Les travaux de la Délégation française à l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale
JEAMBRUN (Pierre)
RAPPORT D'INFORMATION 483 (97-98) - DELEGATION FRANCAISE A L'ASSEMBLEE DE L'UNION DE L'EUROPE OCCIDENTALE
Table des matières
- INTRODUCTION
- CHAPITRE IER : LA COMPOSITION DE LA DELEGATION FRANCAISE
- CHAPITRE 2 : LA VOCATION PARTICULIERE DE L'ASSEMBLEE DE L'UEO A JOUER UN ROLE D'IMPULSION POLITIQUE
- CHAPITRE 3 : LA RECHERCHE D'UN CADRE FAVORABLE A L'AFFIRMATION D'UNE POLITIQUE DE DÉFENSE
- CHAPITRE 4 : LA DÉCLARATION D'ERFURT DU 18 NOVEMBRE 1997
- CHAPITRE 5 : LES CONTENUS POSSIBLES DE LA NOTION D'IDENTITE ET DE SECURITE EUROPEENNE
- CHAPITRE 6 : LA PROBLEMATIQUE DE L'ELARGISSEMENT
- CHAPITRE 7 : LES PROGRES ENREGISTRES POUR CONFERER UNE CAPACITE OPERATIONNELLE A L'UEO
- CHAPITRE 8 : LE DESARMEMENT ET LA COOPERATION ENTRE INDUSTRIES DE DEFENSE : DEUX AUTRES SUJETS MAJEURS DE REFLEXION POUR L'ASSEMBLEE DE L'UEO.
- CHAPITRE 9 : LA PRESIDENCE FRANCAISE DE L'UEO (1ER TRIMESTRE 1997)
-
CHAPITRE 10 : LES INTERVENTIONS DEVANT L'ASSEMBLÉE DE PERSONNALITES
POLITIQUES ET DES SECRETAIRES GENERAUX DE L'OTAN ET DE L'UEO
- A. Les allocutions du Chef de l'Etat polonais et du Premier ministre slovaque (42ème session)
- B. Les interventions du ministre allemand des Affaires étrangères et des Secrétaires généraux de l'OTAN et de l'UEO (43ème session)
- C. Les grandes lignes de la présidence grecque de l'UEO (1er semestre 1998) définies par M. Costas Simitis, Premier Ministre de la République Hellénique
N°
483
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 9 juin 1998
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom des délégués élus par le Sénat (1) sur les travaux de la Délégation française à l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale au cours des 42 ème et 43 ème sessions ordinaires (décembre 1996 - décembre 1997), adressé à M. le Président du Sénat, en application de l'article 108 du Règlement,
Par
M.Pierre JEAMBRUN,
Sénateur.
(1) Cette délégation est composée de : Mme Josette Durrieu, présidente ; MM. Pierre Jeambrun, Marcel Debarge, vice-présidents ; Daniel Hoeffel, secrétaire ; Nicolas About, Michel Alloncle, Jean-François Le Grand, titulaires ; James Bordas, Jacques Legendre, Edouard Le Jeune, François Lesein, Serge Vinçon, suppléants .
Europe.
INTRODUCTION
MESDAMES, MESSIEURS,
Un précédent rapport d'information (n° 2647), de notre
collègue Jean VALLEIX, retraçait, pour la première fois
dans cette forme, les travaux de l'Assemblée parlementaire de l'UEO, et
plus particulièrement l'activité en son sein des membres de la
Délégation française. Ce document, dont les analyses
s'arrêtaient à la session extraordinaire de février 1996,
appelait une suite qui prenne en compte l'évolution des travaux et
débats des 42ème et 43ème sessions ordinaires.
Cette période s'est avérée d'autant plus importante
qu'elle a partiellement correspondu à la présidence
française de l'UEO (premier semestre 1997) et à de profondes
réorientations ou inflexions d'ordre institutionnel, certes,
dessinées dès les travaux préparatoires à la
Conférence intergouvernementale en 1996, mais véritablement
arrêtées au terme des Sommets d'Amsterdam, puis de Madrid en 1997,
et que l'on peut d'ores et déjà considérer comme
décisifs pour l'architecture future de la sécurité
européenne, tant au niveau de l'Union européenne que de l'OTAN.
Il est dorénavant essentiel de bâtir une véritable
politique étrangère et de sécurité commune (PESC).
Pour reprendre l'expression de M. Klaus KINKEL, ministre allemand des affaires
étrangères, l'UEO peut légitimement prétendre
constituer le volet " S " de la PESC.
Il n'est donc pas étonnant que dans un tel contexte, le thème de
l'identité européenne de sécurité et de
défense se soit inscrit, à titre principal, au coeur des travaux
et débats de l'Assemblée de l'UEO.
Au cours des dix-huit derniers mois, la Délégation
française est, pour sa part, plus particulièrement intervenue sur
l'ensemble des questions visant à donner un caractère concret au
concept spécifique de l'identité et de l'affirmation
européenne. Ainsi, dans leurs interventions en séance comme dans
l'exercice des fonctions des rapporteurs qui leur ont été
confiées, les membres de la Délégation ont mis l'accent
sur l'absolue nécessité de garantir une capacité
significative à l'UEO et d'abord, pour ce faire, sur l'impératif
de mieux coopérer dans le cadre des différentes industries
nationales d'armement, à une époque où la majorité
des Etats européens ont fait un double choix : une professionnalisation
accrue de leurs armées afin d'accéder à de hauts niveaux
de spécialisation opérationnelle et une réorganisation en
profondeur de leurs industries de défense dans le but de rationaliser
les filières de recherche et de production au bénéfice de
la sécurité du continent dans son ensemble.
Cette préoccupation première n'a pas pour autant occulté
l'intérêt de la Délégation pour l'analyse, au sein
de l'UEO, de l'évolution des menaces directes ou indirectes sur la paix
en Europe. Des rapporteurs français se sont ainsi attachés
à faire partager à l'Assemblée leurs réflexions sur
la situation dans les Balkans, mais aussi en élargissant le champ des
risques aux rives non européennes de la Méditerranée, ou
encore sur les situations au Caucase et dans les nouveaux Etats de l'Asie
centrale, (cf. infra) sans oublier les conditions et conséquences du
démantèlement de l'ancien arsenal soviétique de nature
conventionnelle et nucléaire.
Le rôle opérationnel de l'UEO et l'articulation des ambitions de
cette organisation avec la vocation particulière de l'OTAN ont en outre
enregistré des progrès non négligeables sur la
période récente. Toutefois, le scepticisme traditionnellement
affiché par certains milieux, comme la persistance encore sensible de
divergences d'appréciation entre pays membres au regard de certaines
situations critiques (Albanie, Algérie, contrôle de l'embargo sur
l'Irak, etc...) ont sans doute contribué à altérer quelque
peu leur impact, au demeurant positif. A cet égard, il restera
regrettable, face à la situation dramatique de la région des
Grands Lacs africains, que l'UEO n'ait pas été en mesure de
formuler des propositions concrètes (principalement en raison de la
relative imperfection de ses procédures) en réponse à une
demande qui, pour la première fois, lui était pourtant
officiellement adressée par l'Union européenne.
L'institutionnalisation des contacts de travail entre l'UEO et l'OTAN a
néanmoins été intensifiée, notamment en
matière de planification militaire. Dans le domaine de la gestion des
crises, les exercices " CRISEX I " et " CRISEX II " ont
démontré, en décembre 1995, puis en juin 1996,
l'utilité d'un recours aux informations de l'OTAN.
Des accords, certes non spectaculaires mais de portée pratique, ont par
ailleurs contribué à améliorer un système favorable
à l'efficacité des processus conjoints d'intervention : il en est
ainsi de l'Accord de sécurité UEO-OTAN conclu en mai 1996, afin
d'établir une simplification des procédures destinées
à sauvegarder et à protéger les informations sur les
matériels classifiés dans le cadre des échanges entre les
deux organisations.
Quoi qu'il puisse encore paraître, les capacités
opérationnelles de l'UEO se sont quelque peu affirmées, notamment
au cours de la crise balkanique : dès 1993, l'UEO a en effet
effectué des missions d'enquête en différents lieux de la
zone danubienne, puis a assuré, sur la base des résolutions de
l'ONU, la mise en oeuvre et le contrôle de l'embargo à
l'égard de la République fédérale de Yougoslavie
(opérations levées en octobre 1996). C'est également sous
l'égide de l'UEO que les opérations de police ont pu être
exercées dans la ville de Mostar.
Le présent rapport ne prétend pas examiner de façon
exhaustive l'ensemble des événements ayant marqué la vie
de l'UEO depuis 1996. Il traduit, en revanche, le souhait de contribuer
à mieux faire connaître l'apport de l'Assemblée de l'UEO
afin de concrétiser des avancées dans une des dimensions majeures
de la construction européenne.
Enfin, si les élections législatives anticipées de mai et
juin 1997 ont nécessairement eu des conséquences sur la
composition de la Délégation et d'abord sur sa possibilité
de pleinement participer à la première partie de la 43ème
session de l'Assemblée (2 au 5 juin 1997), l'intérêt et la
détermination de ses membres à toujours plus s'impliquer dans
tous les débats européens traitant de la défense et de la
sécurité, restent évidents.
* * *
Le
présent rapport retrace les travaux de l'Assemblée de l'Union de
l'Europe Occidentale (UEO) au cours :
- de la 42ème session (2 au 5 décembre 1996)
- de la 43ème session (2 au 5 juin 1997, puis 1er au
4 décembre 1997).
ETATS
DE L'UEO
Membres (Traité de Bruxelles modifié)
Allemagne
Belgique
Espagne (1990)
France
Grèce (1995)
Italie
Luxembourg
Pays-Bas
Portugal (1990)
Royaume-Uni
Membres associés
(statut effectif depuis le 6 mars 1995)
Islande
Norvège
Turquie
Observateurs
Autriche
Danemark (1992)
Finlande (1995)
Irlande (1992)
Suède (1995)
Associés partenaires
(statut effectif depuis le 6 mars 1995)
Bulgarie
Estonie
Hongrie
Lettonie
Lituanie
Pologne
République slovaque
République tchèque
Roumanie
Slovénie (1996)
CHAPITRE IER : LA COMPOSITION DE LA DELEGATION FRANCAISE
A. La délégation à la session de décembre 1996 (42ème session de l'Assemblée de l'UEO)
Pour cette session, la composition de la délégation s'établissait comme suit :
1) Représentants de l'Assemblée nationale (24)
-
délégués titulaires
(12) : MM. Jacques BAUMEL
(RPR), Claude BIRRAUX (UDF), Jean-Michel BOUCHERON (S), Georges COLOMBIER
(UDF), René COUVEINHES (RPR), Robert GALLEY (RPR), Aloys GEOFFROY (UDF),
Denis JACQUAT (UDF), Gabriel KASPEREIT (RPR), Bernard SCHREINER (RPR), Jean
SEITLINGER (UDF), Jean VALLEIX (RPR).
-
délégués suppléants
(12) : MM.
Augustin BONREPAUX (S), Jean-Guy BRANGER (UDF), Jean BRIANE (UDF), Christian
DANIEL (RPR), Jean-Claude DECAGNY (UDF), Xavier DENIAU (RPR), Charles EHRMANN
(UDF), Michel HUNAULT (RPR), Jean de LIPKOWSKI (RPR) Jean-Louis MASSON (RPR),
Jean-Claude MIGNON (RPR), Jean PRORIOL (UDF).
2) Représentants du Sénat (12) :
-
délégués titulaires
(6) : MM. Nicolas ABOUT (RI),
Michel ALLONCLE (RPR), Daniel HOEFFEL (UC), Pierre JEAMBRUN (RDSE),
Jean-François LE GRAND (RPR), Jean-Pierre MASSERET (S).
-
délégués suppléants
(6) : M.
Charles-Henri de COSSÉ-BRISSAC (RI), Mme Josette DURRIEU (S), MM.
Jacques LEGENDRE (RPR), François LESEIN (RDSE), Edouard LE JEUNE (UC),
Serge VINÇON (RPR).
Le Bureau de la délégation française était ainsi
constitué :
- Président : (p. Jean VALLEIX, député (RPR))
- Vice-Présidents : (p. Pierre JEAMBRUN, sénateur (RDSE) )
(p. Jean SEITLINGER, député (UDF))
(p. Jean-Pierre MASSERET, sénateur (S))
(p. Jean de LIPKOWSKI, député (RPR))
- Secrétaire général : (p. Daniel HOEFFEL,
sénateur (UC))
B. La délégation française siègeant à compter de la seconde partie de la quarante-troisième session (décembre 1997)
A l'issue des élections législatives de mai-juin 1997, la composition de la délégation a été modifiée comme suit :
1) Représentants de l'Assemblée nationale (24)
-
délégués titulaires
(12) : MM. Jacques BAUMEL
(RPR), Jean BRIANE (UDF), Claude EVIN (S), Raymond FORNI (S), Guy LENGAGNE
(RCV), Martin MALVY (S), Jean-François MATTEI (UDF), Gilbert MITTERRAND
(S), Henri NALLET (S), Jean-Claude SANDRIER (Com), Bernard SCHREINER (RPR),
Jean VALLEIX (RPR).
-
délégués suppléants
(12) : MM. Claude
BIRRAUX (UDF), Paul DHAILLE (S), Mme Laurence DUMONT (S), MM. Charles EHRMANN
(UDF), François FILLON (RPR), Maxime GREMETZ (Com), Georges LEMOINE (S),
Jean-Pierre MICHEL (RCV), Jean-Claude MIGNON (RPR), Mme Yvette ROUDY (S), MM.
Philippe SÉGUIN (RPR), Kofi YAMGNANE (S).
2) Représentants du Sénat (12) :
-
délégués titulaires
(6) : MM. Nicolas ABOUT (RI),
Michel ALLONCLE (RPR), Mme Josette DURRIEU (S), MM. Daniel HOEFFEL (UC), Pierre
JEAMBRUN (RDSE), Jean-François LE GRAND (RPR),
-
délégués suppléants
(6) : MM. James
BORDAS (RI), Marcel DEBARGE (S), Jacques LEGENDRE (RPR), Edouard LE JEUNE (UC),
François LESEIN (RDSE), Serge VINÇON (RPR).
Le 16 septembre 1997, la délégation a élu son Bureau :
- Président : (p. Josette DURRIEU, sénateur (S))
- 1er Vice-Président : (p. Bernard SCHREINER, député
(RPR))
- Vice-Présidents : (p. Pierre JEAMBRUN, sénateur (RDSE) )
(p. Georges LEMOINE, député (S))
(p. Raymond FORNI, député (S))
(p. Marcel DEBARGE, sénateur (S))
(p. Jean-François MATTEI, député (UDF))
- Secrétaire général : (p. Daniel HOEFFEL,
sénateur (UC))
- Secrétaire général adjoint : (p. Claude EVIN,
député (S))
* * *
L'Assemblée de l'Union de l'Europe Occidentale est présidée par M. Luis Maria de PUIG (Espagne, socialiste) élu par acclamation le 3 décembre 1996, et qui a succédé à ce poste à Sir DUDLEY-SMITH (Royaume-Uni, conservateur). M. De PUIG a été réélu par acclamation le 2 décembre 1997. Mme DURRIEU, sénateur (S), Présidente de la délégation française a par ailleurs été élue vice-présidente de l'Assemblée, le 2 décembre 1997, pour la 44ème session ordinaire, dont la première partie se tiendra à Paris, du 18 au 20 mai 1998, et succède ainsi dans cette fonction au titre de la France à M. Jean VALLEIX, député (RPR).
