu'elle s'effectue dans un contexte de
stabilité monétaire au sein de l'Union européenne,
grâce à l'Euro.
Néanmoins,
vos rapporteurs regrettent les décisions
adoptées à Berlin en ce qui concerne les
oléo-protéagineux
. A l'instar de ce qui s'est passé
à la suite de la réforme de 1992, avec le pré-accord de
Blair House, le secteur agro-alimentaire devra s'attendre à une forte
réduction de ses approvisionnements, notamment l'industrie des
oléagineux, en raison de la baisse de ces productions agricoles
fortement concurrencées, notamment par le blé.
L'élargissement de l'Union européenne aux PECO est un
défi d'une tout autre dimension
: en effet,
l'intégration des PECO au sein de l'Union augmentera la population
européenne de 25 %. Mais surtout, l'intégration du secteur
agro-alimentaire de ces pays risque d'entraîner de graves perturbations
dans l'Europe communautaire, dues à l'importance des écarts de
prix des produits agricoles -les prix des PECO étant
généralement beaucoup plus faibles- et à la
nécessité d'une restriction à opérer dans les
secteurs agricoles et d'aval.
Cet élargissement est donc à la
fois une formidable opportunité en termes d'approvisionnement et de
débouchés pour notre secteur agro-alimentaire et un défi
en termes de concurrence
. En effet, si, sous les régimes
communistes, le secteur agro-alimentaire avait été
relégué à un rang de second ordre
16(
*
)
, l'essor
des IAA, dans un marché de
100 millions de consommateurs, est devenu une priorité pour bon
nombre de gouvernements de pays d'Europe centrale et orientale comme la Pologne
ou la Hongrie...
Au niveau mondial
,
les futures négociations de l'OMC
, qui
débuteront à Seattle à la fin du mois,
constituent un
enjeu essentiel pour le secteur agro-alimentaire.
L'application des derniers accords du GATT (accès minimum des produits
des pays tiers au marché européen, transformation des
prélèvements variables à l'importation en droits de douane
et baisse des exportations subventionnées) a soulevé de
sérieuses difficultés pour certains secteurs d'activité,
notamment les produits laitiers, la farine, le malt et la volaille. Dans ce
dernier secteur, de 1988 à 1998, les exportations américaines ont
augmenté de 21,4% alors que dans le même temps, les exportations
européennes se limitaient à une croissance de 8,9 %.
Vos rapporteurs ont pris acte de la position commune
unanime
des Quinze sur les grandes lignes de la stratégie agricole
européenne
. Les trois principes généraux de cette
déclaration sont, respectivement, la référence
appuyée au modèle européen d'agriculture fondé sur
la mulfonctionnalité, le respect des conclusions de Berlin,
"
éléments essentiels de la position européenne en
vue des futures négociations commerciales
multilatérales
" et la défense de la
préférence communautaire.
Les objectifs des
négociations pour l'Union européenne sont les suivants
:
- la protection pour les produits communautaires dont la réputation
de qualité est liée à une indication
géographique ;
- le maintien de l'équilibre de l'accord de Marrakech, notamment
pour les soutiens internes. De manière générale, les aides
directes sont préférables au soutien des cours, d'autant plus
qu'elles peuvent contribuer à certaines missions de l'agriculture
multifonctionnelle, notamment le développement rural ;
- l'Union européenne est prête à négocier un
processus de réduction des subventions à l'exportation dès
lors que les concessions sont équilibrées avec les autres grandes
puissances agricoles (Etats-Unis, notamment). Sont visés explicitement
les crédits à l'exportation et la fourniture d'aide alimentaire,
deux supports importants de la stratégie américaine de
conquête de marchés extérieurs ;
- le maintien des concepts de " boîte
verte "
17(
*
)
et de " boîte
bleue " comme
catégories de négociations. Vos rapporteurs soutiennent le
maintien durable d'une boîte bleue (aides directes non totalement
découplées du revenu), qui n'avait qu'un statut transitoire dans
l'accord de Marrakech ;
- la confirmation plus explicite du principe de précaution, afin de
veiller à la sécurité et à la qualité des
produits alimentaires.
Vos rapporteurs regrettent que le document des ministres de l'agriculture ne
prenne pas suffisamment en compte les préoccupations du secteur
agro-alimentaire européen et de ses 19.000 entreprises qui
représentent 535 milliards d'euros de chiffre d'affaires -dont
40 milliards à l'export- et 2,63 millions de
salariés.
Comme le souligne l'Association nationale des industries alimentaires, le
" Millenium round " est "
l'occasion pour
l'Union
européenne de marquer résolument sa détermination dans les
négociations multilatérales, en faisant reconnaître par ses
partenaires les spécificités de ses choix alimentaires, tout en
permettant aux entreprises alimentaires d'améliorer leur
compétitivité dans les échanges internationaux ".
Néanmoins, les dangers sont réels : en octobre 1992, la
signature du pré-acccord de Blair House a entraîné des
conséquences catastrophiques pour les secteur de la volaille, alors que
ce marché était en pleine expansion.
Les négociations du " Millenium Round " constituent donc
bien
un véritable défi pour notre secteur agro-alimentaire. Si, au
sein de l'Union européenne le groupe de Londres (Grande-Bretagne,
Danemark, Suède) a signé la déclaration commune de
septembre dernier, le groupe de Cairns refuse le "
protectionnisme
agricole de l'Union européenne "
et considère le
démantèlement des protections tarifaires
(prélèvements à l'importation) et des subventions à
l'exportation (restitutions) comme des priorités de l'agenda de Seattle.
Le Président américain, M. Bill Clinton, a récemment
renouvelé son souhait de voir disparaître rapidement les
subventions agricoles européennes qui constituent, selon lui, un
obstacle à la bonne marche du commerce international.
B. L'AGRO-ALIMENTAIRE AU CoeUR DES NOUVELLES TECHNOLOGIES
Il ne
s'agit nullement ici pour vos rapporteurs de dresser un tableau exhaustif des
nouvelles technologies ou de prétendre appréhender toutes les
conséquences de celles-ci dans le domaine de l'agro-alimentaire.
Néanmoins, au travers de deux exemples précis, il est possible de
mesurer les véritables impacts pour le secteur de l'agro-alimentaire,
d'une part, des biotechnologies, d'autre part, des technologies de
l'information et de la communication.
1. L'impact des biotechnologies sur le secteur agro-alimentaire
Le
terme biotechnologie a été employé pour la première
fois en 1919 par Karl Erehy, ingénieur hongrois, pour évoquer la
science et les méthodes qui permettent, à partir de
matières premières, de fabriquer des produits à l'aide
d'organismes vivants.
Mais, c'est en 1953 avec le modèle de double hélice de MM. Watson
et Crick qu'est née la biotechnologie moderne, même si celle-ci ne
fait que prolonger la sélection animale et végétale et
l'utilisation des micro-organismes pour la production de bière, de vin,
de fromage et de pain entamée depuis des siècles.
Depuis 1980, la biotechnologie a fait l'objet d'un développement
commercial d'envergure, notamment aux Etats-Unis.
La biologie a pris une part essentielle dans la révolution verte qui a
été caractérisée par un accroissement sans
précédent de la productivité agricole : demain,
l'enjeu pour l'agriculture est de nourrir 7 milliards d'êtres
humains, en quantité et en qualité, de façon durable.
Il est donc légitime que les biotechnologies -issues de la biologie
moléculaire- se soient portées non seulement sur la santé,
la chimie, l'énergie, l`environnement mais aussi sur l'agriculture et
l'agro-alimentaire.
Compte tenu des délais de mise sur le marché d'idées
issues des laboratoires, des dizaines de PME spécialisées dans la
biotechnologie ont fleuri aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Europe.
Parmi les multiples utilisations de ces technologies, les développements
ont porté principalement sur les plantes -la situation pour les animaux
est moins favorable à la transgénèse- pour des raisons
techniques et économiques : on peut en effet assez facilement
mettre sur le marché à grande échelle diverses
espèces de plantes transgéniques (tomates, soja, maïs,
colza...).
Vos rapporteurs ne souhaitent pas entrer dans le détail sur cette
question à laquelle la Commission des Affaires économiques a
déjà consacré en 1998 une étude
spécifique
18(
*
)
. De nombreux rapports
existent, le dernier en date, d'excellente qualité, a été
publié par MM. Le Fur et Rouvillois, en juillet dernier, pour le
Conseil économique et social. Vos rapporteurs prennent acte du blocage
aujourd'hui que rencontrent ces biotechnologies, non seulement eu Europe mais
aussi aux Etats-Unis et au Brésil, après un développement
exponentiel des surfaces cultivées en OGM, notamment outre-Atlantique et
l'explosion du chiffre d'affaires de certaines sociétés.
De nombreuses erreurs ont été commises
dans la
présentation de ces nouvelles technologies : manque d'information
et de transparence, absence de véritable consultation du public -la
Conférence de consensus fut une réussite mais est intervenue trop
tard- stratégies agressives de la part de certaines
sociétés... La première génération d'OGM
paraît condamnée.
Est-ce à dire que l'agriculture et les
industries agro-alimentaires doivent définitivement se passer de cette
technologie ?
Au risque de choquer, vos rapporteurs répondront par la
négative
. Tout d'abord, le champ d'application potentiel de la
biotechnologie à un horizon de vingt ans est extrêmement
vaste : il inclut des améliorations de qualité des produits
(goût, conservation...), l'adaptation des plantes à des conditions
difficiles (sécheresse, salinité...), l'augmentation des
rendements par fixation renforcée de l'azote, la résistance aux
maladies et aux ravageurs (parasites, insectes), la
biodégradabilité des engrais et des pesticides, des gains de
fiabilité et de rapidité dans les diagnostics de santé
animale et des vaccins plus efficaces, la capacité d'identifier
formellement un produit tout au long de la chaîne de production
alimentaire (traçabilité), de nouvelles techniques de
transformation des micro-organismes à usage industriel... Vos
rapporteurs sont convaincus que
l'ampleur de ces progrès est de
nature à engager l'agriculture et l'industrie de transformation dans une
nouvelle " révolution verte ".
Par ailleurs, un grand péril guette l'ensemble du secteur agricole et
industriel français, voire européen : il s'agit de la
question des brevets. Près de 50% des recettes des entreprises qui
travaillent sur les biotechnologies sont consacrées à la
recherche-développement. Ainsi, la moitié de la valeur de cette
industrie réside dans son capital intellectuel. Afin de se
protéger contre toute copie et de valoriser leurs découvertes,
les chercheurs, notamment américains, ont multiplié, ces
dernières années, le dépôt de brevets dans ce
secteur d'activité. Or, en laissant les
Américains
déposer près des ¾ des brevets en matière de
biotechnologies, on risque tout simplement de limiter la disponibilité
des produits et de maintenir les prix à des niveaux indûment
élevés. Le secteur agricole et alimentaire français
pourrait être confronté dans les années à venir
à un risque capital constitué par la stratégie de
certaines multinationales, qui visent à s'assurer une situation de
monopole, par la détention de brevets
-brevets qui concernent
parfois la protection d'une connaissance et non d'une innovation comme cela
devrait être le cas-. Cette multiplication des brevets américains
est d'autant plus préoccupante que le processus de brevetabilité
en Europe est sept fois plus coûteux qu'outre-Atlantique.
2. Le secteur agro-alimentaire face aux technologies de l'information et de la communication
L'avènement des nouvelles technologies de l'information et de
la communication (NTIC) aura naturellement des conséquences importantes
pour le secteur agro-alimentaire. Vos rapporteurs ont souhaité mettre
l'accent, d'une part, sur la nécessité pour les industries
agro-alimentaires d'exploiter les NTIC et, d'autre part, sur le risque que ces
mêmes technologies comportent pour le secteur agro-alimentaire, notamment
en cas d'accident sanitaire sur un produit.
Soumises aux exigences des marchés, les entreprises
agro-alimentaires sont contraintes de mettre en oeuvre de nouvelles formes de
management, dans le but d'améliorer la qualité de leurs produits
et de réduire leurs coûts
19(
*
)
. Ces
nouveaux dispositifs rendent nécessaires une large circulation de
l'information à l'aide, notamment des réseaux informatiques
.
L'informatisation des industries agro-alimentaires permet, au sein même
de l'entreprise, d'en améliorer l'organisation. De même, la mise
ne place et la gestion de processus de qualité et de certification -qui
sont souvent de gros consommateurs d'informations numérisées-
nécessitera, dans l'avenir, de développer ces nouveaux outils.
Le renforcement des communications internes dans l'entreprise (via des adresses
électroniques), le fonctionnement des services de gestion, la
localisation des lieux d'implantation... exigent l'implantation d'un grand
nombre de micro-ordinateurs en réseaux.
