CHAPITRE 10 : LES INTERVENTIONS DEVANT L'ASSEMBLÉE DE PERSONNALITES POLITIQUES ET DES SECRETAIRES GENERAUX DE L'OTAN ET DE L'UEO
A. Les allocutions du Chef de l'Etat polonais et du Premier ministre slovaque (42ème session)
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Dans son discours du 4 décembre 1996 devant l'Assemblée,
M. KWASNIEWSKI, Président de la République de Pologne, a
d'abord tenu à préciser que son pays adhérerait à
l'UEO " dès que l'occasion se présentera " et approuve
le principe d'une politique étrangère et de
sécurité " efficace " au nom de l'Union
européenne.
Pour la Pologne, le principal pilier de la sécurité
européenne est en effet constitué par une " mosaïque de
structures européennes et euro-atlantiques " : c'est-à-dire
des institutions " qui ont résisté à l'épreuve
du temps ". Rappelant les affirmations du Président de l'Ukraine,
M. KOUTCHMA, devant l'Assemblée de l'UEO, selon lesquelles son pays
avait de réelles " aspirations européennes ", le
Président de la République de Pologne a également
insisté sur l'intérêt particulier des Etats baltes à
s'inscrire dans des accords euro-atlantiques du fait de l'importance des
" arrangements géopolitiques et géostratégiques dans
la région de la Mer Baltique ".
Il a également évoqué le cadre offert par l'OSCE pour
" élargir les relations internationales sur le continent " et
considéré qu'il ne lui paraissait " pas nécessaire
d'avoir recours à l'intégralité de la structure militaire
de l'OTAN pour certains types d'actions futures ". A cet égard,
M. KWASNIEWSKI a souligné l'intérêt porté par
la Pologne au développement des groupes de forces interarmées
multinationales (GFIM) qui est à même de participer
" dès les premiers stades " à toutes les
activités les concernant.
Il a conclu sur l'adhésion future de la Pologne à l'OTAN, qui
d'ailleurs " ne devrait pas précéder de beaucoup son
entrée dans l'Union européenne ".
A une double question de M. Nicolas ABOUT, sénateur (RI), sur l'enclave
russe de Kaliningrad et la mise en oeuvre par la Pologne du principe de
préférence communautaire pour ses acquisitions d'armements, le
Président polonais a précisé : " la position de
la Pologne à l'égard de la région de Kaliningrad est de
coopérer étroitement avec elle et d'établir tous les liens
économiques possibles ". S'agissant de l'éventualité
évoquée par M. ABOUT de la construction par la Russie et la
Biélorussie d'un corridor le long de la frontière avec la
Lituanie, M. KWASNIEWSKI a rappelé que la Pologne restait
" dans une certaine mesure, un pays de passage ", mais qu'elle ne
souhaitait pas voir des autoroutes spéciales construites dans cette
partie de son territoire. Enfin, pour ce qui concerne la politique d'armement,
la Pologne dont les moyens financiers demeurent limités, examinera
toutes les offres en privilégiant toutefois celles qui émaneront
des partenaires les mieux à même de coopérer avec les
entreprises polonaises d'armement.
Plus généralement, dans ses réponses aux différents
intervenants, M. KWASNIEWSKI a fait plusieurs allusions à ses
entretiens avec M. CHIRAC, dont il a paru partager les vues sur la
nécessité d'inclure la Russie dans toute considération
d'ensemble, sans omettre l'Ukraine.
.
Intervenant devant l'Assemblée le 5 décembre 1996,
M. MECIAR, Premier Ministre de la République slovaque a
centré son propos sur l'OTAN " seule instance capable d'assurer la
sécurité de l'Europe ". Se référant toutefois
au statut d'associé partenaire de son pays, M. MECIAR s'est
montré moins empressé que M. KWASNIEWSKI d'intégrer
l'UEO. Il s'est félicité de la participation de troupes slovaques
aux opérations de Slavonie orientale, dont il a souligné qu'elle
était " considérée par les Américains comme
l'équivalent d'une participation à l'IFOR " et a
également plaidé pour que la nouvelle architecture de
sécurité fasse une place adéquate aux pays de " cette
Europe centrale qui ne veut pas être seulement l'espace entre l'Europe
occidentale et l'Europe orientale ". Tout comme le Président
polonais, le Premier Ministre slovaque a préconisé de larges
consultations avec la Russie et l'Ukraine. M. MECIAR a résumé
ainsi la doctrine de sécurité de son pays : " La Slovaquie
est l'un des éléments stabilisateurs de la région "
ajoutant qu'elle " ne se sent menacée par personne et ne
considère aucun pays comme son ennemi ".
B. Les interventions du ministre allemand des Affaires étrangères et des Secrétaires généraux de l'OTAN et de l'UEO (43ème session)
.