* * *
Au cours
de sa réunion du 2 décembre 1997, la Commission politique de
l'Assemblée de l'UEO a réélu à sa
présidence, par acclamation, M. Jacques BAUMEL,
député (RPR).
A cette occasion, la Commission a arrêté un projet de programme de
ses activités pour 1998 en indiquant qu'au titre des " temps
forts " de son activité, elle se réunirait en mars 1998
à Bruxelles afin d'examiner les documents de travail relatifs aux
rapports en cours et de participer à la célébration du
50ème anniversaire du Traité de Bruxelles, organisée par
le Conseil.
En outre, le Président a proposé l'organisation d'un voyage
d'études aux Etats-Unis afin de rencontrer des représentants du
Département d'Etat, du Conseil National de Sécurité, du
Congrès et des Instituts de recherche. Après que M. Miguel-Angel
MARTINEZ (Espagne, socialiste) ait souhaité une visite au siège
des Nations-Unies à New-York et une éventuelle rencontre avec le
Secrétaire général de l'ONU, MM. Jan-Dirk BLAAUW
(Pays-Bas, VVD) et John BURTON (Irlande, observateur) ont insisté sur
l'importance des liens à établir avec les membres du
Congrès américain, notamment pour examiner conjointement la
situation de l'après SFOR.
Enfin, la Commission a pris note de la rencontre prévue à Rhodes,
le 12 mai 1998, avec la Présidence en exercice de l'UEO.
CHAPITRE 2 : LA VOCATION PARTICULIERE DE L'ASSEMBLEE DE L'UEO A JOUER UN ROLE D'IMPULSION POLITIQUE
A. L'UEO : bref rappel historique
Créée par les
Accords de Paris du 23 octobre
1954 modifiant le Traité de Bruxelles de 1948
pour permettre
l'adhésion de la République Fédérale d'Allemagne
à l'OTAN dans des conditions acceptables par ses voisins, l'Union de
l'Europe Occidentale (UEO) comblait le vide créé par
l'échec de la Communauté européenne de défense
(C.E.D.). Aux sept pays qui signèrent les Accords de Paris de 1954
(France, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Italie),
s'ajoutèrent l'Espagne et le Portugal en 1990 et la Grèce en
1995, portant ainsi à dix le nombre des Etats membres de l'UEO. Depuis
1990, l'Assemblée de l'UEO a développé ses relations avec
les pays d'Europe centrale et orientale. Un forum de consultation a
été institué qui devait aboutir à la
création d'un nouveau statut d'associé partenaire. Dix pays
bénéficient de ce statut (cf. liste page 9).
Trois pays sont " membres associés " : l'Islande, la
Norvège et la Turquie.
Cinq pays bénéficient du statut d'observateur auprès de
l'UEO : Autriche, Danemark, Finlande, Irlande et Suède.
Avec la Russie, l'Assemblée s'est efforcée d'établir un
régime d'information réciproque qui pourrait évoluer vers
un système de consultation, voire de coopération dans certains
domaines spécifiques. Le Traité de Bruxelles modifié
constitue l'alliance défensive la plus contraignante puisqu'elle oblige
(article V du Traité) les Etats signataires à aider et assister
" par tous les moyens en leur pouvoir, militaires et autres " celui
d'entre eux qui ferait l'objet d'une agression armée en Europe. Il faut
souligner que cet article demeure, à ce jour, le seul fondement
contractuel d'une défense de l'Europe par les européens, tandis
que l'article IV du Traité précise que " dans
l'exécution du Traité, les hautes parties contractantes et tous
les organes créés par elles dans le cadre du Traité
coopèrent étroitement avec l'Organisation du Traité de
l'Atlantique Nord ". L'ensemble de ces deux dispositions a gouverné
jusqu'à ce jour la participation des pays membres de l'UEO à
l'OTAN en même temps que leur engagement dans une défense commune.
Par ailleurs, une série de mesures visant à renforcer le
rôle opérationnel de l'UEO ont été
arrêtées dans
la
Déclaration de Petersberg du 19
juin 1992
.
La Déclaration de Petersberg
définit, d'une part, les
nouveaux instruments opérationnels de l'UEO: mise en commun des efforts
militaires comme ce fut le cas lors de la guerre du Golfe et dans le
contrôle de l'application de l'embargo dans l'Adriatique; création
du Centre satellitaire de Torrejon, près de Madrid; création
d'une cellule de planification siégeant à Bruxelles et
d'unités militaires relevant de l'UEO; amélioration de la
coopération militaire entre les Etats membres, en particulier dans le
domaine de la logistique, des transports, de l'entraînement et de la
surveillance stratégique; et d'autre part, trois catégories de
missions, dites " missions Petersberg ", incombant aux forces des
pays membres de l'UEO agissant de façon collective: missions
humanitaires, maintien de la paix et gestion des crises.
Pour accomplir ses tâches, l'UEO dispose, sous l'autorité du
Conseil de l'UEO, d'un Conseil permanent composé des Ambassadeurs des
pays membres, de groupes de travail qui préparent les réunions,
d'un Secrétariat général dont le siège est à
Bruxelles, et d'organes subsidiaires. La présidence tournante du Conseil
des ministres de l'UEO (tous les six mois et non plus un an depuis l'alignement
sur l'Union européenne) a été assurée, en 1996 par
le Royaume-Uni et la Belgique et, en 1997, par la France puis l'Allemagne.
L'Assemblée de l'UEO, qui est la seule Assemblée
européenne habilitée par Traité à connaître
des questions de défense, peut délibérer de toute question
relevant du Traité de Bruxelles modifié. Elle adresse au Conseil
de l'UEO des recommandations qui sont le reflet de sa volonté politique
propre.
L'Assemblée de l'UEO joue donc un rôle d'impulsion politique. Dans
de nombreux domaines, elle a facilité la réalisation de projets,
notamment en ce qui concerne l'observation spatiale européenne. Les
relations entre le Conseil de l'UEO et l'Assemblée sont fondées
sur le principe de l'indépendance réciproque entre les deux
organes : aucune procédure de défiance n'étant
prévue entre le Conseil et l'Assemblée.
B. Deux aspects essentiels du rôle de l'UEO
1) La coopération en matière d'armement et la naissance en 1997 d'un organisme subsidiaire de l'UEO : l'organisation de l'armement de l'Europe occidentale (OAEO)
En 1993,
un Groupe Armement de l'Europe occidentale (GAEO) était
créé a sein de l'UEO. Il succédait au Groupe
européen indépendant des programmes (GEIP) institué en
1976. Cette décision prenait une réelle signification depuis
l'échec du Comité permanent des armements (CPA), dont l'existence
au sein de l'UEO de 1955 à 1989 ne permit pas d'amorcer une
véritable coopération européenne.
Fort de treize membres (les dix Etats membres de plein droit plus la Turquie,
la Norvège et la Danemark) le GAEO n'a cependant été
qu'une structure transitoire. Lors de sa réunion d'Ostende le 19
novembre 1996, le Conseil de l'UEO a décidé de créer, sur
proposition des ministres de la défense des pays du GAEO, un organe
subsidiaire de l'UEO, en vertu de l'article VIII du Traité de Bruxelles
modifié. Le but est de donner un nouvel élan à la
coopération sectorielle : les objectifs et les fonctions de l'OAEO sont
définis dans la section II de sa charte constitutive adoptée ce
même jour.
A terme, l'émergence d'une véritable " Agence des
armements " reste recherchée, conformément d'ailleurs
à la déclaration faite par l'UEO à Maastricht en 1991.
L'OAEO est toutefois la première instance européenne qui, dans le
domaine de l'armement, se trouve dotée de la personnalité
juridique.
Dans le même temps et en dehors de l'UEO, la France, l'Allemagne,
l'Italie et la Grande-Bretagne ont mis en place un " Organisme conjoint de
coopération en matière d'armement " ou " OCCAR ",
afin de mener à bien la réalisation de projets déjà
finalisés (hélicoptère " Tigre ", satellite
" Hélios 2 ", véhicule blindé " VBCI "
etc...). L'OCCAR, qui ne dispose cependant pas encore de la personnalité
juridique et ne peut donc contracter sous sa responsabilité propre,
préfigure sans doute à un niveau embryonnaire ce que pourrait
être une future agence spécialisée et ouverte à un
plus grand nombre de pays membres ou candidats à l'Union
européenne.
Intervenant en ouverture du colloque de Munich (1er et 2 octobre 1997) sur la
coopération européenne dans le domaine de l'acquisition des
équipements de défense, le Président de l'Assemblée
de l'UEO, M. Luis Maria de PUIG (Espagne, socialiste) a clairement
exprimé la problématique et les enjeux d'une question essentielle
pour l'avenir d'une Europe de la défense : " Nous n'avons pas lieu
de nous montrer satisfaits des décisions prises par le Conseil à
propos de l'OAEO. L'Assemblée a constamment exprimé le souhait
que son mandat s'étende bien au-delà de la recherche et du
développement afin qu'il puisse effectuer des commandes d'armements, en
Europe et à l'étranger, et aussi qu'il permette le
développement d'une politique d'exportation d'armements, qui associe les
industriels aux exigences d'une politique étrangère et de
sécurité commune (....).
(....) D'autre part, l'avis juridique
1(
*
)
que
l'Assemblée a demandé à un expert de très haut
niveau montre que le statut juridique de l'OAEO, organe subsidiaire du Conseil
qui a été ouvert à des pays non signataires du
Traité de Bruxelles modifié est loin d'être satisfaisant.
(....) Si l'on a cru nécessaire de procéder à des actes
internationaux dûment ratifiés par les Etats concernés pour
associer certains pays à l'Union européenne ou pour
élargir l'OTAN, on a considéré que l'extension de droits
relevant de l'UEO pouvait être assurée par de simples
échanges de lettres. Cette remarque invite à s'interroger sur le
degré de volonté des gouvernements quant il s'agit de faire de
l'UEO l'instrument de la défense et de la sécurité en
Europe, voire celui de sa politique d'armement. Néanmoins, il n'est pas
douteux que la création de l'OAEO marque une étape sur la voie
par laquelle l'Europe peut construire cette politique et se doter enfin d'une
véritable Agence des armements. "
2) Les activités spatiales
La
décision de créer un centre satellitaire propre à l'UEO
date de 1991. Il s'agissait principalement de former des experts
européens aux techniques de la photo-interprétation. Puis, une
option majeure s'est progressivement dessinée : la mise en place,
à moyen et long terme, d'un système d'observation par satellites.
En ce domaine essentiel, la guerre du Golfe a en effet
démontré les insuffisances et la dépendance qui en
résultaient nécessairement pour les principaux pays
européens alors engagés aux côtés des Etats-Unis.
Depuis son inauguration en 1993, à Torrejon, près de Madrid, le
centre satellitaire de l'UEO a développé des capacités
opérationnelles en s'appuyant, entre autres, sur les données
d'Hélios. L'interprétation puis l'analyse des images
satellitaires permettent une utilisation dans le cadre des procédures de
vérification des accords de désarmement, de suivi ou de gestion
des crises ou encore d'une surveillance plus générale à
vocation maritime ou environnementale.
S'agissant de la gestion des crises, les années 1996 et 1997 ont
d'ailleurs été marquées par l'accroissement du rôle
opérationnel du centre de Torrejon : d'abord au titre de l'exercice
" Crisex " portant sur les mécanismes de décision et
les procédures UEO de gestion de crises, pour lequel le centre
satellitaire a été chargé de fournir au Conseil des
informations essentielles puis, à partir d'une recommandation de la
Commission de défense de l'Assemblée de l'UEO réunie
à Athènes (13 mars 1997), le centre s'est vu confier un
rôle majeur afin que le Conseil et la Cellule de planification soient
à même d'établir une évaluation " en temps
réel " de la situation en Albanie, pays confronté depuis le
début de l'année à une anarchie armée en
conséquence directe d'un effondrement institutionnel
quasi-généralisé.
On notera de façon plus générale que les activités
spatiales et satellitaires occupent dorénavant une place de plus en plus
importante dans les réflexions et les débats de
l'Assemblée de l'UEO.
Elle a ainsi adopté dans sa séance du 4 juin 1996 la
recommandation n° 595 " l'UEO et Hélios 2 " sur le
rapport (doc. 1525) de M. LENZER (Allemagne, CDU/CSU) au nom de la
Commission technique et aérospatiale, puis dans sa séance du 3
décembre 1996, la recommandation n° 603 relative aux
perspectives de coopération entre l'Europe et le Japon dans le domaine
spatial sur le rapport de M. Jean VALLEIX, député (RPR), au nom
de la Commission technique et aérospatiale. Enfin, au titre de la
première partie de sa 43ème session, une recommandation
n° 617 a également été adoptée sur l'UEO
et l'utilisation des moyens satellitaires dans la prévention et la
gestion des risques majeurs ; rapport (doc. 1570) de M. Jean-François LE
GRAND, sénateur (RPR). M. Jean VALLEIX, député (RPR),
a notamment appuyé au cours du débat la proposition de son
collègue visant à mieux utiliser les moyens satellitaires et plus
particulièrement ceux du centre de Torrrejon à des fins de
détection des risques. Il a ajouté qu'une telle proposition
présenterait notamment l'avantage pour l'UEO de bénéficier
d'une " meilleure visibilité vis-à-vis des opinions
publiques ".
CHAPITRE 3 : LA RECHERCHE D'UN CADRE FAVORABLE A L'AFFIRMATION D'UNE POLITIQUE DE DÉFENSE
A. Le rôle central de l'UEO depuis Maastricht
Depuis
la signature à Maastricht, en décembre 1991, d'un Traité
sur l'Union économique, monétaire et politique, la question de
l'identité européenne de sécurité et de
défense (IESD) est posée, non plus dans son objectif
désormais affirmé par les textes, mais dans ses modalités
et pour l'architecture institutionnelle de sa mise en oeuvre.