Vos rapporteurs constatent que la modernisation de la gestion des industries
agro-alimentaires constitue un véritable défi : 43 %
des entreprises agro-alimentaires représentant 17% du chiffre d'affaires
total relèvent encore d'une gestion " traditionnelle ".
L'industrie agro-alimentaire devrait aussi, par le biais de
réseaux informatiques tels qu'Internet, diffuser une large information
sur ses produits et, le cas échéant, les vendre en ligne
. Le
commerce électronique et le téléachat pourraient -selon
certaines études- canaliser 15 % des ventes de produits
agro-alimentaires en 2010.
Les NTIC apparaissent donc comme un instrument au service du secteur
agro-alimentaire, permettant de mieux approcher et de manière plus
directe le consommateur. La mise en place de tels outils pourrait permettre aux
industries agro-alimentaires, pour une part non négligeable de leur
production, d'économiser des coûts de distribution, voire
même de s'affranchir du réseau de la distribution, et donc de
parvenir à un meilleur équilibre avec les GMS.
Enfin, le secteur agro-alimentaire aura besoin, de plus en plus, de
connaître et d'intégrer dans sa stratégie la masse
considérable de données relatives aux achats des
consommateurs
. Les profils des consommateurs devront être
collectés et analysés de manière croissante. Les
industries agro-alimentaires seront donc soumises à un défi
technologique d'envergure visant à segmenter plus finement les
marchés, repérer les créneaux et détecter
rapidement les nouvelles tendances de consommation.
Cette information devra pouvoir être répercutée en amont de
la chaîne de production, afin d'alimenter des marchés
étroits avec une fiabilité accrue, des délais de
réaction réduits et des coûts moindres.
L'enjeu que constitue
la maîtrise des NTIC
pour les industries
agro-alimentaires est aussi perceptible
sous un angle totalement
différent
. En effet, si le secteur agro-alimentaire doit savoir
utiliser au mieux à l'avenir cet outil tant vis-à-vis de l'amont,
de l'aval qu'au sein même de son organisation pour améliorer ses
services et ses produits, et ce, à moindre coût,
il doit aussi
l'intégrer dans sa réflexion stratégique et sa
définition des risques potentiels
. Dans une société
globalisée, où la sécurité et la qualité
alimentaires sont des sujets d'actualité quotidiens,
la survenance
d'un problème alimentaire sur un produit
, que l'origine de cette
difficulté soit accidentelle, frauduleuse ou même qu'elle soit
purement théorique,
peut provoquer
en quelques heures, en
quelques jours, la
ruine complète d'une entreprise
agro-alimentaire
. A cet égard, certains événements de
l'année 1999, sont symptomatiques de ce défi : dès lors
que les contrôles alimentaires sont renforcés, dans un
environnement européen scientifique et juridique
hétérogène, la découverte de traces de listeria
-traces qui n'ont pas été confirmées par des
contrôles postérieurs- a entraîné la chute
commerciale d'un fromage dont la marque était réputée. La
survie de l'entreprise concernée provient exclusivement, en
l'espèce, de son intégration dans un groupe important.
Si
cette entreprise avait été indépendante, vos rapporteurs
sont persuadés, à l'instar de tous les experts, qu'elle
n'existerait plus
.
Une telle expérience atteste du défi capital que
représente l'avènement des nouvelles technologies de
l'information et de la communication.
C. UN CONSOMMATEUR AUX EXIGENCES ACCRUES
Les
notions de sécurité et de qualité alimentaires, la prise
en compte de la santé dans l'alimentation, le respect des normes
environnementales dans la production ne sont certes pas des concepts nouveaux.
Néanmoins, la donne, en la matière, a
évolué.
En effet, si l'alimentation reste toujours un
plaisir, les préoccupations de santé, de diététique
ou d'énergie du début des années 90 se sont
transformées de la part du consommateur,
en véritables
exigences
d'authenticité et surtout de transparence dans le
processus de fabrication.
1. Les enseignements des crises récentes du secteur alimentaire
Crise
de l'ESB, " poulet à la dioxine ", utilisation de boues
d'épuration dans la fabrication d'aliments pour animaux, cas de
listeria, traces de salmonelles, sang de boeuf dans les vins,
la liste est
longue des crises survenues dans le secteur de l'alimentation en 1999
.
D'origine frauduleuse, accidentelle ou simple information non
vérifiée, la sécurité alimentaire fait la
" une " de tous les quotidiens et hebdomadaires depuis
quelques mois.
A cela s'ajoutent les grandes peurs du consommateur face au boeuf aux hormones
et aux organismes génétiquement modifiés. Tout ceci est
parfois un peu confus dans l'esprit du consommateur, voire dans le propos du
journaliste. Mais qu'importe puisque la question qui brûle les
lèvres est identique : " notre alimentation est-elle
sûre ? "
Le secteur agro-alimentaire devra, rapidement et sans détour,
répondre à cette question dans les mois à venir sous peine
de subir des conséquences désastreuses. Dès lors, les
27 % d'entreprises agro-alimentaires qui appliquent des mesures de
références internationales de type ISO 9001 ou ISO 9002
paraissent bien modestes au regard de l'enjeu de la sécurité
alimentaire.
Les industries agro-alimentaires devront, demain,
établir une traçabilité parfaite à tous les
stades
de la fabrication car dès qu'un maillon est absent, tout le
système s'écroule.
Cet impératif est lourd
financièrement
, surtout dans un environnement économique,
social et réglementaire très hétérogène.
Mais vos rapporteurs sont persuadés qu'aucune autre issue n'est
possible. Les pouvoirs publics devront participer de manière active
à cette politique prioritaire que constitue la sécurité
alimentaire
: la création de l'AFSSA, à l'initiative de
la Commission des Affaires sociales du Sénat, correspond parfaitement
à la mission qui incombe aux pouvoirs publics.
Cet impératif de sécurité alimentaire, dans un contexte
de suspicion, se double, de plus en plus, d'une demande de qualité des
produits. La France possède de nombreux atouts en la matière,
avec les signes de qualité qui feront l'objet, demain, d'une demande
accrue de la part des consommateurs, notamment sur les marchés
internationaux. Selon un récent sondage, 66 % des Américains
changeraient de marque de produits pour une autre portant un label. La
promotion de la qualité des produits agro-alimentaires passe en France,
notamment par celle des produits des terroirs.
La sécurité et la qualité de ces produits
considérés comme " typiques ", avec une forte
connotation culturelle, devront dans l'avenir être totalement
irréprochables
: en effet, si un incident sur un produit
standard est dévastateur pour une entreprise agro-alimentaire, le
même problème sur un produit portant un label ou une appellation
d'origine pourrait être catastrophique, non seulement pour l'entreprise
concernée, mais aussi pour l'image même de toute l'alimentation
d'une région ou d'un pays.
Enfin, le consommateur commence tout juste à prendre en compte le
respect des normes environnementales
. Aujourd'hui, les IAA investissent
chaque année 500 millions de francs dans le traitement des eaux,
financent 65 % du budget d'Eco-emballage et consacrent 600 millions de francs
au titre des outils destinés à gérer la protection de
l'environnement. Ces efforts sont nettement insuffisants. Le secteur
agro-alimentaire
accuse un retard préoccupant
en matière
de certification ISO 140001 (norme internationale sur le management de
l'environnement) par rapport à ses partenaires européens. Or,
cette adaptation aux normes environnementales deviendra une priorité
dans l'avenir, à tous les niveaux de la transformation :
l'entreprise agro-alimentaire devra s'assurer que les matières
premières qui lui sont livrées respectent certaines normes
environnementales : le développement de l'agriculture dite
" raisonnée " avec, par exemple, le volet vert
"
d'Agri-Confiance
" mis en place par la coopération
agricole, correspond à cette préoccupation, mais reste encore
trop limité.
Dans la transformation du produit, l'industrie agro-alimentaire devra respecter
une réglementation environnementale de plus en plus contraignante en
matière de rejets (matières organiques, déchets de
production, rejets d'eau ou de boues, déchets d'emballage...).
Vos
rapporteurs soulignent, par exemple, le défi que représente dans
l'avenir la gestion de l'eau pour les IAA
. En effet, le secteur
agro-alimentaire consomme une grande quantité d'eau pour le lavage,
l'extraction, la cuisson ou pour le refroidissement, a besoin d'une eau de
bonne qualité pour l'hygiène et la qualité gustative des
produits, et entraîne des rejets contenant presque uniquement des
produits organiques.
Enfin, le produit transformé devra répondre à certaines
caractéristiques particulières -emballage...- afin, là
aussi, de répondre aux exigences des consommateurs.
Cette prise en compte d'exigences environnementales s'accompagnera, au sein
des filières animales, d'une demande accrue en termes de
bien-être
: le consommateur accepte de moins en moins
l'élevage intensif -la récente réglementation
européenne sur les poules pondeuses en est un exemple-,
s'intéresse de plus en plus aux conditions de transport des animaux
ainsi qu'aux modalités d'abattage. L'entreprise agro-alimentaire de la
filière bovine ou avicole qui, demain ne prendrait pas en
considération ces préoccupations risque d'être rapidement
montrée du doigt par les médias et d'en subir les effets.
Vos rapporteurs considèrent comme très légitimes les
demandes du consommateur en matière de sécurité sanitaire,
de qualité alimentaire, d'environnement et de bien-être animal.
Ils n'en soulignent pas moins les difficultés, au sein d'une Europe qui
souffre encore d'un manque cruel d'harmonisation de la législation
alimentaire et dans un monde globalisé où les différentes
réglementations nationales sont souvent très
éloignées de nos standards français.
2. Une démarche difficile
Si la
mise en place en France d'une industrie agro-alimentaire sûre, de
qualité, respectueuse des mesures environnementales et du
bien-être animal constitue, désormais, un impératif, elle
ne s'en heurte pas moins à
deux
difficultés
majeures
:
En premier lieu, l'harmonisation de la réglementation
européenne dans le secteur alimentaire est encore loin d'être
parfaite.
Certes, dans la bataille pour la conquête -ou la
préservation- de parts de marché européen, l'industrie
agro-alimentaire française bénéficie d'une image de
qualité que lui confère son système,
particulièrement sophistiqué, d'identification des produits
alimentaires. Le système anglo-saxon privilégie, au contraire, la
marque commerciale et l'étiquetage. Si sur ce point la
réglementation européenne a nettement progressé avec la
mise en place des appellations d'origine protégées et les
indicateurs géographiques protégées, l'harmonisation
communautaire reste insuffisante.
Depuis l'arrêt " Cassis de Dijon " de 1979, le principe de
la
reconnaissance mutuelle des règles nationales a été
consacré. L'approche minimaliste, d'inspiration hygiéniste et
anglo-saxonne, limitant l'harmonisation communautaire à la
définition d'exigences essentielles en matière de
sécurité et d'information, repose sur la condition que les
règles communautaires d'étiquetage suffisent à assurer la
protection et l'information des consommateurs ainsi que la loyauté des
transactions.
Cette approche simplificatrice
-un consommateur consacre
à peu près une seconde à l'acte d'achat d'un produit
alimentaire
-, peu cohérente avec certains objectifs affichés
dans le cadre de la PAC, fait non seulement peser le danger de l'adoption des
normes les moins contraignantes
-ce qui est le cas pour la
définition de la réglementation biologique dans la production
animale-
mais encore fausse totalement le jeu de la concurrence au sein de
la zone européenne
, comme, par exemple, pour l'alimentation animale.
Outre les difficultés de l'Union européenne à
définir un droit de l'alimentation cohérent malgré la
parution d'un livre vert en 1997 sur les principes généraux de
l'alimentation en Europe, la création récente d'une direction
générale consacrée aux consommateurs et de nombreuses
déclarations d'intention, des progrès sont nécessaires
dans l'application des règles d'étiquetage, notamment pour les
OGM, dans la mise en place d'une législation sur l'alimentation animale
adaptée, dans la gestion des contrôles...
Paradoxalement, à côté de pans entiers peu ou pas pris
en compte par la législation communautaire, existe un nombre excessif de
règlements, difficilement applicables -une centaine de directives
environ-
. Ainsi,
vos rapporteurs considèrent que la
complexité et la rigidité de l'environnement réglementaire
européen nuisent à la capacité de l'industrie
agro-alimentaire d'anticiper et de s'adapter aux nouvelles contraintes
internationales
. Il existe une trop grande fragmentation et un manque de
coordination trop important entre les Etats membres au niveau de
l'élaboration des mesures concernant la sécurité des
aliments et la protection des consommateurs.
Cette diversité réglementaire dans le domaine de
l'alimentation est encore plus importante au niveau international
.