Le 1er décembre 1997, M. Klaus KINKEL, Ministre
fédéral des Affaires étrangères d'Allemagne a
précisé devant l'Assemblée que la présidence
allemande de l'UEO, exercée depuis le 1er juillet 1997, avait accompli
sa tâche en renforçant le rôle de l'Organisation, tant dans
ses missions opérationnelles que dans ses capacités à
intégrer les pays d'Europe centrale et orientale dans architecture
européenne. Il a récusé les accusation de
" léthargie " de l'UEO, rappelant les missions conduites par
celle-ci en ex-Yougoslavie et en Albanie. M. Klaus KINKEL a notamment
insisté sur le fait que la Déclaration d'Erfurt a repris une
série d'initiatives allemandes et " le cercle de l'UEO à 28
annonce déjà la grande Union européenne de
l'avenir ". En conclusion, il a indiqué : " je pense que
nous pouvons dire en résumé que, durant ces cinq derniers mois,
l'instrument européen à usages multiples que représente
l'UEO a réalisé de grands progrès. " Il a
indiqué qu'à ses yeux " l'UEO constituait le S de la
PESC ".
.
Le 4 décembre 1997, M. Javier SOLANA, Secrétaire
général de l'OTAN, a affirmé que le processus
d'intégration européenne ne saurait se limiter à un simple
élargissement, mais comporter " un élargissement de sa
substance alors que la création d'une identité européenne
de sécurité et de défense est indispensable ". Pour
autant, le renforcement de cette identité ne signifie nullement
" un affaiblissement du lien atlantique ". M. SOLANA a
précisé que le travail conceptuel sur l'idée
d'identité européenne de sécurité et de
défense était quasiment achevé tant au sein de l'OTAN que
de l'UEO, en rappelant que " nos consultations par le biais du Conseil
conjoint OTAN/UEO se sont enrichies ; nous tenons des réunions au niveau
des comités pour discuter de la gestion conjointe des crises et de la
planification de la défense ; nos autorités militaires
travaillent en étroite collaboration. " Le Secrétaire
général a ajouté : " les concepts sont
prêts, il faut maintenant les mettre en pratique... et les tester sur le
terrain grâce à des exercices conjoints entre l'OTAN et
l'UEO. " Sur l'élargissement de l'OTAN, M. SOLANA a
indiqué à l'Assemblée que son coût
représenterait " ... en moyenne seulement un cinquantième
d'un pour cent du montant que les Alliés actuels dépensent pour
leur effort global de défense chaque année " ajoutant
toutefois que les pays invités " devront évidemment
dépenser de l'argent eux-mêmes pour restructurer leurs forces
armées mais leur infrastructure étant dans un meilleur
état que prévu, l'accent sera mis sur l'entraînement et
l'interopérabilité et pas sur les équipements
high
tech
. "
.
Enfin, M. José CUTILEIRO, Secrétaire
général de l'UEO, a pour sa part, rappelé devant
l'Assemblée qu'il avait souligné avant le Sommet d'Amsterdam
qu'il importait que les résultats de la Conférence
intergouvernementale (CIG) ne devaient pas porter atteinte aux capacités
opérationnelles de l'UEO, notamment en limitant son aptitude à
travailler avec l'OTAN. Sur ce point, il s'est déclaré satisfait
que les décisions arrêtées à Amsterdam puis à
Madrid, avaient " mis un terme, au moins pour quelques années, aux
débats sur l'avenir institutionnel de l'UEO. "
M. CUTILEIRO a également rappelé que l'UEO avait renforcé
la participation des partenaires associés à ses activités
opérationnelles, ainsi que celle des observateurs aux opérations
de type Petersberg menées à la demande de l'Union
européenne, qu'elles agissent d'ailleurs ensemble avec l'Albanie et que
d'indéniables progrès ont été accomplis concernant
sa participation à la planification de défense de l'OTAN :
" l'étroite coopération " avec elle " repose sur
une vision commune des différents aspects liés à
l'identité européenne de sécurité et de
défense " a-t-il ajouté.
C. Les grandes lignes de la présidence grecque de l'UEO (1er semestre 1998) définies par M. Costas Simitis, Premier Ministre de la République Hellénique
Par un discours devant l'Assemblée, le 2 décembre 1997, M. Costas Simitis a indiqué quelles seront les priorités de la Grèce lorsqu'elle exercera la présidence du Conseil de l'UEO. Il a insisté en particulier sur : le renforcement des institutions de l'UEO et le développement d'une coopération sur une base quotidienne entre elle et l'Union européenne, ainsi que sur l'intensification de la coopération avec l'OTAN, la promotion des relations avec les pays tiers, et en particulier avec les pays méditerranéens d'une part, y compris Chypre, et la Russie et l'Ukraine d'autre part. M. Simitis a estimé qu'un défi majeur pour l'UEO sera de savoir si elle se saisira effectivement des problèmes essentiels de la paix sur son territoire, et a souligné la nécessité de renforcer la coopération en matière de sécurité avec les partenaires associés (les pays d'Europe centrale et orientale) qui n'entreront pas dans l'OTAN à court terme. Quant au Sommet de l'UEO, dont l'Assemblée souhaite la convocation en 1998 à l'occasion du cinquantième anniversaire du Traité de Bruxelles modifié, M. Simitis a confirmé l'adhésion pleine et entière de la Grèce à cette idée, à la condition toutefois qu'un tel Sommet soit bien préparé et bénéficie du soutien de l'ensemble des pays membres alors qu'à ce jour, il relevait encore une réticence de la part de certains et notamment de l'Allemagne.