L'article J.4.1. du Traité affirme en effet : " la politique
étrangère et de sécurité commune inclut l'ensemble
des questions relatives à la sécurité de l'Union
européenne, y compris la définition à terme d'une
politique de défense commune. " Le paragraphe 2 du même
article dispose : " L'Union demandera à l'Union de l'Europe
Occidentale (UEO) qui fait partie intégrante du développement de
l'Union européenne, d'élaborer et de mettre en oeuvre les
décisions de l'Union qui ont des implications dans le domaine de la
défense. Le Conseil, en accord avec les institutions de l'UEO, adopte
les modalités pratiques nécessaires. "
Des déclarations des Etats membres de l'UEO sont en outre
annexées au Traité :
.
la première précise que les Etats membres de l'UEO
conviennent de renforcer le rôle de l'UEO dans la perspective à
terme d'une politique de défense commune au sein de l'Union
européenne, qui pourrait conduire, le moment venu, à une
défense commune compatible avec celle de l'Alliance Atlantique ;
.
la seconde porte sur l'élargissement de l'UEO à tous les
Etats membres de l'Union européenne et aux autres membres de l'OTAN, car
elle précise en effet que " ...les Etats qui sont membres de
l'Union européenne sont invités à adhérer à
l'UEO dans les conditions à convenir, conformément à
l'article XI du Traité de Bruxelles modifié, ou à devenir
observateurs s'ils le souhaitent. Dans le même temps, les autres Etats
membres de l'OTAN sont invités à devenir membres associés
de l'UEO d'une manière qui leur donne la possibilité de
participer pleinement aux activités de l'UEO. "
B. La capacité opérationnelle, condition indispensable au volet " sécurité " de la PESC
Si les
textes n'opèrent apparemment aucune intégration ou soumission
institutionnelle de l'UEO, l'organisation héritière et
dépositaire du Traité de Bruxelles se voit néanmoins
assigner la mission de réaliser un objectif commun aux membres de
l'Union européenne soucieux de s'affirmer comme l'un des grands
ensembles politiques et militaires mondiaux, tout en restant fidèle
à l'Alliance Atlantique.
Au demeurant, l'emploi parfois abusif d'expressions telles que " bras
armé de l'Union européenne ", voire " d'embryon d'une
future armée européenne ", suscite une équivoque
quant au rôle de l'UEO sur la base des textes précités. En
premier lieu parce que les conditions d'un engagement militaire commun à
tous les membres de l'Union européenne sans exception n'ont à ce
jour jamais été réunies. En second lieu parce que
l'intégration de l'ensemble des forces de défense des
différents pays européens au sein d'une entité unique
parait à tout le moins irréaliste, à défaut d'une
politique étrangère et de sécurité commune (PESC).
Quoi qu'il en soit, les dispositions arrêtées à Maastricht
ont marqué une orientation à priori irrévocable.
Dès juin 1992, le Conseil de l'UEO a de lui-même cerné la
vocation opérationnelle de l'organisation dans sa Déclaration de
Petersberg. En premier lieu, l'UEO est dorénavant qualifiée
à participer à l'exécution de mesures de prévention
des conflits et de gestion des crises, ainsi qu'aux initiatives de maintien de
la paix émanant des Nations-Unies, voire de l'OSCE. A cette fin, les
capacités opérationnelles de l'UEO doivent impérativement
être développées afin qu'elle se transforme progressivement
en composante crédible de la défense de l'Union
européenne, tout en étant susceptible de renforcer le pilier
européen de l'Alliance Atlantique. L'UEO a ainsi mis en oeuvre des
structures (Cellule de planification, Comité militaire etc...) et
défini le cadre d'action d'unités militaires relevant de sa
responsabilité.
La double question de l'identité européenne de défense et
des capacités d'intervention directe de l'UEO retient donc toute
l'attention des membres de la Délégation française.
A titre d'exemple des réflexions qu'elle a pu conduire sur ces
thèmes, on citera au cours de la 41ème session (2ème
partie) le travail de M. Jacques BAUMEL, député (RPR), alors
Président de la Commission de la défense de l'Assemblée et
rapporteur (doc. n° 1517) , qui a fait un tour d'horizon de la
politique européenne du renseignement en soulignant notamment
qu'après le sommet de l'UEO à Madrid, il importait
" à partir de la création d'un véritable bureau de
renseignement au sein de la Cellule de planification, de se mettre d'accord sur
les mesures qu'il conviendrait de prendre afin de permettre au Conseil
d'assurer en toute connaissance de cause, la responsabilité d'engager
des forces relevant de l'UEO dans des opérations dont il aurait
décidé d'assurer la conduite ". M. BAUMEL ajoutant :
" il n'est pas prématuré d'envisager une politique de
renseignement de l'UEO, avant même que les objectifs de la fameuse
politique de défense décidée à Maastricht aient
été clairement établis. " (recommantation n°
597).
CHAPITRE 4 : LA DÉCLARATION D'ERFURT DU 18 NOVEMBRE 1997
A. Une étape importante au terme des présidences française puis allemande de 1997
Pour la
première fois réunis au-delà de l'ancien rideau de fer
pour un Conseil de l'UEO, les ministres des Affaires étrangères
et de la défense des pays membres ont réaffirmé, les 17 et
18 novembre 1997, leur volonté de " former une identité
européenne de sécurité et de défense ". La
déclaration adoptée à dix-huit mentionne les
" progrès substantiels réalisés en un temps
très court " sur ce thème depuis la conclusion du
Traité d'Amsterdam en juin 1997.
Ces avancées, pour modestes qu'elles paraissent, ont confirmé le
rôle de l'UEO et, pour ce faire, son accès à une
véritable capacité politico-militaire.
Les ministres ont ainsi décidé que, dès l'entrée en
vigueur du Traité d'Amsterdam, les pays de l'Union européenne
(UE) qui ont le statut d'observateurs à l'UEO (Autriche, Danemark,
Finlande, Irlande et Suède), pourront pleinement être
associés, voire participer aux opérations de type
" Petersberg " pour l'exécution de mesures de
prévention des conflits et de gestion des crises. Cette implication
pleine et entière des dix-huit résultera de l'extension à
venir aux membres associés (Turquie, Norvège, Islande) de cette
faculté de participation à des opérations supposant
néanmoins l'utilisation de moyens et de capacités propres
à l'OTAN.
Le Conseil a en outre définitivement confirmé la mise en place du
Comité militaire de l'UEO, dont il avait décidé la
création le 13 mai 1997.
S'agissant de l'institutionnalisation progressive des relations entre l'Union
européenne et l'UEO, les pays membres de l'UEO ont également
confirmé qu'à partir du 1er janvier 1999, lorsque la
présidence de l'Union européenne sera exercée par un Etat
membre de plein droit de l'UEO, cet Etat exercera également et de
façon concomitante la présidence de l'UEO. (Les pays qui, bien
qu'appartenant à l'Union européenne, n'ont à l'UEO qu'un
statut d'observateur, restent donc exclus de ce principe de double
présidence).
Succession des présidences de l'UE et de l'UEO
en
application de la décision du Conseil
1998-2003
|
Ordre de
succession
|
Ordre de
succession
|
Nouvel ordre de succession des présidences de l'UEO |
I/1998 |
Grèce |
Royaume-Uni |
Grèce |
II/1998 |
Italie |
Autriche |
Italie |
I/1999 |
Luxembourg |
Allemagne |
Allemagne |
II/1999 |
Pays-Bas |
Finlande |
Luxembourg |
I/2000 |
Portugal |
Portugal |
Portugal |
II/2000 |
Espagne |
France |
France |
I/2001 |
Royaume-Uni |
Suède |
Pays-Bas |
II/2001 |
Belgique |
Belgique |
Belgique |
I/2002 |
France |
Espagne |
Espagne |
II/2002 |
Allemagne |
Danemark |
Portugal |
I/2003 |
Grèce |
Grèce |
Grèce |
II/2003 |
Italie |
|
|
B. Le texte intégral de la déclaration d'Erfurt
CHAPITRE 5 : LES CONTENUS POSSIBLES DE LA NOTION D'IDENTITE ET DE SECURITE EUROPEENNE
A. La déclaration d'Erfurt base de reflexion aux travaux de l'Assemblée
Réunie également à Erfurt, les 18 et 19
novembre 1997, à l'initiative de son Président M. Jacques
BAUMEL, député (RPR), la Commission politique de
l'Assemblée de l'UEO a notamment adopté à
l'unanimité le rapport de M. Constantinos VRETTOS (Grèce,
PASOK) sur " L'UEO après Amsterdam : l'identité
européenne de sécurité et de défense et
l'application de l'article V du Traité de Bruxelles modifié -
réponse au rapport annuel du Conseil " - (recommandation
n° 620 adoptée par l'Assemblée dans sa séance du
2 décembre 1997).
MM. Raymond FORNI, député (S), Marcel DEBARGE, sénateur
(S) ont participé aux travaux de la Commission politique à
Erfurt, alors que M. Jean VALLEIX, député (RPR), a
participé en sa qualité de Vice-Président en exercice, au
Comité des Présidents de l'Assemblée qui s'est
également tenu le 18 novembre à Erfurt.
Le sujet clé de l'identité européenne de
sécurité et de défense a en effet été
l'objet d'un débat de fond par l'Assemblée au cours de la
2ème partie de sa 43ème session (doc. N° 1584 et
amendements).
B. L'UEO après la conférence d'Amsterdam de juin 1997
.
Le rapporteur, M. VETTROS, a rappelé devant l'Assemblée, le
2 décembre 1997, que les critiques et l'euroscepticisme avaient
accueilli la signature du Traité d'Amsterdam modifiant le Traité
de Maastricht sur l'Union européenne, mais qu'il convenait de
dépasser de tels débats. A ses yeux, " Amsterdam n'est pas
la fin d'un processus, au contraire : il faut se mettre à l'oeuvre afin
d'appliquer les dispositions du nouveau Traité et de tirer les
conséquences pratiques et politiques de la nouvelle situation. C'est
avant tout un défi pour l'UEO. " Il lui a semblé
indispensable que l'UEO procède à une redéfinition de son
rôle et de ses missions, à la lumière de ses nouvelles
relations avec l'OTAN et des décisions prises par l'Alliance Atlantique
à Madrid (8 et 9 juillet 1997).
La solution lui paraissant la plus aisée résiderait dans
l'acceptation par l'Union européenne comme par l'UEO d'un partage aussi
clair que possible de leurs responsabilités dans un esprit de
coopération comparable à celui développé entre
l'UEO et l'OTAN.
.
S'agissant de l'utilité d'un maintien du mécanisme du
titre V dans le Traité de Bruxelles modifié (disposition
prévoyant une riposte collective et automatique en cas d'agression d'un
ou de plusieurs Etats membres), M. VRETTOS a noté l'influence
grandissante de ceux qui le considèrent comme redondant avec l'article
5 du Traité de Washington sur l'Alliance Atlantique, dès lors que
l'UEO, voire l'Europe dans son ensemble, n'aurait plus vocation qu'à
limiter leurs interventions à la gestion de crises : une approche
d'ailleurs renforcée par le libellé du sous-paragraphe 3 de
l'article J.7. du Traité d'Amsterdam. M. VRETTOS a souhaité
voir lever toute ambiguïté sur cette question : si l'article V du
Traité de Bruxelles constituait le fondement d'une défense
européenne indépendante, la solidarité transatlantique et
l'engagement nord-américain vis-à-vis de l'Europe s'en
trouveraient nécessairement affectés. En revanche, les pays
membres de l'Union européenne ayant une tradition de neutralité
pourraient s'engager sous réserve vis-à-vis d'une identité
européenne de défense si elle se bornait à la
prévention et à la gestion des crises dans le sens défini
par la Déclaration de Petersberg.
.
Au regard des interrogations laissées sans réponse,
M. VRETTOS a dressé dans son rapport le programme de travail de
l'UEO sur ce thème :
- la définition de critères relatifs aux affaires ne
relevant pas de l'article V qui doivent de préférence être
traitées à partir de décisions et d'actions autonomes de
l'UEO ;
- la création d'un fondement juridique solide en vue de la
participation des pays observateurs aux activités de l'UEO, en fonction
aussi bien de l'existence d'une capacité de décision autonome
qu'à la suite d'une demande de l'Union européenne ;
- un concept pour la future mise en oeuvre de l'article V du Traité
de Bruxelles modifié compte tenu, d'une part, du développement
à venir de l'Union européenne et du rôle de l'UEO en tant
que partie intégrante du développement de l'UE et, d'autre part,
des engagements de défense résultant de l'article 5 du
Traité de Washington et de l'élargissement futur de
l'organisation euro-atlantique de sécurité à l'est et au
sud ;
- la définition d'une position claire sur la question de savoir si,
parmi les tâches du Comité militaire de l'UEO nouvellement
créé, doivent figurer les questions liées à
l'article V comme c'est le cas pour les forces relevant de l'UEO (FRUEO). Le
rapporteur soulignant à cet égard que, conformément au
paragraphe 30 de la Déclaration d'Erfurt, " les ministres ont
noté que les responsabilités du Comité militaire dans la
contribution de l'UEO à la planification de défense de l'OTAN
devront être clarifiées ". Parmi ces responsabilités
figurent des questions relevant de l'article V restées sans
réponse lors de la réunion avec la présidence en exercice
le 18 novembre 1997 ;
- la question de savoir si certaines dispositions du Traité de
Bruxelles modifié doivent être révisées ou
adaptées : sur la nécessité par exemple, à la suite
de la création du Comité militaire de l'UEO, de mettre en place
des structures militaires de l'UEO et la constitution de FRUEO, ou d'amender le
second paragraphe de l'article IV du Traité de Bruxelles modifié,
actuellement libellé comme suit : " En vue d'éviter tout
double emploi avec les états-majors de l'OTAN, le Conseil et l'Agence
s'adresseront aux autorités militaires appropriées de l'OTAN pour
toutes informations et tout avis sur les questions militaires. "
En conclusion du débat, M. BAUMEL, député (RPR),
Président de la Commission politique, s'est félicité en
reprenant l'expression de M. CUTILEIRO, Secrétaire
général de l'UEO, selon laquelle l'Organisation n'est plus
" la Belle au bois dormant " mais, a-t-il ajouté,
" encore ne faudrait-il pas qu'elle se résigne à être
le valet d'armes d'autres institutions, l'Union européenne et
l'OTAN ".
L'Assemblée a adopté la recommandation n° 618 relative
à " la place de l'UEO dans l'organisation de la
sécurité en Europe, après les décisions prises par
l'Union européenne et l'OTAN à Amsterdam et à
Madrid. "
CHAPITRE 6 : LA PROBLEMATIQUE DE L'ELARGISSEMENT
A. Les débats de la 42ème session
Dans sa
séance du 2 décembre 1996, l'Assemblée avait
débattu de la défense et de la sécurité d'une
Europe élargie, sur le rapport (doc. n° 1545 et amendements)
de M. MARTEN (Allemagne, CDU/CSU).
Ce débat organisé en réponse au rapport annuel du Conseil
de l'UEO tendait à faire un point complet sur les intérêts
de tous les Etats d'Europe occidentale membres de l'UEO et(ou) de l'OTAN
à entretenir des relations " pacifiques et
réglementées ", selon les qualificatifs utilisés par
le rapporteur, avec des Etats ayant pour certains récemment
accédé à une complète autonomie de leur
souveraineté internationale ou appartenant à la nouvelle
Communauté des Etats Indépendants (CEI).