Malgré la conclusion de nombreux accords -le dernier en date porte
sur les questions vétérinaires entre l'Europe et les Etats-Unis-,
l'hétérogénéité des législations
crée de très fortes distorsions de concurrence
qui affectent
particulièrement les industries agro-alimentaires européennes et
notamment françaises.
Le secteur agro-alimentaire français
sera de plus en plus confronté, au niveau international, à deux
approches.
La première consiste dans l'absence quasi-totale de
réglementation pour certains Etats dans le secteur alimentaire ou, au
contraire, dans l'existence d'une législation extrêmement
complexe
. Le secteur agro-alimentaire français devra, dans le cadre
d'échanges avec ces pays, soit faire face à des importations de
produits alimentaires à des coûts très faibles -et
être ainsi tenté de se délocaliser dans ces
régions-, soit se prémunir contre des tentations protectionnistes
de la part de ces Etats.
Face à cette insuffisance ou cet excès de réglementation
qui nuit aux échanges mondiaux dans un secteur très sensible,
une seconde tendance encourage la mise en place d'une véritable
réglementation multilatérale
. La création de
l'Organisation Mondiale du Commerce répond à cette logique. Les
accords sur les obstacles sanitaires et phytosanitaires (accord SPS), sur les
obstacles techniques aux échanges (accord OTC) et sur les aspects des
droits de propriété intellectuelle (accord ADPIC)
ont
été conçus dans un double objectif
: encourager
les recours à des normes internationales et se prémunir contre le
protectionnisme exercé par voie réglementaire. Le
développement de normes internationales en matière alimentaire
s'effectue notamment au sein du Codex Alimentarius.
Les travaux normatifs de
cette institution constituent, pour notre secteur agro-alimentaire, un
véritable défi
. Le Codex Alimentarius est un organisme
international créé en 1962, dont la mission consiste à
élaborer des normes relatives aux produits agro-alimentaires. Cette
instance étudie et propose des normes, des codes, des textes
documentaires, utilisables comme références dans la
commercialisation mondiale des denrées alimentaires.
Ces normes vont,
peu à peu, s'imposer pour donner des bases saines
-tout au moins
l'espère-t-on-
au développement des échanges
internationaux
20(
*
)
. L'OMC a, d'ailleurs,
confié au Codex une mission importante qui consiste à
éliminer, sur des bases objectives admises par tous, les obstacles
techniques au commerce international.
Cette institution
, si elle rencontre parfois des difficultés de
fonctionnement,
verra son rôle renforcé dans l'avenir
. La
France doit être fortement présente non seulement comme Etat
soumettant ses propres connaissances et expériences dans les domaines
scientifiques, réglementaires et industriels pour la protection des
consommateurs mais aussi comme responsable du Comité des principes
généraux vers lequel sont renvoyés les problèmes
soulevés par la Commission du Codex pour qu'il propose une solution
acceptable. Parce que les textes du Codex sont opposables en pratique aux
Etats, que ces derniers aient ou non décidé de les accepter et de
les intégrer dans leur réglementation nationale, le rôle
des experts au sein de cette instance se trouve renforcé dans tous les
domaines, notamment celui, très important pour le secteur
agro-alimentaire français, des questions technologiques et de leur
relation avec la qualité et l'authenticité des aliments. Ainsi,
par exemple, afin de veiller à la bonne application de l'accord SPS, le
fondement scientifique est obligatoire, la décision devant être
prise sur la base de l'analyse des risques qui comporte l'appréciation
et la gestion du risque, ainsi que la communication sur les risques. L'exemple
du fromage au lait cru est particulièrement révélateur de
l'importance prise par le Codex alimentarius dans la mise en place de normes et
de règles applicables non seulement au niveau international, mais aussi
à celui des réglementations nationales ou européennes.
L'industrie agro-alimentaire française doit donc, face à cette
institution, être très active pour la définition des
objectifs et la préparation des dossiers. Elle doit, en outre,
participer aux diverses instances du Codex Alimentarius.
L'enjeu que
constitue la définition des normes alimentaires de demain et la prise en
compte croissante des " facteurs légitimes non
scientifiques "
(souhait des consommateurs, tradition alimentaire...) au sein de cette instance
nécessite la plus grande vigilance des professionnels et des pouvoirs
publics.
Vos rapporteurs sont, en outre, convaincus de la nécessité de
changer les relations entre d'une part, la Commission du Codex Alimentarius
composée de 158 Etats et d'autre part les Comités de l'OMC
sur les mesures sanitaires et phytosanitaires, et sur les obstacles techniques
au commerce.
III. LE SECTEUR AGRO-ALIMENTAIRE DOIT ACCOMPLIR UNE NOUVELLE RÉVOLUTION
Pour
survivre dans ce nouvel ordre alimentaire mondialisé, dans lequel le
consommateur parviendra de plus en plus à faire prévaloir ses
exigences individuelles, où les technologies nouvelles seront
omniprésentes, les Industries agro-alimentaires devront effectuer de
profondes transformations.
Penser que la seule obtention d'une qualification ISO 9000, le maintien du
chiffre d'affaires à l'exportation, la conclusion de partenariats avec
la grande distribution via notamment le développement des marques de
distributeur, pourraient suffire au secteur agro-alimentaire français
pour affronter les enjeux de la concurrence internationale, les bouleversements
des mode de consommation, les impératifs de qualité et de
sécurité sanitaire... serait un leurre.
Certes, il appartiendra à chaque entreprise de définir sa
stratégie industrielle
.
Mais les transformations en cours
expliquent un changement mentalité, de comportement de l'ensemble des
acteurs du secteur
agro-alimentaire ainsi que des politiques
. Il ne
s'agit plus de contraindre l'amont tout en subissant l'aval, mais de
créer une véritable chaîne de valorisation. Il ne s'agit
plus de rester isolé sur son marché intérieur ou de
consacrer exclusivement son développement à l'export, mais au
contraire de reconquérir le marché national pour être plus
performant sur les marchés européens et internationaux. Il ne
s'agit plus d'assurer la plus grande sécurité alimentaire et le
minimum de qualité des produits, mais de parvenir à concilier en
termes d'excellence qualité et sécurité pour le plus grand
profit du consommateur. Il ne s'agit plus de dépenser un minimum du
chiffre d'affaires à la formation des personnels et à la
recherche-développement mais considérer que ces investissements
sont les deux priorités du secteur agro-alimentaire. Il ne s'agit plus
pour les pouvoirs publics d'être soit spectateur soit acteur des
stratégies industrielles, mais de devenir un véritable arbitre
à la fois soucieux du respect des règles et en mesure
d'établir un dialogue permanent avec le secteur industriel.
Telles sont les conditions pour que s'impose, demain, notre industrie
agro-alimentaire.
A. LA CONSTITUTION D'UNE VÉRITABLE CHAINE DE VALORISATION
L'industrie agro-alimentaire française doit parvenir à évoluer dans un environnement non conflictuel -tant vis-à-vis de l'amont que de l'aval- si elle veut valoriser pleinement ses atouts. La mise en place " d'un esprit de filière " doit ainsi lui permettre de se concentrer sur les enjeux qui sont les siens .
1. Un partenariat avec l'amont s'impose
Le
secteur agro-alimentaire regrette souvent l'atomisation de l'offre et
éprouve parfois des difficultés à trouver des produits
correspondant à ses exigences.
Vos rapporteurs, tout en comprenant les difficultés que rencontrent les
agriculteurs, et en les soutenant dans la plupart de leurs démarches,
rappellent avec force la nécessité d'une organisation de la
production et des différents filières. Il n'est pas normal que
l'on se replie sur soi " les bonnes années " et qu'on en
appelle à la solidarité nationale les " mauvaises ".
Quel que soit le jugement que l'on porte sur l'organisation de la production,
elle est aujourd'hui un impératif tant pour le monde agricole que pour
le secteur agro-alimentaire : face à des groupements forts,
les rapports entre les industries agro-alimentaires et l'amont seront
appelés à se rééquilibrer. L'exemple
néerlandais le prouve.
En outre, la généralisation d'une politique contractuelle entre
les IAA et les agriculteurs et la présence d'un secteur
coopératif puissant -dans lequel des méthodes de
contractualisation spécifiques, comme Agriconfiance, sont mises en place
avec les agriculteurs, doivent permettre de renforcer le partenariat entre le
monde agricole et celui de l'agro-alimentaire.
Les deux premiers maillons de la filière alimentaire sont
constitués par l'agriculteur et l'industriel, le second transformant
70 % globalement de la production du premier.
Les deux partenaires ont donc tout intérêt à
coopérer, à renforcer leurs liens : affaiblir l'un des deux
maillons, c'est fragiliser l'ensemble de la chaîne et donc sa propre
structure.
Cette stratégie vaut tout autant pour les relations des industriels avec
la distribution.
2. Le dialogue constant avec la distribution est une nécessité
La
sophistication croissante des procédés industriels, l'importance
grandissante de la collecte et de l'analyse de l'information, de la
recherche-développement et de la communication, devraient,
vraisemblablement, alourdir les coûts fixes à tous les niveaux du
secteur agro-alimentaire.
Opérant sur des marchés plus segmentés, les entreprises
seront confrontées à de plus en plus de risques. Cette
montée parallèle des coûts et des risques devrait renforcer
le souci pour les industries agro-alimentaires d'atteindre une taille
critique : néanmoins cette concentration aura du mal à
atteindre celle de la grande distribution. C'est pourquoi, l'un des traits
marquants de l'organisation du secteur agro-alimentaire dans le futur pourrait
être de renforcer les relations verticales, notamment en direction de la
distribution. La segmentation de la consommation devrait conduire à une
multiplication des créneaux et, par là même, imposer un
resserrement des liens entre les différentes étapes de la
filière : en effet la coordination verticale entre le secteur
agro-alimentaire et son aval devrait lui offrir une garantie de
débouchés et, éventuellement une couverture contre les
risques de variation des prix.
Or, les relations entre ces deux acteurs se sont
révélées souvent infructueuses, la grande distribution
étant accusée d'exercer en permanence sa domination.
Vos rapporteurs sont conscients qu'une coopération ne se
décrète pas
: les mesures législatives prises
depuis un quart de siècle ne sont d'ailleurs pas parvenues à
enrayer la domination des GMS dans le secteur alimentaire. Les dernières
prévisions, notamment de l'OCDE, indiquent que
si, en théorie,
tous les maillons de la chaîne alimentaire semblent devoir tirer un
avantage de la coordination verticale, dans la pratique, les rapports
évoluent souvent en faveur de la distribution
. En effet, dans un
secteur où l'information sur la demande est appelée à
devenir le " nerf de la guerre ", la proximité des
consommateurs est et pourrait être un atout décisif en faveur des
entreprises de distribution. Celles-ci auraient donc, de plus en plus, une
" vocation naturelle " à organiser les relations verticales
et
à influer sur les décisions de production et de transformation,
disposant des moyens d'orienter en leur faveur le partage des risques et des
profits.
Vos rapporteurs prennent acte des récentes décisions du
Gouvernement visant à organiser, d'une part, des tables rondes entre les
différents partenaires de la filière et d'autre part, des assises
de la distribution au début de l'année 2000.
Ils considèrent qu'au-delà d'une nécessaire
réorientation de la politique industrielle du secteur agro-alimentaire
dans le sens d'une meilleure réponse à la demande, reposant sur
l'innovation technologique et de nature à permettre d'imposer la
notoriété de leur marque,
seul un changement d'état
d'esprit des " grands " de la distribution pourra permettre
de
rééquilibrer le rapport de forces et d'évoluer dans un
environnement moins conflictuel
, à l'instar de ce qui se passe aux
Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou en Europe du Nord.
Ils estiment, par exemple, essentiel que ces deux acteurs se partagent,
équitablement les fruits de l'optimisation des relations logistiques.
Ils rappellent l'intérêt que peut présenter, dans les
années à venir, le développement des ventes de produits
agricoles et transformés via, notamment, le réseau Internet. En
ayant un contact direct avec le consommateur, l'entrepreneur pourra se passer
du réseau de distribution. On estime que ces modes de vente
représenteront environ 10 % à 20 % du total des ventes
de produits agro-alimentaires dans les deux années à venir. De
telles opportunités permettraient sans aucun doute au secteur
agro-alimentaire de renforcer son poids dans la chaîne alimentaire,
notamment vis-à-vis des GMS.
Par ailleurs, vos rapporteurs approuvent les initiatives du secteur
coopératif visant, d'une part, à améliorer la
procédure d'urgence devant le Conseil de la Concurrence en cas de
conflit, et d'autre part, à créer une instance à
caractère public qui se donnerait pour mission de veiller à ce
que soient pleinement utilisées les voies de droit d'ores et
déjà existantes contre les abus de puissance d'achat.
