B. ...PUIS LE MARCHÉ ITALIEN135( * )...
Le
contrôle matériel de l'Etat a également marqué le
marché italien, quatrième marché européen, pendant
plusieurs décennies avant 1994, notamment dans le domaine automobile
(50 % du secteur non-vie). Les tarifs en particulier étaient soumis
à l'agrément préalable des autorités, qui ont
fixé en général des plafonds trop bas, ce qui s'est
traduit, au contraire de l'Allemagne, par de mauvais résultats
techniques et une rentabilité globale faible, voire négative, de
1990 à 1994.
Plutôt fragmentée, l'assurance italienne connaît une
certaine tendance à la concentration de 1987 à 1994. La
pénétration étrangère rencontre le même
obstacle qu'en Allemagne : la domination d'organes de distribution
liés aux compagnies, dont la part de marché est estimée
à 50 % en assurance automobile. C'est donc jusqu'à
présent par le contrôle capitalistique de sociétés
italiennes que la pénétration du marché italien a eu lieu,
ainsi que par la libre prestation de services par quelques compagnies, qui ont
préféré abandonner leurs filiales.
La bancassurance se développe rapidement en Italie, tant à cause
de l'inadaptation des acteurs traditionnels qu'en raison d'une nouvelle
stratégie d'offre des banques italiennes.
Les effets attendus à ce jour sont le développement de la vente
directe ainsi que la conquête de parts de marché par des
compagnies étrangères via des intermédiaires
indépendants.
C. ...ENFIN LE MARCHÉ FRANÇAIS
Le
marché français est mieux préparé à la
libéralisation en cours que les marchés allemand et italien dans
la mesure où il a connu une liberté tarifaire et contractuelle
et, de ce fait, une situation concurrentielle intense depuis le milieu des
années 1980 sur les prix et les produits, bien que l'abrogation
formelle du contrôle des prix ne remonte qu'au décret du
28 juin 1991.
La concentration de l'offre a contribué à diminuer cette
intensification concurrentielle au niveau national. Les petites entreprises
d'assurance ont souvent connu une plus forte croissance que les grandes.
En France aussi les circuits de distribution dans l'assurance non-vie sont
dominés par les agents exclusifs, qui représentent 42 % en
1994, ce qui explique pourquoi les succursales étrangères jouent
un rôle mineur (passées de 150 en nombre et 7 % du
marché en 1980 à 75 en 1993 et moins de 3 % du
marché).
Une des caractéristiques du marché français est la part
croissante prise par les mutuelles sans intermédiaires (50 % dans
le domaine automobile) qui maintiennent leurs coûts à un faible
niveau et permettent ainsi de pratiquer des tarifs compétitifs qui
gênent les entreprises classiques, françaises et
étrangères.
L'assurance française connaît donc déjà l'impact
négatif sur les résultats techniques et la rentabilité
globale d'une pression concurrentielle intense. Elle est en ce sens mieux
placée pour faire face à un nouveau choc concurrentiel. En
revanche, elle est déjà affaiblie par une concurrence qui a mis
à mal sa rentabilité, sa capitalisation boursière et donc
ses capacités d'offensive et de développement.