Feignant de s'interroger sur le rôle de l'UEO qui, en tant que bras
européen de défense " voudra-t-elle ou pourra-t-elle se
servir des structures de l'OTAN ? ", le rapporteur a déclaré
estimer que " cela contribuerait assurément à réduire
l'influence excessive des Etats-Unis au sein de l'Alliance ". M. MARTEN a
ensuite inscrit au rang de priorité absolue " ... la
création d'un dispositif européen cohérent, politiquement
visible et militairement efficace ".
S'agissant d'une éventuelle adhésion des Etats baltes à
l'UEO, le rapporteur a regretté que la Déclaration faite à
Maastricht en 1991 subordonne la qualité de membre de plein droit
à l'appartenance concomitante à l'Union européenne et
à l'OTAN. Il s'est prononcé en faveur d'une révision de ce
principe afin de " trouver des solutions novatrices pour les accords de
sécurité qui visent à supprimer l'obligation
d'adhérer à l'OTAN pour les futurs membres de l'UEO. "
M. Nicolas ABOUT, sénateur (RI), a insisté lors du débat
sur l'effet des différentiations de traitement entre pays candidats
à l'élargissement de l'OTAN : " Pourquoi laisser des Etats
comme les Etats baltes hors de tout système de sécurité,
alors même qu'ils ont certainement une sécurité plus
précaire ? " Il a conclu son intervention sur la
nécessité de débattre au sein de l'UEO de
l'élargissement à l'est de l'OTAN dès lors qu'il
paraissait admis que " l'avenir de l'UEO se négociait au sein de
l'Union européenne et de l'OTAN ".
A titre général, plusieurs intervenants dont le rapporteur ont
regretté le " peu de cas que fait le Conseil des ministres des
recommandations formulées par notre Assemblée ", selon la
formule employée par M. SELVA (Italie, Alliance Nationale).
Après avoir notamment adopté deux amendements soutenus par
M. ONYSZKIEWICZ (Pologne, associé partenaire, Union pour la
Liberté) et visant à n'exclure aucun pays des processus
d'adhésion et de dialogue, l'Assemblée a adopté à
l'unanimité la recommandation n° 606.
B. Les débats de la 43ème session
1) Les propositions de l'Assemblée à l'échéance dite de " Maastricht II "
Au cours
de la première partie de la session suivante (43ème session),
l'Assemblée a approuvé la décision n°18 sur
" une sécurité élargie : les problèmes de
sécurité posés par l'élargissement de l'OTAN et des
institutions européennes " qui avait été
adoptée à l'unanimité par sa Commission permanente
réunie à Athènes le 13 mars précédent.
L'Assemblée a ensuite débattu, le 4 juin 1997, sur le rapport de
M. ANTRETTER (Allemagne, SPD) et de Mme SQUARCIALUPI (Italie,
Sin-démo), corapporteur de " Maastricht II : propositions de
l'Assemblée de l'UEO pour la coopération européenne en
matière de sécurité et de défense " (doc.
n° 1564 et amendements).
Au cours de ce débat également organisé en réponse
au rapport annuel du Conseil, M. ANTRETTER, rapporteur, a d'emblée tenu
à situer son propos à la veille des sommets d'Amsterdam et de
Madrid devant, dans les jours suivants la réunion de l'Assemblée,
arrêter d'importantes décisions concernant l'Union
européenne et l'OTAN. Dénonçant une sorte de
" diplomatie secrète ", M. ANTRETTER a regretté que
l'Assemblée ne reçoive ni de l'Union européenne, ni du
Conseil de l'UEO " des informations fiables sur l'état d'avancement
des négociations ce qui, bien entendu n'a pas facilité la
tâche des rapporteurs " ajoutant " quoiqu'il en soit, la
Conférence intergouvernementale (CIG) délibère aussi sur
la question importante de savoir comment les Parlements nationaux pourront
contrôler, par l'intermédiaire de l'Assemblée de l'UEO,
l'élaboration d'une politique étrangère et de
sécurité commune. "
Puis, le rapporteur a exposé les enjeux d'une affirmation plus
évidente de l'UEO en faveur d'une véritable défense
commune : " Le fossé entre les prétentions et la
réalité, entre la belle apparence de dispositions contractuelles
flatteuses et la dure réalité de la position des Etats membres de
l'Union européenne en matière de politique
étrangère, a jailli encore plus clairement lorsque la
présidence française de l'UEO a entrepris de donner un contenu
aux relations entre l'UEO et l'UE. C'est un secret de Polichinelle que certains
membres de l'UE marqués par une tradition de neutralité
manifestent peu d'enthousiasme pour concrétiser les perspectives d'une
défense commune au sein de l'Union européenne. "
Pour sa part, Mme SQUARCIALUPI, corapporteur, a insisté sur les
difficultés rencontrées par l'UEO dans sa quête
d'affirmation politique comme dans le déploiement des moyens qui sont
pourtant à sa disposition.
" Les menaces de guerre ont changé par rapport à la
période où l'Europe était divisée par le rideau de
fer : de nombreux Etats sont nés, des grands et des petits : dans nombre
d'entre eux, il est facile d'identifier des conflits potentiels, qui se
dérouleraient cependant à l'intérieur de frontières
bien déterminées, puisqu'il s'agirait, pour la plupart d'entre
eux, de conflits ethniques (qui sont les plus incroyables et les plus cruels).
C'est pourquoi l'UEO a la possibilité d'intervenir dans le cadre des
missions de Petersberg, qui ont un caractère essentiellement humanitaire
et posent néanmoins de gros problèmes de mise en oeuvre. La crise
d'identité de l'Union de l'Europe Occidentale tient à la
restructuration générale du continent européen selon de
nouvelles règles démocratiques : au départ, il y a
l'élargissement de l'OTAN, essentiellement dans la mesure où il
constitue un facteur déterminant pour l'élargissement prochain de
l'Union européenne et la modification de ses pouvoirs.
(...) J'en reviens au titre du rapport " Maastricht II " qui fait
clairement allusion à la crise l'UEO, laquelle résulte
précisément du fait qu'elle traverse une phase de transition,
puisque le Traité sur l'Union européenne déjà en
vigueur prévoit que l'UEO agisse pour le compte de l'Union et en
devienne partie intégrante. Sur ce point, des divergences notables se
sont fait jour, même si divers Etats de L'Union européenne ont
déjà exprimé clairement leur position. Pour l'heure, l'UEO
pourrait entreprendre des actions pour le compte de l'Union européenne
sous l'égide de l'ONU ou de l'OSCE, ou encore participer à des
initiatives de l'OTAN, mais elle pourrait aussi agir en son nom propre, puisque
le Traité de Bruxelles modifié est encore en vigueur. Elle
demeure donc investie des pouvoirs qu'elle avait avant le Traité de
Maastricht. On pourrait dire qu'elle ne manque de rien : ces dernières
années, elle a créé la Cellule de planification pour
l'identification des crises ; elle s'est dotée d'autres structures afin
de ne pas se trouver confrontée sans préparation à
certaines situations ; elle dispose de groupes de forces interarmées
multinationales déjà en place depuis longtemps et efficaces. Et
il faut dire qu'il existe des situations dans lesquelles elle pourrait
intervenir : une occasion manquée a été, en novembre,
le conflit au Zaïre, et il y a eu aussi, récemment, au début
du printemps, la crise en Albanie. Ces missions ne demandent pas de grands
déploiements de moyens et, en tout état de cause, l'UEO a ce
qu'il faut pour protéger les actions humanitaires, à condition
qu'elle le veuille. Malheureusement, elle est freinée dans cette
entreprise par des pays qui ont participé tant à sa construction
qu'à celle de l'Union européenne. Ces difficultés internes
sont incompréhensibles pour le citoyen ordinaire et dans bien des cas,
elles demeurent très opaques pour nous aussi. "
M. EVANGELISTI (Italie/Sin. Demo) a relevé une préoccupation qui,
selon lui, transparaissait du rapport comme des interventions de ses auteurs :
" ce souci concerne plus précisément le risque de voir les
changements mentionnés (réforme de la PESC et
élargissement de l'OTAN) entraîner une marginalisation de fait,
voire une disparition de droit de l'UEO en tant qu'organisme autonome. "
Il a sur ce point ajouté: " J'ai déjà eu l'occasion
de dire dans cet hémicycle que cette préoccupation est tout
à fait fondée, réaliste et compréhensible, mais
qu'elle ne devrait cependant pas occuper une place déterminante dans un
débat d'importance historique. "
Puis, au nom du Groupe fédéré des Démocrates
chrétiens et des Démocrates européens, M. BÜHLER
(Allemagne, CDU/SCU) a évoqué les événements des
Balkans.
M. VALLEIX, député (RPR) s'est pour sa part,
félicité du travail des rapporteurs et a pris acte " que
l'UEO ne sera pas fusionnée avec l'Union européenne et qu'elle
demeurera, pour l'instant, une organisation de plein exercice ".
S'étant déclaré, par principe, non hostile à une
meilleure coopération de l'UEO et de l'Union européenne, il a
toutefois appelé de ses voeux un rapprochement " progressif et
parfaitement mesuré ". En tout état de cause, il lui a
semblé que l'UEO devait être le principal maître d'oeuvre
des décisions de nature militaire auxquelles participerait l'Union
européenne.
M. VALLEIX a conclu son propos sur la double affirmation suivante :
" ... le Président CHIRAC et le Chancelier KOHL ont proposé
d'inclure dans le Traité une " clause de coopération
renforcée ". En fait, la défense peut être un des
champs d'expérimentation privilégiés de ces
" coopérations renforcées ". La décision
d`employer les forces multinationales relevant de l'UEO ne saurait être
prise qu'au sein de l'UEO. Que les choses soient claires. Le rôle de
notre organisation s'inscrit également dans le cadre des discussions en
cours sur la rénovation de l'Alliance atlantique, sujet
d'actualité, notamment dès juillet prochain. Comme vous le savez,
il a été décidé, lors du Conseil de l'Atlantique
Nord de Berlin, que les Européens pourraient utiliser les moyens de
l'OTAN pour des opérations n'impliquant pas les Etats-Unis,
opérations placées sous le contrôle politique et la
direction stratégique de l'UEO. Ces orientations n'en ouvrent pas moins
de nouvelles perspectives à l'UEO qui doit s'affirmer, non seulement
comme composante de défense de l'Union européenne, mais aussi
comme pilier européen de l'Alliance atlantique. "
Au terme d'un débat ayant occupé la majeure partie des
quatrième et cinquième séances de la session,
l'Assemblée a adopté la recommandation amendée
n° 614.
2) Les débats sur la notion de " sécurité élargie "
L'Assemblée a également débattu, au cours
de la
première partie de sa quarante-troisième session, du thème
: " Une sécurité élargie : les problèmes
de sécurité posés par l'élargissement de l'OTAN et
les institutions européennes ". Sur le rapport (doc.
n° 1565 et amendements) de M. Robert URBAIN (Belgique/P.S.).
Le rapporteur a d'emblée souligné "l'acuité " d'un
tel sujet au regard des événements internationaux :
l'implication sur l'UEO du double élargissement en cours concernant
l'Union européenne (U.E.) et l'OTAN et les transformations politiques
(élections britanniques) et dissolution de l'Assemblée nationale
française) sur la Conférence intergouvernementale en cours.
Il a ensuite considéré comme impossible d'envisager
l'intégration
in globo
des quelque dix pays d'Europe
centrale et orientale souhaitant à la fois adhérer à
l'U.E. et à l'OTAN, d'autant que la Russie et l'Ukraine doivent aussi
prendre impérativement place dans une nouvelle architecture
sécuritaire.
S'agissant de l'UEO que le rapporteur a inscrit " à la jointure de
l'OTAN et de l'U.E. ", il a jugé inéluctable son
élargissement, dès lors que les pays candidats sont
déjà ses " associés-partenaires " : cet
élargissement dans le cadre de l'UEO " ne devrait pas se heurter
aux mêmes obstacles politiques " que pour l'OTAN.
Face aux différents scénarios possibles, M. URBAIN a
précisé qu'il lui paraissait plus facile d'opter pour le principe
" de la double appartenance à l'UEO et à l'OTAN "
à la condition d'accompagner cette option de mesures visant à
renforcer la sécurité des pays non invités : à
défaut, un certain nombre d'Etats (le rapporteur citant notamment la
Bulgarie et la Roumanie) se verraient marginalisés. Evoquant à
cet égard la doctrine CAHEN (du nom de l'ancien Ambassadeur de Belgique
en France et également ancien Secrétaire général de
l'UEO), M. URBAIN a conclu son exposé sur les coûts
inhérents à tout élargissement et sur l'impératif
pour l'UEO de procéder à une restructuration de ses
méthodes.
M. Fabio EVANGELISTI (Italie/Sin.demo) a tenu à exprimer la
" ligne " de son pays quant aux positions déjà prises,
notamment au sujet de la PESC. Il a, en outre, souhaité une
révision des critères d'admission de nouveaux membres au sein de
l'UEO.
Complétant le propos de M. EVANGELISTI, Mme Vera SQUARCIALUPI
(Italie/Sin.demo) a mis l'accent sur la situation de l'UEO coincée entre
" les deux pots de fer que représentent l'OTAN et l'U.E. " et
a regretté, à la fois, l'absence d'intervention significative de
l'U.E. comme de l'UEO. dans la crise albanaise pourtant " à leur
mesure ".
M. Ivan GLOUCHKOV (Bulgarie/associé partenaire) a
rappelé la fermeté des intentions d'adhésion de son pays
en soulignant les efforts qu'il avait déjà accomplis pour
stabiliser sa situation intérieure au terme d'un consensus entre ses
grandes forces politiques. Il s'est d'ailleurs déclaré certain
que la Bulgarie était prête à envoyer en Albanie des forces
de police pour participer, dans un cadre multinational, à l'effort de
paix de l'UEO.
Lord NEWALL (Grande-Bretagne/conservateur) a souligné le fait que la
Roumanie, qui avait à plusieurs reprises été
historiquement abandonnée par ses alliés, méritait de se
voir accorder à présent une large confiance d'autant qu'elle
avait contribué à l'IFOR puis à la SFOR et que des troupes
roumaines sont également présentes en Angola. Puis,
M. Longin PASTUSIAK (Pologne/associé partenaire) a
considéré que le Partenariat pour la Paix servait de socle
" à l'étroite collaboration de la Pologne avec l'OTAN "
depuis 1994 et que l'approbation par référendum d'une
constitution moderne signifiait bien que son pays adhérait pleinement
aux valeurs de l'Europe.
M. Constantinos VRETTOS (Grèce/PASOK), après s'être
félicité du succès du Colloque d'Athènes (cf.
infra), a affirmé que le but affiché de faire de l'UEO le propre
mécanisme de défense de l'U.E. méritait que l'on
franchisse encore de nombreuses étapes et donc, l'accord de cette
Organisation sur des points essentiels. Il a conclu sur la situation actuelle
qui permet à l'OTAN et donc aux Etats-Unis, d'occuper " le vide que
l'Europe se trouve dans l'incapacité de combler " ajoutant qu'ainsi
" l'OTAN... se découvre un rôle nouveau, un rôle
européen, plus politique et plus actif dans les affaires
européennes ".