B. LA MODERNISATION DE L'OUTIL INDUSTRIEL
L'avenir des industries agro-alimentaires passe aussi par une forte adaptation de l'outil industriel au sens large, c'est-à-dire incluant non seulement la recherche et l'innovation, mais aussi les capacités de financement du secteur agro-alimentaire ainsi que la gestion des ressources humaines.
1. S'engager dans une politique de recherche et d'innovation plus active
Le
rôle de la recherche est de préparer l'avenir par la
maîtrise des technologies nouvelles afin, dans le domaine de
l'alimentaire, d'être en mesure de fournir des aliments suffisamment
dotés en protéines et en chaînes carbonées. Cette
recherche débouche sur de très nombreuses innovations dans le
secteur agro-alimentaire, devant permettre aux IAA de conserver leurs parts de
marché et d'en conquérir de nouvelles.
Le renforcement de la recherche et de l'innovation paraît donc
indispensable au secteur agro-alimentaire français pour affronter,
à armes égales avec ses concurrents, les défis de
l'alimentation du XXI
e
siècle, aussi bien dans les pays
industrialisés que dans les pays en développement.
De nombreux rapports font état de l'insuffisance de la recherche
privée dans l'industrie agro-alimentaire : les chiffres varient
d'une étude à l'autre mais s'élèvent en moyenne
à 0,9 % de la valeur ajoutée des IAA, soit 340 millions
d'euros (2,2 milliards de francs). En ajoutant les financements publics du
budget civil de la recherche et du développement technologique (BCRD),
qui comporte les dotations du ministère chargé de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie aux grands
établissements de recherche tels l'INRA, le CEMAGREF, les moyens du
ministère de l'agriculture et de la pêche et les crédits de
l'AFFSA -au total environ 1 milliard de francs- on atteint le chiffre
global de 1,2 à 1,4 %. Cette moyenne est à mettre en rapport
avec celle de l'ensemble des entreprises industrielles françaises
où la recherche privée représente près de 3 %
de la valeur ajoutée.
La recherche privée dans les IAA est
donc près de quatre fois inférieure à celle de
l'ensemble de l'industrie, ce qui fait des IAA françaises la
" lanterne rouge " des industries françaises et
européennes en matière de recherche
, selon l'expression
déjà consacrée par un avis du Conseil économique et
social adopté le 26 avril 1989 sur le rapport de M. Jean
Teillac.
Certes, ce constat varie fortement en fonction des secteurs
(comme celui
des semences)
et des entreprises
. Par exemple, Nestlé
consacrerait jusqu'à 12 % de son chiffre d'affaires à la
recherche. Néanmoins, depuis dix ans,
la recherche dans
l'agro-alimentaire reste nettement insuffisante
: ne comptait-on pas
seulement 1.100 chercheurs publics et 1.350 chercheurs privés en
1996 ? La recherche et le développement des IAA emploient moins de
3.000 personnes, soit seulement le double des effectifs de la recherche
publique, aujourd'hui, oeuvrant dans le domaine alimentaire.
Aux Etats-Unis, le Bayh-Dole Act (lois sur les brevets) votée le
12 décembre 1980 a donné aux établissements de
recherche le droit de devenir propriétaires des brevets résultant
d'innovations issues de leurs laboratoires et ayant
bénéficié de subventions du Gouvernement. Ce dispositif
libéralise
le système précédent, qui voulait
que seul le Gouvernement puisse être propriétaire desdits brevets,
et attire une masse croissante de chercheurs de tous les pays qui voient leur
travaux valorisés : de 1989 à 1991, le nombre
d'universités déployant des efforts pour transférer des
technologies a été multiplié par dix.. Les Etats-Unis
comptent augmenter ces dispositifs dans les années à venir en
raison de leurs manque d'ingénieurs -on compte 5,4 %de jeunes
diplômés aux Etats-Unis pour 18,9 % en France-. L'Europe et
la France devront ainsi éviter une nouvelle fuite des cerveaux, les
spécialistes de la valorisation, notamment dans le secteur de
l'agro-alimentaire, étant en nombre insuffisant selon la plupart des
experts.
Néanmoins, le défi pour la recherche agro-alimentaire est tout
à la fois quantitatif et qualitatif.
L'opposition entre tradition
alimentaire et innovation technologique doit ainsi être surmontée.
Les chercheurs doivent explorer parallèlement ces deux concepts afin de
dégager de nouveaux champs d'investigation. En outre, les chercheurs
doivent se rapprocher du monde économique, pour être à
l'écoute des préoccupations et les traduire en programmes de
recherche, et transférer leur savoir dans tous les domaines permettant
la maîtrise de la qualité des produits : modélisation
des processus physique, chimique et biologique de l'industrie agro-alimentaire,
développement de méthodes d'analyse, mise au point de capteurs et
de procédés de transformation, etc.
Les pouvoirs publics doivent accompagner ces efforts de recherche en
multipliant les programmes interministériels pluriannuels, tels que
" Aliment 2000 " lancé en 1993 : ce programme s'est
donné pour objectif de renforcer les liens de l'industrie avec la
recherche publique, dans les domaines du génie industriel alimentaire,
des biotechnologies, de la qualité, de la nutrition et de la
toxicologie. Vos rapporteurs suivront avec intérêt le
déroulement du programme " Aliment qualité
sécurité " (AQS) piloté par le ministère de
l'agriculture et celui de la recherche, qui s'étale de 1998 à
2001, avec un budget prévisionnel de 9,15 millions d'euros
(60 millions de francs).
De même,
l'initiative lancée en septembre 1997 par le
GIS-RIA
(groupement d'intérêt scientifique de recherche pour
l'industrie alimentaire), qui regroupe des scientifiques de
onze organismes de recherche spécialisés et dont l'objectif
est d'améliorer la concertation sur la recherche en agro-alimentaire
est un exemple à suivre
.
Comme le soulignait M. Victor Scherrer, le remède aux différents
dysfonctionnements que connaît la recherche dans le secteur
agro-alimentaire
" est moins une question de moyens financiers que
de
coordination et de rationalisation des organes et dispositifs
existants ".
Les industries agro-alimentaires, devenues des industries de " haute
technologie ", confrontées à des filières toujours
plus complexes, à l'explosion des connaissances scientifiques et aux
exigences accrues des consommateurs, sont condamnées à relever le
défi de la recherche : un sursaut est nécessaire de la part
tant des industriels et des financiers que des pouvoirs publics.
L'une des explications avancées pour justifier la faiblesse de la
dépense de recherche-développement est l'importance des sommes
engagées dans l'innovation-produit, qui comprend l'étude de
l'attente du consommateur, l'analyse des besoins, le design, le marketing...
L'innovation-produit permet, par exemple, à une industrie alimentaire
d'accroître sa croissance par une création de valeur
ajoutée, à un challenger de se rapprocher du leader d'un
marché...
En France, l'innovation-produit entraîne chaque année le
lancement de 1.500 références, chiffre qui croît
annuellement de 10 à 15 %.
L'innovation-produit nécessite des moyens importants : ainsi le
budget de lancement d'un produit par une grande marque nationale est de 0,76
à 3,05 millions d'euros (5 à 20 millions de francs)
pour la publicité, 0,76 à 4,57 millions d'euros (5 à
30 millions de francs) pour l'investissement industriel, 0,30 à
0,76 million d'euros (2 à 5 millions de francs) pour le
référencement, 0,15 million d'euros (1 million de
francs) d'études marketing et environ 0,46 à 0,61 million
d'euros (3 à 4 millions de francs) pour la
recherche-développement et les essais.
Néanmoins, le
succès s'avère très aléatoire
: en effet,
sur environ 500 idées, 50 concepts émergent et
seulement 6 études technico-marketing sont entamées. Enfin,
sur deux produits lancés, un produit nouveau seulement réussit.
Sur ces nouveaux produits qui réussissent, seuls 30 % subsistent au
bout de deux ans. Vos rapporteurs sont conscients du fait qu'il est beaucoup
plus difficile de stimuler ou créer des envies chez le consommateur dans
le domaine de l'agro-alimentaire -déjà largement exploré-
que dans les produits informatiques ou de la hi-fi. Dans neuf cas sur dix, ce
ne sont pas les équipes de recherche-développement qui sont
à l'origine de l'innovation, mais le marketing qui a pris une importance
essentielle avec l'avènement des GMS et le développement des
marques.
Vos rapporteurs considèrent que, compte tenu de l'évolution du
secteur agro-alimentaire, la nouveauté du produit devra de plus en plus
céder la place à l'apport d'une plus grande valeur
ajoutée, telles que la nutrition et surtout la sécurité.
Si les grands groupes sont contraints d'innover, les PME/PMI ne sont pas en
reste. Néanmoins, en raison de la faiblesse des sommes que celle-ci
peuvent consacrer à l'innovation-produit, vos rapporteurs souhaitent que
les outils mis à la disposition des centres d'appui technique aux
industries agro-alimentaires soient développés. Après
l'utile réorganisation de l'Association des centres techniques pour
l'industrie agro-alimentaire (ACTIA), ces centres techniques, comme le
proposait le rapport de M. Michel Caugan de 1996, doivent continuer à
regrouper leurs efforts pour pouvoir utilement créer des partenariats
avec leurs homologues européens, qui ont souvent une taille nettement
plus importante. En outre, la mise en réseau des centres techniques
professionnels (loi de 1948), qui ont une vocation d'action nationale sur une
profession, des centres régionaux qui fournissent aux PME un appui
très rapproché et des centres techniques génériques
qui se sont spécialisés dans une technique
donnée
21(
*
)
, doit être
accentuée. Nos PME pourront ainsi trouver, dans un rayon de 100 km
autour de leurs implantations, les services d'analyse et d'information utiles
à leur analyse et développement qui leur font souvent
défaut.
Vos rapporteurs souhaiteraient, en outre, que soit
étudier la
possibilité pour les centres techniques agro-alimentaires de se doter de
fonds propres
afin d'être en mesure de mobiliser rapidement des
capitaux en faveur des PMI/PME.
Par ailleurs,
ils préconisent une évolution du crédit
d'impôt recherche, à l'instar du système
québécois :
afin de conserver à ce dispositif un
caractère fortement incitatif, et sans remettre en cause toutes les
procédures, la mise en place d'une nouvelle assiette de calcul (valeur
ajoutée ou dépenses totales en recherche par exemple) et de taux
modulés pourrait inciter les entreprises à associer des
partenaires scientifiques et techniques à leurs démarches
d'innovation.
De même,
la mise en place en faveur des particuliers de modes
d'imposition favorables aux investissements dans les entreprises innovantes,
comme aux Etats-Unis, serait un outil précieux de développement
de la recherche.
Vos rapporteurs suivront avec intérêt l'application de la loi sur
l'innovation et la recherche adoptée le 30 juin dernier
22(
*
)
qui pourrait s'avérer particulièrement
intéressante dans le secteur agro-alimentaire.
En premier lieu, ce
texte offre aux chercheurs publics la possibilité de conserver leur
statut durant une certaine période dés lors qu'ils créent
" une PMI ou une PME de l'avenir ". En second lieu,
l'installation
d'un incubateur -organisme public de recherche- permet à de petites
entreprises de bénéficier de divers services (locaux,
matériels...) qui constituent autant d'économies.
2. Gérer de façon dynamique l'emploi, composante essentielle du développement du secteur agro-alimentaire
L'image
du secteur agro-alimentaire, dans le domaine social, est contrastée.
D'une part, les industries agro-alimentaires constituent le troisième
employeur de l'industrie française avec 10% de l'emploi industriel.
L'emploi a d'ailleurs plutôt mieux résisté dans cette
branche industrielle que dans d'autres durant les années 70-80. De plus,
depuis deux ans, les industries agro-alimentaires sont créatrices nettes
d'emplois, avec + 5.000 emplois en 1998. Enfin, on assiste depuis le
début des années 1990, à une hausse de la qualification
des postes.
D'autre part, l'agro-alimentaire est caractérisé par un taux
d'encadrement assez faible, un niveau de qualification inférieur aux
autres secteurs industriels, -la part des ouvriers étant de 61 %
contre 37 % en moyenne dans l'ensemble de l'économie-, un
pourcentage de jeunes peu important, et une formation professionnelle
sous-développée avec des dépenses de 2,5 % de la
masse salariale -contre 3,2 % en moyenne dans l'économie-. Par
ailleurs, les métiers de l'industrie agro-alimentaire souffrent d'une
mauvais image et ont la réputation d'offrir des conditions de travail
difficiles -s'agissant d'un des secteurs où l'on travaille le plus
la nuit et le week-end-.
Plusieurs outils ont été mis en place en matière de
formation, dans ce secteur, depuis le milieu des années 90, tels, par
exemple, les contrats d'études prospectives, le Fonds d'Assurance
Formation des IAA et l'accord tripartite sur la formation professionnelle.
Néanmoins, vos rapporteurs estiment
qu'il est impératif, pour
faire face aux enjeux du XXI
e
siècle, de prendre nettement
plus en compte les questions de formation professionnelle
. L'Etat, en la
matière, doit jouer un rôle dynamique en encourageant notamment
les plus petites entreprises à investir dans la formation de leurs
personnels. La réticence de l'administration à renouveler pour la
troisième fois l'accord pour les industries agro-alimentaires sur
l'engagement de développement de la formation, qui avait connu un
succès réel de 1995 à 1998, apparaît, à cet
égard, regrettable.
Par ailleurs, l'amélioration des conditions de travail dans certains
secteurs est indispensable.
En matière de réduction de la durée du temps de travail
(RTD), vos rapporteurs tiennent à rappeler plusieurs
évidences : tout d'abord, la RTD -et notamment le second projet de
loi sur les 35 heures- doit tenir compte des spécificités de
chaque secteur : ainsi, dans certains secteurs, les temps d'habillage et de
déshabillage dépassent les trois heures par semaine en raison des
normes d'hygiène. Doit-on imputer la totalité de ces heures sur
le temps de travail ? En outre, certaines entreprises ont recours, de
manière importante, aux contrats à durée
déterminée en raison de la saisonnalité de leur
activité, et ce souvent en plein accord avec les salariés.
Doit-on empêcher strictement de telles pratiques, sans distinguer la
nécessaire lutte contre la précarité du travail du bon
fonctionnement d'entreprises qui ont pris la peine de négocier avec
leurs salariés sur des bases légales et consensuelles ?
Par ailleurs, vos rapporteurs soulignent que tout renforcement en France de la
législation sociale -au même titre qu'en matière
d'environnement, de sécurité sanitaire et de qualité
alimentaire- si légitime soit-il- conforte souvent la situation
concurrentielle de nos partenaires européens et des pays tiers en
augmentant les distorsions de concurrence.
3. Dégager des réelles capacités de financement
Les
entreprises agro-alimentaires doivent faire face à des besoins
croissants d'investissements, notamment face à l'explosion des
dépenses de publicité, qui sont quasiment le double de celles
consacrées aux investissements matériels estimés à
environ 20 milliards par an. Ce secteur est, en outre,
caractérisé par une rentabilité faible, des fonds propres
insuffisants, une valeur ajoutée de 18,5% du chiffre d'affaires contre
30% dans les autres industries et un excédent brut d'exploitation de
l'ordre de 7,8% contre 9 à 10% dans le reste de l'industrie.
Avec une moyenne inférieure à 5 %, l'autofinancement
dégagé ne permet pas de couvrir convenablement la charge
d'investissement, induisant un endettement important.
En outre, le taux d'endettement ramené aux fonds propres est
supérieur de 5 points à celui de la moyenne de l'industrie
et le poids des fonds propres dans le total du bilan n'atteint que 20 %.
Cette faiblesse est due à la structure du tissu industriel
(les
PME représentent plus de 60 % du chiffres d'affaires de la branche)
mais aussi à l'insuffisance de capitalisation des
résultats
.
Pour un banquier, sur une échelle de risques, les industries
agro-alimentaires appartiennent à la catégorie des
" secteurs matures ", moyennement exposés avec un taux de
défaillance de 1,5%, soit 2 fois plus bas que les autres secteurs.
Néanmoins l'entreprise agro-alimentaire a une sensibilité
importante aux crises cycliques d'autant plus forte qu'elle est proche de
l'amont et que ses produits sont moins transformés. De plus, la
difficulté à trouver un partenaire en fonds propres réside
dans le fait que la croissance de l'activité agro-alimentaire se
révèle relativement faible à court terme et dégage
difficilement une bonne valorisation du capital investi.
Vos rapporteurs prendront, à titre d'exemple, les coopératives
agro-alimentaires qui sont liées au territoire à la fois par
leurs sociétaires et l'apport de leurs capitaux d'une part, par la
nature de leurs activités et la provenance de leur matière
première d'autre part.
Face aux besoins financiers
nécessaires au développement
des entreprises du secteur coopératif,
vos rapporteurs proposent deux
mesures
: tout d'abord, la mise en place rapide -cette mesure figure
dans la loi d'orientation agricole- de l'extension du champ de la dotation pour
provision pour investissements aux parts sociales de la coopérative,
lorsque celles-ci constituent la contrepartie d'un capital finançant les
investissements nouveaux.
Par ailleurs, vos rapporteurs encouragent la mise en place d'un instrument
destiné à drainer l'épargne des agriculteurs,
sociétaires de coopératives ou fournisseurs d'industries
agro-alimentaires. Cet outil, le plan d'épargne entreprise agricole
(PEEA) permettrait de renforcer les liens amont-aval, d'augmenter les fonds
propres de l'entreprise et constituerait un levier pour la mobilisation de
fonds propres.
Par analogie avec le PEEP, le PEEA serait assorti d'un avantage fiscal
(exonération fiscale liée au blocage de l'épargne).
L'incitation fiscale est une élément intéressant qui ne
sera pas toutefois déterminant dans le monde agricole. Il en
résulte que la faisabilité du produit ne doit pas être
étudiée du seul point de vue fiscal, mais également d'un
point de vue industriel et financier. Quelle que soit la conception du produit,
il ne pourra être utilisé que par des entreprises qui
dégagent un minimum de rentabilité.
En second lieu, il faut prendre en compte
la nécessité de
recourir à des financements extérieurs
, le recours
systématique à l'autofinancement pouvant constituer, à
terme, un frein dans le développement des industries agro-alimentaires.
Dans de telles conditions,
vos rapporteurs encouragent la multiplication des
partenariats entre le secteur agro-alimentaire et le système bancaire
qui restent encore trop insuffisants
. De même, le
développement de l'introduction en bourse -1 % du total des
industries agro-alimentaires sont cotées - et celui d'organes
financiers spécialisés dans le capital risque est un
impératif, notamment pour les PME.
Les pouvoirs publics ont
, en la matière,
un rôle
déterminant à jouer
: de multiples financements existent
(fonds européens, aides régionales...) mais sont trop souvent
méconnus. Il est vrai que l'érosion de la prime d'orientation
agricole depuis plus de dix ans n'est guère encourageante. Vos
rapporteurs constatent et regrettent la baisse constante et
régulière des crédits de politique industrielle qui ne
représentent qu'à peine 0,2 % du budget du ministère
de l'agriculture. C'est d'autant plus dommageable que la réforme de la
PAC, en réduisant les mécanismes de garantie et soutien des prix,
a transféré vers les IAA une responsabilité accrue en
matière de valorisation des productions agricoles.
Vos rapporteurs constatent que les collectivités locales sont de plus
en plus appelées au chevet des entreprises
. Si elles ne peuvent, ni
ne doivent, se substituer au choix de l'entreprise, les partenaires locaux
seront néanmoins appelés à jouer un rôle croissant
en faveur des industries agro-alimentaires implantées sur leur
territoire. L'information des IAA sur l'ensemble des dispositifs qui sont
à leur disposition est, en outre, une nécessité.
C. PLACER LE CONSOMMATEUR AU CENTRE DE LA STRATÉGIE ALIMENTAIRE
Le primat donné à la sécurité sanitaire , de la qualité alimentaire et de l'environnement dans la production agro-alimentaire apparaît comme une exigence légitime et irréversible . Néanmoins, elle entraîne un surcoût évident pour le secteur agro-alimentaire. Ainsi, il est impératif que ces objectifs puissent s'imposer non seulement en France mais aussi en Europe et au niveau international. En effet, ignorer cet aspect conduirait tout simplement à condamner à moyen terme ce secteur d'activité.
1. Un dialogue nécessaire et transparent entre tous les acteurs de l'alimentation
La prise
en compte de la sécurité sanitaire des aliments, le
développement d'une véritable politique de qualité et
l'intégration de l'environnement dans toute stratégie
industrielle
nécessitent non seulement l'implication des
professionnels du secteur agro-alimentaire, des organismes certificateurs
indépendants, mais aussi et surtout des pouvoirs publics
: la
coopération de tous ces acteurs doit déboucher sur un dialogue
permanent. Les récentes crises alimentaires ont démontré
les effets néfastes d'une confrontation soit entre industrie et pouvoirs
publics, soit au sein même des pouvoirs publics.
La gestion commune
des crises est une nécessité
. La nouvelle organisation du
ministère de l'agriculture qui date de juillet 1999 avec notamment la
création du service des politiques industrielles et agro-alimentaires
correspond parfaitement à cette logique de partenariat
23(
*
)
. Si les pouvoirs publics ont l'entière
responsabilité de l'élaboration de la réglementation, du
contrôle et des sanctions éventuelles, les industries
agro-alimentaires sont en mesure de mettre en place des processus de
sécurité et de qualité alimentaires validés et
contrôlés par les pouvoirs publics. De ce dialogue devrait
naître un esprit de coopération qui se révélera
d'autant plus efficace lors d'incidents alimentaires. Ceux-ci pourront
être mieux analysés, mieux gérés et faire l'objet
d'une information à la fois transparente et objective.
Vos
rapporteurs ne souhaitent pas instaurer un système qui conduirait
à maintenir le consommateur à l'écart
: ce temps
est largement révolu. Mais la diffusion d'une fausse information est
tout autant préjudiciable pour l'entreprise et les salariés que
pour le consommateur, qui n'a plus de repère.
Le groupe de travail propose
un dialogue permanent
entre scientifiques,
experts, professionnels, consommateurs et représentants des
administrations sur les nouveaux enjeux du XXI
e
siècle pour
notre société, notamment dans le domaine des technologies
nouvelles.
Ce dialogue pourrait passer par des partenariats avec des
organismes comme l'Institut français pour la Nutrition ;
Par ailleurs,
il serait souhaitable que les conseils économiques et
sociaux régionaux se saisissent du sujet des biotechnologies
, afin
de l'analyser et de l'expliquer de manière objective dans chaque
région française : cette décentralisation de la
Conférence de consensus permettrait à tout un chacun de
s'informer, de s'impliquer et de donner son avis sur cette délicate
question. Comme l'ont indiqué MM. Le Fur et Rouvillois du
Conseil Economique et Social, les industriels des biotechnologies se sont
affranchis des règles démocratiques : la sanction a
été à la hauteur de l'erreur. Il est désormais
aujourd'hui impératif de renouer le dialogue.
Enfin,
vos rapporteurs estiment urgent de mettre en place les mesures
préconisées par M. Philippe Demarescaux
, Directeur
Général de Rhône Poulenc, qui permettent de substituer au
carbone fossile (pétrole) du carbone agricole dans de nombreux domaines
(lubrifiants, détergents, solvants chimiques, cosmétique...). Ces
mesures entraîneraient, d'une part, un développement important des
débouchés industriels des produits agricoles et, d'autre part,
constitueraient un nouveau moyen de présenter de façon bien
différente l'intérêt des biotechnologies, notamment
vis-à-vis de l'opinion publique.
2. L'alimentation, une priorité pour l'Europe
Alors
que les échanges agro-alimentaires français s'effectuent, pour
plus des deux tiers avec l'Europe,
l'alimentation doit devenir une
" priorité européenne ",
notamment en ce qui
concerne la sécurité sanitaire. Vos rapporteurs se
félicitent de l'annonce de M. Romano Prodi, Président de la
Commission européenne, de la prochaine création d'une agence
alimentaire indépendante européenne.
Cette agence pourrait être l'une des options proposées par le
Livre Blanc sur la sécurité alimentaire que la Commission
européenne doit présenter d'ici la fin de l'année devant
le Conseil des Ministres et au Parlement européen.
En outre,
vos rapporteurs sont convaincus de la nécessité de
définir, dans les plus brefs délais, le concept de principe de
précaution afin de l'appliquer avec précaution.
Vos rapporteurs
sont conscients de l'impérative
nécessité du principe de précaution
, qui
nécessite, lors de sa mise en oeuvre, que
les acteurs mis en cause
fassent le plus rapidement possible la preuve de l'inocuité des produits
concernés pour la santé des consommateurs
. Néanmoins,
si le contenu et les modalités de ce principe ne devaient pas être
plus clairement définis, la France et l'Europe pourraient être
confrontées dans les mois à venir à des contentieux
excessivement lourds. En effet, le coût pour une entreprise d'une
contamination ou d'une présomption de contamination peut se chiffrer de
75.000 euros (près de 0,5 million de francs) à
15.200 euros (1 million de francs) pour une " petit
sinistre " et de 15,2 euros (100 millions de francs) au double (soit
200 millions de francs) pour un accident important. Il faut y ajouter la
perte de confiance des consommateurs dans ce produit. Dans un tel contexte, les
autorités réglementaires doivent s'assurer de la pertinence de
leurs mesures, car en cas de préjudice lié au
déclenchement d'une alerte par suspicion inexacte d'un danger, les
entreprises pourraient demander à être dédommagées.