MM. Ingvald GODAL (Norvège/membre associé/conservateur),
SAPURIC (Ancienne République yougoslave de
Macédoine/observateur), Géza JESZENSZKY
(Hongrie/associé partenaire/Forum démocratique), Össur
SKARPHEDINSSON (Islande/membre associé/social démocrate),
Sükrü Sina GUREL (Turquie/membre associé/Parti
démocratique de gauche), Pedro ROSETA (Portugal/PPD-PSD), Alvydas
MEDALINSKAS (Lituanie/associé partenaire), RUZIN (Ancienne
République yougoslave de Macédoine/observateur) et
Karoly SZABO (Roumanie/associé partenaire/Union démocratique
des Hongrois de Roumanie) ont également pris part à la discussion.
Après que M. URBAIN se soit félicité de l'esprit de
consensus avec lequel son rapport lui semblait avoir été
accueilli, l'Assemblée a adopté deux amendements sur le projet de
recommandation, le premier sur la question de la délimitation des
frontières des Etats baltes avec la Russie, une question qui reste,
selon le rapporteur, un élément fondamental de la
problématique de leur adhésion notamment à l'OTAN, le
second mentionnant l'avancée positive constituée par la
conclusion de l'Acte fondateur entre la Russie et l'OTAN. Puis,
l'Assemblée a adopté la recommandation n° 611 ainsi
amendée qui faisait d'ailleurs suite à une décision
n° 18 sur le même sujet adoptée à
l'unanimité de la Commission permanente réunie à
Athènes le 13 mars 1997.
C. La réunion conjointe des commissions permanente, politique et de défense : le colloque d'Athènes (11 au 13 mars 1997).
A
l'initiative de M. Jacques BAUMEL, Député (RPR), Président
de la Commission politique de l'Assemblée de l'UEO, un colloque s'est
déroulé à Athènes du 11 au 13 mars 1997 sur le
thème : " La sécurité élargie : les
problèmes de sécurité posés par
l'élargissement de l'OTAN et des institutions européennes ".
Les travaux ont été ouverts par des allocutions de
MM. de PUIG (Espagne - socialiste), Président de
l'Assemblée de l'UEO, et KAKLAMANIS, Président du Parlement
hellénique.
Dans sa présentation du Colloque, M. Jacques BAUMEL a
rappelé les principaux objectifs à atteindre :
- approfondissement de l'identité européenne de
sécurité et de défense ;
- développement d'un nouveau partenariat transatlantique ;
- association de la Russie à la nouvelle architecture
européenne de sécurité ;
- maîtrise du processus d'élargissement de l'OTAN dont
M. BAUMEL a analysé les conséquences militaires et
techniques, financières, politiques et stratégiques.
S'agissant de la Russie, M. BAUMEL a précisé :
" nous devons associer ce pays à la sécurité de
l'Europe, sans lui donner pour autant un droit de regard et encore moins de
veto sur l'avenir de l'Europe ". Il a également conclu sur la place
de l'UEO que " la solution de sagesse consiste en un resserrement
progressif des liens avec l'Union européenne. Si l'objectif, à
terme, de l'intégration dans l'U.E. doit être maintenu, il est
préférable d'adapter notre démarche aux
réalités politiques actuelles de l'Europe ".
De nombreuses personnalités sont intervenues dans les discussions :
MM. Mecys LAURINKUS, Président de la Commission des affaires
étrangères du Parlement de Lituanie, Janusz ONYSZKIEWICZ,
ancien Ministre de la défense de la Pologne, le Général
Constantin DEGERATU, Secrétaire d'Etat et Chef d'Etat-major
général de l'armée roumaine, l'Ambassadeur Donald J.
Mc CONNELL, Secrétaire général adjoint de l'OTAN,
Alexandre KONOVALOV, Président de l'Institut d'analyses
stratégiques de Moscou, Boris I. KORNEYENKO, Ambassadeur de
l'Ukraine en Grèce, le Professeur Michael MIHALKA, membre
américain du Centre européen George C. Marschall d'études
et de sécurité, MM. Georges PAPANDREOU, Ministre
délégué des affaires étrangères de la
Grèce, Lothar RÜHL, ancien Secrétaire d'Etat allemand
à la défense, Geoffrey VAN ORDEN, représentant la
Commission européenne, Akis TSOHANTSOPOULOS, Ministre grec de la
défense, l'Ambassadeur Alfred CAHEN, ancien Secrétaire
général de l'U.E.O.
M. Régis de BELENET, Directeur des affaires stratégiques, de la
sécurité et du désarmement au Ministère des
affaires étrangères, a rappelé les objectifs de la
présidence française de l'UEO.
Dans la discussion, sont également intervenus MM. Jean VALLEIX,
Député (RPR), Président de la Délégation
française, et Nicolas ABOUT, Sénateur (RI). Les conclusions ont
été présentées par M. Robert URBAIN (Belgique,
Socialiste), Rapporteur général.
A l'issue du Colloque, la Commission permanente de l'Assemblée de l'UEO
a adopté, sur proposition de M. Robert URBAIN, une décision sur
les problèmes de sécurité posés par
l'élargissement de l'OTAN et des institutions européennes. Dans
ce message, l'Assemblée de l'UEO rappelle notamment : " le
rôle essentiel des Parlements nationaux qui sont appelés à
ratifier l'admission de nouveaux pays membres de l'OTAN et à l'Union
européenne, et la nécessité de les tenir
régulièrement informés sur l'évolution et les
perspectives de négociations avec les pays concernés ".
La Commission permanente a également adopté une recommandation
sur la situation en Albanie, présentée par M. GIANNATASIO
(Italie - Forza Italia), rapporteur de la Commission de défense
présidée par M. Armand de DECKER (Belgique - Libéral).
Ont participé aux travaux : MM. Jean VALLEIX, Député
(RPR), Président de la Délégation française
à l'Assemblée de l'UEO, Jean de LIPKOWSKI,
Député (RPR), Pierre JEAMBRUN, Sénateur (RDSE),
Vice-Présidents, Jacques BAUMEL, Député (RPR),
Gabriel KASPEREIT, René COUVEINHES, Députés (RPR),
Jean BRIANE, Denis JACQUAT, Députés (UDF), Nicolas ABOUT,
Sénateur (RI), Jean-François LE GRAND et Michel ALLONCLE,
Sénateurs (RPR).
CHAPITRE 7 : LES PROGRES ENREGISTRES POUR CONFERER UNE CAPACITE OPERATIONNELLE A L'UEO
A. Les missions dites " de Petersberg"
Au cours
de sa quarante-et-unième session (2ème partie),
l'Assemblée de l'UEO s'est particulièrement attachée
à démontrer, au long de ses débats, les capacités
de l'organisation à s'impliquer directement dans des opérations
dites de " type Petesberg ", c'est-à-dire ne relevant pas
directement du principe de légitime défense collective des Etats
membres qui seraient confrontés à une agression initialement
dirigée en tout ou partie à leur égard, mais
d'interventions de sécurité précises et parfois durables
dans un contexte déterminé et sur la base d'un mandat (Nations
Unies, OSCE, OTAN) ou d'une demande expresse de l'Union européenne.
Dans sa séance du 3 décembre 1996 (deuxième partie de la
quarante-deuxième session), elle a ainsi examiné en urgence, sur
le rapport (doc. 1553) de M. Pietro GIANNASTTASIO (Italie/Forza
Italia), le rôle de l'Europe en Bosnie-Herzégovine. La
résolution n° 604 exprime ainsi l'absolue
nécessité de poursuivre au-delà de son mandat initial
l'action de l'IFOR par la création d'une force capable d'assurer une
complète application des Accords de Dayton en insistant sur l'urgence
des opérations à entreprendre en matière de
déminage, opérations que l'UEO pourrait être à
même d'organiser tout en appelant de ses voeux la création d'une
force de police dépassant le champ d'action de celle mise en oeuvre
pour la seule ville de Mostar.
On retiendra ensuite que la Commission permanente de l'Assemblée a, le
13 mars 1997, enjoint au Conseil des ministres de l'UEO, au sujet de
la crise albanaise, " ...de charger la Cellule de planification de l'UEO
d'établir des plans de circonstance en vue d'opérations
éventuelles en Albanie, couvrant toute la gamme des missions de
Petesberg, allant de missions humanitaires et d'évacuation aux missions
de maintien ou de rétablissement de la paix, y compris le contrôle
de la restitution des armes et des munitions " (Recommandation
n° 609 sur la situation en Albanie, adoptée à
l'unanimité par la Commission permanente).
B. L'implication de l'Assemblée de l'UEO dans l'analyse des potentialités de crises
1) Le risque méditerranéen.
Plus
généralement, l'Assemblée a examiné la question de
la sécurité dans la région méditerranéenne.
Au nom de la Commission politique, M. Jean de LIPKOWSKI
(député, RPR) a rapporté devant l'Assemblée
(doc. n°1543 et amendements) en soulignant l'importance de cette zone
pour l'ensemble des pays européens :
" Les peuples des deux rives sont loin d'être des
étrangers pourtant les uns pour les autres. Ils se sentent liés
par une attirance mutuelle, mais celle-ci est tempérée par les
rancunes ou les souvenirs d'une histoire faite trop souvent d'antagonismes. Ce
n'est donc que très récemment qu'a émergé
l'idée d'établir dans cette zone la sécurité et
donc la paix dans le respect mutuel et de concevoir un partenariat sur un pied
d'égalité. La Méditerranée n'est plus, pour les
Européens, le théâtre où s'affrontent leurs
visées impérialistes. En revanche, l'Europe se rend compte
qu'elle est solidaire de son pourtour sud pour sa sécurité.
Depuis la fin de la guerre froide, c'est dans cette zone que peuvent
naître des conflits périphériques dans lesquels nous
serions nécessairement impliqués, sans parler de toutes les
autres menaces latentes créées soit par la montée du
fondamentalisme anti-occidental, soit par la démographie foudroyante,
enfin par l'écart de développement qui va s'accentuant entre le
nord et le sud ".
M. de LIPKOWSKI s'est d'ailleurs félicité de la prise
en compte par l'Union européenne de la nécessité d'un
dialogue élargi à tous les pays de la région et visant
à fonder un futur partenariat favorable à la coopération
et à la paix :
" De part et d'autre, on a donc multiplié ces dernières
années les initiatives pour y parvenir. Je les ai
énumérées dans mon rapport :
- lancement en 1990 d'une conférence sur la sécurité
et la coopération en Méditerranée,
- initiative, reprise de manière intéressante par l'Union
interparlementaire, pour permettre aux parlements des 24 Etats riverains,
donc à leurs opinions publiques, de prendre une place centrale dans le
processus,
- exercice " 5 + 5 " à l'initiative de la France,
- forum pour le dialogue et la coopération en
Méditerranée, lancé par l'Egypte en 1994.
Je passe sur les initiatives prises par l'OSCE, qui ne me paraissent pas
décisives ou les tentatives faites par l'OTAN pour établir
également un dialogue avec six pays du sud. E puis nous-mêmes,
à l'UEO, nous avons amorcé le même dialogue dans le cadre
de notre Groupe Méditerranée.
Mais toutes ces initiatives, à part la Conférence
interparlementaire et le forum pour le dialogue et la coopération
amorcé par l'Egypte, sont pratiquement aujourd'hui
dépassées par l'initiative prise par l'Union européenne,
qui a le grand mérite d'avoir cherché à Barcelone, les 26,
27 et 28 novembre derniers, une approche globale pour contribuer à
la sécurité de la région. Cette Conférence a
regroupé 27 pays, les Quinze ainsi que le Maghreb, l'Egypte,
Israël, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l'Autorité palestinienne,
Malte, Chypre et la Turquie. Les Américains, malgré une
très vive pression, n'ont été admis que comme
observateurs ".
Il a toutefois relevé les difficultés toujours inhérentes
à certains des aspects des différends qui opposent la
Grèce et la Turquie :
" Quant au problème qui sépare la Turquie et la Grèce
en ce qui concerne la mer Egée, ni l'Union européenne ni l'UEO ne
constituent des organisations aptes à servir de médiateurs. La
Grèce est membre de l'Union européenne et la Turquie n'est que
membre associé à l'UEO. Le Conseil de l'Europe n'est pas non plus
le cadre adéquat. Il convient donc d'inciter les parties à s'en
remettre aux respects des traités internationaux existants et donc
d'instaurer un dialogue positif. En tout cas, l'Europe ne sera pas
crédible aux yeux des partenaires du pourtour sud si elle n'est pas
capable de régler ses propres tensions qui affectent la stabilité
de la région. De même que l'Europe a suscité la
méfiance de la part des pays islamiques par son comportement dans la
crise bosniaque où elle est apparue comme faisant des efforts
insuffisants pour soutenir la cause des Musulmans ".
Dans sa conclusion, M. de LIPKOWSKI a évoqué ce que
pourrait être l'implication de l'UEO pour certaines grandes questions
liées à l'espace méditerranéen :
" Notre Organisation a été tenue à l'écart de
la Conférence de Barcelone à laquelle elle n'a pas
été conviée. Cela ne doit pas nous empêcher de
présenter des propositions lors de la prochaine réunion
ministérielle qui doit se tenir en avril 1997 dans le cadre du
suivi de la Conférence de Barcelone. L'UEO devrait, par exemple,
étudier sérieusement dans quelle mesure elle pourrait offrir ses
bons offices pour relancer les activités du groupe de travail sur le
contrôle des armements et la sécurité régionale. Il
est dommage que ce groupe soit toujours boycotté par la Syrie et qu'il
soit au point mort ; il devrait au contraire être remis sur les
rails. Nous pourrions offrir notre expérience dans les domaines
suivants : échange de renseignements militaires, notification des
activités militaires à venir, contacts et visites d'ordre
militaire, création de centres de sécurité
régionaux, mesures de confiance, communications ".
Reprenant l'essentiel des conclusions du rapporteur,
M. Nicolas ABOUT, sénateur (R.I.), a estimé que la zone
méditerranéenne exigeait " ...une plus grande attention et
participation de la part de l'UEO ". Il a ainsi mis en garde
l'Assemblée " quant à l'exclusivité américaine
dans le processus de paix (israelo-arabe) dont vient de parler le rapporteur,
je me permets d'exprimer des doutes sur sa réelle efficacité
puisque, depuis plusieurs mois, les incidents s'y multiplient. Cette
volonté hégémonique comporte également un risque
pour la sécurité en Méditerranée puisqu'elle attise
les sentiments anti-européens dans le monde arabe ".