Vos rapporteurs sont d'ailleurs très attachés aux trois
principes corollaires du principe de précaution :
proportionnalité, compensation et adaptation
. Le premier principe
exige le respect d'une proportionnalité entre le préjudice subi
par la collectivité et la mesure de précaution prise à
l'égard de l'entreprise (retrait de lots, information importante sur les
médias...). Le deuxième principe nécessite, en cas
d'erreur grave d'analyse de la part des autorités de contrôle vis
à vis de l'entreprise, la réparation du préjudice subi, du
moins financièrement. En effet, le dommage causé à une
marque alimentaire peut entraîner sa disparition, phénomène
difficile à évaluer précisément. Enfin, le
troisième principe consacre le caractère parfois non permanent
des règles mises en place au nom du principe de précaution, qui
doit pouvoir s'adapter à un nouvel environnement. La découverte
de certains faits, l'analyse de données scientifiques et la
régularisation de situations particulières peuvent
entraîner la levée des mesures qui se sont imposées par le
passé. Le principe de précaution n'a pas vocation à
s'appliquer en permanence, il doit pouvoir s'adapter à
l'évolution de l'environnement. Vos rapporteurs savent parfaitement
qu'il est difficile d'expliquer à l'opinion publique un changement de
politique sanitaire, surtout dans le domaine de l'alimentation.
Néanmoins, si les dispositions prises au nom du principe de
précaution deviennent permanentes sans prise en compte des changements
postérieurs au déclenchement de ce principe, celui-ci risque
d'être vidé de sa substance et devenir un principe
général de suspicion.
Vos rapporteurs seront très attentifs aux conclusions de
M. le Professeur Kourilsky et Mme le Professeur Viney,
qui
devraient être rendues prochainement au Premier Ministre. Ce rapport doit
clarifier le sens et la portée du principe de précaution au
regard du droit actuel -en France, en Europe et dans le monde-, préciser
les conséquences potentielles au regard du développement de la
science et de ses applications et en mesurer l'impact sur les régimes de
responsabilité.
Il apparaît, par ailleurs, indispensable que l'Europe simplifie et
modernise sa législation alimentaire et parvienne à
élaborer une réglementation homogène. Ainsi,
dernièrement, les représentants des professionnels du secteur de
la viande se sont avérés dans l'incapacité de se mettre
d'accord sur l'étiquetage obligatoire européen, qui pourrait
être repoussé à 2001-2002. Or, cet échec ne provient
pas de considérations purement techniques : certains Etats ont
émis la possibilité d'abandonner la traçabilité et,
en tout état de cause, refusent qu'elle soit obligatoire. Alors que la
France s'impose, depuis environ un an, un étiquetage sur la viande
bovine -opération qui a un coût important afin de garantir la
traçabilité- une grande partie des professionnels des Etats
membres -soutenus par leur administration- refusent d'appliquer ce principe.
Pendant que la France étiquette, ces industriels gagnent des parts de
marché, les gains de compétitivité étant
réels.
Si des premiers pas ont été faits par la nouvelle Commission
européenne, beaucoup reste à faire pour placer réellement
le consommateur au centre de la politique alimentaire de l'Union
européenne.
3. Pour un cycle de négociations large et global
·
Dans le cadre de l'internationalisation croissante des échanges
agro-alimentaires, la prise en compte des exigences des consommateurs en termes
de sécurité et de qualité alimentaire ainsi qu'en
matière d'environnement constitue un impératif majeur non
seulement pour les consommateurs eux-mêmes mais aussi pour les
industriels français de l'alimentation. En effet,
la multiplication
de ces normes a un coût croissant pour le secteur agro-alimentaire de
notre pays.
En termes d'accès au marché, la croissance des échanges
mondiaux de produits agricoles et agro-alimentaires a été de
5 % par an entre 1990 et 1997 pour atteindre près de
600 milliards d'euros en 1997. Alors que l'Union européenne a tenu
ses engagements en matière d'ouverture des contingents tarifaires,
l'évolution des parts du marché mondial montre que la
libéralisation des marchés agricoles a essentiellement
profité à certains pays en développement : l'Europe
occidentale a perdu 4,3 % de parts de marché et l'Amérique
du Nord 0,7 % au profit de l'Amérique latine (+ 2,3 %) et de
l'Asie (+ 2,2 %), les parts de l'Afrique, du Moyen Orient et de l'Europe
centrale restant constantes. Pour l'Union européenne, cette baisse est
particulièrement sensible dans les céréales et les
produits laitiers.
C'est dans ce contexte que l'agenda intégré (" built-up
agenda ") prévu par l'accord de Marrakech impose de rouvrir
à partir de 2000 les discussions commerciales relatives à
l'agriculture et aux services. La France souhaite aussi continuer à
traiter les sujets " classiques " de commerce industriel
(tarifs,
obstacles techniques au échanges). Vos rapporteurs jugent
nécessaire, comme le Gouvernement, d'introduire de
" nouveaux
sujets " essentiels dans la mesure où ils apparaissent de plus en
plus comme des éléments de la compétitivité globale
des puissances
(normes environnementales, normes sociales, droit de la
concurrence, propriété industrielle, règles sur
l'investissement).
C'est pourquoi l'Europe, et plus particulièrement la France, milite
pour un cycle large de négociations.
Les Etats-Unis, au contraire, font de l'agenda intégré la
priorité absolue du prochain cycle de négociations commerciales
multilatérales, à laquelle s'ajouteraient des discussions sur les
tarifs industriels limités à quelques secteurs ciblés.
M. Victor Scherrer, dans son rapport au Conseil économique et social en
1998, indique que
" la mondialisation apparaît comme une
réalité à laquelle la filière agro-alimentaire ne
peut se soustraire, mais qui appelle la vigilance concernant les règles
du jeu : c'est à ce prix que l'ouverture des économies
pourra être source de croissance et d'emplois "
.
Vos rapporteurs souhaitent, en outre, que les prochaines négociations
s'achèvent sur un engagement unique. Cette démarche implique,
qu'en l'absence d'accord global sur l'ensemble des secteurs définis
à Seattle; la France n'accepte pas d'accord séparé
. Si
la notion de " récoltes précoces " -c'est-à-dire
l'obtention de résultat, sur certains sujets dès la
Conférence de Seattle- avancée par les américains n'est
pas à exclure sur des thèmes consensuels,
vos rapporteurs
refusent que certains secteurs, comme l'agriculture, la pêche ou
l'agro-alimentaire, soient considérés comme " une monnaie
d'échange " et fassent l'objet d'accords spécifiques, comme
cela fut le cas dans le passé.
D. ASSURER UN ÉQUILIBRE ENTRE LES MARCHÉS
La
contribution du secteur agro-alimentaire à l'excédent commercial
français est une réalité, notamment en direction des pays
européens.
Vos rapporteurs estiment néanmoins que le développement des
industries agro-alimentaires passent non seulement par la consolidation de ses
positions sur les marchés communautaires mais aussi par la
conquête des marchés émergents et de la préservation
du marché intérieur.
1. Un marché intérieur à préserver
Dès lors qu'une entreprise agro-alimentaire est parvenue, au prix d'efforts importants, à capter un marché extérieur, elle est souvent tentée de développer prioritairement ses échanges sur ce nouveau marché. Or, les crises internationales, survenues notamment en 1998 en Russie et en Asie, sont parfois le révélateur d'un mauvais positionnement géographique. En effet, à trop vouloir exporter, les industries agro-alimentaires ne doivent pas se détourner du marché français. Ce désintérêt relatif pour le marché intérieur n'est pas l'apanage des grands groupes même si les PME/PMI, disséminées sur l'ensemble du territoire, sont souvent plus centrées sur leur marché régional qu'à l'export. Ce problème concerne en fait l'ensemble du tissu industriel français, l'ouverture du marché communautaire ayant fortement encouragé un grand nombre d'entreprises proches des frontières à effectuer un chiffre d'affaires croissant sur les marchés étrangers. La majorité des industriels tournés vers l'export qui ont été auditionnés par le groupe de travail ont confirmé l'importance, pour leur entreprise, d'écouler un minimum de production en France, afin tout à la fois de se préserver des changements de la situation internationale et des problèmes de sécurité sanitaire et, en même temps, d'approvisionner, à des coûts moindres -notamment sur le plan logistique-, le marché français.
2. La consolidation nécessaire du marché européen
Le
secteur agro-alimentaire français réalise plus de 70 % de
ses exportations vers l'Union européenne : ce marché
constitue un atout majeur pour les industries agro-alimentaires en raison,
notamment, des modalités tarifaires.
Sans négliger ses productions agricoles de base, la France doit
s'efforcer d'exporter des produits à haute valeur ajoutée qui
valorisent d'autant mieux les efforts des branches industrielles.
Les récentes statistiques sur le commerce agro-alimentaire
français apparaissent préoccupantes
, la présence
française en Europe ayant légèrement décliné
depuis cinq ans
.
En effet, si nos soldes commerciaux avec l'Allemagne, premier partenaire de la
France dans le secteur agro-alimentaire, l'UEBL et l'Italie sont
excédentaires, ils ont connu en 1998 une légère chute. En
outre, le déficit avec les Pays Bas se creuse sensiblement puisqu'il
dépasse les 1,52 milliards d'euros (10 milliards de francs),
soit 0,61 milliard d'euros (4 milliards) de plus qu'en 1997. Notre
solde avec l'Espagne, après avoir connu une très vive progression
jusqu'en 1993, n'a cessé de s'éroder pour tomber à
60,98 millions d'euros (0,4 milliards de francs) en 1997 et laisser
place à un déficit de 30,49 millions d'euros
(0,2 milliards) au terme de l'année 1998.
Vos rapporteurs considèrent que les industries agro-alimentaires
françaises doivent absolument renforcer leurs exportations sur le
marché communautaire, qui constitue encore aujourd'hui une zone de
prédilection.
3. Profiter des opportunités sur les marchés émergents
Depuis
le début des années 1980, les parts de marché à
l'international des produits de l'agro-alimentaire des pays de l'OCDE ont subi
une érosion lente, mais régulière : cette baisse
provient de l'arrivée des nouveaux exportateurs de produits
agro-alimentaires tels que la Malaisie, la Thaïlande....
Les exportations françaises des industries agro-alimentaires vers les
pays tiers (hors zone communautaire) ne représentent que 28,5 % des
exportations totales : l'Asie absorbe 20,5 % des exportations
françaises, l'ALENA, 18 %, les PECO, 12 %, le Proche et le
Moyen-Orient, 11,5 % et l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne,
chacune près de 10 %. Enfin, les exportations françaises
vers les pays du Mercosur représentent moins de 4 % des
exportations totales françaises des produits agro-alimentaires vers les
pays tiers.
Certes les crises russe et asiatique ont mis en exergue les dangers liés
à la recherche " à tout prix " de nouveaux
marchés en dehors de la zone intra-communautaire, ainsi que la
fragilité qui découlerait d'une dépendance excessive d'un
petit nombre de clients.
Néanmoins, à l'aube d'une mondialisation croissante des
échanges et face à l'augmentation sensible de la demande de pays
émergents dans le domaine alimentaire au XXI
e
siècle,
vos rapporteurs sont convaincus de l'utilité, pour les industries
agro-alimentaires françaises, de diversifier leurs échanges en
direction de l'Asie
(Chine et Inde), et de
l'Amérique latine
(Brésil, Argentine, Chili).
Vos rapporteurs prendront ainsi l'exemple de l'Inde qui offre, à
travers une implantation locale, d'immenses possibilités aussi bien dans
le secteur laitier que dans celui des fruits et légumes.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que l'exportation de produits
agro-alimentaires constitue aussi la promotion d'un modèle
d'alimentation.
Si les grandes entreprises de l'agro-alimentaire servent souvent de
" locomotive " pour de tels projets, les PME/PMI doivent
s'organiser
et créer des partenariats pour conquérir ces marchés
difficiles mais prometteurs.
CONCLUSION
Les
perspectives de développement à moyen terme du secteur
agro-alimentaire français dépendent de sa capacité
à répondre aux enjeux du nouvel ordre alimentaire qui a
commencé à se mettre en place, mais dont les effets sont encore
largement à venir.
Les industries agro-alimentaires devront parvenir à s'insérer
parfaitement dans l'internationalisation des échanges, ainsi qu'à
remplir les exigences de la trilogie
sécurité-qualité-environnement.
Au-delà des propositions qu'il a formulé dans la dernière
partie de ce rapport, votre groupe de travail souhaite :
- favoriser en étroite concertation avec les professionnels
concernés, les organisations de consommateurs, les scientifiques et les
ministères de l'agriculture, de la santé et de la consommation,
la mise en place de chartes sur des produits " sensibles "
-au
premier rang desquels le fromage au lait cru- afin d'en améliorer la
sécurité et de préserver, lors des différentes
négociations européennes et internationales, notre modèle
alimentaire ;
- présenter dans les plus brefs délais une proposition de
résolution dans les secteurs agricole et agro-alimentaire dans la
perspective des négociations de Seattle ;
- proposer dans le rapport pour avis sur les crédits du
ministère de l'agriculture pour le projet de loi de finances pour 2000
consacrés au secteur agro-alimentaire plusieurs mesures
budgétaires, afin de consolider et de développer nos industries
agro-alimentaires ;
- et enfin, déposer une proposition de loi permettant de transcrire
en droit interne la Convention de l'Union pour la production des obtentions
végétales.
*
* *
Réunie le mardi 2 novembre 1999, la Commission des Affaires économiques a adopté les conclusions du rapport, le groupe communiste républicain et citoyen s'abstenant et demandant à ce que sa contribution soit jointe au rapport.
CONTRIBUTION DU GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN
Les
sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen tiennent
tout d'abord à se féliciter de la qualité des auditions
auxquelles le groupe de travail sur l'avenir du secteur agro-alimentaire a
procédé.
Ils regrettent cependant que les conclusions du rapport d'information et les
propositions avancées à l'issue de cette enquête
approfondie ne soient pas à la mesure des éléments et des
analyses fournis par le présent rapport.
Concernant tout d'abord l'approche générale adoptée par le
rapport sur le secteur de l'agro-alimentaire et les relations entre ses
différents acteurs, il est évoqué l'opportunité
d'un meilleur dialogue entre le monde agricole, les intermédiaires et
celui de la grande distribution, semblant ignorer par là-même les
déséquilibres existants, les rapports de force et donc la
nécessité d'une intervention structurelle à même
d'assurer les conditions d'un dialogue d'égal à égal
qu'appelle de ses voeux le groupe de travail. Peut-on, en effet, se contenter
d'invoquer un " partenariat " en amont entre producteurs et
industriels lorsque l'on connaît les difficultés de ces premiers
pour s'organiser et coordonner leurs revendications en vue de la défense
de leurs intérêts ?
Lorsque la question de la modernisation de l'outil industriel est
abordée, le rapport avance de prime abord l'idée d'une
privatisation rampante des centres techniques de l'agro-alimentaire
accompagnée de mesures fiscales avantageuses pour les entreprises du
secteur privé. Il est notamment préconisé une
exonération fiscale conséquente pour les entreprises innovantes
sans évoquer les contreparties en terme d'emplois ; la
création d'un plan d'épargne entreprise agricole (PEEA)
susceptible, selon nous, d'augmenter la mainmise des industries de
l'agro-alimentaire sur les exploitations agricoles ; enfin, l'introduction
en bourse des IAA, ce qui ne peut que contribuer à aggraver les
déséquilibres entre les acteurs de la filière et attiser
les conditions de la concurrence, tant au niveau national qu'international.
Le rapport semble, en outre, écarter parmi les corollaires du principe
de précaution, celui de l'inversion de la charge de la preuve pour les
produits présentant un risque potentiel pour la santé des
consommateurs.
Ensuite, le rapport reste muet sur le nécessaire contrôle
sanitaire et alimentaire des produits importés, de même les
méthodes utilisées par les industriels de l'agro-alimentaire pour
mettre en compétition producteurs nationaux et producteurs
étrangers sont éludées.
A cet égard, nous nous prononçons en faveur de l'instauration
d'un coefficient multiplicateur permettant un juste partage de la plus-value du
secteur.
Enfin, le rapporteur semble prendre parti en faveur de la légalisation
de la production des OGM alors qu'aucune garantie scientifique n'existe
à ce jour.
En conclusion, malgré la pertinence des observations, le groupe CRC a
décidé de s'abstenir, jugeant que le rapport ne traite pas au
fond le problème de la responsabilité des industries
agro-alimentaires pour améliorer la sécurité des
consommateurs et assurer un revenu suffisant aux producteurs agricoles. Le
groupe de travail aborde exclusivement le secteur agro-alimentaire sous l'angle
entrepreneurial et financier en vue de l'adapter à la mondialisation
capitaliste. Les propositions apparaissent, quant à elles, insuffisantes
et inadaptées pour rééquilibrer la filière
alimentaire et répondre aux nouveaux enjeux de santé publique, de
qualité des produits, et de transparence des données
scientifiques.
ANNEXE N° 1 -
LISTE DES MEMBRES DU GROUPE
DE TRAVAIL
Président
:
M Marcel DENEUX - UC - Somme
Vice-Présidents
M. Jean-Paul EMORINE - RI -
Saône-et-Loire
M. Raymond SOUCARET- RDSE - Lot-et- Garonne
M. Gérard LE CAM - CRC - Côtes d'Armor
Secrétaires
M. Georges BERCHET - RDSE - Haute-Marne
M. Gérard CESAR - RPR - Gironde
M. Léon FATOUS - Soc - Pas-de-Calais
M. André FERRAND- RI - Français de l'étranger
M. Pierre LEFEVRE - CRC - Nord
M. Michel SOUPLET - UC - Oise
Rapporteurs
M. Jean BIZET - RPR - Manche
M. Bernard DUSSAUT - Soc- Gironde
Membres
ANDRÉ |
Pierre |
Aisne |
RPR |
BARDOU |
Janine |
Lozère |
RI |
BARRAUX |
Bernard |
Allier |
UC |
BECOT |
Michel |
Deux-Sèvres |
UC |
BOYER |
Yolande |
Finistère |
Soc |
CLEACH |
Marcel-Pierre |
Sarthe |
RI |
COURTEAU |
Roland |
Aude |
Soc |
DEBAVELAERE |
Désiré |
Pas de Calais |
RPR |
DOUBLET |
Michel |
Charente Maritime |
RPR |
FLANDRE |
Hilaire |
Ardennes |
RPR |
FRANÇOIS |
Philippe |
Seine-et-Marne |
RPR |
FRANÇOIS-PONCET |
Jean |
Lot-et-Garonne |
RDSE |
GERBAUD |
François |
Indre |
RPR |
GODARD |
Serge |
Puy-de-Dôme |
Soc |
GRIGNON |
Francis |
Bas Rhin |
UC |
GRILLOT |
Louis |
Côtes d'Or |
RI |
GRUILLOT |
Georges |
Doubs |
RPR |
HEINIS |
Anne |
Manche |
RI |
HERMENT |
Rémi |
Meuse |
UC |
HUCHON |
Jean |
Maine-et-Loire |
UC |
JOLY |
Bernard |
Haute-Saône |
RDSE |
LASSOURD |
Patrice |
Ille-et-Vilaine |
RPR |
LE GRAND |
Jean-François |
Manche |
RPR |
LEJEUNE |
André |
Creuse |
Soc |
LEMAIRE |
Guy |
Loire-Atlantique |
RPR |
MALECOT |
Kléber |
Loiret |
UC |
MERCIER |
Louis |
Loire |
UC |
MOINARD |
Louis |
Vendée |
UC |
MURAT |
Bernard |
Corrèze |
RPR |
PIRAS |
Bernard |
Drôme |
Soc |
RAFFARIN |
Jean-Pierre |
Vienne |
RI |
RAOULT |
Paul |
Nord |
Soc |
TERRADE |
Odette |
Val de Marne |
CRC |
TESTON |
Michel |
Ardèche |
Soc |
TREMEL |
Pierre-Yvon |
Côtes-d'Armor |
Soc |
ANNEXE N° 2 -
LISTE DES PERSONNES
AUDITIONNÉES
Mardi 8 juin 1999
-
M. Guy Paillotin
, Président de l'Institut national de la
recherche agronomique, et de
M. François Porin
, ingénieur
de recherche à l'INRA.
Mercredi 9 juin 1999
-
M. Victor Scherrer
, Président de l'Association nationale
des industries alimentaires,
M. Benoît Mangenot
, directeur
général et
M. Guy Halliot
, président du
Syndicat national des fabricants de sucre et de la Commission
" agriculture " de l'ANIA.
Mercredi 16 juin 1999
-
M. Jérôme Bédier
, Président de la
Fédération du commerce et de la distribution (FCD).
-
M. Yves Michelon
, Directeur général de la
Fédération française des industries des aliments
conservés (FIAC).
Mardi 22 juin 1999
-
M. Jean-Luc Pelletier
, Délégué
général de l'Union des syndicats des industries des produits
amylacés et de leurs dérivés (USIPA).
Mercredi 23 juin 1999
-
M. Michel Caugant
, Président de l'Association de
coordination technique pour l'industrie agro-alimentaire et de
M. Didier
Majou
, Directeur de l'ACTIA.
Mercredi 30 juin 1999
-
M. Gérard Le Tyrant
, Délégué
général de la Fédération française des
industries charcutières.
Mardi 28 septembre 1999
-
M. Dominique Chardon
, Président de la
Société pour l'expansion des ventes des produits agricoles et
alimentaires et
Mme Marie-Noëlle Guérin
, Directeur
des relations extérieures à la SOPEXA.
-
M. Alain Jeanroy
, Directeur général de la
Confédération générale des betteraviers (CGB).
-
M. Yves Montécot
, Président du Syndicat national de
l'alimentation animale (SNIA).
Mercredi 29 septembre 1999
-
M. Joseph Ballé,
Président de la
Confédération française de la coopération agricole
(CFCA) et
Mme Irène de Breteville
, chargée des relations
institutionnelles.
- M. Gérard Budin
, Président de la SODIAAL.
-
Mme Marie-José Nicoli
, Présidente UFC-Que Choisir
et
Mme Lydie Roux
, Vice-Présidente.
- M. Philippe Demarescaux
, Directeur général de
Rhône Poulenc.
-
M. Luc Morelon
, Directeur communication du groupe Lactalis
(Besnier).
Mardi 5 octobre 1999
-
M. Martin Hirch
, Directeur général de l'Agence
française pour la sécurité sanitaire des aliments (AFSSA).
-
M. Michel Roseau
, Conseiller technique au Cabinet du ministre
délégué aux affaires européennes.
-
Mme Jocelyne Hacquemand
, Secrétaire fédérale
de la Fédération nationale agro-alimentaire et forestière
(FNAF - CGT).
-
M. Laurent Roy
, Conseiller technique au cabinet du ministre de
l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Mercredi 6 octobre 1999
-
M. François Dufour
, Porte-parole de la
Confédération paysanne.
-
M. Jean-Claude Trunel
, Directeur au Centre français du
commerce extérieur (CFCE).
-
M. Rafael Nedzynsky
, Secrétaire général de la
Fédération générale des travailleurs de
l'agriculture, de l'alimentation, des tabacs et allumettes et services annexes
Force ouvrière (FGTA-FO).
-
M. Charles Doux
, Président directeur général
de DOUX.
-
M. Jacques Nefussi
, Professeur à l'INA de Paris Grignon.
-
M. Philippe Azan
, Entrepreneur.
Mardi 12 octobre 1999
-
M. Xavier-Paul Renard
, Président de la
Fédération nationale de l'industrie laitière (FNIL).
-
M. Francis Gauthier
, Administrateur de DANONE.
-
M. Alain de Fougeroux
, Délégué
général de la Chambre syndicale de la malterie
française ;
M. Daniel Huvet
, Directeur général
de Malteurop et
M. Nicolas King
, directeur commercial de Malteries
Souffet.
-
M. David Appia
, Sous-directeur des affaires multilatérales
à la DREE - Ministère de l'économie et des finances.
-
M. Pierre Louisot
, Directeur d'unité de recherche à
l'Institut national de la Santé et de la recherche médicale,
Président de l'Institut français pour la nutrition.
Mercredi 13 octobre 1999
-
M. Henri de Benoist
, Vice-président de la FNSEA,
Mme Astrid Bertram
, Chargée de mission et
Mme Nadine
Normand
, chargée des relations institutionnelles.
-
M. Rémi Toussain
, Directeur de la Direction des politiques
économique et internationale au ministère de l'agriculture et de
la pêche et
Mme Edith Vidal
, chef du service des
stratégies agricoles et industrielles.