M. ABOUT a souhaité en conclusion de son intervention une
initiative forte :
" Afin de développer dès à présent cette
coopération entre le nord et le sud de la Méditerranée, je
souhaite que l'Assemblée de l'UEO invite plusieurs Chefs d'Etat de la
rive sud de la Méditerranée, et en particulier le
Président Moubarak, à venir s'exprimer et débattre devant
nous de la sécurité en Méditerranée ainsi que des
perspectives de coopération militaire et politique entre les deux rives.
Il faut également envisager l'ouverture d'un bureau d'information de
l'UEO au Caire, au siège de la Ligue arabe. Seuls de tels actes
permettront d'atténuer à terme les frustrations du Sud et les
angoisses collectives du Nord ".
Au cours de la discussion, le rapport de M. de LIPKOWSKI a fait l'objet de
critiques émanant toutefois de la seule délégation
grecque, au motif que l'approche du rapporteur aurait éludé de
façon par trop délibérée la question de Chypre.
M. Kimon KOULOURIS (Grèce/PASOK) a notamment
dénoncé un " parti pris " qui aurait consisté,
" comme d'autres rapporteurs avant lui ", à essayer de faire
entrer " ...par la petite porte la Turquie dans l'UEO, alors qu'elle n'est
pas membre de l'Union européenne...je suis convaincu que, tant qu'elle
se comportera de la sorte, il est exclu que la Communauté l'accueille en
son sein ". En sa qualité de Président de la commission
concernée, M. Jacques BAUMEL, député (RPR) a
tenu à intervenir, estimant que ce " rapport difficile "
essayait de traiter globalement les problèmes de sécurité
en Méditerranée : " ...je crains que certains n'aient
vu, à travers ce rapport général, qu'un aspect, certes
préoccupant, de la question mais qui ne devait pas nous cacher
l'ensemble des problèmes de la Méditerranée ".
Au terme du débat, l'Assemblée a adopté la recommandation
amendée n° 605.
2) L'Analyse géopolitique et stratégique de la situation en Asie centrale et dans le Caucase :
Sur le
rapport (doc. n° 1586) de M. Jacques BAUMEL, député
(RPR), Président de la Commission politique, assisté de
M. Cevdet AKÇALI (Turquie/membre associé/Parti de la
Prospérité), l'Assemblée a examiné le 3
décembre 1997 " la situation en Asie centrale et dans le Caucase et
la sécurité européenne ".
En remarque liminaire, M. Jacques BAUMEL a considéré que l'Europe
commençait seulement à porter attention à
l'évolution de cette vaste région qui compte dorénavant
huit nouveaux Etats indépendants entre Mer Noire et frontière
chinoise. Leur position géostratégique, l'importance de leurs
ressources naturelles, les diversités ethniques, culturelles et
religieuses font pourtant de ces pays un centre essentiel des
intérêts, notamment de la Russie, sans qu'il soit
nécessaire de mentionner les luttes d'influence dont la plupart de ces
pays avaient été l'objet au XIXè siècle.
Il a rappelé que le Conseil de l'UEO avait déjà
été amené à publier plusieurs déclarations
sur le conflit du Haut-Karabakh pour lesquels il soutenait notamment les
efforts de l'OSCE pour parvenir à un règlement pacifique du
conflit.
M. Jacques BAUMEL a ensuite souligné l'intérêt de
l'Europe à favoriser une coopération avec les pays de la
région et c'est pourquoi la Commission politique de l'Assemblée
avait décidé de se pencher sur les axes possibles d'une politique
concrète en ce sens : la Commission ayant d'ailleurs créé
dans le cadre de ce rapport une sous-commission qui s'est rendue au Kazakstan
en Ouzbékistan et en Azerbaïdjan.
Puis, après avoir décrit le jeu des influences actuelles
- totales ou partielles - de la part de la Russie, de la Chine, de
l'Iran, voire de la Turquie -, le rapporteur a plus
particulièrement détaillé les enjeux économiques
directement liés à la ressource gazière et
pétrolière, non sans avoir insisté sur le rôle
" du Groupe de Minsk ", auquel participe la France, pour le
règlement du conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie,
depuis le cessez-le-feu de mai 1994, d'ailleurs respecté par les
belligérants. A ce jour, de très importants contrats ont en effet
été signés, tant par le Kazakhstan que l'Azerbaïdjan,
avec des groupes pétroliers : les compagnies américaines y
occupent des positions de " leaders " alors que les pétroliers
européens (Elf, Agip, Statoil, etc...), turcs ou encore japonais n'ont
obtenu qu'une part modeste au sein des consortiums.
M. Jacques BAUMEL a également insisté sur " la bataille des
oléoducs " qui s'est ouverte dans la région, citant comme
exemple le projet qui relierait le Turkménistan à la Turquie et
à l'Europe en passant par l'Iran dont l'ancien Secrétaire d'Etat
américain, Alexander HAIG, est l'un des coordonateurs, ce qui
prouve que la Caspienne est bien " une éponge à
pétrole ", comme il est courant de l'appeler.
Concluant sur l'orientation de la politique étrangère des
différents pays de cette zone au regard des intérêts
géopolitiques comme économiques des grandes puissances,
M. Jacques BAUMEL a souligné les évolutions
récemment enregistrées en mentionnant l'excellence des relations
entretenues par la Turquie et la Géorgie, l'abandon par l'Iran de
l'ambition d'imposer un modèle de société aux pays de la
région et les perspectives de coopération dès lors
offertes à l'Union européenne, voire à la BERD dont le
rôle mériterait d'être intensifié sur la zone.
M. Cedvet AKÇALI, corapporteur, a pour sa part plus spécialement
insisté sur la quête d'influence de la Russie sur les pays d'Asie
centrale par le biais de la CEI, mais partiellement repoussée du fait,
notamment, de leurs efforts visant à désintégrer leurs
économies à celle de l'ex-Union soviétique. Il a
également précisé le sens des relations que souhaite
naturellement entretenir la Turquie avec les Etats turcophones en indiquant que
leur adoption d'un alphabet latin restait capitale pour l'Europe alors que
l'alphabet arabe favoriserait inexorablement l'influence de l'Iran et de
l'Arabie Saoudite, mais qu'en tout état de cause, le soutien financier
de l'Occident demeurait déterminant quant à cette question,
qualifiant d'ailleurs d'exorbitant le coût du passage de l'alphabet
cyrillique à l'alphabet latin pour le seul Ouzbékistan. Enfin, il
a réaffirmé sa confiance dans une possible coexistence avec une
certaine forme de laïcité d'Etat, y compris dans des pays comme
l'Azerbaïdjan dont la majorité de la population est chiite, en
considérant, en outre, que l'Ouzbékistan et le Kazakhstan
entendaient rejeter toute incidence du conflit afghan dont l'origine est
religieuse.
Au terme d'un débat où les différents participants se sont
plus à souligner la qualité du travail comme la clarté de
l'exposé oral du rapporteur, l'Assemblée à adopté
la recommandation n° 624 dont l'objet principal est, d'une part,
d'inciter l'UEO à prendre des initiatives pour contribuer, en accord
avec l'OSCE, au maintien de la paix dans des foyers de crise tels que le
Haut-Karabakh et, d'autre part, que les pays membres de l'UEO aident certains
Etats de la région à moderniser leurs équipements
militaires ou à entraîner leurs forces armées dans le but
de renforcer leur indépendance dans l'intérêt de la
stabilité et de la paix.
C. L'examen du rôle du " Comité militaire " récemment créé au sein de l'UEO
L'Assemblée a également débattu, le 3
décembre 1997, du rôle du Comité militaire de l'UEO sur le
rapport (doc. n° 1591) de M. Pietro GIANNATTASIO
(Italie/Forza Italia), une structure créée sur mandat du Conseil
des ministres au Comité permanent.
Le rapporteur a d'abord mentionné que ce Comité ne pouvait
être considéré comme une copie de ce qui existe au sein de
l'OTAN sous une même appellation. Il a toutefois regretté que,
s'agissant de l'Albanie, la Commission permanente de l'Assemblée n'ait
pu être suivie par les gouvernements dans sa recommandation de charger la
Cellule de planification de concevoir une intervention de l'UEO incluant la
gamme des missions de type Petesberg, même si une action positive a pu
être conduite à l'initiative de l'Italie et des pays de l'EUROFOR
et de l'EUROMARFOR.
Il a ensuite évoqué les forces relevant de l'UEO (FRUEO) :
celles-ci sont en fait " à la disposition " de l'Organisation
ou " disponibles sur appel " et non " affectées "
comme c'est le cas pour l'OTAN. M. GIANNATTASIO a souhaité voir
révisé ce mode de fonctionnement, d'autant que, du fait de
l'élargissement de l'OTAN, les procédures particulières
à ce système vont nécessairement s'alourdir. Il a
recommandé en conséquence la création d'une division
multinationale d'infanterie légère de 10 000 à
12 000 hommes et assurée d'un soutien naval et aérien
disponible à très brefs délais. Selon lui, le
Comité militaire devrait se transformer en une véritable
" interface " militaire et ne plus être un simple organe
consultatif pour le Conseil des ministres de l'UEO : ses tâches
courantes seraient ainsi d'évaluer les situations, d'établir des
directives de planification, d'entraînement, de logistique ou
d'opérations. A cet égard, le rapporteur a
considéré comme positive la décision de renforcer le
rôle des Chefs d'Etats-majors (CEMA) au sein de l'UEO.
Dans son rapport, M. GIANNATTASIO s'est montré sévère
vis-à-vis du Conseil des Ministres, puisqu'il a déclaré
qu'" actuellement, l'organe suprême de l'UEO donne l'impression de
ne pouvoir fonctionner qu'en théorie ". En même temps, il a
constaté que c'est " l'absence de forces immédiatement
utilisables par l'UEO qui rend les décisions du Conseil des Ministres
constamment inopportunes, celles-ci étant, soit en avance, soit en
retard sur les décisions prises par l'OTAN ". Selon lui, l'UEO
" ferait peut-être bien de revoir d'urgence la notion de
" forces relevant de l'UEO " telle qu'elle est acceptée
à ce jour " à cause en particulier du principe de la
" double casquette " appliqué à ces forces, qui
" suppose la subordination de leur état de préparation
opérationnelle aux besoins de l'OTAN ". Or, selon le rapporteur,
l'important, pour les forces de l'UEO, c'est d'être plus réduites
et immédiatement disponibles, car les interventions de l'UEO ne faisant
pas appel aux moyens et capacités de l'OTAN sont " censées
être limitées aux cas de crise mineure dans un cadre
européen ".
Mme CALLEJA (Espagne) a estimé que le thème dominant du rapport
était moins le rôle du Comité militaire que la
nécessité de doter l'organisation d'une force permanente, seul
instrument qui lui fasse encore défaut. En réponse à
l'intervenante, M. GIANNATTASIO a rappelé que l'UEO était
unie à l'OTAN par un lien de subordination et qu'il convenait de
modifier la nature de ce lien pour parvenir à une
complémentarité.
Au terme de cette présentation, l'Assemblée a adopté la
recommandation n° 623.
CHAPITRE 8 : LE DESARMEMENT ET LA COOPERATION ENTRE INDUSTRIES DE DEFENSE : DEUX AUTRES SUJETS MAJEURS DE REFLEXION POUR L'ASSEMBLEE DE L'UEO.
A. L'appréciation de l'état d'avancement de la réduction des " arsenaux conventionnels "
Le 2
décembre 1997, l'Assemblée a débattu de la situation en
matière de désarmement sur le rapport (doc. n°1590) de Lord
NEWALL (Grande-Bretagne/Conservateur).
Lord NEWALL a rappelé que son travail au nom de la Commission de la
défense visait à mettre à jour les connaissances de
l'Assemblée après un précédent rapport de
1990 : le Traité sur les forces armées conventionnelles,
signé cette même année, tendait à établir un
équilibre des forces en Europe. Depuis son entrée en vigueur en
juillet 1992, ce texte fixe des plafonds pour cinq grandes catégories de
systèmes d'armes dites " équipements limités par le
Traité " ou " ELT ". Un document annexe portant sur
" les flancs " a été signé en 1996, lors de la
Conférence de révision de ce Traité dit " FCE ".
Depuis lors, la Russie a quelque peu contesté la notion même de
" flancs " en demandant notamment une limite aux possibilités
d'un déploiement temporaire de forces de l'OTAN sur les territoires de
nouveaux Etats membres, l'Organisation ayant répondu en mars 1997
qu'elle n'entendait nullement faire stationner en permanence d'importantes
unités de combat dans ces pays.
Après avoir dressé un bilan de la Conférence de
désarmement de Genève qui rassemble désormais
soixante-et-un participants, le rapporteur a évoqué les
négociations bientôt finalisées sur l'interdiction de
fabrication et d'usage des mines antipersonnel (" processus
d'Ottawa "), et mentionné la question du désarmement
nucléaire (" START I, START II et TNP "), il s'est
également interrogé sur l'état des forces
nucléaires russes et le degré de maîtrise de cet arsenal
par le gouvernement central.
Complétant le propos du rapporteur dont il a salué le
caractère exhaustif du travail, M. COX
(Grande-Bretagne/Travailliste) a souhaité qu'un effort encore plus
important émane tant des Etats-Unis que de la Russie au regard des
arsenaux dont ils ont encore chacun la maîtrise, alors que d'autres pays
tel que l'Irak font peser une menace par leur capacité à produire
des armes nucléaires. Il a enfin souhaité que l'Assemblée
soit " tenue informée de façon régulière de
l'évolution des questions traitées dans le rapport ".
Pour sa part, M. LORENZI (Italie/Ligue du Nord) a insisté sur la
nécessité de mettre en oeuvre un mécanisme d'inspection
" institutionnalisé et supervisé par l'ONU " tant lui
sont apparues évidentes les limites du désarmement
unilatéral.
M. Bernard SCHREINER, député (RPR) a ensuite
évoqué la multiplication des risques non maîtrisables en
dépit des progrès réalisés en matière de
désarmement en application des grands traités. Evoquant ainsi la
guerre du Golfe, la crise yougoslave et ses multiples incidences, la tension
dans la région des Grands lacs et le meurtrier conflit
tchétchène, il a insisté sur les défis à la
paix lancés par des groupes voire " des Etats terroristes "
disposant de moyens de déstabilisation et même d'armes balistiques
à têtes chimiques ou biologiques.
S'agissant plus particulièrement du Traité dit " FCE ",
M. SCHREINER a relevé que, si la Russie avait parfois eu des
difficultés à honorer l'ensemble de ses engagements (en rappelant
d'ailleurs qu'elle en avait le plus grand nombre à respecter parmi tous
les signataires), de telles difficultés résultaient tout autant
de la mauvaise volonté que de la désorganisation politique et du
délabrement de pans entiers de ses armées. A cet égard, il
a souligné le fait que son complexe militaro-industriel avait
volé en éclats avec les risques inhérents à cette
situation pour la dissémination des technologies les plus dangereuses, y
compris à partir de réseaux maffieux. M. SCHREINER a
toutefois tenu à relativiser la diffusion d'exemples ou d'images visant
à démontrer l'effondrement des ex-armées
soviétiques en indiquant que la réalité est sans doute
plus compliquée et échappe, à son sens, à toutes
les approches ou logiques qui ont jusqu'alors prévalu en matière
de désarmement. Il a exprimé sa préoccupation de ne pas
voir occultée cette dimension du problème des armes
conventionnelles au bénéfice d'une relance des débats sur
la réduction des armes nucléaires et " ...dont l'objectif
principal servirait de leurre à la volonté de certains de mettre
en cause la capacité et l'affirmation des choix des Etats qui, comme la
France, ont fondé une politique de souveraineté nationale sur la
discussion ". M. SCHREINER a d'ailleurs rappelé que la France
participe effectivement au processus de réduction des armes
nucléaires en Europe, notamment depuis qu'elle avait renoncé aux
missiles HADES ou aux missiles sol-sol à moyenne portée et
qu'elle a, de la sorte, dissipé certaines incompréhensions avec
ses proches voisins. De même, bien que la Grande-Bretagne conserve une
approche différente de la sienne pour ses choix nucléaires, la
France collabore avec ce pays dans le cadre d'une commission mixte sur la
politique et les doctrines nucléaires : par ce dialogue, ces deux
pays participent, à leur façon, " sinon au
désarmement, du moins à une certaine forme de relâchement
de l'émulation entre puissance nucléaires alliées ".
Il a conclu son propos sur les nombreuses questions de politique
intérieure soulevées par la problématique du
désarmement à l'Ouest comme à l'Est : en tout
état de cause, il a mis en garde contre les baisses continues et quasi
généralisées des budgets de défense des principaux
pays européens qui pourraient être perçues par les
Etats-Unis comme une attitude de renoncement à la souveraineté et
dont les conséquences économiques ou sociales, à ce jour
non maîtrisées, seraient alors " extrêmement
dangereuses pour la défense du continent dans son ensemble ".
Après les interventions de Lord JUDD (Grande-Bretagne/Travailliste) qui
a estimé indispensable à la résolution des
problèmes ainsi posés, une liaison plus étroite entre les
pays de l'UEO et la Russie, et de M. DE DECKER
(Belgique/Libéral), Président de la Commission de la
défense, qui a insisté sur la nécessité d'en
appeler au Parlement russe afin qu'il s'engage à ratifier tous les
traités de réduction des armes, nucléaires ou non,
l'Assemblée a adopté la directive n°101 sur la situation en
matière de désarmement (" FCE " et désarmement
nucléaire).
B. Les besoins de coopération entre industries spatiales
Puis,
dans sa séance du 3 décembre, l'Assemblée a débattu
sur le rapport (doc. n° 1588 et amendements) de M. ATKINSON
(Grande-Bretagne/Conservateur) de la " coopération transatlantique
dans le domaine de la défense antimissile européenne ".
Ce rapport faisant suite à un rapport présenté il y a
trois ans sur le même sujet, M. ATKINSON a déploré que
depuis lors ni l'OTAN, ni l'UEO n'avaient élaboré une quelconque
doctrine sur ce sujet. Le présent rapport résultant pour
l'essentiel d'une visite effectuée aux Etats-Unis et au Canada, en juin
1997, par la Commission technique et aérospatiale de l'Assemblée.
L'absence d'une politique européenne cohérente semblant devenir
alarmante au rapporteur dans le domaine antimissile alors que, dans les
années quatre-vingt, l'Initiative de défense stratégique
américaine (IDS) ou " Guerre des étoiles " avait
suscité une certaine prise de conscience.
A présent la guerre du Golfe l'ayant démontré, divers pays
ont acquis une technologie balistique (Libye, Iran, Syrie, Irak mais
également la Chine et la Corée du Nord) et une menace pèse
sur la sécurité du fait de leur détention de têtes
chimiques ou biologiques. Le projet de recommandation soumis à
l'Assemblée appelle à une intensification des discussions en vue
de constituer un socle défensif commun : à sa
précédente recommandation n° 571, le Conseil de l'UEO
avait répondu que les travaux des groupes de réflexion, alors
suspendus, devaient reprendre ; or il n'en a rien été.
Face à cette passivité, la Commission suivant son rapporteur a
insisté en faveur d'un partage des compétences acquises par les
Etats membres et d'une coopération plus poussée avec l'OTAN et
les Etats-Unis. Le rapporteur appelant nettement de ses voeux une participation
française et britannique au programme transatlantique MEADS (Etats-Unis
- Allemagne et Italie) et demandant, en outre, un développement rapide
de moyens autonomes d'alerte.
M. Jean VALLEIX, député (RPR), a pris part au débat en
indiquant que la situation, réellement dangereuse et bien décrite
par le rapporteur, faisait obligation aux Etats membres de l'UEO, dans leur
ensemble, de bâtir une défense antimissile commune. Il a
rappelé qu'en dépit de contraintes financières l'ayant
amenée à exclure sa collaboration au système MEADS, la
France avait néanmoins une expérience certaine des
systèmes antimissiles, notamment par l'intermédiaire de ses
industriels comme Thomson et Aérospatiale qui participent avec l'Italie,
en marge de la coopération transatlantique, au programme FSAF
(" famille de système antimissiles aériens futurs ").
En outre, le porte-avions " Charles de Gaulle " sera
équipé de missiles navals d'autodéfense ASTER 15.
M. VALLEIX a appelé de ses voeux une collaboration
intraeuropéenne : si nos industriels ont effectivement une
réelle compétence en ces domaines, l'inertie européenne
aurait pour effet d'accentuer irrémédiablement l'écart
technologique avec les Etats-Unis.
Puis, M. VALLEIX a présenté trois amendements sur le projet de
recommandation qui avaient d'ailleurs été préalablement
adoptées par la Commission technique et aérospatiale.
M. MARSHALL (Grande-Bretagne/Travailliste) a approuvé l'esprit du
rapport et soutenu les amendements de M. VALLEIX en demandant à
M. DIAZ de MERA (Espagne/Parti populaire) de retirer deux de ses
propres amendements quasi-identiques à des amendements de
M. VALLEIX.
L'Assemblée a ensuite adopté les trois amendements de
M. VALLEIX :
- le premier, sous-amendé par le rapporteur, invitant les gouvernements
européens à dégager les budgets nécessaires afin de
développer, dans un premier temps, une coopération
européenne et, immédiatement ensuite, une coopération
transatlantique ;
- le deuxième visant à conduire, dans le cadre de l'UEO, une
analyse spécifiquement européenne des architectures de
défense antimissile, envisageables à court, moyen et long terme
pour la couverture du continent ;
- le troisième invitant les Etats européens à
s'associer en plus grand nombre aux programmes FSAF et ASTER afin de
développer les capacités antimissiles balistiques,
capacités d'ailleurs susceptibles d'être obtenues dès la
mise en oeuvre de la série des ASTER.
L'Assemblée a ensuite adopté la recommandation ainsi
amendée n° 621.
CHAPITRE 9 : LA PRESIDENCE FRANCAISE DE L'UEO (1ER TRIMESTRE 1997)
A. Les orientations définies par le Président de la République à la tribune de l'Assemblée de l'UEO
Si, au
cours de la première partie de la quarante-deuxième session,
trois Chefs d'Etat ou de gouvernement sont intervenus, c'est sans conteste
l'allocation prononcée le 3 décembre 1996 devant
l'Assemblée par M. Jacques CHIRAC, Président de la
République, qui a marqué les travaux de l'Assemblée de
l'UEO. D'abord parce qu'il s'agissait de la première intervention faite
dans l'enceinte parlementaire de l'UEO par un Président français
alors que cette Assemblée a pourtant fait de Paris le siège de
ses activités. Ensuite, parce que l'intervention du Chef de l'Etat
témoignait d'un attachement personnel à l'Organisation, dix
années après qu'en sa qualité de Premier ministre, il y
avait prononcé une allocution inspirant, en 1987, la " Plate-forme
de La Haye " par laquelle le Conseil de l'UEO manifestait une
volonté de relancer l'Organisation en l'ouvrant à d'autres
participants : cette plate-forme, dont l'objet portait déjà sur
la définition des critères d'une sécurité
européenne, peut être considérée comme à
l'origine du concept d'identité européenne de
sécurité et de défense.
M. Jacques CHIRAC, Président de la République, s'est
attaché à tracer devant l'Assemblée les grandes
orientations de la Présidence française de l'UEO qui s'ouvrait au
1er janvier 1997.
Accueilli par des mots chaleureux du Président de l'Assemblée,
Sir Dudley SMITH, rappelant précisément la permanence de la
détermination de M. Jacques CHIRAC en faveur de l'affirmation du
rôle de l'UEO, le Président de la République a
d'emblée insisté sur la nécessité de doter la
construction européenne d'une grande ambition dans les domaines de la
sécurité et de la défense, comme il en va
déjà ainsi dans les domaines politique et
économique : " L'Europe doit s'affirmer comme un des acteurs
majeurs du monde, d'un monde multipolaire, qu'il nous faut construire en
achevant d'effacer Yalta ". Le Président de la République a
également précisé que le Conseil européen devait
constituer "l'instance suprême d'orientation et de décision dans
les domaines de la sécurité et de la défense ", mais
l'UEO est appelée, pour sa part, à devenir la composante de
défense à part entière de l'Union européenne
conformément à ce qui a été convenu à
Maastricht.
S'agissant de la réforme des structures de l'OTAN qui, pour la
première fois, dépasse " les pétitions de
principe ", M. Jacques CHIRAC s'est déclaré
optimiste et a estimé possible un accord pour la mise en place d'un
adjoint au SACEUR (commandant suprême des forces alliées en
Europe) qui soit européen et doté de vrais pouvoirs en temps de
paix comme en temps d'opérations : cet officier
général devant être l'interlocuteur du Conseil de l'UEO
pour la préparation et la mise en oeuvre des opérations
européennes qui feraient appel aux moyens de l'OTAN. L'impératif
de renforcement des capacités opérationnelles de l'UEO
étant subordonné à la réalisation de quatre
objectifs : le renforcement de sa Cellule de planification en tant
qu'instrument précieux de travail conjoint avec l'OTAN, la mise au
service de l'ambition spatiale européenne des capacités
désormais reconnues du Centre satellitaire de Torrejon, la
cohérence plus affirmée des forces déjà mises en
place par divers pays européens (Corps européen, Euroforces ou
Groupe aérien européen auxquels d'autres pays doivent
progressivement être appelés à participer, selon M. Jacques
CHIRAC) et enfin la constitution d'une base industrielle et technologique
compétitive résultant d'une véritable
fédération des efforts entrepris par les Européens .
Le Président de la République a conclu son propos sur les
extensions progressives de l'Union européenne et de l'OTAN qui
justifiaient l'adhésion pleine et entière de nouveaux pays
à l'UEO.
Devant quitter l'hémicycle pour recevoir au Palais de l'Elysée le
Chancelier KOHL, dans le cadre de la préparation du Conseil
européen de Dublin, c'est par le moyen de réponses
écrites, adressées, dès le lendemain, à la
Présidence de l'Assemblée, que M. Jacques CHIRAC a répondu
aux questions qui lui ont été posées par
MM. ANTRETTER (Allemagne/SPD), DE DECKER (Belgique/PRL),
LOPEZ-HENARES (Espagne/Parti populaire) et VALLEIX, député (RPR).
Il a ainsi confirmé à M. VALLEIX que la coopération
en matière spatiale constituait un axe essentiel de la défense
européenne qui doit pouvoir disposer d'" une capacité
d'observation spatiale fiable et performante ". Sur ce point, la
réponse présidentielle soulignait l'importance de la
coopération engagée il y a plus de dix ans entre la France
l'Italie et l'Espagne sur le système HELIOS puis, plus récemment,
avec l'Allemagne : il s'agit là d'une des conditions de l'autonomie
stratégique. Cette réponse mentionnait également
l'importance attachée par la France au renforcement de la
coopération avec le Japon dans le domaine spatial, en citant notamment
l'accord récemment signé entre le Centre national d'études
spatiales (CNES) et l'Agence japonaise pour le développement de l'espace
(NASDA).
B. Le bilan de la présidence française de l'UEO
Le
programme de la présidence française de l'UEO, dont le
Président de la République a tracé les orientations devant
l'Assemblée de l'UEO, a abouti pour l'essentiel au cours de la
réunion ministérielle de Paris (12 et 13 mai 1997). Cette
réunion s'est déroulée dans l'attente de deux
échéances dont les résultats compteront pour l'UEO :
la CIG à Amsterdam et le sommet de l'Alliance à Madrid. Enfin, la
situation albanaise a placé sous le signe de l'actualité le
débat sur le rôle de l'UEO dans la gestion des crises.
Après le transfert du siège de l'UEO de Londres à
Bruxelles en 1993, chaque réunion ministérielle a marqué,
de semestre en semestre, une relative consolidation de l'UEO. Lisbonne (mai
1995) a consacré les procédures opérationnelles. Madrid
(novembre 1995) a permis à l'UEO d'apporter sa contribution à la
CIG, mais aussi de rédiger pour la première fois un document
à vingt-sept. Birmingham (mai 1996) a situé l'UEO à la
charnière entre l'Union européenne et l'Alliance atlantique.
Enfin, Ostende (novembre 1996) a mis en chantier, pour ce qui concerne l'UEO,
les décisions ministérielles de l'OTAN prises cinq mois plus
tôt à Berlin. Le programme de la présidence
française a donc, pour l'essentiel, abouti.
Les résultats ont ainsi reflété les enjeux de notre
présidence et consolidé l'UEO de plusieurs façons :
.
en imprimant une dynamique nouvelle à la
coopération
UEO/Union
européenne. Les deux
présidences, néerlandaise de l'Union et française de
l'UEO, ont mis au point et fait accepter un " mode d'emploi "
précisant l'articulation entre les deux organisations lorsque l'une a
recours à l'UEO en invoquant l'article J4-2 du Traité de
Maastricht. Par ailleurs, la France a conduit avec ses partenaires une
réflexion sur le concept de politique européenne de
défense commune. A Paris, les ministres de l'UEO ont " pris
note " des trois documents relatifs à la coopération entre
l'UEO et l'Union européenne ;
.
en traduisant en termes concrets les orientations
dessinées à Berlin sur la coopération UEO/OTAN et, pour
cela, accélérer les travaux entamés sous la
présidence belge. La France a mis au point la première
contribution de l'UEO à la directive de l'OTAN sur la planification de
défense et a arrêté la position de l'UEO pour la
négociation d'un accord-cadre sur le transfert des moyens et
capacités de l'OTAN. Les ministres ont approuvé les documents
correspondants, auxquels il sera désormais possible de se
référer en cas de recours, par l'UEO, aux moyens et
capacités de l'Alliance. Par ailleurs, la participation des
alliés européens aux opérations de l'UEO conduites avec
des moyens de l'Alliance, qui s'était trouvée prise en otage par
le différend gréco-turc, a pu être réglée par
la présidence française, dont les orientations et la tactique
(maintien du projet sur le fond, souplesse et patience sur la forme) ont valu
à Paris de nombreux témoignages de reconnaissance. Ce
resserrement des liens opérationnels UEO/OTAN est un
élément essentiel de la nouvelle sécurité
européenne ;
.
en renforçant et validant les capacités
opérationnelles de l'UEO. La présidence française s'est
attachée à préciser un ensemble de procédures
permettant à l'UEO de gagner en efficacité, donc en
crédibilité. C'est ainsi qu'a été défini,
puis adopté, le concept de " Nation-cadre " grâce auquel
l'UEO peut confier à l'un de ses Etats membres l'encadrement d'une
opération. Les forces multinationales dont peut disposer l'UEO en cas
d'opération ont fait l'objet d'un document qui a été
agréé, et le centre satellitaire de Torrejon est désormais
doté d'un " concept d'emploi ". La question du financement des
opérations a également fait l'objet d'un accord. Par ailleurs, la
présidence française a été l'occasion de lancer un
débat interne sur les structures militaires de l'UEO, sur leur
adaptation comme sur le rôle des chefs d'état-major de la Cellule
de planification. La réunion de Paris marque à cet égard
une étape décisive, puisque les ministres ont donné leur
accord au projet franco-allemand de création à l'UEO d'un
Comité militaire, constitué des chefs d'état-major des
dix-huit. Enfin, a été mis au point à vingt-huit, pour la
première fois à l'UEO, un programme quinquennal d'exercices,
ainsi qu'un dispositif permettant l'utilisation conjointe des moyens
d'entraînement ;
.