-
M. Laurent Spanghero
, Président de la
Confédération des entreprises Bétail et viandes (CEBV).
-
M. Michel Soufflet
, Président directeur
général de SOUFFLET.
-
Mme Odile Beillouin
, Secrétaire générale de
la Fédération générale agro-alimentaire CFDT
(FGAA-CFDT),
M. Gilbert Capp,
Secrétaire national et
M. Joseph
Pennors,
Président du groupe élus salariés de l'APCA.
Mercredi 20 octobre 1999
-
Mme Marion Guillou
, Directeur de la direction
générale de l'alimentation au ministère de l'agriculture
et de la pêche et
M. Hubert Ferry-Wilczek,
Sous-directeur de la sous-direction de la réglementation, de la
recherche et de la coordination des contrôles.
-
M. Jean-Pierre Hensèle
, Président du Syndicat
national de l'industrie des viandes (SNIV).
-
M. Gérard Dumonteil
, Président des Salins du Midi.
Mardi 26 octobre 1999
-
M. Bernard Fouquet
, Directeur " Entreprises "
à
la Caisse Nationale de Crédit Agricole.
ANNEXE N° 3 -
RÉSUMÉ DES
PRINCIPALES DISPOSITIONS
DES ACCORDS DE MARRAKECH
L'ACCORD AGRICOLE
L'accord
sur l'Agriculture proprement dit fait partie de l'Acte final de l'Uruguay
Round, conclu en décembre 1993, signé à Marrakech le
15 avril 1994 et entré en vigueur le
1
er
janvier 1995.
Il contient
trois volets d'engagements
à mettre en oeuvre d'ici
à l'an 2000 :
- sur l'accès au marché ;
- sur la réduction du soutien interne ;
- sur les subventions aux exportations.
Chaque pays ou groupe de pays (l'Union européenne) communique ensuite
à l'OMC les listes de ses engagements particuliers, qui deviennent
dès lors partie intégrante des accords signés et
opposables à toutes les parties.
D'autres accords signés dans le cadre des Accords de Marrakech affectent
également l'agriculture, notamment :
-
l'Accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires
(SPS),
par exemple dans l'affaire des hormones ;
-
l'Accord sur les obstacles techniques au commerce (TBT)
, par
exemple pour ce qui concerne l'étiquetage ;
-
l'Accord sur les aspects des droits de propriété
intellectuelle qui touchent au commerce (TRIPS)
, par exemple sur la
protection des obtentions végétales et animales, les
brevets ;
-
l'Accord sur les règles d'origine, etc...
LES " BOITES AGRICOLES "
La
" Boîte Rouge "
comprend les mesures susceptibles
d'introduire des distorsions manifestes dans les échanges agricoles (il
s'agit notamment des subventions aux exportations) qui sont déjà
prohibées par les Accords du GATT dans les autres secteurs.
La
" Boîte Jaune "
(ou " Boîte
Orange ")
comprend les mesures " à discipliner ", pour l'essentiel les
mesures de soutien aux prix du marché ainsi que quelques aides directes
pouvant entraîner des distorsions sur les marchés. Ces mesures
entrent dans le calcul de la MGS et sont donc soumises à engagement de
réduction pour le soutien interne.
Les principaux mécanismes de l'ancienne PAC en faisaient partie. La
réforme de la PAC de 1992 (diminution des prix d'intervention avec
compensation par des aides directes et mise en place de politiques de
maîtrise de l'offre) a permis de basculer une partie du soutien de la
" Boîte jaune " vers une " Boîte bleue "
(permettant ainsi de se conformer, sans grande difficulté à
l'engagement de réduction du soutien interne de 20 %, d'ici
l'an 2000).
La
" Boîte Bleue "
comprend les mesures
tolérées par les accords, en particulier, les politiques
d'ajustement structurel. Il s'agit des aides liées à un programme
de limitation de la production, à la condition que ces aides soient
versées sur moins de 85 % de la base de production.
Dans la pratique, le dispositif recouvre, pour l'essentiel, les aides directes
versées en application de la réforme de la PAC de 1992 et les
" deficiency payments " en vigueur aux Etats-Unis, au
moment de la
signature des Accords du GATT.
Ces mesures de la " Boîte Bleue " n'entrent pas dans le
calcul
de la MGS totale finale. Elles font l'objet de la " clause de
paix "
conclue à la suite des Accords de Blair House, " sur
mesure "
entre l'Europe et les Etats-Unis. Cette clause court jusqu'à 2003 et
garantit que les mesures concernées ne seront pas concernées par
les parties, d'ici à cette échéance.
La
" Boîte Verte "
regroupe l'ensemble des mesures
sans
effet sur les échanges et donc autorisées aux termes des accords
actuels. Le GATT n'impose aucune contrainte particulière à ces
mesures, supposées ne pas entraîner de distorsions dans les
échanges.
LES
ENGAGEMENTS DE L'UNION EUROPÉENNE
SUR LES TROIS VOLETS DE L'ACCORD
AGRICOLE
- L'Union européenne
a consolidé l'ensemble de
ses tarifs douaniers
et s'est engagée
à les réduire
de 20 à 36 %
pour tous les produits.
Cependant, la faculté d'appliquer
la clause de sauvegarde est presque
partout prévue
.
- L'Union européenne n'aura
aucune difficulté à
respecter ses engagements en matière de réduction du soutien
interne
, dans la mesure où la MGS de base a été
calculée des éléments antérieurs à la
réforme de la PAC, et que celle-ci a mis en oeuvre des nouveaux
dispositifs de soutien interne (les aides compensatoires et la jachère)
exclus du calcul de la MGS finale.
- En matière
d'exportations subventionnées
, l'Union
européenne a fait prévaloir le " lissage " de ses
engagements de réduction, dans la mesure où les exportations
subventionnées de l'Union européenne avaient atteint en 1992 un
niveau souvent supérieur à celui de la période de
référence 1986/88. Cela signifie cependant que le resserrement de
la contrainte de réduction (en budget et en volume) sera de plus en plus
sensible en fin de période.
ANNEXE N° 4 -
LA REORGANISATION DU
MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE
Les
missions du ministère -redéfinies par un décret de 1997-
ont été réparties entre directions et services par le
décret n° 99-555 du 2 juillet 1999 fixant
l'organisation de l'administration centrale du ministère de
l'agriculture et de la pêche.
Le nouvel organigramme du ministère conserve le même nombre de
directions (huit auxquelles s'ajoutent les services des affaires juridiques et
de la communication). Cependant, les missions de la Direction
générale de l'alimentation (DGAL) et celle de la Direction de la
production et des échanges (DPE) évoluent de manière
notable. Le service des politiques industrielles est transféré de
la DGAL à une DPE revue et élargie.
LES HUIT DIRECTIONS DU MINISTERE DE L'AGRICULTURE ET DE LA PECHE
- direction chargée de la gestion de la production, de
l'économie des filières et des marchés au sein de laquelle
est placé un service des relations internationales ;
- direction chargée de la santé animale et
végétale et de la qualité sanitaire des produits
alimentaires ;
- direction chargée de la forêt, de la gestion des ressources
naturelles, de l'aménagement et du développement de l'espace
rural ;
- direction en charge des questions relatives à l'exploitation
agricole, de la protection sociale des personnes du secteur et de la promotion
de l'emploi ( CTE) ;
- direction consacrée au secteur de la pêche et de
l'aquaculture ;
- direction chargée de la formation initiale et continue des hommes
dans les champs de compétence du ministère et de la coordination
de la politique de recherche ;
- direction responsable de la gestion des ressources humaines, du
développement des compétences, du pilotage du système
d'information du ministère, de la logistique et interlocutrice des
services déconcentrés ;
- direction chargée des financements de l'agriculture, du pilotage
et de l'évaluation des politiques publiques.
Ces modifications visent à recentrer les missions sur les tâches
de conception, d'évaluation et de contrôle, améliorer la
qualité du service rendu aux usagers et mieux mobiliser les moyens
humains et matériels. L'un des objectifs essentiels de cette
réorganisation est la séparation des activités
économiques de celles de contrôle.
La DPE, rebaptisée Direction des politiques économiques et
internationales (DPEI), intègre de nouvelles missions. Elle suivra les
productions, filières par filières, du champs au magasin. Elle
sera dotée d'un Service des stratégies industrielles et agricoles
qui jouera
" un rôle de facilitation et de valorisation des
filières "
lorsque l'intervention des pouvoirs publics sera
possible.
Dans cet esprit, il devient logique que la DPEI suive également les
questions de qualité et intègre les différentes structures
de qualité. La Commission des labels et certifications relèvera
de la DPEI qui conserve, par ailleurs, sa tutelle sur l'Institut national des
appellations d'origine.
Une autre mission de la DPEI consiste en l'accompagnement du secteur
agro-industriel (industries alimentaires et non-alimentaires) en matière
d'innovation, d'exportation, de qualité et d'emplois. Ces missions,
regroupées au sein d'une
" sous-direction des stratégies
industrielles "
, concernent les stratégies à
l'exportation, l'ingénierie financière, la coopération et
les relations avec la distribution... Pour l'exportation, elle coordonne les
politiques des différentes structures. Soulignons que
parallèlement au CSO, un nouvel article de la loi d'orientation agricole
prévoit la création d'un conseil supérieur des
exportations agricoles et agro-alimentaires au sein duquel seront
représentés le Centre français du commerce
extérieur, la Sopexa, la Direction des relations économiques
extérieures et le Secrétariat d'Etat au commerce extérieur
à côté de professionnels des entreprises fortement
engagées à l'exportation.
Il est prévu, en outre, de renforcer et de mieux organiser la tutelle
des établissements de recherche au sein d'une sous-direction de la
recherche. Un service autonome chargé des affaires juridiques, doit, de
plus, renforcer l'évaluation et la prospective.
1
Citons notamment le rapport
présenté devant le Conseil économique et social par M.
Victor Scherrer en juin 1998
2
Rapport n°439 - Sénat (1989-1990)
présenté par M. Michel Souplet et les membres du groupe de
travail.
3
Avis du Conseil économique et social du
17 juin 1998 sur le rapport présenté par
M. Victor Scherrer au nom de la section de l'agriculture et de
l'alimentation.
4
Que sais-je ? " Les industries
agro-alimentaires "
PUF 1989.
5
Si l'on excepte les produits végétaux (fruits et
légumes) et le poisson frais - Journal mensuel de la documentation
politique - Après demain n° 407 (octobre 1998).
6
Article de M. JF Guthmann dans le Paysage politique
français " Le dossier de paysan
"
, " La
grande
distribution, les industries agro-alimentaires et l'Etat "-1992
7
Cf. ouvrage de M. Jacques Nefussi cité page 16.
8
Rapport d'information n° 196 - Sénat (1996-1997)
présenté par M. Claude Huriet au nom de la Commission des
Affaires sociales à la suite de la mission d'information sur les
conditions du renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la
sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme
en France.
9
Article de M. Jean Glavany dans le Monde - 3 et 4 octobre 1999.
10
International Standard organisation. Evaluation assurance
qualité fournisseur. Voir annexe n° 3 pour le
détail de ces certifications.
11
Revue " Après-demain " n° 407 -
Octobre 1998 - Article de M. Eric Alain : " les IAA et leurs
marchés ".
12
Réalités industrielles - avril 1995 :
série " Annales des Mines ".
13
Le Nouvel Economiste - 14 février 1992.
14
Groupe de Cairns : groupe d'Etats dont l'Australie, la
Nouvelle-Zélande, l'Argentine... qui constituent à l'OMC les pays
les plus libéraux en ce qui concerne l'exportation de
céréales, de viande bovine...
15
Les prévisions glissantes détaillées du BIPE
- Edition 1995.
16
" Industries agro-alimentaires et investissements
occidentaux en Europe centrale et orientale " - Le courrier
des
pays de l'est - n° 377, mars 1993.
17
Voir en annexe 4 pour les différences entre
les " boîtes " OMC.
18
Rapport d'information du Sénat n°440 - 1997-1998 -
présenté par M. Jean Bizet au nom de la commission des affaires
économiques " Transgéniques : pour des choix
responsables "
19
Agreste. Les cahiers n°37 - mars 1999, page 29 et suivantes.
20
Articles de MM. François Falconnet, Pierre Louisot,
Jean-Pierre Doussin et Félix Depledt - Comptes rendus de
l'Académie d'agriculture de France - Vol. 84-n° 3-1998.
21
Réalités industrielles - Avril 1995 - article de M.
Michel Caugant.
22
Rapport n°217 (1998/1999) présenté par M.
Pierre Laffitte au nom de la Commission des affaires culturelles
23
cf annexe 4 pour la présentation du ministère de
l'agriculture et de la direction générale de
l'alimentation