En rapprochant les vingt-huit pays de l'UEO désormais
appelés à travailler ensemble plus fréquemment, la
présidence a animé au cours des derniers mois une
" réflexion sur les intérêts européens de
sécurité à l'aube du XXIème siècle "
qui a servi de trame au débat des ministres, le 13 mai dans
l'après-midi, d'abord en deux séances distinctes (Affaires
étrangères, Défense), puis en session commune. Par
ailleurs, la présidence s'est efforcée de donner un contenu
concret aux relations avec des pays tiers, notamment avec la Russie et
l'Ukraine, en engageant la négociation d'un accord-cadre permettant
à l'UEO d'avoir recours aux moyens de transport aérien de longue
portée que possèdent ces pays. A ce jour, un accord-cadre a
été passé sur ce point entre l'UEO et l'Ukraine ;
Le domaine de l'armement a toutefois confirmé une certaine
rigidité de nos partenaires allemands, qui ont toujours des
réticences à admettre que la présidence française
ait tenu à impliquer le Conseil de l'UEO sur ce sujet. Leur attitude
convergeait en fait avec celle de la majorité de nos autres partenaires.
En outre, la plupart des pays ont révélé une grande
frilosité pour discuter d'idées nouvelles, comme celle d'un
" partenariat européen de l'armement ".
En conclusion :
- lorsque le programme de la présidence française avait
été présenté, tous nos partenaires avaient
salué son caractère particulièrement ambitieux. Ce choix
de la France était d'autant plus justifié qu'il s'inscrivait dans
une année cruciale pour la sécurité européenne
(CIG, Sommet de l'Alliance atlantique) ;
- ce que l'on pouvait attendre dans ce contexte a été
accompli : avec l'Union européenne l'UEO a mis au point un
dispositif pratique qui facilite leur interaction, y compris en cas
d'opérations. Avec l'Alliance, l'UEO a fait en sorte de ne pas retarder
les travaux de l'OTAN auxquels elle devait contribuer (participation des
alliés européens aux opérations de l'UEO avec des moyens
de l'OTAN, planification, missions illustratives, mise en oeuvre de l'accord de
sécurité) ;
- enfin, le débat sur l'Albanie a fait ressortir deux
obstacles : l'insuffisance de la volonté politique de certains pays
comme du processus de décision pour aboutir à une action. M. de
CHARETTE, Ministre des Affaires étrangères, a souligné que
l'opération " Alba " aurait dû être conduite par
l'UEO, grâce notamment au concept de " Nation-cadre " qui vient
d'être approuvé à Paris. En marge du conseil
ministériel, plusieurs délégués se sont d'ailleurs
interrogés sur la possibilité de mettre en oeuvre à l'UEO,
pour des opérations de ce type, une formule de participation volontaire,
assortie d'une clause dite " d'abstention constructive " ; son
effet serait de ne plus subordonner au blocage d'un seul pays voire de quelques
uns, des initiatives essentielles et qui réclament une rapidité
de décision. Cet échec de l'UEO face à la crise albanaise,
dans sa phase initiale, ne doit cependant pas occulter l'existence de
" l'élément multinational de conseil en matière de
police " déployé dans ce pays sous l'autorité de
l'UEO depuis mai 1997.
CHAPITRE 10 : LES INTERVENTIONS DEVANT L'ASSEMBLÉE DE PERSONNALITES POLITIQUES ET DES SECRETAIRES GENERAUX DE L'OTAN ET DE L'UEO
A. Les allocutions du Chef de l'Etat polonais et du Premier ministre slovaque (42ème session)
.
Dans son discours du 4 décembre 1996 devant l'Assemblée,
M. KWASNIEWSKI, Président de la République de Pologne, a
d'abord tenu à préciser que son pays adhérerait à
l'UEO " dès que l'occasion se présentera " et approuve
le principe d'une politique étrangère et de
sécurité " efficace " au nom de l'Union
européenne.
Pour la Pologne, le principal pilier de la sécurité
européenne est en effet constitué par une " mosaïque de
structures européennes et euro-atlantiques " : c'est-à-dire
des institutions " qui ont résisté à l'épreuve
du temps ". Rappelant les affirmations du Président de l'Ukraine,
M. KOUTCHMA, devant l'Assemblée de l'UEO, selon lesquelles son pays
avait de réelles " aspirations européennes ", le
Président de la République de Pologne a également
insisté sur l'intérêt particulier des Etats baltes à
s'inscrire dans des accords euro-atlantiques du fait de l'importance des
" arrangements géopolitiques et géostratégiques dans
la région de la Mer Baltique ".
Il a également évoqué le cadre offert par l'OSCE pour
" élargir les relations internationales sur le continent " et
considéré qu'il ne lui paraissait " pas nécessaire
d'avoir recours à l'intégralité de la structure militaire
de l'OTAN pour certains types d'actions futures ". A cet égard,
M. KWASNIEWSKI a souligné l'intérêt porté par
la Pologne au développement des groupes de forces interarmées
multinationales (GFIM) qui est à même de participer
" dès les premiers stades " à toutes les
activités les concernant.
Il a conclu sur l'adhésion future de la Pologne à l'OTAN, qui
d'ailleurs " ne devrait pas précéder de beaucoup son
entrée dans l'Union européenne ".
A une double question de M. Nicolas ABOUT, sénateur (RI), sur l'enclave
russe de Kaliningrad et la mise en oeuvre par la Pologne du principe de
préférence communautaire pour ses acquisitions d'armements, le
Président polonais a précisé : " la position de
la Pologne à l'égard de la région de Kaliningrad est de
coopérer étroitement avec elle et d'établir tous les liens
économiques possibles ". S'agissant de l'éventualité
évoquée par M. ABOUT de la construction par la Russie et la
Biélorussie d'un corridor le long de la frontière avec la
Lituanie, M. KWASNIEWSKI a rappelé que la Pologne restait
" dans une certaine mesure, un pays de passage ", mais qu'elle ne
souhaitait pas voir des autoroutes spéciales construites dans cette
partie de son territoire. Enfin, pour ce qui concerne la politique d'armement,
la Pologne dont les moyens financiers demeurent limités, examinera
toutes les offres en privilégiant toutefois celles qui émaneront
des partenaires les mieux à même de coopérer avec les
entreprises polonaises d'armement.
Plus généralement, dans ses réponses aux différents
intervenants, M. KWASNIEWSKI a fait plusieurs allusions à ses
entretiens avec M. CHIRAC, dont il a paru partager les vues sur la
nécessité d'inclure la Russie dans toute considération
d'ensemble, sans omettre l'Ukraine.
.
Intervenant devant l'Assemblée le 5 décembre 1996,
M. MECIAR, Premier Ministre de la République slovaque a
centré son propos sur l'OTAN " seule instance capable d'assurer la
sécurité de l'Europe ". Se référant toutefois
au statut d'associé partenaire de son pays, M. MECIAR s'est
montré moins empressé que M. KWASNIEWSKI d'intégrer
l'UEO. Il s'est félicité de la participation de troupes slovaques
aux opérations de Slavonie orientale, dont il a souligné qu'elle
était " considérée par les Américains comme
l'équivalent d'une participation à l'IFOR " et a
également plaidé pour que la nouvelle architecture de
sécurité fasse une place adéquate aux pays de " cette
Europe centrale qui ne veut pas être seulement l'espace entre l'Europe
occidentale et l'Europe orientale ". Tout comme le Président
polonais, le Premier Ministre slovaque a préconisé de larges
consultations avec la Russie et l'Ukraine. M. MECIAR a résumé
ainsi la doctrine de sécurité de son pays : " La Slovaquie
est l'un des éléments stabilisateurs de la région "
ajoutant qu'elle " ne se sent menacée par personne et ne
considère aucun pays comme son ennemi ".
B. Les interventions du ministre allemand des Affaires étrangères et des Secrétaires généraux de l'OTAN et de l'UEO (43ème session)
.
Le 1er décembre 1997, M. Klaus KINKEL, Ministre
fédéral des Affaires étrangères d'Allemagne a
précisé devant l'Assemblée que la présidence
allemande de l'UEO, exercée depuis le 1er juillet 1997, avait accompli
sa tâche en renforçant le rôle de l'Organisation, tant dans
ses missions opérationnelles que dans ses capacités à
intégrer les pays d'Europe centrale et orientale dans architecture
européenne. Il a récusé les accusation de
" léthargie " de l'UEO, rappelant les missions conduites par
celle-ci en ex-Yougoslavie et en Albanie. M. Klaus KINKEL a notamment
insisté sur le fait que la Déclaration d'Erfurt a repris une
série d'initiatives allemandes et " le cercle de l'UEO à 28
annonce déjà la grande Union européenne de
l'avenir ". En conclusion, il a indiqué : " je pense que
nous pouvons dire en résumé que, durant ces cinq derniers mois,
l'instrument européen à usages multiples que représente
l'UEO a réalisé de grands progrès. " Il a
indiqué qu'à ses yeux " l'UEO constituait le S de la
PESC ".
.
Le 4 décembre 1997, M. Javier SOLANA, Secrétaire
général de l'OTAN, a affirmé que le processus
d'intégration européenne ne saurait se limiter à un simple
élargissement, mais comporter " un élargissement de sa
substance alors que la création d'une identité européenne
de sécurité et de défense est indispensable ". Pour
autant, le renforcement de cette identité ne signifie nullement
" un affaiblissement du lien atlantique ". M. SOLANA a
précisé que le travail conceptuel sur l'idée
d'identité européenne de sécurité et de
défense était quasiment achevé tant au sein de l'OTAN que
de l'UEO, en rappelant que " nos consultations par le biais du Conseil
conjoint OTAN/UEO se sont enrichies ; nous tenons des réunions au niveau
des comités pour discuter de la gestion conjointe des crises et de la
planification de la défense ; nos autorités militaires
travaillent en étroite collaboration. " Le Secrétaire
général a ajouté : " les concepts sont
prêts, il faut maintenant les mettre en pratique... et les tester sur le
terrain grâce à des exercices conjoints entre l'OTAN et
l'UEO. " Sur l'élargissement de l'OTAN, M. SOLANA a
indiqué à l'Assemblée que son coût
représenterait " ... en moyenne seulement un cinquantième
d'un pour cent du montant que les Alliés actuels dépensent pour
leur effort global de défense chaque année " ajoutant
toutefois que les pays invités " devront évidemment
dépenser de l'argent eux-mêmes pour restructurer leurs forces
armées mais leur infrastructure étant dans un meilleur
état que prévu, l'accent sera mis sur l'entraînement et
l'interopérabilité et pas sur les équipements
high
tech
. "
.
Enfin, M. José CUTILEIRO, Secrétaire
général de l'UEO, a pour sa part, rappelé devant
l'Assemblée qu'il avait souligné avant le Sommet d'Amsterdam
qu'il importait que les résultats de la Conférence
intergouvernementale (CIG) ne devaient pas porter atteinte aux capacités
opérationnelles de l'UEO, notamment en limitant son aptitude à
travailler avec l'OTAN. Sur ce point, il s'est déclaré satisfait
que les décisions arrêtées à Amsterdam puis à
Madrid, avaient " mis un terme, au moins pour quelques années, aux
débats sur l'avenir institutionnel de l'UEO. "
M. CUTILEIRO a également rappelé que l'UEO avait renforcé
la participation des partenaires associés à ses activités
opérationnelles, ainsi que celle des observateurs aux opérations
de type Petersberg menées à la demande de l'Union
européenne, qu'elles agissent d'ailleurs ensemble avec l'Albanie et que
d'indéniables progrès ont été accomplis concernant
sa participation à la planification de défense de l'OTAN :
" l'étroite coopération " avec elle " repose sur
une vision commune des différents aspects liés à
l'identité européenne de sécurité et de
défense " a-t-il ajouté.
C. Les grandes lignes de la présidence grecque de l'UEO (1er semestre 1998) définies par M. Costas Simitis, Premier Ministre de la République Hellénique
Par un discours devant l'Assemblée, le 2 décembre 1997, M. Costas Simitis a indiqué quelles seront les priorités de la Grèce lorsqu'elle exercera la présidence du Conseil de l'UEO. Il a insisté en particulier sur : le renforcement des institutions de l'UEO et le développement d'une coopération sur une base quotidienne entre elle et l'Union européenne, ainsi que sur l'intensification de la coopération avec l'OTAN, la promotion des relations avec les pays tiers, et en particulier avec les pays méditerranéens d'une part, y compris Chypre, et la Russie et l'Ukraine d'autre part. M. Simitis a estimé qu'un défi majeur pour l'UEO sera de savoir si elle se saisira effectivement des problèmes essentiels de la paix sur son territoire, et a souligné la nécessité de renforcer la coopération en matière de sécurité avec les partenaires associés (les pays d'Europe centrale et orientale) qui n'entreront pas dans l'OTAN à court terme. Quant au Sommet de l'UEO, dont l'Assemblée souhaite la convocation en 1998 à l'occasion du cinquantième anniversaire du Traité de Bruxelles modifié, M. Simitis a confirmé l'adhésion pleine et entière de la Grèce à cette idée, à la condition toutefois qu'un tel Sommet soit bien préparé et bénéficie du soutien de l'ensemble des pays membres alors qu'à ce jour, il relevait encore une réticence de la part de certains et notamment de l'Allemagne.
1 Observations sur le statut de l'OAEO par M. Henri ADAM, ancien expert juridique du Ministère français des Affaires étrangères (avis préparé à la demande du Président de l'Assemblée de l'UEO, doc. A/UEO/DG(97)22 du 22 septembre 1997).